La Libération et le retour des prisonniers de guerre ont d’ailleurs montré que les familles
ont continué à vivre selon le modèle patriarcal et sa nette division du travail. A la sortie
de la guerre, les femmes ont donc pour la plupart cessé d’exercer leurs nouvelles
responsabilités pour se consacrer à la réinsertion de leurs maris dans la vie civile et à la
réintégration de leur rôle traditionnel dans la famille. Le nouveau modèle que la guerre
avait rendu possible, de la femme seule, indépendante, travaillant et libre de tout
contrôle masculin, se heurta en effet à l’épreuve de la réalité d’une société placée sous
l'ordre du patriarcat. Cependant un grand pas était franchi : les Françaises obtenaient le
droit de vote par l’ordonnance du 21 avril 1944. Cette reconnaissance marquait leur
entrée dans les diverses instances politiques de l’après-guerre et signifiait une
représentation politique accrue, quoique toujours marginale.
II- Le vote des femmes le 29 avril 1945 est très symbolique. Pourquoi ?
La participation des femmes à la vie publique a longtemps été considérée comme une
menace pour le foyer et la famille et il faudra un très long combat pour que l’accès au
vote, qui conditionne l’égalité politique des femmes, leur soit reconnu. Le vote des
femmes en France en avril 1945 en est l’aboutissement.
Pourtant déjà Olympe de Gouges (1755-1793), femme de lettres et publiciste,
réclamait l'émancipation des femmes dans une Déclaration des droits de la femme et de
la citoyenne (1792) qui contenait la célèbre formule : « La femme a le droit de monter
à l'échafaud, elle doit avoir également celui de monter à la tribune ». Si c’est aux
Etats-Unis en 1869,dans l’État du Wyoming, que le droit de vote aux femmes est pour
la première fois accordé, c’est en Grande- Bretagne que la lutte prend sa forme la plus
radicale et la plus spectaculaire, avec le combat d’Emmeline Pankhurst et de ses
suffragettes. Ce n’est qu’au lendemain de la Première Guerre mondiale, en signe de
reconnaissance pour leur contribution à l’effort de guerre, que les Anglaises de plus de
30 ans se voient accorder le droit de vote. Dans les pays d’origine latine, comme la
France et l’Italie, ce droit ne leur sera accordé qu’après la Seconde Guerre mondiale.
Le 21 avril 1944, une ordonnance du gouvernement provisoire, signée à Alger par le
général de Gaulle, accorde le droit de vote aux femmes. Cette ordonnance fait des
Françaises des citoyennes à part entière ; elles peuvent voter mais également être
élues. Presque un siècle après avoir établi définitivement le suffrage universel masculin,
en 1848, et avec un retard considérable sur la plupart des pays occidentaux, la France
reconnaît enfin aux femmes le droit de décider en matière politique.
III- Quelle est la situation de la France à l'issue de cette période ?
Le gouvernement français par la voix du maréchal Pétain, a demandé l'Armistice. Les
combats cessent. La France n'est plus en guerre. Elle attend que les conditions de
l'armistice lui soient fixées. L'armistice est signé le 22 juin à Rethondes et les conditions
en sont draconiennes. En quelques semaines, l'armée française, pourtant réputée
invincible, a connu un désastre sans précédent dont le coût est élevé : environ 100 000
morts, 200 000 blessés et 1,5 millions de prisonniers.
Le vote et l’éligibilité des femmes françaises : chronologie
20 mai 1919 La Chambre des députés adopte pour la première fois une proposition de loi
instaurant le vote des femmes.
21 novembre 1922 Le Sénat refuse d'examiner les articles de la proposition de loi sur le vote des
femmes.