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Dans les années 1942-44 furent créés 40 autres camps, affiliés au camp d'Auschwitz. Ils étaient situés notamment
auprès des usines métallurgiques, des fabriques et des mines où l'on utilisait les prisonniers comme main d'œuvre bon
marché.
II- LES CONDITIONS DE TRANSPORT.
La distance entre les pays d'origine des déportés et le camp
d'Auschwitz pouvait atteindre plus de 2000 km. Le voyage
s'effectuait le plus souvent dans des wagons de marchandises
verrouillés. Durant le trajet les prisonniers entassés dans les wagons
ne reçoivent aucune nourriture et sont privés de toutes
commodités sanitaires et d'hygiène. Des hommes, des femmes, des
enfants et parfois des nouveaux nés peuvent rester ainsi enfermés
jusqu'à 10 jours. C'est pourquoi au moment où l'on ouvrait les
wagons, souvent, une partie des déportés, des vieillards et des
enfants, étaient déjà morts, et d'autres se trouvaient dans un état
d'épuisement extrême. Pour la France, il s'agissait en général de
convois de 1.000 personnes ; pour l'extermination des juifs Hongrois,
les arrivages se succédaient parfois à raison de 15.000 par jour.
«Au départ de Compiègne, 2521 déportés partaient le 2
Juillet 1944: 984 étaient morts à l'arrivée (39 %); en 1945, 121
d'entre eux seulement (environ 4 %) avaient survécu. »
Jean Pierre Azéma, Le nazisme et le génocide, 1991.
Les trains s'arrêtaient à la gare de marchandises d'Auschwitz, et
à partir de 1944, sur une plate-forme de déchargement à Birkenau, à proximité des Ier et IIème fours crématoires.
« Le train stoppe enfin! C'est la gare d'Auschwitz. C'est la fin de notre voyage et tout le monde
descend, sauf les malades et les morts. Ils sont aussitôt traînés hors des wagons. On nous aligne par cinq,
on nous compte -y compris les blessés, les malades et les morts. Nous avons L'impression d'avoir atteint
en cet endroit de la Pologne la fin du monde civilisé. Nous ressentons l'angoisse de ce retranchement
du reste de l'humanité et la désolation du paysage nous opprime.»
Charles Gelbhart, rescapé d'Auschwitz, in Le Grand Livre des Témoins, Ramsay, 1995.
III- L'ARRIVEE ET LE TRI.
« La sélection, le bruit, l'odeur de fumée m'ouvrirent les yeux, je compris
que j'étais arrivé à la dernière étape de ma vie. »
Dr Erwin TOFFLER, arrivé au printemps de 1944, à 18 ans.
Sur le million de morts d'Auschwitz, l'immense majorité n'est jamais entrée
dans le camp : elle est passée directement des wagons dans les chambres à
gaz. C'est à la descente des wagons que les officiers et les médecins de la SS
procédaient à la sélection des déportés en dirigeant ceux qu'ils considéraient
comme aptes au travail vers le camp et les autres vers la chambre à gaz.
D'après le témoignage de R. Höss, on dirigeait vers les chambres à gaz 3/4 des personnes déportées.
« On déchargeait les wagons les uns après les autres. Ayant déposé leurs bagages, les juifs devaient
passer devant un médecin SS qui décidait pendant qu 'ils marchaient s'ils étaient capables ou non de
travailler. Ceux qui étaient reconnus bons pour le travail, étaient immédiatement conduits dans le
camp par petits détachements. Le pourcentage des capables s'élevait en moyenne à 25 ou 30% du
convoi, mais il était sujet à de fortes oscillations. Ainsi par exemple, le pourcentage moyen des juifs
grecs capables de travailler ne dépassait pas 15%. »
Etaient éliminés dès l'arrivée les enfants au-dessous de quinze ans, les femmes enceintes accompagnées
d'enfants et, en général, les hommes et les femmes âgés de plus de cinquante ans.
« Donnons l'exemple du convoi N°17 du 10 Août 1942, venant de France: il emmenait 997 déportés
raciaux (525 Femmes, 472 hommes), 766 furent immédiatement éliminés (77%). A la libération du camp,
de tout le convoi, il ne restait qu 'un seul survivant. »
François Bédarida, Le nazisme et le génocide, 1991, Nathan, page 184.
Georges Wellers a calculé que sur les 61.098 Juifs venus de France entre le 29 Juillet 1942 et le 11 août 1944, 47
976, soit 78,5%, furent victimes de la sélection dès leur arrivée.
« Au début un grand bûcher nous servait à brûler 10.000 cadavres, par la suite, on procédait à
l'incinération dans les fosses communes vidées des cadavres précédents. Au début, on arrosait les
Carte des convois européens vers Auschwitz.