50 questions sur l`amour et la vie

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france-catholique.fr
ISSN 0015-9506
FRANCE
Catholique
88 e année - Hebdomadaire
n° 3289
-
13 janvier
2012
50 questions sur
l’amour et la vie
Offert avec ce numéro :
un outil d’évangélisation
en 19 langues !
3€
BRÈVES
FRANCE
transports : Annoncée le
27 décembre, une hausse de
3,2% des tarifs à partir de
janvier 2012 concerne les
TGV, les trains interrégionaux et les trains de nuit. Les
prix des transports publics
en Île-de-France ont augmenté en moyenne de 1,5%
au 1er janvier.
Climat : Météo France a
annoncé le 27 décembre que
la température moyenne a
été supérieure de 1,5 degré
à la normale en 2011, année
la plus chaude depuis 1900.
Savoie et Haute-Savoie ont
été placées en vigilance
orange le 31 décembre en
raison d’un risque très élevé
d’avalanches.
Voile : Le navigateur Loïck
Peyron et son équipage ont
mis 45 jours 13h et 42 min.
pour boucler leur tour du
monde sans escale, nouveau
record du monde battu le 6
janvier.
Circulation : De nouvelles
sanctions sont applicables
dès ce début d’année ; les
avertisseurs de radars sont
interdits et le téléphone au
volant plus sévèrement puni.
Le nombre de tués sur les
routes est passé de 3 992
en 2010 à 3 970 en 2011.
Les radars ont rapporté 630
millions d’euros.
Monde
Économie : Le Brésil est
devenu en 2011 la 6e puissance économique du monde
devant le Royaume-Uni ; les
États-Unis conservent la
première place devant la
Chine, le Japon, l’Allemagne
et la France.
La directrice du FMI, Christine
Lagarde, a pressé les dirigeants européens d’accélérer les réformes décidées au
HUMEUR
Qui veut des emplois en France ?
Nicolas Sarkozy a surpris deux fois son camp la semaine dernière
en mettant les Français au pied du mur en ce qui concerne l'emploi. La première a été quand il a obligé son gouvernement à soutenir une proposition de reprise de l'armateur Sea-France, par ses
880 salariés sous la forme d'une Société coopérative ouvrière. Ces
marins ne semblent pourtant pas disposés à risquer leurs primes de
licenciement pour devenir leurs propres actionnaires sous l'égide
du syndicat CFDT dont la réputation locale est très discutée… La
deuxième surprise concerne la TVA sociale. Cette mesure faisait
partie du programme présidentiel. Elle avait été abandonnée en
2007 après des élections législatives décevantes pour le pouvoir...
Mais les fêtes de fin d'année ont prouvé une fois de plus que les
Français n'achètent pour ainsi dire (en dehors de l'alimentaire)
que des produits d'importation. Il ne faut pas s'étonner de l'accroissement du chômage ! Il n'y aura des emplois que si l'on
produit sur notre territoire des biens qui puissent faire jeu égal
avec les importations. Une hausse de la taxe sur la valeur ajoutée
(largement importée) et une baisse des taxes sur les salaires (français) est a priori une mesure de bon sens. François Hollande crie
pourtant à la trahison des consommateurs pauvres, des retraités,
des fonctionnaires… et Alain Madelin au gadget économique.
Mais ils n'ont rien à proposer de mieux. Gageons qu'un Hollande
président ne reviendrait d'ailleurs pas sur cette hausse de la TVA.
Nicolas Sarkozy se coupe de ses amis et, paraît-il, de toutes
chances de se faire réélire, en prônant le bon sens, mais un peu
tard… puisque ces mesures n'entreraient en vigueur qu'en juillet.
Et puis on apprenait, le 6 janvier, que Nicolas Sarkozy envisageait de
mettre en route une taxe sur les transactions financières sans attendre
l'accord de ses partenaires européens ! On dit que certaines personnalités ne révèlent leur pleine efficacité que dans les périodes de
catastrophe… Encore faut-il qu'elles se soient ménagé un minimum
de temps pour réagir. En l'occurrence, le quinquennat n'y aide pas.
F.A.
sommet de Bruxelles du 9
décembre et de modifier les
traités pour renforcer l’intégration budgétaire.
Euro : La monnaie unique
a baissé au cours de la dernière semaine de l’année
pour atteindre au plus bas
1,28 dollar ; elle est passée le 30 décembre sous la
barre des 100 yens pour la
première fois depuis 10 ans.
En fait, il s’agit moins d’une
chute que du retour à un
cours plus réaliste puisque
la valeur de référence fixée
en 1998 était de 1, 165 dollar ; un cours proche de 1,15
dollar en 2012 ne serait pas
irréaliste. Affecté par la crise
de l’euro, le CAC 40 a perdu
17 % en 2011.
Iran : L’Iran a menacé le
27 décembre de fermer le
2 FRANCECatholique n°3289 13 janvier 2012
détroit d’Ormuz au trafic
pétrolier en cas de sanctions contre ses exportations
pétrolières.
La France a demandé le
27 décembre aux autorités iraniennes de renoncer
à l’exécution d’une femme
condamnée à mort pour
adultère.
Chine : Des milliers d’employés chinois d’un groupe
sud-coréen se sont mis en
grève le 26 décembre dans
l’est de la Chine ; depuis
quelques semaines, plusieurs
mouvements de mécontentement des travailleurs ont
été signalés à propos des
salaires et des conditions de
travail.
La Chine a dévoilé le 30
dé­cembre son programme
spatial pour les cinq pro-
chaines années, prévoyant
notamment l’envoi d’un
Chinois sur la Lune.
La Chine a annoncé le 31
décembre un premier décès
dû à la grippe A (H1N1).
Turquie : 35 villageois
kurdes ont été tués le 29
décembre au cours d’un raid
de l’aviation turque près de
la frontière irakienne. Ils
avaient été confondus avec
des militants du PKK.
Afghanistan : Deux légionnaires français du 2e régiment étranger de Génie ont
été tués le 29 décembre par
un soldat de l’Armée nationale afghane. Le ministre de
la Défense, Gérard Longuet,
s’est rendu le 31 décembre à
Kaboul pour visiter les forces
françaises.
Russie : Après l’incendie
d’un sous-marin nucléaire,
le niveau de radioactivité
sur le lieu de l’accident ne
présenterait pas de menace
pour la population, d’après
un communiqué du ministère des situations d’urgence
daté du 30 décembre.
Japon : Un puissant séisme
de magnitude 7 a été ressenti le 1er janvier dans la région
de Tokyo sans déclencher de
tsunami.
Égypte : Le procureur a
re­quis le 5 janvier la peine
de mort pour l’ancien président Moubarak accusé d’être
responsable du meurtre de
manifestants lors de la
révolte contre son régime.
Hongrie : Des dizaines
de milliers de personnes
ont manifesté le 2 janvier à Budapest contre le
Premier ministre conservateur Viktor Orban qui profite
d'avoir la majorité des 2/3
au Parlement pour rendre
consti­­tutionnels, c'est-àdire quasi irréversibles, un
cer­­tain nombre d'éléments
de son programme électoral.
J.L.
ÉDITORIAL
SOMMAIRE
ACTUALITÉ
4
5
6
7
POLITIQUE
Quels repères ?
ÉCONOMIE
Chômage en hausse
AFRIQUE
Boko Haram
ÉTATS-UNIS
Santorum, le catholique
DOSSIER
8
ÉVANGÉLISATION
Le CD "50 questions"
ESPRIT
18 LECTURES
2e dimanche ordinaire
20 LIVRES
Mystiques rhénans
21 ECCLÉSIA
2 milliards de chrétiens
22 LIVRES
Dieu et Internet
23 INTERNET Edmond Prochain, blogueur anonyme
24 CHARITÉ
La méthode Jaccard
25 DÉBATS
Lettre ouverte aux prêtres
26 LIVRES
Sélection : chemins de foi
MAGAZINE
27 CINÉMA
« Parlez-moi de vous »,
« 10 jours en or »,
« J. Edgar », « La colline aux coquelicots »
28 HISTOIRE Peut-on parler du génocide vendéen ?
30 EXPOSITIONS Patrick Faigenbaum photographe
de Paris, proche et lointain
32 B.D.
34 THÉÂTRE
Le hasard n'écrit pas de messages
« Elle était une fois… Anne Baquet »
« Le grandiloquent moustache poésie club »
35 TÉLÉVISION
« Another year »,
« Le monde de Narnia 3 », « La liste de Schindler »,
« Aventures de médecine »
36 TÉLÉVISION
38 BLOC-NOTES
Votre début de soirée
Vie associative et d'Église
Un CD "50 questions sur l'amour et la vie"
est joint à ce numéro.
Écoutez la chronique de Gérard Leclerc,
du lundi au jeudi.
Le sénat
de l'Église
E
N NOMMANT une nouvelle promotion de cardinaux,
Benoît XVI a assuré la pérennité d’un collège dont
la tâche la plus importante consiste à élire le pape à
chaque vacance du siège romain. Bien sûr, les cardinaux
assument également d’importantes fonctions dans la
direction de l’Église catholique, soit comme responsables des
dicastères et des organismes de la Curie, soit comme pasteurs
des plus grandes métropoles de la planète. Le pape distingue des
personnalités de premier ordre pour l’assister
dans sa tâche universelle. C’est la raison d’être
de cet organisme qu’on a pu appeler « sénat
de l’Église » dans une acception assez différente des organes de gouvernement de la vie
publique.
Il convient, en effet, de considérer le gouvernement de l’Église dans son originalité, telle
qu’elle s’explique par le développement d’une par Gérard LECLERC
tradition bimillénaire. Depuis les origines, la
primauté de l’évêque de Rome, telle qu’elle
est affirmée déjà chez Ignace d’Antioche et Irénée de Lyon est
reliée à la fondation de l’Église locale par les apôtres Pierre et
Paul. C’est parce qu’il est successeur de ces deux apôtres que le
pape est investi de son autorité propre. « Car avec cette Église,
dit Irénée, en raison de son origine plus excellente, doit nécessairement s’accorder toute l’Église, c’est-à-dire les fidèles de
partout, elle en qui toujours, au bénéfice des gens de partout,
a été conservée la Tradition qui vient des apôtres » (Contre les
hérésies, III, 3, 4).
Il y a donc lieu de ne pas faire d’erreur d’identification. Le
caractère romain de l’élection du pape est impératif. C’est pourquoi il convient de repousser l’idée d’un chef de l’Église qui serait
l’élu de l’épiscopat mondial. Les cardinaux sont tous symboliquement attachés à une paroisse de Rome et c’est comme membres
de cette Église particulière, comme membres de son presbyterium, qu’ils participent à l’élection du successeur des apôtres
fondateurs, et d’abord du chef du collège apostolique. Deux
déviations intellectuelles sont à récuser : le collégialisme qui fait
du pape le mandant du collège épiscopal (à ne pas confondre
avec la collégialité définie à Vatican II) et le « surépiscopalisme ».
L’évêque de Rome n’est pas un « surévêque », il est le premier des
évêques et ces derniers le sont à part entière, inassimilables à ce
que sont les préfets dans la République. Le statut hiérarchique
des missions dans l’Église se trouve donc notamment garanti par
le sénat constitué par les cardinaux. ■
FRANCECatholique N°3289 13 JANVIER 2012
3
ACTUALITÉ
NOUVELLE ANNÉE pOLITIqUE
quels repères ?
Qui sera élu en mai 2012, et dans quelles conditions ?
Aucun sondage ne peut faire actuellement de prévisions
sérieuses. Mais le chemin peut être balisé.
I
de bonne méthode
de prendre les sondages
pour des données incertaines, prises pour vraies
par une partie de l’opinion, et qui modifient par
conséquent les comportements des candidats et des
électeurs. Les sondages de
2002 n’annonçaient pas la
présence de Jean-Marie Le
Pen au second tour ; ceux de
2007, qui laissèrent croire à
un retour en force du candidat frontiste, marquèrent
profondément une campagne
où il fut beaucoup question, à
droite et à gauche, de l’art et
la manière de battre celui qui
n’était pas encore « le père de
Marine ».
Nous ne savons pas encore
comment les médias vont
choisir dans les sondages qui
sont publiés chaque jour mais
il est certain que Marine Le
Pen sera le troisième personnage de la campagne – après
François Bayrou en 2007.
Cependant, les médias ne
font pas les élections et les
chroniqueurs célèbres, comme
les instituts de sondages, sont
soumis au cours aléatoire des
événements. Or les premiers
mois de l’année 2012 verront
se prolonger des tendances
beaucoup plus déterminantes
qu’en 2002 ou en 2007.
(
l est
La France est depuis 2008
complètement entrée dans la
crise économique occidentale. Beaucoup de sommets
ont été réunis, beaucoup de
décisions ont été prises mais
les mesures d’austérité creusent l’endettement public et
risquent de déclencher des
mouvements de protestation.
tion alternative à la crise de la
monnaie unique. Une explosion de la zone euro, à laquelle
se préparent nombre de pays
et d’entreprises, avantagerait
Marine Le Pen qui défend un
programme de sortie de l'euro
assorti de protectionnisme et
qui ne sera pas concurrencé par
celui d’un François Hollande
Le résultat de Nicolas Sarkozy
au premier tour de l’élection
présidentielle sera fonction de
la vitesse de la propagation de
la crise de la zone euro : une
stabilisation de la situation lui
profiterait car il apparaîtrait
effectivement comme le président protecteur qu’il veut être
face à un candidat socialiste
qui ne propose pas de solu-
fidèle au libre-échange et à
l’intégration européenne.
Les médias vont privilégier le « travail d’image » de
Nicolas Sarkozy et de François
Hollande. Le président sortant
souffre de sa conception
égocentrée de la politique
qui explique la virulence de
l’antisarkozysme. François
Hollande s’est habilement
Il est certain que Marine Le Pen sera le
troisième personnage de la campagne
4 FRANCECatholique n°3289 13 janvier 2012
par Alice TULLE
présenté comme un candidat
« normal », mais un début de
dérapage verbal — se mettant
dans la peau du président, il
imaginait celui-ci se regardant lui-même comme un
« sale mec » — a montré
qu'il peut encore modifier sa
tactique.
Parmi les repères, il ne
faut pas oublier les scandales
qui menacent. Les socialistes
sont confrontés notamment à
l’affaire Guérini à Marseille et
peuvent craindre de nouvelles
retombées de l’affaire DSK,
mais c’est actuellement la
droite qui est dans la situation
la plus dangereuse en raison
des progrès de l’enquête sur
les contrats d’armement et le
financement de la campagne
d’Édouard Balladur — que
soutenait Nicolas Sarkozy.
La menace peut être différée pendant plusieurs mois
encore, mais si la justice arrivait aux conclusions redoutées par le président de la
République, c’est là encore
Marine Le Pen qui en profiterait, car la gauche traîne
depuis les années quatre-vingt
un très lourd passif que ses
adversaires n’hésiteront pas
à rappeler.
Seule certitude au vu de
ces aléas : les médias ne s’intéressent qu’à Nicolas Sarkozy,
François Hollande et Marine
Le Pen, ce qui signifie que les
autres candidats vont souffrir
de l’indifférence polie qui sera
comme d’habitude portée à
ceux qui sont classés, d’entrée
de jeu, dans la catégorie des
« petits candidats ». n
CRISE ÉCONOmIqUE
par A.T.
Chômage en hausse
Toujours exposé à la crise internationale et au risque
d’explosion de la zone euro, Nicolas Sarkozy est confronté à
une aggravation du chômage qui ne peut reculer avant avril.
D
ans son programme
de 2007, le candidat Sarkozy affirmait que « en cinq
ans, nous pouvons
atteindre le plein emploi,
c’est-à-dire un chômage
inférieur à 5% et un emploi
stable à temps complet pour
tous ». Devenu Président, il
voyait apparaître à l’été 2007
les premiers signes de la crise
qui s’est déchaînée un an plus
tard dans le monde occidental. Dans une France exposée
à la concurrence mondiale, il
était difficile de « travailler
plus pour gagner plus » et
de produire plus en relançant l’activité industrielle en
proie aux délocalisations. Ces
objectifs devenaient inatteignables alors que le système
capitaliste entrait dans des
convulsions bien analysées
par Nicolas Sarkozy et ses
conseillers.
Il fallut battre en retraite
et tenter de préserver ce qui
pouvait l’être. Le gouvernement a renforcé le dispositif du chômage partiel
et augmenté en 2009 les
emplois aidés. Comme la politique industrielle annoncée
n’a pas été mise en œuvre,
comme l’euro cher pénalise
nos exportations, il a fallu
constater à la fin de l’année 2011 que nous étions à
nouveau sur une mauvaise
pente.
De fait, le nombre de
chômeurs a augmenté tout au
long du dernier trimestre de
2011 et la France se retrouve
avec 3 080 000 chômeurs de
la première catégorie – ceux
qui n’exercent aucune activité. Si l’on ajoute les deux
autres catégories, le total
des inscrits à Pôle emploi se
pendant dix ans » son marché
du travail — alors que la
France entreprend cet effort
« depuis quelques années
seulement ». Ce qui annonce
un développement de la flexibilité et des salaires réduits
après l’élection présidentielle,
si Nicolas Sarkozy est réélu.
En attendant, le ministre
monte à 4 510 500 chômeurs.
Ministre du Travail, Xavier
Bertrand a présenté à la presse
une analyse qui exonère
les actuels dirigeants d’une
responsabilité parti culière :
en Europe, tous les pays sont
touchés par le chômage à
l’exception de l’Allemagne
qui a réformé « en dix ans et
annonce des mesures sur
l’activité partielle : il s’agira
de simplifier et de raccourcir
les délais pour avoir recours à
ce type d’activité. Il propose
aussi des « pactes compétitivité-emploi » : il s’agirait,
sur le modèle allemand, de
réduire l’activité en maintenant l’emploi si les organisa-
tions syndicales, reçues avant
la mi-janvier, sont d’accord.
Lors de son allocution
télévisée du 31 décembre,
Nicolas Sarkozy a appelé à
la mobilisation pour l’emploi. Une réduction des
charges sociales est envisagée, de même qu’une fiscalité permettant de résister à
la désindustrialisation. On
devine que le gouvernement
s’oriente vers une taxe sur
certaines importations et
envisage une politique de
ré-industrialisation.
Ce pari est difficile : la
France n’a pas la maîtrise
de sa politique monétaire, ni
de sa politique commerciale
qui est décidée à Bruxelles et
elle va inscrire sa politique
budgétaire dans la « règle
d’or » de l’équilibre. Le recours
au crédit est difficile pour les
entreprises et le fait que 10%
de la population active soit au
chômage limite la consommation et par conséquent l’activité des entreprises qui n’ont
à satisfaire qu’une trop faible
demande. Dans ces conditions générales et compte
tenu de la forte concurrence
de l’Allemagne et de la Chine,
la récession dans laquelle la
France est entrée devrait se
poursuivre tout au long de
l’année.
Candidat à sa réélection,
Nicolas Sarkozy est confronté
à une difficile tâche de proposition et de rapides réalisations. n
Le gouvernement s'oriente vers
une taxe sur certaines importations
)
FRANCECatholique n°3289 13 janvier 2012
5
ACTUALITÉ
NIGERIA
Boko Haram
Un mouvement terroriste, spécifiquement anti-chrétien,
a ressurgi au Nigeria, ensanglantant la fête de Noël
dans la capitale.
L
4 0 m o r t s de
l’église catholique
Ste-Thérèse dans
les faubourgs de la
capitale fédérale
Abuja à la fin d’une messe
de Noël ont suscité une prise
de conscience de la part des
autorités nigérianes qui ont
proclamé l’état d’urgence.
Le groupe terroriste qui a
revendiqué l’attentat à la
bombe contre l’église a posé
un ultimatum aux chrétiens
qui avaient jusqu’au 5 janvier
pour quitter les États du nord
réservés exclusivement aux
musulmans.
Le groupe s’intitule « Boko
Haram », ce qui signifie la
prohibition de l’école (occidentale). C’est très intéressant
au plan de la mémoire collective si l’on se souvient de l’interdiction faite au début du
XXe siècle aux missions chrétiennes d’opérer au Nigeria
du Nord. La mesure avait été
décidée par l’administrateur
britannique Sir Frederick
Lugard, premier gouverneur
général (jusqu’en 1919) qui a
donné son nom au système dit
d’administration indirecte qui
consistait à s’appuyer sur les
potentats locaux, en l’occurrence les émirs des États du
nord. L’autorité, la hiérarchie,
y reposent donc sur l’éduca-
(
tion coranique, jugée supérieure à l’école occidentale
qui, jusqu’à la Seconde Guerre
mondiale, était exclusivement
chrétienne. C’est la qualité de
lettré musulman qui détermine le statut social.
ment jugé comme une grave
erreur. Le précédent empêche
pratiquement aujourd’hui
une répétition de ce choix.
Contrairement à certaines
propagandes, le pays n’est
pas au bord de la guerre civile
Ceci explique aussi que,
jusqu’à pré sent, les postes
de la fonction publique au
Nord sont souvent tenus par
des chrétiens du Sud, isolés
et régulièrement exposés à
la vindicte musulmane et
donc voués à l’exode. Ce fut
déjà l’origine de la guerre du
Biafra de 1967 à 1970 avec
le reflux des Ibos vers leur
région d’origine. Le général
dissident Ojukwu, qui vient
de mourir le 25 novembre
dernier, avait choisi la sécession, ce qui fut rétrospective-
ni de la division entre Nord et
Sud comme au Soudan.
Il y a des musulmans au
Sud. Il y a des chrétientés
autochtones sinon au Nord
du moins dans la partie
centrale, objet de certains
enjeux. La concentration
des affrontements interreligieux sur le plateau de
Jos en est l’illustration. Au
centre géographique appartient aussi la capitale fédérale, Abuja, qui a remplacé la
côtière et occidentale Lagos
dans les années 90. Capitale
© ISTOCKPHOTOS
es
Le pays n'est pas au bord de la guerre
civile ni de la division entre Nord et Sud
6 FRANCECatholique n°3289 13 janvier 2012
par Yves LA MARCK
administrative, elle incarne
la dualité profonde du pays,
à peu près également peuplée
de musulmans et de chrétiens, 80 millions de chaque
côté, mais au cœur de plus
de deux cents ethnies différentes.
L’alternance démocratique depuis la fin du régime
militaire en 1999 n’a pas
fait alterner d’une manière
aussi régulière que prévu
musulmans et chrétiens à la
présidence du pays, pour des
causes apparemment accidentelles (le mauvais état de
santé du dernier président
musulman décédé en 2010).
Mais les institutions du pays
restent fort solides.
Le prestige du riche et très
peuplé Nigeria en Afrique est
à son apogée, notamment
au plan culturel (chanson et
cinéma nigérians ont envahi
tout le secteur des médias à
travers le continent, bousculant l’Afrique du Sud ou le
Congo). Or c’est une image
intégrée qui est ainsi véhiculée à l’extérieur.
Il reste que le groupe
terroriste Boko Haram, dont
les autorités nigérianes
avaient éliminé le fondateur
en 2009, a réussi à se reconstituer. Il l’a fait en profitant
de la perméabilité des frontières du Nord-Est du Nigeria,
au point d’intersection de
quatre États, autour du Lac
Tchad, avec le Niger, le Tchad
et le Cameroun. Ces trois
pays francophones révèlent
la continuité de l’axe sahélien
et sa vulnérabilité. n
PRIMAIRES AUX ÉTATS-UNIS
L
Le catholique Rick Santorum
e 3 janvier , dans l’Iowa,
le favori pour l’investiture
républicaine, Mitt Romney,
n’a pas réussi à s’imposer et
a fait jeu égal avec un outsider imprévu, Rick Santorum.
Celui-ci, ancien sénateur de
Pennsylvanie (1995-2007), est
un catholique pratiquant, militant des droits de la vie. On l’a
aussitôt qualifié d’évangélique
et de fondamentaliste, le mot
intégriste n’existant pas en
an­glais. Mais en l’occurrence
ce n’est pas un catholique
lefebvriste, il n’est affublé de
ces attributs que parce qu’il
combat l’avortement et le
mariage ho­m osexuel. Mitt
Romney, lui, est mormon, ne
boit pas d’alcool, ni de boissons
fermentées, café inclus, mais il
est réputé plus « ouvert » sur
les questions de société, donc
il n’est pas fondamentaliste !
Santorum ne dit rien
d’autre que ce que le Pape et
l’Église professent. Durant son
mandat au Congrès, il a réussi
à faire voter deux lois pour
la protection des bébés nés
vivants, car il était possible de
les supprimer notamment par
la méthode dite de « naissance
partielle », où on écrasait la
tête du bébé à moitié engagé.
C’est dire qu’aux États-Unis, le
droit à l’avortement revêt une
acception inégalée. Les législations sur l’homosexualité ont
également été développées
sans commune mesure avec
ce qui se passe chez nous. On
s’explique ainsi la vigueur du
combat engagé par les partisans des valeurs chrétiennes.
Ils ne sont pas plus extrêmes.
C’est la loi qui est extrême.
L’originalité du discours de
Santorum n’est pas là mais dans
le lien qu’il établit entre l’économie et les valeurs morales.
Élu d’un État industriel, petitfils d’un mineur italien immigré,
il s’est signalé par la défense
des « cols bleus ». De la part
d’un républicain et d’un catholique, cela n’est pas toujours
évident. Et pourtant, il incarne
cette tradition du catholicisme
ouvrier qui fut longtemps vivace
en France parmi les mineurs du
Nord et de Lorraine, et encore
plus dans la tradition polonaise.
Dans le cas de Santorum, le
lien est fait à travers la famille.
On a connu en France ce que l’on
appelait les familles ouvrières.
C’est grâce au lien familial que
l’ouvrier ne sombrait pas dans
l’alcoolisme et conservait une
dignité. L’ouvrier qui fréquentait
l’Église, les cercles paroissiaux,
s’élevait ainsi par la culture.
La destruction des structures
industrielles, notamment avec
la mondialisation, est destructrice du tissu familial et religieux local. La destruction de la
famille, avec l’individualisme,
est destructrice du tissu économique et social de la collectivité,
du sens de la communauté.
Républicain, Santorum se
sépare des démocrates seulement par le fait que pour lui
ce n’est pas l’État-providence
qui peut sauver la famille, mais
c’est la force des familles — et
de la religion — qui permet de
restreindre l’exercice du gouvernement, donc une vision libé-
rale (au sens européen) et moins
interventionniste et étatique.
On est loin de la caricature
diffusée par les médias. On
peut comprendre pourquoi ce
message a quelque résonance
au moins dans certains secteurs
de l’Amérique, moins dans les
zones les plus « libérales », au
sens moral, comme les États de
Nouvelle-Angleterre où le candidat mor­mon modéré et centriste
a toutes ses chances, mais dans
l’Amérique profonde. Santorum
ne sera peut-être pas le candidat
républicain ni le futur président
des États-Unis mais il permettra
de faire bouger les lignes.
Mary-Jo York
« L'étrange couple Santorum »
Sur le site internet The Catholic Thing, Robert Royal prend la défense du couple Santorum que les médias libéraux
veulent faire passer pour « l'étrange couple Santorum ».
On a commencé par reprocher à la famille Santorum d’avoir amené à la maison le corps de leur enfant mort peu
de temps après sa naissance, comme s’il s’agissait de quelque chose d’extrêmement bizarre, un peu comme le culte
des morts au Mexique. De fait, dans toute autre culture que celle de l’Amérique d’aujourd’hui, ce geste aurait
passé même pour les commentateurs les plus à gauche comme une preuve d’humanité contrairement au déni de la
mort affiché par la bourgeoisie. Ignorant que cette manière de faire son deuil est effectivement recommandée par
certains médecins américains, plusieurs de nos plus prestigieux médias se sont crus autorisés à s’immerger dans
cette triste histoire parce qu’elle leur semble confirmer combien ces catholiques traditionnels se conduisent étrangement et quel est ce culte du fœtus qu’ils entretiennent — ce dont les électeurs doivent absolument être informés.
Une seconde controverse mise en avant par certains groupes pro-avortement est que les Santorum ont eux-mêmes
recouru à un avortement quand Mme Santorum fut victime de complications durant sa grossesse. Ce qui signifie
qu’ils ne sont que des hypocrites comme tous les pro-vie qui sont prêts à sacrifier leurs principes quand cela les
arrange. Là encore il s’agissait au contraire d’une circonstance qui est bien connue et traitée par la morale médicale catholique. La mère et l’enfant seraient tous deux morts si on n’avait pas administré des antibiotiques qui
présentaient le risque de provoquer un accouchement.
Les implications politiques de ce genre de questions sont particulièrement brutales. On entend toujours dire que
l’avortement devrait en tout cas être autorisé en cas de viol, d’inceste et pour protéger la vie de la mère. Or ces
trois cas ne sont pas équivalents moralement. Le viol et l’inceste sont des abus sexuels mais un enfant peut très bien
mériter de ne pas être supprimé pour autant dans le ventre de sa mère.
En revanche, la question de la vie de la mère est complexe. Selon les uns ou les autres, cela va d’une grossesse qui sera
fatale à la mère ou qui lui fera manquer un semestre au collège. Quand la vie de la mère est effectivement menacée par
une complication survenant pendant la grossesse, il est alors moralement licite dans certaines circonstances de sauver
sa vie au risque, indirectement, de causer la mort du fœtus. C’est une situation dite à double effet occasionnant une
conséquence non voulue. En recherchant l’objectif premier, vous acceptez, sans l’avoir voulue, la conséquence regrettable qui en découlera. Beaucoup de médecins ne font plus la différence entre ce type d’avortement et l’avortement tout
court, tous deux étant présentés également comme des actes médicaux usuels. […] Pour les esprits très ignorants, les
Santorum sont des gens bizarres qui ont pratiqué un avortement. Ceux qui diffusent ce genre de contre-vérités et d‘attaques vicieuses contre un candidat en campagne portent une lourde responsabilité morale. Les opinions de Santorum
lui ont acquis sa popularité en Iowa et résonnent auprès de dizaines de millions d’électeurs catholiques, évangéliques,
juifs orthodoxes et musulmans. Les présenter comme « étranges », alors qu’elles furent longtemps la norme dans tout le
pays, introduit inutilement un facteur de haine au sein de l’électorat américain dont on ne se libérera pas facilement.
Robert ROYAL
FRANCECatholique n°3289 13 janvier 2012
7
DOSSIER
ÉvangÉlISatIOn
le CD « 50 questio
fruit de 15 ans
Vous trouverez joint à ce numéro un petit cadeau
de Nouvel an qui vous laissera peut-être un
peu décontenancés. Notamment si vous n'avez
pas d'ordinateurs ! Il s'agit en effet d'un disque
compact (C.D.) intitulé « 50 questions sur l'amour
et la vie » qui condense, sous forme électronique,
des textes élaborés sous la direction de Gilles
Malartre, que ce soit sous forme de brochures
ou sur Internet, dans un assez grand nombre
de langues, dans un but d'évangélisation…
Pourquoi utiliser ce support du CD diffusé à
grande échelle ? Il y a quelques années, nous
avions offert à nos abonnés un CD de « La Bible
des peuples ». La Bible est bien disponible sous
forme de livre papier et sur Internet et, pourtant,
notre CD avait été un immense succès. Vous
en aviez commandé des milliers d'exemplaires
pour les diffuser auprès de jeunes, d'amis, de
paroisses… Car il est certains moments où ne
pas avoir à chercher sur Internet, mais avoir ce
support très particulier se révèle plus pratique
pour délivrer la Bonne Parole. Que ce soit de la
main à la main ou par courrier, en France ou à
l'étranger. à vous de voir ce que vous pourrez
faire de cette « galette » informatique. Mais nous
vous faisons confiance pour au moins la porter
jusqu'à votre paroisse habituelle. Ci-contre,
Hervé Marie Catta nous raconte comment est
née cette aventure et puis vous retrouverez,
en encadrés, quelques extraits des textes
disponibles, qui vous en indiqueront l'esprit et
vous convaincront sans doute de leur utilité.
8 FRANCECatholique n°3289 13 janvier 2012
E
n 1997, j'ai participé au « Congrès
culturel européen » organisé à
Vienne en Autriche par les frères
Montagne, sur le thème « La personne à l’ère de la communication ».
La journée sur l’Internet fut remarquable, je reçus une lumière à travers les conférences. Thérèse de Saint-Phalle,
qui travaillait dans une maison d’édition, a parlé
de l’écriture Internet. Un Anglais a exposé le
fonctionnement et les avantages de l’Université à
distance. Des spécialistes ont expliqué comment
on organisait un réseau Internet pour une société
commerciale mondiale. J’ai demandé à l’un d’eux
si l’on pouvait remplacer les opérations commerciales par de l’évangélisation. « Absolument, me
dit-il, c’est tout à fait un instrument pour vous. »
Il m’a expliqué ce qui pouvait m’être utile.
J’ai eu la vision d’une espèce de réseau,
comme un filet léger, à quelques centaines de
mètres d’altitude, sur lequel je pouvais, de la
péniche, siège de l'Emmanuel au Pont de Neuilly,
envoyer des messages qui circuleraient tout
autour de la Terre. Jusque-là, les techniciens ne
voyaient pas cet immense champ de possibilités.
On me disait que c’était impossible d’évangéliser
par Internet.
Rentré à Paris, j’ai demandé au chargé de l’informatique de la Communauté, de m’apprendre
à mieux manier un ordinateur. Il m’a donné un
vieil appareil et expliqué comment me brancher
sur Internet. En vérité, pendant les trois premiers
mois, j’ai eu plus de difficultés que pour faire le
magazine russe entre Paris et Novosibirsk : une
fois j’avais oublié une manœuvre et l’ordinateur
ne se connectait pas ; une autre fois j’avais fait
une erreur et l’ordinateur était bloqué. Il fallait
attendre alors dix ou quinze jours le passage du
technicien pour redémarrer. C’est alors qu’un
belge, Martin Timmermans, à la tête d’une société
d’informatique à Bruxelles, est venu exposer à
ns »
de dialogue
par Hervé Marie CATTA
certains responsables, sur la péniche, les persLes pages sur Pont-Aven nous avaient mis
pectives d’Internet. J’ai fait part à Martin de
le métier en mains. Avec François Lespès pour
ma vision à la suite du congrès de Vienne. Il m’a
le graphisme et la mise en place technique —
encouragé.
en ligne —, moi-même pour le contenu, nous
L’Esprit-Saint m’a fait renavons commencé à mettre
contrer à ce moment-là un jeune
sur le réseau Internet l’expéartiste, François Lespès. Ce grarience acquise par l’Emmanuel
phiste, qui rentrait des États-Unis,
en matière d’évangélisation.
avait une excellente connaissance
Nous avons publié progressid’Internet en plus de sa formavement, sur une extension du
tion de cinéaste qui en a fait,
site officiel de l’Emmanuel,
depuis, un documentariste (apprédes dossiers artistiques et des
cié notamment à KTO). Le premier
Questions de l’homme, le texte
dossier sur lequel avec François
des brochures du même nom,
nous avons fait notre expérience,
puis les 50 questions sur la vie
fut Pont-Aven et Nizon. J’avais
et l'amour.
accès à des archives sur l’histoire
Nous avons mis en ligne
des peintres de Pont-Aven, et de
des pages en breton (cf. mon
l’autre côté de la rivière de l’Aven,
livre Des menhirs à Internet…).
Hervé Marie Catta a été un des premiers membres de
la communauté Emmanuel. Il a accumulé une immense
sur la vie au manoir du PlessisL’anglais, l’espagnol et bien
expérience de l'évangélisation qui fait la matière de son livre
Nizon, où Théodore Hersart de
d’autres langues allaient suivre.
Des menhirs à Internet, la nouvelle évangélisation,
La Ville-Marqué avait vécu. Nous
Mar tin Timmermans nous
éd. France Catholique, 210 pages, 22 e. Dans le coffre de
avons présenté les lieux, l’histoire
avait montré l’intérêt des stasa voiture, il y a presque toujours des milliers de brochures
des peintres de Pont-Aven. En qu'il a rédigées. Il est à l'origine également de la publication sur tistiques. Il avait installé des
Internet et en CD des « 50 questions sur l'amour et la vie ».
même temps je décrivais le renoucompteurs à partir desquels
veau de la littérature bretonne au
on pouvait obtenir chaque
XIXe siècle, avec La Ville-Marqué et son Barzaz
semaine le nombre de visites et de pages consulBreiz, recueil de chants bretons historiques et
tées. Le lundi matin je prenais des vitamines en
légendaires. Avec des reproductions de tableaux
observant la progression des visites, avec une
de Gauguin, Bernard, Sérusier, et des cartes posidée de leurs origines géographiques. Cette étude
tales des années 1890, il était amusant de faire
des statistiques nous a permis de nous rendre
le lien entre les lieux peints par les artistes et
compte de la façon dont les jeunes cherchaient
les récitatifs bretons évoquant des mêmes lieux.
sur Internet. Les mots avortement ou masturbaOn cliquait, et l’image apparaissait en grand.
tion suscitaient beaucoup d’intérêt, sermon peu.
Serge, notre responsable Internet, était un peu
Nous avons donc cherché dans nos articles les
surpris qu’on fasse sur Internet autre chose que
mots les plus susceptibles d’accrocher l’intérêt,
la publication des informations officielles de la
pour les inscrire comme « mots-clés ».
Communauté. Après explication, Markus Gehlen,
Cette expérience m’a conduit à préciser ma
notre Modérateur à l’époque, m’a autorisé à déveconception de l’évangélisation par Internet. La
lopper avec autonomie, une expérience d’évangégrande idée à la fin des années quatre-vingtlisation originale.
dix, qui subsiste encore dans certains milieux
Mettre sur
le réseau
l'expérience
acquise en
matière
d'évangélisation
FRANCECatholique n°3289 13 janvier 2012
9
aimer : qu'est-ce que c'est ?
C’est génial ! Comment vivre sans être aimé ? Et sans
aimer ? Mais gare au toc. Le reflet n’est pas la lumière, le
miroir n’est pas le visage. La femme de ma vie n’est pas
la femme d’un instant. Se contenter de peu en amour, ce
n’est pas connaître l’amour.
Parmi beaucoup de façons d’aimer, il y a l’aMitié,
l’aMour dES ParEntS pour leurs enfants, l’amour de
dévouEMEnt. L’amour exclusif d’une
femme et d’un homme qui s’unissent
par le MariagE. L’amour qui nous
saisit pour le bien ultime.
Pour trouver la vérité de l’amour entre
un homme et une femme, première
question : qu’est-ce qui en lui, en elle,
exerce sur moi cette attraction ?
texte extrait du Cd « 50 questions sur l'amour et la vie »
• Est-ce l’utilité ou les services qu’il
peut me rendre ?
• Est-ce le plaisir (quel qu’il soit) que © OzGURDONMAz/ISTOCK
j’éprouve auprès de lui ou que nous pouvons partager
ensemble ?
• Est-ce les sentiments que j’éprouve à son égard ?
une relation ainsi fondée, on le sent bien, serait
imparfaite : l’autre tend à y être réduit à un objet. il est
un moyen pour moi. Paradoxalement, c’est en fait vers
moi que je suis tourné…
aimer vraiment, c’est aimer l’autre pour lui-même. un
amour profond, c’est d’abord être attiré par l’autre de
telle manière que je désire son bonheur. Je ne l’aime pas
seulement pour ce qu’il peut m’apporter, mais je l’aime
en premier lieu parce que c’est lui (ou elle). à plus forte
raison, dans une telle relation, les deux personnes seront
susceptibles d’éprouver des sentiments, du plaisir ou
de se rendre mutuellement service. Mais ce qui fonde
la relation, c’est la personne elle-même, au-delà de ses
qualités ou défauts apparents.
aimer, cela implique donc de ma part un Choix
LibrE : c’est décider d’aimer l’autre, de me tourner
librement et résolument vers lui. on ne peut
véritablement aimer sans un certain don de notre liberté
à l’autre. Cette décision suppose d’être réciproque,
car c’est la condition de la relation. ainsi chercher le
10 FRANCECatholique n°3289 13 janvier 2012
bonheur de celui ou celle qui m’aime, c’est contribuer
à mon propre bonheur. tel est l’amour, don mutuel et
libre.
bien sûr, cela n’est pas toujours facile pour autant. nous
sommes tous soumis aux changements d’humeur, à la
routine de la vie quotidienne, aux épreuves qui peuvent
subvenir, à notre égoïsme aussi. L’amour est fragile…
Est-ce que je l’aimerai encore dans vingt ans ? Suis-je
capable de supporter tel ou tel de ses
défauts ? L’amour est-il possible pour la
vie ? dans l’épreuve, la maladie ?
En réalité, si notre relation s’enracine
dans une décision libre et réciproque, elle
peut grandir. Car l’amour, cela n’est pas
donné une fois pour toutes. Méfions-nous
du “coup de foudre” qui, même s’il
est exaltant, n’est en définitive qu’une
émotion très forte qui ne manifeste pas
forcément un amour profond.
Si l’amour est une relation personnelle, alors il se
construit et s’approfondit avec le temps et dans une
confiance de plus en plus grande l’un pour l’autre.
Cela s’entretient, se renouvelle au jour le jour à travers
des gestes et des attitudes qui manifestent à l’autre
la place privilégiée qu’il occupe dans notre vie. Et les
événements, les épreuves ou les joies partagées peuvent
ainsi contribuer à une intimité de plus en plus grande,
dans la mesure où, par-delà les difficultés, nous nous
tournons l’un vers l’autre.
L’amour n’est donc pas simple fusion de deux personnes,
mais don mutuel de deux êtres libres avec tout ce
qu’ils sont : corps, cœur et esprit, ainsi que ce bien
très précieux qu’est notre vie. La logique de l’amour,
c’est d’aspirer à un don définitif. Seule une décision
réciproque et pour la vie permet à l’amour humain
d’atteindre un certain absolu et est susceptible de
combler notre cœur.
Pour LE ChrétiEn, la source et le modèle de tout
amour, c’est dieu. il est l'amour au-delà de tout
amour, réussi ou malheureux. il nous aime avant que
nous n’aimions et il nous aime encore quand nous ne
sommes plus aimés. n'est-il pas ce bien ultime que nous
cherchons ? n
ecclésiaux, était de faire du « catholique » sur
Internet : les catholiques prêchent aux catholiques ! Certes il est utile, nécessaire que les
catholiques soient présent sur le réseau – net
– mais si les catholiques ne parlent qu’aux catholiques, l’évangélisation n’ira pas loin. On peut
distinguer deux grandes catégories de site . Il y a
ceux qui ont pour but d’informer sur une institution, ses services et de donner ses communiqués :
la Conférence des évêques de France, la paroisse
St-Jean-Baptiste, la Communauté Emmanuel, par
exemple. Un des meilleurs sites destiné aux catholiques, et qui atteint un public considérable, est
oraweb, chaque jour sont proposés des prières, les
textes du jour, des notices sur le saint du jour...
La seconde catégorie se donne pour objectif
d’aller à la rencontre de ceux qui sont hors de
l’Église, et qui se posent des questions. Le concept
que j’ai adopté consiste à aller chez les gens du
dehors, à arriver chez eux par Internet, sans dire
d’abord « ici nous allons vous faire un sermon et
vous dire ce que c’est d’être catholique ». Une
telle déclaration n’attire pas tellement de monde,
en dissuade beaucoup. Bien
sûr, des sites comme l’américain Catholic answers ont une
grande utilité, mais ils s’adressent à des catholiques qui cherchent des explications, ou à
des gens déjà bien en chemin.
Avec notre autre méthode, nous
avons réussi dans ces Questions
de l’homme à nous adresser
sans préalable aux gens qui
cherchent sur Internet. Nous
donnons des éclairages sur des
questions essentielles comme
la vie, l’amour, la mort, la vie
après la mort, l’art et la culture.
Notre fréquentation augmente
continuellement.
Un second choix stratégique a été de publier sur
Internet en différentes langues.
Il y a dix ans, on considérait
généralement que pour toucher
le monde, il fallait publier en
anglais et cela suffisait. Nous
avons pris le parti de permettre
à chacun, dans la mesure où nous le pouvions, de
lire dans sa propre langue. J’ai baptisé ce concept :
Dans la mondialisation, à la maison. Si les gens
sont désireux de participer à ce qui se dit et s’écrit
dans le monde, ils préfèrent le lire tout en restant Italiens, Espagnols, Russes ou Bulgares. Le
Si les
catholiques
ne parlent
qu'aux
catholiques,
l'évangélisation sur
Internet n'ira
pas loin
© OzGURDONMAz/ISTOCK
développement de l’Emmanuel dans de nombreux
pays avait déjà donné lieu à des traductions. On
pouvait aussi obtenir des articles originaux dans
certaines de ces langues, qui seraient ensuite traduits en français et autre. Les circonstances nous
ont permis de trouver le concours de traducteurs
pour des langues et pays où nous n’étions pas
implantés, comme ce fut le cas pour le bulgare et
l’arabe.
Quelques années ont passé et l’on a séparé
l’adresse du site d’évangélisation du site d’information de l’Emmanuel, auquel notre adresse
était accrochée. Le système devenait trop vaste
et complexe du point de vue technique. Le site
intitulé Questions de l’homme a pris une nouvelle
adresse : http://www.1000questions.net/ Comme
dans toutes les aventures, il y a des succès et des
problèmes. Selon les techniciens, le changement
d’adresse devait se faire avec transfert automatique et complet des anciennes aux nouvelles
pages. En réalité, ce fut loin de se passer, nous
avons perdu les deux tiers de notre public. Les
moteurs de recherche répertorient les articles en
les classant à partir de mots-clés.
Pour que les articles soient classés en haut des pages qu'affiche
le moteur en réponse à un mot
recherché, au moins quatre facteurs interviennent : 1° La cohérence entre le mot-clé et le contenu de l’article, la fréquence du mot
dans la page ; 2° le nombre des
consultations de cette page ; 3° les
liens d’autres pages Internet qui
y renvoient ; 4° les liens de cette
page vers d’autres sites...
Il en résulte qu’avec le temps
les pages qui ont un contenu
valable, qui intéressent et qui
sont citées ailleurs grimpent dans
l’échelle des propositions. C’est
ce qui se passait pour nos pages
avec l’ancienne adresse. Mais
énormément de pages n’avaient
pas reçu de passerelle pour accéder à la nouvelle adresse, les gens
tombaient dans le vide. Il nous a
fallu recommencer à gagner de la
notoriété et du « référencement ».
Dans ces circonstances, les efforts et l’ingéniosité ne suffisent pas à l’évangélisation : si le
Bon Dieu n’arrose pas, ça ne pousse pas. Sur le
coup, ce désastre m’a découragé. Après plusieurs
semaines de grand abattement, l’Esprit-Saint m’a
aidé à repartir de l’avant : je suis allé voir François
FRANCECatholique n°3289 13 janvier 2012
11
vivre ensemble
CoMMEnt êtrE Sûr quE L’on va réuSSir à êtrE fidèLE toutE Sa viE ? téMoignagE
© OzGURDONMAz/ISTOCK
texte extrait du Cd « 50 questions sur l'amour et la vie »
a
côte à côte sur un sommet de la vanoise
nous contemplons en silence la vallée et le
magnifique panorama qui nous entoure. Ces
heures de marche que nous venons de faire
ensemble sont une image de notre itinéraire
de couple. il est vrai que la montagne reste pour nous
une école de vie depuis notre voyage de noces où tu
m’as entraînée sur les pentes. Et ces échappées à deux
vers les cols et les glaciers sont l’occasion de faire le
point quand il s’agit de
repartir pour une autre
étape.
Je revois toute notre vie à
la lumière d’aujourd’hui :
que de chemin parcouru
depuis les premiers temps
de rêves et de projets à
deux !
J’ai d’abord voulu te
posséder, te transformer,
te façonner à mon goût
pour ne faire qu’un
avec toi. il en a fallu des
années de disputes, de
révolte et de malentendus
pour que je comprenne
que tu n’étais pas moi.
Et j’ai commencé à
t’accepter différent, à
aimer ta différence.
Je me suis butée contre
ton intelligence. Je ne
comprenais pas pourquoi nous ne pensions pas de la
même façon, et dans les discussions avec nos amis je
n’étais jamais d’accord avec toi. Puis petit à petit je
me suis mise à t’écouter et j’ai découvert combien
nous pouvions être complémentaires : ensemble, nous
exprimons une vérité bien plus riche.
Je me fermais souvent, au début de notre mariage,
quand tu ne comprenais pas ce que je ressentais. Je
manquais totalement d’humour et je t’en voulais de
ta maladresse. il a fallu que j’apprenne à exprimer
plus clairement ce que je désire… Maintenant nous ne
ssis
12 FRANCECatholique n°3289 13 janvier 2012
passons pas une semaine sans prendre un moment pour
parler et partager à deux.
En nous mariant, nous avions spécialement demandé à
dieu la grâce de rester fidèles l’un à l’autre. Et un jour,
parce que je ne sentais plus l’élan des premiers temps
j’ai cru que je ne t’aimais plus. Mon cœur s’est mis à
battre pour un autre et j’ai été tentée par l’aventure.
Mais au fond de moi était gravée notre certitude
du début. déchirée, j’ai sombré dans la dépression.
après un an d’enfer, nous avons
découvert les groupes de prière
du renouveau et une folle
espérance s’est levée en nous. J’ai
crié vers le Seigneur et il m’a tirée
de l’abîme. nous étions sauvés.
tu m’as pardonné, notre amour
a été totalement renouvelé, et
maintenant c’est chaque jour que
je te rechoisis.
tu ne m’offres pas souvent
de fleurs et je l’ai regretté.
Cependant j’ai commencé à
ouvrir les yeux sur tous les petits
gestes d’amour que tu as pour
moi et j’ai décidé de cueillir ces
fleurs-là. aujourd’hui c’est tout un
parterre que j’ai devant les yeux.
nous avons appris à faire une
seule chair. La fougue parfois
maladroite des premières
années s’est transformée en une
amoureuse tendresse où chacun
cherche à faire la joie de l’autre.
ayant recu une éducation très différente nous nous
sommes affrontés, quand nos enfants sont venus, sur
la manière de les élever. J’étais possessive et parfois
aveugle dès qu’il était question d’eux. Je me suis rendu
compte combien il était important que je m’appuie
sur toi et que nous nous en remettions ensemble au
Seigneur pour bien faire. Maintenant que nos aînés sont
adultes je mesure combien dieu nous a aidés. n
Laure
Lespès, il m’a déterminé à continuer. Cette fois-là,
et d’autres.
« Celui qui sème largement récoltera largement. » J’ai essayé de semer encore plus largement. Au cours de l’année 2010, nous avons eu
700 000 visites. Le site comporte des pages en
seize langues, dont le russe, l’arabe, le vietnamien,
et le chinois. Cinquante-cinq mille personnes l’an
passé ont visité Qui était Jeanne d’Arc ? La vérité
de l’histoire. Probablement, la plupart sont des
jeunes qui ont une recherche à faire sur Jeanne
d’Arc. La notoriété aidant, les élèves ou leurs
parents se passent la référence. Cet article a été
rédigé par une agrégée d’histoire, Sylvie Bernay,
illustré par François Lespès. Nous avons mis en
anglais cet article, ce qui m’a valu un message
amusant : un Français écrivait, en anglais, pour
nous féliciter ; il était agréablement surpris, trouvait « fair play » qu’un Anglais écrive un si bel
article sur Jeanne d’Arc… Il a fallu lui avouer que
c’était la traduction de l’article d’une historienne
française. Pour le référencement, la page en français sur Jeanne d’Arc se trouve en premier écran
sur Google, le moteur de recherche Internet le
plus utilisé.
Les 50 questions sur la vie et l’amour sont
affichées en 13 langues et très consultées. Les 36
questions sur la vie après la mort sont également
visitées continuellement, et sont l’objet d’un grand
nombre de messages. Si des gens non pratiquants,
non croyants ou plus ou moins croyants, surtout
les jeunes, qui n’ont jamais fréquenté l’Église, ont
une personne à laquelle ils étaient attachés qui
décède, ils se posent des questions sur « l’après ».
Par le moteur de recherche, un bon nombre arrivent sur nos pages. À partir de là, quelques-uns
seront touchés, éventuellement demanderont à
parler à une personne concrète : ami chrétien ou
prêtre. Nous atteignons donc une très large aura
autour du public plus relié directement à la vie
chrétienne et à ses représentants.
L’article : « Qui étaient Adam et Ève ? » atteint
20 000 visites par an (l'annonce de la comédie
musicale de Pascal Obispo semble lui donner une
nouvelle jeunesse). Une page bien fréquentée
également : « Jumeaux comment être heureux ? »
Elle est illustrée par les photos de la fête des
jumeaux à Pleucadeuc, dans le Morbihan, et a été
traduite en 4 langues.
Des articles concernant l’art, comme Léonard
de Vinci, Monet, Gauguin, le musée Guimet, etc.
ont également une bonne fréquentation. L’un des
plus visité est « Le premier visage humain ». Il
s’agit de « La Dame de Brassempouy », du nom de
la petite commune des Landes où a été trouvée
cette sculpture sur ivoire de mammouth, probablement réalisée vingt-cinq mille ans avant JésusChrist, à l’époque du Gravettien. Cette figure de
6 centimètres et demi de hauteur est émouvante.
Pour la première fois dans l’histoire de l’humanité
a été représenté un visage humain. Cette tête de
femme, au visage à la fois réaliste et idéalisé,
donne une image de la jeunesse de notre humanité. Le maire de Brassempouy m’a procuré une
visite spéciale au musée de Saint-Germain-enLaye où le conservateur nous a permis d’admirer
de près la pièce originale. De plus, le maire a eu le
bon goût, pour me remercier de la notoriété que
l’article apportait à son musée de Brassempouy,
de m’offrir un excellent foie gras…
Nous recevons à l’adresse du site Questions de
l’homme des messages de lecteurs, heureusement
pas trop nombreux. En effet, le but est d’atteindre
le plus grand nombre de lecteurs possible, et non
d’entretenir une correspondance avec quelquesuns. Pour la même raison nous n’avons pas entrepris d’organiser un forum de discussion lié au site.
Ces forums particuliers de discussion attirent
un nombre restreint de participants, et exigent
un temps considérable pour les gérer. Ce même
temps peut être consacré à publier de nouveaux
articles ou des traductions qui atteindront des
dizaines de milliers de lecteurs. Notre site fournit
des argumentaires sur des questions brûlantes,
pour tous ceux qui désirent intervenir sur les
forums, blogs ou réseaux sociaux.
Comment garder un contact direct avec les
personnes ? On reproche parfois à l’Internet d’être
« virtuel », de ne pas procurer de vraies rencontres
avec les personnes. Dans notre cas nous avons
d’abord les statistiques. Elles nous disent clairement l’intérêt que tel ou tel article suscite. Elles
nous aident à prévoir l’intérêt pour des articles
nouveaux. Les messages reçus nous montrent un
intérêt existentiel : nombreuses interrogations sur
la mort, la vie après la mort, et l’amour. C’est pour
Le texte de cet article
moi-même garder un contact, une vulnérabilité
est issu du chapitre XI
aux personnes, que je vais discuter sur des forums
du livre d'Hervé Catta
Internet. J’expérimente la force et les faiblesses
Des menhirs à Internet,
la nouvelle évangélisation, de mes argumentations. Je repère de nouvelles
éd. France Catholique
façons d’aborder ces questions existentielles. De
212 pages, 22 e.
nouveaux sujets d’articles naissent de ces rencontres, comme des circonstances. Dans une discussion sur un forum, une femme disait sa répulsion par rapport au « Royaume de Dieu » : passé
imaginé épouvantable, refus de se soumettre à un
Dieu-roi, etc. Je lui ai répondu qu’elle interprétait
mal ce que Jésus appelle « le Royaume de Dieu ».
Nous régnerons avec lui ! Il y a comme cela un
certain nombre d’incompréhensions, de mauvaises
Le but est
d'atteindre
le plus grand
nombre de
lecteurs
possible
FRANCECatholique n°3289 13 janvier 2012
13
interprétations, de déformation des textes de
l’évangile ou des enseignements de l’Église qu’il
est utile d’éclairer, même si les intervenants restent, en apparence, sur leur position. Ils peuvent
réfléchir ensuite ; une lumière peut entrer dans
leur cœur, dans un événement ou une conversation plus tard. l’Esprit Saint les conduira plus loin :
Dieu veut que tous les hommes soient sauvés.
Il arrive que des amitiés se nouent avec des
intervenants. J’ai ainsi invité un jour un contradicteur dans un excellent restaurant de Bourgogne,
et suis reparti avec deux bouteilles de gevrey
chambertin : appelez ça « virtuel » si vous voulez.
Je complète ces rencontres par de
l’évangélisation de rue. Des missions
en Irlande, et de temps à autre, dans le
Sud-Ouest, je vais tenir un stand sur le
marché. J’y propose des livres d’occasion
comme des romans policiers pour attirer l’attention, et les brochures dont j’ai
parlé. Aux enfants je donne des images et
des petites icônes. C’est l’occasion de se
rendre compte s’ils ont une idée de Noël,
de Dieu ou de la prière. La fidélité de la
présence finit par donner des résultats :
au bout de deux, trois ans, certaines personnes finissent par me parler de questions profondes. Je garde ainsi une veille
de contacts personnels qui m’aident pour l’évangélisation sur Internet.
Pour reprendre les idées émises précédemment, les publications sur internet répondent au
défi de mettre dans la culture d’aujourd’hui un
regard inspiré de l’Évangile sur les choses, les
gens, les questions profondes. Il ne suffit pas de
publier des pages chrétiennes pour des chrétiens,
il faut entrer hardiment dans l’environnement
culturel des autres. Il faut sur les questions du
sens, de l’art, de la littérature, de la philosophie et des sciences être présent et accessible ; il
faut gagner l’intérêt par la qualité du contenu, la
compétence. Dans les articles de vulgarisation il
faut viser non seulement la qualité, mais avoir les
exigences de l’excellence. Enfin, en reprenant un
vieil adage, on doit considérer que pour toute une
génération, ce qui n’est pas sur Internet n’existe
pas dans le monde.
Nous sommes donc heureux qu’un certain
nombre d’articles de Questions de l’homme soient
republiés par différents sites, avec un lien sur
nous, ce qui accroît évidemment leur service.
Ainsi en Argentine, au Pakistan, au Kenya ont
été reprises avec notre accord les 50 questions
sur la vie et l’amour en espagnol pour les uns, en
anglais pour les autres. De nombreux autres sites
14 FRANCECatholique n°3289 13 janvier 2012
L'amour,
la rencontre
amoureuse,
la vie de
couple, la
transmission
de la vie,
qu'est-ce que
l'Homme ?
se contentent de reproduire un article ou une partie d’article, en France, au Canada, etc. Des blogs
reproduisent telle ou telle page de chez nous, sans
vergogne, parce qu’elle leur plaît ! Au temps de
l’Avent j’ai découvert que sur un blog un quidam
a reproduit intégralement mes Questions sur Noël,
et nos plus belles crèches du monde. Ainsi commence à se réaliser notre but : mettre la lumière
du Christ dans la culture de la mondialisation.
Les 50 questions s'adressent plus particulièrement à des jeunes de terminale, ou de 16 à 25
ans, mais aussi à de jeunes couples. Les guidant
et les aiguillant sur les bonnes voies pour trouver les réponses aux grandes questions
sur la vie, l'amour, la mort, mais également en tentant d'apporter des réponses
précises sur des sujets pratiques tels les
relations amoureuses, la vie en couple,
l'avortement, l'euthanasie, le handicap.
Ces questions/réponses sont accompagnées de témoignages souvent tout aussi
parlants et très émouvants, donnant une
illustration concrète et forte aux thématiques abordées.
Les textes sont regroupés par
thèmes : l'amour, la rencontre amoureuse,
la vie de couple, la transmission de la vie,
qu'est-ce que l'Homme ?, la valeur de la
vie, le bien et le mal, le sens de la vie, la mort et
le bonheur. Dans toutes ces directions, on pourra
trouver des réponses, des sujets de réflexion mais
surtout des clés pour vivre sa vie en chrétien à la
lumière de l'Évangile et le rappel constant que le
Christ Dieu nous aime quoi qu'il arrive. Car ce qui
porte ces textes c'est l'amour, l'amour que nous
recherchons chacun d'entre nous et que Dieu nous
porte. Ainsi que le rappelait Jean-Paul II dans un
texte adressé aux jeunes de France inclus dans
le CD : « Levez plus souvent les yeux vers JésusChrist ! Il est l’homme qui a le plus aimé, et le plus
consciemment, le plus volontairement, le plus gratuitement ! Contemplez l’Homme-Dieu, l’homme
au cœur transpercé ! N’ayez pas peur ! Jésus n’est
pas venu condamner l’amour mais libérer l’amour
de ses équivoques et de ses contrefaçons. LaissezLe être votre salut et votre bonheur. Laissez-Le saisir votre vie tout entière pour qu’elle atteigne avec
lui toutes ses dimensions, pour que toutes vos relations, activités, sentiments, pensées soient intégrés
en lui. Avec le Christ, reconnaissez Dieu comme la
source et la fin de votre existence. »
N'hésitez donc pas à donner ce CD à un jeune
de votre entourage ou à lui indiquer le site sur les
Questions de l'homme afin de transmettre l'amour
du Christ. n
donner la vie ?
textes extraits du Cd « 50 questions sur l'amour et la vie »
Et la famille : qu'est-ce que ça apporte ?
La famille on s’en plaint, on l’aime, on
en souffre, n’est-ce pas qu’elle tient aux
racines mystérieuses de la vie et du bonheur ? La psychologie moderne a mis en
évidence la nécessité d’une famille aimante
pour le développement de l’enfant.
bien sûr il y a un âge où il est normal
de prendre son autonomie par rapport à
la famille : « tu quitteras ton père et ta
mère… » (gen 2, 24).
© OzGURDONMAz/ISTOCK
S’assumer soi-même,
c’est un signe de maturité.
La critique systématique
de la famille serait plutôt
un signe d’adolescence
prolongée : c’est un point
de passage vers une véritable autonomie.
il est vrai que nous
pouvons ne pas être d’accord avec l’éducation
que nous avons reçue.
insatisfaits des limites de
notre famille. Caricaturant
parfois ses défauts. nous
avons peur aussi peutêtre que nos copains s’en
moquent, que nos parents
ne correspondent pas à
l’image que nous aimerions donner d’eux (et de
nous).
Et pourtant ? fautil sonder le drame des
enfants de divorcés pour
découvrir que malgré
limites et défauts, avoir
une famille c’est un trésor ?
Si nous avons quelque grief, laissons
le temps, la maturité faire leur œuvre, et
par le pardon, nous gagnerons une vraie
liberté par rapport à la famille : ni l’agressivité réactionnelle, ni la trop grande dépendance qui inhibe.
alors nous pourrons mieux achever de
construire notre vie personnelle. Et proposer peut-être aussi une “alliance” à une
femme, à un mari.
il y a une vérité de la famille, que le
chrétien découvre au-delà des cultures
différentes, — et qui dépasse les faiblesses
et les limites des uns ou des autres. Cette
puissance de donner la vie de l’homme et
de la femme adultes ne s’arrête pas avec
la conception, avec la mise au monde. Le
“oui” du mariage est la pierre de fondation d’une communauté de vie et d’amour.
Là l’enfant va pouvoir se développer et se
découvrir une personnalité unique. Là vont
se construire une liberté, un visage et une
histoire.
de là, un petit d’homme va s’élancer
pour la vie, pour l’amour, jusqu’à l’éternité.
La famille n’est donc pas un cercle
fermé. Elle est le point de base de toute
société, de toute fraternité…
bien ou mal ?
Je suis allé trop loin...
Personne n’est jamais trop moche pour
dieu : il ne peut s’arrêter de nous aimer.
« Je ne t’oublierai pas. J’ai dissipé tes
crimes comme un nuage, et tes péchés
comme une nuée, reviens à moi, car je t’ai
racheté ! » (is 44, 21-22).
de multiples fois dans la bible de telles
paroles d’amour et de pardon nous sont
adressées par le Seigneur. Mais ces paroles
ne lui suffisaient pas pour nous dire qu’il
nous aime au-delà de nos péchés, qu’il veut
nous donner la vie au-delà de la mort : il
est venu lui-même, le Seigneur dieu. C’est
lui Jésus, fils du Père tout-Puissant, qui
vient vivre parmi nous comme un enfant
à noël. C’est lui-même qui nous raconte
la parabole de l’Enfant prodigue. Et pour
montrer jusqu’au bout que dieu est miséricorde et pardon,
il préfère se laisser
mettre à mort plutôt que de donner
l’image d’un dieu
vengeur : « Père,
p a r d o n n e - l e u r,
car ils ne savent
pas ce qu’ils font »
(Lc 23,34).
Jésus fait entrer
au Ciel le premier
un pécheur, un bandit, celui que depuis
on appelle le bon
larron. Le premier !
alors, si tu te
juges toi-même, si
toi tu n’arrives pas
à te pardonner, va
rencontrer Jésus
dans le prêtre. au
nom du fils de dieu,
il a le pouvoir, il est
obligé de te pardonner : « devant
lui nous apaiserons
notre cœur, si notre
cœur venait à nous
condamner, car dieu est plus grand que
notre cœur » (1 Jn 3, 19-20).
témoignage
Il y a quatre mois, je me suis fait avorter. Cela a été terrible… Mais je ne savais
plus vers qui me tourner : j’étais seule,
j’avais dix-sept ans, je ne savais que faire…
Ma mère me poussait à ne pas le garder. La
vie pour moi n’avait plus aucun sens…
Deux mois après, il y avait une mission
dans notre ville et les jeunes sont venus
FRANCECatholique n°3289 13 janvier 2012
15
dans l’aumônerie de mon école pour témoigner de leur rencontre avec Dieu. Des
prêtres étaient présents : nous pouvions
aller nous confesser si nous le voulions. Je
n’osais pas, mais, lorsque je me suis levée
pour quitter la salle, j’ai fondu en larmes.
Un prêtre s’est alors approché de moi pour
parler. Je lui ai expliqué ce qui m’était arrivé. Nous avons prié et il m’a proposé de
demander le pardon de Dieu. Je me suis
donc confessée et aussitôt, me suis sentie
libérée d’un grand poids.
Je sais que beaucoup de jeunes sont
dans mon cas, pour cette faute-là ou pour
une autre et je voudrais leur dire qu’il n’est
jamais trop tard pour demander pardon au
Seigneur. Confiez-lui votre peine et vous
serez libérés.
Je sais maintenant que mon enfant est
auprès de Dieu. Je crois qu’il m’a pardonné
et qu’il prie pour moi.
Frédérique
vivre à quoi bon ?
Pourquoi est-ce que je devrais vivre si je
n'ai pas demandé à naître ?
tu t’interroges parce que tu es malheureux. ta vie te paraît insupportable.
Les causes en sont sûrement nombreuses :
manques d’amour ou incompréhensions,
abandons, deuils ou maladies, échecs successifs ou peurs de l’avenir, que sais-je
encore ? tu ne peux t’accepter comme tu
es. tourmenté, asphyxié, tu te sens seul…
En somme tu ne t’aimes pas et tu crois que
personne ne peut t’aimer. tu préfères mourir plutôt que vivre l’insupportable. La mort
te paraît comme une porte de secours et te
fascine.
au cœur de ta détresse, je voudrais te
crier un message d’espérance : tu es aimé !
veux-tu accepter de te laisser aimer — tel
que tu es, maintenant — par quelqu’un qui
a donné sa vie pour toi ? Son nom ? Jésus !
« Jésus est mort » me diras-tu ! oui,
c’est vrai. Mais il est ressuscité, il vit.
aujourd’hui, maintenant, tu peux lui parler.
il t’écoutera. Ce n’est pas difficile : tournetoi vers lui dans le fond de ton cœur, dislui ta détresse, ton dégoût, tout ce que
tu vis. appelle-le au secours… Ce sera ta
prière. Crois-moi, elle touchera son cœur,
car il te comprend. Comme toi, il a connu
une angoisse terrible la veille de sa mort,
à gethsémani. C’est pourquoi il est tout
proche de toi. il veut et il peut te consoler.
dans les moments de grande angoisse,
ne reste pas seul. appelle au secours, parle
à un ami, une connaissance en qui tu as
confiance… téléphone à SoS Prière où un
frère t’écoutera et priera avec toi ou à un
autre organisme qui respectera aussi ton
anonymat.
quand on découvre qu’on est aimé
de dieu, on peut se réconcilier avec soimême, s’accepter avec ses faiblesses et son
passé… tu comprendras peu à peu que ta
vie a un sens si tu la consacres aux autres,
si toi aussi, tu essaies d’aider, de remettre
debout ceux qui souffrent autour de toi.
alors tu verras que ta vie n’est pas une
goutte d’eau dans l’océan ou un numéro
sorti au hasard d’une statistique.
(voir aussi q. 42 et q. 43)
témoignage
J'avais 18 ans et envie de mourir.
Épuisé, écœuré, j’étais complètement
déprimé, avec l’impression de tirer un
râteau dans les feuilles mortes jusqu’à ce
qu’il s’en amasse tellement que je ne pouvais plus avancer.
Mais je désirais mourir sans souffrir
et l’idée me vint de recourir au cyanure,
que j’imaginais aussi rapide qu’indolore.
Comment se procurer du cyanure sans attirer l’attention ? Difficile là où j’habitais. Je
préférai en fabriquer moi-même, avec les
notions de chimie apprises au lycée.
Un matin de février, profitant de ce que
j’étais seul à la maison, je m’installai dans la
salle de bain pour y fabriquer mon produit.
Une étincelle devait provoquer la réaction.
Mais l’expérience échoua.
J’étais dans un tel état, résolu à en finir,
que je m’apprêtai à descendre à la cuisine
pour ouvrir le gaz… Ce serait plus efficace,
même si c’était plus dangereux pour les
autres.
C’est alors qu’on sonna à la porte d’entrée. Sans doute le facteur ? Si je n’ouvrais
pas, il sonnerait chez la voisine qui faisait
des ménages chez nous. Elle allait apporter
16 FRANCECatholique n°3289 13 janvier 2012
le colis, se mettre au travail… et m’empêcher de me suicider.
J’allai donc ouvrir. Dehors il faisait
extrêmement froid cet hiver-là : il avait dû
faire 25° au-dessous de zéro la nuit précédente. À la porte se tenait un mendiant. Il
avait passé la nuit dehors. On l’avait envoyé
chez nous parce que ma mère s’occupait
des pauvres de la paroisse.
Ma mère n’était pas là. Que faire ?
J’hésitai à l’envoyer rapidement promener
pour revenir à mon dessein. Mais il tremblait. Ses mains étaient bleues de froid…
J’étais tellement abruti que c’est un souvenir de lecture qui me guida : faire entrer cet
homme et lui offrir un café chaud.
Il resta assez longtemps, peut-être deux
heures, le temps de se réchauffer, avant de
pouvoir boire et manger.
Il me demanda un peu d’argent : on
lui proposait un travail mais il n’osait pas
se présenter avec ses cheveux longs et sa
barbe hirsute, il voulait passer d’abord chez
un coiffeur.
Je lui donnai ce qui me restait d’argent
de poche. Et, après son départ, je pris dans
le porte-monnaie familial de quoi aller au
cinéma pour penser à autre chose.
Je sentais déjà que le Seigneur m’avait
sauvé en m’envoyant un plus pauvre que
moi !
Pierre
Et après ? ...
faut-il être chrétien pour être sauvé ?
En relisant sans cesse l’évangile, l’église
affirme que dieu promet la vie éternelle
auprès de lui dans la joie, à tout homme
de bonne volonté. (ainsi on ne risque pas
d’être tout seul avec dieu au ciel, mais de
retrouver tous les hommes de bonne volonté, c’est ce qu’on appelle “la communion
des saints”.) Et il arrive que l’on accueille
réellement Jésus sans le connaître. Ce sont
les paroles du Seigneur lui-même lorsqu’il
parle du jugement dernier : « venez les
bénis de mon Père, recevez en héritage le
royaume… Car j’ai eu faim et vous m’avez
donné à manger… J’étais étranger et vous
m’avez accueilli, nu et vous m’avez vêtu…
En vérité je vous le dis, dans la mesure où
vous l’avez fait à l’un de ces plus petits
... Le bonheur
alors ? Le bonheur ?
nous aspirons tous à être heureux.
tous nos choix dans la vie n’ont qu’un
objectif : le bonheur. La véritable question
est donc de savoir si ce bonheur est possible et comment.
notre aspiration la plus profonde
n’est-elle pas d’aimer et d’être aimé ?
Les blessures d’amour ne sont-elles pas
celles qui nous atteignent le plus profondément ? C’est aussi dans l’amour que
nous pouvons trouver un vrai et durable
bonheur. Et celui-ci n’est pas simplement une satisfaction personnelle mais
davantage le don libre de soi-même à
l’autre. Cela ne signifie pas que le plaisir, les biens matériels, la vie sociale
d’autre part, même dans un amour
authentique, on sent comme une limite,
que la joie d’être ensemble n’est pas
parfaite, que notre cœur aspire à encore
plus grand que cela.
notre cœur est fait pour un amour
infini, et seul un amour infini pourra
le combler. « tu nous a faits pour toi
Seigneur, et notre cœur est sans repos
tant qu’il ne repose en
toi », disait saint augustin.
on pense que le vrai
bonheur, le bonheur éternel que dieu promet,
c’est pour après la mort.
alors d’ici là…
En réalité, le bonheur
qu’est la vie éternelle
dans l’amour de dieu
commence dès maintenant, dès le moment où
j’ouvre mon cœur pour
croire quand il me dit :
« tu as du prix à mes
yeux et je t’aime. » dieu
n’est pas lointain, il s’est
fait proche, l’un de nous,
en Jésus-Christ, l’Emmanuel.
avec Lui, toutes les
dimensions de notre existence peuvent recevoir
un éclairage nouveau :
l’amour humain, le travail, les relations sociales,
l’art, la beauté de la
création ; toute notre vie et jusqu'à nos
épreuves. notre cœur entre avec joie
dans sa vraie dimension.
avec lui, voici que le royaume de
dieu est déjà au milieu de nous, ce
royaume qu’annonce Saint Jean : « Puis
je vis un ciel nouveau et une terre nouvelle (…). J’entendis une voix proclamer : “voici la demeure de dieu avec les
hommes. il aura sa demeure avec eux.
ils seront son peuple et lui, Emmanuel
(dieu-avec-eux) sera leur dieu. il essuiera toute larme de leurs yeux : de mort
il n’y en aura plus ; de peur, de cri, de
peine, il n’y en aura plus (…). Je suis le
Principe et la fin. Celui qui a soif, moi je
lui donnerai de la source de vie gratuitement (…). Et je serai son dieu, et lui sera
mon fils” » (ap 21, 1-7). n
© OzGURDONMAz/ISTOCK
textes extraits du Cd « 50 questions sur l'amour et la vie »
de mes frères, c’est à moi que vous l’avez
fait » (Mat 25, 31-45).
donc tout homme droit qui essaie de
faire le bien et qui ouvre son cœur à la
misère des autres, c’est Jésus fils de dieu
qu’il accueille, et il est sauvé.
Est-ce à dire alors qu’il est inutile de
se faire baptiser ? non bien sûr. Celui qui
peut connaître l’évangile et comprendre
qui est Jésus ne doit rien négliger pour l’accueillir, croire
et « se faire baptiser au nom
du Père, du fils et de l’Esprit
Saint » (Mat 28). Car « celui
qui croira et sera baptisé sera
sauvé. Celui qui ne croira pas
sera condamné » (Mc 16, 16).
Prendre l’évangile au sérieux
c’est donc accepter le baptême
et son engagement à suivre le
Christ.
Se faire baptiser, c’est
accueillir la lumière de dieu
pour devenir enfant de dieu.
Jésus est « la lumière qui
éclaire tout homme venant en
ce monde… il est venu chez les
siens, et les siens ne l’ont pas
reçu. Mais à tous ceux qui l’ont
accueilli, il a donné le pouvoir
de devenir enfants de dieu »
(Jn 1, 9-12).
Se faire baptiser, c’est recevoir le pardon de dieu dans la
mort pour nous de Jésus sur la
croix. Pardon qui non seulement nous purifie, mais aussi nous donne
“la grâce”, c’est-à-dire une force pour
aimer et faire le bien.
Le baptême nous introduit dans la
communauté de tous ceux qui ont choisi
et choisiront le Christ : l’église.
ne peuvent contribuer au bonheur ; il
y a là tout un ensemble d’éléments qui
qualifient réellement notre vie. Mais en
eux-mêmes, ils ne sont pas capables de
nous combler. Ce qui fait notre bonheur
et notre joie, c’est le don de nous-même
et l’amour que nous recevons de l’autre.
un tel bonheur, qui est merveilleux,
demeure cependant fragile, car soumis
à nos limites humaines : combien de fois
on se surprend à poursuivre son plaisir
personnel, à vouloir posséder, dominer !
Et notre société de consommation tend
à renforcer en nous cette fuite en avant
dans des comportements individualistes.
Maladroite recherche de bonheur, qui
engendre bien souvent des conflits avec
les autres et une désillusion même si on
n’ose pas toujours se l’avouer…
FRANCECatholique n°3289 13 janvier 2012
17
lectures
2e dimanche ordinaire (année B)
Le corps est pour
le seigneur jésus...
et le seigneur
pour le corps
© LA BIBLE DES PEUPLES / ÉD. DU JUBILÉ
par le Père
Michel Gitton
Jésus appelle ses premiers disciples
1. 35 Le lendemain, Jean était là de nouveau, et deux de ses disciples étaient avec
lui. 36 Il fixa son regard sur Jésus qui passait et il dit : « Voici l’agneau de Dieu. »
37 Lorsque ces deux disciples l’entendirent, ils allèrent et suivirent Jésus.
38 Jésus se retourna et vit qu’ils le suivaient ; alors il leur dit : « Que cherchezvous ? » Ils lui dirent : « Rabbi (c’est-à-dire Maître), où demeures-tu ? » 39 Jésus
leur dit : « Venez et vous verrez ! » Ils vinrent donc pour voir où il restait, et ce
jour-là ils demeurèrent avec lui. Il était environ quatre heures de l’après-midi.
40 L’un de ces deux disciples qui avaient écouté Jean et avaient suivi Jésus, était
André, le frère de Simon-Pierre. 41 Il alla d’abord trouver son frère Simon et lui
dit : « Nous avons trouvé le Messie » (ce qui veut dire : le Christ). Et il l’amena
à Jésus. 42 Jésus le regarda et dit : « Tu es Simon, fils de Jean ; tu t’appelleras
Képhas » (ce qui veut dire Pierre).
O
n fait souvent aux chrétiens ce
double reproche de mépriser
le corps et par ailleurs de
surévaluer la gravité des
péchés liés à la sexualité.
C’est un peu contradictoire.
Si le christianisme tenait effective–
ment le corps comme une vile défroque
promise à disparaître (comme les
cathares et autres manichéens), on
ne ferait pas tant d’histoires autour
de la chasteté. Pour les adeptes du
dualisme, le spiritualisme théorique
a souvent fait bon ménage avec un
laxisme pratique. Le corps, c’est si
peu nous, que nous pouvons bien en
faire ce que nous voulons, sans être
éclaboussés par sa fange !
Saint Paul, quand il rappelle et
précise les exigences bibliques en ce
domaine, ne le fait que parce qu’il
a en tête une vision profondément
unifiée de l’homme qui est celle de la
Genèse, encore renforcée par la foi en la
Résurrection du Christ. Dieu n’a pas créé
une âme qui serait tombée par accident
dans un corps, il nous a voulu corps et
cœur, deux dimensions profondément
unies, qui permettent à l’être humain,
ainsi placé à la frontière du monde
matériel et du domaine des anges, de
faire chanter la gloire de Dieu à l’univers
entier. Et ce qu’il gardera de nous, après
l’expérience de cette vie, c’est cet
être intégral, qu’un jour il ressuscitera
dans la gloire, ou qui sera promis à la
damnation éternelle (cf. Jn 5,29).
En attendant, l’importance donnée
aux fautes contre la chasteté révèle la
noblesse et la grandeur du projet de Dieu
sur le corps humain et spécialement sur
ce domaine si particulier où le corps
n’est pas seulement lié aux réalités
matérielles (comme dans la nourriture
ou le vêtement, par exemple), mais
où il est engagé dans une relation
à la fois physique et spirituelle avec
un autre être humain, pour donner la
vie. Redisons-le : la chasteté, la vertu
qui s’applique à ce domaine, n’est pas
l’absence de sexualité, mais l’usage
juste et droit de celle-ci. Il ne faut pas
confondre la chasteté et la continence,
encore que pour les personnes non
mariées, les deux se rejoignent. Mais
le langage lui-même nous dit que le
contraire de la chasteté n’est pas le
plaisir sexuel, mais l’inceste (in-chaste),
18 FRANCECatholique n°3289 13 janvier 2012
2e Semaine
Semaine de la « grâce de la paix »
(cf. collecte)
par le Père Michel Gitton
Restons dans cette lumière
« épiphanique ».
Dimanche [15 janvier] :
deuxième per annum :
1. Jésus qui éveille nos âmes progressivement, en passant par la voix de ceux
qu’il a mis sur notre chemin (lecture du
premier livre de Samuel).
la consommation de sa propre chair,
l’inaptitude à rencontrer une véritable
altérité, - que d’autres dérives, comme
la masturbation et l’homosexualité,
expriment également.
Mais le passage de la lettre de saint
Paul va plus loin. Incontestablement,
pour condamner le dévergondage
sexuel, Paul fait un parallèle osé entre
la communion eucharistique et l’union
sexuelle : « celui qui s'unit au Seigneur
est avec lui un seul esprit » et « celui qui
s'unit à la prostituée fait avec elle un
seul corps » (v. 16 qu’on nous a raccourci
dans la lecture liturgique, de peur que nos
chastes oreilles en soient offusquées !).
Il y aurait une inconvenance grave à
faire coïncider deux « unions », qui,
même si elles ne sont pas sur le même
plan, engagent la vérité de notre être,
le corps compris. Certes l’union avec le
Christ dans le sacrement n’est pas de
type sexuel, mais elle possède le même
caractère de « livraison » totale de soi
à l’autre. Si l’union charnelle n’est pas
régulée par le Christ dans le sacrement
qui en manifeste la vérité, elle devient
une concurrence déloyale, une caricature
néfaste !
Laissons l’Apôtre nous dire l’incroyable dignité de notre corps. Et, en
retour, mesurons le sérieux de l’engagement du Seigneur Jésus, qui a voulu
épouser notre humanité en se liant à
sa chair, et si sérieusement que notre
nature humaine, en lui, corps et âme,
est assise à la droite du Père. n
Dimanche 15 janvier
Première Lecture : 1·Samuel 3.3-10, 19.
Psaume 40.2, 4, 7-10.
Deuxième Lecture : 1·Corinthiens 6.13-15, 17-20.
Évangile : Jean 1.35-42.
ordinaire
➤ Adorons l’Hôte de notre cœur.
Point spi : « Parle, Seigneur, ton serviteur
écoute » !
2. Jésus qui veut nous unir à lui et pour
cela nous garder dans la pureté (lecture
de la première lettre de saint Paul aux
Corinthiens).
➤ Adorons l’Amant qui nous veut tout
pour lui.
Point spi : Ne croupissons pas dans de
troubles équivoques.
3. Jésus qui nous invite à demeurer avec
lui (lecture de l’évangile de saint Jean).
➤ Adorons l’Ami qui nous invite à la
dixième heure.
Point spi : Osons engager tout de suite
le dialogue.
Lundi [16 janvier] :
L’époux et le jeûne (Marc 2, 18-22)
1. Jésus qui défend ses disciples, qui les
protège de la surenchère ascétique des
groupes installés.
➤ Adorons le Maître qui a pris soin des
siens et ne les abandonne pas, qui veille
sur eux.
Point spi : Ne nous laissons pas troubler
par des comparaisons inutiles (chez N,
on fait ainsi).
2. Jésus qui revendique le rôle
d’ « époux », qui vient apporter aux
siens la joie eschatologique des noces.
➤ Adorons Celui qui est bien plus qu’un
maître, un chef, un patron : l’époux !
Point spi : Ne nous conduisons pas
avec Jésus comme s’il nous demandait
seulement des résultats.
3. Jésus qui veut que notre vie de prière
et de pénitence soit liée à sa vie parmi
nous, à son rythme à lui.
➤ Adorons Celui autour duquel s’or–
donnent nos jours, nos semaines, notre
année liturgique, chef de chœur, chef
de ballet qui nous entraîne.
Point spi : Vivifions ce qui risquerait de
n’être que des habitudes de piété.
Mardi [17 janvier] :
Le Fils de l’homme et
les épis froissés (Marc 2, 23-28)
1. Jésus qui entraîne des hommes à sa
suite, qui ne leur propose pas une vie
facile, qui leur fait éprouver la faim.
➤ Adorons Celui qui marche en tête de
sa petite troupe à travers le désert de
ce monde.
Point spi : Ne murmurons pas quand
c’est trop dur.
2. Jésus qui dispose pour eux des secours
exceptionnels, qui leur vient en aide en
réinterprétant la règle du sabbat.
➤ Adorons Celui qui dispose souverainement de tout, qui est le « maître
du sabbat ».
Point spi : Acceptons les ménagements
qui nous sont offerts.
3. Jésus qui accepte d’être mal jugé
par solidarité avec ses disciples, et qui
comme David, se trouve marginalisé.
➤ Adorons le Fils de l’Homme que les
hommes rejettent mais que Dieu glorifiera.
Point spi : Assumons les jugements du
monde contre les chrétiens.
Mercredi [18 janvier] :
Le Défenseur de l’homme
(Marc 3, 1-6)
1. Jésus qui n’esquive pas l’affrontement,
qui demande au paralysé de s’avancer
devant tout le monde, qui met ses
interlocuteurs au pied du mur.
➤ Adorons le Juge devant qui nos
calculs, nos incohérences apparaissent
au grand jour.
Point spi : Sachons nous indigner devant
l’hypocrisie, la lâcheté, la méchanceté.
2. Jésus qui guérit, qui se marque en
faveur de l’homme handicapé, qui va
jusqu’au bout pour lui.
➤ Adorons le Christ qui agit par avance
avec la puissance de la Résurrection.
Point spi : N’ayons pas peur de nous
marquer, ne craignons pas l’opinion des
autres.
3. Jésus que l’on commence à vouloir
perdre, Jésus que l’on accuse bêtement.
➤ Adorons l’Innocent dont on médit,
dont on travestit les intentions.
Point spi : Ne pactisons pas avec les
rumeurs et les on-dit.
Jeudi [19 janvier] :
La retraite et la foule (Marc 3, 7-12)
1. Jésus qui se retire et qui est suivi,
Jésus qui ne se dérobe pas devant la
foule qui l’assiège.
➤ Adorons le Sauveur venu au milieu
de son peuple.
Point spi : Ne nous dérobons pas à notre
semblable, accueillons sa misère.
2. Jésus sur qui on se « précipite », Jésus
que l’on saisit, que l’on enveloppe, que
l’on touche.
➤ Adorons le Médecin des cœurs et des
âmes, tellement disponible à toutes nos
misères.
Point spi : Répercutons cette ouverture
en étant, nous-mêmes, très accessibles.
3. Jésus qui reçoit la reconnaissance
sarcastique des démons, qui subit leur
violence et leur dérision.
➤ Adorons le Saint et le Juste dont le
Démon ne peut supporter la présence.
Point spi : Ne nous laissons pas
troubler par les discours réducteurs et
blasphématoires que nous entendons.
Vendredi [20 janvier] :
Le choix des Douze (Marc 3, 13-19)
1. Jésus qui a conscience de faire naître
quelque chose de nouveau et d’inédit,
qui fonde réellement son église, le nouvel
Israël, sur douze pierres de fondation.
➤ Adorons le Chef de l’humanité nouvelle.
Point spi : Ne confondons pas l’église
avec une institution humaine.
2. Jésus qui ne choisit pas seulement
des instruments de sa mission, mais des
disciples qu’il met à part et les attache
à lui.
➤ Adorons Jésus au cœur de son église,
réunissant des hommes à ses côtés.
Point spi : Situons-nous clairement dans
la fidélité et la docilité à l’église.
3. Jésus qui dans ses Apôtres, prend
même un traître, qui accueille toute
notre humanité avec sa faiblesse et son
péché.
➤ Adorons le Christ les yeux bandés qui
reçoit ses Apôtres comme ils sont, sans
présager de leur avenir.
Point spi : Renonçons à demander toujours des garanties.
Samedi [21 janvier] :
La famille qui ne comprend pas
(Marc 3, 20-21)
1. Jésus qui est tout donné à sa mission,
qui n’a plus le temps de manger.
➤ Adorons Celui qui vient nous partager
sa vie et qui ne réclame rien pour lui.
Point spi : Annonçons gratuitement la
Parole de Dieu.
2. Jésus qui est rattrapé par sa famille,
Jésus qui conserve des attaches humaines,
qui n’est pas un extra-terrestre.
➤ Adorons Celui qui reste à jamais le Fils
de Marie, le frère de Jacques, Simon, etc.
Point spi : Acceptons de devoir dépendre
du jugement de nos proches sans
nécessairement leur céder.
3. Jésus que l’on peut croire fou, alors
qu’il est suprêmement sage, Jésus qui
bouscule nos limites.
➤ Adorons la Sagesse de Dieu plus sage
que les hommes qui la croient folie.
Point spi : Cherchons avant tout l’accord
avec Dieu. n
FRANCECatholique n°3289 13 janvier 2012
19
livres
histoire de la spiritualité
Mystique et théologie
par Don Patrick de LAUBIER
Le bon équilibre entre la
mystique et la théologie comme
science n'a jamais été facile
à trouver. La relecture des
mystiques rhénans du XIVe
siècle montre bien le problème
et dans quelle direction se
trouve la solution à la peine
des théologiens actuels.
C
et ouvrage ,
issu d’une coopération franco-allemande
de quelque cent auteurs,
nous plonge au cœur de ce
XIVe siècle terrible pour l’Europe et l’Église, avec la grande peste
et le grand schisme, dont on peut dire
que la Réforme protestante est sortie. Eckhart von Hochheim est certainement un dominicain de génie,
sans être pour autant au sommet de
la mystique occidentale. Henri Suso
son disciple, béatifié en 1831, est de
ce point de vue plus sûr, puisque le
Maître vit 28 propositions tirées de
son œuvre condamnées ou déclarées
suspectes le 27 mars 1329 et le pape
d’Avignon, Jean XXII, confirma par une
bulle le 15 avril suivant ce verdict.
Le cardinal Nicolas de Cues est le
plus grand philosophe de son temps et,
comme Eckhart, il se rattache au néoplatonisme chrétien à un moment où
le thomisme n’a plus de représentant
capable de continuer l’œuvre géniale
du docteur angélique.
Évoquer ici cette encyclopédie si
riche et remarquable par la variété des
points de vue n’a aucune prétention
technique. On voudrait seulement faire
un rapprochement avec une récente
déclaration de Benoît XVI se plaignant
de la « fatigue de croire » des chrétiens
en Europe. De nos jours, comme au
XIVe siècle la théologie catholique est
à la peine. Il y a bien des théologiens,
mais on peut dire, sans citer de noms,
que rares sont ceux qui livrent dans
leurs œuvres ce qu’ils ont contemplé dans la prière. La mystique ellemême connaît une situation étrange.
Délaissée le plus souvent dans les institutions de formation des clercs au
moment où deux nouveaux docteurs
de l’Église, Thérèse de l’Enfant-Jésus
et Jean d’Avila, se rattachent à cette
tradition, elle connaît en même temps
une étonnante fécondité au sein du
peuple chrétien, du moins chez les
authentiques pratiquants.
Depuis qu’en 1966 le pape Paul VI
a libéré les écrits mystiques et les
révélations privées des contrôles formels du magistère, on assiste à une
merveilleuse moisson de textes souvent admirables que l’on pourrait com-
parer à L’Imitation de Jésus-Christ au
début du XVe siècle.
N’oublions pas que le Petit Journal
de sœur Faustine a d’abord été interdit
et que certains n’hésitent pas maintenant à la voir proclamée docteur
de la Miséricorde. Citons encore un
nom, celui de Maria Valtorta dont le
succès d'édition sous tant de formes,
sans être une preuve de bonne théologie, n’est pas non plus la preuve d’une
mauvaise théologie. Nous pensons à
un ouvrage de Valtorta comme Leçons
sur l’épître de saint Paul aux Romains
qui est un pur chef-d’œuvre théologique. On pourrait aussi comparer Lui
et moi de Gabrielle Bossis (1874-1950)
aux plus belles pages de la grande
Gertrude d’Helfta dans Le Héraut.
Nous avons évité de citer des noms
de théologiens contemporains qui ont
traduit dans leurs œuvres ce qu’ils
contemplaient dans la prière. Il y a
pourtant un disciple de saint Thomas
qui répond à ce critère de manière
si évidente et même géniale que l’on
peut le nommer : Charles Journet
(1891-1975) dont les œuvres en 21
volumes sont en cours de publication. On constate alors que théologie
et mystique peuvent se conforter. Au
fond, Journet n’a pas cherché, comme
Eckhart et Nicolas de Cues, une autre
voie, celle du néoplatonisme chrétien,
pour prendre la place d’un thomisme
en crise. Il a fait revivre le thomisme
initial en y ajoutant la contribution de
mystiques comme Catherine de Sienne
et bien d’autres amies de Dieu. n
sont ceux qui livrent dans leur œuvre
( Rares
ce qu'ils ont contemplé dans la prière
20 FRANCECatholique n°3289 13 janvier 2012
Encyclopédie des mystiques rhénans, d’Eckart
à Nicolas de Cues et leur
réception, édition française
par Marie-Anne Vannier,
Le Cerf, 2011, 1280 pages
(18 cm x 24 cm), 98 e.
CONSISTOIRE
Le Pape créera 22 nouveaux cardi­
naux, lors du Consistoire du 18 février.
La liste en a été révélée le 6 janvier :
Mgr Fernando Filoni (italien), préfet de
la Congrégation pour l’évangélisation
des peuples, Mgr Manuel Monteiro de
Castro (portugais), pénitencier majeur
de l’Église catholique, Mgr Santos Abril
y Castello (espagnol), archiprêtre de la
basilique pontificale Sainte­Marie­
Majeure, Mgr Vegliò (italien), président
du Conseil pontifical de la pastorale
des migrants et des itinérants, Mgr
Giuseppe Bertello (italien), président
du Gouvernorat de la Cité du Vatican,
Mgr Francesco Coccopalmerio (italien),
président du Conseil pontifical pour les
textes législatifs, Mgr Joao Braz de Aviz
(brésilien), préfet de la Congrégation pour
les instituts de vie consacrée, Mgr Edwin
O’Brien (américain), pro­grand maître de
l’Ordre équestre du Saint­Sépulcre, Mgr
Domenico Calcagno (italien), président
de l’Administration du patrimoine du
siège apostolique, Mgr Giuseppe Versaldi
(italien), président de la Préfecture des
affaires économiques du Saint­Siège,
Mgr George Alencherry (indien), le
catéchiste des syro­malabars, Mgr Thomas
Collins (canadien), un universitaire
éminent, Mgr Dominik Duka (tchèque),
Mgr Willem Jacobus Eijk (hollandais), Mgr
Giuseppe Betori (italien), Mgr Timothy
Dolan (américain), Mgr Rainer Maria
Woelki (allemand), Mgr John Tong Hon
(Hong Kong), Mgr Lucian Muresan
(roumain), Le P. Julien Ries (belge), Le
P. Prosper Grech (Malte), Le P. Karl­Josef
Becker (allemand).
SCOuTISmE
Le P. Jacques Sevin, un des fondateurs du
scoutisme, sera proclamé vénérable en
juin prochain. La décision a été prise par
la Congrégation pour les causes des saints
le 10 janvier.
VATICAN
Bruno Joubert, 62 ans, actuel ambassa­
deur de France au Maroc va remplacer
I
Plusdedeuxmilliardsdechrétiens
l y aurait plusdedeuxmilliardsdechrétienssurlaterre,plusexactement2,2milliards.
Cequiconstitueàpeuprèsletiersdelapopulationmondiale.Leschrétienssontdonc
plusnombreuxquelesmusulmansquiseraient1,75milliard.Etpourdétaillercechiffre
global,ilfautpréciserquelescatholiquesreprésententlamoitiédel’effectif,lesprotestants37%etlesorthodoxes12%.Lapremièreremarquequivientàl’esprit,enlisant
cetteétudeémanantdel’institutaméricainPewForum,c’estquelechristianisme,loin
d’êtreendéclin,asuivilestauxd’expansiondémographiquedelapopulationmondiale.Il
n’yajamaiseuautantdebaptisésaucoursdel’histoireetpartant,pourl’Églisecatholique,
jamaisautantdeséminaristesetdeprêtres.Laseconderemarqueconcernelamondialisationduchristianisme.Audébutduvingtièmesiècle,lesdeuxtiersdeschrétiensvivaient
enEurope.Ilsnesontplusaujourd’huique26%àhabitersurleterritoiredupremier
continentévangélisé.
C’est l’Afrique qui a connu le taux d’expansion le plus vertigineux, puisqu’elle fait
désormaisjeuégalavecl’Europe.Ilfautnoteraussilaprogressiondel’Asie.Parexemple,
sienChinelechristianismeestencoretrèsminoritaire,iln’empêcheque67millionsde
chrétiensysontrecensés.Lecontinentlepluspeuplédemeureceluioùlesconfessions
chrétiennesconstituentdesminorités.Cen’estpaspourautantqu’ilestferméàl’évangélisationquinecessedeprogresser.
L’usage des statistiques est délicat dès lors qu’il s’agit de mesurer des phénomènes
quirelèventleplussouventduforinterne,mêmes’ilyaunevisibilitédesinstitutions.Il
faudraits’interrogersurlecasdel’Europequiapparaîtendéclinparrapportauxautres
régionsdumonde,quantàl’adhésionàunévangilequiestpourtantunevaleurpatrimonialepourelle.Ilya,eneffet,desfacteursidéologiquespropresàcecontinentqui,depuis
ledix-huitièmesiècle,ontsuscitéuneforteréactionathéeetpositivisteàl’encontredela
foi.maiscen’estqu’unmomentd’unehistoirequicontinueàs’écrire.N’endéplaiseaux
Lumièresfranco-françaises,laLumièreduChristseprojettedésormaissurl’ensemblede
laplanète.
GérardLECLERC
Stanislas de Laboulaye au Vatican. Celui­ci
a en effet atteint la limite d'âge de 65 ans.
CubA/mExIquE
Le voyage de Benoît XVI au Mexique puis
à Cuba aura lieu du 23 au 28 mars.
Le Pape sera accueilli à Cuba le 26 mars
par le Président Raúl Castro, l'archevêque
diocésain et l'épiscopat cubain. Il
célébrera la messe de l'Annonciation sur
la Plaza de la Revolución. Le 27 mars au
matin, Benoît XVI effectuera une visite
privée au sanctuaire de la Vierge de la
charité, avant de gagner La Havane, où il
sera accueilli par le cardinal Jaime Ortega
Alamino. Après une visite officielle au
président cubain, il rencontrera l'épis­
copat national à la nonciature.
(Source : V.I.S. 03/01/2012)
AFRIquE
Les évêques francophones, anglophones
et lusophones d'Afrique de l'Ouest se
réuniront à Abidjan, en Côte d’Ivoire, du
23 au 29 janvier 2012 pour « rechercher
ensemble » des solutions aux grands
problèmes qui se posent à leurs pays.
(Source : ZENIT 23/12/2011)
AmÉRIquE
Le Saint­Père a signé le décret reconnais­
sant les miracles at tribués à sept
bienheureux (4 femmes et 3 hommes).
Parmi ces prochains canonisés figure
Kateri (Catherine) Tekakwitha, qui sera la
première sainte amérindienne.
(Source : ZENIT 23/12/2011)
FRANCECatholique n°3289­13­janvier 2012­­21
livres
évangélisation 2.0
Dieu et internet
par Claire MONTABONE
Jean-Baptiste Maillard,
journaliste de 32 ans, vient
de publier un livre pour inviter
les chrétiens à utiliser les
nouvelles technologies. Selon
lui, l’évangélisation n’a plus de
limite, grâce à l’avènement de
la communication instantanée
et mondiale.
l
livre de Jean-Baptiste Maillard est résolument
dans l’air du temps. Ce journaliste (très) indépendant,
confirme que la plus grande
invention du siècle passé — Internet –
peut devenir un outil précieux de propagation de l’Évangile dans le monde.
L’ouvrage se présente sous la forme de
questions/réponses, comme un guide
de l’internaute évangélisateur. Il s’agit
pour l’auteur de partager son expérience personnelle et le feu qui l’habite pour cette mission qu’il vit depuis
2002 d'abord en tant que simple internaute puis en tant qu'animateur de
divers sites chrétiens.
Avec une bonne connaissance du
réseau, Jean-Baptiste Maillard invite
à œuvrer dans le monde du virtuel,
lui-même ayant donc été à l’origine
et ayant collaboré à la création de
sites Internet à forte audience comme :
Etanchermasoif.com, anuncioblog.com,
benoitjaiconfianceentoi.org. Il explique
comment les chrétiens d’aujourd’hui
font preuve de créativité pour envahir la toile et y semer le message de
l’Église. à travers des exemples de sites
et applications comme les web-radios
(
e nouveau
lancées par des jeunes catholiques
(Spreading Light), les réseaux sociaux
(Facebook, Twitter) et de nombreux
témoignages, nous découvrons peu à
peu les « missionnaires du Web » qui
agissent pour différentes confessions
et dont les catholiques sont loin d’être
la majorité.
En effet, comptant déjà 2,95 milliards d’internautes dans le monde et
quelque 312 millions de sites Internet,
le Web est devenu l'Agora moderne. Là
nous pouvons rejoindre les « non encore
croyants », comme les appelle JeanBaptiste Maillard, et leur apporter un
message d’espérance au milieu de leurs
occupations et questions. Animé par ce
désir, ce livre donne les termes et leurs
définitions qui permettent de se repérer
sur Internet pour se mouvoir sur la toile
et éventuellement créer soi-même un
site. Il multiplie les descriptifs de sites
Un outil précieux de propagation
de l’Évangile dans le monde
22 FRANCECatholique n°3289 13 janvier 2012
à l'impact vérifié et tente d'analyser
les raisons des succès. Ce livre pose un
regard admiratif sur le progrès que peut
représenter Internet s'il est bien utilisé
et est un encouragement à tous ceux
qui douteraient encore ou n'oseraient
pas se lancer. D’une plume simple et
accessible aux non-initiés, il décrit la
culture du Web en nous familiarisant
avec des outils qui ne sont parfois pas
encore très connus de tous.
L’auteur rappelle les paroles de
Jean-Paul II et de Benoît X VI qui
encouragent les chrétiens dans leur
mission d’évangélisation sur le Web.
Ainsi s’exprimait Benoît XVI lors de la
43e Journée mondiale de la communication, loin d’être réticent ou méfiant
envers Internet : « Ces technologies
sont un véritable don pour l’humanité :
par conséquent nous devons faire en
sorte que les avantages qu’elles offrent
soient mis au service de tous les êtres
humains, surtout de ceux qui sont dans
le besoin et sont vulnérables, et de
toutes les communautés. » Internet est
donc un outil d’humanisation.
Ce livre permet finalement de se
faire une idée de la place qui peut être
donnée à Dieu dans un monde extrêmement virtuel et qui peut sembler
étranger à la question de la foi. Il nous
donne également l’occasion de nous
interroger sur notre propre usage du
Web. Sommes-nous préoccupés par
la question de l’évangélisation de nos
contemporains ? Sommes-nous prêts
à tisser des liens de charité envers
eux sur le Web ? Un bel exercice à
mettre en pratique sur la toile ! Et de
nombreux sites à découvrir pour alimenter et vivre sa foi sur Internet ! n
Jean-Baptiste Maillard, Dieu et internet, éditions des Béatitudes, 299 p.,
15,50 e.
http://www.dieuetinternet.com
« BlogosPHÈre »
Blogueur anonyme
par Anne KURIAN
Sur son blog, Edmond Prochain n'annonce pas les nouvelles, mais
uniquement la Bonne nouvelle, toujours avec humour. Aujourd'hui
ses planches de bandes dessinées sont adaptées sur papier.
i
un jeu parmi les fans du
blog d’Edmond Prochain : démasquer celui qui se cache derrière
ce surnom. La lecture de son blog
renseigne peu ou prou sur les
grandes lignes de son auteur : jeune,
de sexe masculin, parisien, journaliste, proche de l’Emmanuel et d’autres
groupes jeunes, cathos et énergiques.
Mais qui est-il ? Il ne souhaite pas révéler son nom, pour éviter les interférences gênantes entre ses convictions
personnelles et sa vie professionnelle.
Edmond a l’esprit en éveil, prêt à
partir au quart de tour sur tous les
sujets. L'attaque anticléricale d’un communiqué, une perle trouvée sur le net,
une pensée née d’une distraction pendant ses prières… Tout lui est prétexte
pour laisser s’exprimer sa verve pleine
d’humour, de fierté et d’autodérision.
Un maniaque du clavier, aussi bien sur
son blog que sur Facebook où Edmond
Prochain a 1807 amis à l’heure où cet
article est rédigé, ou encore Twitter.
Edmond aime l’Église. Il la défend.
Il s’insurge contre ses détracteurs. Il
est un chrétien missionnaire. Mais il
aime aussi se faire le poil à gratter des
faiblesses de l’Église. Son dernier jeu en
ligne, le Bingo des homélies, est le reflet
l existe
de ses espiègleries. Nous vous laissons
découvrir ce mélange subtil de franche
rigolade et de vraie dénonciation.
Là où Edmond Prochain excelle,
c’est lorsqu’il laisse travailler son imagination et, par exemple, transpose
les évangiles à notre monde : les paraboles modernes (à lire sur son site) par
exemple sont un emblème du genre. La
Une des journaux actuels si Jésus vivait
aujourd’hui fait preuve d’un véritable
à-propos. Récemment, la nouvelle traduction de l’évangile de Saint Luc est à
lire… juste pour rire.
Dans la sphère chrétienne, il s’est
notamment illustré par ses commentaires des Évangiles du dimanche. Une
petite BD lapidaire : un comic strip. En
trois cases, sur n’importe quel évangile dominical, Edmond Prochain peut
faire rire. Comment ont réagi les disciples aux paroles de Jésus ? Edmond
Prochain les imagine : vivants, mufles,
jaloux, cancres… et finalement complètement humains ! Un vrai pari qui
lui a réussi puisqu’un livre en sort qui
rencontre un public nouveau. Ses dessins anciennement créés à partir du
programme Stripgenerator ont été
repris par le charmant coup de crayon
d’Elvine (sœur du créateur du Lapin
bleu). Les apôtres, qui avaient un air
de R2D2 – le petit robot de Star Wars
avec la mèche de cheveux en plus –
prennent chair. Expressions franches,
yeux animés, ceux qui ont suivi Jésus
nous deviennent plus familiers. Et très
sympathiques (cf. extrait ci-contre).
L'humour d'Edmond Prochain avait
tout à gagner à être ainsi illustré. Et à
s’étendre au-delà de son blog.
L’énergie d’Edmond Prochain est loin
d’avoir atteint ses limites : il sort également un magnifique Dico Catho à destination des jeunes. En association avec
le philosophe Paul Clavier — bien connu
aussi pour son humour ravageur — et
l’illustr atrice
Anne Bordenave.
L'ouvr age f ait
330 pages,
ab or dant une
centaine de
mot s d'Absolu
à Vocation, en
passant par
Communion,
Famille, Prière,
Résurrection et bien sûr Sexe…
L'ouvrage a pour but d'expliquer clairement et simplement « ce que dit l'Église
sur tous ces sujets » dans un langage
et un style vivant et léger particulièrement adaptés aux jeunes. Le tout agrémenté de photos et de dessins poétiques et/ou drôles. n
Edmond Prochain et Elvine, Les disciples,
éditions de l'Emmanuel, 14 e.
Paul Clavier et Edmond Prochain, Dico
Catho, Mame, 330 p, 21,90 e.
http://edmondprochain.wordpress.com/
Tout lui est prétexte pour laisser
s’exprimer sa verve pleine d’humour
)
FRANCECatholique n°3289 13 janvier 2012
23
LIVRES
AU SERVICE DES PAUVRES
La méthode Jaccard
par Patrick de LAUBIER
Les frères Pierre et
Raymond Jaccard méritent
le Nobel de la charité…
L
volume relatant leurs
aventures est paru sous le titre
Mission impossible sans Lui (1) .
Il vient d’être complété par un
second volume intitulé : Mission
impossible sans Elle (2) . Nous disposons
maintenant des éléments permettant
de mieux comprendre les méthodes et
ce que l’on pourrait appeler l’esprit des
deux inventeurs. Il s’agit bien, en effet,
d’inventions qui n’ont pourtant donné lieu ni à des brevets ni à un prix, s’il existait,
par exemple un Nobel pour ce
genre d’exploits. Deux prêtres,
frères, sans diplômes médicaux, partent au Cameroun
pour soigner des lépreux. Ils
inventent une technique aussi
simple qu’efficace pour soigner les malades de la lèpre :
au lieu de pansements, qui
ne servent à rien, ils amputent et fabriquent des prothèses qui peuvent être produites sur place à des coûts
extrêmement bas et même bricolées
par les lépreux eux-mêmes. Du jamais
vu dans ce domaine : la Croix Rouge
Internationale, le Haut Commissariat
aux réfugiés, Médecins sans frontières,
l’Ordre de Malte, sans oublier la Chine,
s’intéressent à leur trouvaille. Les péripéties de cette première aventure qui
prit une extension mondiale sont rapportées dans le premier volume. Le
second retrace une tout autre expérience et l’invention d’une tout autre
e premier
(
en fait beaucoup de miracles, les petits
avec leurs conséquences immédiates,
les grands avec leurs suites à plus long
terme.
La leçon que l’on peut tirer de ces
histoires si concrètes, si humaines et
si miraculeuses, c’est que la charité ne
consiste pas seulement à secourir les
plus démunis en les soignant et en les
aidant à trouver une certaine autonomie matérielle, mais à répondre à un
mystère. Le mal est un mystère, mais le
bien aussi et il est plus profond encore.
Faire le bien avec cette méthode des
frères Jaccard c’est laisser Dieu agir en
se servant des hommes et des
Les frères Jaccard sont bien connus des lecteurs de
France Catholique qui participa plusieurs fois au Festival femmes, y compris les contemde l'Espérance organisé par ces deux prêtres à Besançon. platives. Péguy disait que la
révolution sera morale ou ne
se fera pas. Il faut aller plus
loin en disant que le triomphe,
même partiel et temporaire du
bien, est en premier lieu une
affaire spirituelle. Les souffrances du monde sont à la fois
des problèmes et des mystères
et il convient d’y faire face en
utilisant des techniques et des
moyens d’un autre ordre, c'està-dire un esprit dont les frères
Jaccard nous montrent l’efficaépreuves venues d’un peu partout. On cité que le monde veut ignorer.
En lisant ces deux ouvrages on comcompte aujourd’hui 137 ateliers et 3 000
prend mieux le terme « caritatif » qui
jeunes femmes en apprentissage !
Nous avons noté jusqu’ici les tech- finit parfois par désigner seulement une
niques utilisées, leur simplicité et leur organisation, une entreprise, des resefficacité étonnantes. Il convient main- sources (il en faut c’est sûr), en oubliant
tenant de parler de l’esprit de cette que le prochain le plus proche est Jésus
aventure, un mot le résume : la prière Christ, car écrit Saint Jean : « Nous
et même plus précisément l’adoration et reconnaissons que nous aimons les
singulièrement sous sa forme eucharis- enfants de Dieu à ce que nous aimons
tique. C’est le véritable secret de cette Dieu et que nous pratiquons ses comgrande aventure caritative qui exigeait mandements » (I Jean 5,2) . n
technique. Cette fois l’opération se
déroule en Amérique latine et principalement en Colombie. Des femmes
et des enfants livrés à la misère sont
tragiquement exploités et, plus généralement, un « machisme » traditionnel règne sans contrôle légal. Nos deux
aventuriers inventent alors une méthode
consistant à former les femmes, pour
leur permettre d’obtenir un emploi qui
leur donne les moyens d’avoir un revenu, de prendre en charge leurs enfants
et d’échapper à l’asservissement. Là
encore le succès est au rendez-vous
après quelques tâtonnements et mille
Ces histoires si concrètes,
si humaines et si miraculeuses
24 FRANCECatholique n°3289 13 janvier 2012
(1) et (2) Éditions Le Livre Ouvert, 14 bis rue
Ferrée, 10190 Le Mesnil Saint-Loup, 19 e.
livres
« leTTre OUverTe AUX PrÊTres »
Pour ceux qui ont perdu
leur enthousiasme
par Anne KURIAN
« Le Christ est vivant mais invisible. Comment voulez-vous qu’Il nous parle si ce n’est par votre bouche ? Qu’Il nous prie, si ce n’est par vos prières ? Qu’Il nous console, si ce n’est par vos paroles et votre tendresse ? Qu’Il nous sanctifie et nous guérisse, si ce n’est par le sacrement de l’Eucharistie ? »
e
n admonestant ainsi les prêtres,
l’auteur af f iche l’audace
d’une Catherine de Sienne.
« J’ai voulu les secouer »,
explique Isabelle Prêtre, dont
le leitmotiv est de rompre le silence :
« Réveillez-vous ! Le monde vous
attend. […] Criez fort, toujours plus
fort. Continuez à pointer votre doigt
vers le ciel et à secouer le monde ! Car
le monde, sans vous, s’écroulerait. »
Isabelle Prêtre — qui a décidément
un nom prédestiné — s’adonne ici à
une véritable harangue qui révèle la
femme de foi qu’elle a toujours été :
« Même pour ma première communion,
j’avais déjà une conscience marquée de
la grandeur de l’événement. »
L’auteur puise à la fois dans sa
culture de professeur de philosophie et dans sa flamme de croyante.
Elle se défend pourtant d’avoir voulu
faire un ouvrage de spiritualité : « Ce
livre est pour tout le monde, même
les personnes non-chrétiennes. C’est
un livre de société. » Tout le monde
en effet pourra partager l’affirmation
selon laquelle un prêtre est un signe
visible d’autre chose que lui-même :
« Vous nous empêchez le plus grand
des péchés : l’oubli de Dieu ».
« Je nourris une passion pour le
Christ, affirme Isabelle Prêtre, pour
l’Église aussi, mais je vois ses défauts. »
C’est ce qui peut rendre le premier
chapitre dérangeant. Entre remises
en question et apologie de l’Église, on
a l’impression d’un grand écart qui
génère un certain flou. « Lorsque je me
fais le procureur de l’Église, je me fais
aussi son avocate. »
Il n’en reste pas moins qu’Isabelle Prêtre expose ses avis personnels sur de nombreux sujets de morale
Isabelle Prêtre.
sociale et familiale. Dans une lettre
aux prêtres, qui restent nombreux à
défendre courageusement les positions
traditionnelles de l’Église, ce discours
polémique risquerait d’occulter le réel
propos de l’auteur.
Il ne faut cependant pas s’y arrêter
car le reste est plutôt sublime. Le texte
coule comme un torrent jaillissant tout
droit du cœur. à ses yeux, les prêtres
sont tour à tour des briseurs de mirage,
des consolateurs, des médecins, des
pacificateurs, des professeurs, des
artistes. « Vous n’êtes pas des hommes
comme les autres », leur martèle Isabelle Prêtre. « Jamais le monde n’aura
eu autant besoin de vous. Et jamais
le monde ne vous l’aura aussi peu dit.
Quand nous nous demandons quel est
le sens de nos vies… nous vous voyons.
Et nous savons. Vous êtes le plus beau
cadeau de Dieu. Et les preuves incarnées de son existence. […] Dieu, on LE
respire grâce à vous, qu’on le veuille
ou non. Vous réconfortez les croyants,
rassurez, quelque part, les agnostiques,
et troublez, malgré tout, les athées. »
D’où lui vient ce feu passionné dans
les expressions ? L’auteur l’avoue aux
séminaristes au terme de l’ouvrage :
« La prêtrise est à mes yeux le plus
grand des privilèges. »
Amante du Christ, Isabelle Prêtre
n’accepte pourtant pas d’être taxée
d’écrivain catholique : « J’aime trop
la liberté », dit-elle avec force. Peutêtre en effet, en s’inscrivant dans un
courant de pensée, perdrait-elle de
son ton libre, sans langue de bois ou
de buis, parfaitement naturel et sans
crainte des « qu’en dira-t-on ? »
à la fois poète et philosophe,
terre-à-terre et sentimentale, Isabelle
Prêtre jongle entre envolées lyriques et
messages de compassion. Un langage
jamais fait de demi-mesure : « Nos
vies sans vos vies seraient un drame.
Vous êtes irremplaçables, uniques. Il
est temps que vous le sachiez. »
Ce qui sauve ce livre de la mégalomanie, c’est qu’il traite d’un sujet après
tout… divin. n
Isabelle Prêtre, Lettre ouverte aux
prêtres et aux séminaristes, éditions
Saint-Augustin, 164 pages, 22 e.
Elle se défend pourtant d'avoir voulu
faire un ouvrage de spiritualité
)
FRANCECatholique n°3289 13 janvier 2012
25
LIVRES
■
paraboles d'un curé de campagne
PèrePierreTrevet,
tomeIII.Illustrationsd’YvesGuézou,
éditionsdel’Emmanuel,2011,278,p.,18€.
Voici le troisième tome des paraboles d’un curé
de campagne. Avec finesse, le P. Trevet nous propose des histoires savoureuses et nourrissantes
pour notre foi, en parcourant les différentes étapes
de la vie : l’enfance, l’adolescence, le temps de la
construction, la vitesse de croisière et la vieillesse
avec une partie intitulée : « Bien réussir sa mort ».
En ouvrant ce livre par un conte un peu pessimiste sur la vie (mais réaliste sur la présomption de
l’homme !), l'auteur prend son lecteur à contre-pied,
avant de lui montrer le bonheur que la foi chrétienne peut apporter à une vie d'homme, du berceau à la tombe. Rien de moralisateur dans ces cent
soixante-dix petites histoires, qui sont des occasions de rire… soit, mais aussi de réfléchir, de méditer sur notre manière de vivre concrètement notre
foi. Oui, sourions à ce qui se révèle être « notre »
expérience et reprenons quelques résolutions positives pour nous convertir vraiment.
s.b.
■ introduction aux Œuvres
de thérèse d'àvila
le chemin de la perFection
ThomasAlvarez,
éditionsAlbin-Michel,2011,154pages,15€.
En écrivant Lechemindelaperfection, Thérèse
répond à la demande de ses confesseurs et de ses
« filles » qui désirent une « charte » pour leur vie
religieuse. Aussi leur livre-t-elle des conseils sur
la prière silencieuse, aussi appelée « oraison ». Par
le travail du P. Alvarez, on découvre dans quelle
atmosphère Thérèse a préparé ces lignes : l’Inquisition est vigilante et traque les alhumbrados (les
illuminés, pour qui la mystique tient lieu de rigueur
ecclésiale). La théologie est mobilisée contre les
excès de la spiritualité ; par ailleurs, interdiction
est faite aux femmes de vivre l’oraison mentale,
par peur de leur emballement. Aussi n’utilisera-telle pas certains mots. Par prudence, elle parlera de
chemin de la perfection pour indiquer une voie qui
mène à la contemplation… le véritable chemin qui
n’est pas seulement pour ses « filles », mais au fond
pour toute âme assoiffée de Dieu.
Après un rappel de l’histoire du Carmel, une première partie s’attache aux trente années qui s’écoulent entre son entrée au Carmel et ses trois
années de priorat ; une autre partie nous fait entrer
dans la formation de la fondatrice, formation
autant spirituelle qu’humaniste. Enfin, l’auteur nous
26 FRANCECatholique n°3289 13 janvier 2012
sélection
Chemins
de foi
par Sophie BARON
et Guy BARET
présente l’expérience de Thérèse, cette sagesse de
vie qu’elle a su transmettre aux âmes, et les divers
manuscrits de l’ouvrage, leurs structures et leur
première publication.
Ce parcours des différents aspects de sa formation nous fait désirer reprendre l’itinéraire qu’elle
propose, invitation à marcher dans la paix et la
joie. « Elle parle ou écrit à partir de l’expérience et
guidée par le Saint-Esprit ». Nous voici en route
pour une méditation positive de l’œuvre majeure
de Thérèse, nous permettant de porter du fruit
pour nous-mêmes dans notre propre oraison et
pour tous ceux qui cherchent à rencontrer le
Seigneur dans la prière.
s.b.
■ FranZ lisZt et l’espérance du bon larron
AlainGalliari,
éditionsFayard,295pages,22 €.
Compositeur fécond et pianiste prodige, Franz
Liszt eut tous les talents et, de son vivant, la célébrité qui va avec. Ces biens-là n’ont cependant pas
comblé l’illustre musicien hongrois, c’est pourquoi sa
quête religieuse n’a jamais cessé. C’est cet aspect-là
de sa vie et de son œuvre que le musicologue Alain
Galliari nous invite à découvrir. Liszt ne fut pas un
saint, sa vie et sa foi n’étaient guère en harmonie ! Mais, comme disait le curé d’Ars « si tous les
saints n’ont pas tous bien commencé, ils ont tous
bien fini ». C’est au contact du grand amour de sa
vie, Carolyne, qu’il fit retour à Dieu. Son espérance,
dès lors, n’était plus que celle du Bon Larron, sans
toutefois espérer le Ciel immédiatement, écrivant
à Carolyne en 1876, dix ans avant sa mort : « Quoi
qu’il en soit, je n’ai plus à chanter dahin (là-bas)
pour aucune contrée de ce bas monde, mais seulement pour le purgatoire, où la grâce de Dieu me fera
parvenir bientôt, j’espère ! »
g.b.
■ la France terre de reFuge
et de désobeissance civile
LimoreYagil,
tome3,éditionsCerf-histoire,447pages, 38 €.
Ce troisième tome (1936-1944) est digne d’un
intérêt particulier puisqu’il traite d’un sujet controversé : l’implication des milieux catholiques et protestants (et de la Résistance) dans le sauvetage des
juifs dans la France occupée. Outre un historique
méticuleux et de fines analyses sur l’attitude des
uns et des autres, on y trouve différentes listes précises : fonctionnaires ayant aidé les juifs, gendarmes,
policiers, écoles catholiques, évêques, etc. Un autre
devoir de mémoire à l’égard des Justes.
g.b.
CINÉMA
Parlez-moi de vous
Animatrice de radio chaleureuse et à
l'écoute des autres la nuit, Claire est
psychorigide dans la vraie vie.
 Pour son premier long métrage,
Pierre Pinaud signe une œuvre sensible et
émouvante, qui oscille entre comédie et
drame. Des moments cocasses allègent, en
effet, une histoire lourde d’enfant abandonnée qui n’a jamais réussi à oublier cette
profonde blessure de l’enfance. Karin Viard
est impressionnante dans ce personnage
de femme double, fermée dans sa vie, mais
si ouverte à la radio. Elle est l’atout majeur
d’une œuvre poignante et drôle, mais qui
n’évite pas certaines facilités.
] Il y a beaucoup d’émotion dans
l’histoire de cette femme à la recherche de
l’amour de sa mère. Et la fin apaisée
montre que rien n’est jamais perdu.
Quelques confidences très intimes.
Comédie dramatique française
(2011) de Pierre Pinaud, avec
Karin Viard (Claire Martin/
Mélina), Nicolas Duvauchelle
(Lucas), Nadia Barentin (Joëlle
Goulain), Patrick Fierry (André)
(1h29). (Grands adolescents)
Sortie le 11 janvier 2012.
10 jours en or
Un représentant de commerce est contraint
d'emmener avec lui un enfant sans-papiers.
 Pour son premier rôle dramatique,
Franck Dubosc se montre aussi sobre que
convaincant. Premier long métrage de
Nicolas Brossette, également auteur du
scénario, ce film plein de bons sentiments,
peine à convaincre, tant le rythme est mou
et la mise en scène inexistante. Quant aux
autres comédiens, Claude Rich en tête, ils
sont un peu en roue libre. Dommage !
 Elle est très jolie (à défaut d’être
originale !), cette histoire d’un solitaire qui
s’humanise au contact d’un enfant et d’un
homme âgé. Mais les bons sentiments ne
font pas forcément les bons films.
Comédie dramatique française (2011) de Nicolas
Brossette, avec Franck
Dubosc (Marc Bajau), Claude
Rich (Pierre), Marie Kremer
(Julie), Mathis Touré (Lucas)
(1h35). (Adolescents) Sortie
le 11 janvier 2012.
par Marie-Christine RENAUD d’ANDRÉ
J. EdgAr
Un homme complexe
Avec cette brillante biographie
de Hoover, Clint Eastwood signe
un nouveau film passionnant.
P
endant près de cinquante ans, il
fut l’homme le plus puissant des
États-Unis. Plus puissant même
que les présidents. Anticommuniste,
raciste et homophobe, J. Edgar Hoover
régna sur le FBI et se distingua en le
réformant et en le modernisant.
] Comme le titre l’indique,
Clint Eastwood s’est surtout intéressé à
l’homme plutôt qu’à son action dans
cette œuvre aussi brillante que passionnante. Certes, il est fait allusion à l’enlèvement du bébé de Charles Lindbergh,
à la mort de John Dillinger, aux liens du
héros avec la Mafia, et à ses fameux
dossiers secrets, etc., mais l’on sent que
ce qui intéresse le plus le cinéaste, ce
sont les failles de cette personnalité
complexe. De ses liens fusionnels avec
sa mère à son amitié indéfectible avec
son adjoint, Clyde Tolson, en passant
par ses difficultés à nouer des relations
durables avec une femme, le cinéaste
explore toutes les facettes de cet
homme de pouvoir.
L’interprétation de Leonardo DiCaprio est réellement impressionnante,
tant le comédien parvient à traverser
les âges avec aisance et réalisme (et le
secours d’une maquilleuse exceptionnelle), et elle est pour beaucoup dans
l’intérêt que l’on prend à regarder ce
film qui est pourtant très long et un
peu trop confus, du moins au début.
(
Le cinéaste explore
toutes les facettes de
cet homme de pouvoir
] Personnalité très complexe,
voire ambiguë, J. Edgar Hoover apparaît comme un homme fidèle à l’éducation reçue de sa mère, mais aussi un
homme écartelé en permanence entre
ses principes moraux très stricts et
ses pulsions homosexuelles. Au moins
sut-il y résister. ■
J. Edgar. Drame américain (2011) de Clint Eastwood,
avec Leonardo DiCaprio (J. Edgar Hoover), Naomi Watts
(Helen Gandy), Armie Hammer (Clyde Tolson), Josh Lucas
(Charles Lindbergh), Judi Dench (Annie Hoover) (2h15).
(Grands adolescents) Sortie le 11 janvier 2012.
La colline aux coquelicots
À Yokohama, en 1963, Umi, une jeune orpheline de père,
est tombée sous le charme du jeune Shun, qui se bat,
dans leur lycée, pour sauver le vieux foyer, appelé
Quartier latin, qui est menacé de destruction.
 Fils du grand Hayao Miyazaki, Goro Miyazaki
signe une œuvre délicate, à l’univers très réaliste,
contrairement à celui onirique de son père. C’est le
Japon des années 60, marqué par la guerre de Corée, qui est décrit, avec beaucoup
de soin, dans cette œuvre pleine de charme. Mais, si l’histoire se suit sans ennui,
le film ne recèle pas cette magie qui faisait tout le prix des œuvres de Hayao Miyazaki.
 Le respect des traditions est au cœur de cette œuvre.
Film d’animation japonais (2011) de Goro Miyazaki, d’après un manga de Shizuru Takahashi et Tetsurô Sayama, avec les voix de
Nasami Nagasawa (Umi Matsuzaki), Jun’ichi Okada (Shun Kazama) (1h31). (Adolescents) Sortie le 11 janvier 2012.
FRANCECatholique n°3289 13 janvier 2012
27
HISTOIRE
RÉVOLUTION FRANçAISE
Peut-on parler du gé
Alors que les parlementaires français sont en train de voter une
loi pour punir ceux qui, sur notre sol, nient outrancièrement les
génocides, qu'ils soient juif ou arménien*, le nouveau livre de
l'historien Reynald Secher sur les guerres de Vendée, veut nous
rappeler que la leçon pourrait bien valoir pour nous-mêmes.
D
à décembre 1793,
une région (nord de la Ven­
dée d’aujourd’hui, nord
d e s D e u x­S è v r e s , s u d
du Maine­et­Loire et de
la Loire­Atlantique) s’est révoltée
lorsque le nouveau pouvoir, exoné­
rant ses propres enfants, envoie à la
conscription les fils de paysans, inter­
dit la liberté de culte, n’apporte dans
les faits ni la liberté ni l’égalité aux­
quelles aspirent les Vendéens comme
les autres Français. Les premiers chefs
de la révolte ne sont pas des aristo­
crates (qui ne se rallieront que sous
la menace), mais un paysan (Bazin),
un marchand de bœufs (Pajot), un
facteur (Stoffet), un boulier­pêcheur
(Cathelineau).
La conception d’une extermi­
nation de masse va alors se mettre
en place par les lois des 1er août et
1er octobre 1793 du Comité de salut
public de Maximilien Robespierre et
Lazare Carnot. Il ne s’agit pas d’une
simple guerre civile avec quelques
dérapages. Les documents des archives
militaires françaises l’attestent. Un
plan précis est transmis par « petits
bouts de papiers », comme le révèle
Reynald Secher. « La Vendée devrait
être anéantie… La terreur panique a
tout frappé, tout effrayé, tout dissi­
pé comme une vapeur… Détruisez la
Vendée. C’est là qu’il faut frapper. Il
e mars
(
faut que les brigands de la Vendée
soient exterminés », écrit Barère de
Vieuzac dans son texte imprimé sur
ordre du Comité. Comme pour toute
pensée totalitaire, le bien et le mal
ne passent plus au cœur de chaque
homme, mais un procès d’intention
est fait à des gens pour leur appar­
tenance à un groupe et non pour ce
qu’ils disent ou pour ce qu’ils font.
Louis­Marie Turreau, fidèle aux
ordres qu’il reçoit et rendant compte
régulièrement de ce qui se passe,
applique ce qu’on lui demande. Il obéit
à l’injonction de Carnot : « Extermine
les brigands jusqu’au dernier, voilà ton
devoir. » De la conception du génocide,
on passe à sa réalisation. Des tenta­
tives de gazage à grande échelle ont
été expérimentées aux Ponts­de­Cé,
« malheureusement » la technique n’est
pas au point. Jean­Baptiste Carrier
pro pose : « Faites empoisonner les
sources d’eau. Empoisonnez du pain.
Tuez­les à coups d’arsenic. » Mais là
encore cette proposition scientifico­
industrielle, comme celle des mines
antipersonnel est un échec. Il faudra
en rester à des moyens plus artisa­
naux : guillotine, sabrage, exécution
par balles, noyades…
Le général Westermann se félicite :
« Suivant les ordres que vous m’avez
donnés, j’ai écrasé les enfants sous
les pieds des chevaux, massacré les
L'État français opère avec les Vendéens
comme l'État turc vis-à-vis des Arméniens
28 FRANCECatholique n°3289 13 janvier 2012
femmes, qui, au moins, pour celles­là,
n’enfanteront plus de brigands. Je n’ai
pas un prisonnier à me reprocher. J’ai
tout exterminé. Les routes sont semées
de cadavre. Il y en a tant que, sur plu­
sieurs endroits, ils font pyramide. »
Les « mariages républicains »,
une femme et un homme nus, par­
fois un prêtre et une religieuse, ficelés
ensemble avant d’être noyés, impres­
sionnent durablement les témoins. De
nombreux lieux deviennent des camps
de concentration avant extermination
systématique. Les bijoux, les vête­
ments, les cheveux sont gardés pour
être revendus. La graisse des victimes
peut être conservée pour les hôpitaux.
à Nantes ou à Angers les tanneries de
peau humaine prétendent apprécier
la qualité du nouveau produit. Au sud
de la Loire les « colonnes infernales »
de Turreau réalisent la conception du
génocide.
Louis Grignon, général de la pre­
mière colonne ordonne à ses soldats :
« Je vous donne l’ordre de livrer aux
flammes tout ce qui sera susceptible
d’être brûlé et de passer au fil de la
baïonnette tout ce que vous rencontre­
rez d’habitants sur votre passage. »
Comme symbole d’extermina­
tion de la race impure, les pénis sont
coupés pour en faire des boucles
d’oreilles et des cartouches explosent
dans les vagins des femmes. Le maire
de Fontenay–le­Comte. Mariteau,
constate : « Le général Amey part
avec sa colonne et incendie toutes les
métairies depuis La Rochelle jusqu’aux
Herbiers. Sur une distance de trois
lieues, rien n’est épargné. Les hommes,
les femmes, même les enfants à la
mamelle, les femmes enceintes, tout
périt par les mains de sa colonne. »
Les Vendéens ne sont plus des êtres
humains, mais des loups, des serpents,
nocide vendéen ?
par Bertrand SOUCHARD
des poulets que l’on égorge, selon
le vocabulaire des exterminateurs.
Finalement, selon les décomptes de
Reynald Secher, en douze mois (août
1793­juillet 1794) 117 000 Vendéens
sont morts sur une population de
812 000. Tout s’est arrêté avec la mort
de Robespierre. Le plan génocidaire n’a
pas pu aller jusqu’au bout de sa réali­
sation — faute des moyens industriels
adéquats ?
Mais alors commence, selon Reynald
Secher, un mémoricide, expression dont
il revendique la paternité. Le nouveau
pouvoir va condamner Carrier, à huis­
clos, sans aucun représentant des vic­
times, pour éviter de mettre en ques­
tion la responsabilité de l’État et de
ceux qui sont maintenant au pouvoir et
se sentent complices. Mais en acquit­
tant Turreau, qui n’aurait fait qu’obéir
aux ordres, ce pouvoir se contredit en
reconnaissant de fait la responsabilité
du Comité de salut public… Un silence
sur les véritables culpabilités s’installe,
même si Napoléon et Louis XVIII vont
pratiquer, fort justement, une véritable
politique d’indemnisations.
Cette loi du silence ne se perpé­
tue­t­elle pas quand on donne le nom
de Robespierre à des collèges et des
lycées, et à de nombreuses places
et rues ceux de Carnot, Kleber ou
Marceau ? Les noms des génocidaires
sont inscrits sur l’Arc de Triomphe.
L’État français n'opère­t­il pas avec
les Vendéens comme l’État turc vis­à­
vis des Arméniens ? La question nous
dérange, voire nous choque.
Pourtant, avons­nous jamais pris
la mesure de ce qu'écrivaient les
Conventionnels en 1795 ? : « Il faut
employer le fer et le feu, mais en ren­
dant les Vendéens coupables aux yeux
de la nation du mal que nous leur
ferons. » Alors que les Vendéens défen­
dent l’égalité (face à la conscription) et
la liberté (de culte) face à un pouvoir
qui renie dans les faits les droits de
l’homme et la devise républicaine, ils
se retrouvent en position d'accusés, au
moment des faits, mais également aux
yeux de l'histoire majoritaire.
Image d'Épinal :
« Le patriote et le paysan ».
Aujourd’hui encore, par une forme
de terrorisme intellectuel, toute per­
sonne qui lève le voile sur ces mas­
sacres programmés est forcément
« d’extrême droite ». Comment com­
prendre que les victimes deviennent
des bourreaux dans le regard des
autres ? Peut­être faut­il s’appuyer
sur la théorie du bouc émissaire selon
René Girard ? De nombreux mythes
fondateurs de sociétés commencent
par le meurtre d’un innocent. Mais
pour que la foule unanime se dédouane
de sa violence coupable, elle doit se
persuader que le bouc émissaire, inno­
cent, est en fait coupable. Il a eu ce
qu’il méritait. C’est de sa faute !
Reynald Secher et la psychana­
lyste Hélène Piralian dans sa postface
entrevoient une dimension psychique
à cette loi du silence. Le mémoricide
est mortifère. Comment faire son deuil
lorsque la victime n’est pas reconnue
comme victime ? Les descendants des
survivants sont pris dans une double
contrainte : d’un côté ils ne doivent pas
oublier ces morts tragiques, de l’autre
ils sont contraints au silence sous
peine d’être « coupables aux yeux de la
nation ». Le déni détruit le lien généa­
logique et bloque le présent. Certains
subliment par une résilience active, qui
pourrait expliquer le dynamisme des
entreprises vendéennes. D’autres ont
tellement intégré le discours culpabi­
lisant qu’ils adoptent les propos des
bourreaux par une sorte de syndrome
de Stockholm, comme Clemenceau.
D’autres aussi craignent le chaos ou
sont en rébellion intérieure avec un
sentiment d’injustice et d’oppression.
D’autres encore se démènent avec des
pulsions mortifères. n
Reynald Secher, Vendée, Du Génocide
au Mémoricide, postfaces de Hélène
Piralian et de Stéphane Courtois,
Cerf, 164 pages, 22 e.
* NDLR : Quoiqu'on déplore l'impact
liberticide et décervelant de telles lois
« mémorielles », il n'y a pas d'autres
solutions dans l'immédiat face à l'entêtement d'universitaires irresponsables ou, pire encore, face aux provocations délibérées d'un État négationniste tel que l'État turc depuis
90 ans, et qui vient publier, à grands
frais, dans nos quotidiens nationaux
des tribunes grossièrement négationnistes et insultantes pour la communauté arménienne accueillie en France
comme rescapée des massacres de
masse, comme chacun sait.
F.A.
FRANCECatholique n°3289 13 janvier 2012
29
expositions
Musée de La Vie roMantique
Terrasse de Saint-Germain-en-Laye, mai 2011.
© PATRICk FAIgEnBAum
© PATRICk FAIgEnBAum
paris,proche et lo
Saint-Cloud, avril 2011.
Le musée de la Vie
romantique propose
une sélection inédite
de photographies de
Patrick Faigenbaum.
30 FRANCECatholique n°3289 13 janvier 2012
© PATRICk FAIgEnBAum
L
ne s’attend pas
nécessairement à découvrir une exposition
consa crée à la photographie au musée de la
Vie romantique. C'est pourtant
la cinquième fois, au cours des
dix dernières années, que l’Hôtel
Scheffer-Renan renouvelle l'expérience. Aujourd’hui, les ateliers
qui furent au XIXe siècle ceux du
peintre Ary Scheffer, s'ornent
donc d'un ensemble de tirages,
inédits ou plus anciens, de Patrick
e public
Saint-Denis, avril 2011.
Faigenbaum. « Paris - Proche et
lointain » se rapporte à la fois
au lieu et à une biographie.
L’exposition rassemble des clichés de nature très diverse dont le
point commun est d’avoir été réalisés à Paris et dans ses environs.
Patrick Faigenbaum est né
en 1954 à Paris où il vit et travaille. D’abord destiné à la peinture, il s’est très vite orienté vers
la photographie. à ce titre, il fut
pensionnaire, de 1985 à 1987,
de l’Académie de France à Rome.
Exposés au musée d’Art moderne
de la Ville de Paris, ses travaux réalisés en Italie l’ont fait
connaître d’un très large public.
Si le portrait demeure au cœur de
son travail, un séjour à Brême en
1997 lui a permis de l’élargir au
monde urbain : Prague, Barcelone,
Saint-Raphaël, Tulle…
ointain
Nanterre Université, mai 2011.
© PATRICk FAIgEnBAum
La partie « biographique » domine le premier
volet de l’exposition. On y découvre la mère de
l’artiste, Suzanne, dans son magasin de la rue
de la Chaussée-d’Antin. Et surtout de nombreux
clichés (avril 2010) où, au soir de sa vie, elle est
alitée. Photos sans concession, dures, qui peuvent troubler quelques visiteurs. « Situés entre
le dessin et le film, les portraits de la mère,
Suzanne, sont aussi d’abord un hymne à la
lumière qui éclaire, anime, vivifie, qui contourne
ou enveloppe l’obstacle des corps et des visages »*. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si l’on
découvre déjà dans cette première partie une
« nature morte » : Citrons, 2006.
Dans le second volet de l’exposition, Raisin
et figues confirme que Patrick Faigenbaum est
particulièrement heureux dans ce genre d’expression. De même, son travail sur la lumière,
mis en évidence dans ses travaux sur sa mère,
est déjà annoncé dans le portrait d’une femme
âgée, Salvatorica, réalisé à Pâques 2006 dans
le village de Santu Lussurgiu, en Sardaigne. Ou
dans celui d’une jeune fille, Hanane Xouri, à
Saint-Raphaël.
Les alentours de Paris s’illustrent par une
Terrasse de Saint-Germain-en-Laye, avec une
vue de La Défense en perspective très lointaine, ainsi que par des photos du Marché de
Rungis qu’un Soutine n’aurait pas désavouées.
Très personnelle aussi est la vue du Parvis de
Notre-Dame, où le sol luisant occupe la moitié
inférieure de la photo. Là encore, le travail de
Patrick Faigenbaum « tourne autour d’une présence silencieuse ». ■
© PATRICk FAIgEnBAum
par Alain SOLARI
Orly-Ville, mai 2011.
* Jean-François Chevrier, historien et critique d’art.
© PATRICk FAIgEnBAum
« Patrick Faigenbaum – Photographies –
Paris, proche et lointain », au Musée de la
Vie romantique, 16 rue Chaptal, 75009
Paris, tél. : 01.55.31.95.63, jusqu’au 12
février, tous les jours (10h-18h), sauf les
lundis. www.vie-romantique.paris.fr
Rungis, mai 2011.
Extrait de
la nouvelle
BD de
Brunor,
Le hasard
n'écrit
pas de
messages.
32 FRANCECatholique n°3289 13 janvier 2012
Vous pouvez recevoir cette BD en envoyant
une commande accompagnée de votre chèque
à l'ordre de « France Catholique » (13 e par
album, + 7 e de frais de port forfaitaires,
quelle que soit la quantité demandée).
FRANCECatholique n°3289 13 janvier 2012
33
théâtrE
« EllE était unE fois… annE BaquEt »
Conte
musical
par Pierre François
D
ans la ligne de ses précédents spectacles, la comédienne-chanteuse
Anne Baquet — oui c'est bien l'un
des dignes enfants-comédiens du
génial violoncelliste-alpiniste Maurice
Baquet — chante toujours, et toujours aussi
bien. Mais, cette fois-ci, ses chansons illustrent
une histoire bien structurée. On n'est pas dans
le cadre de transitions réussies entre deux airs.
C'est presque le contraire : elle nous raconte la
vie d'une petite fille au fur et à mesure qu'elle
grandit, nous présente ses parents (l'adolescente boutonneuse ou sa mère en chanteuse
russe alcoolique sont irrésistibles), parle de ses
amours… Il y a un vrai travail de mime, et efficace du point de vue du comique ! Les costumes
sont prévus pour que le minimum de changement dans sa tenue exprime le maximum quant
Un spectacle
avec autant
de fraîcheur
que de talent
Gare aux gorilles moustachus
D.R.
« Le grandiloquent moustache poésie club » est un spectacle de slam. Mais pas
n'importe lequel. Il en ressort une véritable poésie, sans tabou et au vocabulaire
très riche. La mise en scène, sobre, sert elle aussi le texte.
Ces lointains descendants des ménestrels et troubadours… sont trois, chacun avec
sa faconde, son style et son répertoire personnel, tout en se mettant habilement en
valeur les uns les autres.
Mais pourquoi « moustache » ? C'est que le club ne comporte
pas d'imberbe. Cette exclusive donne au passage l'occasion
d'une parodie de l'argument selon lequel les homosexuels sont
des personnes comme les autres, manié avec finesse. On note
encore la tirade sur Toulon et ses pizzas, après avoir appris
« avec tristesse » le fait que Brassens ne peut se joindre au groupe ce soir-là. Ou
encore celui sur le thème « J'ai volé » utilisant, évidemment le double sens possible
à partir de ce verbe.
Il y a beaucoup de jeu muet et de mime dans ce spectacle, c'est plein de vie et le
rythme, sans être effréné, est constant. n
« Le grandiloquent moustache poésie club », avec Ed Wood, Astien, Mathurin. Mis en
scène de Julie Chaize. Du 12 janvier au 3 février tous les jeudis et vendredis (19h30)
aux Trois Baudets, 64, bd de Clichy, 75018 Paris, tél. : 01 42 62 33 33.
34 FRANCECatholique n°3289 13 janvier 2012
D.R.
Anne Baquet passe du récital au conte
sans abandonner la musique. Cela donne
un spectacle très travaillé et bien réussi.
à sa nouvelle identité. Car c'est elle qui interprète tous les personnages, hormis un passage
durant lequel une voix off se fait entendre.
Il y a autant de fraîcheur que de talent !
Spectaculaire est la mise en scène, spécialement pour le premier tableau. Les éclairages
renforcent l'ambiance. On est dans un très beau
spectacle.
Outre son propre talent — indéniable —
Anne Baquet a demandé à des « pointures »
comme Jean-Claude Cotillard (metteur en
scène), Damien Nédonchelle (pianiste) ou
Jacques Rouveyrollis (lumières) de lui prêter
les leurs. Sans oublier les musiques de Thierry
Boulanger, Jérôme Charles, Thierry Escaich,
Charles Gounod, Juliette, André Pétroff, Philippe
Tasquin, Piotr Tchaïkovsky, Roland Vincent et
Reinhardt Wagner.
On est subjugué du début jusqu'à la fin,
même si au balcon l'acoustique est moins bonne
qu'à l'orchestre. On est pris par le spectacle, on
sourit régulièrement, à chaque fois qu'une pointe
d'humour touche en plein dans le mille. n
« Elle était une fois… Anne Baquet », nouvelle
création 2011. Avec Anne Baquet (voix) et Damien
Nédonchelle (piano). Vendredi et samedi (19h),
dimanche (11h30) jusqu'au 17 mars, au théâtre
du Ranelagh, 5, rue des Vignes, 75016 Paris, tél. :
01 42 88 64 44, www.theatre-ranelagh.com.
TÉLÉVISION
Another year
DR
Le monde de Narnia 3
Fantastique américain (2010) de Michael Apted, avec Georgie
Henley (Lucy Pevensie), Skandar Keynes (Edmund Pevensie),
Ben Barnes (le roi Caspian), Will Poulter, Tilda Swinton
(1h49). Diffusion le vendredi 20 janvier, sur Canal +, à 20h55.
La liste de Schindler
Pendant la guerre, l’industriel Oskar
Schindler est un intrigant sans scrupules.
 Malgré sa longueur, ce film spectaculaire et émouvant met en scène un personnage authentique, d’autant plus impressionnant, que c’est, au départ, un homme
déplaisant et intéressé. En choisissant le noir
et blanc, Steven Spielberg a laissé éclater
son talent de cinéaste, avec une mise en
scène à la fois spectaculaire et intimiste,
dans laquelle son inventivité est constante.
] La belle figure du comptable juif
et l’extraordinaire prise de conscience de
Schindler sont à mettre à l’actif d’un film
qui n’évite pas les scènes atroces ou
suggestives.
Drame américain en NB (1993) de Steven Spielberg, avec
Liam Neeson (Oskar Schindler), Ben Kingsley (Itzhak Stern),
Ralph Fiennes (Amon Goeth), Caroline Goodall, Embeth Davidzt
(3h10). Diffusion le jeudi 19 janvier, sur France 3, à 20h35.
Ce grand film plein de finesse
met en scène un couple de
sexagénaires très accueillant.
L
a simplicité est, souvent, la marque
de fabrique des très grands films,
car elle implique une construction
rigoureuse.
Dans leur jolie maison londonienne,
Tom et Gerri (ce sont leurs vrais noms !),
forment un couple harmonieux et
heureux qui aime recevoir ses amis et
son fils. Il y a là Mary, la collègue de
travail de Gerri, toujours un peu
paumée et seule, Ken, un ami d’enfance
de Tom, Joe, leur grand fils d’une trentaine d’années qu’ils aimeraient bien
voir marié, etc.
 Au fil des quatre saisons (Tom
et Gerry aiment à jardiner), Mike Leigh
nous fait partager la vie quotidienne de
ce couple et de leurs amis. Avec des
dialogues d’une grande justesse de ton
et une bande de comédiens sensation-
nels, le cinéaste parle de la vie quotidienne avec une grande simplicité,
mêlant rire et émotion. Cette chronique douce-amère met en scène des
personnages qui se débattent avec les
vicissitudes de leurs existences, et le
film passe ainsi de la tendresse à la
chaleur de l’amitié, puis, sans transition, à la cruauté. C’est toute la palette
des sentiments humains qui apparaît
sur les traits des différents personnages, et le cinéaste décrit une tranche
de vie avec justesse et sensibilité.
Magnifique !
(
Sans jamais juger quiconque,
le réalisateur montre chacun
dans son humanité
] Il y a beaucoup de chaleur hu–
maine et d’attention aux autres chez ce
couple, toujours prêt à écouter et à
compatir aux malheurs des autres. Sans
jamais juger quiconque, le réalisateur,
dont le regard est toujours plein de
tendresse, montre chacun dans son
humanité, avec ses beaux et ses
mauvais côtés. ■
Another year. Comédie dramatique britannique (2010)
de Mike Leith, avec Jim Broadbent (Tom), Ruth Sheen
(Gerri), Lesley Manville (Mary), Oliver Maltman (Joe),
Peter Wight (Ken), David Bradley (Ronnie), Karina
Fernandez (Katie) (2h05). Diffusion le mardi 17 janvier,
sur Canal +, à 20h55.
Aventures de médecine «Un visage, une vie»
Un accident (ou une maladie) peut détruire un visage.
En 2005, pour la première fois au monde, des équipes
médicales françaises ont réussi la première greffe
partielle d’un visage sur une femme.
] C’est cette aventure de médecine extraordinaire que nous raconte Michel Cymes, avec son
humour et son grand sens de la pédagogie. Pour cela,
il remonte jusqu’à la préhistoire, où la découverte d’un crâne de jeune fille permet d’affirmer que nos lointains ancêtres savaient fabriquer des prothèses et faire des trépanations.
Quant au Moyen Âge, les chirurgiens, qui étaient des barbiers (ou des «barbières» !) anesthésiaient leurs patients avec de l’opium et pratiquaient des opérations du nez. En même
temps, on suit toutes les étapes de la reconstruction d’un nez, coupé à la suite d’un
cancer. Malgré quelques images impressionnantes, ce magazine est passionnant.
Pulsations - TFV - CNC
Pendant que Londres est sous le Blitz, Lucy
et Edmund habitent chez un oncle. Là, ils
doivent supporter la présence de leur cousin
Eustace, aussi odieux que prétentieux.
] Les images sont magnifiques,
tout comme les effets spéciaux, et elles
servent une histoire mouvementée et pleine
de rebondissements. Le personnage insupportable d’Eustace est très amusant et volerait presque la vedette à ses deux jeunes
cousins. Mais il y a quelques longueurs, et
l’on regrette que le scénario ne soit pas
plus explicite sur bien des questions.
] On retrouve, dans ces aventures,
l’inspiration chrétienne de C. S. Lewis, avec le
courage, la solidarité, le dépassement de soi
et la résistance à la tentation. Mais certains
monstres risquent d’effrayer les tout-petits.
par Marie-Christine
RENAUD d’ANDRÉ
Magazine français (2011) présenté par Michel Cymes, mise en scène par Bernard Faroux, avec le professeur Laurent Lantieri
(1h30). Diffusion le lundi 16 janvier, sur France 3, à 20h35.
FRANCECatholique n°3289 13 janvier 2012
35
tÉLÉviSion
TF1
20.50 Les enfants de la télé.
Dimanche 15 janvier
Lundi 16 janvier
Mardi 17 janvier
TF1
TF1
TF1
20.50 L’œil du mal GA. Thriller
20.50 Une famille formidable
«Vive la crise !» GA. Téléfilm avec
DR
FTV - Jacques Morell
Divertissement présenté par Artur,
(2008) de D. J. Caruso, avec Shia
avec José Garcia, Bruno Solo, Léa
LaBeouf, Michelle Monaghan
Anny Duperey, Bernard Le Coq,
Drucker, Richard Anconina, Vincent (1h53) 2. __] Original et bien
Béatrice Agenin. __] SympaElbaz, Gilbert Melki, Enrico Macias, mené, mais assez angoissant.
thique et amusant, mais outrancier
Aure Atika, Michèle Bernier,
23.00 Banlieue 13 GA. Aventures
et banalisant l’homosexualité.
Antoine de Caunes.
(2004) de P. Morel (1h21) 3.
22.45 Esprits criminels. Série 3.
23.20 Les experts, Miami 3.
__] De belles cascades, mais un
01.05 Au Field de la nuit, avec Éric
langage obscène.
Lemasson, B. Kernel, Régis Jauffret,
France 2
Guy Bedos et Pierre Richard,
20.35 Les stars du rire
F. Beigbeder, Gaspard Proust.
Émissions
religieuses
:
s’amusent. Divertissement
France 2
de P. Sébastien, avec Anthony 08h30 Émissions religieuses : «Sagesses bouddhistes», «Islam», «Judaïca», «Chrétiens orientaux», 20.35 Castle : «Mort d’une
Kavanagh, Stéphane Rous«Présence protestante» - 10h30 Le jour du Seigneur. miss», «Le troisième homme»,
seau, J.-L. Lemoine, Cauet,
Magazine avec Albert Jacquard (et à 11h30) Raphaël Mezrahi, Patrick
«Duel à l’ancienne» GA. Série
Sébastien, Anne Roumanoff, 10h45 Messe en direct d’Ixelles (Belgique).
avec Nathan Fillion, Stana
Liane Foly, etc.
Katic. __ Bien ficelé.
France 2
22.55 On n’est pas couché.
22.50 Mots croisés. Magazine
20.35 Public enemies GA. Policier
Magazine de Laurent Ruquier.
présenté par Yves Calvi.
(2009) de M. Mann, avec Johnny
00.30 La petite renarde rusée.
France 3
Depp, Christian Bale, Marion
Opéra de Leos Janacek, avec Elena
Cotillard (2h15) 3. __] Brillant, Tsallagova, Jukka Rasilainen.
mais sans émotion et désespéré.
France 3
22.55 Non élucidé «Les meurtres
20.35 Aventures de médecine
mystérieux de Perpignan».
«Un visage, une vie» GA. Magazine
France 3
présenté par Michel Cymes. (voir
20.35 Inspecteur Barnaby «Hors
notre analyse page 35)
circuit» GA. Série avec Neil Dud20.35 Climats «Les orages de la
22.40 Ces Français qui ont choisi
geon, Jason Hughes 2. __ Le
passion» GA. Téléfilm d’après
Hitler. Documentaire.
héros change, mais l’humour est
André Maurois, avec Yannick
Arte
toujours là. Une scène sensuelle.
Renier, Raphaëlle Agogué, Ludmila
22.40
Inspecteur
Barnaby
«Danse
Mikaël, Macha Méril. (voir notre
avec la mort» GA. Série avec John
analyse ci-contre)
Nettles, Jason Hughes 2. __]
22.20 La passion selon Didier Ø.
Pittoresque, mais lent.
Téléfilm avec Clémentine Célarié,
00.15 Les héros du dimanche.
Daniel Russo (1h30). __]]
Drame en NB et VO (1953) de
L’histoire est émouvante, bien
Mario Camerini, avec Raf Vallone
interprétée et met en scène un
20.35 La dame de Shanghai GA.
(1h35).
prêtre attentif aux autres. Très
Drame en NB (1947) de et avec
opposée à la position de l’Église en
Arte
Orson Welles, et avec Rita
matière de mariage des prêtres
20.45 Le parrain 2 A. Drame
Hayworth (1h23). ___ Un film
(allant jusqu’à dire que Rome est
(1974) de F. Ford Coppola, avec Al
baroque et somptueux, à l’interopposé à Dieu et à l’amour !), cette
Pacino, Robert Duvall (3h12).
prétation magistrale.
œuvre met en scène un supérieur
___] Une fresque magistrale
22.05 Assurance sur la mort GA.
très laxiste en la matière. À éviter !
et des comédiens exceptionnels.
Policier (1944) de Billy Wilder
00.30 Appassionata «Une journée
Mais que de violences !
avec Fred MacMurray, Barbara
avec… Laurent Naouri».
00.05 Une histoire de la Mafia
Stanwyck (1h47). ___] Ce
(2/2) GA. __] Intéressant, malArte
somptueux film noir met en scène
gré une critique pénible de l’Église.
20.45 L’aventure humaine
des personnages très amoraux.
«Grande histoire des océans» J.
M6
M6
Documentaire (2h36). __] Si la
20.50 Zone interdite «Ils construi20.50 L’amour est dans le pré.
théorie de l’évolution est au cœur
sent la maison de leur rêve pour
Magazine.
de ce film, il est précisé qu’il y a
changer de vie». Magazine.
22.30 L’amour vache GA. Téléfilm
autant de théories que de scienti22.45 Enquête exclusive «Nouavec Delphine Chanéac, Thierry
fiques. C’est passionnant et
veau look, nouveaux dangers : Le
Neuvic (1h30). __] Amusant,
superbe, mais mal doublé et un peu retour des extrémistes en Europe».
mais prévisible et un peu sensuel.
pompeux.
Canal +
Canal +
23.25 Tracks.
21.00 Football «Marseille/Lille».
20.55 Camelot (3 et 4/10) A/Ø.
M6
Série avec J. Campbell Bower 2.
KTO
20.50 NCIS . Série avec C. O’Don_]] Décevant et complaisant.
20.40 La foi prise au mot «Diable
nell 2.
KTO
et
démons»,
avec
le
père
Maxime
Canal +
d’Arbaumont et le père Laurent
20.40 Goulag, la mémoire enfer21.00 Football «Multiplex».
Sentis.
mée. Documentaire.
KTO
21.45 Le paysan de Dieu.
21.45 Un cœur qui écoute
20.40 VIP «Amiral Olivier Lajous».
22.40 Les mardis des Bernardins
«Suzanne Giuseppi-Testut».
21.40 Concert «La folle journée de
«Le sport, vecteur de violence ou de 22.25 Hors-les-murs «Pauline JariNantes 2009 : Concert de clôture».
cohésion sociale ?».
cot et le renouveau missionnaire».
36 FRANCECatholique n°3289 13 janvier 2012
20.50 Les experts, Manhattan :
«Business familial», «Après la
bataille», «Le dernier festin». Série
avec Gary Sinise 2.
23.20 Pascal, le grand frère.
Magazine.
France 2
20.35 Le cinquième élément GA.
Science-fiction (1997) de Luc Besson, avec Bruce Willis, Milla Jovovich (2h). __] C’est bien fait et
très spectaculaire. Mais le côté
«être suprême» est gênant.
22.50 Infrarouge : «Jeux criminels
3», «Mes parents, leur divorce et
moi». Documentaires.
France 3
DR
Samedi 14 janvier
20.35 Famille d’accueil : «Ying et
Yang», «Nage libre» GA. Série avec
Virginie Lemoine, Christian Charmetant, Samantha Rénier. __
Cette nouvelle saison est réussie,
avec des personnages sympathiques
et une héroïne très pédagogique.
On y voit même des Chinois critiquer le laxisme des Occidentaux
en matière d’éducation.
23.00 Ce soir (ou jamais !). Magazine présenté par Frédéric Taddéï.
Arte
L’euro, une monnaie en sursis ?
20.40 L’effet domino «L’euro sur le
fil». Documentaire.
22.15 Débat.
22.45 Le dessous des cartes
«Conflits 2030 (2) : Les lieux».
23.00 1954-1964 : Les bombes H
de la guerre froide J. __ Ce
documentaire, assez technique, est
passionnant. On y voit les seules
images filmées de l’explosion de la
bombe d’Hiroshima.
M6
20.50 Cauchemar en cuisine.
Magazine avec Philippe Etchebest.
22.05 Le chef en Bretagne. Magazine présenté par Cyril Lignac.
Canal +
20.55 Another year J. Comédie
dramatique (2010) de Mike Leigh,
avec Jim Broadbent, Ruth Sheen,
Lesley Manville, Oliver Maltman,
Peter Wight, David Bradley (2h05).
(voir notre analyse page 35)
KTO
20.40 Les Mardis des Bernardins
«L’art s’enseigne-t-il ?».
21.45 Caravage, une vie en clairobscur (1/2) «Rome».
22.25 VIP «Amiral Olivier Lajous».
tÉLÉviSion
Mercredi 18 janvier
Jeudi 19 janvier
vendredi 20 janvier
TF1
20.50 Grey’s anatomy : «Ques-
20.50 Les 100 plus grands…
russes», «Mort d’un ange», «Soleil
trompeur» GA. Série avec Serena
Rinaldi, Marc Grosy, Thomas Cerisola 2. _ Une série décevante,
avec des retours en arrière inutile
et beaucoup d’invraisemblances.
23.25 New York, unité spéciale.
Série avec Christopher Meloni 3.
France 2
20.35 Envoyé spécial : «Un rabais,
sinon rien», «Haïti, tribunal en sursis». Magazine présenté par Guilaine Chenu et Françoise Joly.
22.05 Complément d’enquête
«Vieilles canailles». Magazine présenté par Benoît Duquesne.
23.10 Avant-premières présenté
par Élisabeth Tchoungui.
France 3
«Drôles et sexy». Divertissement
présenté par Christophe Dechavanne et Sandrine Quétier.
23.20 C’est quoi, l’amour ? Ma–
gazine présenté par C. Rousseau.
France 2
DR
DR
tions-réponses», «La pression
monte», «Garde de nuit» GA. Série
avec Ellen Pompeo, Patrick Dempsey, Sandra Oh 2. __] Il y a des
cas médicaux intéressants dans ces
épisodes prenants, mais qui banalisent l’homosexualité.
23.15 Nikita. Série 3.
France 2
20.35 Nos retrouvailles GA. Téléfilm avec Fanny Ardant, Charles
Berling, Laurent Grévill, Jean-Pierre
Marielle... _] On peut être sous
le charme de la belle Fanny Ardant
ou trouver son interprétation très
artificielle, dans cette œuvre peu
palpitante et pessimiste.
22.10 Secrets de famille. Magazine présenté par V. Guilhaume.
France 3
20.35 Des racines et des ailes
«Passion patrimoine : Un voyage en
France de la Camargue à la Bretagne» J. Magazine présenté par
Louis Lafarge. __ Un superbe
voyage.
23.05 L’ombre d’un doute «Napoléon : L’énigme du tombeau».
Arte
20.35 Louise-Michel GA. Comédie
(2008) de Gustave Kervern et
Benoît Delépine, avec Yolande
Moreau (1h31). _ L’idée de départ
est amusante, mais le rire est rarement au rendez-vous.
22.10 Coming home «75e anniversaire de l’Orchestre Philharmonique d’Israël».
23.10 La boîte de Pandore J.
Drame (2008) de Yesim Ustaoglu,
avec Tsilla Chelton, Derya Alabora
(1h49). __] Dommage que le
rythme soit lent dans cette œuvre
poignante sur la vieillesse.
M6
20.50 Maison à vendre. Magazine
présenté par Stéphane Plazza.
Canal +
20.55 Paul GA. Comédie (2010) de
Greg Mottola, avec Simon Pegg,
Nick Frost (1h40) 2. __] Drôle
et bourré de clins d’œil à la
science-fiction, mais très grossier.
KTO
20.40 Terra sancta, gardiens des
sources du salut (3).
21.50 Églises du monde.
22.15 La foi prise au mot «Diable
et démons».
20.35 La liste de Schindler GA.
RaDioS
TF1
20.50 Interpol : «Les poupées
FTV - Bernard Barbereau
TF1
Drame en NB (1993) de Steven
Spielberg, avec Liam Neeson, Ben
Kingsley, Ralph Fiennes, Caroline
Goodall, Embeth Davidtz (3h10) 2.
(voir notre analyse page 35)
Arte
20.35 Les Tudors (3 et 4/8) A.
Série avec Jonathan Rhys Meyers,
Henry Cavill, Sarah Bolger 3.
___] C’est très brillant, mais
avec une scène très suggestive et
une autre de torture dans le premier épisode.
22.15 Le dépistage du cancer en
question. Documentaire.
23.10 Les gars et les filles «Les
lovers».
M6
20.50 Criminal minds : «Le complexe de Dieu», «Ne pas faire de
promesse», «Dévotion». Série avec
Forest Whitaker, Matt Ryan 3.
23.15 Les nouveaux visages de
la prostitution (2/3) 3.
Canal +
20.55 Terra Nova (1, 2 et 3/13) GA.
Série avec Jason O’Mara, Shelley
Conn. __] Cette série de
science-fiction, produite par Spielberg, plonge les héros 85 millions
d’années avant J.-C. C’est prenant,
mais un peu lent à démarrer.
KTO
20.40 Face aux chrétiens. Forum
politique des médias chrétiens.
21.45 À la source.
22.25 Concert «La folle journée de
Nantes 2009. Concert de clôture :
Schütz - Buxtehude - Bach».
20.35 Nicolas Le Floch «L’affaire
de la rue des Francs-Bourgeois»
GA. Téléfilm avec Jérôme Robart,
Mathias Mlekus, Didier Sandre,
Sarah Le Picard (1h35) 2. __
C’est superbe, avec de beaux
décors et costumes, des dialogues
élégants et beaucoup d’humour.
22.25 Flashpoint (5 et 6/13) GA.
Série avec Hugh Dillon 2. __]
Prenant, mais affreux.
23.55 Taratata. Divertissement de
Nagui, avec Thomas Dutronc.
France 3
20.35 Thalassa. Divertissement
présenté par Georges Pernoud,
Laurent Bignolas et Sabine Quindou, en direct du Croisic.
23.30 Les grands du rire. Divertissement de Yves Lecoq, avec Liane
Foly, Roland Magdane, Nicole Croisille, François Morel, etc.
Arte
20.35 Beyrouth hôtel A/Ø. Téléfilm en VO avec Charles Berling, D.
Hamzé (1h34). _]] Peu palpitant et avec des scènes érotiques.
22.10 La deuxième femme A.
Téléfilm avec Monica Bleibtreu,
Matthias Brandt, Maria Popistasu,
Sven Pippig (1h28). __] Cette
histoire émouvante et bien filmée
analyse les liens familiaux avec
justesse. Une scène triviale.
M6
20.50 NCIS : «Opération “Chant
d’oiseau”», «Le jugement dernier»,
«Beauté volée». Série avec Mark
Harmon, Michael Weatherly 2.
Canal +
20.55 Le monde de Narnia, chapitre 3 «L’odyssée du passeur d’aurore» J. Fantastique (2010) de M.
Apted, avec Georgie Henley, Skandar Keynes (1h49). (voir notre analyse page 35)
KTO
20.40 Sel & Lumière «Mgr Gérald
Cyprien Lacroix».
21.45 La vie des diocèses «Mgr A.
Marceau - Diocèse de Perpignan».
22.25 Goulag, la mémoire enfermée. Documentaire.
Radio Notre-Dame
Samedi 14 janvier 6h54 et 8h50 et
dimanche 15 janvier 9h et 11h56 :
« Le billet de Tugdual Derville ».
Lundi 16 au jeudi 19 janvier
7h03 et 8h15 : Écoutez la chronique
de Gérard Leclerc.
Samedi 14 janvier
7h30 à quoi ça sert l’église ?, présenté par Sylvain Sismondi «Les
forces et les faiblesses du témoignage dans la transmission de la
foi», avec Laurent Gay.
Dimanche 15 janvier
21h Un prêtre vous répond, avec
le Père Delort Laval.
Mardi 17 janvier
22h écoute dans la nuit, présenté
par Chantal Bally «Vrais et faux
visages du Christ», avec le Père
Stan Rougier (éducateur, écrivain,
conférencier).
Mercredi 18 janvier
14h30 à quoi ça sert l’église ?, présenté par Sylvain Sismondi «Tout
sur le Notre-Père», avec l’abbé
Simon Chouanard. (Diffusion
samedi 21 janvier à 7h30).
22h écoute dans la nuit «Tous
nous serons transformés par la
victoire de Notre Seigneur JésusChrist» (1 Cor15), (thème de la
semaine de l’unité des chrétiens) ,
avec le Pasteur Philippe Auzenet
(ministère itinérant auprès des personnes en souffrance.)
France Culture
Dimanche 15 janvier
10h Messe. «2e Dimanche ordinaire», depuis la basilique de
Saint Denis, 1 place de la Légion
d’Honneur, 93200 Saint-Denis.
Prédicateur : Mgr Pascal Delannoy.
Marie BIZIEN
sur France 3
Samedi 14 janvier à 20h35
Climats GA
En 1934, Philippe, un fils de famille,
est tombé amoureux d’une jeune
inconnue, qu’il décide d’épouser,
au grand dam de ses parents.
__ Cette adaptation d’André
Maurois est assez élégante et fait
revivre l’époque de l’avant-guerre.
C’est aussi la description de la
montée en puissance du drame de
la jalousie.
_] Les mœurs sont assez libres
dans cette histoire, mais, s’il est
fait allusion à un avortement, un
personnage préconise la méthode
Ogino pour avoir des enfants.
T : Toutpublic
Repères
J : Adolescents
GA: Grandsadolescents
A : Adultes
Ø : Œuvre(ouscène)nocive
_: Elémentpositif
]: Elémentnégatif
FRANCECatholique n°3289 13 janvier 2012 37
BLOC-NOTES
Paris
✔ L'Université de la Vie-Alliance
VITA, BP 10267, 75424 Paris
Cedex 9, donne un cycle de 5
soirées de formation à la bioéthique, 6 rue Albert de Lapparent
75007 Paris, les lundis 16, 23,
30 janvier, 6 et 13 février 2012
(20h30-22h30), pour adultes et
étudiants, désireux d'approfondir les questions d'accueil de
la vie, de bioéthique et de fin
de vie, dans une approche qui
respecte la vie, avec le Docteur
Xavier Mirabel, Tugdual Derville,
Caroline Roux, Ségolène du
Closel, Henri de Soos. Rens./inscription obligatoire : contact@
universitedelavie.fr, ✆ 01.45.23.
08.29, www.alliancevita.org
www.universitedelavie.fr
✔ À la paroisse Saint-Pierre-duGros-Caillou, 75007 Paris, le 6e
colloque, ouvert à tous, sur l’actualité de la doctrine
Cadeau sociale de l’Église, a
lieu le 11 février, sur le thème
«Crise économique, crise politique, crise morale ?», organisé par la Fondation de Service
Politique, et l'Association des
Économistes Catholiques. Avec
Francis Jubert (président de l’Association pour la Fondation de Service
Politique), Mgr Éric de MoulinsBeaufort (évêque auxiliaire de
Paris), Jean-Yves Naudet (Président
de l’Association des économistes
catholiques) , Damien Le Guay
(philosophe, maître de conférences
à HEC)... Entrée libre, participa-
tion aux frais demandée. Rens. :
[email protected]
http://www.libertepolitique.com
http://aecfrance.new.fr
✔ Le Mouvement Résurrection
vous propose, une fois par mois,
de participer à sa soirée spirituelle, au Bon Conseil, 6 rue
Albert de Lapparent, 75007
Paris : (19h30) buffet, (20h15)
enseignement, (21h15) adoration du Saint-Sacrement. Les
prochaines dates et thèmes : 16
janvier «Les saintes Écritures»,
✂
13 février «La Tradition», 19
mars «Présenter la vérité révélée», 30 avril «L'assimilation
de la Révélation» et 14 mai
«L'apocalypse». Rens. :
✆ 0 6 . 6 2 . 6 4 . 5 2 . 9 4 . w w w.
mouvement-resurrection.org
✔ Colloque avec le Mouvement
Résurrection le 25 janvier (19h21h), à l’Espace Bernanos, 4 rue
du Havre, 75009 Paris « L'appel
des chrétiens de Terre Sainte »,
avec Mgr Giacinto-Boulos Marcuzzo (Vicaire patriarcal pour Israël,
évêque latin de Nazareth) , Mgr
Philippe Brizard (Prélat de Sa
Sainteté, ancien Directeur de l’Œuvre
d’Orient), le Père Michel Gitton
(animateur de pèlerinages, recteur de
la Collégiale St-Quiriace à Provins...).
Rens. : [email protected]
ou ✆ 01.60.58.46.50. www.
mouvement-resurrection.org
✔ Les poètes honorent Laurent
Terzieff, par un hommage qui
se tiendra le 28 janvier (16h), en
l'église Saint-Germain-des-Prés,
3 pl. Saint-Germain-des-Prés,
75006 Paris, sous le parrainage
de Jean-Pierre Siméon (Président
du Printemps des Poètes) . Une
vingtaine de poètes français ou
étrangers, parmi lesquels Charles
Juliet, Jean-Pierre Siméon,
Charles Dobzynski, Lionel Ray,
Philippe Delaveau... ont chacun
écrit un poème en souvenir de
l’acteur et de l’ami. Les poèmes
seront lus sur scène par Michael
Lonsdale. Ponctuation musicale
chantée (courtes compositions
et improvisations) par Paula
Mesuret. Entrée libre. Rens. :
[email protected]
✔ Le Collège des Bernardins,
20 rue de Poissy, 75005 Paris,
organise une journée d’étude,
le 28 janvier (9h-18h), "Santé,
Éthique et Foi" sur le thème
«Quelle espérance dans la souffrance ?». La maladie et la souffrance dans ses formes multiples
mettent à l’épreuve les convictions sur le sens de la vie. Avec
l’espérance, ceux qui souffrent
semblent trouver un apaisement,
parfois même une joie intime
qui leur donne de tenir envers
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Catholique
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d’accès et de rectification aux informations vous concernant. Par notre intermédiaire, vous pouvez être amenés à recevoir des propositions d’autres entreprises. Si vous ne le souhaitez pas, il suffit de nous écrire ou de nous téléphoner et il en sera tenu compte immédiatement.
et contre tout... Avec Emmanuel
Falque (doyen de la faculté de phi-
losophie, Institut Catholique de
Paris), Hombeline Grimault (infirmière, Hôpital Saint-Joseph à Paris),
Philippe Le Bourgeois (médecin,
Hôpital Saint-Joseph) , Père JeanChristophe Vinot (aumônier, Hôpital
Georges Pompidou), Mgr Renauld
de Dinechin (évêque auxiliaire
de Paris) . Entrée 25 €. Rens. :
✆ 01.53.10.74.44.
✔ «Construire ou déconstruire
l'Humanité», "L'éducation face
aux nouvelles idéologies" est le
titre du 12 e Congrès, organisé
par Communion des Éducateurs
Chrétiens (8, av. César Caire,
75008 Paris), en collaboration
avec l’Enseignement catholique
de Paris, qui se déroulera les 28
et 29 janvier, au Collège Fénelon
Sainte-Marie, 47, rue de Naples,
75008 Paris. Avec des conférences «La théorie du Genre,
lecture critique», par Thibaud
Collin (philosophe), «L’école et la
personne», par Evelyne Martini
(inspectrice d’académie) , «L’échec
de l’athéisme. La légitimité de
l’homme», par Rémi Brague
(philosophe) , «Quelle réponse
chrétienne aux nouvelles idéologies ?», par Jean-Noël Dumont
(philosophe) ; des témoignages
«L’accueil de la vie sans condition», par Marie-Noëlle Couderc
(directrice de Tom Pouce [centre
d’accueil de mères en difficulté]) ;
un récital spirituel «Le chant du
feu», poésie et chant sacré par
Éric de Rus, Marie Golhen et ses
filles. Part./frais : adulte 35 €,
étudiant 15 €, couple 50 €.
Rens. : 06.63.79.15.16.
http://communioneduc.free.fr
Bouches-du-Rhône
✔ La Pastorale familiale du
diocèse de Marseille organise, une veillée de prière au
cours de laquelle Alex et Maud
Lauriot Prévost (fondateur du
site "l'Évangile pour le couple")
témoigneront sur «Jésus qui vient
sauver le couple et la famille»,
le 17 janvier (20h30) au Centre
le Mistral, 11 impasse Camille
Flammarion, 13001 Marseille.
Entrée 5 €. Rens. : Sylvie
Davieau, ✆ 06.99.49.23.87.
Pèlerinage
✔ Le Foyer de Charité NotreDame de Lacépède, 47450
Colayrac-Saint-Cirq, ✆ 05.53.66.
86.05, fax 05.53.66.10.02, organise, du 1 er au 12 mai 2012,
avec le Père Dominique Bostyn,
un pèlerinage-retraite en Terre
Sainte : Sinaï, en Égypte et Israël.
Pour passer un communiqué,
contactez : [email protected]
fax 01.46.30.04.64 ou inscrivez-le sur :
www.france-catholique.fr
SERVICE ABONNEMENTS
Pour les abonnements par chèque, virement ou prélèvement,
pour un changement d'adresse ou pour toute autre question relative à
votre abonnement en cours, il vous faut joindre :
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[lundi au jeudi 9h-13h et 14h-18h et vendredi 9h-13h et 14h-17h]
Fax : 01.40.94.22.32 - courriel : [email protected]
En revanche, pour un abonnement par carte bleue,
le téléphone est : 01.46.30.37.38.
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Kerkhove, chaussée de Dottignies 50 7730 Estaimpuis, tél. 056. 330585,
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Le journal ne rembourse pas les abonnements interrompus du fait de
l'abonné / Ne paraît pas en août.
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Président : Hervé Catta - Directeur gl., dir. de la publication : Frédéric Aimard (✆ 06.
77.90.36.20) - Éditorialiste : Gérard Leclerc - Rédaction : Tugdual Derville - Grégoire
Coustenoble - Secrétaire de rédaction : Brigitte Pondaven.
Imprimé par IPPAC-Imprimerie de Champagne, ZI les Franchises, 52200 Langres
Les documents envoyés spontanément ne sont pas retournés.
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FRANCECatholique N°3289 13 JANVIER 2012
39
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Paiements par carte bancaire, tél. : 01.46.30.37.38.
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Brunor : « LE MONT ST-MICHEL SAUVÉ DES SABLES »
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gérard leclerc : « aBéCéDaire Du teMps présent »
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gérard leclerc : « ROME ET LES LEFEBVRISTES »
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Hervé Marie Catta : « la nouvelle évangélisation »
22,00 e x
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