Voici pourquoi nous dénonçons l'article 63§2 et pourquoi nous vous appelons à nous rejoindre
dans une campagne large et unitaire en vue de son abrogation avant le 1er janvier 2015.
Le 1er janvier 2015, suite à la nouvelle limitation à trois ans du bénéfice des allocations dites d'insertion une
fois atteint l'âge de 30 ans (sauf pour les cohabitants dits non privilégiés, -les veinards !-, pour qui l'âge ne
compte pas : c'est trois ans point final!), une première série de dizaines de milliers de salarié-e-s,
majoritairement des femmes (66%), et surtout des mères de famille monoparentale, risquent de se voir
exclu-e-s définitivement du système chômage . Ce qui est en cause ici, c'est l'article 63§2, décrété en
décembre 2011 par le gouvernement Di Rupo, et intégré à l'arrête royal (donc non voté par le Parlement !) de
1991, qui légifère sur l'organisation de l'ensemble du système chômage.
Posons le contexte : nous vivons dans un marché de l'emploi famélique (60 000 à 70000 offres d'emploi
chaque mois dont des jobs d'indépendants et massivement des temps partiels, des intérims, des titres-
services, des CDD...), en pleine crise de surproduction, avec un chômage de masse en constante
augmentation depuis 40 ans (aujourd'hui, plus d'un million de personnes sont en réalité totalement ou
partiellement hors emploi en Belgique!). Avec cet article 63§2, ce qui du point de vue du « hors emploi »
change ici radicalement, ce n'est plus d'être placé dans l'obligation de chercher du boulot, ce qui dans un tel
contexte est déjà absurde, mais bien dans l'obligation de TROUVER, ce qui vu ce même contexte est
vexatoire et à la limite du psychiquement pathogène : on nous somme sous peine de crever de réussir une
épreuve (quasi) impossible à réussir, sauf à mettre en risque quelqu'un d'autre qui ne nous a personnellement
rien fait, en acceptant pour prendre sa place des conditions d'embauche aux rabais. On nous contraint
d''inscrire nos rapports sociaux dans des rapports plus que de concurrence : de prédation. C'est l'ensemble de
la solidarité et de la cohésion de classe, celles des salariés, qu'il s'agit ici pour « eux » de briser. Ce sont les
bases d'un faire société dans le champ de l'économie, d'un produire du commun par l'activité
productive, par le travail, dans ou hors l'emploi, qui nous sont radicalement déniées. Sans fondement
légitime.
Car cette mesure, qui entend foutre dans la misère des dizaines de milliers de famille !, est une absurdité
économique et d'abord budgétaire. Les montants en jeu sont ridicules : environ 100 millions d'économie
pour l'Etat dont le budget annuel est quasi mille fois plus élevé, avec une dette de +ou- 100% du PIB, soit
370 milliards ! 100 millions d'économie sur une dépense totale pour le paiement des allocations de chômage
de 7 milliards, soit une économie de 1,5%. Ridicule vu le coût social qui en constituera le prix à payer par
des dizaines de milliers de famille.
Ce sont, nous dit-on, les Communes et surtout les CPAS qui vont casquer, quoi que : ce sont d'abord et avant
tout l'ensemble de ceux qui en sont réduits à leur quémander la charité publique. En effet, déjà rendus
exsangues dans les Communes les plus pauvres, du fait du nombre de chômeurs qu'ils doivent prendre en
charge suite à une politique de contrôle de plus en plus étendue, sévère et accélérée de l'activation du
comportement de recherche d'emploi (entendez les exclusions liées à des recherches d'emploi jugées
insuffisantes par l'Onem), les CPAS vont sans doute être de plus en plus sélectifs dans l'octroi du RIS et
rétifs dans celui des aides sociales qu'ils doivent financer sur fonds propres. C'est l'ensemble des plus
pauvres qui vont ainsi payer les conséquences de ces mesures.
Une absurdité économique ensuite. Cette mesure n’aura aucun effet significatif sur le chômage lui-même,
puisqu'elle ne crée pas de l'emploi, bien au contraire. Elle produira un effondrement du pouvoir d’achat
des plus faibles, ceux qui dépensent 100% de leurs ressources, au détriment donc de l’économie belge, mais
au profit à court terme, -le seul qui compte encore dans cette économie casino où les logarithmes font et
défont les entreprises à la vitesse de la nanoseconde-, des employeurs, de leurs actionnaires et de la
spéculation. Dans une telle logique, les plus réticents à l'enrôlement dans l'emploi et les plus éloignés de
cette possibilité d'enrôlement, toujours plus nombreux, n'en cesseront plus de se faire affamer et de payer les
pots cassés par des spéculateurs responsables d'une crise sans fin. Ils rejoindront goutte à goutte les 15%
actuels de pauvres que compte la Belgique, pourtant l'un des pays les plus riches de la planète : 17e mondial
au PIB par habitant, 10e en Europe. Devant la France, l'Italie, l'Angleterre et... l'Allemagne !
Rapidement, cette mesure ne va laisser à des milliers d'entre nous que fort peu d'échappatoires pour survivre
: travail au black (avec les risques que cela comporte en terme de protection personnelle et de garantie de
revenu mais aussi de financement de la sécurité sociale, donc d'aggravation du problème), petite