2011-2012 Tutorat UE 7 SSH – Correction n° 9 5 / 6
A l’ère de la sanitarisation, où la prévention occupe une place toujours plus
importante l’individu devient responsable de son état de santé.
Dans le cadre du cancer, le patient devient patient sentinelle : il est vu comme une
forteresse à protéger et surveiller. De par sa dimension parfois auto-infligée (cancer ORL,
cancer du poumon…), le cancer induit une culpabilité du malade et soulève la question du
sens (invariant culturel : « Pourquoi moi ? »).
Ce cadre de lecture dans lequel le patient place la maladie conditionne la façon dont on va
l’annoncer.
II – L’annonce de la maladie : entrée dans le parcours de soin
Selon la théorie de l’étiquetage de Freidson, le médecin, en nommant la maladie,
en est le créateur social (sickness). Au vu de l’impact que représente l’annonce d’un
cancer, le plan cancer (élaboré par le ministère chargé de la santé) a instauré le
dispositif d’annonce (pluridisciplinaire et en plusieurs temps) afin de cadrer ce moment clef
qui signe l’entrée dans le parcours de soin.
Le patient a droit à l’information (loi Kouchner de 2002) mais le médecin n’a pas
l’obligation de tout dire (dire ce que le patient est capable d’entendre, ne pas répondre aux
questions non posées etc.). Cette information doit être « claire, loyale et appropriée »
(article 35 du code de déontologie) et reformulée si nécessaire : il s’agit de s’adapter au
patient (exemple du patient sous tutelle) en considérant ses représentations et en évitant un
langage hypertechnique.
Au sein de cette relation intersubjective, le médecin doit respecter la déontologie
(éthique professionnelle) : il doit faire preuve d’empathie et d’écoute sans interposer
d’écran technique.
Le but de cette annonce est d’établir une relation de confiance entre le médecin et
son patient pour aboutir à un consentement éclairé. Ceci permettra l’élaboration commune
d’un projet de soin : c’est une alliance thérapeutique.
III – Le parcours de soin
Dans un premier temps l’hôpital est hors-jeu face à l’émergence du cancer, ce sont
les associations qui ont un rôle primordial et organisent la « lutte » (idem pour le sida) : on
voit l’apparition des centres de lutte contre le cancer.
Le cancer étant une maladie complexe portant atteinte à l’intégrité physique, sociale et
mentale de l’individu, elle nécessite une prise en charge pluridisciplinaire. Ceci est rendu
possible avec l’intégration d’autres disciplines telles que la physique (radiologie) à la
médecine.
L’hôpital contemporain est alors créé en tenant compte de ces nouvelles contraintes
imposées : les CHU (loi Debré 1958) avec leur triple fonction de soin, d’enseignement et
de recherche, permettent de prendre en compte les diverses facettes de maladies
chroniques telles que le cancer.
En parallèle, les systèmes de santé se sont adaptés : par exemple, le système
Bismarckien (français entre autres) a permis la solvabilisation de la santé par la sécurité
sociale (1945) grâce à une égalisation des moyens par des droits sociaux liés au travail
et un risque partagé de perte du revenu. Ceci répond au principe éthique de justice
(répartir équitablement le soin).
Cette adaptation est d’autant plus nécessaire que les coûts liés au cancer sont très élevés
(12 milliards d’euros en 2004) ce qui, combiné à un système de santé inflationniste, met
en valeur la question du poids économique lié aux maladies chroniques (« big medicine »).
Même après la maladie les problèmes financiers persistent pour l’individu, ce pourquoi l’un
des objectifs du plan cancer est l’accès aux assurances et aux prêts bancaires. Ceci est