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AVANT-PROPOS
Selon la mythologie grecque, la civilisation naquit lorsque Prométhée
déroba à Jupiter le feu sacré pour le donner aux mortels, et leur enseigna
à s’en servir pour se chauffer, cuisiner et fabriquer des outils, créant ainsi
les rudiments de la vie sociale. Pour l’avoir fait, Prométhée fut sévèrement
puni, car le feu et les pouvoirs qu’il conférait à l’humanité portaient aussi
en eux le travail et la guerre.
Cette ambiguïté relative à l’exploitation et à la transformation de
l’énergie demeure aujourd’hui : d’une part, il n’est aucune facette de
l’entreprise humaine qui ne soit associée à l’énergie et, plus que jamais,
les inégalités dans l’accès à une source d’énergie abordable sont
intimement liées à des inégalités en matière de sécurité et de niveau de
vie ; d’autre part, en puisant sans cesse dans les ressources de la nature,
nous avons provoqué l’impact environnemental le plus important qu’une
espèce ait jamais imposé à la planète. Les pays fortement industrialisés,
dont le mode de vie dépend énormément de ressources non
renouvelables, sont aujourd’hui les premiers responsables d’émissions de
gaz à effet de serre, dont les effets sur le réchauffement de la planète et
les changements climatiques ne sont plus mis en doute.
Les problèmes environnementaux posent toute une série des
questions essentielles sur ce que nous valorisons en tant qu’êtres
humains, sur le sens que nous donnons à la vie, la façon dont nous
percevons notre place dans la nature et le monde que nous voulons
léguer à nos enfants. Le principe du développement durable, tel que l’a
défini le rapport Brundtland << Notre avenir à tous >a, suppose que nous
envisagions notre consommation énergétique présente à la lumière des
besoins des générations futures. Ces problèmes appellent des réponses
qui sont avant tout d’ordre éthique et philosophique.
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