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N°299 - MARS 2010 - 3
N°299 - MARS 2010 - 3
Opinion :
Le religieux
et le symbolique
Opinion :
Le religieux
et le symbolique
Bonnes Feuilles :
Le peuple
des livres
Bonnes Feuilles :
Le peuple
des livres
Chronique :
Encore du neuf
sur la guerre
Chronique :
Encore du neuf
sur la guerre
Cinema :
Dans l'enfer du Vel d'Hiv, la République trahie
Cinema :
Dans l'enfer du Vel d'Hiv, la République trahie
Pourquoi un pôle
“Religions”
au Quai d'Orsay…
Un entretien avec Joseph Maïla
Interview :
Rencontre
avec Yvan Attal
Interview :
Rencontre
avec Yvan Attal
INFORMATION JUIVE Juin 2008 3
Editorialiste : Josy Eisenberg
Chroniqueur : Guy Konopnicki
Comité de rédaction : Josy Eisenberg,
Michel Gurfinkiel, Victor Malka, Joël Mergui,
Philippe Meyer, Clément Weill-Raynal.
Collaborateurs : Armand Abécassis,
Albert Bensoussan, Paul Giniewski,
Hélène Hadas-Lebel,Carol Iancu,
Gérard Israël, André Kaspi, Naïm Kattan,
Elie Korchia, Odette Lang, Annie Lelièvre,
Daniel Sibony.
Administration : Jessica Toledano
Maquette : Information Juive
Photographies : Alain Azria
Edité par S.a.r.l. Information Juive
le journal des communautés
au capital de 304,90
Durée de la société : 99 ans
Commission paritaire des journaux
et publications : 0708K83580
Dépôt légal n° 2270. N°ISSN : 1282-7363
Impression : SPEI Imprimeur - Tél. : 03 83 29 31 84
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Jacques Lazarus
Gérant de la SARL,
directeur de la publication :
Philippe Meyer
Directeur :
Victor Malka
N°299 - MARS 2010
AU SOMMAIRE D’
PESSAH
4- Le cinquième fils par le grand rabbin Josy Eisenberg
6- Le plateau du Séder par le rabbin Sebastien Allali
SOCIÉTÉ
9- Pourquoi un pôle " Religions "… Un entretien avec Joseph Maïla
RELIGIONS
12- Regards juifs sur Jésus par Dan Jaffé
OPINION
13- Le religieux et le symbolique par Daniel Sibony
FIGURES
16- Connaissez-vous Miron Izakson ? par Ami Bouganim
LA CHRONIQUE DE GUY KONOPNICKI
18- Encore du neuf sur la guerre
LA VIE DU CONSISTOIRE - 20
NOS CONFRÈRES ÉCRIVENT - 25
OPINION
26- Une autre affiche rouge par Paul Giniewski
BONNES FEUILLES
27- Le peuple des livres par Jean Baumgarten
COMMUNAUTÉS
30- La journée du livre juif à Lyon par Abraham Bengio
ÉDITION
32- “Notre but : faire connaître le judaïsme” par Emmanuelle Alhadef
LIVRES
34- Chronique des années de peste brune par Albert Bensoussan
35- par Odette Lang
INTERVIEW
36 - Rencontre avec Yvan Attal par Hélène Hadas-Lebel
CINÉMA
38 - Dans l'enfer du Vel d'Hiv,la République trahie par Elie Korchia
ARTS
40- Reconstruire ce qui a été brisé Un entretien avec Pascale Banon
COURRIER - 41
VERBATIM / CARNET - 42
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4INFORMATION JUIVE Mars 2010
puissance dix et tout l’univers
foisonnant de la Guematria.
Ce n’est pas par hasard qu’à la fin
du Sédère, on décode les principaux
nombres sacrés : Un, c’est Dieu ;
Deux, les Tables de la loi ; Trois les
Patriarches ; Quatre, les Matriarches
; et ainsi de suite, jusqu’à treize : les
attributs de Dieu. Cela tombe bien,
car c’est précisément du rôle des
nombres durant ce Sédère que je
souhaite vous entretenir.
ET TROIS, ET QUATRE …
Les rites alimentaires, qui
constituent la colonne vertébrale du
Sédère, sont placés sous le signe de
deux nombres : le 3 et le 4.
Trois pour la MATSA : on en place
trois sur le plateau du Sédère.
Quatre pour les coupes de vin que
l’on doit obligatoirement consommer
au cours de la soirée pascale, en
évitant cependant de s’enivrer. Car
Pessah est le temps de la conscience
et de la connaissance, et l’esprit, sans
cesse sollicité par le rituel, doit rester
en éveil. Rappelons que ces quatre
coupes sont censées commémorer les
quatre verbes qui désignent, dans la
Torah, les étapes de la délivrance :
je vous sauverai, je vous arracherai,
je vous ferai sortir, je vous prendrai
pour peuple…
Il n’est pas surprenant que le
nombre quatre connote le Salut. En
réalité, c’est véritablement un
nombre premier : il sous-tend toute
la réalité ontologique. Quatre, ce sont
les 4 lettres du nom ineffable, le
tétragramme : YHVH. Elles
constituent la substance même de
l’Univers. Le Talmud dit qu’avant la
Création, il n’y avait “que LUI et Son
Nom”. Traduction : Lui, c’est EYN-
SOF, le Dieu infini et donc SANS
NOM. Et puis, est apparu le NOM,
synonyme de l’Etre du monde. C’est
exactement ce que dit la tradition :
non seulement la Torah n’est qu’une
suite de noms de Dieu, mais la réalité
elle-même n’est qu’une déclinaison
des infinies possibilités énergétiques
contenues dans les 4 lettres du Nom.
De plus, la Création est l’expression
de la volonté divine : or, la valeur
numérique du mot chemo – Son Nom
– est de 346, exactement comme le
mot ratson, volonté, C.Q.F.D. Notre
monde est donc essentiellement
quadridimensionnel. C’est pourquoi
les Cabalistes ont formulé la fameuse
théorie des quatre mondes -
Emanation, Création, Formation et
Action - qui se succèdent entre le
Dieu Infini et notre finitude. C’est
encore pourquoi la torah présente
quatre niveaux de lecture : Pchat,
Remez, Drach et Sod. C’est enfin
pourquoi le monde de la matière est
constitué de quatre éléments : l’air,
le feu, l’eau et la terre, elle-même
dimensionnée en minéral, végétal,
animal et humain. Si les amoureux
vont toujours par deux, tout, dans
notre univers, est régi par le nombre
quatre. Et il joue un rôle
spectaculaire dans la Haggadah, où
l’on parle non seulement des quatre
coupes, mais aussi de quatre
questions et de quatre fils.
SI TON FILS TE DEMANDE...
On le sait : la Haggadah fait une
grande place aux enfants et au
Le cinquième
fils PAR LE GRAND RABBIN JOSY EISENBERG
On pourrait légitiment
définir le judaïsme
par une formule
empruntée aux
médias : “des
chiffres et des
lettres”. Ensemble, ils constituent en
effet le soubassement permanent de
toute la pensée juive et le prélude à
toute compréhension de la structure
de l’Univers. Le plus ancien traité de
la mystique juive, le “Sefer Yetsira” -
le livre de la Création – ne commence-
t-il pas en effet par dire que tout est
fondé sur “22 lettres et 10 nombres ?
Il est évidemment inutile de
commenter l’importance des lettres
dans le judaïsme : le peuple du livre
est d’abord le peuple des lettres du
livre, inlassablement sondées,
scrutées, passées au scanner, tournées
et retournées car, comme disait le bon
La Fontaine, “un trésor est caché
dedans”. Observons au passage
l’incroyable similitude entre la
formule du poète et celle des rabbins
dans le Talmud : “Tourne-la, et
retourne-la, car tout est là.”.
S’agissant des nombres, les choses
deviennent un peu plus complexes,
encore que l’on imagine difficilement
matière plus complexe que les
milliards d’exégèses accordées aux
lettres. C’est qu’il existe de multiples
nombres sacrés, auxquels il faut
rajouter les multiples des multiples –
sept, c’est le Shabbat : sept fois sept,
la période l’Omère qui sépare Pessah
de Chavouot. Sans compter – si l’on
peut dire – les passages au carré, à la
PESSAH
Si vous avez à votre table un cinquième fils potentiel,
donnez-lui les réponses. S'il ne pose pas de
questions, sachez les prévenir.
INFORMATION JUIVE Mars 2010 5
PESSAH
questionnement. A nouveau, ce n’est
pas vraiment un hasard si la Torah, en
général plutôt avare de répétitions,
réitère quatre fois l’injonction : “Et si
ton fils te demande “pourquoi tous ces
rites, tu répondras” en variant chaque
fois la teneur de la réponse du père. Ce
n’est pas davantage un hasard si dans
la fameuse et populaire Ma nichtana,
l’enfant pose quatre questions.
Cette quadruple injonction a donné
naissance à un des plus suggestifs
passages de la Haggadah : l’épisode
des quatre fils. Le Sage, l’Impie, le
Simple et Celui qui ne sait pas poser
de questions. En effet, les rabbins ont
pensé que chacun de ces dialogues
entre les pères et les enfants correspond
à quatre postures différentes face à la
Torah. On les retrouve dans la diversité
des attitudes juives dans leur rapport à
la judéité.
Le premier, le Sage pose des
questions très sophistiquées. Il sait
différencier les trois grandes
dimensions de la loi juive. Il y a
EDOUT : les lois qui témoignent : le
Shabbat, les fêtes, la circoncision. Il y
a MICHPATIM : les lois
interpersonnelles, le Code civil. Et
enfin, HOUKIM : les lois sans
apparente explication rationnelle :
manger cachère, porter des Tsitsit. Le
Sage les assume toutes. Il voudrait
simplement en savoir davantage. C’est,
par excellence, le Juif orthodoxe pétri
de la foi du charbonnier.
Définir le second – le Racha – est plus
difficile. Littéralement, ce terme signifie
à la fois méchant et coupable. Ici, il
conviendrait plutôt de parler soit
d’impie, soit de sceptique, soit même
d’hérétique. Il lui est reproché, en
disant “pourquoi vous imposez-vous
cette servitude ?”, de se désolidariser
de la communauté. La Haggadah et
nous-mêmes savons de qui on parle. Il
y a deux sortes de Juifs : ceux qui
disent NOUS et ceux qui disent VOUS.
Par charité juive, je m’abstiens de citer
des noms. Il vous suffira de lire les
journaux pour combler cette lacune.
Le troisième fils, le Simple, est tout
simplement un ignorant. Il ne
comprend rien aux rites du Sédère.
Quant au quatrième – Celui qui ne
sait pas poser de questions – il en
poserait sans doute s’il faisait partie des
convives ! C’est le Juif absent. Se
privant du Sédère, il se prive par la
même occasion de l’opportunité
d’interroger la tradition.
Ce panorama n’est gère optimiste.
Apparemment, même s’il ne constitue
pas une statistique, trois Juifs sur quatre
semblent, à des degrés divers, hostiles
ou indifférents à leur judéité. Mon père,
de mémoire bénie, avait l’habitude, à
chaque Sédère, d’interpréter la
parabole des quatre fils non pas dans
une perspective spatiale – la diversité
de ceux qui croient au ciel et de ceux
qui n’y croient pas – mais dans une
dimension temporelle : il s’agirait de
quatre générations. Grandeur et
décadence…
Première génération : le Sage, le
Hakham. C’est le Juif du Shtetl ou du
Mellah. Il connaît la Torah. Il l’observe.
Il émigre en France, ou ailleurs dans la
Diaspora, et emporte avec lui son
patrimoine, comme disait Danton, à la
poussière de ses chaussures. Il a un fils
: c’est la seconde génération. Ce fils,
comme il convient, fait des études,
souvent supérieures. Il devient un esprit
fort. Il jette sa kippa aux orties. Je me
suis laissé dire qu’on a vu quelquefois
des immigrants d’Afrique du Nord, juifs
ou musulmans – prendre le bateau pour
aller en France et commencer par jeter
leur chéchia à la mer. En tout cas, cet
esprit fort est fortement assimilé. Bien
entendu, il ne fera pas à son père
l’injure de ne point assister au Sédère.
Mais quelquefois le sarcasme l’emporte
sur le respect. C’est le Racha.
A son tour - troisième génération - le
Racha a un fils. Celui-ci n’a guère de
chances de recevoir une éducation
juive, même s’il a peut-être célébré sa
Bar-Mitzva, quelquefois pour préserver
la paix des familles. Mais, une fois par
an, il assiste au Sédère de son grand-
père. Et il dit : qu’est-ce que c’est que
cela ?
Que se passe-t-il à la quatrième
génération ? Le Hakham est mort. Le
grand-père, c’est dorénavant le Racha.
Certes, il a souvent mis de l’eau dans
le vin de sa laïcité. En vieillissant, il
éprouve quelquefois la nostalgie du
Sédère d’antan. Il se sent un peu plus
Juif depuis la résurgence de
l’antisémitisme, ou à cause de la Shoah,
ou parce qu’il a des cousins en Israël.
Mais, il ne fait plus de Sédère : son
petit fils n’aura plus l’occasion de poser
des questions.
Cette perte générationnelle me paraît
décrire assez justement l’histoire de
nombre de familles juives, et, vue de la
sorte, la parabole des quatre fils a des
accents divinatoires.
Elle présente cependant, dans son
apparent pessimisme, une véritable
lacune : quid du Baal Techouvah, de
l’enfant qui retrouve ses racines, de tous
ces retours, quasi-miraculeux, auxquels
nous assistons ? Quid du cinquième
fils ?
Tout comme l’on a ajouté une
cinquième coupe, pour le prophète
Elie, je pense que le cinquième fils, s’il
a la chance d’être présent, existe dans
chaque Sédère. On dit souvent que la
différence entre un rabbin et un
psychanalyste, c’est une génération. Et
combien de générations entre un
psychanalyste – qui n’est évidemment
pas forcément le Racha - et un rabbin
? Rien ne dit qu’il faudra fatalement
attendre la quatrième génération. Alors,
si vous avez à votre table un cinquième
fils potentiel, donnez-lui les réponses.
S’il ne pose pas de questions, sachez
les prévenir. Bref : c’est le moment où
jamais, pour nos frères, de se mettre
en quatre… J.E
Le cinquième fils, s'il a la chance d'être présent,
existe dans chaque Sédère.
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