Eléments de la défiance britannique vis-à-vis de l’Euro et de l’UEM : Rôle des facteurs monétaires
Page | 3
Résumé
La question de non-adhésion du Royaume-Uni à la zone euro occupe les esprits depuis plus d’une
dizaine d’années. Dans cette thèse nous avons trois lectures de cet attachement britannique à la
souveraineté monétaire. En premier lieu, sur le plan historique, le comportement utilitariste et
pragmatique des Britanniques confirme l’opportunisme des politiciens britanniques et l’aversion
de leur opinion publique vis-à-vis de la construction européenne. En deuxième lieu, sur le plan
théorique, la comparaison des politiques discrétionnaires avec la règle monétaire montre que le
modèle britannique des années 80 a été un échec à cause de l’instabilité de la fonction de
demande de monnaie et de l’occurrence des chocs de vélocité. Concernant le choix entre régime de
change fixe et régime de change flexible, notre modèle montre que l’ancrage de la monnaie à une
monnaie tierce est souhaitable en l’absence de chocs d’offre et de demande. De fait, l’adhésion du
Royaume-Uni au SME en 1990 n’était pas une bonne solution puisqu’elle a coïncidé avec la
réunification allemande. Un deuxième modèle est construit pour choisir entre le ciblage
d’inflation dans une union monétaire et le ciblage d’inflation en autonomie monétaire. Ce modèle
à deux pays montre que l’union monétaire n’et pas souhaitable lorsque l’économie étrangère fait
face à des chocs d’offre importants et lorsque la convergence des deux économies mesurée par la
corrélation des chocs d’offre est faible. Ce modèle donne raison aux britanniques qui justifient
leur non-adhésion par une convergence jugée insuffisante. Le rappel de la théorie des ZMO
révèle quant à lui, la complexité de combiner les divers critères définies par cette théorie pour
construire une union monétaire. Troisièmement, sur le plan empirique et économétrique, quatre
essais fournissent plusieurs éléments supplémentaires de réponse à notre problématique :
l’existence d’une zone euro à multiple vitesse est de nature à ne pas rassurer les Britanniques.
Elle confirme que les coûts de l’union monétaire sont bien au delà des bénéfices, notamment si
les effets endogènes de l’union ne se réalisent pas. La non-convergence des cycles économique et
la présence d’un décalage de deux trimestres entre le cycle britannique et les cycles allemand et
français met en doute l’adéquation d’une politique monétaire commune. L’étude du mécanisme
de transmission de la politique monétaire révèle les rigidités nominales de la zone euro
comparativement au Royaume-Uni. Le rôle stabilisateur du taux de change dans l’économie
britannique remet en cause l’abandon de cet outil dans le cadre d’une union monétaire. Enfin,
l’analyse de la transmission entre les marchés boursiers et l’analyse de l’impact de la
communication des banques centrales révèle d’une part, le rôle régional du marché britannique
et ses effets sur les places européennes, et d’autre part, l’attention accordée par le marché
allemand aux communications de la BoE, à ses meetings et également à ses décisions de
politique monétaire. Cette analyse montre aussi l’absence d’un impact significatif de la
communication de la BCE et de ses décisions sur la stabilité des marchés de la zone euro et sur
la stabilité du marché britannique. Cette absence remet en cause la rigidité légendaire de la BCE
et son manque de transparence. Au final, la défiance britannique vis-à-vis de l’euro et de l’UEM
est une combinaison de raisons historiques, théoriques appuyées aussi par des observations