cours - l`asie du sud et de l`est, les defis de la croissance et du

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G‡ - L’ASIE DU SUD ET DE L’EST Š LES DÉFIS
DE LA POPULATION ET DE LA CROISSANCE
Introduction
Avec près de 4 milliards d’habitants, soit la moitié de l’humanité, l’Asie du sud et de l’est
constitue – et de loin – le premier foyer de peuplement de la planète. Cette région du monde,
comprise entre l’océan Pacifique et le Pakistan (d’est en ouest) et la Chine et l’Indonésie (du
nord au sud), enregistre également les plus forts taux de croissance démographique (variation
du nombre d’habitants au sein d’un territoire sur une période donnée) et de croissance
économique (variation de la production de biens et de services dans une économie sur une
période donnée) au monde. Par conséquent, l’Asie du sud et de l’est est aujourd’hui un espace
dont le poids démographique et économique est prépondérant dans le monde.
Mais les défis (enjeux qui doivent être relevés afin d’améliorer une situation donnée) liés à
la croissance démographique et économique en Asie du sud et de l’est sont immenses :
réduction de la pauvreté ; réduction des inégalités socio-spatiales ; maîtrise de la croissance
démographique ; limitation des dégradations environnementales…
Problématique : Quelles relations existe-t-il entre démographie, croissance économique et
développement dans l’espace le plus peuplé du monde ?
Étude de cas Š Mumbai, modernité et inégalités
A. Une métropole majeure en Union indienne et dans le monde ?
Étude de cas : « Mumbai : modernité et inégalités » (partie A)
1. Dans quelle mesure Mumbai est-elle une ville qui compte à l’échelle mondiale en…
2. Montrez que Mumbai constitue le cœur économique et culturel de l’Union indienne…
3. Quels éléments contribuent à intégrer Mumbai dans la mondialisation ? Comment…
Avec 22 millions d’habitants, Mumbai est la troisième métropole la plus peuplée au
monde, avec une très forte croissance démographique. En 2014, elle se classe au 41ème
rang des « villes monde » (expression inventée par l’économiste néerlando-américaine
Saskia Sassen en 1991 pour désigner les centres de commandement au sein de la
mondialisation et les carrefours dans les réseaux mondiaux). Elle doit cette position à la
présence de FTN (dont Tata, qui a son siège à Mumbai) et aux échanges d’informations
(présence de médias et d’agences de presse). Le rayonnement politique et culturel de
Mumbai est limité. La ville n’est pas la capitale politique de l’Inde (elle n’est que la
capitale de l’État indien du Maharashtra) et ses studios de cinéma (appelés
« Bollywood ») sont largement devancés par ceux des États-Unis et d’Europe.
Mumbai est le cœur économique et culturel de l’Inde. Elle est la ville qui accueille le
plus de sièges sociaux d’entreprises indiennes (plus de 2 500 sièges sociaux en 2006) et
elle contrôle plus de 200 entreprises indiennes. Elle génère environ 6% du PIB indien,
20% du commerce maritime indien et plus de la moitié des transactions de capitaux de
l’économie indienne. Elle est également le centre culturel de l’Inde avec la présence des
studios de cinéma à Bollywood. Mais Mumbai est concurrencée par d’autres grandes
métropoles indiennes : New Delhi, la capitale ; Kolkota ; Chennai et Hyderabad.
Plusieurs moyens permettent à Mumbai de s’intégrer dans la mondialisation : des
sièges sociaux de FTN dans l’un des quatre quartiers d’affaires (quartiers composés de
grands immeubles de bureaux, qui constituent le centre économique et financier d’une
ville) ; l’arrivée d’immigrés et d’expatriés ; des centres de recherches et des universités ;
la bourse qui draine des investissements ; le port (1er port indien et 65ème port mondial)
qui draine des flux de marchandises ; l’aéroport qui draine des flux d’hommes d’affaires
et de touristes… Mais Mumbai essaie de renforcer son intégration dans la
mondialisation avec le projet d’un second aéroport à Navi Mumbai.
1
B. Une croissance forte qui se lit dans l’organisation de l’espace
Étude de cas : « Mumbai : modernité et inégalités » (partie B)
4. Montrez que Mumbai connaît une forte croissance économique. Quels projets cette…
5. Cette forte croissance économique permet-elle de réduire la pauvreté et les …
6. Comment évolue l’organisation de l’espace urbain à Mumbai ? Quelles raisons…
Au cours des années 2000, Mumbai a enregistré une croissance économique comprise
en +8% et +10% par an. Cette croissance économique soutenue a permis de financer de
nombreux aménagements (dont certains sont encore au stade de projets) :
- des infrastructures de transport : deux ponts, une ligne de métro, un nouveau
port et un nouvel aéroport dans la ville nouvelle de Navi Mumbai ;
- une ville nouvelle de l’autre côté de la baie de Mumbai ;
- deux nouveaux quartiers d’affaires et une zone franche (zone industrielle à la
fiscalité allégée et souvent exonérée de droits de douane).
Pour autant, cette croissance économique soutenue n’a pas vraiment permis de réduire
les inégalités socio-spatiales dans la région métropolitaine de Mumbai : en effet, des
bidonvilles (que l’on appelle slums à Mumbai) sont encore très présents. Au pied du
viaduc du métro flambant neuf, on aperçoit un slum. D’ailleurs, le slum de Dharavi, qui
compte entre 500 000 et 1 millions d’habitants, est le bidonville le plus peuplé d’Asie.
La croissance économique ne profite donc pas à tous les habitants de Mumbai.
Originellement, Mumbai occupe l’île de Salsette, mais elle a été ensuite affectée par
un phénomène d’étalement urbain (développement des surfaces urbanisées en périphérie
des villes) vers le nord puis vers l’est, de l’autre côté de la baie. Cette évolution urbaine
s’explique par la saturation sur l’île de Salsette, par la très forte croissance
démographique et aussi par la croissance économique (qui a permis de financer la
construction de villes nouvelles en périphérie de Mumbai).
C. Une ville traversée par d’extrêmes inégalités socio-spatiales
Étude de cas : « Mumbai : modernité et inégalités » (partie C)
7. Montrez que Mumbai connaît une très forte croissance démographique. Quelle…
8. Montrez que Mumbai est une agglomération affectée par des inégalités socio…
9. Quels sont les effets – visibles dans l’organisation de l’espace urbain – de cette très…
Entre 1901 et 2011, la population de Mumbai est passée de 1 à 23 millions
d’habitants. C’est aujourd’hui la périphérie de Mumbai qui connaît la plus forte
croissance (celle de Mumbai se ralentit). Alors qu’en 1961, Mumbai concentrait la
quasi-totalité de la population de sa région métropolitaine, en 2011, elle ne concentre
plus que 60% de la population de sa région métropolitaine.
Les inégalités socio-spatiales sont particulièrement marquées à Mumbai. Des quartiers
d’affaires sont en train de sortir de terre à proximité des slums, se traduisant par des
fractures socio-spatiales (séparations, au sein de l’espace urbain, selon les fonctions
urbaines ou le niveau de vie des populations) très marquées. D’ailleurs, les conditions
de vie dans les slums sont très précaires : 81 personnes en moyenne y partagent une
seule toilette ; un foyer sur six a accès à l’eau courante… Ces slums se situent tous au
centre de l’île de Salsette alors que les quartiers les plus aisés sont installés sur le littoral
de la mer d’Oman. Un gated community (copropriété sécurisée, composée de résidences
luxueuses et entourée d’un grillage ou d’un mur qui l’isolent du reste du tissu urbain)
est en train d’émerger à Palava City, de l’autre côté de la baie de Mumbai.
La forte croissance urbaine et les inégalités se manifestent par un étalement urbain
mais aussi par une véritable fragmentation urbaine (organisation de l’espace urbain
caractérisée par l’absence de cohérence d’ensemble) : Mumbai est donc une métropole
polycentrique (ville organisée autour de plusieurs centres).
⇒ Bilan de l’étude de cas : Mumbai, modernité et inégalités (croquis)
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I. Une population nombreuse et en très forte croissance
A. Le premier foyer de peuplement de la planète
Doc. pages 344-345 : « La population en 2012 »
Consigne : Analysez le document afin de montrer que l’Asie du sud et de l’est est la
région du monde la plus peuplée.
L’Asie du sud et de l’est se compose de trois foyers de peuplement (zones de forte
concentration de la population), qui sont les trois plus peuplés de la planète. L’Asie
orientale (Chine orientale, Taiwan, Corée du nord et du sud, Japon) concentre 1,6
milliard d’habitants. L’Asie du sud-est (Vietnam, Cambodge, Thaïlande, Indonésie,
Malaisie) concentre 620 millions d’habitants. L’Asie du sud (Pakistan, Inde,
Bangladesh, Népal, Myanmar) concentre 1,6 milliards d’habitants. Parmi les dix États
les plus peuplés de la planète, six se trouvent en Asie du sud et de l’est : la Chine (1,4
milliard d’habitants - 1er rang mondial) ; l’Inde (1,3 milliard d’habitants - 2ème rang
mondial) ; l’Indonésie (262 millions d’habitants - 4ème rang mondial) ; le Pakistan (194
millions d’habitants - 6ème rang mondial) ; le Bangladesh (190 millions d’habitants 8ème rang mondial) et le Japon (126 millions d’habitants - 10ème rang mondial).
La population de l’Asie du sud et de l’est atteint plus de 3,8 milliards d’habitants sur
une population mondiale de 7,3 milliards d’habitants. Cette région du monde concentre
donc plus de la moitié de l’humanité sur moins d’un cinquième des terres émergées.
C’est, de loin, la région du monde qui concentre le plus de population.
Les autres foyers de peuplement de la planète sont moins peuplés que les trois foyers
sud-est asiatiques (Europe avec 610 millions d’habitants ; Golfe de Guinée avec 300
millions d’habitants ; Proche et Moyen Orient avec 300 millions d’habitants…).
B. Des densités de population élevées mais inégales
Doc. pages 344-345 : « La population en 2012 »
Doc. 2 page 303 : « Les densités de population en Asie du sud et de l’est »
Consigne : Confrontez les documents afin de montrer que l’Asie du sud et de l’est
enregistre des densités de population élevées mais qu’elles sont inégales.
En Asie du sud et de l’est, les densités (nombre d’habitants sur une superficie donnée)
de population sont parmi les plus élevées de la planète : la densité moyenne en Asie du
sud et de l’est est proche de 150 habitants par km², soit trois fois plus que la densité
moyenne mondiale. Mais ces densités sont inégalement distribuées dans l’espace.
Les régions les plus densément peuplées correspondent aux littoraux (littoral indien,
littoral chinois, littoral coréen, littoral japonais) et aux vallées des grands fleuves
(l’Indus au Pakistan, le Gange en Inde, le Yang-Tsé en Chine). C’est d’ailleurs sur ces
espaces qu’on trouve les principales mégapoles (villes très peuplées ; plus de 10
millions d’habitants selon l’ONU) sud-est asiatiques : Mumbai (23 millions d’habitants)
au bord de la mer d’Oman ou Shanghai (24 millions d’habitants) au bord du fleuve
Yang-Tsé. La proximité de l’eau permet la pratique de la riziculture irriguée, de la
pêche et du commerce, ce qui a concentré les populations. Mais, à la différence d’autres
régions du monde, les densités sont également très élevées dans certains espaces ruraux
(en clair, les fortes densités ne se trouvent pas que dans les espaces urbains). Cette
situation, originale à l’échelle de la planète, s’explique par la « boucle du riz » (cercle
vertueux entre les densités rurales élevées et la riziculture irriguée et vice-versa).
À l’opposé, les espaces où les densités sont faibles correspondent aux zones de
montage (chaîne de l’Himalaya entre l’Inde et la Chine…), aux régions forestières (îles
indonésiennes et malaisiennes…) et aux déserts (désert de Gobi dans le nord-est de la
Chine, désert de Thar dans le nord-est de l’Inde…). La plupart du temps, ces espaces se
situent à l’intérieur des terres. Ce sont des espaces dont la mise en valeur est difficile et
pour lesquels les échanges avec l’extérieur sont compliqués, et ce de longue date.
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C. Une croissance démographique forte mais inégale
Doc. vidéoprojeté : « La croissance démographique dans le monde »
Doc. vidéoprojeté : « La croissance urbaine dans le monde »
Consigne : Confrontez les documents afin de montrer que les croissances
démographique et urbaine sont soutenues mais inégales.
L’Asie du sud et de l’est enregistre des taux de croissance démographique (variation
du nombre d’habitants au sein d’un territoire sur une période donnée) forts, compris
entre +1% et +2% par an. Mais cette croissance est inégale. Des États ont une très forte
croissance (Pakistan) ; certains enregistrent une croissance forte (Inde, Indonésie,
Vietnam) et d’autres enregistrent une croissance faible voire négative (Chine, Corée du
sud, Japon). Tous ces États n’en sont pas au même stade de la transition démographique
(passage d’une situation où la natalité et la mortalité sont élevées à une situation où la
natalité et la mortalité sont faibles). Les États enregistrant une forte croissance débutent
leur transition ; ceux ayant une croissance moyenne sont en cours de transition et les
États enregistrant une croissance faible voire négative ont achevé leur transition.
L’Asie du sud est de l’est connaît aussi une forte croissance urbaine (variation du
nombre de citadins au sein d’un territoire sur une période donnée). Elle accueille huit
des dix mégapoles les plus peuplées de la planète (Tokyo, Jakarta, Delhi, Karachi,
Shanghai, Manille, Mumbai et Séoul) et la moitié des mégapoles mondiales (contre un
tiers en 1960). La population de ces mégapoles a très fortement augmenté : Pékin ne
comptait « que » 2 millions d’habitants en 1960 ; elle accueille aujourd’hui 21 millions
d’habitants. Cette croissance est liée à l’exode rural (déplacement de populations
quittant les zones rurales pour aller s’installer dans des zones urbaines) et à la croissance
naturelle des populations vivant dans les villes sud-est asiatiques. Mais l’urbanisation de
l’Asie du sud et de l’est demeure inégale : si la transition urbaine (passage d’une société
majoritairement rurale à une société majoritairement urbaine) est presque achevée en
Chine (avec 55% de citadins), elle est encore en cours en Inde (avec 45% de citadins).
⇒ L’Asie du sud et de l’est concentre à elle seule plus de la moitié de l’humanité.
Les densités y sont les plus fortes de la planète mais sont inégalement réparties,
tout comme la croissance démographique et la croissance urbaine.
II. Une croissance économique particulièrement soutenue
A. Une croissance économique particulièrement forte
Doc. 1 page 311 : « La croissance économique des grandes régions du monde »
Doc. repère page 310 : « La croissance économique en Asie »
Consigne : Analysez les documents afin de montrer que la croissance économique est
particulièrement forte en Asie du sud et de l’est.
Au cours de la décennie 2000-2010, le taux de croissance économique (variation de la
production de biens et de services dans une économie sur une période donnée) de l’Asie
du sud s’élève à +,73% par an et celui de l’Asie de l’est s’élève à +9,1% par an. Ce sont
les taux de croissance économique les plus élevés de la planète. D’ailleurs, tous les Etats
d’Asie du sud et de l’est enregistrent des taux de croissance économique supérieurs à
+5% par an, ce qui est très élevé. Le record revient à la Chine doit le taux de croissance
moyenne annuel s’élève à +11,2% sur la période 2006-2011 !
En quelques décennies, l’Asie du sud et de l’est est devenu le moteur de l’économie
mondiale, assurant 28% du PIB de la planète. La production de biens et de services fait
de l’Asie du sud et de l’est l’ « usine du monde » (expression désignant le fait que
l’Asie est le principal producteur et exportateur de la planète). Elle est aussi au cœur des
échanges commerciaux (elle pèse pour 25% du commerce mondial) et des flux
financiers (elle compte 15 places boursières parmi les 50 premières mondiales).
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B. Une croissance économique qui s’est diffusée
Doc. vidéoprojeté : « Le modèle d’Akamatsu »
Consigne : Analysez le document afin de montrer comment la croissance économique
s’est diffusée en Asie du sud et de l’est.
La croissance économique s’est diffusée depuis le Japon vers l’Asie du sud et de l’est.
Le pays est reconstruit par les États-Unis après la Seconde Guerre mondiale et il fonde
sa stratégie de développement (capacité d’un État à assurer les besoins essentiels de sa
population) sur l’industrie. À la fin des années 1960, il est la deuxième puissance
économique mondiale. Le Japon met en place la « montée en gamme » (processus de
production consistant à remplacer un produit par un autre aux performances meilleures
donc au prix de vente plus élevé). Il se spécialise dans le textile (années 1950), dans la
sidérurgie/métallurgie et l’électroménager (années 1960), dans la construction navale, la
pétrochimie et l’automobile (années 1970), dans l’électronique et la robotique (années
1980), dans la bio-industrie, le nucléaire et la microélectronique (années 1990), dans les
nanotechnologies et le génome humain (années 2000). Chaque étape se traduit par le
transfert de la production précédente vers d’autres pays d’Asie du sud et de l’est par des
délocalisations (transfert d’activités vers un autre territoire) ou de la sous-traitance
(transfert d’une partie de la production d’une entreprise vers une autre).
Dans les années 1960, la délocalisation du textile japonais se fait vers les « Quatre
dragons » (Corée du Sud, Hong Kong, Taiwan, Singapour), qui s’engagent, dès les
années 1970 dans une stratégie de montée en gamme. Ils délocalisent alors certaines
activités vers les « Quatre Tigres » (Thaïlande, Malaisie, Indonésie, Vietnam ; certains
auteurs y ajoutent aussi les Philippines) au cours des années 1980. Enfin, la Chine
littorale est affectée par ces délocalisations et par la montée en gamme dès le début des
années 1980, lorsque Deng Xiaoping ouvre et réforme l’économie chinoise. Ce transfert
de productions (appelé « modèle d’Akamatsu », du nom de l’économiste japonais qui
l’a théorisé) explique la diffusion de la croissance en Asie du sud et de l’est.
C. Une croissance économique qui demeure inégale
Doc. 1 page 308 : « Les inégalités en Asie du sud et de l’est »
Consigne : Analysez le document afin de montrer que la croissance économique
demeure inégale dans une région comme l’Asie du sud et de l’est.
Mais croissance économique est inégale dans l’espace, et ce à toutes les échelles. À
l’échelle régionale, la croissance économique est soutenue dans les pays
émergents/émergés (Chine, Inde) ou dans les pays en développement (Vietnam,
Indonésie) alors qu’elle est plus faible dans les pays développés (Japon, Corée du Sud).
A l’échelle nationale, cette inégale croissance se traduit par des inégalités de
développement : au Japon, cette croissance est plus forte dans le « Japon de l’endroit »
(mégalopole japonaise située sur le littoral du Pacifique) que dans le « Japon de
l’envers » (régions rurales et montagneuses installées le long de la mer de Chine). À
l’échelle locale, les inégalités sont également très marquées : c’est particulièrement
visible dans les villes (comme Mumbai, où les slums côtoient les quartiers d’affaires).
En Asie du sud et de l’est, la croissance économique n’a pas réduit les inégalités sociospatiales (inégale répartition de la richesse entre plusieurs territoires).
Cette croissance économique est aussi inégale dans le temps. Elle a connu des crises
importantes comme en 1997-1998 (lié à un krach boursier à Bangkok) a plongé la
région dans une décennie de récession. Elle a également été particulièrement affectée
par le ralentissement de la croissance économique après la crise de 2008.
⇒ La croissance économique sud-est asiatique est la plus forte de la planète. Celleci s’est diffusée, à partir du Japon dans les années 1960, à tout le sous-continent.
Mais cette croissance est inégale dans l’espace et parfois exposée à des crises.
5
III. Une croissance ne créant pas forcément de développement
A. La population, un frein majeur pour le développement ?
En Asie du sud et de l’est la population est nombreuse et en forte croissance. Certains
auteurs considèrent que cette situation peut constituer un obstacle essentiel pour le
développement. Ces auteurs sont qualifiés de malthusiens (auteurs influencés par
l’économiste britannique Thomas Malthus). Au XVIIIème siècle, Malthus affirmait que
la croissance démographique mettait en péril la survie d’une population parce qu’elle
rendait difficile la satisfaction des besoins alimentaires. Malthus prônait donc une
limitation de la croissance démographique par une limitation du nombre de naissances,
afin d’écarter tout risque de famine (situation dans laquelle des êtres humains meurent
de faim, du fait de l’insuffisance des quantités produites).
Dans la mesure où la population en Asie du sud et de l’est est importante et en forte
croissance, ces théories ont connu un certain succès dans la région et certains États les
ont mêmes appliquées. En Chine, la « politique de l’enfant unique » est une mise en
application concrète des théories malthusiennes : existant entre 1979 et 2015, elle visait
à encourager les Chinois à limiter le nombre d’enfants qu’ils faisaient (par un système
de pénalités fiscales) afin de limiter la croissance démographique chinoise. Les autorités
chinoises craignaient, en effet, de ne pas pouvoir satisfaire les besoins essentiels de sa
population (la « grande famine » qui eut lieu entre 1958 et 1961, faisant entre 15 et 36
millions de morts était encore dans tous les esprits à la fin des années 1970).
Pour autant, cette politique de l’enfant unique a été abandonnée en 2015 parce que la
croissance démographique avait nettement ralenti au cours des années 1980, 1990 et
2000. Par conséquent, la Chine a réussi à satisfaire les besoins de l’essentiel de sa
population (même si certaines personnes sont encore laissées pour compte) et elle a
même vu sa population vieillir, créant des inquiétudes nouvelles. Le vieillissement de la
population est synonyme d’une diminution de la main-d’œuvre disponible et d’un
rétrécissement du marché des consommateurs, deux facteurs défavorables à la
croissance économique (c’est aussi une des raisons du ralentissement de la croissance
économique chinoise depuis le début des années 2010).
B. La population, un atout essentiel pour le développement ?
Mais d’autres auteurs considèrent qu’une population nombreuse et en forte croissance
peut constituer un levier essentiel pour le développement d’un État. C’est le cas de
l’économiste danoise Ester Boserup qui, dans les années 1960, s’est violemment
opposée aux théories malthusiennes en démontrant qu’une population nombreuse et en
forte croissance permet de produire en grande quantité donc de satisfaire les besoins
essentiels de la population. À l’époque, les travaux d’Ester Boserup n’évoquent que la
question alimentaire et le secteur agricole. Ses travaux ont été ensuite poursuivis et
élargis, par d’autres chercheurs, à d’autres besoins – comme le logement, la santé ou
l’éducation – et d’autres secteurs d’activité – comme l’industrie.
En Asie du sud et de l’est, la masse et la croissance de la population offrent de
nombreux avantages économiques. Cette situation permet de disposer d’une maind’œuvre nombreuse (afin de produire en grande quantité, ce qui explique en partie que
l’Asie soit considérée comme l’ « usine du monde ») et disposer d’un immense marché
de consommation (ce qui est renforcé par le développement des catégories aisées et des
classes moyennes, c’est-à-dire des catégories sociales hétérogènes, aux revenus
intermédiaires entre les plus pauvres et les plus riches au sein d’une population). Par
conséquent, de nombreux États d’Asie du sud et de l’est ont vu la pauvreté reculer. À
l’échelle du sous-continent, elle est passée de 79 à 18% de la population entre 1981 et
2005. Mais l’Asie est toujours la région du monde où le nombre de pauvres est le plus
élevé, avec 2,2 milliards de personnes (dont 1,6 milliard en Chine et en Inde).
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C. Mettre la croissance au service du développement durable
Doc. 2 page 315 : « L’Asie du sud et de l’est face aux enjeux et aux défis… »
Consigne : Analysez le document pour mettre en évidence les enjeux environnementaux
auxquels sont actuellement confrontés les Etats d’Asie du sud et de l’est.
En Asie du sud et de l’est, de nombreux espaces sud-est asiatiques sont affectés par
des dégradations environnementales. L’empreinte écologique (indicateur évaluant la
pression exercée par les hommes sur les ressources), les rejets de gaz à effet de serre et
les pollutions diverses (des eaux des fleuves, des sols et de l’atmosphère) sont élevés
dans de nombreux États de la région (Japon, Chine, Myanmar, Corée du Sud, Thaïlande,
Malaisie…). C’est le cas des États les plus peuplés, les plus urbanisés, les plus
industrialisés de la région mais aussi ceux dans lesquels les législations
environnementales sont encore très limitées (comme en Inde).
Les très fortes densités et les activités humaines contribuent également à l’aggravation
de certains risques : littoraux menacés par la montée des eaux océaniques (archipel des
Maldives, delta du Mékong…), avancée des déserts (comme celui de Gobi en Chine, qui
est désormais aux portes de Pékin), déforestation massive (Indonésie…), marées noires
le long des routes maritimes majeures (naufrage du Tadotsu en 1978 dans le détroit de
Malacca), accidents industriels (explosion d’une usine chimique à Bhopal en Inde en
1984) ou nucléaires (explosion de la centrale de Fukushima au Japon en 2011).
Depuis peu, sous la pression de la communauté internationale et des populations
asiatiques elles-mêmes, les gouvernements s’efforcent de développer de véritables
politiques environnementales : dans les États d’Asie du sud, plus de 25% de l’énergie
produite provient de ressources renouvelables ; en Inde ou en Chine, les premiers
milieux fragiles ont été classés et protégés ; tous les États de la région ont ratifié le
protocole de Kyoto (1997) sur la réduction des rejets de gaz à effet de serre et la Chine a
même consenti d’importantes concessions lors de la COP21 à Paris en 2015 (car c’est,
depuis 2006, le premier pays émetteur de gaz à effet de serre).
⇒ La population sud-est asiatique constitue à la fois un atout et un frein pour le
développement. La croissance peut engendrer du développement, à condition que
ses fruits soient également répartis. Face à la montée des tensions sur les
ressources, des politiques de développement durables semblent nécessaires.
Conclusion
Point méthode : Construire la conclusion d’une composition, c’est :
- commencer par résumer chaque partie de la démonstration ;
- puis répondre précisément à la problématique formulée en introduction
- faire une ouverture vers un autre sujet : se projeter dans l’avenir ou poser les termes du
débat à une autre échelle géographique ou sur un autre territoire.
L’Asie du sud et de l’est est la région la plus peuplée de la planète et connaît, depuis plus de
deux décennies, la croissance économique la plus forte du monde. Elle apparaît donc bien
comme le nouveau centre économique mondial, à condition toutefois qu’elle parvienne à
relever les défis qui l’attendent : sociaux, économiques et écologiques. Bref, il faut que l’Asie
du sud et de l’est entre dans une dynamique de développement durable, ce qui n’est pas
encore le cas pour l’instant pour l’essentiel des États de cette région.
L’Asie du sud et de l’est a beau être la première zone démographique et économique de la
planète, elle n’en demeure pas moins la région qui, malgré la plus forte croissance au monde,
concentre également le plus grand nombre de pauvre. Ceci tend donc à prouver que la
croissance ne génère pas systématiquement du développement.
Lorsque les Asiatiques parviendront à faire coïncider croissance et développement, ne serace pas la fin de plusieurs siècles de domination occidentale sur le monde ?
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