Joseph Eugène Stiglitz (1943…) I. Eléments de biographie Date et lieu de naissance Joseph Eugène Stiglitz est né le 9 février 1943, en Indiana, aux Etats-Unis. Présentation Etudiant au M.I.T, ses projets de recherche intéressent plusieurs fondations prêtes à financer ses recherches, en parallèle, il enseigne la politique économique au All Souls College d’Oxford et Princeton. En 1993, il devient le président du Conseil des consultants économiques du président Bill Clinton. Joseph Stiglitz a exercé à la Banque mondiale au redoutable poste d'économiste en chef. Il a quitté ses fonctions en novembre 1999, officiellement pour se consacrer à l'enseignement. Mais il semble que ses critiques sur la politique de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international (FMI) soient la véritable cause de son départ. Qualifié « d'éléphant dans un magasin de porcelaine » par le Washington Post, Joseph Stiglitz serait parti pour retrouver une plus grande liberté de parole. Depuis 1999, il est professeur à la Columbia Business School, à New York. Prix nobel en 2001. Convictions politiques et économiques. C'est à un adversaire déclaré de la mondialisation, Joseph Stiglitz, qu'est revenu le prix nobel d'économie 2001, remis conjointement à deux de ses compatriotes George Akerlof (61 ans) et Michael Spence (58 ans), pour des recherches sur le poids de l'information des individus dans les processus économiques. Il avait notamment irrité nombre de ses pairs en critiquant publiquement des décisions de la Banque, et en demandant des débats plus ouverts sur les politiques des institutions financières internationales vis-à-vis des pays en développement. II. Notions clés de l’auteur La mondialisation. La mondialisation repose entièrement aujourd’hui sur le néolibéralisme et le fanatisme du marché. Selon Stiglitz, au lieu de permettre aux pays pauvres de s’extirper de leur condition, la mondialisation telle qu’elle est conçue et envisagée tend à se consacrer au service des pays qui la dirigent, en servant notamment de voie de transmission de la richesse des pays pauvres vers les pays riches. Il évoque d’ailleurs ce sujet dans son dernier livre, Un autre monde. Contre le fanatisme du marché.. De plus, celle-ci aggrave les inégalités et renforce les écarts déjà importants entre les riches et les pauvres, favorise les grands intérêts financiers et industriels aux dépens des citoyens, abolit la diversité culturelle et dégrade l’environnement. Mais au final, ce n’est pas la mondialisation en soi qui est à condamner, mais plutôt la manière dont elle est mise en œuvre et les organisations internationales qui en sont à l’origine. La commission Stiglitz, privilégie le RNB. En France, le rapport de la Commission Stiglitz-Sen-Fitoussi a mis en avant certaines insuffisances de la mesure du progrès économique et social à travers le PIB. Il recommande notamment de plus se concentrer sur la consommation et les ménages, plutôt que sur la production, dans une optique de bien être. Il recommande aussi de mieux tenir compte de la qualité de la vie (santé, éducation, relations sociales, inégalités) et, enfin, d’être plus attentif aux questions de développement durable. C’est dans cette optique que la commission Stiglitz encourage à observer le RNB (Revenu National Brut) plutôt que le PIB. III. Citations « Le 11 septembre a révélé une face encore plus sombre de la mondialisation. Le terrorisme aussi franchit aisément les frontières. Ses racines sont complexes, mais le désespoir et le chômage massif qui règnent dans tant de pays du monde lui offrent un terreau fertile » « La guerre peut être nécessaire à la sécurité du pays. Mais elle n'est pas bonne pour l'économie, ni à court terme ni à long terme » « La mondialisation ne marche ni pour les pays pauvres, ni pour l'environnement. » IV. Interview de l’auteur Quels leviers permettraient de relancer l’économie mondiale ? Joseph Stiglitz : Plusieurs choses pourraient y aider. Les pays qui ont une grande marge budgétaire, comme les États-Unis et l’Allemagne, pourraient stimuler davantage leur économie. L’accroissement de leurs importations, en retour, pourrait avoir un effet d’entraînement sur les autres pays. En ce qui concerne les États-Unis, d’autres facteurs peuvent intervenir. Nous devons, par exemple, nous occuper des problèmes du logement. La deuxième chose qui pourrait jouer serait de fixer un prix élevé pour les énergies fossiles. Cela pousserait les entreprises à investir pour rééquiper l’économie afin de faire face au problème du réchauffement planétaire. En ce domaine, les besoins d’investissement sont énormes. Pour moi, l’ironie de l’histoire est qu’on sous-utilise nos ressources. Il y a, d’un côté, des gens qui veulent travailler, du capital qui ne produit rien et, de l’autre, ces besoins énormes en matière d’environnement, de développement, de lutte contre la pauvreté. Cette réalité est la preuve que notre système de marché et notre système politique ne fonctionnent pas. Les banques centrales, écrivez-vous, sont actuellement le bras armé des financiers. Pourquoi les politiques monétaires sont-elles si importantes ? Joseph Stiglitz : Les marchés ne se régulent pas d’eux-mêmes. Parfois, ils ne produisent pas assez, ou il y a trop de demande, ce qui provoque de l’inflation, c’est pour cela qu’il faut réguler le niveau d’activité économique. Et l’un des instruments que nous avons, ce sont les politiques monétaires au travers des banques centrales. En cas de surplus de la demande, les banques centrales réduisent les flux du crédit ou augmentent les taux d’intérêt. À l’inverse, lorsque la demande est insuffisante, elles baissent les taux d’intérêt et tentent de fournir davantage de crédits. En Europe, lorsque l’euro été créé, une grave erreur a été commise concernant le rôle de la Banque centrale. Il a été indiqué qu’elle ne devait s’occuper que de l’inflation. Aux États-Unis, la FED, la banque centrale, se concentre sur l’inflation mais aussi sur l’emploi, la croissance et la stabilité financière. La BCE se concentre sur un objectif extrêmement restreint, c’est pour cela qu’elle n’arrive pas à stabiliser l’économie européenne. Dans votre essai, vous dénoncez les dégâts sociaux causés par la crise financière aux États-Unis. Vous écrivez, notamment : « C’est donc désormais près d’un Américain sur six qui se trouve en situation de pauvreté. » Pouvez-vous illustrer rapidement cette réalité ? Joseph Stiglitz : Un Américain sur sept perçoit une aide sociale. En dépit de cette aide, 14 % d’entre eux se couchent en ayant faim au moins une fois par mois. Non pas parce qu’ils font un régime, mais parce qu’ils ne peuvent pas se permettre d’avoir suffisamment de nourriture. Pour les pauvres, l’insécurité est énorme. Ne disposant pas de réserves, ils sont constamment au bord du précipice. Une voiture qui tombe en panne, la nounou qui tombe malade sont autant d’imprévus qui peuvent leur coûter leur emploi. Vous accusez fortement les banques et les banquiers d’être responsables de la crise, comment les ramener à la raison ? Joseph Stiglitz : La seule façon est de les réguler pour qu’ils reviennent à leur métier. Une banque n’est pas un casino de Las Vegas ! Le métier d’une banque est de prendre l’épargne des citoyens et de la traduire en investissements qui vont créer de l’emploi et améliorer la situation économique. Aujourd’hui, il est toujours trop facile pour les banques, malgré les nouvelles réglementations, de faire de l’argent grâce à la spéculation ou par la manipulation des marchés, comme dans le cas du Libor. Avec ce scandale, les banquiers ont créé un marché de 350 millions de milliards de dollars fondé sur des chiffres complètement faux, et on ne le sait que maintenant. Source de l’interview : http://www.humanite.fr/social-eco/joseph-stiglitz-notresysteme-de-marche-ne-fonctionne-pas-503741 V. Sujets possibles Comment mesurer les richesses d’un pays ? Le PIB est-il un indicateur fiable de développement ? Les effets de la mondialisation sont-ils toujours positifs ?