Seigneur Dieu, riche en miséricorde, tu as
révélé à la bienheureuse Élisabeth de la Trinité le
mystère de ta présence cachée dans l'âme des
justes et tu as voulu qu'elle t'adore en esprit et en
vérité. Accorde-nous, par son intercession, de
demeurer nous aussi dans l'amour du Christ pour
devenir le temple de ton Esprit d'amour à la louange
de ta gloire. Par Jésus Christ.
« Si quelqu'un m'aime il restera fidèle
à ma parole ; mon Père l'aimera, nous
viendrons chez lui, nous irons demeurer
auprès de lui ». Jean 14, 23-26
J'aime cette pensée que la vie du prêtre (et
de tout baptisé) est un Avent qui prépare
l'Incarnation dans les âmes. (...) N'est-ce pas notre
mission de préparer les voies du Seigneur par notre
union à Celui que l'Apôtre appelle un « feu
consumant » ? A son contact notre âme deviendra
comme une flamme d'amour se répandant dans tous
les membres du corps du Christ qui est l'Eglise.
Penses-tu ce que ce devait
être en l'âme de la Vierge,
lorsqu'après l'Incarnation elle
possédait en elle le Verbe Incarné,
le Don de Dieu... En quel silence,
quel recueillement, quelle
adoration elle devait s'ensevelir au
fond de son âme pour étreindre ce Dieu dont elle
était Mère. Ma petite Guite, II est en nous. Oh !
tenons-nous tout près de Lui, en ce silence, avec cet
amour de la Vierge ; c'est comme cela que nous
passerons l’avent, n’est-ce pas ?
Je vais vous faire une confidence tout intime :
mon rêve, c'est d'être « la louange de sa gloire » ;
c'est dans saint Paul que j'ai lu cela :
Une louange de gloire, c'est une âme qui fixe
Dieu dans la foi et la simplicité ; c'est un réflecteur de
tout ce qu'il est; c'est comme un abîme sans fond
dans lequel il peut s'écouler, s'épancher ; c'est aussi
comme un cristal au travers duquel il peut rayonner
et contempler toutes ses perfections et sa propre
splendeur. Une âme qui permet ainsi à l'Être divin
de rassasier en elle son besoin de communiquer tout
ce qu'il est et tout ce qu'il a, est en réalité la louange
de gloire de tous ses dons.
« Je suis pleine de confiance ; il me semble
que ma prière est toute-puissante, car ce n'est pas
moi qui prie, mais mon Christ qui est en moi ».
« Maison de Dieu », en moi j'ai la prière
de Jésus-Christ, le divin adorant.
Elle m'emporte aux âmes et au Père,
Puisque c'est là son double mouvement.
Etre Sauveur avec mon Maître,
C'est encore ma mission.
Pour cela je dois disparaître,
Me perdre en Lui par l'union.
Sous les traits d'un petit enfant
On peut contempler l' « Invisible ».
O mystère incompréhensible !
Jésus, le Fort, le Tout-Puissant,
Le Dieu caché, l'Inaccessible
Pour nous se fait petit enfant.
25 décembre 1905
Dans la froide, dans l'humble étable,
Qu'il est joli, l'Enfant Jésus !
O grâce, ô prodige, ô miracle,
Oui, c’est pour moi qu’il est venu.
Contemplant la grande détresse
Des enfants qu'il a trop aimés,
Le Père en une sainte ivresse
Leur donne son Verbe adoré.
Ce doux Agneau, ce Tout-Petit,
C'est l'éternelle et vraie lumière,
Celui qui règne au sein du Père
Et vient nous dire tout de Lui.
O pure, ô douce vision !
C'est en mon âme que s'opère
Le grand, le sublime mystère,
La nouvelle incarnation !
Je ne vis plus, il vit en moi.
Oh ! c'est déjà le face à face,
La vision que rien n'efface
A travers l'ombre de la foi.
II vient révéler le mystère,
Livrer tous les secrets du Père,
Mener de clartés en clartés
Jusqu'au sein de la Trinité.
Oh, qu'il fait bon dans le silence
L'écouter encore et toujours,
Jouir en paix de sa présence,
Puis se livrer tout à l'amour.
25 décembre 1901