Repérer les métastases avant qu`elles ne soient détectables en

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Institutcurie.fr
21 septembre 2015
Repérer les métastases avant qu’elles ne soient détectables en imagerie médicale
Ainsi pourrait se résumer la mission du laboratoire des biomarqueurs tumoraux circulants dont vient de
prendre la direction Charlotte Proudhon. Un projet ambitieux, mais qui a déjà fait ses preuves pour
améliorer la prise en charge des patients atteints de cancer.
Tout savoir sur le cancer à partir d’une simple prise de sang : de la nature du cancer au risque de
récidive en passant par la détermination du traitement le plus adapté, et le suivi de la réponse à ce
traitement. Un rêve qui semble de moins en moins inaccessible, au vu des résultats récents sur les
biomarqueurs tumoraux circulants. « Il reste encore beaucoup à découvrir » explique toutefois Charlotte
Proudhon, qui vient de rejoindre l’Institut Curie en tant que co-responsable de l’équipe Biomarqueurs
Tumoraux Circulants. « Mais les résultats obtenus ces dernières années sont plus qu’encourageants.
Les avancées technologiques permettent désormais de détecter dans le sang des cellules (CTC) et de
l’ADN (ctDNA) issus des tumeurs, ce qui ouvre de nombreuses perspectives. » Pour relever ce défi,
cette jeune chercheuse compte bien mettre à profit son expérience en épigénomique – en partie acquise
au cours de son travail de thèse dans l’équipe de Déborah Bourch’is à l’Institut Curie ainsi qu’au cours
de son postdoc à New York University - pour multiplier les biomarqueurs tumoraux. L’occasion de
rappeler ce que l’on sait des CTC et du ctDNA et ce que l’on peut en attendre dans les années à venir.
Des acquis …
Il est désormais admis qu’au stade métastatique, un taux élevé de CTC est associée à un pronostic
défavorable. Lors du plus grand congrès international de cancérologie, l’ASCO 2015, les médecins de
l’Institut Curie ont présenté des résultats plus qu’encourageants chez les femmes atteintes d’une des
formes les plus agressives de cancer du sein. Si le taux de CTC détecté ne permet pas de prédire la
sensibilité à un traitement, en revanche il permet de détecter précocement les patientes présentant un
risque de développer des métastases ou de rechuter.
Si les données sur le ctDNA sont plus récentes, elles sont néanmoins très prometteuses. En 2012, deux
médecins-chercheurs de l’Institut Curie, Marc-Henri Stern et Olivier Lantz, ont montré pour la première
fois qu’il était possible de détecter du ctDNA dans le sang de patients atteints de mélanome de l’uvée
métastatique. Sa présence révèle l’existence d’une tumeur et sa quantité en reflète la taille. 2015 a
marqué un autre tournant pour le ctDNA. Jusqu’à présent, la recherche des anomalies éligibles pour une
thérapie ciblée s’effectue dans des biopsies de tumeurs, un acte souvent invasif pour les patients. Les
médecins de l’Institut Curie ont démontré que cette recherche pouvait se faire sur du ctDNA , soit à
partir d’une simple prise de sang (1).
… et des perspectives
L’équipe émergente SiRIC co-dirigée par Charlotte Proudhon et le Dr François-Clément Bidard va donc
poursuivre dans ces voies déjà riches en applications et parallèlement rechercher de nouveaux
biomarqueurs. De plus en plus de données montrent l’importance des marques épigénétiques dans les
cellules tumorales. Une cellule cancéreuse comporte aussi bien des mutations génétiques que des
modifications épigénétiques. Qu’ils s’agissent de la méthylation de l’ADN ou des modifications posttraductionnelles des histones, les protéines autour desquelles s’enroulent l’ADN, les marques
épigénétiques apportent des informations nouvelles sur le statut tumoral. Charlotte Proudhon envisage
donc de se pencher sur ses marqueurs et leur signification dans les CTC et le ctDNA.
« En collaboration notamment avec l’équipe de Jean-Louis Viovy qui développe des systèmes innovants
de purification des CTC, j’envisage d’analyser plus finement les CTC, ajoute Charlotte Proudhon. La
connaissance précise des profils épigénomiques de ces cellules, reflétant leur état de différenciation
devrait nous en apprendre plus sur les mécanismes de dissémination tumorale. » Dotée d’une expertise
Merci de ne pas diffuser ce PDF. Reproduction réalisée avec l'autorisation du CFC.
allant de la recherche fondamentale à la recherche translationnelle, cette équipe émergente devrait
rapidement faire progresser le domaine en pleine effervescence des biomarqueurs tumoraux.
Pour en savoir plus :
CTC
Avant de s’implanter dans un nouvel organe pour former des métastases, les cellules tumorales quittent
la tumeur d’origine et circulent dans l’organisme : ce sont des cellules tumorales circulantes.
ADN libre circulant et ADN circulant tumoral
Il existe un phénomène naturel de dégradation des cellules normales dans l’organisme au cours du
renouvellement des tissus. Les cellules sont dégradées et une partie de leur matériel génétique tel que
des fragments de leur ADN se retrouve dans le sang. C’est ce qu’on appelle l’ADN libre circulant ou
cfDNA (cell-free DNA). Il en est de même pour l’ADN provenant de cellules tumorales que l’on appelle
ADN circulant tumoral (ctDNA)
Dossier sur les cellules tumorales circulantes et le ctDNA
http://curie.fr/dossier-pedagogique/cellules-tumorales-circulantes-perspectives-prometteuses
ADN tumoral circulant vs biopsies : avantage à l’ADN circulant
http://curie.fr/actualites/adn-tumoral-circulant-vs-biopsies-avantage-l%E2%80%99adn-circulant-005867
La valeur pronostique des CTC se confirme
» http://curie.fr/actualites/valeur-pronostique-ctc-se-confirme-006187
(1) Circulating tumor DNA and circulating tumor cells in metastatic triple negative breast cancer patients.
Madic J, Kiialainen A, Bidard FC, Birzele F, Ramey G, Leroy Q, Rio Frio T, Vaucher I, Raynal V, Bernard
V, Lermine A, Clausen I, Giroud N, Schmucki R, Milder M, Horn C, Spleiss O, Lantz O, Stern MH, Pierga
JY, Weisser M, Lebofsky R.
Int J Cancer. 2015 May 1;136(9):2158-65. doi: 10.1002/ijc.29265. Epub 2014 Oct 23.
Merci de ne pas diffuser ce PDF. Reproduction réalisée avec l'autorisation du CFC.
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