nique - n’a en réalité pas voté sur l’EEE, mais bien plutôt sur la demande d’adhésion
que le CF, dans l’enthousiasme qui avait suivi le vote positif sur l’entrée au FMI, avait
déposée au printemps de cette année-là. M. Oggi avait aussi dit que l’EEE était
« l’antichambre » de l’adhésion. Bref, le peuple ou une grande partie du peuple a voté
sur autre chose que la question qui lui était soumise. Le rejet de l’EEE, par une toute
petite majorité populaire et une forte majorité des Cantons, ne peut ni ne doit donc être
interprété dans le sens que vous indiquez.
(5) Pp. 17-18 : réactions à la publication du deuxième livre blanc. Aux éléments
d’explication que vous fournissez, j’ajouterais le suivant. En 1996, la Suisse était en
pleine « déprime » économique, étant le seul pays de l’OCDE a avoir connu deux ré-
cessions dos-à-dos depuis le début de la décennie. Cela avait créé un climat très lourd
(dont je me souviens parfaitement) où il suffisait d’une étincelle pour mettre le feu aux
poudres (verbales). De manière générale, il est avéré en science politique que la situa-
tion conjoncturelle du moment a le plus souvent une influence significative sur le ré-
sultat des élections ; il n’est donc pas surprenant qu’elle en ait aussi eu une sur la ré-
ception réservée au deuxième livre blanc. Il reste qu’en rétrospective tout cela ne
manque pas d’étonner. - Il y a peut-être un deuxième élément d’explication, à savoir
l’influence des médias sur l’opinion publique. Il a été montré que les gens des médias
sont majoritairement à gauche - et donc en décalage flagrant avec les citoyens - et ils
sont toujours à l’affût de tout ce qui peut faire scandale, faisant flèche de tout bois et
n’hésitant pas à gonfler et à déformer tout ce qui pourrait servir leurs propres vues po-
litiques. La publication du deuxième livre blanc, dans un contexte tendu et difficile, a
donc été du pain bénit pour eux. Rien de nouveau ou d’étonnant là-dedans. Ce qui, par
contre, est peut-être plus surprenant est que nombre de magistrats et de politiciens du
centre et de la droite (exemple : M. Delamuraz) ont jugé bon de suivre le mouvement.
(6) P. 25, section 7.1.1, le niveau de productivité : « (La Suisse) joue tout de même l’un
des rôles principaux dans l’économie mondiale ». N’exagérons rien ! L’économie
suisse représente en effet à peine un pour cent de l’économie mondiale... Par ailleurs,
c’est un fait qu’aujourd’hui elle ne tient plus du tout, dans les négociations et forums
mondiaux (OMC, OCDE, etc.), la place comparativement importante qu’elle tenait il y
a encore vingt ans.
(7) Commentaire général sur votre « Etat des lieux du ‘Standort Schweiz’ »
(pp. 25 et
suivantes), sur votre conclusion et sur le matériel statistique dans votre annexe.
D’accord avec vous que, quand on fait un tour des lieux comme vous le faites, force
est de conclure que, après tout, cela ne va pas si mal que cela. Cela n’empêche pas
qu’il y a quand même de vrais sujet d’inquiétude. Pour ma part, j’en vois plusieurs.
Premièrement, il y a les finances publiques qui, au niveau de la Confédération et de
plusieurs Cantons, restent déséquilibrées dans la durée. Deuxièmement, il y a le fait
que « l’Etat social » a une tendance certaine et continue à l’hypertrophie et qu’il en ré-
sulte sans doute des pertes d’efficacité toujours plus lourdes, pour des gains de sécuri-
té sociale toujours plus petits. En outre, le problème d’un déséquilibre croissant entre
nombre d’actifs et nombre de retraités n’est sûrement pas imaginaire (AVS et, dans
une moindre mesure, deuxième pilier). Par ailleurs, beaucoup de prestations du secteur
public se caractérisent pas un manque flagrant d’efficacité (pour un petit exemple, voir
la saga du giratoire de Dorigny). L’agriculture reste un « boulet » faisant problème. Le
« Standort Schweiz » est difficile à traduire. Une possibilité serait : « La Suisse en tant que site économique »,
mais l’adjectif « économique » est trop restrictif.