
transferts de technologie et exige que les produits qui en sont issus soient majoritairement
fabriqués aux États-Unis. Par la loi, l’État incite ainsi à la discrimination positive envers les
PME et au patriotisme économique !
Depuis 1980, ce sont 158 universités qui conduisent des actions de transfert de technologies,
soutenant la création de nombreuses jeunes pousses11 (par exemple 400 en 2005) et
contribuant ainsi à la croissance américaine. Dans le cadre de la révolution technologique,
l'État fédéral s'est montré à la pointe pour inciter, voire imposer, la diffusion des Technologies
de l’Information et de la Communication. C'est ainsi que le programme «National Information
Infrastructure »12 (NII) a été mis en place par l'administration Clinton dès 1993 en affichant
clairement l'objectif stratégique de la société de l'information (voir l’encadré).
Les nouvelles technologies : le soutien aux Etats-Unis, l’indifférence en Europe
Le programme « National Information Infrastructure » va fortement inciter, d'une part les
universités et l'enseignement secondaire à acheter des micro-ordinateurs et à se connecter à
Internet, et d'autre part les administrations à s'informatiser et à développer l’e-administration.
Ce faisant, il dope la demande en micro au grand bénéfice des fournisseurs américains de
matériels, en même temps qu'il fera découvrir le réseau Internet à des millions d'Américains,
petits et grands.
Ce programme a ainsi préparé l'avènement de « la nouvelle économie » qui verra un
investissement sans précédent dans les nouvelles technologies, en même temps que la forte
croissance économique paraissait sans fin. A l'évidence, le programme NII a jeté les bases d'une
utilisation massive de ces technologies, à tel point que les Américains battront tous les records, à
la fois comme investisseurs et utilisateurs. Faut-il alors s’étonner de constater un million
d’ordinateurs connectés en 1992, environ 9 millions en 1995 et une future explosion
exponentielle du nombre d'utilisateurs ?
Le parallèle avec l'Europe est saisissant. Car à la même date, en 1993, Jacques Delors, alors
Président de la Commission Européenne, préconise une forte relance économique pour créer des
millions d'emplois et accélérer la diffusion des innovations technologiques. Tout
particulièrement, il recommande de créer des infrastructures dans le secteur de l'information et
de créer des réseaux transeuropéens dans les transports et l'énergie. Peine perdue, le livre blanc
élaboré à cette occasion se heurte à un rejet en bloc. Là encore, les libéraux et les dogmatiques
sont du côté européen. Le livre blanc13 restera lettre morte malgré « la bataille d’Hernani »
livrée par Jacques Delors14 ; on ne peut que regretter vivement cette occasion ratée, au vu du
manque de dynamisme européen.
Pendant ce temps, l’Europe reste indifférente aux enjeux des technologies de l’information et
de la communication. Faut-il s’étonner alors que l’investissement dans ces technologies, soit,
par habitant, deux fois plus grand aux Etats-Unis que dans la zone euro ?
Il n'y a pas que l'État fédéral pour impulser des investissements dans les nouvelles
technologies. Les grandes villes américaines se passionnent actuellement pour l'Internet sans
fil wi-fi et sont en tête dans l’utilisation de cet outil. Au début 2006, une centaine de villes ont
déjà déployé des réseaux wi-fi réservés aux besoins municipaux ou à des besoins de sécurité.
Des grandes villes comme Philadelphie et San Francisco sont en train de déployer des réseaux
à plus grande échelle ; désormais, tout utilisateur pourra alors se connecter gratuitement via
son ordinateur (fixe ou portable) ou tout appareil mobile équipé d'un wi-fi, demain au travers
de son téléphone mobile, pour accéder à tous les services du Net, aux informations locales et
aux services de pompiers et de police.
11 Depuis 1980, on les estime au nombre de 5171.
12 Catinat M. (1998), « La politique communautaire de stimulation de la société de l’information », in Pascal. Petit,
L'économie de l’information, les enseignements des théories économiques, Paris, La Découverte, p. 37-52.
13 Delors J. (1993), Pour entrer dans le XXIe siècle, Michel Lafon, Ramsay, p. IV.
14 Delors J. (2004), Mémoires, Plon : p. 424-427.