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JFE 2006
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Épilepsies vol. 18, n° 4 octobre, novembre, décembre 2006
l’hôpital mais de personnes vivant le plus normalement possible
avec une pathologie chronique. La mission de l’infirmière en
Épilepsie sera d’accompagner ces personnes dans leur univers
familial et socio-professionnel. La deuxième fonction est donc
la « prise en charge du patient dans son univers familial et socio-
professionnel ».
Enfin et surtouts, la mission essentielle portera sur l’aspect
psychologique qui consistera à faire accepter la maladie au
patient et à son entourage en lui (leur) apprenant à vivre norma-
lement avec elle.
Quel rôle et quelles qualités ?
Le rôle d’une infirmière référente en épilepsie est très bien
décrit dans le projet du réseau de soin « Épilepsie-Bretagne »
(http://www.neurobretagne.org ; en voici les grandes lignes).
– Il s’agit d’abord de conseils de santé : conseiller le patient,
l’entourage familial, professionnel ou scolaire sur des
questions d’ordre médical, thérapeutiques, sur les règles
hygiéno-diététiques à observer. Ceci peut se faire dans
l’urgence par téléphone ou lors d’entretiens.
– Éducation : il s’agit de mettre en place des séances
d’éducation à la santé individuelles ou collectives et
d’élaborer des plaquettes d’information dans ce sens.
– Liens et concertation avec les différents professionnels
du réseau : c’est un travail en pluridisciplinarité ; les in-
formations doivent circuler dans tous les sens.
– Mises en place de formations à l’épilepsie pour les
établissements médico-sociaux et pour le personnel de
l’éducation nationale (professeurs, médecins et infir-
mières scolaires…)
– Liens avec les associations de patients.
On voit ainsi que les deux faces de Janus sont insuffisantes.
Pour jouer ces multiples rôles de conseiller, et d’éducateur de
santé, des qualités sont nécessaires :
–
il faut savoir écouter et comprendre les patients et les
familles ;
– inspirer confiance
;
–
avoir de la rigueur, un bon sens de la communication et
de l’organisation
;
– avoir des connaissances en santé publique
;
– avoir des connaissances solides en épileptologie
;
– et être capable « d’endosser plusieurs casquettes ».
Ces infirmières spécifiques existent-elles hors
de nos frontières et quel est l’état actuel
de la situation en France ?
Nous avons trouvé des métiers équivalents au Canada et au
Royaume-Uni. Ce sont les infirmières praticiennes : « infir-
mières plus » qui sont spécialisées en épilepsie et qui ont de
plus un rôle de prescripteur (rôle délégué). Il existe au total
90 spécialités au Royaume-Uni ; ceci est en partie lié aux
difficultés d’accéder aux soins dans ce pays.
En France, seulement trois spécialités sont reconnues depuis
1991 : puéricultrice, infirmière de bloc opératoire et infirmière
anesthésiste.
Notre formation de base d’infi rmière autorise la fonction d’édu-
cateur de santé : cela fait partie de notre rôle propre dans le décret
de compétences. Les formations spécifi ques pour une discipline
particulière se font sur la base de l’adaptation à l’emploi.
En ce qui concerne l’épilepsie, les infirmières des services de
soins en neurologies ne reçoivent pas d’enseignement particu-
lier sur cette pathologie (sauf si des cours sont organisés dans le
service). Par le biais des formations permanentes, elles peuvent
avoir accès à des formations ciblées. Mais les budgets sont
restreints, l’accès en nombre d’agents et en temps octroyé par an
et par agent est très limité ne permettant pas des acquis suffisants.
Le congrès national de l’association française des infirmières en
neurologie (AIN) a pour thème en 2006 « Les épilepsies », mais
il s’agit ici d’un événement ponctuel. Les personnels des labo-
ratoires d’EEG peuvent recevoir un enseignement théorique qui
est effectué à l’hôpital Val-de-Grâce à Paris sous la forme d’un
certificat. Cet enseignement aborde l’épilepsie sur le plan élec-
troencéphalographique. La Ligue française contre l’Épilepsie
participe à l’enseignement des personnels paramédicaux sous la
forme de séminaires : « Epiformation ». Les journées françaises
de l’Épilepsie accueillent chaque année une session où des
infirmières et techniciens EEG présentent leurs travaux. Mais
il n’existe aucune reconnaissance nationale de ces formations et
aucune n’est « diplômante ».
Comment assurer une formation optimale
d’infirmière en épilepsie ?
Pour assurer correctement les différentes fonctions de ce
nouveau métier, il faut obtenir une compétence en épilepsie.
Cette compétence doit être reconnue et ceci passe donc par le
biais de diplômes. Au sortir des instituts de formation en soins
infirmiers, les connaissances sont nettement insuffisantes : une
à trois heures (maximum !) sont consacrées à l’épilepsie dans
un cursus de 3 ans. Souvent les infirmières diplômées ne savent
pas qu’il existe plusieurs types de crises d’épilepsie. Ce savoir
ne peut être acquis qu’après une formation théorique solide et
une expérience professionnelle pratique dans un service qui a
une spécialisation en Épileptologie. L’idéal est ainsi d’avoir
un personnel qualifié avec des diplômes reconnus sur le plan
national. Nous avons essayé de lister quelles sont les formations
existantes qui pourraient être utiles à l’exercice de la profession
d’infirmière en épilepsie.
1. Diplôme interuniversitaire d’épileptologie. Il s’agit
d’un enseignement complet en matière d’épileptologie
qui se déroule sur 2 ans. Il y a un enseignement théorique
et des stages pratiques à valider. Les infirmières peuvent
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