Notes de mise en scène
Au tout début, « Touche-moi » a été écrit pour être joué par une seule comédienne. Certes des
tas de personnages interviennent – la mère méduse, Lucien le vélo, Le type sans type,
Madame Paula et son mari – mais le personnage clé dont on suit les méandres intérieurs, c’est
Rosa Moi.
Pourtant, devant la complicité magnifique de Charlotte et Magali, ce fut comme une évidence : elles
devaient jouer ce texte ensemble. Il suffisait de trouver la petite musique intérieure qui les ferait
danser à l’unisson.
Une distanciation au service de la dramaturgie
Plongés dès le début de la pièce dans la tête et dans les pensées de Rosa, tout devenait
alors possible : dans le cirque qu’est devenue sa vie, son vélo Lucien lui fait bien des
leçons de morale !
Et puis ces conversations continuelles, qu’elle entretien avec elle-même, permettait le
partage du texte de Rosa entre les deux comédiennes.
Mais une question se posait alors : qui était les deux personnes sur scène ? Ni Rosa, ni
Lucien, ni Madame Paula et pourtant tous à la fois.
C’est à ce moment que la distanciation – avec l’apparition d’un plan narratif supplémentaire –
pouvait expliquer tout, en apportant bien plus encore.
Et si c’était deux clowns qui, tombant par hasard sur un texte, décidaient de nous en
raconter l’histoire.
Un univers fort, qui teinte chaque facette du spectacle.
Une piste de cirque toute bleue. La couleur des garçons pour raconter l’histoire de Rosa qui a
tant de mal à être une fille, à devenir femme.
D’ailleurs tout est bleu. Sauf le petit piano de plastique rose. Symbolique tout ça.
Et puis la rondeur de cette piste. Le rond c’est le symbole de la mère. Le sable, c’est encore la
mère. Tout est mère. Comme dans la vie de jeune femme.
Deux valises bleues, celles où se cachent les éléments de la vie de Rosa. Ces valises
que l’on traîne tous, bien trop lourdes pour nous. Et puis cette fille timide. Comme le
disait Jacques Brel « …une valise à chaque mains… » pour raconter les bras pendants…
Et puis le travail physique avec les comédiennes. Teinté de technique de clown, de
mime, de précision physique, d’effets miroirs, toujours au service de l’histoire de
Rosa.
Et puis il suffisait de jeter là dessus quelques confettis, des poignées de
poésie, quelques notes de musiques jouées sur un piano d’enfants, des
personnages grotesques et attachants et une petite chanson douce qui
entre en nous quelque part et se met à résonner très fort, très très fort
Philippe Beheydt