La Lettre du Pneumologue - Vol. X - n° 6 - novembre-décembre 2007
Données nouvelles
Données nouvelles
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prolongation de l’hospitalisation prévue, et les complications
mineures, qui n’entraînent pas d’hospitalisation prolongée et
peuvent être gérées en externe (16).
Les complications sévères comprennent le pneumothorax
complet, l’hémothorax, l’hémorragie intraparenchymateuse et
l’hémoptysie massive ; elles sont plus fréquentes chez le sujet
âgé (4). Selon les auteurs, le pourcentage de ces complica-
tions majeures varie entre 10 et 34 % (6, 9, 16). Si le pneumo-
thorax iatrogène est rencontré dans 40 à 54 % des cas, un
drainage pleural est nécessaire dans seulement 10 à 20 % des
cas (1, 6, 9). Une localisation tumorale centrale, et a fortiori
proche du hile pulmonaire, ainsi qu’un long trajet intrapa-
renchymateux des électrodes exposent à un risque accru de
pneumothorax et d’hémorragie pulmonaire par rapport aux
nodules périphériques (1, 6, 17). Cependant, ce risque dû à la
localisation intraparenchymateuse de la tumeur est superpo-
sable aux complications rencontrées au cours des ponctions
transthoraciques (4). Après positionnement de l’électrode, les
atteintes péricardiques et œsophagiennes ainsi que les fistules
bronchopleurales sont potentiellement graves mais restent
exceptionnelles (1, 7). Un paramètre tel que le VEMS est aussi
à prendre en compte dans la tolérance de la RFA : les équipes
n’ont pas rencontré de complications respiratoires à type d’in-
suffisance respiratoire aiguë transitoire quand le VEMS était
supérieur à 1 l/sec (6, 18), mais le taux de ces complications
pouvait atteindre 33 % quand le VEMS était inférieur à 1 l/sec
(5, 6, 9). Les complications majeures infectieuses abcédées
et/ou à germes multirésistants sont également très peu
fréquentes, mais leur tableau clinique est toujours inquiétant
car survenant le plus souvent chez des patients fragilisés et
immunodéprimés (19).
Enfin, un risque potentiellement grave a été évoqué par deux
équipes, belge et nord-américaine : l’embolie gazeuse systé-
mique et cérébrale (11, 20). Au cours des RFA pour tumeurs
hépatiques, un nuage échogénique temporaire a été observé,
révélant des microbulles qui s’échappaient dans le système
vasculaire. L’équipe de Rose (20) a effectué un monitorage des
artères carotidiennes pour chaque RFA pulmonaire pendant
une minute, avant et après obtention du niveau d’impédance
maximale : entre 2 et 50 microembolismes ont été enregistrés
mais sans conséquences cliniques ni scanographiques. Si le
risque de présenter un accident vasculaire cérébral embolique
est pour l’instant théorique, les auteurs estiment que le patient
doit en être informé (11).
En dehors de ces complications majeures, les études relèvent
toutes les mêmes autres complications (6, 7, 9, 16, 21, 22). Ces
complications “mineures” ne nécessitent pas de prolongation
de l’hospitalisation et leur pourcentage varie entre 15 % et
60 % selon les auteurs (6, 9, 16). La variation du pourcentage
de pleurésie post-RFA, en fonction des séries, est probable-
ment due à la durée de la surveillance postprocédure. Gilliams
(1) ne retrouve que 10 % de pleurésies sur la tomodensitomé-
trie effectuée en post-RFA immédiate, un taux similaire au
travail de De Baere (6) dans les premières 24 heures. Cepen-
dant, il atteint 60 % si le scanner de contrôle est effectué 24 à
48 heures (6) après la RFA. D’autres complications sont encore
moins fréquentes (< 10 %) : hyperthermie d’origine non infec-
tieuse pendant une semaine après le geste ablatif, brûlure
cutanée, toux, pleurodynies, exacerbation de bronchite chro-
nique et complications infectieuses. La toux est d’ordre irri-
tatif et peut nécessiter l’arrêt de la RFA. Elle apparaît quand
l’énergie délivrée est supérieure à 100 W ; une diminution à
80 W permet de terminer le geste ablatif (9). Le mécanisme
reste incertain mais pourrait être initié par une stimulation
électrique ou thermique des récepteurs de la toux au niveau
des voies aériennes supérieures (9). Le développement d’un
abcès ou d’une pneumonie infectieuse est parfois décalé dans
le temps, survenant plus volontiers après une RFA pour une
tumeur de gros diamètre (> 5 cm) [23], mais le traitement
prophylactique par antibiothérapie destiné à éviter les compli-
cations infectieuses n’a pas fait ses preuves (4). Ces complica-
tions respiratoires sont diagnostiquées au décours de la RFA
par un suivi clinique et radiologique.
RÉSULTATS EN TERMES D’EFFICACITÉ
Si les indications initiales retenaient essentiellement la RFA
comme le traitement palliatif des cancers pulmonaires primi-
tifs ou des localisations intraparenchymateuses secondaires,
les études plus récentes la présentent aujourd’hui comme
l’alternative à la chirurgie pour certains patients non opérables
de stades I et II. Certains auteurs proposent même une asso-
ciation de la RFA avec la radiothérapie (9, 16, 24). Ces nouvelles
orientations thérapeutiques découlent des bons résultats des
études réalisées depuis 2000 (1, 4, 7, 9, 16, 21).
L’évaluation de l’efficacité de la RFA reste délicate pour diverses
raisons : les effectifs sont limités ; les indications et/ou les
modalités d’estimation de la réponse varient d’un essai à l’autre ;
la RFA est parfois associée à des traitements complémentaires.
Des études rapportent toutefois des résultats en termes de survie
médiane, réponse complète, intervalle libre jusqu’à progression
avec un recul allant parfois jusqu’à 20 mois (25). Lee et al. (9)
présentent une série de 30 patients avec 32 tumeurs traitées.
Cette étude retrouve une nécrose complète, estimée sur des
critères radiologiques, pour chacune des 6 tumeurs de moins de
3 cm, mais pour seulement 23 % des tumeurs de plus de 3 cm.
La survie à 6 mois est de 100 % pour les tumeurs inférieures
à 3 cm (5 patients) et de 56 % pour les tumeurs supérieures à
3 cm (25 patients). La survie moyenne est de 18,6 mois (± 2,2)
et de 11,3 mois (± 1,8) selon que la taille tumorale est inférieure
ou supérieure à 3 cm. En 2005, Nguyen (26) retient la taille de
2 cm pour définir deux groupes de patients traités par RFA. Il
obtient une réponse histologique complète dans 50 % des cas
si la tumeur est inférieure à 2 cm (3 patients). Pour les autres
tumeurs (5 patients), il observe plus de 80 % de cellules carci-
nomateuses non viables après vérification histologique et un
seul cas avec moins de 80 % de cellules carcinomateuses non
viables. Cependant, cette étude a été menée sur une petite série
de 8 patients. Avec un recul de 18 mois, De Baere (18) présente