Mémoire Stage PRV 3 Année 2008 – Promotion 2 Développement Durable et Sécurité incendie Tuteur : Lieutenant Colonel Georges THILL Stagiaires : Commandant Stéphane HURIET : Capitaine François-Marie BROCHARD : Capitaine Fabien SOUBIRAN : SDIS du Haut Rhin Brigade de Sapeurs-Pompiers de Paris SDIS de l’Aube Sommaire Introduction 6 PARTIE 1 : LE DEVELOPPEMENT DURABLE 7 1-1 Le développement durable dans les textes 7 1-1-1 : Vers un ancrage de la notion de développement durable 7 1-1-2 : Développement durable : obligations et incitations 1-1-2-1 : Obligations 1-1-2-2 : Incitations 8 8 9 1-2 Le développement durable dans la construction 10 1-2-1 : Les matériaux et éléments de construction 1-2-1-1 Structures 1-2-1-2 Couvertures 1-2-1-3 Façades 1-2-1-4 Autres innovations de gros œuvre 1-2-1-5 Isolation Phonique 1-2-1-6 Isolation Thermique 1-2-1-7 Produits verriers 1-2-1-8 Systèmes d’occultation et de contrôle solaire 1-2-1-9 Revêtements de sols et de murs 1-2-1-10 Le mobilier 10 10 11 12 13 13 13 14 14 15 15 1-2-2 Les équipements techniques 1-2-2-1 Eau – Plomberie 1-2-2-2 Chauffage 1-2-2-3 Ventilation – Climatisation 1-2-2-4 Electricité 1-2-2-5 Autres installations techniques 15 16 16 17 18 19 PARTIE 2 : L’ARCHITECTURE DURABLE ET LE RISQUE INCENDIE 20 2-1 Les problèmes posés sur le plan réglementaire 20 2-1-1 Peut-on avoir du recul lorsqu’on vit le changement ? 2-1-2 Les constructions « durables » et le texte 2-1-2-1 Les non-conformités dans les ERP 2-1-2-2 Les non-conformités dans les habitations 2-1-2-3 L’absence de référentiel réglementaire 2-2 Les problèmes posés sur le plan technique vis-à-vis du risque incendie 20 21 21 22 23 24 2-2-1 L’éclosion des incendies 24 2-2-2 Le développement de l’incendie 25 2-2-3 La propagation de l’incendie 2-2-3-1 Propagation par l’intérieur 25 25 2 2-2-3-2 Propagation par l’extérieur 2-2-3-3 Propagation par conduction 26 27 2-2-4 Le risque pour l’évacuation des occupants de l’immeuble 27 2-2-5 Les difficultés pour l’intervention des secours 28 PARTIE 3 : SOLUTIONS REGLEMENTAIRES ET TECHNIQUES 29 3-1 Solutions apportées aux problèmes posés par l’application réglementaire 29 3-1-1 La voie dérogatoire, la démarche par objectif 29 3-1-2 Le recours à d’autres référentiels 3-1-2-1 : les avis techniques 3-1-2-2 : les autres règlements européens 30 30 32 3-2 Quelques solutions techniques 33 3-2-1 Le recours à l’Ingénierie de la Sécurité Incendie (ISI) 33 3-2-2 Le recours aux normes 34 3-2-3 Autres solutions techniques 3-2-3-1 L’extinction automatique à eau de type Sprinkler 3-2-3-2 La détection incendie 3-2-3-3 La ventilation naturelle 3-2-3-4 La récupération des eaux pluviales 35 35 36 36 36 3-2-4 Renforcer le lien entre la prévention, la prévision et l’opération 37 3-3 Solutions plus transversales et organisationnelles 3-3-1 réflexions d’ordre général 37 37 3-3-2 Solutions concrètes 38 3-3-2-1 Création d’un groupe pilote « Développement durable et sécurité incendie » 38 3-3-2-2 Intégration du « développement durable » dans les formations des sapeurs-pompiers 38 Conclusion 39 Glossaire 40 Bibliographie 43 Annexes 44 3 Rappel du sujet "L'intégration de la démarche de développement durable dans les grands projets immobiliers est une tendance forte et inéluctable. Qu'il s'agisse des façades ou des toitures, végétalisées ou photovoltaïques, des parois en bois ou en composés végétaux, de la récupération et du stockage des eaux de pluie ou des déchets, de nouvelles contraintes apparaissent pour la sécurité contre les risques d'incendie et de panique. Après un inventaire des problèmes posés par la démarche environnementale au préventionniste, vous exposerez quelles solutions techniques peuvent être préconisées puis vous proposerez des évolutions réglementaires permettant une cohabitation raisonnée de cette nouvelle façon de construire et de la sécurité incendie." Résumé Pour ce qui concerne la France, le bâtiment représente chaque année (1): - 21% des émissions de gaz à effet de serre (GES) ; - 43% des consommations d’énergie ; - 40% des déchets produits (y compris les déchets ménagers mais hors déchets industriels) ; - 4,7% de la surface du territoire national ; - 18% des prélèvements d’eau correspondant à la consommation d’eau potable. La question de la consommation d’énergie est largement intégrée dans la filière construction, même si des efforts importants restent à faire dans l’habitat existant. Les conférences internationales relatives au développement durable, le Grenelle de l’environnement en France, sont des signes fort de la volonté politique dans le domaine. Cette démarche est inéluctable et exprime un enjeu majeur pour les générations futures. Les textes applicables en la matière et les nouvelles techniques de construction mises en œuvre peuvent avoir une influence sur la sécurité incendie tant pour les établissements recevant du public (ERP) et les immeubles de grande hauteur (IGH), que pour les habitations ou les industries. Les acteurs de la prévention et en premier lieu les préventionnistes se trouvent confrontés à des difficultés sur le plan réglementaire pour analyser des non conformités aux textes ou appréhender des « vides juridiques ». Des difficultés techniques apparaissent également. Elles sont liées aux innovations constantes en matière de développement durable mais aussi au manque de connaissance des préventionnistes. Enfin, ce changement de mode de construction engendre de nouveaux risques, en particulier suite au renforcement de l’isolation des constructions qui contribue à confiner l’incendie. Toutefois, pour faire cohabiter de façon raisonnée les impératifs de développement durable mais aussi de sécurité incendie, il est nécessaire de conserver nos règlements de sécurité comme socle de base. En effet, ils répondent à de nombreux problèmes posés mais il convient de les uniformiser puis de les adapter en faisant appel à d’autres références comme les règlements de nos voisins européens ou bien en y intégrant des solutions techniques innovantes (ingénierie de la sécurité incendie, détection incendie, sprinkler résidentiels, …). Enfin des mesures plus organisationnelles et transversales doivent accompagner cette démarche pour ne pas subir l’évolution mais pour que les acteurs de la prévention des incendies deviennent des acteurs du développement durable. (1) Source : Bureau d’informations et de prévisions économiques (BIPE). 4 Remerciements Nos remerciements vont en premier lieu à notre tuteur, le lieutenant-colonel Georges THILL, du service départemental d’incendie et de secours du Haut-Rhin, pour ses conseils et ses explications. Nous tenons également à remercier nos directeurs départementaux et chefs de services pour les autorisations et aménagements qu’ils nous ont accordés. Nous souhaitons remercier toutes les personnes qui nous ont apporté leur aide et qui ont contribué à l’élaboration de ce mémoire et plus particulièrement : - - Monsieur Hervé THEPHANY, ingénieur spécialiste du comportement au feu des matériaux, Direction de la Défense et de la Sécurité Civile ; Monsieur Bernard HOGNON, responsable des études réglementaires au Centre Scientifique et Technique du Bâtiment ; Les responsables départementaux des services prévention qui nous ont apporté des éclairages sur les projets en cours ; Monsieur Philippe CARRIER, responsable sécurité incendie du centre hospitalier universitaire de Rouen ; Monsieur Yves MARTIN, chef de division adjoint, Centre Scientifique et Technique de la Construction, Belgique ; Mais aussi, les intervenants de l’Ecole Nationale Supérieure des Officiers de SapeursPompiers ainsi que le au lieutenant-colonel Jean-Paul SPIESS et son équipe pour leur accueil, leur disponibilité et leur implication durant toute notre formation. Pour finir, nous tenons à remercier, tout particulièrement, nos épouses respectives qui ont fait preuve de beaucoup de compréhension et de patience. 5 Introduction « (…) Et puis une politique massive d’investissement dans le bâtiment. C’est une priorité et c’est une urgence. Nous voulons la réduction de la consommation de l’énergie par les bâtiments. » C’est ainsi que M. Nicolas SARKOZY, Président de la République, a évoqué, à l’occasion de la restitution des conclusions du Grenelle de l’environnement, le jeudi 25 octobre 2007 au Palais de l’Elysée, ce que d’aucun appelle le «développement durable dans les projets immobiliers ». La France est donc appelée, par la voix de son Président, à s’engager clairement vers un immobilier plus respectueux de l’environnement avec pour objectif de construire à l’horizon 2020 des « bâtiments (…) à énergie positive ». Mais des étapes intermédiaires vont s’appliquer très rapidement puisque la «norme basse consommation » (moins de 50 kWh par an et par m2) devrait être imposée à toutes les constructions neuves dès la fin 2012 et par anticipation dès la fin 2010 à tous les bâtiments publics et tertiaires. Le mouvement « développement durable » semble donc aller au-delà des simples discours d’intention. Déjà fleurissent ici et là des nouveautés dans les projets immobiliers français : façades et toitures végétalisées ou garnies de panneaux photovoltaïques, éoliennes sur les bâtiments, parois en bois ou composés végétaux, récupération et stockage des eaux de pluie, des déchets, … Les exemples abondent et ne sont sans doute que le début de la mise en pratique d’une réflexion jusqu’alors plutôt confidentielle au niveau de l’hexagone. Au-delà de la France, c’est le Monde qui s’engage dans cette voie, avec déjà quelques projets ambitieux, voire révolutionnaires : - les Emirats Arabes Unis, Abou Dhabi, projet de 10 milliards d’euros pour construire une ville en plein désert qui serait la Sillicon Valley des énergies renouvelables ; - la Chine, Dongtan, projet de ville écologique susceptible d’accueillir 50 000 personnes en 2010 ; - l’Angleterre, Sutton, projet BedZed (Beddington zero emission development), quartier mixte dense générant zéro émission polluante ; -… Et surtout, il faut noter que cette approche « développement durable », nouvelle en France ou du moins « officiellement nouvelle », est intégrée depuis quelques années dans des pays voisins comme la Suisse, l’Allemagne, les Pays-Bas,… Ainsi, la façon de construire, de concevoir, de penser l’immobilier est en train de subir un profond bouleversement qui paraît aller au-delà d’un effet de mode, car poussé par des impératifs tant écologiques, qu’économiques ou sociaux. Cette démarche environnementale n’est cependant pas toujours en adéquation avec les règles de sécurité fixées par les différents textes applicables aux constructions, tant pour les établissements recevant du public (ERP) et les immeubles de grande hauteur (IGH), que pour les habitations ou les industries. En effet, sortir du mode de construction traditionnel engendre souvent des cas de figures non prévus par le règlement, voire des situations en opposition avec les textes. Aussi, au travers de ce mémoire, nous voulons préciser les objectifs du développement durable appliqué à l’immobilier et présenter les innovations existantes ou à venir dans ce domaine. Puis, nous listerons des problèmes soulevés par cette nouvelle approche vis-à-vis du risque d’incendie et de panique. Enfin, nous tenterons de proposer des évolutions techniques et règlementaires qui permettraient d’harmoniser la réglementation incendie avec ce défi du XXIème siècle. 6 PARTIE 1 : LE DEVELOPPEMENT DURABLE En matière de bâtiment, le Grenelle de l’environnement offre des perspectives audacieuses. Désormais, l’économie de l’énergie et les énergies renouvelables vont prendre une place décisive dans l’acte de construire ou la décision de rénover. L’objectif de cette première partie est de présenter le développement durable puis d’en montrer des exemples concrets dans la construction en France et à l’étranger. 1-1 Le développement durable dans les textes 1-1-1 : Vers un ancrage de la notion de développement durable Les premières prises de conscience relatives aux effets négatifs de l’industrialisation sur l’environnement émergent dans les années 1920. Mais c’est réellement en 1968 avec les travaux du Club de Rome et la publication du rapport « Halte à la croissance » que se trouve le point de départ d’un très large débat qui a conduit au concept d’écodéveloppement. En 1987, la commission mondiale sur l’environnement et le développement a publié un rapport intitulé Notre Avenir à Tous, appelé aussi rapport Brundtland donnant au développement durable la définition suivante : « Le développement durable est un mode de développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs. » Quelques années plus tard, en juin 1992, la conférence des Nations-unies pour l’environnement et le développement, à Rio, appelée aussi sommet de la terre, contribue très largement à une prise de conscience planétaire autour de l’idée de développement durable : « Chaque pays devrait réaliser, aussi tôt que possible, si possible avant 1994, une revue de capacité, et de construction de capacité, pour concevoir des stratégies nationales de développement durable. (…) Comme aspect important de la planification globale, chaque pays doit rechercher un consensus interne à tous les niveaux de la société sur les politiques et les programmes nécessaires pour la mise en œuvre de leur programme agenda 21 dans le court et le long terme. » L’agenda 21 est un programme d’action pour le 21ème siècle, orienté vers le développement durable, et adopté par 173 chefs d’état et de gouvernement du sommet de Rio. Dans le cadre de cet agenda, les états sont appelés à mettre en place leur programme d’action en faveur du développement durable. En 2002, lors du congrès de Johannesburg sur le développement durable, Jacques Chirac, alors président de la république déclare : « Notre maison brûle, et nous regardons ailleurs… ». Il crée, en 2003, le comité national du développement durable et lance, la même année, la « Stratégie Nationale du Développement Durable » (SNDD). Cette volonté forte du gouvernement français d’avancer rapidement se traduit par des appels à projets, la mise en place de hauts fonctionnaires du développement durable dans chaque ministère, la création du comité interministériel du développement durable, … La loi constitutionnelle du 1er mars 2005 introduit la Charte de l’environnement dans le préambule de la constitution du 4 octobre 1958. L’article 6 de la Charte de l’environnement donne une orientation incontournable : « les politiques publiques doivent promouvoir le développement durable. » 7 En 2007, le président Nicolas Sarkozy rassemble dans un seul grand ministère l’écologie, l’énergie, le développement durable et l’aménagement du territoire mais aussi le logement et les transports. Enfin, le 21 octobre 2008, le projet de loi de mise en œuvre du Grenelle de l’environnement, surnommé « loi Grenelle 1 » a été adopté en première lecture à l’Assemblée nationale par un vote quasi-unanime 526 voix pour, 4 contre. Ce vote peut être qualifié d’emblématique : il rassemble la quasi-totalité des voix de gauche et de droite et intervient au pire moment d’une crise financière mondiale sans précédent. C’est donc le signe que le changement radical de stratégie dans le transport, le bâtiment, l’aménagement urbain, … est une priorité pour la Nation toute entière. Le texte propose toute une série de mesures allant du renforcement de la lutte contre le changement climatique à la définition de nouvelles normes pour les bâtiments neufs, en passant par le développement des énergies nouvelles. Il propose également la réorientation des investissements lourds en direction des transports en commun et du fret ferroviaire, la constitution d'une "trame verte et bleue pour arrêter la perte de biodiversité" ou le renforcement de la politique de réduction des déchets (annexe n°2). 1-1-2 : Développement durable : obligations et incitations La traduction du concept de développement durable dans les projets de construction se fait selon deux angles distincts. Le premier est lié à une obligation faite par l’Etat aux maîtres d’ouvrage de respecter un certain nombre de règles. Le second est plus lié à une démarche volontariste soutenue par l’Etat. 1-1-2-1 : Obligations Le texte le plus important dans le domaine est la réglementation thermique 2005, couramment appelée RT 2005 (Décret n°2006-592 du 24 mai 2006 relatif aux caractéristiques thermiques et à la performance énergétique des constructions (journal officiel du 25 mai 2006) et arrêté du 24 mai 2006 relatif aux caractéristiques thermiques des bâtiments nouveaux et des parties nouvelles de bâtiments (JO du 25 mai 2006)). Cette réglementation s’applique aux bâtiments neufs et parties nouvelles de bâtiments tertiaires et résidentiels. L’objectif de la RT 2005 est d’améliorer la performance thermique de la construction neuve d’au moins 15 %, de limiter le recours à la climatisation, et d’assurer une certaine maîtrise de la demande en électricité. Cette réglementation est exprimée sous forme « performancielle » et non pas en une somme de solutions techniques à appliquer. Elle permet ainsi aux maîtres d’œuvre de s’exprimer au mieux en choisissant les solutions les plus adaptées à leurs projets. S’agissant des bâtiments existants, l’arrêté du 3 mai 2007 relatif aux caractéristiques thermiques et à la performance énergétique des bâtiments existants vient compléter les dispositions déjà énoncées. Etablie dans le cadre du plan Climat, la réglementation thermique est appelée à se renforcer tous les 5 ans. Ainsi, après les RT 2000 et 2005, la RT 2010 est en cours d’élaboration, avec des objectifs encore plus performants, l’objectif final étant, il faut le souligner, la construction de bâtiments à énergie positive à l’horizon 2020. 8 1-1-2-2 : Incitations Réflexion globale Dans son chapitre 28, la déclaration de Rio (sommet de la Terre, 1992) incite les collectivités à élaborer des « agendas 21 locaux » impliquant fortement les habitants, l’ensemble des acteurs locaux et les entreprises. La démarche, fondée sur un diagnostic concerté, doit permettre de concevoir un projet stratégique, traduit par un plan d’actions périodiquement évalué et renforcé. L’agenda 21 doit étudier 6 axes d’engagements sur lesquels les collectivités doivent appuyer leur action : la lutte contre le changement climatique, la préservation de la biodiversité, le respect de la diversité culturelle et la lutte contre les exclusions, le soutien aux filières environnementales et à l’économie sociale, la coopération internationale, l’éducation au développement durable. La lutte contre le changement climatique passe par la maîtrise des émissions de CO2. Les principales émissions étant liées aux déplacements, au chauffage et à l’électricité, aller vers des constructions toujours moins gourmandes en énergie contribue à lutter contre le réchauffement de la planète. Lors de l’adoption de la stratégie nationale de développement durable, en 2003, la France a décidé de favoriser la mise en place de 500 agendas 21 en 5 ans. Une circulaire du 13 juillet 2006 intitulée « cadre de référence pour les projets territoriaux de développement durable et les agendas 21 locaux et appels à reconnaissance de tels projets » donne plus de lisibilité aux démarches des collectivités souhaitant mettre en œuvre cette démarche. De nombreux agendas 21 se mettent en place localement comme celui du conseil général de l’Isère qui propose 38 points comme : - la promotion du bois comme matériau de construction, - la promotion d’un urbanisme plus dense, - la promotion des énergies propres et renouvelables, -… Plus localement, la ville d’Echirolles (Isère), a réalisé un agenda 21 pour le territoire de la commune et propose que les bâtiments communaux respectent la démarche HQE® (Haute Qualité Environnementale). Labellisation Les objectifs affichés par le gouvernement relatifs aux bâtiments « basse consommation » en 2012 et à « énergie positive » en 2020 incite certains maîtres d’ouvrage à aller plus loin que la RT 2005 dès aujourd’hui. Pour que ces derniers soient en mesures d’attester de la qualité de leur construction en termes de développement durable et d’économie d’énergie, le gouvernement a défini un certain nombre de labels. Ces labels (Haute Performance Energétique HPE 2005, Très Haute Performance Energétique THPE 2005,…) sont définis par l’arrêté du 27 juillet 2006 relatif au contenu et aux conditions d'attribution du label « haute performance énergétique ». Certification L’association HQE®, reconnue d’utilité publique en 2004, regroupe en France un certain nombre d’acteurs du bâtiment dans le but de développer la qualité environnementale des bâtiments de manière concertée. Selon l’association HQE®, « la certification NF Bâtiments tertiaires – démarche HQE® engage le maître d’ouvrage dans un processus d’amélioration HQE® est une marque déposée dont l’association HQE détient la licence exclusive pour la France. 9 continu et démontre qu’il adopte une approche novatrice, tournée vers l’avenir. La certification est également un moyen d’anticiper les évolutions réglementaires et techniques à venir. » D’autres certifications environnementales existent dans le monde : - Leadership Energy Environnement Design (LEED), certification environnementale des bâtiments d’habitation et du tertiaire, USA ; - Minergie, Suisse ; - Passivhauss, Allemagne ; - Cepheus, projet Européen ; - … 1-2 Le développement durable dans la construction Respecter la RT 2005, anticiper la RT 2010, rechercher une labellisation ou une certification, toutes ces actions en faveur du développement durable peuvent être entreprises dans le cadre d’une démarche performancielle, en choisissant parmi une multitude de solutions techniques offertes aux intéressés. Un inventaire des techniques actuelles permettant de concourir à cette démarche de développement durable est dressé ci-après. Le champ d’action étant vaste, voire infini, et les techniques relativement novatrices, la liste n’est bien entendue pas exhaustive, mais représentative de l’intérêt que porte la société et plus particulièrement le monde du bâtiment à ce sujet. 1-2-1 : Les matériaux et éléments de construction 1-2-1-1 Structures Il n’existe pas réellement de matériaux nouveaux liés à la préservation de l’environnement. Toutefois, on assiste à un retour des procédés traditionnels, le bois bien sûr (immeuble d’habitation R+2, HLM de Seyssins, Isère, 2001) mais aussi la paille (salle de réunion de 5ème catégorie au plan d'eau du Lambon, Deux Sèvres, 2006), le torchis ou encore la bauge, mélange de terre crue compressée (résidence Salvatierra R+5, projet habitat passif CEPHEUS, Rennes, 2001…). Le bois est un matériau biodégradable, facile à travailler, qui fixe une grande quantité de gaz carbonique. Il n’exige que peu d’énergie pour devenir utilisable et est moins lourd que le béton. Le bois massif isole douze fois mieux que le béton. Suffisamment rigide, il est très utilisé pour la construction de maisons à ossature bois aux Etats-Unis, en Australie et dans les pays scandinaves. La terre crue est un matériau sain et naturel qui offre un bilan écologique très performant en apportant des qualités indispensables dans une habitation comme la régulation de l’humidité, la masse thermique, l’assainissement de l’air et l’isolation phonique. Elle peut permettre la réalisation de blocs de terre crue compressée (BTC) faciles à mettre en œuvre en raison de leurs dimensions identiques aux parpaings et aux briques de terre cuite. Des maisons en bottes de paille existent depuis plus d’un siècle. Une école aux murs en bottes de paille existe au Nebraska et a été construite en 1887. Matériau extrêmement économique, il est utilisé en bottes rectangulaires fortement compressées et assemblées 10 comme des briques géantes soit avec un mortier à la chaux qui enferme chaque botte dans une protection soit coincée dans une ossature puis enduite, ou simplement en murs porteurs. Le comportement à l’eau est identique à celui d’un mur enduit d’un mortier à la chaux ou à la terre, étanche à l’eau mais poreux à l’air et à la vapeur. Le comportement au feu des murs en ballots de paille enduits est considéré comme excellent. Des tests réalisés par le Centre Expérimental de recherches des études du Bâtiment et des Travaux Publics (CEBTP) ont montré que ce type de murs résiste deux heures à une flamme de chalumeau là où un parpaing ordinaire ne tient qu’une heure et demie. Se développe également la mise en place de briques monomurs servant à la fois de structure et d’isolant (construction d’un immeuble R+5, Clermont Ferrand, France, 2006),…Cette solution permet d’isoler et de construire avec un seul produit porteur et isolant. Utilisée en construction neuve, elle est aussi intéressante dans le cas d’une réhabilitation lourde. Les blocs de béton cellulaire silicocalcaire : parfaitement écologiques, légers et respirants, ils sont de bons isolants thermiques et phoniques. Solides et stables dans le temps ils résistent au feu et à l’eau. Le béton cellulaire silicocalcaire est composé d’un mélange de sable et de chaux cuit à basse température sous très haute pression dans un autoclave. Il peut être employé comme cloisons coupe-feu car, même soumis à une flamme pendant six heures, la face non exposée d’un mur de vingt centimètres d’épaisseur conserve une température inférieure à soixante degrés. Le béton traditionnel subit quant à lui un certain nombre de critiques. En effet, s’il a clairement été le matériau du XXème siècle dans le domaine de la construction, il apparaît selon le centre interprofessionnel technique d’études de la pollution atmosphérique (CITEPA) que l’un de ses composants, le ciment, est responsable de 2,7% des émissions de CO2 en France. L’industrie cimentière française, pointée du doigt, travaille donc activement à la réalisation d’un « ciment vert » plus respectueux de la cause du « développement durable ». Enfin, l’industrie du BTP (bâtiment et travaux publics) réfléchit à la réutilisation de déchets dans le domaine de la construction. Aujourd’hui la valorisation des déchets concerne principalement les déchets inertes (déchets minéraux non pollués) sous forme de remblais ou de sous couches routières. Leur recyclage dans le secteur du bâtiment, notamment sous forme de granulat pour béton, ne connaît pas pour l’heure de débouchés industriels. Cependant, les métaux recyclés sont utilisés depuis plusieurs années dans le bâtiment. En effet, 50 % de la production européenne d’acier provient aujourd’hui d’aciers recyclés. De nouvelles filières se mettent en place pour les déchets PVC (polychlorure de vinyle) et de bois, notamment dans la fabrication de panneaux de particules. 1-2-1-2 Couvertures Représentant 30 % des déperditions thermiques du bâti, le rôle de la toiture est aujourd’hui renforcé avec la réglementation thermique et l’obligation de réduire les consommations énergétiques. Devenant incontournable, son isolation fait l’objet de toute l’attention des professionnels pour gagner en performance et limiter les fuites de chaleur au niveau des points particuliers que sont, par exemple, les conduits de fumée, les fenêtres de toit,… Au-delà des matériaux traditionnellement utilisés comme les tuiles bétons, les tuiles en terre cuite et les ardoises, certains matériaux retrouvent leur popularité en raison de leur participation à l’élan de préservation en faveur de la planète. Les toitures végétalisées font, depuis peu une percée remarquée. S’appuyant sur une technique de végétation extensive ou semi intensive, les principaux systèmes peuvent être 11 mis en œuvre sur tous types de supports (acier, bois, béton, plaques de fibre ciment) pour des pentes allant jusqu’à 20 %(construction d'une crèche collective de 60 berceaux et d’un logement de fonction, Paris XVIII, France, 2008). Avantage de ces toitures, elles constituent un régulateur lors des fortes pluies d’orage, permettent de fixer le CO2, d’absorber les poussières, de réguler la température de la toiture été comme hiver, de limiter la réverbération du bruit,... Le Canada et l’Allemagne utilisent à grande échelle cette technologie des « toits verts ». Huit millions de mètres carrés de toiture végétalisée existent en Allemagne contre moins de cent mille en France. Les tuiles photovoltaïques arrivent également sur le marché. Remplaçant les matériaux de couverture habituels dont elles reprennent le principe d’emboîtement et de pose, ces produits assurent une fonction d’étanchéité et de couverture, en plus de leur rôle énergétique. Pour les toitures plates, il existe des membranes d’étanchéité avec cellules photovoltaïques intégrées permettant de couvrir de grandes surfaces (2000 m² supermarché Super U de Thouars, Deux Sèvres, 2007). 1-2-1-3 Façades Interface avec l’extérieur, la façade apparaît comme un support privilégié dans les projets à démarche environnementale. Les innovations relatives aux façades peuvent être associées au développement des solutions visant à l’amélioration de l’isolation par l’extérieur. Cette isolation permet de réduire les ponts thermiques, passages par lesquels dans une construction, la chaleur va filtrer pour se dissiper à l’extérieur. Parmi les techniques mises en œuvre on trouve : - les parements sur isolant en bois ou dérivés, en fibre ciment à forte densité, en briques de terre cuite de grandes longueurs, en zinc naturel ou coloré, en acier ou aluminium ; - les vêtures, éléments préfabriqués comprenant un isolant et une plaque de parement. L’isolant le plus utilisé est le polystyrène expansé (PSE). Le parement quant à lui peut être en acier, aluminium ou bien PVC; - les enduits minces sur isolant (isolant en polystyrène expansé collé sur la façade et recouvert d’enduit spécifique armé en fibre de verre) ; - les enduits isolants (mortier avec particules d’isolant tel que polystyrène). D’autres technologies sont également en cours de développement comme les matériaux à changement de phase, qui permettent de lisser les températures intérieures en améliorant l’inertie des parois. Incorporant de fines particules de paraffine, de nouvelles plaques de plâtre de faible épaisseur offrent ainsi des perspectives intéressantes pour la rénovation des façades légères. En outre, des systèmes innovants trouvent aujourd’hui une résonance forte au travers du concept de façade active, dont les composants deviennent intelligents et polyvalents. Une première illustration de ce concept est donnée par l’intégration de cellules photovoltaïques dans des composants de façade pour assurer la production d’énergie et couvrir une part non négligeable des besoins en chauffage et en climatisation des bâtiments (construction de la tour Manchester, Royaume Uni, 2006). Mis au point dans les années 1990, les murs végétalisés constituent une voie explorée par les adeptes de l’architecture verte qui mettent en avant leurs propriétés isolantes et filtrantes sur les plans thermique et acoustique. Ainsi, un nouveau procédé de mur végétalisé 12 dépolluant a vu le jour pour traiter les émissions de métaux lourds contenus dans l’air vicié d’un parc de stationnement couvert (gare de Lyon Perrache 2007). La façade double peau séduit de nombreux maîtres d’ouvrage par son rôle tampon sur l’inertie thermique du bâtiment. Communément constituée d’une paroi extérieure en simple vitrage et d’une paroi intérieure en vitrage isolant, elle intègre une lame d’air ventilée de quelques dizaines de centimètres d’épaisseur. Celle-ci permet à la fois de limiter les déperditions thermiques en hiver, tout en supprimant l’effet de paroi froide, et de maîtriser les apports solaires en période chaude. 1-2-1-4 Autres innovations de gros œuvre Dans un souci d’économie d’énergie, on voit apparaître, notamment dans les immeubles de grande hauteur et les immeubles de bureaux, des escaliers de « convivialité » pour mettre en communication deux ou trois niveaux. Ces escaliers permettent de faire communiquer les différentes entités de l’entreprise sans que le personnel n’utilise les ascenseurs, très coûteux en matière d’énergie. 1-2-1-5 Isolation phonique La question de l’isolation phonique est primordiale en matière de construction écologique. Les matériaux modernes sont trop légers (pour raison économique) pour limiter correctement la transmission des bruits. La pierre et la terre sont performantes et naturelles mais ne conviennent pas souvent dans les constructions modernes en raison de leur coût et du prix de revient de leur mise en œuvre. L’utilisation de dalles et de poutres en béton aggravent la situation car, très rigides, elles sont d’excellentes conductrices des bruits, particulièrement pour les sons graves. Un matériau naturel, le liège, peut offrir des solutions performantes. C’est pour se protéger contre les incendies que le chêne a développé une parade, son écorce ininflammable, le liège, qui lui permet ainsi de survivre. Excellent isolant phonique car il absorbe les vibrations mécaniques, étanche et légèrement hygroscopique, chimiquement imperturbable, il n’est pas conducteur d’électricité. Ne libérant pas de produit ni de fumée toxiques en présence de feu, très léger, il réunit des qualités exceptionnelles d’isolation phonique et thermique. 1-2-1-6 Isolation thermique Chercher à diminuer les besoins en combustibles, renouvelables ou non, est un enjeu majeur dans l’habitat durable et nécessite de lutter contre la déperdition thermique. La solution la plus répandue consiste à isoler parfaitement l’intérieur du logis par rapport à l’extérieur tout en laissant les matériaux respirer et les échanges hygrométriques s’effectuer. L’isolation intérieure peut essentiellement être obtenue par deux solutions techniques : - soit l’isolant est derrière une contre cloison maçonnée ou sur ossature. L’isolant est le plus souvent collé ou fixé mécaniquement au support ; - soit sont mis en place des panneaux composites ou des complexes de doublage. Ils se composent d’un panneau isolant (polystyrène expansé, polystyrène extrudé, polyuréthane ou laine minérale) revêtu d’un parement en plâtre (qui évite la contre-cloison). Les panneaux sont fixés contre le mur, par collage (paroi sèche et plane) ou par vissage sur tasseaux (fixés préalablement au mur, ils permettent de ménager une lame d’air entre l’isolant et la paroi). 13 On assiste à l’arrivée sur le marché de produits spécifiques comme les rupteurs thermiques (éléments en polystyrène expansé ou autres isolants traversés par des armatures) et les prédalles équipées de blocs isolants intégrés en rive, destinés à la filière béton… En ce qui concerne le matériau isolant, il peut être d’origine minérale ou organique (laine de verre, laine de roche, …) mais les matériaux à base de fibres animales et végétales sortent de leur marginalité grâce à la montée en puissance des préoccupations environnementales. Bien qu'ils ne représentent encore que quelques points de parts de marché, ceux que l'on appelle aujourd'hui les produits "bio-sourcés" se développent très rapidement et trouvent de nombreuses applications dans le bâtiment. Laine de mouton, plumes de canard, ouate de cellulose (issue de la récupération de journaux), chanvre, paille, coton, lin, tissu, voire même algues et coquillages… : l'effervescence dans ce domaine traduit tout l'intérêt des professionnels et des consommateurs envers ces matériaux. Le renforcement de l'isolation se traduit par une augmentation de son épaisseur pouvant atteindre 30 à 40 centimètres, notamment dans le cas des maisons à performance énergétique élevée. Aussi, une autre voie permettant d'améliorer les performances énergétiques des bâtiments passe par la réduction de la conductivité thermique des matériaux isolants dont le composant principal reste le gaz qu'il renferme, soit généralement de l'air. La solution consiste à éliminer le gaz en faisant le vide dans une enveloppe étanche, comme dans le cas de la bouteille « Thermos ». Hormis des opérations démonstratives menées en Allemagne, très peu de réalisations effectives ont vu le jour en raison de performances modestes et d’une durée de vie insuffisante des matériaux ainsi conditionnés. 1-2-1-7 Produits verriers La composition des vitrages et des menuiseries, leur orientation et leur surface occupent une place importante dans le bilan environnemental de toute construction. D’un point de vue énergétique, les éléments verriers ont longtemps représenté les maillons faibles de l’isolation thermique de l’enveloppe. Les réglementations thermiques successives conduisent à une amélioration croissante de leurs performances. Les vitrages peu émissifs ou vitrages à isolation renforcée (VIR) se généralisent sur la majorité des projets neufs. Revêtus de minces couches d’oxydes métalliques sur l’une de leur face intérieure, ils affichent des performances deux à trois fois plus élevées que les doubles vitrages classiques. Leur résistance thermique peut être en outre améliorée en remplaçant la lame d’air par une lame d’argon. Permettant d’aller au-delà des exigences thermiques actuelles, les triples vitrages font leur apparition. L’intégration du solaire au niveau de l’enveloppe des bâtiments franchit un nouveau palier avec la réalisation des premières façades expérimentales à base de vitrages photovoltaïques. Composé de cellules amorphes ou d’un film de silicium de quelques microns d’épaisseur, enfermés entre deux feuilles de verre, durci ou trempé, ces nouveaux vitrages semi transparents transforment jusqu’à 16% de l’énergie solaire en électricité. 1-2-1-8 Systèmes d’occultation et de contrôle solaire L’utilisation de protections solaires et de fermetures permet de réduire de manière sensible les consommations énergétiques des constructions, tout en améliorant le confort des occupants. Dès lors, leur intégration en amont permet de réduire la puissance d’une installation de climatisation, voire de s’en affranchir. Les solutions sont variées : intégrées au vitrage, ou rapportées à l’intérieur et à l’extérieur des bâtiments. Parmi celles-ci, les vitrages réfléchissants à film isolant. Ce film en polyester 14 adhésif a pour objectif de rejeter 50 % de la chaleur tout en laissant passer la lumière. Il est essentiellement employé sur des vitrages existants. Les solutions rapportées regroupent quant à elles les stores, les brise-soleil fixes ou mobiles, les films de protection et les volets. Devenant partie intégrante de l’expression architecturale, les brise-soleil sont aujourd’hui très appréciés des architectes. Déclinables dans tous les types de matériaux (béton, métal, bois, toiles…), ils prennent des allures variées : débords de toiture, balcons filants, décrochés de façades, casquettes …, se faisant même générateur d’électricité par l’intégration de modules photovoltaïques (Total Energie, Tour de Salvany, Rhône). Les volets concourent à éviter des déperditions thermiques générées par la convection du vent contre les vitrages. Autre avantage bien connu dans les régions plus chaudes, l’été, les volets maintiennent la fraîcheur à l’intérieur des constructions. Ils évitent la mise en place d’installations de climatisation, sous réserve que la lame d’air située entre ceux-ci et les fenêtres soit d’une épaisseur suffisante pour permettre une bonne ventilation, ce qui n’est pas toujours le cas de certains volets roulants. 1-2-1-9 Revêtements de sols et de murs Du côté des revêtements de sols, les carrelages en terre cuite et pierre naturelle sont appréciés pour leur confort hygrothermique, lié à leur porosité. Les parquets en bois et dérivés connaissent quant à eux un engouement croissant qui s’explique en partie par leur image de matériaux sains et naturels. Les moquettes se déclinent en fibres naturelles, d’origine végétales, animales ou synthétiques. Dans le domaine des revêtements muraux, une innovation mérite l’attention. Une société japonaise a mis au point une cellule solaire organique se déposant par impression sur un film plastique. Plusieurs applications sont envisagées parmi lesquelles un papier peint générateur d’électricité… Le liège peut apporter des solutions efficaces et durables de revêtements de sols et de murs. 1-2-1-10 Le mobilier Des produits d’aménagement intérieur et de mobilier sont édités sous l’appellation d’organique, conçus à base de bois, de coton, de chanvre ou de soie biologique. Les produits recyclés sont également une grande source d’inspiration pour les concepteurs de mobilier d’intérieur. Des meubles et objets du quotidien en carton recyclé font une percée remarquée. 1-2-2 Les équipements techniques L’énergie d’origine nucléaire n’est pas reconnue en tant qu’énergie renouvelable. Le rapport entre ce qu’est l’énergie dispensée pour faire fonctionner une centrale et celle restituée est rentable mais l’absence de certitude en ce qui concerne le devenir des déchets de cette industrie constitue un réel obstacle. Une utilisation des matériaux naturels combustibles et les avancées de la technologie permettent d’obtenir des chaudières au rendement bien plus important qu’il y a seulement une dizaine d’années. La récupération de la chaleur et de la lumière solaire débouche sur des systèmes en plein essor aux performances environnementales élevées. Les énergies issues des mouvements de l’air et de l’eau sont rentables et respectueuses de l’environnement mais la ressource la plus importante et la moins exploitée, comme en chauffage, est celle qui pourra être extraite de la biomasse. 15 1-2-2-1 Eau – Plomberie L’eau douce est une ressource rare qui ne représente, à l’échelle de la planète, que 3 % environ des eaux de surface et des eaux souterraines. Inégalement répartie, son manque se fait de plus en plus ressentir dans certaines régions du globe. La récupération des eaux pluviales permet de réutiliser l’eau, via les chasses d’eau, le lavage des sols ou l’arrosage. Adaptée à tous les secteurs (habitat, tertiaire, industriel, …), cette solution permet de préserver la ressource en eau potable, dont l’emploi devrait être destiné essentiellement à un usage alimentaire. Dernière étape de la gestion de l’eau, le traitement des eaux usées peut être envisagé de manière autonome, ce qui peut s’avérer une alternative au raccordement sur le réseau, limitant ainsi le surdimensionnement des réseaux collectifs d’évacuation. Depuis quelques années, se développent de nouvelles techniques de traitement par les plantes, principalement les roseaux, qui constituent un très bon filtre naturel grâce à leur capacité à transporter l’oxygène pur dans leurs racines. La réalisation d’une succession de zones humides et l’association de différents écosystèmes permettent de créer des « jardins filtrants » dont l’efficacité est aujourd’hui reconnue. Aux Etats-Unis, à Denham en Louisiane, une ville de vingt milles habitants, on traite les eaux sales grâce à l’épuration biologique par les plantes. En France, plusieurs villages ont déjà adopté des solutions identiques. Des systèmes sont conçus pour réutiliser ces eaux. (Exemple du SDIS 68 qui épure ses eaux sur 5Ha de roselière, projet de 1998) 1-2-2-2 Chauffage Représentant plus des 2/3 de l’énergie globale dépensée, le chauffage et la production d’eau chaude sanitaire (ECS) doivent voir leur consommation d’énergie primaire diminuer. Dans sa loi d’orientation sur l’énergie, la France s’est donnée entre autres l’objectif d’augmenter de 50 % la part des énergies renouvelables dans la production de chaleur d’ici 2010, grâce notamment au solaire thermique, au bois et à la géothermie. Ces énergies se développent principalement pour la production d’ECS dans le domaine du logement individuel ou collectif, et séduit de plus en plus les maîtres d’ouvrage pour le chauffage et la production d’eau chaude de bâtiments tertiaires à forte consommation en eau chaude comme les hôtels, hôpitaux, maisons de retraite… Chauffage et énergie solaire Captant l’énergie solaire en toiture ou en façade par des panneaux de mieux en mieux intégrés et la restituant dans un ballon de stockage d’eau, les principaux systèmes permettent de couvrir 30 à 80 % des besoins en ECS. Depuis une vingtaine d’années, le solaire thermique permet, outre la fourniture d’ECS, d’assurer une partie du chauffage des locaux, en couvrant 30 à 60 % des besoins. Chauffage et énergie bois L’utilisation du bois énergie constitue une autre option de la démarche environnementale et représente la principale énergie renouvelable utilisée pour le chauffage notamment. Elle trouve tout son intérêt dans les régions forestières où la filière d’approvisionnement en bûches, briquettes de bois, bois déchiqueté ou granulés est bien structurée. En France, le bois énergie constitue une ressource de premier ordre. La France dispose d’un gisement mobilisable de l’ordre de 15 à 20 millions de mètres cube par an. La sylviculture ou l’industrie du bois sont les principaux fournisseurs de bois énergie : rémanents (chutes de 16 bois non valorisées), sciure, copeaux, bois de rebut, et aussi plaquettes ou granulés de bois, spécialement produits pour alimenter les chaudières. Chauffage et géothermie Le sous-sol est riche en énergies fossiles mais renferme également une énergie renouvelable, la géothermie. Il est admis qu’en partant de la surface de la terre, la température augmente en moyenne de 3,3°C tous les 100 mètres de profondeur. C’est ce qu’on appelle le gradient géothermique. La géothermie “très haute énergie” ainsi que la géothermie “haute énergie” exploitent des sources de température très élevée (plus de 150 °C dans le premier cas, entre 90 et 150 °C dans le second). Les deux servent à la production d’électricité ou à la cogénération. Deux autres catégories de géothermie sont dédiées à la production de chaleur seule. Des forages de l’ordre du kilomètre de profondeur, autorisent une utilisation directe de la chaleur récupérée, pour alimenter par exemple un réseau de chauffage urbain. C’est le cas de la géothermie “basse énergie”, recourant à l’eau de nappes à des températures comprises entre 30 et 90°C. La maison de la Radio à Paris est chauffée par ce système. La dernière catégorie, la géothermie dite “très basse énergie”, exploite des températures inférieures à 30 °C. La chaleur est prélevée dans la partie superficielle du sous-sol (au maximum quelques dizaines de mètres de profondeur) au moyen d’un capteur relié à une pompe à chaleur (PAC). (Musée des confluences, Lyon, 2008) Chauffage et biogaz Le biogaz est le résultat de la fermentation anaérobique des déchets organiques. Une fois épuré de son dioxyde de carbone, de son eau et de son hydrogène sulfuré, le biogaz a les mêmes qualités que le méthane comprimé ou GPL. Brut, il peut s’utiliser sous forme de gaz ou produire de l’électricité. Epuré, il peut s’utiliser sur les équipements ménagers au gaz et servir pour faire du carburant pour les véhicules. Il s’agit d’une énergie renouvelable peu polluante permettant le recyclage des déjections animales et humaines, ainsi que des déchets issus des activités de transformations alimentaires, des polluants viticoles ou laitiers, des déchets d’abattoirs, de biscuiteries, de céréales, graisses animales dont nous avons bien du mal à nous débarrasser. En France, on évalue la ressource inexploitée de la biomasse à plus de quatorze millions de tonnes équivalent pétrole. C’est donc la première ressource d’énergie renouvelable disponible bien avant l’hydraulique, l’éolien et la géothermie. Le produit résiduel est stabilisé et désodorisé. Il présente une valeur agronomique inaltérée qui peut être valorisée sous forme de compost. Mais un de ses atouts majeurs est sa capacité à dégrader les toxiques en tous genres, y compris les métaux lourds et de réduire les concentrations de virus et de pathogènes. 1-2-2-3 Ventilation – Climatisation La crise énergétique ainsi que l’amélioration du niveau de vie et des exigences de confort ont provoqué des changements importants dans la conception et l’utilisation des logements : isolation thermique plus performante, meilleure étanchéité à l’air, utilisation généralisée du chauffage central, emploi du double vitrage, etc. Ces changements, réalisés sans une ventilation adéquate, ont aggravé considérablement les problèmes de condensation et de moisissures dans les habitations, suscitant quelques inquiétudes quant à la qualité de l’air intérieur. Dans un souci d’optimisation énergétique, les systèmes exploitant le principe des récupérateurs d’énergie tendent à se généraliser. C’est principalement le cas de la ventilation 17 double flux avec échangeur, dont la récupération de chaleur sur l’air sortant pour réchauffer l’air entrant s’effectue avec un taux de 70 à 90 % (projet de construction de 4 bâtiments d’hôpital psychiatrique avec ventilation double flux dans chaque chambre, Aube). Depuis quelques années, on assiste par ailleurs à la redécouverte des puits climatiques, appelés puits canadiens ou provençaux, que l’on utilise en complément d’une installation de ventilation pour en limiter les déperditions thermiques. Constitués de tuyaux de 25 à 40 m de long, de 15 à 25 cm de diamètre, enterrés à plus de 1,50 m de profondeur, ils puisent l’énergie du sol pour assurer en hiver le réchauffement de l’air entrant et en été son rafraîchissement. Les économies peuvent atteindre 40 % sur le poste de ventilation. Plus anecdotique, des bâtiments sont ventilés naturellement, par effet de cheminée et circulation d’air à l’intérieur de l’ouvrage. (Expérimentation en cours ZAC du Grand Large, Dunkerque 2008). 1-2-2-4 Electricité L’optimisation des dépenses en électricité des bâtiments neufs et existants implique de travailler à la fois sur leur efficacité énergétique, afin de limiter l’énergie consommée tout en maintenant un niveau de confort équivalent pour les usagers, et sur la substitution de l’électricité produite par les énergies fossiles et nucléaires par de l’électricité issue d’une énergie renouvelable. Electricité : le solaire photovoltaïque Le solaire photovoltaïque est la solution qui enregistre la plus forte progression. S’appuyant sur trois grandes familles de modules (vitrés opaques, vitrés transparents, souples), les professionnels de la filière ont mis au point de nouveaux produits répondant à un plus grand souci d’intégration à l’enveloppe. Les panneaux photovoltaïques se déclinent aussi bien en toiture qu’en façade ou en brisesoleil sous la forme de tuiles, bardeaux, éléments de murs rideaux, stores, membranes d’étanchéité. Les technologies du photovoltaïque utilisent le rayonnement du soleil pour le convertir en électricité. Cette conversion est due aux cellules qui composent les panneaux (ou modules) photovoltaïques. Ces cellules sont fabriquées à partir d’un matériau semi-conducteur capable d’induire du courant électrique sous l’effet d’un rayonnement lumineux. Un panneau photovoltaïque délivre un courant électrique continu, qu’il convient de transformer en courant alternatif à l’aide d’un onduleur, afin qu’il soit compatible avec le courant disponible sur le réseau électrique. Le problème directement associé à toute production d’électricité est celui de son stockage pour une réutilisation nocturne ou différée. Outre les accumulateurs et les batteries conventionnels, la conversion directe de l’énergie solaire en hydrogène est une piste nouvelle et prometteuse (double fonction photovoltaïque et électrolytique). Electricité : l’éolien L’éolien, quant à lui, permet de fournir une part non négligeable de l’électricité verte délivrée actuellement. (The Beaufort Court Zero Emissions Building, Angleterre, 2003) La force du vent met en rotation le rotor, constitué de pales (en général au nombre de trois) montées sur un moyeu. La transmission mécanique, comportant notamment un multiplicateur de vitesse, communique l’énergie mécanique développée par le rotor à la génératrice qui la transforme en électricité. Le courant produit par la génératrice est acheminé par des câbles électriques descendant le long du mât jusqu’à une armoire électrique située au pied de l’éolienne, où il y subit un ajustement de tension avant d’être 18 injecté sur le réseau de distribution. Étant tributaires du vent, les éoliennes produisent de l’énergie de façon intermittente. En effet, pour des vitesses de vent inférieures à 14 km/h, la plupart des éoliennes restent à l’arrêt. Par sécurité, il en est de même lorsque le vent est trop violent, atteignant des vitesses supérieures à 90 km/h. Une éolienne atteint généralement sa puissance maximale pour une vitesse de vent d’environ 43 km/h. On peut constater également que des éoliennes à axe vertical sont employées pour une mise en œuvre sur les toits des bâtiments (immeuble de 240 logements, Fontenay Sous Bois, Val de Marne, 2007). Electricité : la pile à combustible La pile à combustible fait son apparition dans les bâtiments d’habitation mais sert aussi pour alimenter en énergie des établissements recevant du public isolés (pile à combustible utilisant du méthanol, chalet « Glük Auf », Forbach, avis CCS du 6 novembre 2003). Son coût reste élevé mais les perspectives de développement sont très grandes. La pile à combustible ne produit pas de gaz nocif, mais uniquement de l'électricité, de la chaleur et de l'eau (l'hydrogène étant combiné après usage avec l'oxygène de l'air). Elle est dépourvue de turbine ou de moteur et ne fait donc pas de bruit. Les frais énergétiques sont globalement réduits, le surcoût lié à l'approvisionnement en gaz ou kérosène pour générer l'hydrogène requis étant inférieur aux économies réalisées sur l'alimentation secteur. On compte aujourd'hui près de 1.300 foyers japonais ainsi équipés dans le cadre d'une expérimentation à grande échelle soutenue par les pouvoirs publics. Environ mille de plus étaient prévus avant mars 2008. Electricité : l’énergie hydraulique L’énergie hydraulique ou houille blanche, participe grandement au développement énergétique propre. En 2001, 15% de la production électrique française était d’origine hydroélectrique. Une technique récente, le turbinage de la pression excédentaire des eaux usées ou potables, particulièrement en zone montagneuse, permet de générer une énergie exploitable. Avant d’arriver à une station d’épuration, l’eau grise peut ainsi fournir par exemple l’énergie nécessaire au fonctionnement du système de traitement des eaux. 1-2-2-5 Autres installations techniques Dans le cadre de la gestion des déchets, des innovations apparaissent également dans les projets architecturaux dont certains intègrent leur système d’épuration ou de compactage des déchets à l’intérieur même des locaux. 19 PARTIE 2 : L’ARCHITECTURE DURABLE ET LE RISQUE INCENDIE Répondre aux objectifs fixés dans le cadre du développement durable appelle la mise en œuvre de solutions techniques, de matériaux et de modes de constructions nouveaux. Ces nouveautés peuvent présenter un certain nombre de problèmes vis-à-vis des objectifs de sécurité incendie fixés par les différentes réglementations. Cette partie du mémoire propose de mettre en exergue ces difficultés ainsi que les risques qui peuvent en découler. 2-1 Les problèmes posés sur le plan réglementaire 2-1-1 Peut-on avoir du recul lorsqu’on vit le changement ? Respecter la réglementation thermique, ou tout simplement s’inscrire dans le courant de pensée dicté par le réchauffement climatique va engendrer une modification forte dans la façon de concevoir les bâtiments. Construire dans le cadre du développement durable aujourd’hui, et plus encore demain, impliquera une approche conceptuelle globale du bâtiment tournée vers un aspect qualitatif. Il s’agit, rappelons-le, de respecter une démarche performancielle et donc pour le maître d’ouvrage d’associer au mieux l’éventail de techniques que le monde industriel est en mesure de lui proposer à la construction. Mais peut-on anticiper, au niveau de la réglementation incendie, le virage qu’est en train d’opérer l’architecture ? Celle-ci a déjà connu au siècle dernier de grandes évolutions à l’échelle du territoire sans que la réglementation incendie n’évolue simultanément. Ainsi, à la fin du XIXème siècle, début du XXème siècle, de grands bâtiments à usage de commerce ont été construits dans les villes importantes pour répondre aux besoins des populations. La réelle prise en compte des problèmes de sécurité incendie liés à ce type d’établissement ne s’est opérée qu’à l’issue des incendies dramatiques qu’ils ont connus : feu du Bazar de la charité (Paris, 1897), feu du Printemps (Paris, 1931), feu des Nouvelles Galeries (Marseille, 1938). Second exemple avec la construction dans les années cinquante et soixante de « grands ensembles » immobiliers destinés à l’habitation. La Cité du Mirail à Toulouse, les Minguettes à Vénissieux, le Val Fourré à Mantes-la-ville, … sont autant de réalisations nées d’un besoin d’accès au confort moderne (eau courante, électricité, chauffage central, …) notamment pour les ouvriers des banlieues ou les rapatriés d’Algérie. Au vu des difficultés que présentent aujourd’hui les incendies dans ces grands ensembles, il ne semble pas que la réglementation ait réussi, à l’époque, à anticiper ou prendre le recul nécessaire pour faire face à cette évolution. Ces deux exemples illustrent combien il est nécessaire (mais difficile) que la sécurité incendie accompagne les évolutions architecturales. Dans le cas du développement durable, l’exercice est d’autant plus compliqué que la modification des constructions est globale : elle intéresse d’une part tous les types de bâtiments (habitation, ERP, IGH, …), et concerne d’autre part les bâtiments dans leur ensemble (gros œuvre, second œuvre, …). On peut aller plus loin sur le caractère global de la problématique en soulignant que les interrogations dépassent largement nos frontières. Deux exemples illustrent la réalité internationale des interrogations que suscitent le « sustainable development ». 20 Le premier exemple est tiré du site internet de la NFPA (National Fire Protection Association), au travers d’un article intitulé « Fire protection and safety » d’août 2008, écrit par Kathleen H. Almand. (Annexe n° 3). Dans cet article, l’auteur invite les lecteurs à contribuer à la réflexion sur les problèmes susceptibles de survenir dans les prochaines années face à l’évolution des constructions : “ (…) As the Foundation prepares for the future, we ask you to participate in our work by lending us your expertise. (…) Within the general context of (…) new materials technologies, and sustainable development, what do you see as the three major challenges facing your sector of our community?” Traduction : « Notre Fondation préparant le futur, nous vous demandons de participer à notre travail en nous faisant part de votre expertise. (…) Dans le contexte général (…) des nouvelles technologies, du développement durable, quels sont selon vous les trois défis majeurs pouvant affecter votre secteur (ndlr : la prévention incendie)». Le second exemple est issue d’un article de W.K. Chow paru dans la revue « Architectural Science Review » et intitulé « Fire safety in green or sustainable buildings : application of the fire engineering approach in Hong Kong. » (Annexe n°5) Dans cet article de 2003, l’auteur écrit : “'Green' or 'sustainable' buildings might give new architectural features where prescriptive fire codes are difficult to follow. Examples include the internal voids, double-skin facades and others.” Traduction : « Les bâtiments verts (répondant au développement durable), pourraient par leur caractère architectural novateur ne pas répondre à la réglementation du feu qui est prescriptive. C’est le cas par exemple des vides internes, des façades double-peau et autres innovations ». Et l’auteur de poursuivre en précisant que l’on peut, comme dans d’autres pays, utiliser l’ingénierie du feu pour étudier ces constructions. Ainsi, au-delà d’une simple somme de problèmes particuliers, le développement durable va sans doute poser un problème global pour lequel il est difficile d’avoir du recul. Ce problème est directement lié à l’objectif « bâtiment à énergie positive » doublé d’une démarche performancielle. Pour simplifier à l’extrême : l’objectif du législateur est d’aller, par « tous les moyens », vers un habitat plus « étanche », moins gourmand en énergie. 2-1-2 Les constructions « durables » et le texte Que ce soit pour les projets de type « habitation » ou pour les projets d’ERP, l’utilisation en masse de nouveaux matériaux, de nouvelles technologies, la révision des concepts d’isolations thermiques et acoustiques, la densification de l’habitat, … risquent de se heurter à deux types de problèmes : la non-conformité avec un texte existant d’une part, l’absence de référentiel réglementaire d’autre part. 2-1-2-1 Les non-conformités dans les ERP Prenons l’exemple des constructions réalisées principalement à l’aide de bois. Si ce matériau est extrêmement intéressant sur le plan écologique, le texte ne prévoit pas qu’il puisse être présent partout, du sol au plafond dans un ERP. Pourtant, un récent projet en Haute-Saône prévoit la réalisation d’un hôtel-restaurant entièrement réalisé en rondins de bois, proche des habitations de trappeurs au Canada. Une telle réalisation est en opposition avec un certain 21 nombre d’articles du règlement de sécurité, notamment les articles AM (réaction au feu des plafonds par exemple) et les articles CO (règle du C+D par exemple). Le préventionniste pourra étudier ce cas de figure par le biais d’une demande de dérogation, procédure prévue par l’article R 123-13 du Code de la Construction et de l’Habitation (CCH). Cet article dispose que : « Certains établissements peuvent, en raison de leur conception ou de leur disposition particulière, donner lieu à des prescriptions exceptionnelles soit en aggravation, soit en atténuation ; dans ce dernier cas, des mesures spéciales destinées à compenser les atténuations aux règles de sécurité auxquelles il aura été dérogé peuvent être imposées. Ces prescriptions (…) sont prises après avis de la commission de sécurité compétente (…) ». Le problème reste entier malgré tout car si l’article R 123-13 du CCH permet au préventionniste d’étudier un projet présentant des non-conformités, il n’amène pas la solution technique nécessaire à la résolution du problème. Or, en cas d’incendie, un hôtelrestaurant « tout bois » ne va pas se comporter comme une construction traditionnelle. Si la stabilité de l’ouvrage ne semble pas être le problème majeur, il n’en n’est pas de même en revanche pour ce qui concerne l’émission d’une grande quantité de gaz de pyrolyse, gaz que n’émet pas le béton, la brique ou la structure métallique dans le cas des constructions traditionnelles. La typologie même d’un sinistre dans une construction « tout bois », va donc être différente. De grandes lignes du règlement de sécurité peuvent dès lors s’avérer insuffisantes voire inefficaces face à un nouveau type de feu : dimensionnement du désenfumage, recoupement des circulations, emplacement de la détection incendie, … Un préventionniste dispose-t-il du recul et des outils nécessaires pour analyser un tel projet et trouver l’équilibre développement durable/innovation/sécurité ? Faut-il refuser ce type de construction au prétexte de l’existence de non conformités au règlement de sécurité ? 2-1-2-2 Les non-conformités dans les habitations Est-il possible de déroger à l’arrêté du 31 janvier 1986 relatif à la sécurité contre l’incendie dans les bâtiments d’habitation ? La réponse est en partie donnée par le CCH, article R 111-16 : « Le préfet peut accorder des dérogations aux dispositions des articles R 111-3c, R 111-10, R 111-12 et R 111-13 si les aménagements proposés par le constructeur ou imposés à lui par la décision accordant la dérogation assurent aux bâtiments les mêmes garanties de confort, d’hygiène et de sécurité. » L’article R 111-13 auquel il est fait référence indique : « la disposition des locaux, la structure, les matériaux et l’équipement des bâtiments d’habitation doivent permettre la protection des habitants contre l’incendie (…) Un arrêté conjoint du ministre chargé de la construction et de l’habitation et du ministère de l’intérieur, fixe les modalités d’application du présent article (arrêté du 31 janvier 1986) ». Interrogé à ce sujet par le préfet du Haut-Rhin le 10 avril 2008, le ministère de l’Intérieur, de l’Outre-mer et des collectivités territoriales à confirmé, par courrier du 16 mai 2008 que le préfet pouvait accorder les demandes de dérogations dans le domaine des habitations collectives en précisant cependant que « la commission départementale de sécurité et d’accessibilité ne peut réglementairement être interrogée à ce sujet qui n’entre pas dans ses compétences. Toutefois, en l’absence de texte réglementaire sur la procédure d’instruction d’une telle demande, le préfet peut demander un avis auprès de tout service qu’il juge utile. » 22 Cette procédure de dérogation est peu connue et très peu appliquée dans le milieu de la construction des immeubles d’habitation. Ceci révèle soit que l’ensemble des immeubles construits respecte strictement le texte, soit que les non-conformités ne font l’objet d’aucune démarche administrative particulière, puisque très peu détectées (les Centres d’Etudes Technique de l’Equipement (CETE) ne contrôlent a posteriori, au niveau national, que 5% des immeubles construits). Cela étant, si le préfet est malgré tout destinataire d’une demande de dérogation dans le cadre de projets liés au développement durable (construction d’un immeuble d’habitation au label « Bâtiment Basse Consommation » à Mulhouse – demande de dérogation sur la stabilité au feu et le degré coupe-feu des planchers des coursives extérieures de distribution des logements – PC 68 224 08 S0028), il est vraisemblable qu’il transmettra pour avis le dossier au service prévention du service départemental d’incendie et de secours (SDIS). Le préventionniste se retrouvera face à une problématique identique à celle exposée précédemment pour l’ERP et la même question : disposera-t-il du recul et des compétences nécessaires pour juger de la pertinence des mesures compensatoires proposées. En outre, que ce soit en ERP ou en habitation, les demandes de dérogations, lorsqu’elles se répètent au niveau national sur un concept particulier (ex : façades double-peau non segmentées), posent le problème de l’uniformité de la réponse. Si la façade double-peau tend à se généraliser, sera-t-il « de bonne administration » de voir autant d’analyses qu’il existe de départements ? 2-1-2-3 L’absence de référentiels réglementaires L’innovation dans le cadre du développement durable apporte sur le marché de nouveaux matériaux, de nouvelles techniques, de nouveaux concepts qui ne sont encadrés par aucune réglementation en termes de sécurité. Il n’est donc pas possible d’utiliser la voie de la dérogation pour les traiter. Il en va ainsi des toitures en panneaux photovoltaïques. Le magasin Carrefour de Nîmes Ouest vient ainsi d’installer 1000 mètres carrés de cellules photovoltaïques et prévoit d’en installer 1340 mètres carrés supplémentaires sans consultation de la commission de sécurité. Au-delà de la forme, qui aurait sans doute nécessité une demande d’avis de la commission au titre des articles L 111-8 du Code de la Construction et de l’Habitation, cet exemple soulève un problème de fond. La réglementation ne prend pas en compte ce type d’installations. Or, 2000 m² de toiture photovoltaïque soumise à un incendie présente un risque certain d’électrisation pour les sapeurs-pompiers qui souhaiteraient utiliser l’eau de leurs lances. Mais si les panneaux photovoltaïques constituent l’exemple le plus frappant du vide réglementaire existant, il en est ainsi également pour : - l’utilisation des éoliennes, - l’utilisation de la biomasse, - la mise en œuvre d’isolants de façade par l’extérieur de plus en plus épais (300 millimètres). - les façades double-peau, - … Cette situation est somme toute assez « normale » au regard de l’élan de créativité impulsé par les pouvoirs publics en faveur du développement durable. Même en pleine crise 23 financière, le Président de la République a rappelé que « nous n’avions pas le droit de rater le rendez-vous fixé par la planète ». Mais peut-on, face à l’accélération constatée en matière de construction et d’équipement, tout réglementer comme au siècle dernier ? La réponse est moins évidente et appelle peut-être une autre façon de concevoir les « normes » en matière de sécurité incendie. 2-2 Les problèmes posés sur le plan technique vis-à-vis du risque incendie 2-2-1 L’éclosion des incendies Les mesures respectueuses du développement durable contribuant à la réalisation du bâti ne semblent pas présenter de risques évidents favorisant l’éclosion d’un incendie. On peut toutefois signaler l’interaction possible entre une installation électrique défectueuse et les différents matériaux isolants (polyuréthane, laine d’origine animale,…) en cas de conception inadaptée et de maintenance insuffisante. En ce qui concerne plus précisément les nouvelles énergies, l’éolien et le photovoltaïque constituent des modes de production d’électricité qui devraient se conformer à la réglementation relative aux installations électriques, notamment la norme NFC 15-100. Dans le cas du photovoltaïque, les panneaux et le générateur de courant ne peuvent pas être protégés au moyen de fusibles pour obtenir une déconnexion instantanée en cas de désordre technique. En effet, le courant de court-circuit est à peine plus élevé que le courant de fonctionnement. Certains défauts non détectés (contacts défectueux, défauts d’isolation,…) peuvent engendrer des arcs électriques qui ne pourront être interrompus et augmenteront le risque d’un départ de feu. Ces technologies récentes connaissent un réel essor appuyé par une publicité pressante. Alors que la réalisation d’installations très répandues n’est pas toujours d’une qualité irréprochable, on peut nourrir quelques inquiétudes concernant la mise en place de systèmes assez complexes et encore confidentiels. La fréquence des feux dont l’origine électrique est bien identifiée est déjà très élevée. La possibilité d’un retour en grâce du bois et des matériaux solides comme combustibles privilégiés peut s’évaluer à la hauteur du regain de vigueur du marché des chaudières adaptées à ces matériaux. Les systèmes les plus performants sont souvent inspirés de ceux en usage il y a plusieurs décennies. Cependant les grandes surfaces spécialisées se sont accaparées de façon privilégiée leur distribution. Le bricoleur éprouve souvent des difficultés à évaluer ses réelles capacités techniques et à résister aux tentations qui l’encouragent à réaliser des travaux exigeant des connaissances certaines au risque de malfaçons pouvant avoir des conséquences dramatiques. Les conditions de stockage des combustibles solides, par exemple les silos à pellets de bois, nécessitent des précautions que tous les utilisateurs ne sont certainement pas prêts à respecter. La géothermie, l’eau chaude solaire et la cogénération nécessitent en général le concours de professionnels spécialisés devant limiter les risques de défectuosité sur les installations et ne semblent pas présenter un risque particulier. La production d’électricité au moyen de piles à combustible, à défaut d’une intervention par un spécialiste, peut constituer un risque réel de feu et d’explosion. Les conditions d’implantation des installations utilisant des productions d’énergies issues de la biomasse ou 24 du méthane ne disposant pas d’une mise à la terre conforme peuvent favoriser le phénomène d’électricité statique capable de provoquer un début d’incendie. La récupération des déchets en vue de leur recyclage ou la mise en place de compacteurs, réalisée en volume fermé et mal ventilé peut fournir les conditions requises pour la naissance d’un feu. De façon identique, un stockage de matériaux mal organisé peut être un élément favorable à un départ d’incendie accidentel. 2-2-2 Le développement de l’incendie Les principes actuels de construction bioclimatique tendent à aggraver les conséquences d’un incendie. En effet, ces constructions se caractérisent par une isolation renforcée notamment au niveau des façades (isolation extérieure, murs rideau, double peau, traitement des ouvertures, vitrages multiples,…) et des toitures (isolation, végétalisation,…). Par conséquent, en cas de sinistre, la chaleur évacuée vers l’extérieur est pratiquement nulle. Le bâtiment constitue alors un réservoir de chaleur. Celle-ci s’accumule dans la pièce en feu, ce qui augmente la violence de l’incendie. Le feu est entretenu par un apport d’air limité qui peut provenir de l’installation de ventilation mécanique ou naturelle. La combustion qui en résulte est donc incomplète et par conséquent dangereuse. Cette combustion lente et incomplète des matériaux à l’intérieur de locaux habités favorise également la production de gaz toxiques tel que le monoxyde de carbone, particulièrement dangereux lorsqu’il s’agit de locaux à sommeil. De plus, l’utilisation croissante de nouveaux matériaux tant dans la construction que dans l’isolation ou le mobilier intérieur influe très sensiblement sur la manière dont le feu se développe dans un bâtiment. Certains de ces matériaux brûlent en dégageant de très fortes quantités de chaleur et se dégradent très rapidement lorsque les températures dépassent 100 à 300°C. Facteur aggravant, cette dégradation s’accompagne de la production de gaz très inflammables et toxiques. Phénomène moins connu, on constate également que les vitrages cèdent beaucoup plus tardivement sous l’effet de la chaleur. Cette sortie retardée des flammes et fumées par les fenêtres et l’absence de visibilité depuis la rue augmente d’autant le délai d’alerte des secours et contribue à un plus long développement de l’incendie avant l’arrivée des secours. 2-2-3 La propagation de l’incendie 2-2-3-1 Propagation par l’intérieur L’isolation renforcée ralentit ou empêche la dissipation de la chaleur et des gaz de combustion vers le milieu extérieur. Cette isolation peut concourir à une accélération de la propagation du feu car les températures d’inflammation des matériaux de la pièce d’origine du sinistre sont plus rapidement atteintes. On assiste de plus en plus fréquemment à des feux en milieu clos ou semi ouvert qui peuvent conduire à des accidents thermiques (explosion de fumée, embrasement généralisé,…). Ces phénomènes sont violents et conduisent à des propagations brutales de l’incendie par l’intérieur des constructions. 25 La mise en place d’un système de ventilation complexe (mécanique, naturelle ou hybride) pour palier le problème de condensation et de renouvellement d’air peut également constituer un vecteur privilégié de la propagation des incendies à l’intérieur des bâtiments. Autre sujet d’inquiétude, les rupteurs de ponts thermiques. Ces morceaux de polystyrène expansé placés entre les dalles et les murs apparaissent comme des points propices à une propagation. 2-2-3-2 Propagation par l’extérieur Le feu peut provenir d’un tiers par l’effet de rayonnement d’une façade à l’autre ou par un feu se déclarant sur la voirie ou au pied de l’immeuble. Dans un tel cas, la mise en place de matériaux de parements combustibles (bois, façade végétalisée,…) conjuguée à une exposition inappropriée par rapport à des vitrages réfléchissant le soleil peut contribuer à la naissance et à une propagation rapide de l’incendie par l’extérieur sur l’ensemble d’une façade jusqu’à la toiture. Le feu peut également se propager d’un niveau à l’autre par l’intermédiaire de la façade. Deux incendies tragiques survenus dans des bâtiments de grande hauteur à Sao Paulo, dans les années 1970, ont démontré que le feu peut se propager par l’intermédiaire des façades avec de graves conséquences. C’est pourquoi la plupart des réglementations incendies exigent que les façades soient construites en matériaux incombustibles. Toutefois, pour satisfaire des impératifs d’isolation, il est nécessaire d’incorporer des éléments combustibles dans les bardages extérieurs. Cette évolution est confirmée dans les concepts de constructions bioclimatiques. Lors d’un incendie, les éléments de façade peuvent donc accélérer la propagation de l’incendie en permettant à celui-ci de se propager aux étages au-dessus du foyer d’origine. Dans ce domaine, les doubles façades ventilées peuvent avoir, dans certaines configurations, une influence négative sur la protection contre l’incendie des personnes et des bâtiments. L’espace compris entre la paroi extérieure et la paroi intérieure peut annihiler la protection offerte par le cloisonnement intérieur du bâtiment. Tous les concepts de doubles façades ne posent pas de difficulté en matière de prévention de l’incendie. Le concept de façade le plus fréquemment appliqué, à savoir les doubles façades ventilées mécaniquement et recoupées à chaque étage, ne pose pas de problème spécifique. Cependant, certains concepts de doubles façades comportent des espaces ventilés qui s’étendent sur plusieurs étages. L’espace entre les deux parois peut, en cas d’incendie, jouer un rôle de véritable cheminée et transmettre la chaleur et les fumées d’un étage à l’autre, notamment si la façade comporte des châssis ouvrants. De plus, de nouveaux procédés de gestion technique du bâtiment permettent l’ouverture des ouvrants en façades durant la nuit pour éviter une utilisation intense de la climatisation. En cas d’incendie avec propagation par l’extérieur, la situation d’une personne qui se trouverait dans les étages supérieurs avec les fenêtres ouvertes serait périlleuse. Le feu peut également provenir d’un tiers par un effet de projection de matières enflammées sur la toiture d’un immeuble. La mise en place de toiture végétalisée, en fonction des essences végétales utilisées, de l’hygrométrie du substrat et de l’entretien des plantes (toiture prairie par exemple), ou de certains matériaux d’isolation en toiture (écran pare vapeur,…) peuvent poser des problèmes. Les risques sont identiques en cas de chute de produits en ignition sur des éléments photovoltaïques souples par exemple. 26 Les dispositifs brise soleil existent sous les formes les plus diverses car ils participent à l’œuvre de l’architecte qui protège son bâtiment de la façon la plus remarquable qu’il puisse imaginer. Leur positionnement au droit des vitrages en façade peut participer à contraindre les fumées et les gaz chauds à suivre une direction dangereuse s’ils sont trop imperméables et conçus sans penser au risque encouru par les occupants des niveaux supérieurs. En outre, ces dispositifs viennent parfois masquer les « baies pompiers », rendant leur repérage difficile et leur accès plus compliqué. 2-2-3-3 Propagation par conduction Le feu peut se propager par conduction à l’intérieur des murs comportant un isolant ou constitués de matériaux combustibles telle que la paille. Cette propagation peut être horizontale ou verticale. En effet, si l’isolant est en contact avec des sources de chaleur (appareils d’éclairage, installation électrique présentant des échauffements, mise en œuvre défectueuse des installations, …) ils peuvent s’enflammer. La propagation à travers ces matériaux est généralement lente mais le feu peut se développer sans être détecté. Ces incendies au cœur des matériaux isolants sont particulièrement dangereux si les volumes sont importants et si l’isolant est particulièrement combustible. Beaucoup de matériaux d’isolation dégagent très vite des produits dangereux qui brûlent plus rapidement que des matériaux traditionnels. Le feu se propage donc par conduction à l’intérieur des parois et peut, en cas de défaillance de l’enveloppe, ressurgir après avoir couvé longtemps, dans une partie du bâtiment éloignée du point d’origine. Après un apport d’air supplémentaire, on peut assister à un embrasement rapide et à une propagation de l’incendie. Enfin, l’isolant peut accélérer l’élévation de température du toit et des murs. Cet échauffement peut influer sur la tenue au feu des éléments de structure. 2-2-4 Le risque pour les occupants de l’immeuble Nous l’avons décrit précédemment, l’isolation renforcée ne permet pas d’évacuer rapidement la chaleur par l’extérieur, aussi les incendies dans les bâtiments sont plus violents du fait de l’énergie emmagasinée et la propagation par l’intérieur peut s’avérer dangereuse et rapide au point de représenter un risque important pour les occupants. En effet, un feu couvant et se généralisant rapidement dans une partie du bâtiment pourrait surprendre les occupants mais également, compromettre l’évacuation du public d’un bâtiment en cas de rupture de la protection des cheminements (circulations, escaliers). Comme cela a déjà été évoqué, les réserves en oxygène d’un local pouvant être habité sont appauvries par les efforts d’isolation thermique et acoustique. Le risque d’intoxication par les fumées de combustion est aggravé. Le développement lent d’un feu étant plus silencieux et insidieux qu’un foyer qui se développe rapidement, les personnes endormies ont moins de chances d’être alertées du danger. De plus, l’arrivée sur le marché de nouveaux matériaux peut conduire à la production de toxiques en cas d’incendie. Dans ce domaine, nous pouvons citer le problème de la mise en place de bois traité contre le feu. En effet, les procédés d’ignifugation permettent de conférer au matériau un comportement au feu plus intéressant mais aucun test de tenue au feu dans le temps 27 n’existe. En cas de sinistre, on s’aperçoit qu’il change le mode de combustion du matériau naturel en dégageant des vapeurs toxiques (dioxines, furanes,…). Autre exemple, les recherches étant peu avancées dans le domaine, il conviendra de s’assurer que la combustion des panneaux photovoltaïques (tuiles, membranes, …) ne produit pas de toxiques, notamment des métaux lourds. Lors de la mise en place de façades double peau, si l’incendie se propage à l’intérieur du volume compris entre les deux façades, les secours peuvent difficilement déceler une personne bloquée par les flammes en étages et qui tenterait de se manifester. Dans ce cas, les techniques de sauvetage par l’extérieur semblent plus difficiles à mettre en œuvre. 2-2-5 Les difficultés pour l’intervention des secours Ce nouveau mode de propagation des gaz d’incendie et des flammes observés lors du développement des feux et de leur propagation intérieure présente également un réel danger pour les sapeurs-pompiers. Les accidents tragiques de ces dernières années nous démontrent que les phénomènes thermiques peuvent être redoutables. La profession commence à prendre en considération cette problématique en adaptant la formation des intervenants. Force est de constater que les procédés de construction et certains matériaux mis en œuvre pour réaliser des bâtiments conformes aux concepts nouveaux à vocation environnementale ne font qu’aggraver les risques. La mise en place de façades double peau (façades ventilées, façades actives,..) diminue les possibilités d’accès pour les secours. Les sauvetages et l’attaque initiale du sinistre sont alors plus complexes. La mise en œuvre de moyens d’extinction au travers de ces équipements est plus hasardeuse et son efficacité réduite. De plus, la chute de matériaux au droit des façades peut mettre en danger les intervenants. Les panneaux photovoltaïques peuvent également présenter un nouveau risque pour les intervenants. En effet, ils produisent de l’électricité lorsqu’ils sont exposés à la lumière du jour et leur production ne peut être neutralisée. Ils doivent donc toujours être considérés sous tension. Ils présentent un risque de choc électrique pour les secours en cas de contact direct ou à l’occasion de l’utilisation des lances à eau lors des opérations d’extinction des incendies. 28 PARTIE 3 : SOLUTIONS REGLEMENTAIRES ET TECHNIQUES Comme vu précédemment, les innovations liées au développement durable, tant en terme de matériel qu’en terme de concept architectural, peuvent poser de réelles difficultés vis-à-vis de la réglementation incendie, de la sécurité des occupants et des intervenants. Néanmoins, notamment parce qu’elles ont fait leurs preuves, le recours aux solutions réglementaires et techniques existantes doit être privilégié. La réglementation thermique a d’ailleurs tenu compte des impératifs de la sécurité incendie en excluant certains éléments des exigences minimales d’isolation prévues par la RT 2005. Il s’agit notamment : « - des éléments de sécurité comme un « ouvrant pompier » situé en façade, tout équipement qui sert au désenfumage, occulté ou fermé en permanence et dont l’ouverture n’est commandée qu’en cas d’incendie, comme un lanterneau, encore appelé « pyrodôme ou passadôme » ou bien une grille de passage d’air qui peut servir à l’admission d’air neuf dite VB ou au rejet de l’air enfumé ou vicié dite VH ; - des toitures prévues pour la circulation des véhicules et des engins de secours dite voie pompier. » Toutefois, afin de répondre à l’ensemble des problèmes mis en exergue dans la partie 2, il est indispensable de moderniser les dispositions réglementaires et techniques. 3-1 Solutions apportées aux problèmes posés par l’application réglementaire 3-1-1 La voie dérogatoire, la démarche par objectif Face à une technique mise en œuvre par les constructeurs dans le cadre du développement durable, les règlements de sécurité ne sont pas toujours applicables et il convient de déroger aux règles en vigueur. Pour cela, il est possible de mettre œuvre une procédure de dérogation au travers des articles du Code de la Construction et de l’Habitation ou du code du travail à savoir : - l’article R. 123-13 du CCH pour les ERP. - l’article R. 111-16 du CCH pour les Habitations. - l’article R. 122-11-1 et 4 du CCH pour les IGH. - l’article R. 4216-32 à R. 4216-34 du Code du travail pour les lieux de travail. La procédure de demande de dérogation permet de répondre à de nombreuses non conformités. En effet, elle permet de déroger aux règles puis de compenser ces manquements pour atteindre un niveau de sécurité satisfaisant. On se rapproche d’une démarche par objectifs. Ces objectifs sont généralement fixés dans le règlement lui-même. Prenons l’exemple des façades : - Art CO 19§1 (arrêté du 25 juin 1980) : « Les dispositions de la présente section ont pour but d'empêcher la propagation du feu par les façades » ; - Art 11 (Arrêté du 31 janvier 1986) : « Les dispositions de la présente section ont pour objet de limiter la propagation du feu par les façades » ; -… Toutefois, afin que cette démarche soit plus lisible par les maîtres d’ouvrage et maîtres d’œuvre, l’adaptation suivante aux procédures de dérogation peut être envisagée : « Mettre en place un seul organe de consultation à savoir la Commission Consultative Départementale de Sécurité et d’Accessibilité. » 29 Actuellement la CCDSA est compétente pour les ERP, les IGH de moins de 100 mètres et les lieux du travail mais pas pour l’habitation. Compte tenu du caractère exceptionnel des projets d’IGH de plus de 100 mètres, la Commission Centrale de Sécurité doit rester compétente. On peut noter que les décrets 2006-1089 du 30 août 2006 et 2006-1658 du 21 décembre 2006 ont attribué la compétence à la CCDSA, pour donner un avis à l’autorité investie du pouvoir de police, pour les dérogations aux règles d’accessibilité aux personnes à mobilité réduite dans tout type de construction (ERP, IOP, logements, lieux de travail, voirie et espace public). Il serait donc légitime d’étendre cette compétence en matière de sécurité incendie. Cette approche transversale permettrait alors d’obtenir une cohérence dans les réponses apportées aux nouvelles constructions, qu’il s’agisse d’ERP, d’habitation ou autre. 3-1-2 Le recours à d’autres référentiels 3-1-2-1 : les avis techniques Le recours à une dérogation, même si elle constitue une démarche réglementaire, ne permet pas systématiquement au prescripteur de disposer des éléments techniques d’appréciation qui lui donnent l’assurance que les produits sont adaptés et sûrs, même s’il en a une forte conviction. En présence de matériau, de concept ou de système innovant, dont la diffusion sur le marché de la construction durable prolifère, une solution peut consister à s’assurer qu’il bénéficie d’un agrément technique européen (ATE). Cet agrément constitue une obligation réglementaire préalable à la mise sur le marché et au marquage CE de certains produits. Il n’est par contre établi que sur la base des exigences essentielles retenues par la Directive européenne « produits de construction » et ne prend pas en compte les aspects liés à leur mise en œuvre. Ce dernier point peut être la source de graves désordres. Un produit innovant peut ne se rattacher à aucune réglementation existante. Rien ne permet d’interdire la mise en place d’installation photovoltaïque en toiture pour des raisons de sécurité incendie si la toiture se trouve à plus de douze mètres d’un bâtiment tiers. Ainsi, personne ne s’inquiète des caractéristiques de comportement au feu des films supports de ces installations et du risque d’électrocution auquel sont exposés les intervenants sur une telle installation en y projetant de l’eau. Une alternative mérite une attention particulière : l’avis technique. Il constitue un document d’information technique sur l’aptitude à l’emploi d’un produit, matériau, élément ou composant de construction, à caractère innovant. Actuellement, les avis techniques s’adressent essentiellement : - au prescripteur en vue du choix d’un produit ; - à l’utilisateur impliqué dans la réalisation d’un ouvrage ; - au contrôleur technique intervenant sur un chantier. L’avis technique exprime l’opinion, formulée après expertise de manière neutre et impartiale par un groupe d’experts. Il est basé sur la prise en compte tant des exigences réglementaires françaises que des objectifs de performances et de durabilité résultant de l’application des règles de l’art dans le domaine des techniques traditionnelles correspondantes lorsqu’elles existent. 30 Les avis techniques sont formulés par une commission composée de fonctionnaires représentant les pouvoirs publics en charge de la construction, d’un membre du centre scientifique et technique du bâtiment (CSTB), d’un représentant de l’association française de normalisation (AFNOR), des représentants des maîtres d’ouvrage publics et privés, et de dix personnes choisies parmi les industriels, entrepreneurs, architectes dont les activités ont trait notamment au bâtiment. C’est le CSTB qui enregistre et publie les avis techniques. Tel qu’il est défini à l’article L 141-1 du code de la construction et de l’habitation, « le centre scientifique et technique du bâtiment est un établissement public de caractère industriel et commercial, doté de l’autonomie financière et placé sous l’autorité de l’administration compétente. Cet établissement a pour objet de procéder à des études et recherches scientifiques et techniques intéressant la construction et le logement ». Il est donc parfaitement légitime de pouvoir recourir aux avis techniques formulés par la commission précitée. La réglementation incendie y fait d’ailleurs déjà référence. L’arrêté du 22 mars 2004 relatif à la résistance au feu des produits, éléments de construction et d’ouvrages, en son article 18, dispose : « la performance de résistance au feu d’un produit, d’un élément de construction ou d’ouvrage est attestée : - par les informations accompagnant le marquage CE, dans les conditions prévues par le décret du 8 juillet 1992 modifié susvisé, ou - par une certification au sens de l’article L. 115-27 du code de la consommation, ou par un procès-verbal établi par un laboratoire agréé dans les conditions indiquées à l’annexe 4, en cours de validité au moment de la mise en œuvre, ou - par une note de calcul élaborée selon l’article 12, ou - par un avis de chantier délivré dans les conditions indiquées l’article 14, ou - par un avis sur étude délivré dans les conditions indiquées à l’article 15. Par ailleurs, un avis technique (Atec) peut être délivré dans les conditions de l’arrêté du 2 décembre 1969 susvisé, formulé sur la base d’une appréciation d’un laboratoire agréé sur le comportement au feu d’un produit, d’un élément de construction ou d’un ouvrage ». Il apparaît cependant que pour accorder une confiance plus large à l’Atec, il convient de recommander à la commission chargée de formuler les avis techniques d’être plus exigeante sur l’appréciation des critères conduisant à reconnaître la conformité aux réglementations, notamment celles relative à la sécurité incendie. Il est nécessaire d’évaluer une conformité à ces réglementations, y compris en ce qui concerne leur mise en œuvre. C’est à cette condition que les services instructeurs des permis de construire pourront s’estimer parfaitement renseignés. Un avantage de l’avis technique est qu’il dispose d’une déclinaison particulière, le document technique d’application (DTA), qui désigne un avis formulé pour l’emploi d’un produit ou composant relevant du marquage CE dans des conditions d’instruction spécifiques. Il existe aussi une procédure rapide d’évaluation technique formulée par un groupe d’experts sur tout produit, procédé ou équipement ne faisant pas encore l’objet d’un avis technique afin de faciliter la prise en compte de l’innovation dans la construction : l’Atex (Appréciation technique d’expérimentation). Il peut être judicieux de s’autoriser le recours à l’Atex. Cette procédure permet, dans la construction, de faciliter l’intégration des expérimentations tout en identifiant les risques et leur mode de prévention. Le principal défaut de l’avis technique est sa durée de délivrance qui peut atteindre dix huit mois. Lors d’une conférence organisée le 2 juillet 2008, M. Alain MAUGARD, alors président 31 du CSTB, faisant référence aux objectifs annoncés par les conclusions du Grenelle de l’environnement fixant notamment à 2020 l’arrivée de la génération des bâtiments à énergie positive, a annoncé : « la machine à fabriquer de l’innovation est lancée. Les entreprises font preuve de créativité pour mettre sur le marché des produits répondant aux objectifs de performance ». En réponse à cette situation, qui se vérifie chaque jour dans la presse spécialisée consacrée à la construction, le CSTB a lancé le Pass’innovation. Il s’agit d’un dispositif volontaire qui permet aux entreprises, aux contrôleurs techniques et aux assureurs de disposer d’une première évaluation technique des produits ou procédés. Son délai d’obtention est de trois mois. Le Pass’innovation peut être accrédité de trois niveaux de classement selon la confiance qui est attribué au produit (vert, orange, rouge). N’étant pas envisageable d’hypothéquer la sécurité et de faire prendre des risques aux acteurs de la construction et aux utilisateurs ou occupants futurs, seul un produit présentant toutes les garanties peut retenir l’attention du prescripteur dans le cadre de l’habitat collectif, les ERP et les IGH. Ainsi, un produit classé « feu vert » présente un risque très limité qui peut être maîtrisé par des recommandations sur la mise en œuvre et/ou le suivi. On considère alors que le produit ou le procédé peut être employé dans la construction. Il existe donc d’autres solutions que l’intuition du préventionniste isolé afin d’autoriser la mise en place de nouveautés techniques dans la construction. Il reste cependant à les intégrer dans la réglementation. La quantité impressionnante de produits qui sont utilisés actuellement sans garantie doit inciter à réfléchir d’urgence à la possibilité de recourir à une solution telle que celle énoncée, déjà existante, et qui ne coûte rien à la collectivité. 3-1-2-2 : les autres règlements européens Il nous apparaît également nécessaire et avantageux de se rapprocher de nos voisins européens voire même d’outre Atlantique pour mettre en commun nos connaissances dans le domaine de la construction durable et partager le fruit de nos analyses respectives. Charge ensuite à chacun de retenir les éléments qui peuvent améliorer ses dispositions réglementaires propres en fonction de la typologie des bâtiments et des contextes sociaux et historiques. Prenons l’exemple des façades double peau. Le règlement français n’aborde que très partiellement cette technique constructive dans le cadre de l’article CO 21 §2 de l’arrêté du 25 juin 1980 modifié en ce qui concerne le recoupement des vides de façades dans les ERP. Il a pour effet de limiter la mise en place de doubles façades sur deux niveaux successifs au maximum. Or, les exigences en matière de développement durable, notamment de protection thermique, mettent en exergue le potentiel qualitatif de telles façades. A ce stade, deux possibilités s’offrent à nous : - soit laisser le règlement en l’état et traiter les demandes par le biais de la dérogation ou de l’avis de commission centrale de sécurité sur un produit innovant tel que prévu à l’article R 123- 36 du code de la construction et de l’habitation (hôpital de LAGNY, Marne la Vallée, avis CCS du 4 octobre 2007) ; - soit modifier nos règlements, à commencer par le règlement de sécurité, en s’inspirant largement des exemples étrangers, suisse et belge en l’occurrence. En effet, la Suisse traite de ce sujet dans l’article 36 de la norme de protection incendie, association des établissements cantonaux d’assurance incendie, intitulé « bâtiment à façades double peau, cours intérieures » : « Dans les bâtiments à façades double peau, ainsi que dans les bâtiments comprenant des cours intérieures couvertes, ces mesures doivent être 32 prises pour éviter la propagation de l’incendie dans les zones intérieures des façades (zones tampon) et dans les cours intérieures ». Cet objectif est décrit dans les onze pages de la « note explicative de protection incendie n°1004 du 6 mars 2003 » (Annexe n°7). La Belgique a édité un document de dix huit pages intitulé « les doubles façades ventilées, exigences en matière de sécurité incendie ». (Annexe n°8) Force est de reconnaître que, rien qu’en Europe, d’autres pays ont réfléchi à cette question et ont abouti à des dispositions visant à garantir un juste niveau de sécurité. Sans reprendre à la lettre les mesures qui sont préconisées dans les textes de nos voisins, mais en s’en inspirant, des propositions peuvent être envisagées rapidement afin d’amender nos réglementations après avoir été examinées par les experts, notamment ceux du groupe de Travail qui étudie la révision de l’instruction n° 249. Une solution concrète permettant d’autoriser l’application de ce qui vient d’être démontré est proposée ci-après. Les constructions intégrant les exigences du développement durable étant susceptibles de faire l’objet de fréquentes demandes de dérogations, comme nous l’avons évoqué précédemment, ces demandes devront être assorties de mesures compensatoires permettant d’atteindre le niveau de sécurité défini par les dispositions réglementaires. Ainsi, il semblerait judicieux d’apporter un complément à l’article GN 4 de l’arrêté du 25 juin 1980. Ce complément pourrait être le suivant : « 3 Lorsqu’un établissement recevant du public présente des caractéristiques éloignées du texte applicable en raison d’une recherche réglementaire d’objectif lié, par exemple, au développement durable, le maître d’ouvrage peut proposer pour avis à la commission de sécurité compétente des mesures compensatoires basées : - soit sur les avis technique tel que définis dans l’ de l’arrêté du 2 décembre 1969 modifié portant création de la Commission, Règlement intérieur de la Commission et Directives générales relatives à l’établissement des demandes d’Avis Technique, l’instruction et la révision, ainsi que des Conditions générales d’instruction et d’édition des Avis Techniques par le CSTB ; - soit sur des solutions techniques validées dans d’autres Etat membre de la Communauté européenne ou d’un Etat partie de l’accord instituant l’Espace Economique européen ou de la Turquie. » Cette évolution du texte permettrait : -de ne pas amender l’article R.123-13 du code de la construction et de l’habitation, -d’intégrer la notion de développement durable dans l’arrêté du 25 juin 1980 mais aussi de ne pas être hermétique à d’autres réglementations performancielles d’un niveau normatif supérieur, -d’ouvrir la prévention vers les avis techniques du CSTB et vers une culture européenne de la sécurité. 3-2 Quelques solutions techniques 3-2-1 Le recours à l’Ingénierie de la Sécurité Incendie (ISI) L’ingénierie de la sécurité incendie se propose de fournir une approche alternative à la réglementation prescriptive, notamment en matière de désenfumage et de résistance au feu des matériaux. Ces deux seuls domaines actuellement autorisés peuvent être directement impactés lors de la mise en œuvre de matériaux et de concepts nés de la construction durable. 33 Deux exemples peuvent être cités : - les façades double peau suscitent l’inquiétude des services en charge d’évaluer les risques en matière de sécurité incendie en raison du rôle de cheminée d’appel déjà évoqué qui peut leur être attribué ; - le comportement au feu des constructions en bois massif est différent de celui des bâtiments construits traditionnellement avec des briques ou des parpaings et du béton. La sagesse des positions prises par la commission centrale de sécurité et par des commissions départementales sur des cas où furent mis en œuvre des concepts innovants non prévus par les réglementations démontre qu’il existe paradoxalement une certaine confiance à la mise en place « raisonnée », c'est-à-dire dans des conditions ne générant pas une aggravation des risques, de certains produits innovants. (Avis CCS sur façade double peau du 4 octobre 2007, avis sur pile à combustible du 6 novembre 2003,…). Les cas d’ERP français cités à titre d’exemples en première partie de ce mémoire constituent une illustration non exhaustive mais concrète de bâtiments où une analyse de risques suivie d’une définition adaptée des moyens de prévention à mettre en œuvre pour garantir le niveau de sécurité nécessaire s’est substituée à l’application stricte d’une réglementation. Il est cependant rassurant pour le préventionniste de conforter son avis, même s’il est habité d’une quasi certitude, au moyen d’une démarche scientifique. Le recours à l’ISI peut constituer une solution intéressante à ce que l’on peut considérer comme des situations où il n’est pas défini de disposition technique réglementaire adaptée. C’est la solution à laquelle ont eu recours les responsables du centre hospitalier universitaire de ROUEN pour évaluer la possibilité d’installer une façade double peau sur l’un de ses bâtiments lors d’une opération programmée en 2008. 3-2-2 Le recours aux normes Les normes industrielles : la normalisation est définie par la réglementation française comme étant un processus ayant « pour objet de fournir des documents de référence comportant des solutions à des problèmes techniques et commerciaux concernant les produits, biens et services qui se posent de façon répétée dans des relations entre partenaires économiques, scientifiques, techniques et sociaux » (décret n° 84-74 du 26 janvier 1984). En France, l’organisme chargé de la normalisation est l’AFNOR (Association Française de Normalisation). Au niveau européen, les travaux de normalisation sont effectués par le CEN (Comité Européen de Normalisation) et, au niveau international, l’ISO (International Organization for Standardization) est l’organisme de référence. Depuis 1990, l’élaboration des normes répond à des règles guidées par la recherche du consensus. Il est certain que l’avis des industriels pèse sur le contenu des normes. Cependant, d’autres intervenants participent à leur élaboration tels que les représentants des pouvoirs publics, les utilisateurs et les consommateurs. En France, particulièrement depuis les accords pris avec les pays européens, les normes ont fait l’objet d’une reconnaissance clairement identifiée. Ainsi, de nombreux produits utilisés dans la construction relèvent d’une norme. La directive des produits de construction (DPC), directive du conseil des communautés européennes n°89.106.CEE du 21 décembre 1988, incite les fabricants à obtenir le marquage CE pour leurs produits. Afin que cela soit réalisable, ils peuvent recourir à plusieurs solutions dont les normes harmonisées. Les 34 normes concernent pratiquement tout ce qui touche au bâtiment (chauffages, structures en bois, techniques des eaux résiduaires, installations fixes de lutte contre l’incendie,…). Les normes européennes de produits contiennent des caractéristiques réglementées et des caractéristiques non réglementées. On parle alors de partie « harmonisée » et de partie « volontaire » de la norme. La partie harmonisée de la norme figure dans une annexe à la norme, l’annexe « Z ». Elle permet au fabricant qui respecte cette partie de la norme d’apposer le marquage CE sur ses produits. L’annexe « Z » précise également, pour chaque caractéristique et usage du produit, le rôle et les tâches respectives du fabricant et de l’organisme notifié lorsqu’il est prévu. Ainsi, un produit de construction marqué CE peut être considéré comme répondant aux exigences essentielles de la norme. Les appareils de chauffage constituent une illustration de cette démarche. Les appareils de chauffage à combustibles solide ou liquide, à granulés de bois, mais aussi les panneaux de verre plats et bombés intégrant des systèmes de chauffage électriques sont normalisés parmi de nombreux autres. En matière de sécurité contre les risques d’incendie et de panique, la référence à des normes est parfaitement adaptée et reconnue au point d’affecter aux normes, dans certains cas, un statut réglementaire. Les avantages à pérenniser cette démarche sont : - elle ne perturbe pas des habitudes bien ancrées pour les différents acteurs de la construction ; - elle bénéficie d’une reconnaissance internationale autorisant aisément les échanges entre pays ; - elle garantie le recours à des minima techniques et technologiques élaborés dans le sens des règles de l’art par des professionnels et dont la fabrication bénéficie d’un contrôle sur place. Le point faible de ce système peut résider dans les difficultés qu’éprouvent les pouvoirs publics pour participer à l’élaboration et au suivi de toutes ces normes. 3-2-3 Autres solutions techniques 3-2-3-1 L’extinction automatique à eau de type Sprinkler Dans de nombreux cas, le recours à l’extinction automatique à eau de type sprinkler, en complément des dispositions techniques réglementaires, semble satisfaisant. Toutefois, ces installations sont complexes et présentent une contrainte financière importante. Aussi, dans l’optique de proposer des solutions techniques raisonnables, le recours à un système de type sprinkler « résidentiel » paraît intéressant. Ce système largement employé outre-Atlantique ou dans les pays nordiques présente de nombreux avantages. En effet, les systèmes d’extinction automatique de type sprinklers référencés actuellement dans les réglementations françaises ont pour objectif de maîtriser un incendie. Ils contiennent l’incendie en mouillant préalablement les matériaux combustibles dans l’environnement du feu et en refroidissant les gaz chauds proches du plafond. En France, ils sont essentiellement employés dans les grands volumes comportant une charge calorifique importante (magasin, parc des expositions, entrepôt, parc de stationnement,…) ou pour des problèmes de stabilité des structures. Les sprinklers résidentiels, peuvent être installés dans des locaux beaucoup plus petits. 35 Le but de ce système est de combattre un incendie dans sa phase la plus précoce, en envoyant suffisamment d’eau pour éteindre le feu ou pour empêcher qu’il ne se propage. Les têtes de sprinklers entrent vite en action, limitant ainsi la menace de la chaleur, des flammes et de la fumée. Ces systèmes sprinklers font usage de conduits légers et bons marchés, d’accouplements en plastique PVC, cuivre ou acier à paroi mince, au lieu des matériaux traditionnels. Ils sont raccordés directement au réseau de ville et par conséquent ils ne présentent pas de contraintes techniques et financières trop importantes. Ces sprinklers peuvent donc être mis en œuvre dans des habitations ou dans des locaux à sommeil (hôtel, maison de retraite,…). Ils sont bien adaptés pour les constructions tout en bois où les exigences relatives à la réaction au feu des matériaux ne sont pas toujours faciles à mettre en œuvre par les concepteurs. 3-2-3-2 La détection incendie Une autre solution envisageable est le recours plus fréquent à la détection automatique d’incendie : - soit au travers de système de sécurité incendie dans lesquels on peut augmenter les exigences sur le nombre de points de détection. - soit au travers d’un nouveau concept comme le détecteur avertisseur autonome de fumée (DAAF). En effet, la détection précoce d’un sinistre a fait ses preuves dans les établissements recevant du public à sommeil. De nombreux risques évoqués, y compris ceux liés à l’arrivée du développement durable dans la construction peuvent être traités en mettant en place un système de détection permettant l’évacuation précoce des occupants et l’intervention rapide des secours. Le projet de loi, actuellement soumis au vote du parlement permettra de recourir à ce système dans les bâtiments d’habitation. Une autre piste peut également être explorée, celle du détecteur incendie par voie hertzienne (norme européenne EN 54-25 2008-3). Ces détecteurs sont particulièrement utilisés au Royaume Uni où une procédure de certification est en cours. Ils sont particulièrement adaptés à la protection des bâtiments historiques mais pourraient tout aussi bien être utilisés ponctuellement dans des constructions pour palier à un risque particulier (volume intermédiaire d’une façade double peau par exemple). En effet, l’absence de câblage permet une mise en œuvre aisée et moins coûteuse qu’un système conventionnel. 3-2-3-3 La ventilation naturelle Les escaliers, quel que soit le type de bâtiment, peuvent constituer des gaines toute hauteur pratiquement dépourvues de matériau combustible. Leur utilisation pour véhiculer de l’air frais, depuis l’extérieur au pied de l’immeuble jusqu’à son sommet, permettrait des économies de climatisation. En IGH, il suffirait, à partir d’une solution B de désenfumage, de placer une baie de transfert qui se fermerait en cas d’incendie entre le volume de l’escalier et le sas. Dans d’autres types de bâtiments le concept mériterait d’être adapté. 3-2-3-4 La récupération des eaux pluviales L’utilisation des ressources en eau est strictement réglementée en France. Les premières mesures viennent d’être prises pour assouplir ces règles (Arrêté du 21 août 2008 relatif à la 36 récupération des eaux de pluie et à leur usage à l’intérieur et à l’extérieur des bâtiments). Elles sont néanmoins confrontées à des dispositions existantes dans d’autres réglementations existantes. Ainsi, l’article GH 52 de l’arrêté du 18 octobre 1977 (règlement de sécurité IGH), dispose que les secours en eau doivent être alimentés au moyen d’eau potable. Avec certaines précautions, des solutions techniques permettant d’utiliser l’eau de pluie récupérée peuvent être mises en place à condition de modifier l’article précité. Le projet de texte modifiant le règlement de sécurité des IGH ne prévoit pas un tel changement. Dans ce domaine, on peut citer le projet du super U de Thouars qui prévoit de récupérer 180 m3 d’eau de pluie par an ou encore le projet de mise en sécurité de la maison de la Radio à Paris qui prévoit une bâche supplémentaire de sécurité pour l’extinction automatique à eau de type sprinkler alimentée par le système de récupération des eaux de pluie. 3-2-4 Renforcer le lien entre la prévention, la prévision et l’opération Les risques inhérents à ces nouvelles constructions peuvent être traités par nos règlements en vigueur ou par le biais d’une dérogation associée à des mesures compensatoires. Néanmoins, dans certains cas, il n’existe pas de mesures préventives satisfaisantes. Les installations photovoltaïques actuelles en sont le parfait exemple. En effet, ces installations présentent des risques d’électrisation en permanence et cela constitue un risque pour les intervenants. Dans ce cas, la réglementation doit prévoir des dispositifs d’information des secours au travers d’affichage obligatoire permettant d’identifier ce risque. Cette mesure semble être mise en œuvre comme on peut le constater dans le guide pratique à l’usage des bureaux d’études et installateurs, édité par l’Agence De l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie (ADEME) ou d’autres documentations techniques qui prévoient un affichage d’avertissement sur les installations. On peut également signaler qu’il est utile de faire mentionner ce risque sur les plans d’intervention prévus dans les règlements ERP ou IGH. Mais, ces mesures ne semblent pas suffisantes et il est indispensable de renforcer les échanges entre les acteurs de la prévention, de la prévision et de l’opération par des actions d’information et de formation conduites en direction des intervenants. 3-3 Solutions plus transversales et organisationnelles 3-3-1 réflexions d’ordre général La première des réponses à apporter face au changement est de prendre conscience du changement ! Les acteurs de la prévention incendie en France doivent prendre conscience de l’importance et de l’imminence du sujet et partager à tous les niveaux les informations dont ils disposent sur le développement durable vis-à-vis du risque incendie. Il s’agit non pas de vouloir systématiquement intervenir en amont du changement, ce qui risquerait de freiner l’innovation, mais au minimum d’être à ses côtés. La Charte de l’environnement, inscrite dans le préambule de la Constitution précise que : « les politiques publiques doivent promouvoir le développement durable. » L’enjeu est fort et « durable » puisqu’il est réaffirmé en pleine crise financière par le chef de l’Etat. Les acteurs publics de la prévention doivent comprendre les enjeux du changement qui s’opère. Ils doivent donc être acteurs du développement durable. 37 Dans un monde globalisé, avec des outils d’information et de communication performants, il est primordial, pour éviter une perte de temps et d’énergie, de partager nos points de vues et nos expériences entre Etats (exemple pour la réglementation des façades double-peau). Cela s’avère d’autant plus avantageux que la France ne se situe pas en tête des réalisations dans le domaine de la construction « verte ». Des pays voisins (Allemagne, Angleterre, …) ou même plus éloignés (Etats-Unis) ont une avance certaine dans ce domaine. Il ne s’agit pas de calquer tel standard étranger, mais de comprendre leur position et le cas échéant, d’analyser leur retour d’expérience qui s’étale sur plusieurs années déjà. 3-3-2 Solutions concrètes 3-3-2-1 Création d’un groupe pilote « Développement durable et sécurité incendie » Le développement durable se traduit avant tout par un changement dans le mode de construction. Ce changement sera progressif et conduira à l’apparition de nouveautés au fil du temps. Il est donc nécessaire de suivre l’évolution du bâtiment pour adapter l’information, la formation voire la réglementation au cours des années. Le groupe pilote aurait trois objectifs principaux : - suivre l’évolution du développement durable dans la construction afin d’acquérir une bonne culture sur le sujet (recherche d’informations, échanges, rencontres, liens avec l’international, …) ; - analyser, voire anticiper les problèmes posés dans le cadre du développement durable appliqué à la construction afin d’alerter la Commission Centrale de Sécurité ; - diffuser l’information, redistribuer la culture aux acteurs de la prévention incendie. Ce groupe, qui peut être une sous-commission de la commission centrale de sécurité, devra être composé de membres de la DDSC, de sapeurs-pompiers mais aussi de personnels du ministère du développement durable, des acteurs de la constructions (architectes, CSTB,…) ou bien encore de membres du PREBAT (Programme de Recherche et d’Expérimentation sur l’Energie dans le Bâtiment) qui sont chargés de définir les constructions de demain, notamment celles de la RT 2010 et 2015. Ainsi en renforçant les liens entre ces différents acteurs, la prévention incendie pourrait être intégrée très en amont des réflexions relatives à la construction « durable ». 3-3-2-2 Intégration du « développement durable » dans les formations de sapeurs-pompiers Les préventionnistes ont tous en commun le fait de suivre une formation identique dispensée à l’Ecole Nationale Supérieure des Officiers de Sapeurs-Pompiers. Le programme de formation pourrait être adapté pour intégrer une information sur « Le développement durable : enjeux et conséquences sur la sécurité incendie ». Les séquences pédagogiques consacrées à l’architecture du bâtiment pourraient également informer sur les nouveaux matériaux et les solutions techniques mis en œuvre dans la construction en raison des impératifs liés au développement durable. Cette information serait complétée au fur et à mesure de l’enrichissement des connaissances du groupe pilote précité puis dispensé aux préventionnistes lors de leur formation de maintien des acquis. 38 Conclusion L’application du principe de développement durable dans le domaine de l’immobilier va engendrer de profondes modifications dans l’acte de construire. Le changement est en route et la citation de Sir Winston Churchill ne pourrait trouver meilleure place : « Mieux vaut prendre le changement par la main, avant qu’il ne vous prenne par la gorge ». Prendre ce changement par la main, l’accompagner au fil des années à venir est sans doute la clé en termes de réponse à donner face à cette évolution. Le présent rapport propose certes quelques solutions techniques ou réglementaires concrètes (ingénierie de la sécurité, modification de l’article GN 4, …), mais l’éventail des modifications en cours et à venir dans le milieu de la construction est si vaste qu’il nécessite bien plus qu’un simple mémoire de stage somme toute assez généraliste. Il est certain que le domaine de la prévention des risques d’incendie et de panique sera impacté à court terme par ces évolutions. Mais « se hâter lentement » est sans doute une position intermédiaire sage, et le socle juridique tant au niveau du Code de la Construction et de l’Habitation qu’au niveau de l’arrêté du 25 juin 1980 est solide et permet d’apporter pour un temps une réponse réglementaire et sécurisante aux projets soumis pour étude. Cette position ne doit cependant pas être confondue avec de l’attentisme. Elle doit s’accompagner d’une véritable mission de renseignement et d’information qui pourrait être confiée à un « groupe pilote ». Il est en effet indispensable de se renseigner sur les nouvelles techniques mises en œuvre, les nouveaux concepts, les projets à venir et les projets réalisés mais aussi d’échanger avec les autres pays confrontés aux mêmes questions, aux mêmes enjeux… Les conséquences de ces changements tant pour le public que pour les personnels des services de secours et de lutte contre l’incendie étant potentiellement dramatiques, il convient aussi de partager ces informations, ces retours d’expérience et autres analyses afin d’envisager les évolutions réglementaires et techniques nécessaires. Au-delà des problèmes ponctuels révélés par cette courte étude, ce qui se joue dans l’évolution du mode de construction est l’adéquation entre une certaine conception de la sécurité bâtimentaire et la typologie même des sinistres. En effet, les incendies du XXIème siècle vont vraisemblablement évoluer tout autant que les constructions. Et si les immeubles Haussmanniens ont apporté avec eux les feux de cage d’escalier meurtriers auxquels ont su répondre les escaliers encloisonnés, le développement durable apportera d’autres problèmes auxquels il faudra trouver de nouvelles réponses, ce qui ne sera possible qu’en accompagnant le changement, en étant à ses côtés. Novembre 2008 Commandant Stéphane HURIET Capitaine François-Marie BROCHARD Capitaine Fabien SOUBIRAN 39 Glossaire Agenda 21 Programme d'actions destinées à traduire dans les faits les principes et visées du développement durable, défini à Rio (92) lors du 2ème sommet de la Terre organisé sous l'égide des NationsUnies. Les villes et autres collectivités territoriales notamment sont invitées par ce moyen à s'approprier et à pratiquer des politiques qui tendent à satisfaire les besoins des générations actuelles sans hypothéquer, pour le moins, la capacité des générations futures à satisfaire les leurs. Architecture bioclimatique Ce mode de conception architectural consiste à trouver le meilleur équilibre entre le bâtiment, le climat environnant et le confort de l’habitant. L’architecture bioclimatique tire le meilleur parti du rayonnement solaire et de la circulation naturelle de l’air pour réduire les besoins énergétiques, maintenir des températures agréables, contrôler l’humidité et favoriser l’éclairage naturel. Faut-il remonter aux premiers habitats humains, ou bien encore évoquer les maisons rurales traditionnelles, pour décrire les débuts de l’architecture bioclimatique ? Cogénération (production combinée) La cogénération recouvre un ensemble de techniques de production simultanée d'énergie thermique, récupérée sous forme de gaz chauds ou de vapeur et utilisée pour le chauffage, et d'énergie mécanique, cette dernière étant le plus souvent utilisée pour produire de l'électricité par couplage à un alternateur. La valorisation simultanée de la chaleur et de l'énergie mécanique peut permettre d'atteindre des rendements énergétiques très élevés, de l'ordre de 80 %, et même jusqu'à 90 %, largement supérieurs à ceux d'une production séparée de chaleur et d'électricité. La cogénération permet donc de réaliser des économies appréciables d'énergie primaire. Développement durable Le développement soutenable est un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs. Une politique et une stratégie visant à assurer la continuité dans le temps du développement économique et social, dans le respect de l'environnement, et sans compromettre les ressources naturelles indispensables à l'activité humaine. Le concept de développement durable intègre à la fois des préoccupations de développement de l’ensemble des sociétés des diverses régions du monde, d’équité sociale, de protection de l’environnement local, régional et global, de protection du patrimoine planétaire et de solidarité vis-à-vis des générations futures. Le développement durable doit donc être compris comme un développement à la fois : supportable pour les écosystèmes dans lesquels nous vivons, donc économe en ressources naturelles et aussi "propre" que possible ; viable, autosuffisant à long terme, c’est-à-dire fondé sur des ressources renouvelables et autorisant une croissance économique riche en emplois, notamment là où les besoins essentiels ne sont pas couverts ; vivable pour les individus et les collectivités, donc orienté vers la cohésion sociale et l’accès pour tous à une haute qualité de vie. 40 Commentaire : la traduction du mot anglais sustainable a été dans un premier temps soutenable (rapport Brundtland) aujourd'hui depuis la conférence de Rio la traduction généralement acceptée est durable. La définition de la Commission Brundtland est suffisamment large pour avoir donné lieu à diverses interprétations et pour avoir nourri de nombreuses polémiques. Le développement durable reste attaché à la conférence de Rio qui prônait une approche conjointe de l’environnement (des pays du Nord) et du développement (des pays du Sud). Ce concept est proche de celui de l’écodéveloppement. Du fait de son contexte historique et politique international, le développement durable est un compromis entre trois contradictions fondamentales : · compromis entre les intérêts des générations actuelles et celui des générations futures, dans le contexte de l'équité intergénérationnelle · compromis Nord/Sud entre les pays industrialisés et les pays en développement · compromis entre les besoins des êtres humains et la préservation des écosystèmes (les habitats et les espèces). Ce dernier problème renvoie à l'opposition entre durabilité forte ou faible L'objet du mécanisme pour un développement propre (article 12 du Protocole de Kyoto) est d'aider les Parties ne figurant pas à l'annexe I à parvenir à un développement durable en réduisant les émissions de gaz à effet de serre, et d'aider les Parties de l'annexe I à remplir leurs engagements. L'interprétation de ce terme est dans ce contexte soumis au débat Ecoconstruction La notion d’écoconstruction est apparue à la fin des années 1960. Elle consiste à créer un bâtiment doté des technologies lui permettant de respecter au mieux l’environnement et l'Écologie dans sa construction, en cherchant à s'intégrer le plus respectueusement possible dans un milieu en utilisant des ressources naturelles et locales. Cette habitation utilise des matériaux naturels de construction et d'isolation tel que la pierre, la brique de terre, le chanvre, la paille, le bois, la plume d'oie, la laine de mouton,... ainsi que des énergies renouvelables et naturelles comme l’énergie solaire passive, les panneaux solaires, une éolienne, du biogaz,..., elle peut intégrer des systèmes de traitement (phytoépuration,...) et de récupération d’eau. Les principes directeurs de l'écoconstruction sont repris par la notion de haute qualité environnementale qui définit 14 cibles d'action portant sur la construction et les choix en matière d'entretien et d’usage pour un plus grand confort et une meilleure protection de la santé Haute qualité environnementale Établie au début des années 1990 en France, la haute qualité environnementale, ou HQE, vise l’intégration des principes de développement durables dans le bâti. Une construction HQE doit respecter au mieux l’environnement, global et immédiat, à chaque étape de son existence : au moment de sa programmation, de sa conception, de sa réalisation, de son utilisation, puis lors des travaux éventuels de réhabilitation, de rénovation, de transformation pour un usage différent. Enfin, au moment de sa démolition ou de sa déconstruction, il faut 41 veiller à une bonne gestion des déchets et aux recyclages possibles. La démarche HQE est une marque privée, chapeautée par l’association HQE. RT 2005 Réglementation thermique 2005 (année de sa parution) qui impose des niveaux de performances thermiques pour les nouveaux bâtiments. Cette réglementation est réactualisée tous les cinq ans. 42 Bibliographie Ordre des architectes.Juin 2005, « Chartre d’engagement des architectes en faveur d’un développement durable ». ADEME, Editions Rouland, Octobre 2007, « Photovoltaïques intégré au bâti : quelques exemples ». François DESOMBRE, J’attends une maison, Editions de La Pierre Verte, septembre 2006. Assem Slim, Le développement durable, Les idées reçues, Editions Le Cavalier Blanc. California Department of fire protection, Avril 2008, « Solar Photovoltaic installation guideline », Almeda Fire Département, novembre 2007, « Solar Photovoltaic Systems Standard , guideline». www.developpement-durable.gouv.fr Site officiel avec définitions, communiqués, dossiers de presse, pour tout savoir sur l’Etat et l’environnement. www.agora21.org Tous les textes de références, les traités, les analyses,… www.notreplanete.info Portail indépendant sur les différents thèmes liés à l’environnement. Des illustrations toujours très parlantes. www.passiv.de Site allemand sur les immeubles passifs. www.cstb.fr Site du centre scientifique et technique du bâtiment (avis techniques, pass innovation,…) www.dpcnet.org Guide de compréhension de certaines notions employées dans le cadre de la DPC. 43 Annexes Annexe 1 : Exemples de réalisations ou projets immobiliers Annexe 2 : Exposé des motifs du projet de loi de programme relatif à la mise en œuvre du grenelle de l’environnement Annexe 3 : Article sur la sécurité incendie et le développement durable aux Etats-Unis. http://www.iccsafe.org/news/green/pdf/0807BSJ31.pdf Annexe 4 : Article sur la sécurité incendie et le développement durable aux Etats-Unis. http://findarticles.com/p/articles/mi_qa3737/is_/ai_n27997044 Annexe 5 : Extrait d’article sur la sécurité incendie et le développement durable à Honk Hong Annexe 6 : Réglementations Françaises applicables aux façades Annexe 7 : Réglementation Suisse applicable aux façades double peau Annexe 8 : Réglementation Belge applicable aux façades double façades ventilées 44 Stage PRV 3 Année 2008 – Promotion 2 Développement durable et sécurité incendie Annexe 1 Exemples de réalisations ou projets immobiliers Architecte Jean-Yves Barrier: logements de 5 étages Salvatierra, Rennes, France, 2001 Habitat Passif (projet CEPHEUS), mur en bauge, ossature bois, isolation laine de chanvre, eau chaude par capteurs solaires en toiture, double vitrage à lame d’argon. Architecte Dominique Perrault : Immeubles de logements Clichy Batignolles, Paris XVII, France, 2005 Mur végétalisé et façade double peau Architectes Emmanuel Combarel Dominique Marrec: Construction d'une crèche collective de 60 berceaux et un logement de fonction, Paris XVIII, France, 2008 Murs et toiture végétalisés Architecte Jean-François Rougé : Construction d’un office du tourisme, Alès, France, 2001 Façade double peau ventilée et panneaux photovoltaïques Atelier Architecture et Soleil BROLLY & MOSSER: Aménagement d’un groupe scolaire d'IllkirchGraffenstaden , France, 2005 Brise Soleil Photovoltaïque TOA Architectes : Construction d’un groupe scolaire, Morschwiller le Bas, France, 2005 Paroi Photovoltaïque SAFT Power System : Mise en place de façade avec panneaux photovoltaïque, immeuble de bureaux, Chambray les tours, France, 2007 Façade en panneaux photovoltaïques Tour Manchester : IGH à usage de bureaux, Royaume Uni, 2006 Façade en panneaux photovoltaïques Architecte Vignier : Construction d’une salle de réunion,mur en paille, Plan d’eau du Lambon, France, 2006 Construction d’un immeuble R+5, Clermont Ferrand, France, 2006 Mur rideau en chanvribloc Architecte Nicolas Michelin, Immeuble d’habitation, ZAC du Grand Large, Dunkerque, 2008 Ventilation naturelle du bâtiment Architectes Coop Himmelb, musée des confluences, Lyon, France, 2008 Géothermie, panneaux photovoltaïques, réduction de la consommation d’eau potable, utilisation des nappes pour l’alimentation des WC, des urinoirs et du bassin. Studio E Architects, SOLAR OFFICE, DOXFORD INTERNATIONAL, 1998, ENGLAND panneaux photovoltaïques Studio E Architects, The Beaufort Court Zero Emissions Building, Angleterre, 2003 Eolienne, panneaux photovoltaïques, Energie Biomasse,… OPAC de Paris, Immeuble de 240 logements Fontenay Sous Bois, Val de Marne, 2007 Eoliennes sur le toit (800 kg pour 4 m de diamètre et 1,50 m de haut). Document mis en distribution le 16 juin 2008 N° 955 _____ ASSEMBLÉE NATIONALE CONSTITUTION DU 4 OCTOBRE 1958 TREIZIÈME LÉGISLATURE Enregistré à la Présidence de l’Assemblée nationale le 11 juin 2008. PROJET DE LOI de programme relatif à la mise en œuvre du Grenelle de l’environnement, (Renvoyé à la commission des affaires économiques, de l’environnement et du territoire, à défaut de constitution d’une commission spéciale dans les délais prévus par les articles 30 et 31 du Règlement.) PRÉSENTÉ AU NOM DE M. FRANÇOIS Premier ministre, FILLON, PAR M. Jean-Louis BORLOO ministre d’État, ministre de l’écologie, de l’énergie, du développement durable et de l’aménagement du territoire. – 3 – EXPOSÉ DES MOTIFS MESDAMES, MESSIEURS, Deux constats fondamentaux ont été largement partagés par les diverses parties prenantes au Grenelle de l’environnement et font l’objet d’un consensus mondial. Le premier est celui des risques liés à la dégradation de l’état de notre planète : l’existence du changement climatique aujourd’hui n’est plus mise en doute, seules sont en discussion son ampleur et sa rapidité. Nous savons maintenant qu’à défaut d’une action résolue, les désordres causés par un réchauffement trop important bouleverseraient notre vie en compromettant irrémédiablement notre potentiel de croissance et plus encore celle des populations les plus démunies, qui seraient les premières victimes. De même, la dégradation de la biodiversité et de la qualité des eaux est en passe d’atteindre un rythme inégalé, susceptible de remettre en cause l’existence de nombreux écosystèmes et d’ouvrir une sixième grande extinction des espèces. La France a une responsabilité particulière en matière de biodiversité, car son territoire s’étend sous une grande variété de climats, et le patrimoine maritime sous juridiction nationale est exceptionnel par son étendue et sa diversité. Le second constat partagé est celui de l’urgence. Agir vite est impératif. Quelques années de dégradation non maîtrisée auraient un effet exponentiel sur les dommages induits et l’observation dépasse parfois en gravité les pires scénarios des climatologues, comme l’illustre par exemple le rythme de fonte de la banquise et des grands glaciers. Si des mesures suffisantes ne sont pas prises à temps, on ne peut exclure le déclenchement d’un emballement climatique du fait du dérèglement des systèmes vivants, extrêmement dommageable pour la biodiversité et les conditions d’alimentation et de vie de l’humanité. Il s’ensuit une double conséquence. – 4 – D’une part, les sociétés humaines expérimentent les unes après les autres les effets de ces dégradations sur leurs ressources et leur fonctionnement. Alors que la population planétaire augmente et que le niveau de vie moyen s’élève presque partout, les ressources considérées depuis longtemps comme abondantes et pérennes deviennent plus rares et incertaines : les énergies fossiles, l’eau potable, les terres fertiles, les systèmes vivants robustes, etc. Aujourd’hui, le renchérissement des énergies et de l’alimentation pèse sur le pouvoir d’achat. Il s’agit donc de concevoir des économies, des organisations et des territoires qui puissent fonctionner dans ces nouvelles conditions, en préparant les conditions d’une moindre dépendance des ménages vis-à-vis de ces ressources, et avec un fonctionnement démocratique renouvelé. D’autre part, les secteurs d’activité les plus dynamiques comprennent d’ores et déjà que leur capacité à réduire ces dégradations, à alléger les pressions sur les écosystèmes et à absorber les impacts déjà inévitables du changement climatique, sera rapidement la base de leurs avantages concurrentiels. C’est en prenant acte de ce nouveau contexte, en l’insérant dans leurs stratégies, que les entrepreneurs pourront créer les activités de demain, pertinentes, attractives et fructueuses. A contrario, une société ou une activité qui ne prendrait pas en compte ces nouvelles données serait vite condamnée. C’est pourquoi le Président de la République a souhaité, dès son élection, l’organisation du Grenelle de l’environnement, réunissant autour d’une même table tous les acteurs engagés au quotidien dans le développement durable : État, collectivités territoriales, syndicats, professionnels et associations de protection de l’environnement. Une loi pour une économie écologique. En se fondant sur le consensus social forgé par le processus du Grenelle de l’environnement, le projet de loi entend favoriser et accélérer la prise en compte de ces nouveaux défis par tous les acteurs, simultanément, grâce à la mobilisation cohérente des moyens disponibles, afin de garantir à la société et à l’économie un fonctionnement durable, et de préserver sur la durée le pouvoir d’achat des ménages. La réalisation des investissements correspondant à ces objectifs pourra susciter une importante – 5 – activité supplémentaire pouvant atteindre plusieurs centaines de milliers d’emplois dans des secteurs à forte intensité de main-d’œuvre et faiblement affectés par les délocalisations. Ainsi, grâce à la généralisation des contrats de performance énergétique adossés à des mécanismes de financements innovants, le coût des travaux de rénovation sera lissé sur plusieurs années et sera, en large partie, financé par les économies d’énergie résultant des ces travaux. Les ménages et les entreprises bénéficieront ensuite pleinement de la totalité des économies d’énergie : leur revenu disponible sera augmenté d’autant. Ainsi, en 2006, les ménages ont consacré 72,3 milliards d’euros à leurs dépenses en énergie (énergie domestique et carburants) soit 7,3 % de leur budget, ce qui représente en moyenne une dépense de 1 140 € par habitant. Les dépenses d’énergie domestique sont à plus de 70 % consacrées au chauffage, les dépenses d’éclairage et d’électricité spécifique pour les appareils électroménagers représentant 13 % (soit 8,9 milliards d’euros en 2006) et l’eau chaude sanitaire 10 %. Depuis 2002, les dépenses en énergie des ménages ont augmenté de 7,5 %, les prix du fioul ayant augmenté de plus de 15 % par an en moyenne sur la période 2003-2006. Ce projet de loi propose donc qu’en matière de logements sociaux par exemple, les trois quarts de la rénovation thermique soient financés par les économies d’énergie réalisées grâce à elle. Ces économies d’énergie auront un impact direct sur les dépenses d’énergie des ménages occupant des logements sociaux qui ont augmenté de plus de 15 % entre 2000 et 2005. En 2000 un ménage dans le parc HLM dépensait en moyenne environ 1 100 € par an en énergie contre 1 260 € par an en 2005. Le programme de rénovation thermique des logements sociaux permettra de réduire la consommation d’énergie moyenne du parc d’environ 20 %, ce qui représente un gain moyen de plus de 250 € par ménage et par an. Par ailleurs, les investissements correspondant aux objectifs de ce projet de loi permettront aux entreprises concernées de trouver des relais de croissance significatifs dans des segments de marché à forte valeur ajoutée (efficacité énergétique et – 6 – équipements intelligents de production et de gestion de l’énergie). Ainsi, en donnant aux entreprises françaises en pointe sur les marchés du bâtiment des perspectives de développement nouvelles, la mise en œuvre des objectifs de la présente loi soutiendra leur positionnement sur des marchés stratégiques à moyen terme dont elles bénéficieront ensuite à l’export dans tous les pays qui sont en train de mettre au point de nouvelles normes pour la construction et la rénovation de bâtiments. Autre exemple, les investissements en matière d’énergies renouvelables doivent permettre de respecter nos engagements communautaires, soit atteindre 20 % de notre consommation d’énergie finale d’origine renouvelable d’ici 2020. Près de 70 % de cet investissement peut être financé sur la durée de vie des équipements par les économies d’énergie ou la revente de l’électricité d’origine renouvelable. Selon certaines estimations, le respect de l’objectif de 20 % d’énergies renouvelables à l’horizon 2020 se traduirait par la création de 220 000 emplois directs et indirects, au-delà des 75 000 emplois déjà créés dans le secteur. Le processus du Grenelle de l’environnement. Voulu par le Président de la République, le processus du Grenelle de l’environnement a débuté à l’été 2007. Six groupes de travail ont réuni plus de trois cents participants répartis en cinq collèges représentant les collectivités territoriales, les organisations non gouvernementales, les professionnels, les syndicats et l’État. Les six groupes de travail avaient à émettre des propositions pour répondre aux défis suivants : – groupe 1 : « Lutter contre les changements climatiques et maîtriser la demande d’énergie » ; – groupe 2 : « Préserver la biodiversité et les ressources naturelles » ; – groupe 3 : « Instaurer un environnement respectueux de la santé » ; – 7 – – groupe 4 : « Adopter des modes de production et de consommation durables : agriculture, pêche, agroalimentaire, distribution, forêt et usages durables des territoires » ; – groupe 5 : « Construire une démocratie écologique : institutions et gouvernance » ; – groupe 6 : « Promouvoir des modes de développement écologiques favorables à la compétitivité et à l’emploi ». À ces six groupes initiaux sont rapidement venus s’adjoindre – par nécessité – deux ateliers inter-groupes, l’un sur les organismes génétiquement modifiés (OGM), l’autre sur les déchets. Ces groupes de travail ont remis leurs propositions à la fin du mois de septembre 2007. Tenue au cours de la première quinzaine du mois d’octobre, la deuxième phase du Grenelle a consisté en une consultation des publics selon quatre modalités distinctes : – débats sans vote au Parlement : le 3 octobre à l’Assemblée nationale, le 4 octobre au Sénat ; – dix-neuf réunions en région (métropole et outre-mer) avec plus de 15 000 participants ; – huit forums internet, totalisant plus de 300 000 visites, et près de 11 000 contributions publiées ; – vingt-huit conseils et comités consultés, en plus des partis et des fondations politiques. La troisième phase a été une phase de négociations entre les cinq collèges autour de Jean-Louis Borloo, ministre d’État, Dominique Bussereau, secrétaire d’État chargé des transports et Nathalie Kosciusko-Morizet, secrétaire d’État chargée de l’écologie, les 24, 25 et 26 octobre 2007. Quatre tables rondes – auxquelles ont pris part en fonction des thèmes abordés les ministres et secrétaires d’État chargés du logement et de la ville, de la recherche et de l’enseignement supérieur, de l’agriculture et de la pêche et aussi de l’outre-mer – ont débouché sur de très nombreux engagements pris en commun. Elle s’est clôturée à l’Élysée par le discours du Président de la République. Elle fut – 8 – complétée le 20 décembre 2007, dans les mêmes conditions, par une table ronde dédiée aux questions de déchets. Ce sont les deux cent soixante-treize engagements de ces tables rondes qui dessinent, avec les orientations données par le président de la République, un nouveau modèle de développement pour notre pays et fixent le cap à suivre : celui d’un développement durable. La quatrième phase du processus, celle de la mise en œuvre des engagements, est toujours en cours. Trente-trois chantiers opérationnels, pilotés par un parlementaire (pour un tiers d’entre eux) ou une personnalité reconnue dans le domaine considéré, ont eu à proposer les voies et moyens d’une application concrète des engagements pris. La moitié a déjà rendu son rapport définitif. D’autres ont des échéances plus éloignées compte tenu de la nature des travaux qui leur ont été demandés. Cette phase opérationnelle a mobilisé plus de mille contributeurs, représentants de l’État, filières professionnelles, entreprises, associations, collectivités territoriales. Trente-cinq parlementaires au total ont pris part aux travaux des première et quatrième phases du processus du Grenelle de l’environnement. Ce projet de loi de programme : – reprend fidèlement les engagements du Grenelle relevant d’un texte d’orientation et de programme ; – précise et complète certaines des orientations à partir des propositions émises par les comités opérationnels. Certains engagements relèvent d’autres niveaux de textes juridiques : ainsi, l’instauration au Conseil économique et social d’un véritable pilier environnemental appartient-elle au registre de la loi organique ; de même, la constitution de commissions parlementaires est du ressort du règlement du Parlement luimême ; enfin, c’est dans le cadre des dispositions arrêtées en loi de finances que peuvent être définis, pour les programmes du budget de l’État, des objectifs et des indicateurs à caractère environnemental, issus notamment de la stratégie nationale de développement durable. – 9 – L’article 1er est un article d’introduction qui rappelle l’articulation de cette loi avec la stratégie nationale de développement durable, qui devra être élaborée en concertation avec les parties prenantes au Grenelle de l’Environnement. Titre Ier – Lutte contre le changement climatique L’article 2 rappelle les engagements internationaux et européens de la France en la matière à l’horizon 2020 : réduction des émissions de gaz à effet de serre (–20 %), augmentation de l’efficacité énergétique (+20 % au niveau européen) et de la part des énergies renouvelables (+20 %). L’émergence d’un nouveau modèle de croissance sobre en carbone et en énergie requiert que l’impact des émissions de gaz à effet de serre soit progressivement pris en compte dans le prix des biens et services. Plusieurs mécanismes y concourant sont présentés. Le chapitre Ier est consacré à la rupture à opérer dans la consommation d’énergie du secteur des bâtiments, secteur prioritaire car premier consommateur d’énergie en France et un émetteur important de gaz à effet de serre comme le rappelle l’article 3 : il consomme en effet 42,5 % de l’énergie finale et produit 123 millions de tonnes de dioxyde de carbone, soit 23 % des émissions nationales. Ses émissions ont augmenté d’environ 15 % depuis 1990. La consommation moyenne du parc de résidences principales est de 240 kilowattheures d’énergie primaire par mètre carré et par an. L’article 4 retient des objectifs ambitieux de normes de construction pour les bâtiments neufs, et l’article 5 définit un cadre pour l’audit énergétique et la rénovation des bâtiments existants, y compris les logements sociaux. L’article 6 insiste sur l’importance d’engager un ambitieux programme de formation, de recrutement et de qualification des professionnels du bâtiment. Le chapitre II est consacré à l’urbanisme. L’article 7 prévoit qu’il sera demandé à certaines collectivités territoriales d’établir des plans climat énergie territoriaux, et d’harmoniser, dans le respect de leur autonomie, leurs prévisions et leurs décisions d’utilisation de l’espace. Il mentionne des objectifs de la réforme du droit de l’urbanisme et la promotion de la réalisation d’opérations exemplaires d’urbanisation durable. L’article 8 souligne la nécessité de prendre en considération – 10 – dans le code de l’urbanisme la lutte contre le réchauffement climatique et l’adaptation à celui-ci. Le chapitre III est consacré aux transports. L’article 9 fixe un objectif de réduction de 20 % en 2020 des émissions de CO2, définit les principes d’une politique durable des transports et précise qu’une priorité moindre sera dorénavant accordée au transport par la route, tant pour les transports de personnes que pour les transports de marchandises. L’article 10 décrit, pour les transports de marchandises, la primauté donnée au rail ainsi qu’aux capacités portuaires et fluviales, et prévoit que le gouvernement proposera la création d’une taxe kilométrique sur les poids lourds. L’article 11 détaille, pour les transports de voyageurs, les mesures prises pour favoriser le rail par rapport à la route et à l’avion ; ces différents modes auront à réduire nuisances sonores, pollutions et consommations énergétiques. L’article 12 traite des transports urbains et périurbains et propose des mesures destinées d’une part à améliorer les performances environnementales et énergétiques des automobiles, d’autre part à accélérer le renforcement des transports collectifs urbains ; l’article 13 est consacré au cas de l’Île-de-France. Enfin, dans une seconde section, l’article 14 renouvelle les principes de la politique des transports inscrits dans la Loi d’orientation des transports intérieurs, et l’article 15 y décrit un nouveau processus d’élaboration et de suivi du schéma national des infrastructures des transports. Le chapitre IV est consacré à l’énergie. L’article 16 rappelle l’importance des économies d’énergie et des technologies sobres en carbone et précise les axes d’action en faveur des économies d’énergie, qui pourront être incitatifs ou réglementaires. L’article 17 fixe l’ambition de la politique nationale en matière d’énergies renouvelables et annonce la mise en place d’un soutien à la production de chaleur d’origine renouvelable et à la mobilisation de la ressource forestière. L’article 18 donne les principes de la stratégie française en biocarburants. Le chapitre V est consacré à la recherche. L’article 19 énonce les priorités de recherche depuis les connaissances fondamentales jusqu’aux démonstrateurs et l’éco-innovation. Il – 11 – confirme l’intensification de l’effort de financement annoncé par le Président de la République. Titre II. – Biodiversité et milieux naturels Le chapitre Ier est consacré aux moyens d’enrayer la perte de biodiversité. L’article 20 en rappelle les objectifs et les principaux moyens d’action. L’article 21 définit le concept de trame verte et bleue et son mode de pilotage territorial. L’article 22 traite de la connaissance de la biodiversité (actualisation des inventaires ; renforcement des dispositifs d’observation et de collecte de l’information) et l’article 23 les outils de financement envisagés par l’État pour la biodiversité. Le chapitre II est consacré à l’eau et la qualité écologique des milieux aquatiques. Les articles 24 et 25 rappellent les objectifs et les principaux moyens d’action, et l’article 26 le cas particulier de la trame bleue. L’article 27 traite de la connaissance et précise le cadre de l’investissement budgétaire de l’État pour ce chapitre. Le chapitre III est consacré à l’agriculture et à la sylviculture. L’article 28 fixe les objectifs assignés à l’agriculture en matière environnementale (développement de l’agriculture biologique, certification environnementale des exploitations, généralisation des pratiques agricoles soutenables et productives, maîtrise énergétique) et précise les principaux axes d’action (réglementation, incitations, formation, développement). L’article 29 fait de même pour la sylviculture. Le chapitre IV est consacré à la gestion intégrée de la mer et du littoral. L’article 30 décrit le contenu de cette gestion concertée et planifiée à décliner aux échelles appropriées, et les actions à mettre en œuvre pour une gestion durable des stocks halieutiques. Titre III – Prévention des risques pour l’environnement et la santé – prévention des déchets L’article 31 fixe les principes de cette politique, et l’article 32 les orientations du deuxième plan national santé environnement (2009-2012). Les articles 33 et 34 proposent un cadre rigoureux pour l’utilisation des substances les plus – 12 – préoccupantes pour la santé, respectivement dans les lieux publics et en milieu professionnel. L’article 35 fixe des objectifs de réduction des particules fines pour l’air extérieur ainsi que des axes d’action sur les produits utilisés dans l’ameublement et la construction pour réduire la pollution de l’air intérieur. L’article 36 énonce des objectifs en termes de traitement des pollutions lumineuses et des nuisances sonores. L’article 37 annonce un débat public et un encadrement réglementaire pour certains usages des substances nanoparticulaires. L’article 38 traite des sites historiquement pollués et l’article 39 de la prévention des risques majeurs. L’article 40 donne l’orientation budgétaire de l’État en faveur des actions décrites aux articles 31 à 39. Enfin, l’article 41 retient les objectifs de la politique des déchets en termes de réduction de leur production, d’augmentation du recyclage notamment dans plusieurs filières spécifiques, d’encadrement réglementaire et d’accompagnement économique, et détaille les axes d’action correspondants. Titre IV. – État exemplaire L’article 42 fixe des objectifs que l’État s’engage à mettre en oeuvre : – faire apparaître dans les études d’impact des lois les incidences environnementales en complément des impacts économiques et sociaux ; – atteindre des objectifs précis en termes d’écoresponsabilité ; – réaliser des bilans de consommation d’énergie et d’émission de gaz à effet de serre ; – évaluer publiques ; les impacts environnementaux des aides – former ses agents à l’environnement et au développement durable ; – développer de nouveaux indicateurs de comptabilité nationale valorisant les biens publics environnementaux et – 13 – rendre compte annuellement devant le Parlement du suivi des indicateurs de la stratégie nationale du développement durable. Titre V. – Gouvernance L’article 43 annonce un nouveau régime juridique pour les associations et fondations de protection de l’environnement et une réforme des institutions appelées à traiter de questions environnementales. L’article 44 traite des collectivités territoriales. L’article 45 affirme le principe de la transparence environnementale et annonce une rénovation des enquêtes publiques, du débat public et de l’expertise publique environnementale. L’article 46 traite de la responsabilité sociale et environnementale des entreprises (extension du champ d’application des obligations d’information environnementale prévues par la loi relative aux nouvelles régulations économiques, bilan des consommations énergétiques, définition d’indicateurs, plans de formation, institutions représentatives du personnel, alertes environnementales, certification, responsabilité des maisons mères). L’article 47 traite de l’information des consommateurs et du dispositif encadrant le contenu environnemental des messages publicitaires, de l’étiquetage environnemental des produits et services, du système de bonus-malus, de TVA à taux réduit pour les produits ayant un faible impact sur le climat ou la biodiversité. L’article 48 propose plusieurs axes pour intégrer les connaissances environnementales et de développement durable dans les formations. Titre VI – Dispositions spécifiques aux départements, régions et collectivités d’outre-mer L’article 49 fixe des objectifs pour ces collectivités dans les domaines de l’énergie, des déchets, des risques, de la biodiversité et des ressources naturelles, des activités extractives, des pollutions et de la santé. L’article 50 étend à Mayotte la modification apportée à l’article L. 110 du code de l’urbanisme par l’article 8. – 14 – PROJET DE LOI Le Premier ministre, Sur le rapport du ministre d’État, ministre de l’écologie, de l’énergie, du développement durable et de l’aménagement du territoire, Vu l’article 39 de la Constitution, Décrète : Le présent projet de loi de programme relatif à la mise en œuvre du Grenelle de l’environnement, délibéré en conseil des ministres après avis du Conseil d’État, sera présenté à l’Assemblée nationale par le ministre d’État, ministre de l’écologie, de l’énergie, du développement durable et de l’aménagement du territoire, qui est chargé d’en exposer les motifs et d’en soutenir la discussion. Article 1er La présente loi fixe les objectifs et, à ce titre, définit le cadre d’action et énonce les instruments de la politique mise en œuvre pour lutter contre le changement climatique et s’y adapter, préserver la biodiversité ainsi que les services qui y sont associés et contribuer à un environnement respectueux de la santé. Elle assure la transition vers une nouvelle économie compétitive dans laquelle le développement se combine avec une réduction des besoins en énergie, en eau et autres ressources naturelles. L’État élabore la stratégie nationale de développement durable en association avec les collectivités territoriales, les représentants des milieux économiques et des salariés, ainsi que les représentants de la société civile, notamment les associations et organisations non gouvernementales de protection de l’environnement, en veillant à la cohérence de la politique nationale avec la stratégie des instances européennes et avec les engagements internationaux de la France. – 15 – Le Gouvernement rend compte chaque année au Parlement de la mise en œuvre de la stratégie nationale de développement durable, et propose les mesures propres à améliorer son efficacité. TITRE IER LUTTE CONTRE LE CHANGEMENT CLIMATIQUE Article 2 I. – La lutte contre le changement climatique est placée au premier rang des priorités. Dans cette perspective, est confirmé l’engagement pris par la France de diviser par quatre ses émissions de gaz à effet de serre entre 1990 et 2050, afin de ramener à cette échéance ses émissions annuelles de gaz à effet de serre à un niveau inférieur à 140 millions de tonnes équivalent CO2. La France se fixe comme objectif de devenir l’économie la plus efficiente en équivalent carbone de la Communauté européenne d’ici 2020. À cette fin, elle prendra toute sa part à la réalisation de l’objectif de réduction d’au moins 20 % des émissions de gaz à effet de serre de la Communauté européenne à cette échéance, cet objectif étant porté à 30 % pour autant que d’autres pays industrialisés hors de la Communauté européenne s’engagent sur des objectifs comparables et que les pays en développement les plus avancés apportent une contribution adaptée. Elle soutiendra également la conclusion d’engagements internationaux contraignants de réduction des émissions. Elle concourra, de la même manière, à la réalisation de l’objectif d’amélioration de 20 % de l’efficacité énergétique de la Communauté européenne et s’engage à porter la part des énergies renouvelables à au moins 20 % de sa consommation d’énergie finale d’ici à 2020. II. – Les mesures nationales de lutte contre le changement climatique porteront en priorité sur la baisse de la consommation d’énergie des bâtiments et la réduction des émissions de gaz à effet de serre des secteurs des transports et de l’énergie. – 16 – Pour parvenir à une croissance sobre en carbone, le coût des émissions de gaz à effet de serre doit être progressivement pris en compte dans le prix des biens et services. Trois lignes directrices seront privilégiées : l’amélioration de l’information sur le coût écologique des échanges ; l’adoption de nouvelles réglementations ; la mise en place de dispositifs incitatifs économiques, incluant l’assujettissement de nouveaux secteurs d’activité à un système d’échange de quotas d’émissions de gaz à effet de serre comportant une part significative d’allocation des quotas par mise aux enchères, cette part tenant compte du degré d’exposition à la concurrence internationale. L’État étudiera la création d’une contribution dite « climaténergie » en vue d’encourager les comportements sobres en carbone et en énergie. Cette contribution aura pour objet d’intégrer les effets des émissions de gaz à effet de serre dans les systèmes de prix par la taxation des consommations d’énergies fossiles. Elle sera strictement compensée par une baisse des prélèvements obligatoires de façon à préserver le pouvoir d’achat des ménages et la compétitivité des entreprises. La France soutiendra la mise en place d’un mécanisme d’ajustement aux frontières pour les importations en provenance des pays qui refuseraient de contribuer à raison de leurs responsabilités et capacités respectives à l’effort mondial de réduction des émissions de gaz à effet de serre après 2012. Les dispositifs incitatifs économiques et les financements publics consacrés à des investissements de production ou de consommation d’énergie tiendront compte des économies d’énergies réalisées et du temps nécessaire à la rentabilisation des investissements concernés. L’efficience de ces mécanismes et dispositifs sera évaluée notamment au regard de leur coût par rapport au volume d’émissions de gaz à effet de serre évitées. Les dispositifs incitatifs économiques et les financements publics qui auront pour objet la réduction des émissions de gaz à effet de serre devront être justifiés par référence au coût de la tonne de dioxyde de carbone évitée. – 17 – CHAPITRE IER Réduction des consommations d’énergie des bâtiments Article 3 Le secteur du bâtiment, qui consomme plus de 40 % de l’énergie finale et contribue pour près du quart aux émissions nationales de gaz à effet de serre, représente le principal gisement d’économies d’énergie exploitable immédiatement. L’amélioration thermique des constructions réalisée à grande échelle réduira durablement les dépenses énergétiques, améliorera le pouvoir d’achat des ménages et contribuera à la réduction des émissions de dioxyde de carbone. Cela implique le développement de nouvelles technologies dans la construction neuve et la rénovation accélérée du parc existant. Article 4 L’État se fixe comme objectifs que : a) Toutes les constructions neuves faisant l’objet d’une demande de permis de construire déposée à compter de la fin 2012 et, par anticipation à compter de fin 2010, s’il s’agit de bâtiments publics et de bâtiments affectés au secteur tertiaire, présentent une consommation d’énergie primaire inférieure à un seuil de 50 kilowattheures par mètre carré et par an en moyenne, ce seuil étant modulé en fonction de la localisation, des caractéristiques, de l’usage et des émissions de gaz à effet de serre des bâtiments ; b) Toutes les constructions neuves faisant l’objet d’une demande de permis de construire déposée à compter de la fin 2020 présentent, sauf exception, une consommation d’énergie primaire inférieure à la quantité d’énergie qu’ils produiront à partir de sources renouvelables ; c) Les logements neufs construits dans le cadre du programme national de rénovation urbaine prévu par la loi n° 2003-710 du 1er août 2003 d’orientation et de programmation pour la ville et la rénovation urbaine respectent par anticipation les exigences prévues au a. – 18 – Pour atteindre ces objectifs, les acquéreurs de logements dont la performance énergétique excèdera les seuils fixés par la réglementation applicable, pourront bénéficier d’un avantage supplémentaire au titre de l’aide à l’accession à la propriété et du prêt à taux zéro. Article 5 L’État se fixe comme objectif de réduire les consommations d’énergie du parc des bâtiments existants d’au moins 38 % d’ici 2020. I. – Tous les bâtiments de l’État et de ses établissements publics seront soumis à un audit d’ici 2010. L’objectif est, à partir du diagnostic ainsi établi, d’engager leur rénovation d’ici 2012 avec traitement de leurs surfaces les moins économes en énergie. Cette rénovation aura pour objectif, selon un programme adapté aux spécificités de chaque administration et établissement public, de réduire d’au moins 40 % les consommations d’énergie et d’au moins 50 % les émissions de gaz à effet de serre de ces bâtiments dans un délai de dix ans. L’État incitera les collectivités territoriales, dans le respect de leur libre administration, à engager un programme de rénovation de leurs bâtiments en matière d’économies d’énergie dans les mêmes conditions et au même rythme qu’indiqués à l’alinéa précédent. Il sera fait appel de façon privilégiée à des contrats de partenariat public-privé pour réaliser les travaux de rénovation en matière d’économie d’énergie portant sur respectivement les 50 et 70 millions de mètres carrés de surface des bâtiments de l’État et de ses principaux établissements publics. II. – L’État se fixe comme objectif la rénovation de l’ensemble du parc de logements sociaux. Pour commencer, dès avant 2020, les travaux sur les 800 000 logements sociaux dont la consommation annuelle d’énergie est supérieure à 230 kilowattheures d’énergie primaire par mètre carré ramèneront leur consommation annuelle d’énergie à des valeurs inférieures à 150 kilowattheures d’énergie primaire par mètre carré. – 19 – Ce programme de rénovation est ainsi réparti : Année Logements sociaux rénovés 2009 2010 2011 2012 à 2020 40 000 60 000 70 000 70 000/an À cet effet, une enveloppe de prêts à taux privilégiés sera accordée aux organismes bailleurs de logements sociaux. Des conventions entre l’État et ces organismes définiront les conditions de réalisation du programme et prévoiront les modalités de financement des travaux de rénovation notamment à partir des économies réalisées grâce à ces travaux de rénovation. À l’appui de ces conventions, l’État pourra attribuer des subventions qui pourront s’élever jusqu’à 20 % du coût des travaux. Les organismes bailleurs de logements sociaux seront encouragés à recourir aux énergies renouvelables. III. – Afin de permettre une rénovation accélérée du parc résidentiel existant en matière d’économie d’énergie, l’État mettra en place des actions spécifiques incluant un ensemble d’incitations financières destinées à encourager la réalisation des travaux. Ainsi : a) L’État favorisera la conclusion d’accords avec le secteur des banques et des assurances pour développer le financement des investissements d’économies d’énergie ; ces accords auront pour objet la mise en place de prêts aux particuliers dont les caractéristiques financières permettront le remboursement des annuités d’emprunt au moyen des économies d’énergie réalisées ; de même, l’État encouragera la simplification et l’aménagement des contrats de performance énergétique en vue de faciliter leur diffusion ; b) Un crédit d’impôt sur le revenu sera prévu afin notamment d’inciter à des économies d’énergie par la rénovation des logements donnés en location et la réalisation des travaux ou l’acquisition des équipements les plus performants ; c) Les propriétaires de surfaces importantes affectées aux activités tertiaires, notamment les sociétés foncières, pourront être assujettis au dispositif des certificats d’économie d’énergie. – 20 – L’État incitera les bailleurs et les associations de locataires à engager une concertation pour déterminer les modalités de partage des économies d’énergie réalisées par ces investissements. En complément des mesures précitées, l’État mettra à l’étude des dispositifs d’incitations financières visant à encourager les ménages et les syndicats de copropriétaires à réaliser des travaux de rénovation lourde destinés à accroître la performance énergétique de logements anciens aux caractéristiques thermiques très dégradées. Ces dispositifs privilégieront les financements qui tirent parti des gains réalisés par les économies d’énergie. L’étude analysera également les possibilités de mettre en œuvre à terme des obligations de travaux de rénovation. L’État encouragera la constitution d’un groupement de l’ensemble des acteurs du plan de rénovation des bâtiments pour suivre et adapter les chantiers de rénovation en matière d’économie d’énergie dans les secteurs résidentiel et tertiaire. Article 6 Un programme de formation professionnelle, de recrutement et de qualification des professionnels du bâtiment sera engagé, dans le but notamment d’encourager l’activité de rénovation du bâtiment, dans ses dimensions thermiques, acoustiques et de qualité de l’air intérieur. Les programmes publics de recherche dans le domaine du bâtiment seront orientés vers les nouvelles générations de bâtiments faiblement consommateurs d’énergie et les techniques de rénovation performantes en matière d’économie d’énergie. – 21 – CHAPITRE II Urbanisme Section 1 Dispositions relatives aux objectifs Article 7 I. – Le rôle des collectivités publiques dans la conception et la mise en œuvre de programmes d’aménagement durable doit être renforcé. À cet effet, l’État incitera les régions, les départements et les communes de plus de 50 000 habitants à établir, en cohérence avec les documents d’urbanisme, des « plans climat-énergie territoriaux » avant 2012. II. – Le droit de l’urbanisme devra prendre en compte les objectifs suivants : a) Lutter contre la régression des surfaces agricoles et naturelles, les collectivités territoriales fixant des objectifs chiffrés en la matière après que des indicateurs de consommation d’espace auront été définis ; b) Lutter contre l’étalement urbain et la déperdition d’énergie, les collectivités territoriales disposant d’outils leur permettant en particulier de prescrire, dans certaines zones, des seuils minimaux de densité ou des performances énergétiques supérieures à la réglementation ; c) Concevoir l’urbanisme de façon globale en harmonisant les documents d’orientation et les documents de planification établis à l’échelle de l’agglomération ; d) Préserver la biodiversité à travers la conservation, la restauration et la création de continuités écologiques ; e) Assurer une gestion économe des ressources et de l’espace et réexaminer dans cette perspective les dispositifs fiscaux et les incitations financières relatives au logement et à l’urbanisme. – 22 – III. – L’État encouragera la réalisation, par les collectivités territoriales, d’opérations exemplaires d’aménagement durable des territoires. Il mettra en œuvre un plan d’action pour inciter les collectivités territoriales, notamment celles qui disposent d’un programme significatif de développement de l’habitat, à réaliser des éco-quartiers, en fournissant à ces collectivités des référentiels et une assistance technique pour la conception et la réalisation des projets. Il encouragera la réalisation, par des agglomérations volontaires, de programmes globaux d’innovation énergétique, architecturale et sociale, en continuité avec le bâti existant, qui intégreront dans leurs objectifs la rénovation du patrimoine existant, le développement des transports en commun et des modes de déplacement économes en énergie, la prise en compte des enjeux économiques et sociaux, la réduction de la consommation d’espace et la réalisation de plusieurs écoquartiers. Un plan pour restaurer la nature en ville sera préparé pour l’année 2009. Section 2 Dispositions modifiant le code de l’urbanisme Article 8 L’article L. 110 du code de l’urbanisme est ainsi modifié : 1° Après les mots : « gérer les sols de façon économe », sont insérés les mots : « de réduire les émissions de gaz à effet de serre, de maîtriser la demande d’énergie et d’économiser les ressources fossiles » ; 2° Il est complété par les dispositions suivantes : « Leur action en matière d’urbanisme contribue à la lutte contre le changement climatique et à l’adaptation à ce changement. » – 23 – CHAPITRE III Transports Section 1 Dispositions relatives aux objectifs Article 9 I. – La politique des transports contribue au développement durable et au respect des engagements nationaux et internationaux de la France en matière d’émissions de gaz à effet de serre et d’autres polluants. L’objectif est de réduire, dans le domaine des transports, les émissions de dioxyde de carbone de 20 % d’ici 2020, afin de les ramener à cette date au niveau qu’elles avaient atteint en 1990. L’État veillera à réduire les nuisances des différents modes de transports. Il favorisera l’adoption de comportements responsables au regard des exigences écologiques, incitera les entreprises du secteur des transports à améliorer leur performance environnementale et encouragera le renouvellement des matériels de transports. La politique de réduction des pollutions et nuisances fera, tous les cinq ans, l’objet d’un programme d’actions sur la base d’objectifs chiffrés. Dans une logique de développement des transports favorisant une approche multimodale, l’État veillera à ce que l’augmentation des capacités routières soit limitée au traitement des points de congestion, des problèmes de sécurité ou des besoins d’intérêt local. Article 10 I. – Pour le transport des marchandises, le développement de l’usage du transport fluvial, ferroviaire, du transport maritime, et plus particulièrement du cabotage, revêt un caractère prioritaire. À cet effet, l’État accordera, en matière d’infrastructures, une priorité aux investissements ferroviaires, fluviaux et portuaires, tout en tenant compte des enjeux liés au développement – 24 – économique et à l’aménagement et à la compétitivité des territoires. Il soutiendra le développement des trafics massifiés de fret ferroviaire, du transport combiné, des autoroutes ferroviaires et des autoroutes de la mer. Le réseau ferroviaire national comportera une partie principalement consacrée au fret, sur laquelle seront concentrés les investissements de l’État en matière de fret, notamment pour permettre la circulation de trains longs. Le fret y bénéficiera de sillons de qualité. L’objectif est d’augmenter de 25 % d’ici 2012 la part de marché du fret non routier. II. – En complément de l’effort des régions pour l’entretien et la régénération du réseau ferroviaire, les moyens dévolus par l’État et ses établissements publics à la régénération de ce réseau seront accrus régulièrement pour atteindre en 2015 un niveau de 400 millions d’euros par an supplémentaires par rapport à l’actuel « plan de renouvellement des voies ferrées 2006-2010 », soit un montant deux fois et demi plus élevé que celui constaté en 2004. L’extension progressive du réseau ferroviaire à grande vitesse et la création de lignes nouvelles mixtes libérera de la capacité pour le fret ferroviaire. Les deux principaux axes NordSud du réseau seront aménagés afin de permettre la circulation de trains longs d’au moins mille mètres. Un réseau d’autoroutes ferroviaires à haute fréquence sera développé pour offrir une alternative performante aux transports routiers à longue distance, notamment pour les trafics de transit. Dans une première phase, trois autoroutes ferroviaires seront mises en place : l’autoroute ferroviaire alpine qui sera prolongée jusqu’à la région lyonnaise, l’autoroute ferroviaire entre Perpignan et Luxembourg et l’autoroute ferroviaire Atlantique entre le pays basque, la région parisienne et le nord de la France. L’adaptation des infrastructures fera l’objet d’un financement public complémentaire de 50 millions d’euros et la création des plates-formes de fret fera l’objet d’un financement de 50 millions d’euros. La création d’opérateurs ferroviaires de proximité sera encouragée afin de répondre à la demande de trafic ferroviaire – 25 – de wagons isolés. Des dotations du budget de l’État encourageront le recours au transport combiné par des compensations tarifaires aux opérateurs, au moyen de conventions passées entre l’État et les opérateurs qui s’engagent sur des objectifs de développement et d’organisation. La faculté de réserver des sillons sera donnée aux opérateurs de transport combiné. Enfin, les projets innovants, comme les projets de fret à grande vitesse, seront encouragés par des dispositifs spécifiques. Une instance de régulation des activités ferroviaires favorisera la croissance globale des trafics transportés tout en veillant au développement sans discrimination de la concurrence sur le marché du transport ferroviaire de fret. III. – L’amélioration de la compétitivité des ports français dans la concurrence internationale permettra l’accroissement du transport de fret et des activités de logistique créateurs d’emplois et respectueux de l’environnement. L’objectif est de doubler la part de marché du fret non routier pour les acheminements à destination et en provenance des ports. À cette fin, l’État accompagnera le développement des capacités portuaires et créera les conditions d’une desserte terrestre efficace des grands ports français par les modes de transport massifiés, ferroviaire et fluvial. IV. – L’État soutiendra avec les différentes parties intéressées le développement de lignes d’autoroutes de la mer sur la façade atlantique entre la France, l’Espagne et le Portugal et sur la façade méditerranéenne entre la France, l’Espagne et l’Italie, afin d’offrir des alternatives à la traversée des massifs pyrénéens et alpins. Elles auront pour objectif de permettre un report modal de 5 à 10 % des trafics concernés. L’État pourra soutenir ces projets notamment au travers d’obligations de services publics et, si nécessaire, par des financements pour un montant maximal de 80 millions d’euros. V. – Le réseau fluvial composé des canaux à grand gabarit et des liaisons entre bassins sera modernisé et développé. Le canal à grand gabarit Seine-Nord-Europe, qui permettra le report vers la voie d’eau de 4,5 milliards de tonnes-kilomètres par an, soit – 26 – l’économie de 250 000 tonnes de dioxyde de carbone par an, sera réalisé. Ce programme, présentant un coût de l’ordre de 4 milliards d’euros, sera cofinancé dans le cadre d’un contrat de partenariat public-privé, par la Communauté européenne, les collectivités territoriales et l’État, sur la période 2009-2020. Dans ce cadre, le soutien de l’État à la batellerie sera maintenu. VI. – Les performances environnementales du fret routier seront améliorées notamment grâce à la mise en place de péages sans arrêt et par le recours accru à « l’éco-conduite ». Une taxe kilométrique sur les poids lourds visant à réduire les impacts environnementaux du transport de marchandises et à financer les nouvelles infrastructures nécessaires à la mise en œuvre de la politique durable de transport définie au présent chapitre pourra à compter de 2011, après expérimentation, être perçue à raison du coût du réseau routier national non concédé et des routes départementales et communales susceptibles de subir un report de trafic. Article 11 I. – L’objectif pour les transports de voyageurs est de diminuer l’utilisation des hydrocarbures, de réduire les émissions de gaz à effet de serre, les pollutions atmosphériques et autres nuisances et d’accroître l’efficacité énergétique, en organisant un système de transports intégré et multimodal privilégiant les transports ferroviaires dans leur domaine de pertinence. Le développement de l’usage des transports collectifs de personnes revêt un caractère prioritaire. À cet effet, il sera accordé, en matière d’infrastructures, la priorité aux transports en commun dans les zones urbaines et aux investissements ferroviaires par rapport au développement de projets routiers ou aéroportuaires. II. – L’État veillera à ce que les voyageurs disposent pour leurs déplacements en France et en Europe et pour la desserte des plates-formes de correspondances aériennes d’offres – 27 – ferroviaires plus performantes constituant des alternatives au transport aérien. À cette fin, la connexion des grandes platesformes aéroportuaires avec le réseau ferroviaire à grande vitesse sera améliorée. La création de nouveaux aéroports sera limitée aux cas de déplacement de trafic pour des raisons environnementales. La desserte des aéroports par les transports collectifs sera encouragée. Afin de lutter contre les nuisances sonores autour des aéroports, l’État continuera à soutenir la maîtrise de l’urbanisation aux abords de ces équipements, à financer l’aide à l’insonorisation des constructions des riverains. Il assurera la transparence de l’information relative aux nuisances engendrées par le transport aérien. Des dispositifs de sanction renforcés seront institués afin de faire respecter la réglementation environnementale par les compagnies aériennes. En matière de navigation aérienne, l’objectif est, d’une part, de limiter le bruit au voisinage des aéroports par optimisation des procédures d’approche et de décollage des avions et, d’autre part, d’abaisser la consommation de carburant et de dioxyde de carbone en réduisant les distances parcourues par les avions. À cet effet, la France contribuera à la mise en place du ciel unique européen en soutenant à la création d’un bloc d’espace aérien fonctionnel commun avec les Etats voisins de la Communauté européenne et en participant, pour un montant pouvant s’élever à 200 millions d’euros sur sept ans, au développement du futur système européen de navigation aérienne, notamment au programme de recherche dénommé SESAR. En coordination avec les entreprises du secteur aérien, l’État intensifiera l’effort de recherche dans le domaine de l’aéronautique civile. À l’horizon 2020, les objectifs retenus sont une réduction par passager-kilomètre de 50 % de la consommation de carburant et des émissions de dioxyde de carbone des avions, une réduction de 80 % des émissions d’oxydes d’azote et une réduction de 50 % du bruit perçu. La France soutiendra l’objectif d’inclusion des émissions du transport aérien dans le système de marchés de quotas – 28 – d’émissions, dans le respect des réglementations et conventions internationales. III. – Le maillage du territoire par des lignes ferrées à grande vitesse sera poursuivi, non seulement pour relier les capitales régionales à Paris mais aussi pour les relier entre elles et assurer la connexion du réseau français au réseau européen. À cet effet, outre la ligne Perpignan-Figueras et la première phase de la branche Est de la ligne Rhin-Rhône actuellement en travaux, la réalisation de 2 000 kilomètres de lignes ferroviaires nouvelles à grande vitesse sera lancée d’ici 2020 après une concertation à engager au plus tard en 2009 avec les collectivités territoriales, en particulier les régions, portant sur les priorités, les tracés, les alternatives à la grande vitesse, les clefs de financement et prenant en compte l’impact sur la biodiversité. Le programme de lignes à grande vitesse pourra porter sur la ligne Tours-Bordeaux, le contournement de Nîmes et de Montpellier, la ligne Montpellier-Perpignan, la ligne Bretagne-Pays-de-laLoire, les deuxièmes phases de la ligne Est et de la branche Est de la ligne Rhin-Rhône, l’interconnexion Sud des lignes à grande vitesse en Ile-de-France, la ligne Provence-Alpes-Côte d’Azur, la ligne Bordeaux-Toulouse, la ligne BordeauxHendaye, les branches Sud et Ouest de la ligne Rhin-Rhône. L’État contribuera, à hauteur de 16 milliards d’euros, au financement de ce programme d’investissements. Un programme supplémentaire de 2 500 kilomètres sera défini dans une perspective de long terme incluant notamment la mise à l’étude d’un barreau Est-Ouest et des lignes Paris-Clermont-Ferrand et Poitiers-Limoges. Les grandes villes qui resteraient à l’écart du réseau à grande vitesse verront la qualité de leur desserte améliorée en termes de vitesse et de confort, notamment par l’aménagement des infrastructures existantes. Le cas échéant, il pourra être recouru à des contrats de service public financés par un système de péréquation. – 29 – Article 12 I. – Dans les zones urbaines et périurbaines, la politique durable des transports vise à réduire les émissions de gaz à effet de serre, les pollutions et les nuisances. À cet effet, l’État encouragera, dans le cadre des plans de déplacements urbains, la mise en place de plans de déplacement d’entreprises, d’administrations, d’écoles ou de zones d’activité, ainsi que le développement du covoiturage, du service de mise à disposition de véhicules pour un usage temporaire (« auto-partage »), de la marche et du vélo, notamment par l’adoption d’une charte des usages de la rue. Les compétences nécessaires à la définition d’une politique globale de mobilité durable seront attribuées aux autorités organisatrices des transports urbains. L’État se fixe comme objectif de ramener les émissions moyennes de dioxyde de carbone de l’ensemble du parc des véhicules particuliers en circulation de 176 g CO2/km à 130 g CO2/km en 2020 avec notamment la mise en place d’écopastilles. Des objectifs similaires en proportion devront être atteints pour les véhicules utilitaires et les cyclomoteurs. L’État soutient et promeut les innovations technologiques réduisant la pollution et la consommation des véhicules, en veillant à ce que ces innovations concourent également à la réduction des polluants locaux, comme les particules ou les oxydes d’azote. Il mettra en œuvre un programme de recherche en faveur du développement industriel des véhicules propres et économes. Il incitera les collectivités territoriales, les établissements publics et les entreprises disposant d’un parc automobile à usage professionnel important à procéder à des achats groupés de tels véhicules. En lien avec les professionnels de l’automobile et les associations d’usagers de la route, l’État mettra en place un programme national d’incitation à la conduite respectueuse de l’environnement. II. – Les collectivités territoriales ont souhaité développer les transports collectifs en site propre afin de les porter en quinze ans de 329 à 1 800 kilomètres et contribuer, avec l’État, au désenclavement des quartiers sensibles. Le coût de l’accélération – 30 – de ce programme est estimé par les collectivités concernées à 18 milliards d’euros d’investissements hors Ile-de-France. L’État apportera, à concurrence de 2,5 milliards d’euros d’ici 2020, des concours aux projets nouveaux au terme d’appels à projets obéissant à des critères de qualité au regard des objectifs de la présente loi, pour des investissements destinés en priorité au désenclavement des quartiers sensibles et à l’extension des réseaux existants. Il pourra aussi apporter une aide sous forme de prêts bonifiés. Les projets portés par les autorités organisatrices des transports devront également s’insérer dans une stratégie urbaine et intégrer les enjeux environnementaux tant globaux que locaux touchant à l’air, la biodiversité, le cadre de vie et le paysage, la limitation de l’étalement urbain. Ils comprendront des objectifs de cohésion sociale, de gestion coordonnée de l’espace urbain et de développement économique. Article 13 En Ile-de-France, un programme renforcé de transports collectifs visera à accroître la fluidité des déplacements, en particulier de banlieue à banlieue. À cet effet, un projet de rocade structurante par métro automatique sera lancé après concertation avec l’autorité organisatrice. Au nombre des actions prioritaires définies dans le cadre de concertations périodiques entre l’État, la collectivité régionale et les établissements publics compétents pourront figurer le prolongement de la ligne EOLE vers Mantes pour assurer la liaison avec l’axe de la Seine et la Normandie et des solutions à l’engorgement de la ligne 13 du métro parisien. Section 2 Dispositions modifiant la loi d’orientation des transports intérieurs Article 14 L’article 3 de la loi n° 82-1153 du 30 décembre 1982 d’orientation des transports intérieurs est ainsi modifié : – 31 – 1° Le premier alinéa est remplacé par les dispositions suivantes : « La politique des transports de personnes et de marchandises assure le développement des modes de transports individuels et collectifs, en tenant compte de leurs avantages et inconvénients en matière de développement régional, d’aménagement urbain, de protection de l’environnement, d’utilisation rationnelle de l’énergie, de sécurité et de réduction des émissions de gaz à effet de serre et d’autres polluants. Elle tient compte non seulement des coûts économiques mais aussi des coûts sociaux et environnementaux, monétaires et non monétaires, supportés par les usagers et les tiers, qui s’attachent à la création, à l’entretien et à l’usage des infrastructures, équipements et matériels de transport. » ; 2° Le deuxième alinéa est complété par les dispositions suivantes : « Elle veille à ce que le développement de la concurrence dans chacun des modes de transport se fasse sans discrimination, en mettant en place les outils de régulation nécessaires et en garantissant leur bon fonctionnement. » ; 3° Avant l’avant-dernier alinéa, sont insérées les dispositions suivantes : « Elle donne la priorité, pour le transport des voyageurs, au développement de l’usage des transports collectifs et, pour le transport des marchandises, au développement de l’usage du transport fluvial, ferroviaire, maritime et plus particulièrement du cabotage. » ; 4° Au début de l’avant-dernier alinéa, sont insérées les dispositions suivantes : « Elle prend en compte, dans la programmation des infrastructures, les enjeux de l’aménagement et de la compétitivité des territoires. » Article 15 L’article 4 de la loi du 30 décembre 1982 précitée est remplacé par les dispositions suivantes : – 32 – « Art. 4. – I. – Un schéma national des infrastructures de transport fixe les orientations de l’État en matière d’entretien, de réduction des impacts environnementaux, de modernisation et de développement des réseaux relevant de sa compétence, et en matière d’aides apportées aux collectivités territoriales pour le développement de leurs propres réseaux. « Il vise à favoriser les conditions de report vers les modes de transport les plus respectueux de l’environnement en poursuivant, de manière simultanée, les trois objectifs suivants : « a) À l’échelle européenne et nationale, poursuivre la construction d’un système de transport ferroviaire à haut niveau de service pour les voyageurs et pour le fret ; « b) Au niveau régional, renforcer la multipolarité des régions ; « c) Au niveau local, améliorer les déplacements dans les aires métropolitaines. « Il veille à la cohérence globale des réseaux de transport et évalue leur impact sur l’environnement et l’économie. « Il sert de référence à l’État et aux collectivités territoriales pour harmoniser la programmation de leurs investissements respectifs en infrastructures de transport. « Il est révisé périodiquement. « Pour la réalisation de ces objectifs, l’État et les gestionnaires d’infrastructures ferroviaires et fluviales pourront passer des contrats pluriannuels définissant des priorités et prévoyant les moyens nécessaires à leurs actions. « II. – À titre expérimental, un groupe de suivi des projets d’infrastructures majeurs est mis en place jusqu’en 2013. Il est composé des représentants de l’État, des collectivités territoriales, des organisations syndicales, des organisations patronales et des représentants de la société civile. « Un arrêté du ministre chargé des transports détermine les projets d’infrastructures qui feront l’objet d’un tel suivi et précise les modalités de ce suivi. – 33 – « Les modalités d’application du présent article sont fixées par un décret en Conseil d’État qui détermine notamment les modalités de l’évaluation de cette expérimentation. » CHAPITRE IV Énergie Article 16 Pour atteindre l’objectif de réduction des consommations énergétiques, l’État mettra en œuvre divers instruments comprenant notamment l’adaptation des normes de consommation, la mise en œuvre de mécanismes d’incitation, y compris de nature fiscale, en faveur des produits les plus économes en énergie, l’extension de l’étiquetage, le renforcement du dispositif de certificats d’énergie et le retrait des produits, procédés, appareils et véhicules les plus consommateurs. Il mettra en place des mécanismes incitatifs pour favoriser la conception et la fabrication de produits et de procédés permettant de réduire les consommations d’énergie, notamment par les petites et moyennes entreprises. Une partie des sommes collectées au moyen du livret de développement durable pourra être affectée au financement des projets des petites et moyennes entreprises dans le domaine du développement durable. Des mécanismes de garantie de prêts seront mis en place pour soutenir les projets des petites et moyennes entreprises en faveur du développement durable. La France soutiendra les projets d’interdiction des ampoules à forte consommation d’énergie dans le cadre communautaire. L’État étudiera la possibilité d’imposer aux personnes morales employant plus de 250 salariés ou agents l’obligation d’établir un bilan de leurs consommations énergétiques et émissions de gaz à effet de serre d’ici la fin 2013, cette échéance étant ramenée à la fin 2010 pour les personnes relevant de l’article L. 225-102-1 du code de commerce. Des campagnes d’information et des mesures d’incitation seront mises en place à destination des petites et moyennes entreprises et autres – 34 – personnes morales employant entre 50 et 250 salariés ou agents pour qu’elles établissent ces mêmes bilans. Article 17 I. – Afin de diversifier les sources d’énergie et de porter à au moins 20 % en 2020 la part des énergies renouvelables dans la consommation d’énergie finale, soit un doublement par rapport à 2005, l’État favorisera le développement de l’ensemble des filières d’énergies renouvelables dans des conditions économiquement et écologiquement soutenables. Atteindre cet objectif suppose d’augmenter de 20 millions de tonnes équivalent pétrole (Mtep) la production annuelle d’énergie renouvelable d’ici 2020, en portant celle-ci à 37 Mtep. Des objectifs intermédiaires pour chacune de ces filières seront fixés en 2009 et un bilan sera réalisé sur cette base en 2012. II. – Afin d’atteindre cet objectif, une accélération de l’effort de recherche pour permettre les ruptures technologiques est nécessaire. Le développement des énergies renouvelables ne peut se faire au détriment des autres objectifs du développement durable, et en particulier des autres objectifs environnementaux. Le développement des énergies renouvelables sera facilité par le recours, aux différents échelons territoriaux, à la planification, à l’incitation et à la diffusion des innovations. Un soutien sera apporté à la production de chaleur d’origine renouvelable, à partir notamment de bois, de la géothermie et d’énergie solaire, par l’injection de biogaz dans les réseaux et la mobilisation de la ressource forestière. Article 18 La production en France des biocarburants est subordonnée à des critères de performances énergétiques et environnementales comprenant en particulier ses effets sur les sols. La France soutiendra aux niveaux européen et international la mise en place d’un mécanisme de certification des biocarburants – 35 – tenant compte de leur impact économique, social et environnemental. Une priorité sera donnée au développement de la recherche sur les biocarburants de deuxième génération. CHAPITRE V La recherche dans le domaine du développement durable Article 19 I. – La recherche joue un rôle central dans l’analyse des processus environnementaux et est à l’origine d’innovations technologiques indispensables à la préservation de l’environnement et à l’adaptation aux changements globaux de la planète. L’effort national de recherche privilégiera les énergies renouvelables, le stockage de l’énergie, les piles à combustible, la maîtrise de la captation et du stockage du dioxyde de carbone, l’efficacité énergétique des bâtiments, des véhicules et des systèmes de transports terrestres, maritimes et aériens, les biocarburants de deuxième génération, la biodiversité, la compréhension des écosystèmes, notamment anthropisés, l’analyse des déterminants comportementaux et économiques de la protection de l’environnement, l’observation et la compréhension des changements climatiques et l’adaptation à ces changements. En vue d’améliorer les relations entre la santé et l’environnement, un effort particulier sera consenti en faveur de la recherche dans les domaines des substituts aux substances chimiques, de l’éco-toxicologie et de la toxicologie et en faveur des méthodes d’évaluation des risques pour l’environnement et la santé. Les technologies propres et le développement de produits propres, les technologies du traitement de l’eau et des déchets et de la protection des sols, les méthodes permettant de réduire l’utilisation d’intrants en agriculture, feront également l’objet de programmes spécifiques. La capture et le stockage du dioxyde de carbone seront soutenus par l’organisation d’un cadre juridique adapté et l’allocation de financements particuliers. – 36 – II. – La mise en réseaux des laboratoires de recherche, la réalisation de plates-formes d’essais, la constitution ou le renforcement de pôles d’excellence contribueront à la réalisation de ces objectifs. À ces efforts de recherche et de développement de technologies nouvelles devront correspondre des actions accrues de formation dans les différents cursus éducatifs et auprès des milieux professionnels. L’État mobilisera d’ici 2012 un milliard d’euros supplémentaires en matière de recherche sur le développement durable, notamment sur le changement climatique, les énergies et les moteurs du futur, la biodiversité et l’impact de l’environnement sur la santé. Les dépenses de recherche sur les technologies propres et sur la prévention des atteintes à l’environnement seront progressivement augmentées pour atteindre d’ici la fin 2012, le niveau des dépenses de recherche sur le nucléaire civil. La stratégie nationale de recherche énergétique mentionnée à l’article 10 de la loi n° 2005-781 du 13 juillet 2005 de programme fixant les orientations de la politique énergétique sera mise à jour pour tenir compte de ces nouvelles orientations. Le rapport annuel prévu au même article 10 rendra compte de l’exécution de cet engagement. Afin d’accélérer la mise en œuvre des nouvelles technologies ou des nouveaux services contribuant à la lutte contre le changement climatique, les démonstrateurs de nouvelles technologies de l’énergie pourront bénéficier du soutien de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie. Le rapport annuel mentionné à l’article 10 de la loi du 13 juillet 2005 précitée rendra compte de l’avancement des projets ainsi soutenus. Le soutien aux innovations éco-responsables se traduira notamment par la mobilisation et la coordination des pôles de compétitivité travaillant dans le domaine de l’environnement et par la mise en place de mécanismes favorisant le développement des entreprises éco-innovantes. – 37 – Les mesures d’aide au transfert et au développement industriel de nouvelles technologies tiendront compte de leurs performances environnementales. TITRE II BIODIVERSITÉ ET MILIEUX NATURELS CHAPITRE IER Arrêter la perte de biodiversité Article 20 Arrêter la perte de biodiversité exige des mesures de protection, de conservation et de restauration des milieux associées à la constitution d’une trame verte et bleue, outil d’aménagement du territoire qui permettra de créer une continuité territoriale. À cette fin, la stratégie nationale de biodiversité sera renforcée, et assortie d’une déclinaison régionale concertée. Une stratégie nationale de création d’aires protégées terrestres identifiant les lacunes du réseau actuel sera établie afin que 2 % au moins du territoire terrestre métropolitain soit placé dans les dix ans sous protection forte. La réalisation de cet objectif passe notamment par la création de trois nouveaux parcs nationaux et l’acquisition de 20 000 hectares de zones humides par les collectivités publiques. Par ailleurs, des aires marines protégées seront mises en place pour préserver la biodiversité marine afin de couvrir, en incluant notamment le réseau Natura 2000 en mer et la création de parcs naturels marins, 10 % des eaux placées sous la souveraineté de l’État, d’ici à 2012 en métropole et d’ici 2020 dans les départements d’outre mer ; les collectivités d’outre-mer volontaires seront accompagnées dans la mise en place et la gestion d’aires marines protégées. Des plans de conservation ou de restauration seront mis en place dans les cinq ans afin de protéger les espèces végétales et animales en danger critique d’extinction en France métropolitaine et outre-mer dont 131 espèces ont été dénombrées en 2007. Des plans de lutte – 38 – contre les espèces exotiques envahissantes, terrestres et marines, seront mis en œuvre afin de prévenir leur installation et leur extension et réduire leurs impacts négatifs. Le soutien à la création d’un groupe d’expertise scientifique internationale pour la biodiversité, sur le modèle du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, sera renforcé et constituera un axe important de la diplomatie environnementale. Article 21 L’élaboration de la trame verte et bleue associera l’État, les collectivités territoriales et les parties prenantes concernées sur une base contractuelle. La trame verte est constituée, sur la base de données scientifiques, de grands ensembles naturels et d’éléments de connexion les reliant ou servant d’espaces tampons. Elle sera élaborée d’ici à 2012 et pilotée dans chaque région en association avec les collectivités territoriales et en concertation avec les acteurs de terrain, notamment les agriculteurs, les forestiers et les usagers de la nature, dans un cadre cohérent garanti par l’État. La trame verte sera complétée par la trame bleue, son équivalent pour les eaux de surface continentales et leurs écosystèmes associés. À l’issue d’un audit général qui aboutira en 2009, les modalités d’insertion de la trame verte et bleue dans les documents d’urbanisme et les schémas d’infrastructures, ainsi que les conditions de sa prise en compte par la fiscalité locale, seront précisées. Article 22 La connaissance de la biodiversité sera renforcée : l’inventaire des zones naturelles d’intérêt écologique, floristique et faunistique (ZNIEFF) marines et terrestres sera mis à jour d’ici à 2010 ; les listes d’espèces menacées seront révisées dans les mêmes délais. Un réseau cohérent de conservatoires – 39 – botaniques nationaux sera créé pour la flore et les habitats. La gestion des sites Natura 2000 terrestres et marins sera progressivement complétée d’ici 2013 et encadrée par les documents d’objectifs. L’accès à une information pertinente et actualisée sera garanti par la mise en place d’un observatoire national de la biodiversité. Un effort sera consenti pour renforcer les compétences en sciences de la nature et développer la recherche tant fondamentale que finalisée sur la biodiversité. Les moyens de la Fondation scientifique pour la biodiversité seront renforcés et diversifiés à cette fin. Article 23 L’État contribuera au financement d’actions destinées à élaborer la trame verte et bleue, à mettre en place et gérer des aires protégées, à acquérir des zones humides, à sauvegarder les espèces menacées, à inventorier la biodiversité et à analyser son érosion. Afin de mettre ces actions en œuvre, la part de financement de l’État pourra être portée progressivement de 190 à 300 millions d’euros par an d’ici 2013. L’État engagera de plus une négociation pour développer des solutions nouvelles de financement pour la biodiversité. Il fera appel aux financements de la Communauté européenne. Il mettra à l’étude des propositions d’outils économiques à disposition des collectivités territoriales et des initiatives pour développer la contribution des entreprises. CHAPITRE II Retrouver une bonne qualité écologique de l’eau et assurer son caractère renouvelable dans le milieu et abordable pour le citoyen Article 24 Dans le domaine de l’eau, l’objectif est d’atteindre ou de conserver d’ici 2015 le bon état écologique ou le bon potentiel – 40 – pour l’ensemble des masses d’eau, tant continentales que marines. L’État se fixe l’objectif de ne pas recourir aux reports de délais, autorisés par les dispositions de la directive cadre sur l’eau, pour plus d’un tiers des masses d’eau. Pour la réalisation de cet objectif, il est prévu d’interdire l’utilisation des phosphates dans tous les produits lessiviels à compter de 2012, hormis pour les produits destinés au lavage industriel de vaisselle pour lesquels cette date est repoussée de trois ans. En outre, d’ici 2012, des plans d’action seront définis pour assurer la protection des cinq cents captages les plus menacés par les pollutions diffuses, notamment les nitrates. Les agences de l’eau développeront un programme spécifique sur les aires d’alimentation de captage et adapteront leurs ressources financières à cet effet. Les prélèvements seront adaptés aux ressources, en respectant l’écologie des hydrosystèmes et les priorités d’usage. Les travaux à réaliser dans les stations restant à mettre aux normes seront achevés dans les meilleurs délais techniquement réalisables et, en aucun, cas au-delà de trois ans, afin d’atteindre un taux de conformité de 98 % d’ici 2010 et de 100 % d’ici 2011. Le parc de stations d’épuration sera modernisé afin qu’il ne provoque plus de déclassements de masse d’eau. La récupération et la réutilisation des eaux pluviales et des eaux usées seront développées dans le respect des contraintes sanitaires. Article 25 Des objectifs de réduction de la présence dans les milieux aquatiques des substances dangereuses prioritaires identifiées par la réglementation européenne seront fixés par l’État après concertation avec les organisations représentatives des acteurs concernés. Les agences de l’eau fourniront leur appui aux actions de réduction et à l’effort de recherche-développement nécessaires. – 41 – Article 26 La trame bleue permettra de préserver et de reconstituer la continuité écologique des milieux nécessaire à la réalisation de l’objectif d’atteindre ou de conserver d’ici 2015 le bon état écologique ou le bon potentiel pour les masses d’eau superficielles ; en particulier, l’effacement des obstacles les plus problématiques pour la migration des poissons sera mis à l’étude. Le développement des maîtrises d’ouvrages locales sera recherché, notamment en y associant les collectivités territoriales, afin de restaurer et entretenir les zones humides et les réservoirs biologiques essentiels pour la biodiversité et le bon état écologique des masses d’eau superficielles. En particulier, la création des établissements publics territoriaux de bassin sera encouragée, ainsi que l’investissement des agences de l’eau dans ces actions. Article 27 La surveillance des milieux aquatiques sera renforcée afin de répondre aux obligations liées à l’information environnementale et à l’accès à cette information et de préparer, à partir de 2012, les programmes de mesures pour la période 2016-2021 en application des objectifs de la directive cadre sur l’eau. Elle permettra de mieux évaluer les pollutions historiques, notamment dans les sédiments, et les pollutions émergentes. À cet effet, une aide budgétaire supplémentaire de 10 millions d’euros par an pourra être allouée par l’État. CHAPITRE III Une agriculture et une sylviculture diversifiées, productives et durables Article 28 La vocation première et prioritaire de l’agriculture est de répondre aux besoins alimentaires de la population, et ce de façon accentuée pour les décennies à venir. Le changement – 42 – climatique, avec ses aléas et sa rapidité, impose à l’agriculture de s’adapter, de se diversifier et de contribuer à la réduction mondiale des émissions de gaz à effet de serre. Cependant les processus intensifs de production font peser des risques parfois trop forts sur les milieux, menaçant aussi le caractère durable de l’agriculture elle-même. Au delà des importantes évolutions des pratiques agricoles mises en œuvre depuis une dizaine d’années, un mouvement de transformation s’impose à l’agriculture pour concilier les impératifs de production quantitative, d’efficacité économique, de robustesse au changement climatique et de réalisme écologique : il s’agit de produire suffisamment, en utilisant les fonctionnements du sol et des systèmes vivants et, leur garantissant ainsi une pérennité, de sécuriser simultanément les productions et les écosystèmes. L’agriculture contribuera ainsi à l’équilibre écologique du territoire, notamment en participant à la constitution d’une trame verte et bleue, au maintien de la biodiversité, des espaces naturels et des milieux aquatiques et à la réhabilitation des sols. À cet effet, les objectifs à atteindre sont : a) De parvenir à une production agricole biologique suffisante pour répondre d’une manière durable à la demande croissante des consommateurs et aux objectifs de développement du recours aux produits biologiques dans la restauration collective publique. Pour satisfaire cette attente, la surface agricole utile en agriculture biologique devrait atteindre 6 % en 2012 et 20 % en 2020. À cette fin, le crédit d’impôt en faveur de l’agriculture biologique sera doublé dès l’année 2009 afin de favoriser la conversion des exploitations agricoles vers l’agriculture biologique ; b) De développer une démarche de certification environnementale des exploitations agricoles afin que 50 % des exploitations agricoles puissent y être largement engagées en 2012 ; Des prescriptions environnementales pourraient être volontairement intégrées dans les produits sous signe d’identification de la qualité et de l’origine. Une incitation pour les jeunes exploitants – 43 – s’installant en agriculture biologique ou en haute valeur environnementale sera étudiée ; c) De généraliser des pratiques agricoles durables et productives. L’objectif est, d’une part, de retirer du marché les produits phytopharmaceutiques contenant les quarante substances les plus préoccupantes en fonction de leur substituabilité, trente au plus tard en 2009, dix d’ici fin 2010, et, d’autre part, de diminuer de 50 % d’ici 2012 ceux contenant des substances préoccupantes pour lesquels il n’existe pas de produits ni de pratiques de substitution. De manière générale, l’objectif est de réduire de moitié les usages des produits phytopharmaceutiques en dix ans en accélérant la diffusion de méthodes alternatives sous réserve de leur mise au point. Un programme pluriannuel de recherche appliquée et de formation sur l’ensemble de l’agriculture sera lancé au plus tard en 2009, ainsi qu’un état des lieux de la santé des agriculteurs et des salariés agricoles et un programme de surveillance épidémiologique. Une politique nationale visera la réhabilitation des sols agricoles et le développement de la biodiversité domestique, cultivée et naturelle dans les exploitations. La politique génétique des semences et races domestiques aura pour objectif de généraliser, au plus tard en 2009, le dispositif d’évaluation des variétés, d’en étendre les critères aux nouveaux enjeux du développement durable et d’adapter le catalogue des semences aux variétés anciennes. Un plan d’urgence en faveur de la préservation des abeilles sera mis en place en 2009 ; d) D’accroître la maîtrise énergétique des exploitations afin d’atteindre un taux de 30% d’exploitations agricoles à faible dépendance énergétique d’ici 2013. L’État agira par une combinaison d’actions : l’encadrement des professions de distributeurs et d’applicateurs de produits phytopharmaceutiques par des exigences en matière de formation, d’identification ou de séparation des activités de vente et de conseil, dans le cadre d’un référentiel vérifiable d’enregistrement et de traçabilité des produits ; un renforcement des crédits d’impôt et des aides budgétaires pour aider les agriculteurs à développer l’agriculture biologique ; des instructions données à ses services en matière de restauration – 44 – collective ; la promotion d’une organisation des acteurs agricoles et non agricoles pour mettre en œuvre des pratiques agricoles avancées sur l’ensemble du territoire concerné ; une réorientation des programmes de recherche et de l’appareil de formation agricole pour répondre d’ici 2012 aux besoins de connaissance, notamment en microbiologie des sols, et au développement des pratiques économes en intrants ; l’objectif est qu’au moins 20 % des agriculteurs aient bénéficié de cette formation en 2012 ; la généralisation de la couverture des sols en hiver en fonction des conditions locales ; l’implantation progressive, pour améliorer la qualité de l’eau et préserver la biodiversité, de bandes enherbées et zones végétalisées tampons d’au moins 5 mètres de large le long des cours d’eau et plans d’eau. En outre, la France appuiera au niveau européen une rénovation de l’évaluation agronomique des variétés candidates à la mise sur le marché pour mieux prendre en compte les enjeux de développement durable et notamment la réduction progressive de l’emploi des intrants de synthèse. Article 29 La biodiversité forestière ordinaire et remarquable doit être préservée et valorisée, dans le cadre d’une gestion plus dynamique de la filière bois. La production accrue de bois, en tant qu’éco-matériau et source d’énergie renouvelable, doit s’inscrire dans des projets de développement locaux. Pour atteindre ces objectifs, l’État s’engage à promouvoir la certification et l’emploi exclusif du bois certifié, ou issu de forêts gérées de manière durable, dans les constructions publiques à compter de 2010 ; à définir un programme visant à extraire des forêts des volumes de bois supplémentaires, les stocker et les valoriser dans des conditions compatibles avec une gestion durable des ressources sylvicoles ; à adapter les normes de construction à l’usage du bois ; à reconnaître et valoriser les services environnementaux rendus par la forêt ; à défendre aux plans communautaire et international la forêt et la biodiversité comme un des piliers du cadre international de lutte contre le changement climatique, avec les mécanismes financiers corres- – 45 – pondants ; à promouvoir toutes les actions concourant à la résilience des forêts au réchauffement du climat ; et à renforcer les moyens de lutte contre les importations illégales de bois aux plans national et européen. CHAPITRE IV La gestion intégrée de la mer et du littoral Article 30 Une vision stratégique globale, fondée sur une gestion intégrée et concertée de la mer et du littoral, sera élaborée en prenant en compte l’ensemble des activités humaines concernées, la préservation du milieu marin et la valorisation et la protection de la mer et de ses ressources dans une perspective de développement durable. Cet engagement s’appuiera sur une gouvernance renouvelée et une planification stratégique prenant en compte les responsabilités des usagers vis-à-vis de la mer, l’intégration et l’évaluation des services rendus par les écosystèmes, ainsi que les dimensions socio-économiques et environnementales des activités humaines. Les principes et les orientations de cette planification seront définis à l’échelle nationale en s’appuyant sur une concertation institutionnelle. Les prescriptions et objectifs, déclinés à une échelle géographique et éco-systémique adaptée, seront arrêtés en associant tous les acteurs concernés. La connaissance approfondie des milieux océaniques et côtiers, indispensable à la mise en œuvre de cette planification stratégique, est indissociable du renforcement des capacités d’expertise. La France renforcera sa politique de gestion durable et concertée des ressources halieutiques en mettant en place l’« éco-labellisation » des produits de la pêche au plus tard en 2009, ainsi que l’encadrement de la pêche de loisir et la lutte contre la pêche illégale dans les eaux sous juridiction française ; la France lancera un programme méditerranéen pilote de cette gestion concertée. – 46 – Le régime des extractions en mer sera réformé avec une vision d’ensemble du milieu maritime. Les autorisations de prélèvements de maërl seront limitées en tonnage de manière à ne pouvoir satisfaire que des usages à faible exigence quantitative. Toutes les mesures seront mises en oeuvre pour renforcer la lutte contre les pratiques illégales, réduire à la source et prévenir les pollutions maritimes, y compris les macro-déchets et déchets flottants, ainsi que les impacts des activités humaines venant du continent, notamment issus des activités portuaires. TITRE III PRÉVENTION DES RISQUES POUR L’ENVIRONNEMENT ET LA SANTÉ PRÉVENTION DES DÉCHETS Article 31 La réduction des atteintes à l’environnement contribue à l’amélioration de la santé publique et à la compétitivité des entreprises. La sobriété dans la consommation des matières premières, notamment par la prévention des pollutions et des déchets, fournit un élément essentiel d’une nouvelle économie. La mise en oeuvre de cette politique sera fondée sur les principes de précaution, de substitution, de participation et de pollueur-payeur. La politique environnementale sera prise en compte comme une composante de la politique de santé dont le lien étroit avec l’environnement et la santé des écosystèmes sera reconnu. CHAPITRE IER L’environnement et la santé Article 32 Un deuxième plan national santé environnement sera élaboré de manière concertée au plus tard en 2009. Il portera sur – 47 – la connaissance, l’anticipation, la prévention et la réduction des risques sanitaires liés à l’environnement. Pour la période 20092012, il comportera notamment, ainsi que détaillé dans les articles 19 et 33 à 37 de la présente loi : a) Un plan destiné à réduire les rejets des substances les plus préoccupantes dans l’environnement, notamment le benzène, le mercure, le trichloréthylène et certains composés du chrome, ainsi que l’exposition à ces substances, en tenant compte de l’ensemble des sources et des milieux ; le cas des résidus médicamenteux sera examiné ; b) Des mesures destinées à améliorer l’anticipation des risques liés aux substances les plus préoccupantes ; c) Un plan de réduction des particules dans l’air ; d) Des mesures relatives à l’amélioration de la qualité de l’air intérieur ; e) Des mesures concernant les relations entre la santé et les transports, notamment destinées à encourager un renouvellement accéléré des flottes de tous les types de véhicules ; f) Un programme de « bio-surveillance » permettant de mettre en relation la santé de la population et l’état de son environnement et d’évaluer les politiques publiques en matière de lien entre la santé et l’environnement ; ce programme s’appuiera notamment sur l’établissement de registres de maladies ; g) Des mesures destinées à renforcer l’équité face aux impacts sanitaires des atteintes à l’environnement et portant notamment sur des consultations en santé environnementale pour les personnes les plus vulnérables ; h) La création de pôles de recherche pluridisciplinaires en santé environnementale, d’un pôle de toxicologie et écotoxicologie, et de centres de recherche clinique, de prévention et de soins communs à plusieurs centres hospitaliers universitaires. – 48 – Article 33 La préservation de l’environnement et de la santé des pollutions chimiques impose à titre préventif de restreindre ou d’encadrer strictement l’emploi des substances classées comme extrêmement préoccupantes pour la santé, notamment dans les lieux publics. L’interdiction de l’utilisation des produits phytopharmaceutiques et biocides contenant de telles substances est prévue pour les usages non professionnels ainsi que dans les lieux publics, sauf dérogation exceptionnelle. L’État accompagnera une politique ambitieuse de substitution des substances chimiques les plus préoccupantes pour l’environnement et la santé, notamment par la recherche et l’innovation. Il renforcera également ses moyens de contrôle dans ce domaine. La France soutiendra l’élaboration de nouveaux accords internationaux relatifs à l’enregistrement, à l’évaluation et à l’autorisation des substances chimiques, ainsi qu’aux restrictions applicables à ces substances. Article 34 La réduction de l’exposition aux substances préoccupantes, notamment en milieu professionnel, nécessite une meilleure information des entreprises et de leurs salariés. Les fiches de données de sécurité seront perfectionnées. Le suivi de l’exposition aux substances préoccupantes en milieu professionnel sera renforcé, avec la contribution des comités d’hygiène, de sécurité et des conditions du travail et des médecins du travail. Article 35 La lutte contre la pollution de l’air intérieur et extérieur sera renforcée. En ce qui concerne l’air extérieur, le plan de réduction des particules visera, si possible, un objectif de 10 microgrammes – 49 – par mètre cube de particules fines inférieures à 2,5 micromètres (PM2,5), plus strict que la réglementation européenne. Il pourrait retenir 15 microgrammes par mètre cube comme valeur cible en 2010 et comme valeur limite à partir de 2015. Dans les zones urbaines et dans certains sites en dehors de celles-ci où ces seuils ne sont pas atteignables à ces échéances, une dérogation pourrait permettre d’appliquer les seuils respectivement de 20 et 25 microgrammes par mètre cube. En ce qui concerne l’air intérieur, il est prévu de soumettre les produits de construction et de décoration à un étiquetage obligatoire, notamment sur leurs émissions en polluants volatils, et d’interdire dans ces produits les substances classées cancérogènes, mutagènes ou toxiques pour la reproduction de catégorie 1 et 2 (CMR1 et CMR2) au sens de la réglementation européenne. Des systèmes de mesure et d’information sur la qualité de l’air intérieur seront mis en place dans les établissements recevant des populations vulnérables ou du public. Article 36 Les émissions de lumière artificielle de nature à présenter des dangers ou à causer un trouble excessif aux personnes, à la faune, à la flore ou aux écosystèmes, entraînant un gaspillage énergétique ou empêchant l’observation du ciel nocturne feront l’objet de mesures de prévention, de suppression ou de limitation. Les points noirs du bruit seront inventoriés. Les plus préoccupants pour la santé feront l’objet d’une résorption dans un délai maximal de sept ans. Afin d’atteindre cet objectif, l’État augmentera ses financements et négociera un accroissement des moyens consacrés à la lutte contre le bruit des infrastructures avec les collectivités territoriales et les opérateurs des transports routiers et ferroviaires. La lutte contre le bruit des transports aériens, notamment les contraintes imposées au trafic nocturne en zone urbanisée, sera renforcée et les interdictions existantes maintenues. En vertu du principe pollueur-payeur, l’insonorisation des bâtiments autour – 50 – des aéroports bénéficiera de moyens supplémentaires et sera traitée de façon accélérée. L’État encouragera la mise en place d’observatoires du bruit dans les grandes agglomérations. Article 37 La surveillance des risques émergents pour l’environnement et la santé sera intensifiée par un renforcement de la coordination et de la modernisation de l’ensemble des réseaux de surveillance sanitaire existants. La France encouragera au plan européen une rénovation de l’expertise et de l’évaluation des technologies émergentes, notamment en matière de nanotechnologies et de biotechnologies, afin d’actualiser les connaissances utilisées en toutes disciplines. L’utilisation des substances à l’état nanoparticulaire fera l’objet d’un débat public organisé au plan national avant le 31 mars 2009. L’État se donne pour objectif que, dans un délai de deux ans qui suit la promulgation de la présente loi, la fabrication, l’importation ou la mise sur le marché de substances à l’état nanoparticulaire fasse l’objet d’une déclaration obligatoire préalable, relative notamment aux quantités et aux usages, à l’autorité administrative. Une méthodologie d’évaluation des risques et des bénéfices liés à ces substances et produits sera élaborée. L’État veillera à ce que l’information due aux salariés par les employeurs soit améliorée sur les risques et les mesures à prendre pour assurer leur protection. Une synthèse des études scientifiques relatives aux effets des champs électromagnétiques sur la santé sera présentée avant fin 2009. Un plan national d’adaptation climatique pour les différents secteurs d’activité sera préparé d’ici 2011. Article 38 L’inventaire des sites potentiellement pollués en raison d’une activité passée et son croisement avec l’inventaire des – 51 – points de captage d’eau et lieux d’accueil des populations sensibles seront achevés en 2010, afin d’identifier les actions prioritaires. Un plan d’action sur la réhabilitation des stations service fermées et des sites orphelins sera établi au plus tard en 2009. Article 39 La politique de prévention des risques majeurs sera renforcée au travers notamment : a) De la mise en œuvre du « plan séisme » aux Antilles et d’une politique globale de prévention des risques naturels outremer d’ici 2015 ; b) De la réduction de l’exposition des populations au risque d’inondation par la maîtrise de l’urbanisation, par la restauration des zones d’expansion des crues et par des travaux de protection. Des plans de suivi de l’impact sanitaire et environnemental différé des catastrophes d’origine naturelle ou technologique seront mis en oeuvre. Article 40 L’État allouera des aides budgétaires supplémentaires pour soutenir les actions décrites aux articles 32 à 39 du présent titre, y compris pour le financement de la résorption des points noirs du bruit. CHAPITRE II Les déchets Article 41 La politique de réduction des déchets sera renforcée. La responsabilité des producteurs sur les déchets issus de leurs produits sera étendue, la réduction à la source fortement incitée, la réutilisation et le recyclage facilités. Les nouveaux outils de traitement des déchets – valorisation énergétique et stockage – – 52 – devront justifier strictement de leur dimensionnement et répondre à des exigences environnementales et énergétiques accrues en ce qui concerne l’incinération. Parallèlement, les quantités de déchets partant en incinération ou en stockage seront globalement réduites avec pour objectif, afin de préserver les ressources et de prévenir les pollutions, une diminution de 15 % d’ici 2012. Dans cette perspective, les objectifs nationaux sont arrêtés de la façon suivante : a) Partant de 360 kilogrammes par habitant et par an, réduire la production d’ordures ménagères et assimilées de 5 kilogrammes par habitant et par an pendant les cinq prochaines années ; b) Augmenter le recyclage matière et organique afin d’orienter vers ces filières un taux de 35 % en 2012 et 45 % en 2015 de déchets ménagers et assimilés contre 24 % en 2004, ce taux étant porté à 75 % dès 2012 pour les déchets d’emballages ménagers et les déchets des entreprises. Pour atteindre ces objectifs, outre la rénovation de certaines réglementations de protection de l’environnement dans le domaine des déchets, l’État mettra en œuvre un dispositif complet associant : a) Des avancées dans les domaines de la connaissance, notamment dans le domaine de la recherche sur les impacts sanitaires et environnementaux des différents modes de gestion des déchets, et de la communication ; b) Une fiscalité incitative sur les installations de stockage et d’incinération et les produits fortement générateurs de déchets ; le produit de cette fiscalité bénéficiera au financement d’actions prioritaires concourant à la mise en œuvre de la nouvelle politique de gestion des déchets, en particulier en termes de prévention ; c) Un cadre législatif permettant l’instauration par les collectivités territoriales compétentes d’une tarification incitative pour le financement de l’élimination des déchets des ménages et assimilés ; – 53 – d) Un cadre réglementaire, économique et organisationnel permettant d’améliorer la gestion de certains flux de déchets, notamment par le développement de collectes sélectives et de filières appropriées : les déchets d’activités de soins à risques infectieux des ménages, les déchets du secteur du bâtiment et des travaux publics, les déchets organiques et les déchets dangereux diffus des ménages et assimilés sont concernés en premier lieu ; dans le cas particulier des emballages, le financement par les contributeurs sera étendu aux emballages ménagers consommés hors-foyer et la couverture des coûts de collecte, de tri et de traitement sera portée à 80% des coûts nets optimisés ; la signalétique et les consignes de tri seront progressivement harmonisées ; une instance de régulation et de médiation sur les éco-organismes, cohérente avec les structures existantes, sera instituée ; e) Une attention particulière sera portée à la gestion de déchets spécifiques : mâchefers, boues de station d’épuration et de co-incinération, bois traités, sédiments de dragage et curage ; f) Une modernisation des outils de traitement des déchets et notamment de leur part résiduelle : la méthanisation et le compostage de la fraction fermentescible des déchets seront encouragés dans un cadre de cohérence nationale et d’engagements contractuels de tous les acteurs concernés pour assurer notamment la qualité sanitaire et agronomique des composts ; les clauses de tonnages minimum devront être supprimées dans tous les nouveaux contrats d’unités d’incinération et dans les contrats à renouveler, afin de réduire la quantité de déchets stockés ou incinérés ; les nouveaux outils de traitement thermique situés en métropole devront justifier leur dimensionnement en se fondant sur les besoins des territoires, sur les objectifs de prévention de la production de déchets et d’amélioration de la valorisation, et sur l’optimisation des transports associés, de sorte que la capacité globale des installations d’élimination couvre au plus 60 % des déchets produits sur ces territoires. Pour adapter ces orientations aux spécificités des territoires, le rôle de la planification sera renforcé avec, en particulier, l’obligation de mettre en place des plans de gestion des déchets – 54 – issus des chantiers des bâtiments et travaux publics, et une obligation de réaliser un diagnostic préalablement aux chantiers de démolition. Les plans seront revus pour intégrer les nouveaux objectifs de développement de la prévention et de la valorisation et définir les actions nécessaires pour les atteindre. Le soutien apporté aux plans locaux de prévention de la production de déchets favorisera leur généralisation. TITRE IV ÉTAT EXEMPLAIRE Article 42 L’État doit, comme toute collectivité publique, tenir compte dans les décisions qu’il envisage de leurs conséquences sur l’environnement, notamment de leur part dans le réchauffement climatique et de leur contribution à la préservation de la biodiversité, et justifier explicitement les atteintes que ces décisions peuvent le cas échéant y porter. Cette prise en compte est favorisée, pour les grands projets publics, par l’association la plus large possible de l’ensemble des acteurs concernés dans un esprit de transparence et de participation. L’État prendra les mesures nécessaires pour que les projets de loi soient présentés avec une étude de l’impact des dispositions législatives projetées, tant économique et social qu’environnemental. L’État veut promouvoir l’achat public respectueux de l’environnement par un recours croissant, dans les appels d’offres publics des administrations et services placés sous son autorité, aux critères environnementaux et aux variantes environnementales. L’État se donne pour objectifs : a) Dès 2009, de n’acquérir en règle générale, s’agissant de véhicules particuliers neufs à l’usage des administrations civiles de l’État, que des véhicules éligibles au « bonus écologique » ; b) À compter de 2010, de n’acheter que du bois certifié ou issu de forêts gérées de manière durable ; – 55 – c) D’ici 2012, de réduire la consommation de papier de ses administrations de 50 % et à cette date, d’utiliser exclusivement du papier recyclé ou, à défaut, issu de forêts gérées de manière durable ; d) De recourir, pour l’approvisionnement de ses services de restauration collective, à des produits biologiques pour une part représentant 15 % des commandes en 2010 et 20 % en 2012, ainsi qu’à des produits saisonniers et produits dits « à faible impact environnemental » eu égard à leurs conditions de production et de distribution, pour une part identique. Les administrations de l’État entreprendront au plus tard en 2009 un bilan de leurs consommations d’énergie et de leurs émissions de gaz à effet de serre et engageront un plan pour améliorer leur efficacité énergétique, qui prendra en compte les objectifs fixés pour les bâtiments de l’État par le I de l’article 5, avec un objectif d’amélioration de 20 % en 2015. Le Gouvernement présentera au Parlement une évaluation de l’impact environnemental des aides publiques à caractère budgétaire ou fiscal. Les aides publiques seront progressivement revues de façon à s’assurer qu’elles n’incitent pas aux atteintes à l’environnement. L’État veillera à ce que les programmes d’aide au développement qu’il finance et auxquels il participe soient respectueux de l’environnement des pays bénéficiaires et soucieux de la préservation de leur biodiversité et pour partie spécifiquement dédiés à ces finalités. Il intégrera l’objectif d’adaptation au changement climatique à la politique française de coopération. L’État s’attachera à ce que d’ici 2012, les formations initiales et continues dispensées à ses agents comportent des enseignements consacrés au développement durable et à la prévention des risques sanitaires et sociaux adaptés aux fonctions et responsabilités auxquelles préparent ces formations. L’État se fixe pour objectif de disposer en 2010 des indicateurs du développement durable à l’échelle nationale tels qu’ils figureront dans la stratégie nationale de développement durable et organisera à cet effet avant la fin de l’année 2009 une – 56 – conférence nationale réunissant les cinq parties prenantes au Grenelle de l’environnement. Le suivi de ces indicateurs sera rendu public et présenté au Parlement chaque année à compter de 2011. L’État se fixe également pour objectif de disposer d’indicateurs permettant la valorisation, dans la comptabilité nationale, des biens publics environnementaux d’ici 2010. TITRE V GOUVERNANCE, INFORMATION ET FORMATION Article 43 Construire une nouvelle économie conciliant protection de l’environnement, progrès social et croissance économique exige de nouvelles formes de gouvernance, favorisant la mobilisation de la société par la médiation et la concertation. Les associations et fondations oeuvrant pour l’environnement bénéficieront d’un régime nouveau de droits et obligations lorsqu’elles remplissent des critères, notamment de représentativité ainsi que de compétence et d’expertise dans leur domaine d’activité, critères qui feront l’objet d’une concertation avec les parties prenantes au Grenelle de l’environnement. Les instances nationales et locales qui ont ou se verront reconnaître une compétence consultative en matière environnementale seront réformées tant dans leurs attributions que dans leur dénomination et leur composition afin d’assumer au mieux cette mission. Les instances publiques ayant un rôle important d’observation, d’expertise, de recherche, d’évaluation et de concertation en matière environnementale associeront les parties prenantes au Grenelle de l’environnement et auront une approche multidisciplinaire. – 57 – Article 44 Les collectivités territoriales et leurs groupements sont des acteurs essentiels de l’environnement et du développement durable et ont des rôles complémentaires, tant stratégiques qu’opérationnels. La cohérence de leurs actions en ces matières sera favorisée par la concertation au sein d’une instance nationale consultative réunissant les associations d’élus des différentes collectivités, qui sera associée à l’élaboration de la stratégie nationale du développement durable et à sa mise en oeuvre. Une instance similaire pourra être instituée au niveau régional. L’État favorisera la généralisation des bilans en émissions de gaz à effet de serre et, au-delà des objectifs fixés par l’article 8, celle des plans climat énergie territoriaux des collectivités territoriales et de leurs groupements en cohérence avec les « Agendas 21 » locaux. Il pourra utiliser les « Agendas 21 » locaux comme outil de contractualisation avec les collectivités territoriales. L’État étendra progressivement l’évaluation environnementale des documents d’urbanisme, participera à la diffusion des expérimentations locales en matière de développement durable et encouragera l’articulation étroite des politiques de transport et des projets d’urbanisme. L’État étudiera, en concertation avec les collectivités territoriales, des possibilités nouvelles d’attribution de concours aux collectivités qui contribuent de façon significative à la réalisation d’objectifs de nature environnementale. Article 45 L’État développera la production et la collecte d’informations sur l’environnement et les organisera de façon en garantir l’accès. Les procédures d’enquête publique seront réformées pour assurer une meilleure participation du public et une simplification du dispositif. – 58 – La procédure du débat public sera rénovée afin d’en élargir le champ d’application, d’augmenter les possibilités de saisine, d’y inclure la présentation des alternatives et d’organiser la phase postérieure au débat public. L’expertise publique en matière d’environnement et de développement durable et l’alerte environnementale seront réorganisées dans un cadre national multidisciplinaire et pluraliste, associant toutes les parties prenantes au Grenelle de l’environnement. La possibilité de saisir certaines agences d’expertise, dont bénéficient les associations agréées, sera élargie à d’autres agences et étendue à d’autres acteurs et organismes. Les moyens de garantir la transparence et la déontologie des expertises et la résolution par la médiation des conflits relatifs aux expertises et à l’alerte environnementales, notamment par la création d’instances ad hoc, seront mis en œuvre à l’issue d’une phase d’études et de propositions. Article 46 La qualité des informations sur la manière dont les sociétés prennent en compte les conséquences sociales et environnementales de leur activité et l’accès à ces informations constituent des conditions essentielles de la bonne gouvernance des entreprises. Le gouvernement étudiera, en associant les autres parties prenantes au Grenelle de l’environnement, les conditions dans lesquelles l’obligation de faire figurer dans un rapport destiné à l’assemblée générale des actionnaires ces informations environnementales et sociales : a) Pourrait être étendue à d’autres entreprises , en fonction de seuils atteints par le chiffre d’affaires, le total de bilan ou les effectifs salariés, y compris celles dans lesquelles l’État détient directement ou indirectement une participation majoritaire ; b) Pourrait inclure l’activité des filiales de toutes les entreprises soumises à cette obligation ; c) Pourrait comprendre des informations relatives à la contribution de l’entreprise au développement durable. – 59 – Il étudiera également la possibilité d’inclure dans les plans de formation des entreprises soumises à cette obligation des modules consacrés au développement durable et à la prévention des risques. Le Gouvernement engagera une procédure de consultation, de concertation et de négociation sur la possibilité d’ajouter aux attributions des institutions représentatives du personnel une mission en matière de développement durable, d’étendre la procédure d’alerte professionnelle interne à l’entreprise aux risques d’atteinte à l’environnement et à la santé publique et de faire définir par les branches professionnelles des indicateurs sociaux et environnementaux adaptés à leurs spécificités. Le Gouvernement poursuivra son action pour la mise en place, lorsqu’existe une entreprise à fort impact environnemental, d’instances de dialogue réunissant localement les parties prenantes au Grenelle de l’environnement et les autres acteurs intéressés, notamment les riverains du site. L’État appuiera la création, pour les entreprises de toute taille, de labels attestant la qualité de leur gestion dans les domaines environnementaux et sociaux et leur contribution à la protection de l’environnement et la mise en place d’un mécanisme d’accréditation des organismes certificateurs indépendants chargés de les attribuer. Il soutiendra de la façon la plus appropriée, y compris fiscale, les petites et moyennes entreprises qui s’engageront dans la voie de la certification environnementale. L’État aidera les employeurs implantés dans une zone d’activité qui se grouperont afin d’avoir une gestion environnementale de cette zone en association avec les collectivités territoriales volontaires et de façon contractuelle. L’investissement socialement responsable sera encouragé par des mécanismes incitatifs et des campagnes d’information. La France proposera l’introduction au niveau communautaire du principe de la reconnaissance de la responsabilité des sociétés mères à l’égard de leurs filiales en cas d’atteinte grave à l’environnement et elle soutiendra cette orientation au niveau international. – 60 – Elle appuiera l’introduction de critères environnementaux, notamment ceux relatifs à la biodiversité, dans les actions des institutions financières, économiques et commerciales internationales. Article 47 Les consommateurs doivent pouvoir disposer d’une information environnementale sincère, objective et complète sur les produits qui leur sont proposés et se voir proposer des produits respectueux de l’environnement à des prix attractifs. La mention des impacts environnementaux des produits et des offres de prestation de services à coté de l’affichage de leur prix sera progressivement développée, tout comme l’affichage et la mise à disposition, sur les lieux et sites de vente, de leur traçabilité et des conditions sociales de leur production. Des campagnes publiques d’information sur la consommation durable seront organisées. L’État veillera à ce que les chaînes de télévision et les radios publiques prennent en compte les enjeux de développement durable et de protection de l’environnement, notamment par la modification des cahiers des charges. La régulation de la publicité par les professionnels sera développée après concertation entre ceux-ci et les associations de défense des consommateurs, de protection de l’environnement et d’éducation à l’environnement afin de mieux y intégrer le respect de l’environnement et le développement durable. L’État mettra en place des dispositifs incitatifs ayant pour objet d’accorder, pour des catégories spécifiques de produits, un avantage en termes de prix aux produits les plus respectueux de l’environnement financé par une taxation des produits portant le plus atteinte à l’environnement. La France soutiendra l’instauration par la Communauté européenne d’une TVA à taux réduit sur les produits ayant un faible impact sur le climat ou la biodiversité. – 61 – Article 48 L’éducation au développement durable est portée par toutes les disciplines et intégrée au fonctionnement quotidien des établissements scolaires. Elle contribue, à travers ses dimensions éthiques et sociales, à la formation citoyenne. Dans les lycées agricoles, les enseignements relatifs à l’agronomie, à la diversité génétique, aux effets environnementaux des intrants, au fonctionnement des sols et aux exploitations à haute valeur environnementale seront renforcés. Les actions de ces lycées viseront particulièrement la généralisation rapide des méthodes d’exploitation respectueuses de l’environnement mises au point de façon expérimentale. Les établissements d’enseignement supérieur élaboreront, pour la rentrée 2009, un « Plan vert » pour les campus. Les universités et grandes écoles pourront solliciter une labellisation sur le fondement de critères de développement durable. Les formations initiales et continues des membres des professions de santé et des professionnels de l’aménagement de l’espace comprendront des enseignements, adaptés aux métiers qu’ils concernent, relatifs aux enjeux de santé liés à l’environnement, à compter de la rentrée 2009. Un institut dispensant des formations continues de très haut niveau en matière de développement durable aux décideurs publics et privés sera créé, qui pourra avoir des antennes régionales. Les outils de la formation tout au long de la vie seront mis en œuvre pour accompagner, à tout niveau de qualification, les transitions professionnelles liées à l’évolution vers un modèle de développement qui soit durable, en vue de développer les métiers et filières de l’environnement, de l’éco-conception et des analyses du cycle de vie des produits et la connaissance des écosystèmes. – 62 – TITRE VI DISPOSITIONS PROPRES AUX DÉPARTEMENTS, RÉGIONS ET COLLECTIVITÉS D’OUTRE-MER Article 49 Les départements, les régions et l’ensemble des collectivités d’outre-mer sont appelés à jouer un rôle essentiel dans la politique de la Nation en faveur du développement durable et de l’écodéveloppement, au sein de leurs différentes aires géographiques. La politique ultramarine de l’État placera au premier rang de ses priorités le développement durable des départements, des régions et des collectivités d’outre-mer, en prenant en compte leurs spécificités environnementales, énergétiques et économiques. Sans préjudice des objectifs qui concernent l’ensemble du territoire national, ni de ceux propres à l’outre-mer définis dans les titres I à V, cette ambition pour l’outre-mer poursuit, en outre, les orientations suivantes : – dans le domaine de l’énergie : parvenir à l’autonomie énergétique, en atteignant, dès 2020, un objectif de 30 % d’énergies renouvelables dans la consommation finale à Mayotte et de 50 % dans les autres collectivités ; développer un programme exemplaire visant l’autonomie énergétique à la Réunion, à l’horizon 2030 ; engager, dans le même temps, un programme de maîtrise des consommations, qui se traduira par l’adoption, dès 2012, d’un plan énergie-climat dans chaque collectivité ; adopter une réglementation thermique adaptée qui encourage la production d’eau chaude sanitaire solaire dans les bâtiments neufs et mobiliser les pôles de compétitivité concernés sur les enjeux énergétiques de l’outre-mer ; – dans le domaine des déchets : atteindre, d’ici 2020, une gestion intégrée exemplaire combinant recyclage et valorisation économique ; – 63 – – dans le domaine de la biodiversité et des ressources naturelles : mettre en place des dispositifs de connaissance, de gestion intégrée et de protection des habitats et des espèces sauvages terrestres et marines, comparables aux dispositifs existant en métropole, lorsque ces derniers ne sont pas applicables ; valoriser les biotechnologies vertes et bleues ; inclure les plantes médicinales dans la pharmacopée française ; réaliser , d’ici 2010, un inventaire particulier de la biodiversité outre-mer permettant l’identification et la localisation des enjeux prioritaires, notamment en Guyane ; mener des actions exemplaires en faveur des récifs coralliens ou des espaces et des aires marines protégées ; – dans le domaine des activités extractives : élaborer et adopter, dès 2009, en Guyane, un schéma minier qui garantisse un développement des activités extractives durable, respectueux de l’environnement et structurant sur le plan économique ; soutenir la démarche de valorisation durable de ses ressources minières engagée par la Nouvelle Calédonie au moyen de son schéma minier ; – dans le domaine des pollutions et de la santé : atteindre un bon état écologique de l’eau ; assurer la sécurité d’approvisionnement en eau potable et l’assainissement, d’ici 2015 ; engager, sans délai, un programme pour remédier à la pollution des sols par les substances dangereuses. Pour atteindre ces objectifs, l’État pourra adapter les dispositions réglementaires, fiscales ou incitatives dans leur application à l’outre-mer. Les objectifs définis au présent article valent pour les départements, les régions et les collectivités d’outre-mer régies par l’article 73 de la Constitution. Leur mise en oeuvre s’effectuera dans le respect de leurs organisations respectives ainsi que des procédures de consultation et de concertation prévues avec celles-ci. L’État veillera à la cohérence de son action avec la Nouvelle-Calédonie et les collectivités d’outre-mer régies par – 64 – l’article 74 de la Constitution selon les orientations figurant au présent article. Article 50 Les dispositions de l’article 8 sont applicables à Mayotte. Fait à Paris, le 11 juin 2008. Signé : François FILLON Par le Premier ministre : Le ministre d’État, ministre de l’écologie, de l’énergie, du développement durable et de l’aménagement du territoire Signé : Jean-Louis BORLOO Can Fire Protection and Life Safety Lead to LEED Points? by Lisa E. VanBuskirk, P.E., LEED AP “ reen” and “sustainable” are among the latest buzzwords in the building industry. Jurisdictions across the U.S. are adopting green design criteria for both public and private buildings, and numerous major developers and construction firms are committing to have all of their future projects meet sustainable design criteria. The U.S. Green Building Council’s LEED (Leadership in Energy and Environmental Design) system is the nation’s leading sustainable design evaluation criteria. LEED is a methodology for evaluating building design from several perspectives—sustainable site development, water savings, energy efficiency, materials selection and indoor environmental quality—which are broken down into design prerequisites and credits. A design that meets all of the prerequisites and a certain number of credit requirements is granted Certified, Silver, Gold or Platinum certification, as appropriate. It is important to recognize that the various levels of LEED certification represent minimum sustainable design thresholds and are often achieved as a result of trade-offs between one or more areas and another. Obviously, in order to fully address the underlying intent of green building, it is essential that design teams work together so that all of a project’s systems and components contribute to the overall goal of environmental responsibility—even in areas that may not intuitively lead directly to LEED credits. Fire protection and life safety systems may not play as critical a role in green design as some other building elements, but they nonetheless affect the overall environmental impact of a project. By examining design options worth credits under the latest LEED Green Building Rating System for New Commercial and Major Renovation, LEED-NC 2.2, and their application in certified buildings, we can begin to better understand the role of fire protection and life safety in green design. G Examples • Energy and Atmosphere Credit 4, Enhanced Refrigerant Management, disallows the use of suppression systems containing ozone-depleting materials. The fire suppression industry has supported this measure for years by offering a variety of “clean agent” systems in addition to the more common water, foam and carbon dioxide fire suppression systems. • Sustainable Sites Credit 6.1, Stormwater Design, Quantity Control, allows the use of nonpotable stormwater reclamation for fire suppression. The Center for Health and Healing at the Oregon Health & Science University (LEED Platinum rating) harvests both stormwater and pumped groundwater for use in its nonpotable water systems. The nonpotable water is stored in a tank large enough to meet both firefighting water requirements and nonpotable water uses.1 Note that if nonpotable water is used in the sprinkler system, the design team may need to consider the potential for sediment build-up within the pipes or microbiologically influenced corrosion, which can reduce the life span of sprinkler piping and can often only be controlled through the introduction of chemicals into the water supply, which may negate the building’s environmentally friendly design goals.2 • Sustainable Site Credit 7.1, Heat Island Effect, NonRoof, can also employ fire protection methodology. The design team for the U.S. Census Building in Suitland, Maryland, (LEED Silver rating) desired an exterior wood screen on the facade of the building which, besides serving as a striking visual element, would act as a shading device for the wall. The applicable building code does not permit exterior wood elements to the height and extent imagined by the design team, so the National Institute of Standards and Technology (NIST) Fire Dynamic Simulator (FDS) software package was used to evaluate the screen to determine the conditions under which it might ignite. The FDS model demonstrated that the screen could safely be installed on the exterior of the building, justifying a code variance that served to effectively reduce the heat island effect of the building. • As use of straw bale construction expands, Materials and Resources Credit 4, Recycled Content, and Credit 5, Regional Materials, become applicable. Straw bale construction has been evaluated for up to 2-hour August 2007 Building Safety Journal 31 Fire Protection and Life Safety (continued) fire resistance using ASTM E-119 test standards.3, 4 However, many building and fire safety code officials may be hesitant to allow such construction because straw is quite flammable in loose form. As successfully demonstrated in the design of the Friends Community School in College Park, Maryland (LEED registered project), educating code officials regarding the safe use of straw bale construction may be necessary.5 • Providing under-floor ventilation as part of Indoor Environmental Quality (EQ) Credit 2, Increased Ventilation, may offer appealing fire protection design opportunities. One example might be the installation of automatic sprinkler piping within the subfloor system with the sprinkler heads penetrating the floor slab (with appropriate fire stopping), eliminating the need to install a false ceiling on the level below to hide exposed piping. Note that the use of under-floor ventilation systems requires the review of fire barriers and partitions to ensure that they extend appropriately through concealed spaces—which could impair the effectiveness of ventilation delivery. In addition, depending upon 32 Building Safety Journal August 2007 jurisdictional interpretation of the under-floor concealed space, installation of sprinkler or smoke detection systems may be required.6 • As demonstrated on Portland, Oregon’s Brewery Block (one phase of which has achieved LEED Gold rating), natural ventilation worth LEED points under EQ Credit 2 can also be integrated into a passive smoke control system. In this case, CONTAM—an airflow modeling software program developed by NIST—was used to justify the use of operable windows in several high-rise buildings. Atria Perhaps the greatest opportunity for coordination between green building and fire and life safety protection is when a fundamental design goal is to provide natural light in compliance with EQ Credit 8, Daylight and Views. Commercial buildings are often enhanced through the incorporation of atria surrounded by glazing systems that transfer daylight and views to interior work spaces. Building codes typically require that atria be separated from adjacent spaces by 1-hour fire barriers, but most allow glazing systems in conjunction with sprinklers which wet their glass surfaces or appropriate fire-resistant glazing as acceptable alternatives. It is, however, important to note that the extensive use of glazing in commercial buildings can affect the placement of fire detection and protection devices—many of which do not mount well on glass. In fact, this emerged as a major issue in the location of such required devices in the Genzyme Corporate Headquarters (LEED Platinum rating) in Cambridge, Massachusetts, and Sara Lee Knit Corporate Headquarters in Asheboro, North Carolina (proposed sustainable design).7 Building codes also typically require smoke control systems for atria. Although the codes offer prescriptive methods for calculating the necessary exhaust and make-up air in order to maintain the smoke layer 6 to 10 feet above walking surfaces, such calculations may not accurately account for the unique configuration of a specific atrium. In such instances—with the approval of the building official— performance-based design may be employed to reduce exhaust and make-up fan capacities and egress modeling may be used to justify the allowance of smoke layer descent lower than permitted by the building code as long as occupants can still safely exit the atrium. At the Oregon Health & Science University Center for Health and Healing, for example, timed egress analysis was combined with the use of parking garage exhaust fans during emergency conditions to provide the necessary exhaust capacity.8 Again, NIST’s FDS program is an excellent tool, allowing the fire performance of an atrium to be modeled during the design stage—including exhaust and make-up air capacities and sprinkler interaction to limit fire growth and predict tenability conditions (temperature, visibility and carbon monoxide concentration). For example, the design team for the Sara Lee Knit Products Corporate Headquarters employed FDS to justify the reduction of smoke control requirements from almost 2 million cubic feet per minute to 840,000 cubic feet per minute,9 and FDS was used in conjunction with advanced egress modeling software to justify variances in ventilation inlet and smoke detector locations for the atrium in the Portland Center Stage Armory Theater (LEED Platinum rating). In both projects, use of FDS contributed to the design of integrated fire protection and life safety systems whose performance exceeds that of the prescriptive code requirements under “realworld” conditions. Conclusion While effective fire protection and life safety engineering alone will not yield sufficient credits to achieve LEED rating, the impacts of sustainable design upon related code requirements cannot be ignored. By the same token, engineering analysis may help demonstrate that a sustainable design meets or exceeds the intent of the building code in terms of providing occupants a reasonable level of life safety protection during an emergency event. ◆ References 1. “Engineering a Sustainable World: Design Process and Engineering Innovations for the Center for Health and Healing at Oregon Health & Science University, River Campus.” Interface Engineering, Inc. 2005. 2. Mahlman, Ronald, James Clancy and John Stauder. “Code Requirements and Sustainable Design” HPAC Engineering. February 2007. 3. King, Bruce. “Straw Bale Construction: A Review of Testing and Lessons Learned to Date.” Building Safety Journal. May–June 2004. 4. www.ecobuildnetwork.org/strawbale.htm 5. Frangos, Alex. “Will Insulating with Straw Catch Fire?” Wall Street Journal. August 9, 2006. 6. Mahlman. 7. Hofmeister, Craig and Alex Kline. “Keeping it Green.” NFPA Journal. March–April 2005. 8. Interface Engineering. 9. Hofmeister. Lisa VanBuskirk, P.E., LEED AP, is a Consulting Engineer in the Baltimore, Maryland, office of Rolf Jensen & Associates, Inc., a fire protection engineering firm that provides consulting, design and construction management services to clients around the world. To learn more about RJA, visit its website at www.rjainc.com. August 2007 Building Safety Journal 33 Fire Protection and Safety Almand, Kathleen H In this anniversary year, we prepare for the next 25 years. This year, the Fire Protection Research Foundation celebrates its 25th year supporting the research needs of the fire protection community. Our mission is "to plan, manage, and communicate research in support of the NFPA mission." While we celebrate our past service to NFPA and the projects we have undertaken to build the technical foundation for its codes and standards, we recognize that the next 25 years will bring many challenges to fire safety in the built environment. Our changing demographics as a society, the new materials and technologies available to us, and the increasing focus on sustaining our natural resources-each will affect fire safety in many ways. Some topics are readily apparent. How will the aging of our society affect fire safety in our homes? How will new nano-materials contribute to fire growth and development? Will new advanced sensor technology change firefighting tactics? How will declining water resources change fire suppression strategies? As the Foundation prepares for the future, we ask you to participate in our work by lending us your expertise. We have a few questions for you and we invite you to email us and tell us your views from your perspective on these and other key issues that will affect all of us in the fire-safety field. We welcome your input through [email protected] on the following two questions: 1. Within the general context of changing demographand social tudes, new materials technologies, and sustainable develment, what do you see as the three major challenges facing your sector of our community? 2. What impact do you foresee these changes having? We will continue this dialogue at our 25th anniversary symposium, to be held on November 17 and 18 at the Ronald Reagan Building in Washington, D.C. We have invited widely recognized experts from outside our field to challenge us to prepare for the changes that will affect all aspects of fire safety, from firefighting to the fire protection design of buildings to fire protection systems and materials. Keynote speakers for the symposium include Kevin McCarthy, Ph.D., senior social scientist at the RAND Corporation, who will present "Future Fire Protection: The Social and Demographic Context;" Philip Anton, Ph.D., director of Acquisition and Technology Policy at the RAND Corporation, who will present "Tomorrow's Materials and Technologies;" Craig Beyler, Ph.D., technical director of Hughes Associates, who will present "Retrospective: Dr. Howard Emmons' Vision of 21st-century Fire Safety;" and Shere Abbot, director of the Center for Science and Practice of Sustainability at the University of Texas at Austin, who will discuss "Tomorrow's Sustainability Challenges and Fire Safety." Leaders in our community will respond with their plans and concerns about the future. Please visit www.NFPA.org/Foundation to register to join us for this event. A summary of your email responses, as well as the dialogue at the symposium, will be posted on our website and sent to all participants in both forms of dialogue. In our mission to plan, manage, and communicate research projects in support of the NFPA mission, the Fire Protection Research Foundation will use this input to help guide our research focus for the future. Kathleen H. Almand, P.E., FSFPE KATHLEEN H. ALMAND, P.E., FSFPE, is the executive director of the Fire Protection Research Foundation. Fire Safety in Green or Sustainable Buildings: Application of the Fire Engineering Approach in Hong Kong. by W.K. Chow 'Green' or 'sustainable' buildings might give new architectural features where prescriptive fire codes are difficult to follow. Examples include the internal voids, double-skin facades and others. As a result, fire engineering approach' which is similar to applying fire safety engineering to passive construction design through engineering performance-based fire codes used in overseas has been accepted by the local government since 1998. In this paper, the historical background of local fire codes will be briefly discussed first. The fire engineering approach will then be introduced. How fire engineering approach was applied to safety provisions in 'green or sustainable buildings' since 1998 will be described. Basically, three levels of studies had been adopted for over 30 new projects or renovations of the existing buildings related to 'green or sustainable' buildings. 1. Introduction Construction industries over the world are moving towards green or sustainable buildings [1]. Three aspects [e.g. 2] on architectural features and building design, electrical and mechanical systems for environmental control, and building management have to be upgraded to satisfy the assessment criteria such as on protecting the environment, using less energy, better waste management and water conservation. In addition to the above, fire safety is also another key issue. Apart from several big accidental fires occurred in Hong Kong since 1996 [e.g. 3], the n umber of fires other than those caused by accidents over the world (e.g. World Trade Centre, Southern Korea underground railway fire) appears to be increasing. People are worrying about the hidden problem on fire safety and queried whether they are sufficiently protected while staying indoor, including building and transport vehicles. A series of actions have been taken by the local government on upgrading fire safety provisions in existing buildings, carding out fire safety inspection [4], and reviewing and updating the current fire safety codes. In designing fire safety provisions to the satisfaction of the local authorities, there had been numerous arguments on these 'green or sustainable' buildings in the past few }*ears. The hidden adverse effects on fire hazard for the following architectural features were discussed [5]: * Internal building voids [6] might give smoke and even flame spreading rapidly due to enclosure effects. * Double-skin facade might give faster vertical fire spreading rate. * Excessive natural ventilation design [7] with air flow induced by wind on windloading and smoke spreading. * Using good thermal insulation envelope materials might set off flashover rapidly as demonstrated by several incidents of burning the entire double-deck bus within 15 minutes. These features might not satisfy the prescriptive fire safety codes [8-11] which cannot be updated so rapidly to assess these buildings. There must be supporting research and development works on specifying the requirements. Many consultative meetings and open forums have to be held to convince the general public. Therefore, for those buildings having difficulties to satisfy the prescriptive fire codes on passive building construction, the 'fire engineering approach (FEA)' [12] will be accepted by the government Buildings Department (BD) since 1998 [4,12]. In applying FEA, a fire safety evaluation report has to be submitted to the Fire Safety Committee (FSC) under BD for consideration. This is not yet Engineering Performance-Based Fire Codes (EPBFC) as implemented in places elsewhere [e.g. 13-15]. A consultancy study on reviewing the codes and preparing a draft EPBFC within a period of three years was just started. 2. Code Review The fire codes [8-11] in Hong Kong are basically prescriptive following those developed decades ago, though with some slight modifications. Codes on passive building construction (PBC) are: * Code of Practice for Fire Resisting Construction (FRC code) [8] * Code of Practice for Provisions of Means of Access for Firefighting and Rescue Purposes (MoA code) [9] * Code of Practice for Provisions of Means of Escape in case of Fire and Allied Requirements (MoE code) [10] Code on active fire protection system or fire services installation (FSI) is: * Code of Practice for Minimum Fire Service Installations and Equipment and Inspection and Testing and Maintenance of Installations and Equipment (FSI code) [11] These codes are demonstrated to be good for fire safety provisions in buildings which are relatively simple and not for complex usage. Those modem architectural design features have given new challenges to fire safety design. Therefore, fire codes should be updated in order to cope with those rapid changes. This is particularly obvious for buildings of special hazards requiring individual design considerations. But doing this without strong scientific fire research for local safety provision is impossible. Stage PRV 3 Année 2008 – Promotion 2 Développement durable et sécurité incendie Annexe Réglementations Françaises applicables aux façades Façades Réglementation ERP Règlement de sécurité contre l'incendie relatif aux établissements recevant du public LIVRE II : Dispositions applicables aux établissements des quatre premières catégories TITRE PREMIER : DISPOSITIONS GENERALES CHAPITRE II : Construction Section V - Façades CO 19 Généralités § 1. Objet : Les dispositions de la présente section ont pour but d'empêcher la propagation du feu par les façades. § 2. Les dispositions de la présente section sont également applicables aux couvertures qui font avec la verticale un angle inférieur à 30° et qui forment façade sur plusieurs niveaux accessibles au public. § 3. (Arrêté du 22 décembre 1981.) « L'instruction technique relative aux façades précise les conditions d'application et définit des solutions ne nécessitant pas de vérifications expérimentales ou par analogie ». CO 20 Revêtement de façade § 1. Les revêtements extérieurs de façade, les éléments d'occultation des baies, les menuiseries, les éléments transparents des fenêtres ainsi que les garde-corps et leurs retours doivent être en matériaux de la catégorie M3. § 2. Toutefois, lorsque la règle de l'article CO 21 (§3) (règle C + D) n'est pas appliquée à l'ensemble d'une façade, les revêtements extérieurs de façade doivent être de la catégorie M2. § 3. Les garde-corps situés à 0,80 mètre au moins du plan des vitrages et leurs retours ne sont pas soumis aux exigences de réaction au feu des paragraphes 1 et 2 ci-dessus. CO 21 Résistance à la propagation verticale du feu par les façades comportant des baies § 1. Règles concernant l'accrochage des panneaux de façade. (Arrêté du 22 décembre 1981.) « Toutes dispositions doivent être prises pour éviter le passage rapide des flammes ou des gaz chauds d'un étage à l'autre par la jonction façade-plancher. Cette condition est réputée satisfaite lorsque cette jonction est réalisée conformément aux solutions techniques décrites dans l'instruction technique relative aux façades. Sinon, l'efficacité de ces dispositions doit être démontrée par un essai. Lorsque la règle du C + D n'est pas applicable, les dispositions du premier alinéa ci-dessus ne sont imposées qu'aux façades légères qui s'échauffent rapidement, à l'exclusion des façades en maçonnerie pour lesquelles aucune disposition particulière n'est à prévoir ». § 2. Règle concernant le recoupement des vides. Dans les deux premiers cas visés au paragraphe 3 a ci-après, si les éléments constitutifs de la façade comportent des vides susceptibles de créer un effet de cheminée, ces vides doivent être recoupés tous les deux niveaux par des matériaux de catégorie M0. § 3. Règle « C + D » concernant la création d'un obstacle au passage du feu d'un étage à l'autre. a) La règle définie ci-dessous est applicable : - aux façades des bâtiments comportant des locaux réservés au sommeil par destination, au-dessus du 1er étage ; - aux façades des bâtiments dont le plancher bas du dernier niveau est à plus de 8 mètres du sol et qui répondent, en outre, à une des conditions suivantes : . le bâtiment est divisé en secteurs suivant les dispositions de l'article CO 24 (§ 2) ; . le bâtiment est divisé en compartiments suivant les dispositions de l'article CO 25 ; - aux parties de façades situées au droit des planchers hauts des locaux à risques importants ; - aux parties de façades situées au droit des planchers d'isolement avec un tiers. (Arrêté du 2 février 1993, art. 2.) « Toutefois, cette règle n'est pas exigée si l'établissement recevant du public occupe la totalité du bâtiment et s'il est entièrement équipé (Arrêté du 12 octobre 2006) « d'un système d'extinction automatique du type sprinkleur » ou d'un système de sécurité incendie de catégorie A ». b) Les valeurs C et D doivent être liées par une des relations ci-dessous en fonction de la masse combustible mobilisable : C + D > 1,00 mètre si M < 80 MJ/m2. C + D > 1,30 mètre si M > 80 MJ/m2. C exprimé en mètres étant la distance verticale entre le haut d'une baie et le bas de la baie qui lui est superposée lorsque la façade est en maçonnerie traditionnelle, ou la valeur de l'indice caractéristique des panneaux de façade vitrés déterminée par l'essai cité au paragraphe 1 ; D exprimé en mètres étant la distance horizontale entre le plan des vitres et le nu de la plus grande saillie de l'obstacle résistant au feu qui sépare les murs ou les panneaux situés de part et d'autre du plancher ; M exprimé en MJ/m2 étant la masse combustible mobilisable de la façade à l'exclusion des menuiseries, fermetures et garde-corps, rapportée au mètre carré de façade, baies comprises. Dans le cas de maçonnerie traditionnelle, cette masse est nulle. Elle peut dans certains cas être déterminée conformément aux règles de l'instruction technique relative aux façades (1). (1) Les mots « dans le cas contraire, elle est mesurée par l'essai cité au paragraphe 1 » ont été supprimés par arrêté du 22 décembre 1981. c) Pour l'application de cette règle, il n'est pas tenu compte des orifices d'entrée d'air de ventilation dont la section ne dépasse pas 200 cm2. CO 22 Résistance à la propagation verticale du feu par les façades ne comportant pas de baie § 1. Pour les façades ne comportant pas de baie, la somme des durées coupe-feu réelles déterminées pour le panneau de façade exposé de l'intérieur et de l'extérieur lors des essais de classement de résistance au feu doit être au moins égale à : - Trente minutes pour les établissements installés dans les bâtiments dont le plancher bas du dernier niveau est à moins de 8 mètres du sol ; - Soixante minutes lorsque le plancher bas du dernier niveau est à plus de 8 mètres du sol. Toutefois les orifices d'entrée d'air de ventilation sont tolérés sur ces façades. § 2.Les murs en maçonnerie traditionnelle ne sont pas soumis aux dispositions du paragraphe 1 cidessus. § 3. De plus, les façades composées de panneaux montés en avant des planchers doivent respecter les dispositions du paragraphe 1 de l'article CO 21. § 4. Les dispositions des paragraphes 1 et 3 ci-dessus ne s'appliquent pas aux bâtiments à simple rezde-chaussée. Façades Réglementation HABITATION Arrêté relatif à la protection contre l'incendie des bâtiments d'habitation Arrêté du 31 janvier 1986 modifié TITRE II - Structures et enveloppe des bâtiments d'habitation Chapitre II - Enveloppe Section IV - Façade Article 11 Les dispositions de la présente section ont pour objet de limiter la propagation du feu par les façades Article 12 Revêtement des façades Pour les habitations des première et deuxième familles, les parements extérieurs des façades (menuiseries, coffrets de branchements, remplissage des garde-corps et fermetures exclus) doivent être, sauf dérogation prévue à l'article 15 c ci-après, classés en catégorie M3 au moins ou réalisés en bois. Toutefois pour les habitations individuelles isolées de la première famille, il pourra être fait exception à cette règle lorsque la façade, dont les parties pleines sont revêtues de parements classés en catégorie M4 se trouve à plus de quatre mètres de la limite de propriété Article 13 Dans les habitations de troisième et quatrième familles, si P est la distance minimale comprise entre les plans des vitrages des immeubles en vis-à-vis ou entre le plan des vitrages d'un immeuble et la limite de propriété et H la hauteur la plus élevée de ces deux immeubles, les parements extérieurs des façades des étages (menuiseries, coffrets de branchements, remplissage des garde-corps et fermetures exclus) doivent être classés en catégorie M2 au moins si P/H est inférieur à 0,8. Dans le cas contraire, ils peuvent être classés en catégorie M3 au moins. Ils peuvent être également réalisés en bois sauf pour les bâtiments de troisième famille B et de quatrième famille. Les parements extérieurs des façades du rez-de-chaussée (menuiseries, coffrets de branchements, remplissage des garde-corps et fermetures exclus) doivent, dans tous les cas, être classés en catégorie M2 au moins. Article 14 Résistance à la propagation verticale du feu par les façades autres que les façades d'escaliers A.- Façades comportant des ouvertures Règle dite du " C + D ". Les valeurs C et D doivent être liées par une des relations ci-après en fonction de la masse combustible mobilisable : Habitations de 3e famille A (1) : - C + D > 0,60 mètre si M < 25 M.J/m2 ; - C + D > 0,80 mètre si 25 M.J/m2 < M < 80 M.J/m2 ; - C + D > 1,10 mètre si M > 80 M.J/m2. Habitations de 3e famille B et habitations de 4e famille (1) : - C + D > 0,80 mètre si M < 25 M.J/m2 (1) ; - C + D > 1,00 mètre si 25 M.J/m2 < M < 80 M.J/m2 ; - C + D > 1,30 mètre si M > 80 M.J/m2, C et D, exprimés en mètres, sont définis soit dans l'arrêté relatif à la classification des façades vitrées par rapport au danger d'incendie (2), soit dans l'instruction technique relative aux façades (3). M, exprimé en M.J/m2, est la masse combustible mobilisable de la façade à l'exclusion des menuiseries, fermetures et garde-corps, rapportée au mètre carré de façade, baies comprises. Dans le cas de maçonnerie traditionnelle, cette masse est nulle. Elle peut dans certains cas être déterminée conformément aux règles de l'instruction technique susvisée. Dans le cas contraire elle est mesurée par l'essai conduit dans les conditions fixées par l'arrêté susvisé relatif à la classification des façades vitrées par rapport au danger d'incendie. Pour l'application de la règle du C + D, il n'est pas tenu compte des orifices de ventilation dont la section ne dépasse pas 200 cm2. B.- Façades ne comportant pas d'ouvertures Pour les façades ne comportant aucune ouverture, à l'exclusion des orifices de ventilation lorsque la section de chaque orifice ne dépasse pas 200 cm2, les dispositions ci-dessus ne sont pas applicables ; cependant, la somme de la durée coupe-feu du panneau exposé de l'intérieur et celle du panneau exposé de l'extérieur doit être au moins égale à soixante minutes. Les durées coupe-feu à prendre en considération pour chacune des faces exposées sont les durées réelles constatées au cours des essais définis par l'arrêté relatif à la classification des matériaux et éléments de construction par catégories et fixant les critères permettant de déterminer le degré de résistance au feu des éléments de construction, les méthodes d'essais et le programme thermique matérialisant l'action des incendies et non les degrés coupe-feu normalisés en résultant. Cependant, lorsqu'une façade comportant des ouvertures satisfait aux règles générales visées en A cidessus, la façade de constitution identique mais ne comportant pas d'ouverture n'est pas soumise à la règle ci-dessus. (1) Ainsi modifié par arrêté du 18 août 1986, art. 1er. (2) Arrêté du 10 septembre 1970. (3) Instruction technique n°249 du 21 juin 1982. Façades Réglementation IGH Arrêté du 18 octobre 1977 portant règlement de sécurité pour la construction des immeubles de grande hauteur et leur protection contre les risques d'incendie et de panique TITRE 1er : G.H. Mesures générales communes à toutes les classes d'I.G.H. CHAPITRE II - Construction Section III - Façades et couvertures GH 12 Comportement au feu des façades § 1. — Les matériaux constitutifs des parements extérieurs des façades, y compris les volets, jalousies, etc., doivent être de catégorie M0, à l'exception des stores qui peuvent être de la catégorie M1 et des menuiseries qui peuvent être des catégories M1 ou M2, ou, quand il s'agit de menuiserie en bois, catégorie M3. § 2. — Le potentiel calorifique des façades, menuiseries exclues, doit être inférieur à 25 MJ (soit 1,5 kg de bois) par mètre carré. § 3. — Les panneaux des façades vitrées doivent en outre satisfaire à la règle suivante : C + D > 1,20 mètre : — C étant la caractéristique de classe des panneaux définis par l'essai des façades vitrées faisant l'objet de l'arrêté du 10 septembre 1970 ; — D représentant la distance horizontale entre le plan des vitres et le nu de la plus grande saillie coupefeu de degré une heure au moins qui sépare les panneaux situés de part et d'autre du plancher. L'instruction technique relative aux façades précise les conditions d'application et définit des solutions ne nécessitant pas de vérification expérimentale ou par analogie. § 4. — La conformité aux dispositions des trois paragraphes ci-dessus doit être certifiée par un visa du centre scientifique et technique du bâtiment, délivré éventuellement à la suite d'un essai. GH 13 Renforcement du comportement au feu de certains types de façades § 1. — Le tracé général des façades ne doit pas favoriser la transmission du feu, notamment par rayonnement ou par effet de tirage, aux compartiments voisins ou supérieurs. En conséquence le projet qui comporte des façades concaves ou des angles rentrants doit faire l'objet d'un examen spécial dans les conditions prévues à l'article R. 421-48 du Code de l'urbanisme, afin de déterminer si le parti retenu ne présente pas de risques de propagation supérieurs à ceux résultant des solutions décrites au paragraphe 2 ci-dessous. § 2. — a) Lorsque deux plans consécutifs de la façade d'un même immeuble de grande hauteur, ou des façades d'un immeuble de grande hauteur et d'une autre construction en contiguïté, forment entre eux un dièdre rentrant inférieur à 100°, les parties de façades situées à moins de 4 mètres de l'arête du dièdre doivent être pare-flammes de degré une heure au moins. Lorsque deux plans consécutifs de la façade d'un même immeuble de grande hauteur, ou des façades d'un immeuble de grande hauteur et d'une autre construction en contiguïté, forment entre eux un dièdre rentrant égal ou supérieur à 100° mais inférieur à 135°, les parties de façades situées à moins de 2 mètres de l'arête du dièdre doivent être pare-flammes de degré une heure au moins. En outre, si dans les deux cas ci-dessus, les plans de façades appartiennent sur un même niveau à deux compartiments du même immeuble de grande hauteur ou à un immeuble de grande hauteur et à une autre construction, la distance entre les parties de ces façades qui ne sont pas pare-flammes de degré une heure doit être supérieure à 8 mètres. b) Lorsque deux plans de façades appartiennent sur un même niveau à deux immeubles de grande hauteur, à deux compartiments d'un même immeuble de grande hauteur ou à un immeuble de grande hauteur et à une autre construction, et forment un dièdre rentrant égal ou supérieur à 135°, mais inférieur ou égal à 180°, les parties de façades situées à moins d'un mètre de l'arête du dièdre doivent être pare-flammes de degré une heure. c) En aggravation des dispositions ci-dessus, et dans tous les cas lorsque les plans consécutifs de façades forment deux dièdres rentrants successifs, dont les arêtes sont distantes de moins de six mètres, les parties de façades situées entre ces arêtes doivent être pare-flammes de degré une heure. d) Les dispositions aux paragraphes a) et b) ci-dessus s'appliquent jusqu'à une hauteur de 8 mètres au-dessus du couronnement du corps de bâtiment le plus bas, à partir du prolongement de l'arête du dièdre. Les dispositions prévues aux paragraphes a), b) et c) ci-dessus ne s'appliquent pas aux décrochements de façades en retrait ou en avancée de moins de un mètre, à condition qu'ils ne se cumulent pas, et dans le cas du paragraphe c) seulement, que les dièdres soient supérieurs à 135° et ne se suivent pas à moins de 4 mètres. § 3. — Sur avis conforme de la commission technique interministérielle des immeubles de grande hauteur, le renforcement du comportement au feu des façades peut ne pas être imposé si les immeubles sont équipés en totalité d'une installation fixe d'extinction automatique à eau. Le renforcement du comportement au feu n'est pas exigible si les façades formant des dièdres rentrants ferment des volumes partiels de compartiments répondant aux conditions ci-après : — ces volumes sont délimités par des parois coupe-feu de degré une heure au moins et par des blocsportes pare-flammes de degré une demi-heure au moins équipés de ferme-porte ; — leur potentiel calorifique moyen au mètre carré est inférieur à la moitié des valeurs limites prévues aux articles GH 16 et GH 61 (§ 1) pour les compartiments (sanitaires, etc.). Façades Avis CCS DIRECTION DE LA DEFENSE ET DE LA SECURITE CIVILES SOUS DIRECTION DE LA GESTION DES RISQUES Bureau de la Réglementation incendie Et des Risques de la Vie courante Paris le DDSC/SDGR/DDSC6/BN Affaire suivie par : M; Nouvier Tel : 01 56 04 75 84 Fax : 01 56 04 76 00 Courriel : [email protected] Relevé des avis rendus lors de la réunion du 4 octobre 2007 de la sous-commission permanente de la Commission centrale de sécurité et de la sous-commission technique des immeubles de grande hauteur **************** 2) Réponse à des questions concernant des projets ou dossiers particuliers : 2-1 : façade « double-peau ventilée »; tranche n° 2 du permis de construire de l’Hôpital de Lagny Marne-la-Vallée – RD 231 – commune de Jossigny. En application de l’article R 123.36 du Code de la construction et de l’habitation, en vue de la saisine de la commission centrale de sécurité, le préfet de Seine-et-Marne a transmis un dossier relatif aux façades « double-peau ventilée » faisant l’objet de la tranche n° 2 du permis de construire de l’Hôpital de Lagny Marne-la-Vallée – RD 231 – commune de Jossigny. En préalable, ce dossier a fait l’objet d’un avis de la sous-commission ERP-IGH le 13 juillet 2007 (PV 2007.15 – affaire n°27). Cet établissement, composé de 3 niveaux en superstructure d’une hauteur moyenne de 4,20 m, dont le plancher bas du niveau le plus haut se situe à 8,40 m, a retenu pour ses 4 façades périphériques le procédé de type « double-peau ventilée ». Ces façades périphériques se composent d’une façade intérieure avec châssis filants sur allège et baies accessibles toute hauteur, et d’une façade extérieure constituée d’une structure métallique supportant des panneaux de verre feuilleté sérigraphié et baies d’accès pompiers de type portes clarit sur pivot. Entre ces 2 peaux se trouve une coursive d’entretien en caillebotis, remplacée par des débords de dalle béton au droit des baies d’accès pompiers. Des exutoires situés en partie haute du plénum de la double-peau, asservis à la détection incendie, assurent le désenfumage. Cette technologie a été choisie dans le cadre d’une démarche « Haute Qualité Environnementale ». La mise en place de ce type de façade peut engendrer les problèmes suivants : - Perception visuelle de l’incendie et des personnes en danger guère possible de l’extérieur. Limitation des accès et de la mise en œuvre des moyens de secours et de lutte contre l’incendie notamment en terme d’action de limitation de la propagation par l’extérieur. - Chute de parties de construction de la façade extérieure sur les sapeurs-pompiers ou le public et risquant de détériorer la façade intérieure. - Absence de cantonnement horizontal et faible cantonnement vertical possédant une résistance au feu, facilitant une propagation de fumées et gaz chauds sur des surfaces importantes risquant de générer une propagation du feu dans les niveaux supérieurs et/ou dans les locaux lors de l’ouverture des baies et un abaissement notoire de la perception visuelle depuis l’extérieur et lors du franchissement de la zone tampon au droit des baies accessibles. - Les propositions liées à la protection incendie contenues dans le dossier sont les suivantes : - Accès - Doter au R + 1 et R + 2 chaque zone U 10 d’une baie accessible donnant directement dans une des circulations reliant les façades Nord-Est / Sud-Ouest. Les accès des façades Nord-Est et Sud-Ouest devront donner accès à des circulations différentes. De plus, deux accès de la façade Nord-Ouest devront déboucher dans une des circulations des deux noyaux de communication Nord-Ouest / Sud-Est et cela au R + 1 et R + 2. Les autres baies accessibles devront être implantées conformément à l’article CO 3 § 3. - Assurer un degré de stabilité au feu 1 heure (R 60) du système d’accrochage et de fixation de la façade extérieure. - Propagation par rapport à un feu venant de l’extérieur - Interdire tout stationnement entre les voies-échelles et la façade du bâtiment. - Doter le sas d’accès des urgences d’un plancher haut coupe-feu 1 heure (REI 60). - Isoler le parc de stationnement des véhicules du SMUR au moyen de parois et plancher coupe-feu 2 heures (REI 120) avec un débord d’un mètre par rapport à la façade. - Protection par rapport au volume tampon - Limitation de la réaction au feu des façadesintérieure et extérieure (M 1 maximum). - Limitation du pouvoir calorifique à l’intérieur du volume tampon (stores et volets M1) et absence de gaines techniques et fluides médicaux. - Segmentation au droit de chaque limite de zone protégée U 10 au moyen de cantonnement pare-flammes1 heure (E 60) afin de rétablir l’isolement entre zones ( façades Nord-Est et Sud-Ouest), au droit des limites de zones des locaux à surveillance particulière (pharmaciens, néonatalogie, USIC pour les façades Nord-Ouest et Sud-Est), des blocs opératoires et de ses recoupements (Sud-Ouest) et à chaque angle du bâtiment. - Mise en place de châssis fixes pare-flamme 1 heure (E 60) pour les locaux sensibles définis à l’article U 10 § 4 (blocs opératoires, espace nécessitant une surveillance particulière) situés au R + 1. - Baies sur la façade intérieure pare-flammes ½ heure (E 30) au R + 1 pour les autres locaux et au R + 2. - Absence de locaux à risques particuliers contenant des liquides inflammables (définis à l’article U 13) en façade aux niveaux R + 1 et R + 2. Après étude du dossier la sous-commission ERP-IGH a, d’une part - demandé la présentation d’un nouveau découpage en zones U 10 du bâtiment afin d’en augmenter le nombre (leurs premières études amènent à 12 zones par niveau); et d'autre part émis les avis suivants : * Avis favorable aux mesures proposées dans le cadre des façades « double-peau ventilée » et à la saisine de la commission centrale de sécurité. * Sursis à statuer à la délivrance de la 2ème tranche du permis de construire dans l’attente de l’avis de la commission centrale de sécurité sur les mesures de sécurité à prendre dans le cadre des façades « double-peau ventilée ». Nota : il est rappelé que la tranche n°1 liée à une façade traditionnelle a obtenu un avis favorable à la délivrance du permis de construire. La commission ERP-IGH a interrogé la commission centrale de sécurité sur la nécessité de mettre en place au niveau haut RDC, R + 1 et R + 2 un réseau d’extinction automatique à eau de type sprinkleur dans la zone tampon afin de compenser l’absence de mise en œuvre des moyens de secours et ainsi limiter la propagation par l’extérieur. La Commission a estimé que la mise en place au niveau haut RDC, R + 1 et R + 2 d' un réseau d’extinction automatique à eau de type sprinkleur n'était pas nécessaire. Vereinigung Kantonaler Feuerversicherungen Association des établissements cantonaux d’assurance incendie Associazione degli istituti cantonali di assicurazione antincendio NORME DE PROTECTION INCENDIE 26.03.2003 / 1-03f 1-03f NORME DE PROTECTION INCENDIE © Copyright 2003 Berne by VKF / AEAI / AICAA Remarque: Vous trouverez la dernière édition de cette norme de protection incendie sur l’internet à l’adresse http://ppionline.vkf.ch Distribution: Association des établissements cantonaux d’assurance incendie Bundesgasse 20 Case postale CH - 3001 Berne Tél. 031 320 22 22 Fax 031 320 22 99 Courriel [email protected] Internet www.vkf.ch 2 NORME DE PROTECTION INCENDIE 1-03f Table des matières A OBJECTIFS ET PRINCIPES 6 Art. 1 Art. 2 Art. 3 Art. 4 Art. 5 Art. 6 Art. 7 Art. 8 Art. 9 Art. 10 Art. 11 Art. 12 Art. 13 Art. 14 Art. 15 Art. 16 But Champ d'application Personnes concernées Structure a généralités b norme de protection incendie c directives de protection incendie d exigences et méthodes d'essai e état de la technique Objectif de protection Critères pour les exigences de protection incendie Cas ordinaire et cas particuliers Définitions Evaluation du risque d'incendie, méthodes de calcul reconnues Utilisation et homologation a généralités b marquage c utilisation sans rapport d'essai ou certificat B DEVOIRS GENERAUX Art. 17 Art. 18 Art. 19 Art. 20 Devoir de vigilance Devoir d'entretien Devoir de surveillance Devoir d'annonce C CONSTRUCTION 9 1 Matériaux de construction 9 9 Art. 21 Définition Art. 22 Essai et classification Art. 23 Utilisation 2 Parties de construction 10 Art. 24 Définition Art. 25 Essai et classification 3 Distances de sécurité 10 Art. 26 Définition Art. 27 Dimensionnement Art. 28 Distances de sécurité insuffisantes 4 Systèmes porteurs 11 Art. 29 Définition Art. 30 Résistance au feu Art. 31 Attestation 3 1-03f NORME DE PROTECTION INCENDIE 5 Compartiments coupe-feu Art. 32 Art. 33 Art. 34 Art. 35 Art. 36 Définitions Critères de réalisation Résistance au feu Fermetures coupe-feu, obturations Bâtiments à façades double-peau, cours intérieures couvertes 6 Voies d'évacuation Art. 37 Art. 38 Art. 39 Art. 40 Art. 41 Art. 42 Art. 43 Art. 44 Art. 45 Art. 46 Art. 47 Art. 48 Art. 49 Art. 50 Art. 51 Art. 52 Art. 53 Définition Disposition Mode de mesurage Longueur des voies d'évacuation dans le local Longueur totale de la voie d'évacuation Escaliers a nombre et emplacement b exécution Escaliers extérieurs Escaliers Couloirs, exécution Largeur des escaliers, couloirs et portes Portes Revêtements Dégagement Signalisation, éclairage de sécurité Bâtiments élevés Bâtiments à façades double-peau, cours intérieures couvertes D EQUIPEMENTS DE PROTECTION INCENDIE Art. 54 Art. 55 Art. 56 Art. 57 Définition Fonction Nécessité Installation et état de fonctionnement E DEFENSE INCENDIE 11 12 16 17 Art. 58 Accès pour les sapeurs-pompiers Art. 59 Concept d'alarme et d'intervention Art. 60 Sapeurs-pompiers d'entreprise F INSTALLATIONS TECHNIQUES 17 Art. 61 Définition Art. 62 Installation et état de fonctionnement G MATIERES DANGEREUSES Art. 63 Art. 64 Art. 65 Art. 66 Art. 67 Art. 68 Définition Classification Mesures de protection Séparation des matières Locaux et zones particuliers Fûts 4 18 NORME DE PROTECTION INCENDIE H EXPLOITATION Art. 69 Art. 70 Art. 71 Art. 72 Art. 73 But Chargés de sécurité Plans de protection incendie et d'intervention des sapeurs-pompiers Sécurité sur les chantiers Décorations I APPLICATION 1-03f 18 19 Art. 74 Surveillance et contrôles J DISPOSITION FINALE 19 Art. 75 Entrée en vigueur 5 1-03f A NORME DE PROTECTION INCENDIE OBJECTIFS ET PRINCIPES Art. 1 But 1 Les prescriptions de protection incendie visent à protéger les personnes, les animaux et les biens contre les dangers et les effets des incendies et des explosions. 2 Elles fixent les obligations juridiques nécessaires pour atteindre cet objectif. Art. 2 Champ d'application 1 Les prescriptions de protection incendie s'appliquent aux bâtiments, ouvrages et installations à construire, ainsi que, par analogie, aux constructions mobilières. 2 Les bâtiments, ouvrages et installations existants seront rendus conformes aux prescriptions de protection incendie: a en cas de transformation, d'agrandissement ou de changement d'affectation importants de la construction ou de l'exploitation; b lorsque le danger est particulièrement important pour les personnes. Art. 3 Les prescriptions de protection incendie sont applicables: Personnes concernées a aux propriétaires et utilisateurs de bâtiments, ouvrages et installations; b à toutes les personnes qui s'occupent de leur conception, de leur construction, de leur exploitation ou de leur entretien. Art. 4 Structure a généralités 1 Les prescriptions de protection incendie se composent: a de la norme de protection incendie; b des directives de protection incendie; c des exigences et méthodes d'essai. 2 Pour l'application, l'AEAI publie des notes explicatives de protection incendie ainsi que des aides de travail relatives à l'utilisation et à divers sujets thématiques. Art. 5 b norme de protection incendie Art. 6 c directives de protection incendie Art. 7 d exigences et méthodes d'essai 6 La norme de protection incendie fixe le cadre de la protection incendie au niveau des devoirs généraux, de la construction, des équipements de protection incendie et de l'exploitation, ainsi que les mesures de défense incendie afférentes. Elle définit les standards de sécurité applicables. La norme de protection incendie est complétée par les directives de protection incendie, qui fixent les exigences et les mesures détaillées pour la mise en œuvre. Les exigences et méthodes d'essai définissent les procédures et les conditions des essais à effectuer en vue de la certification et de l'homologation des produits de protection incendie. NORME DE PROTECTION INCENDIE Art. 8 e état de la technique 1-03f 1 La Commission technique de l'AEAI définit ce qui est reconnu comme l'état de la technique en matière de protection incendie. 2 Elle peut déclarer applicables des publications d'organismes spécialisés reconnus et ce, partiellement ou totalement. Art. 9 Objectif de protection Les bâtiments, ouvrages et installations doivent être construits, exploités et entretenus de manière à: a garantir la sécurité des personnes et des animaux; b prévenir les incendies, les explosions et limiter la propagation des flammes, de la chaleur et de la fumée; c limiter les risques de propagation du feu aux bâtiments, ouvrages et installations voisins; d conserver la stabilité structurelle pendant une durée déterminée; e permettre une lutte efficace contre le feu et garantir la sécurité des équipes de sauvetage. Art. 10 Critères pour les exigences de protection incendie 1 Les exigences de protection incendie dans les bâtiments, ouvrages et installations sont notamment déterminées par: a le type de construction, la situation, les risques de voisinage, l'étendue et l'affectation; b le nombre de niveaux; c le nombre d'occupants; d la charge thermique et le comportement au feu des matériaux ainsi que le danger de formation de fumée; e le danger d'activation; f les possibilités d'intervention des sapeurs-pompiers. 2 Lorsque la législation fédérale pour les bâtiments adaptés aux handicapés exige de garantir des normes de sécurité supplémentaires quant à la protection incendie, ces normes doivent être fixées cas par cas avec l'autorité compétente. Art. 11 Cas ordinaire et cas particuliers 1 En principe, l'objectif de protection est atteint par l'application des prescriptions ordinaires. 2 A la place des mesures de protection incendie prescrites, des mesures de substitution peuvent être prévues comme solution individuelle ou conceptuelle, pour autant qu'elles donnent une sécurité équivalente pour l'objet concerné. C'est l'autorité de protection incendie qui définit l'équivalence. 3 Si, dans un cas particulier, le danger d'incendie s'écarte à tel point de l'ordinaire que les exigences prescrites s'avèrent insuffisantes ou disproportionnées, les mesures à prendre seront complétées ou réduites en conséquence. 7 1-03f Art. 12 Définitions NORME DE PROTECTION INCENDIE Lorsque des exigences sont prévues dans les prescriptions de protection incendie en fonction de l'affectation ou du nombre de niveaux, on considère comme: a établissements hébergeant des personnes: – notamment les hôpitaux, les homes pour personnes âgées, les établissements de soins dans lesquels séjournent, de manière permanente ou temporaire, 10 personnes ou davantage dépendantes de l'aide de tiers; – notamment les hôtels, les pensions, les centres de vacances, dans lesquels séjournent, de manière permanente ou temporaire, 15 personnes ou davantage n'ayant pas besoin de l'aide de tiers; b grands magasins: ceux dont la surface de vente totale est supérieure à 1200 m2; c bâtiments, ouvrages et installations avec locaux prévus pour un grand nombre d'occupants: notamment les salles polyvalentes, les salles de sport et d'exposition, les bâtiments scolaires avec grandes salles, les gares, les théâtres, les cinémas, les restaurants et les autres lieux de réunion pouvant recevoir plus de 100 personnes, les grands magasins dont la surface de vente globale est inférieure à 1200 m2, pour autant que le nombre annoncé de personnes soit supérieur à 100; d parkings et garages pour véhicules à moteur: ceux dont la surface est supérieure à 150 m2; e niveaux: au sens de la protection incendie, tous les niveaux complets à partir du rez-de chaussée, les combles et les attiques; f Art. 13 Evaluation du risque d'incendie, méthodes de calcul reconnues Art. 14 Utilisation et homologation a généralités Art. 15 b marquage 8 bâtiments élevés: les bâtiments classés comme bâtiments élevés au sens de la législation en matière de construction ou dont le niveau supérieur se situe à plus de 22 m au-dessus du terrain avoisinant qu'utiliseraient les sapeurs-pompiers ou de plus de 25 m jusqu'à la hauteur de la gouttière. Si les dispositions des prescriptions de protection incendie sont respectées pour les voies d'évacuation, le danger d'incendie, le risque d'incendie et la sécurité incendie peuvent être définis par la méthode d'évaluation du risque incendie ou par d'autres méthodes de calcul reconnues par l'AEAI. 1 L'autorité de protection incendie décide de l'utilisation de produits de protection incendie et de l'homologation des entreprises spécialisées en protection incendie. 2 Elle s'appuie, pour ce faire, sur le Répertoire suisse de la protection incendie de l'AEAI, sur les rapports d'essai et les certificats des organismes d'essais et de certification accrédités ou sur les attestations de conformité. Quand l'utilisation de produits de protection incendie exige un rapport d'essai ou un certificat, un marquage facilement reconnaissable et durable doit être apposé. NORME DE PROTECTION INCENDIE Art. 16 c utilisation sans rapport d'essai ou certificat B 1-03f L'autorité de protection incendie décide de l'utilisation des produits de protection incendie sans rapport d'essai ou certificat, pour autant que leur qualification soit démontrée par l'expérience, l'état de la technique, des résultats d'essais ou des calculs selon des procédures reconnues par l'AEAI. DEVOIRS GENERAUX Art. 17 Devoir de vigilance 1 Il faut se comporter de manière à éviter les incendies et les explosions avec le feu et les flammes nues, la chaleur, l'électricité et les autres sortes d'énergie, les matières présentant des risques de feu ou d'explosion, ainsi qu'avec les machines, les appareils, etc. 2 Les propriétaires et utilisateurs de bâtiments, ouvrages et installations veillent à garantir la sécurité des personnes, des animaux et des biens. Art. 18 Devoir d'entretien Art. 19 Devoir de surveillance Art. 20 Devoir d'annonce Les propriétaires et les exploitants des bâtiments, ouvrages et installations doivent entretenir les équipements de protection et de défense incendie ainsi que les installations techniques conformément aux prescriptions et garantir leur fonctionnement en tout temps. Celui qui a la charge d'autres personnes doit veiller à ce qu'elles soient formées et agissent avec les précautions requises. Toute personne qui découvre un incendie ou ses signes précurseurs doit avertir immédiatement les sapeurs-pompiers et les personnes en danger. C CONSTRUCTION 1 Matériaux de construction Art. 21 Définition Art. 22 Essai et classification Sont considérés comme matériaux de construction tous les matériaux utilisés dans la construction et l'aménagement des bâtiments, ouvrages, installations et parties de construction et qui sont soumis à des exigences sur le plan du comportement au feu. 1 Les matériaux de construction sont classés sur la base d'essais normalisés ou d'autres procédures reconnues par l'AEAI. Les critères déterminants sont en particulier le comportement au feu et la densité de fumée, la formation de gouttes en fusion et le dégagement de chaleur. 2 Les matières qui s'enflamment très facilement ou se consument très rapidement ne sont pas admises comme matériaux de construction. 9 1-03f NORME DE PROTECTION INCENDIE Art. 23 Utilisation Les matériaux combustibles ne peuvent être utilisés que s'ils ne conduisent pas à une augmentation inadmissible des risques. Sont notamment déterminants: a le comportement au feu et la densité de fumée, la formation de gouttes en fusion et la chute d'éléments incandescents, le dégagement de chaleur, la formation de gaz d'incendie dangereux; b le mode et l'ampleur de l'utilisation; c le nombre d'occupants; d le nombre de niveaux; e le type de construction, la situation, l'étendue et l'affectation des bâtiments, ouvrages et installations ou des compartiments coupe-feu. 2 Parties de construction Art. 24 Définition Art. 25 Essai et classification Sont considérées comme parties de construction toutes les parties d'un ouvrage soumises à des exigences sur le plan de la résistance au feu. 1 Les parties de construction sont classées sur la base d'essais normalisés ou d'autres procédures reconnues par l'AEAI. Est notamment déterminante la durée de résistance au feu par rapport aux critères de résistance (R), d'étanchéité (E) et d'isolation thermique (I). 2 Lorsque la sécurité l'exige, les parties de construction doivent être réalisées en matériaux incombustibles. 3 Distances de sécurité Art. 26 Définition Art. 27 Dimensionnement Art. 28 Distances de sécurité insuffisantes 10 Sont considérées comme distances de sécurité entre les bâtiments, ouvrages et installations la distance prescrite par le droit de la construction ainsi que, chaque fois que cela est nécessaire, la distance minimale pour garantir une protection incendie suffisante. La distance de sécurité doit être fixée de manière à éviter la mise en danger réciproque des bâtiments, ouvrages et installations par propagation d'un incendie. Le type de construction, la situation, l'étendue et l'affectation doivent être pris en compte. Lorsque les distances exigées par le droit de la construction sont insuffisantes mais qu'elles ne peuvent pas être augmentées, il faut prendre des mesures qui empêchent la propagation d'un incendie. NORME DE PROTECTION INCENDIE 4 1-03f Systèmes porteurs Art. 29 Définition Art. 30 Résistance au feu Est considéré comme système porteur des bâtiments, ouvrages et installations l'ensemble des parties de construction et assemblages nécessaires pour supporter et répartir les charges ainsi que pour assurer la stabilité. 1 La résistance au feu des systèmes porteurs doit être fixée de manière à garantir l'évacuation des personnes et la lutte contre le feu. Sont notamment déterminants: a le nombre de niveaux; b la totalité des charges thermiques mobilières et immobilières existantes; c le type de construction, la situation, l'étendue et l'affectation des bâtiments, ouvrages et installations ou des compartiments coupefeu. 2 Les installations sprinklers peuvent être prises en considération de manière appropriée pour la détermination de la résistance au feu des systèmes porteurs. Art. 31 Attestation 5 Sur demande de l'autorité de protection incendie, la résistance au feu des systèmes porteurs doit être attestée par des essais normalisés ou des méthodes de calcul reconnues par l'AEAI. Compartiments coupe-feu Art. 32 Définitions 1 Les compartiments coupe-feu sont des parties de bâtiments, ouvrages et installations séparées entre elles par des parties de construction résistant au feu; 2 Les parties de construction formant compartiment coupe-feu sont des parties de construction qui cloisonnent des locaux, telles que les murs coupe-feu, les parois et planchers formant compartiment coupefeu, les fermetures coupe-feu et les obturations. Art. 33 Critères de réalisation Le compartimentage coupe-feu des bâtiments, ouvrages et installations est réalisé en fonction de leur type de construction, leur situation, leur étendue et leur affectation. 11 1-03f NORME DE PROTECTION INCENDIE Art. 34 Résistance au feu 1 La résistance au feu des parties de construction formant compartiment coupe-feu doit être fixée de manière à empêcher la propagation d'incendies à d'autres compartiments coupe-feu. Sont notamment déterminants: a le type; b la résistance au feu des systèmes porteurs; c le nombre de niveaux; d la totalité des charges thermiques mobilières et immobilières existantes; e le type de construction, la situation, l'étendue et l'affectation des bâtiments, ouvrages et installations ou des compartiments coupefeu. 2 Les installations sprinklers peuvent être prises en considération de manière appropriée pour la détermination de la résistance au feu des parois et planchers formant compartiment coupe-feu ou de l'étendue admissible des compartiments coupe-feu. 3 La durée de résistance au feu des parties de construction formant compartiment coupe-feu doit être d'au moins 30 minutes. Art. 35 Fermetures coupe-feu, obturations 1 Dans les parties de construction formant compartiment coupe-feu, les passages et autres ouvertures doivent être obturés par des fermetures résistantes au feu. 2 Dans les parties de construction formant compartiment coupe-feu, les ouvertures, les passages pour conduites et les gaines techniques doivent être fermés, de manière étanche, par des obturations résistantes au feu. 3 La résistance au feu des fermetures coupe-feu et des obturations doit être d'au moins 30 minutes. Art. 36 Bâtiments à façades double-peau, cours intérieures couvertes 6 Dans les bâtiments à façades double-peau ainsi que dans les bâtiments comprenant des cours intérieures couvertes, des mesures doivent être prises pour éviter la propagation de l'incendie dans les zones intérieures des façades (zones tampon) et dans les cours intérieures. Voies d'évacuation Art. 37 1 Les voies d'évacuation servent à la fois de voies de sauvetage. Définition 2 Est considéré comme voie d'évacuation le chemin le plus court qui a peut être emprunté par les personnes pour parvenir à l'air libre, en lieu sûr, depuis n'importe quel endroit du bâtiment, de l'ouvrage ou de l'installation; b sert de voie d'intervention vers n'importe quel endroit des bâtiments, ouvrages et installations pour les sapeurs-pompiers et les équipes de sauvetage. 12 NORME DE PROTECTION INCENDIE Art. 38 Disposition 1-03f 1 Les voies d'évacuation doivent être disposées, dimensionnées et réalisées de manière à pouvoir être empruntées à tout moment, rapidement et en toute sécurité. Sont notamment déterminants: a le nombre d'occupants; b le nombre de niveaux; c le type de construction, la situation, l'étendue et l'affectation des bâtiments, ouvrages et installations ou des compartiments coupefeu. 2 Les exigences minimales prescrites ne peuvent pas être réduites sur la base de méthodes de calcul ou d'installations techniques de protection incendie. Art. 39 Mode de mesurage 1 La longueur totale d'une voie d'évacuation se compose de la longueur de la voie d'évacuation du local, mesurée en ligne droite, et de celle du couloir, mesurée le long du trajet à parcourir. 2 La distance à parcourir dans les escaliers et jusqu'à l'extérieur n'est pas mesurée. 3 Les largeurs des voies d'évacuation sont mesurées entre les parois ou les balustrades. Art. 40 Longueur des voies d'évacuation dans le local Art. 41 Longueur totale de la voie d'évacuation 1 Lorsqu'un local ne comporte qu'une seule issue, aucun point de ce local ne doit se trouver à plus de 20 m de celle-ci. 2 S'il existe deux ou plusieurs issues, cette distance peut être prolongée jusqu'à 35 m. Les issues doivent se situer le plus loin possible les unes des autres et être conçues de manière à ce que chacune offre son propre sens de fuite pour que les personnes ne se gênent pas mutuellement. 1 La longueur des voies d'évacuation est limitée à 35 m lorsqu'elles aboutissent à une seule cage d'escaliers ou une seule sortie donnant sur l'extérieur. 2 Leur longueur est limitée à 50 m lorsqu'elles aboutissent à au moins deux cages d'escaliers ou sorties, éloignées l'une de l'autre et donnant sur l'extérieur. 13 1-03f Art. 42 Escaliers a nombre et emplacement NORME DE PROTECTION INCENDIE 1 Si les voies d'évacuation ne donnent accès qu'à une seule cage d'escaliers, la surface brute d'un niveau ne doit pas dépasser 600 m2. 2 Si les voies d'évacuation aboutissent à plusieurs cages d'escaliers, la surface brute d'un niveau ne devra pas dépasser 900 m2 par cage. 3 Les escaliers doivent être disposés à 15 m au plus de l'extrémité des bâtiments et être éloignés le plus possible les uns des autres, de manière à offrir des sens de fuite indépendants. 4 Dans les bâtiments, ouvrages et installations avec des locaux prévus pour 100 occupants et plus, deux cages d'escaliers au moins sont nécessaires, indépendamment de la surface brute de l'étage. 5 Les bâtiments, ouvrages et installations comprenant deux niveaux souterrains ou davantage doivent disposer d'au moins deux cages d'escaliers à moins que la sécurité au travail n'impose des exigences plus sévères. 6 Pour des bâtiments, ouvrages et installations de grande surface ayant un très faible nombre d'occupants et avec accès assuré pour les sapeurs-pompiers et les équipes de sauvetage, le nombre d'escaliers peut être réduit en conséquence avec l'accord de l'autorité compétente. Art. 43 b exécution 1 Les cages d'escaliers servant de voie d'évacuation doivent constituer des compartiments coupe-feu dont la durée de résistance au feu est identique à celle du système porteur, mais d'au moins 60 minutes. 2 Les escaliers doivent être séparés de chaque niveau par des fermetures coupe-feu ayant une durée de résistance au feu d'au moins 30 minutes. 3 En fonction de leur affection et du nombre de niveaux, les cages d'escaliers doivent être équipées d'installations d'extraction de chaleur et de fumée donnant directement sur l'extérieur. Art. 44 Escaliers extérieurs Art. 45 Escaliers Les escaliers extérieurs doivent être conçus de manière à éviter la mise en danger des utilisateurs en cas d'incendie dans ou à proximité des bâtiments, ouvrages et installations. 1 Les escaliers et paliers doivent être exécutés de manière à être praticables en toute sécurité, incombustibles et à volées droites. 2 Les escaliers tournants sont admis à l'intérieur d'une habitation ou lorsqu'ils sont surélargis et à caractère monumental. 14 NORME DE PROTECTION INCENDIE Art. 46 Couloirs, exécution 1-03f 1 Les couloirs servant de voie d'évacuation doivent constituer des compartiments coupe-feu dont la durée de résistance au feu est identique à celle du système porteur, mais d'au moins 30 minutes. 2 Les couloirs doivent être séparés des locaux voisins par des fermetures coupe-feu d'une durée de résistance au feu d'au moins 30 minutes. 3 Les couloirs reliant entre elles des cages d'escaliers doivent être interrompus par des fermetures coupe-feu d'une durée de résistance au feu d'au moins 30 minutes. Art. 47 Largeur des escaliers, couloirs et portes 1 La largeur des portes, couloirs et escaliers doit être dimensionnée en fonction du nombre possible d'occupants. Le local avec le nombre d'occupants le plus élevé déterminera la largeur requise de la voie d'évacuation. 2 La largeur minimale des escaliers et couloirs doit être de 1,2 m. Pour les liaisons intérieures d'une habitation, 0,9 m suffisent. 3 La largeur de passage libre des portes doit être de 0,9 m. Art. 48 Portes 1 Les portes doivent pouvoir s'ouvrir dans le sens de fuite. Font exception les portes des petits locaux prévus pour un faible nombre d'occupants et des locaux ne présentant pas de danger d'incendie accru. 2 Les personnes fuyant le danger doivent pouvoir ouvrir les portes des voies d'évacuation rapidement, en tout temps et sans recours à des moyens auxiliaires. Les forces d'intervention doivent pouvoir ouvrir les portes depuis l'extérieur. 3 Les portes basculantes, à guillotine, à tambour, à enroulement rapide et coulissantes, ainsi que les portes tournantes ne sont autorisées que dans les locaux pourvus de portes supplémentaires disposées judicieusement et ouvrant dans le sens de fuite. Art. 49 Revêtements 1 Les revêtements des parois et des plafonds des cages d'escaliers, couloirs et vestibules servant de voies d'évacuation doivent être exécutés en matériaux incombustibles. 2 Pour les revêtements de sol et de marches d'escaliers, des matériaux combustibles sont tolérés selon l'affectation des bâtiments, ouvrages et installations. Art. 50 Dégagement Les escaliers, les couloirs, les issues et les voies de circulation servant de voies d'évacuation doivent être maintenus dégagés en tout temps et utilisables en toute sécurité. Ils ne doivent pas servir à d'autres usages. 15 1-03f NORME DE PROTECTION INCENDIE Art. 51 Signalisation, éclairage de sécurité 1 Le sens de fuite et les issues doivent être rendus clairement reconnaissables par une signalisation et un éclairage de sécurité, en fonction du nombre d'occupants, du nombre de niveaux, de la situation, de l'étendue et de l'affectation des bâtiments, ouvrages, installations ou compartiments coupe-feu. 2 L'éclairage de sécurité doit permettre de parcourir les locaux et les voies d'évacuation en toute sécurité, et de trouver facilement les sorties. Art. 52 Bâtiments élevés 1 Dans les bâtiments élevés, les escaliers exigés seront construits comme des cages d'escaliers de sécurité avec une durée de résistance au feu d'au moins 90 minutes. 2 Chaque cage d'escaliers de sécurité peut desservir une surface brute d'étage de 600 m2 au maximum. 3 Sont considérés comme cages d'escaliers de sécurité, les escaliers particulièrement protégés contre la pénétration de la fumée et du feu. Art. 53 Bâtiments à façades double-peau, cours intérieures couvertes D Dans les bâtiments comprenant des cours intérieures couvertes, les voies d'évacuation ne doivent pas passer au travers de celles-ci; dans les bâtiments à façades double-peau, elles ne doivent pas passer par les zones intérieures des façades (zones tampon). EQUIPEMENTS DE PROTECTION INCENDIE Art. 54 Les équipements de protection incendie sont constitués notamment par: Définition a des installations d'extinction telles que postes incendie, extincteurs portatifs, installations d'extinction à gaz, installations d'extinction et de refroidissement spéciales; b des installations de détection d'incendie et de gaz; c des installations sprinklers; d des installations d'extraction de fumée et de chaleur; e des installations de protection contre la foudre; f des éclairages de sécurité et des alimentations de sécurité; g des ascenseurs pour sapeurs-pompiers; h des dispositions de protection contre les explosions. Art. 55 Les équipements de protection incendie visent à: Fonction a alarmer les personnes en danger et les sapeurs-pompiers; b rendre les voies d'évacuation reconnaissables; c limiter ou empêcher les incendies et les explosions; d assurer et faciliter la lutte contre le feu. 16 NORME DE PROTECTION INCENDIE Art. 56 Nécessité 1-03f Les bâtiments, ouvrages, installations ou compartiments coupe-feu doivent être pourvus d'équipements de protection incendie suffisamment dimensionnés. Sont notamment déterminants: a le nombre d'occupants; b le nombre de niveaux; c le type de construction, la situation, l'étendue et l'affectation des bâtiments, ouvrages, installations ou compartiments coupe-feu. Art. 57 Installation et état de fonctionnement E DEFENSE INCENDIE Art. 58 Accès pour les sapeurs-pompiers Art. 59 Concept d'alarme et d'intervention Art. 60 Sapeurs-pompiers d'entreprise F Les équipements de protection incendie doivent être conformes à l'état de la technique et être conçus, dimensionnés, exécutés et entretenus de manière à être efficaces et prêts à fonctionner en tout temps. Les bâtiments, ouvrages et installations doivent garantir un libre accès en tout temps permettant une intervention rapide et efficace des sapeurs-pompiers. Des mesures appropriées telles que des concepts d'alarme et d'intervention doivent assurer que les sapeurs-pompiers compétents puissent être alarmés et intervenir rapidement. Sur demande de l'autorité de protection incendie, les exploitations à risque élevé d'incendie, avec mise en danger accrue des personnes, ou qui sont difficilement accessibles aux interventions des sapeurspompiers, doivent mettre sur pied un corps de sapeurs-pompiers d'entreprise. INSTALLATIONS TECHNIQUES Art. 61 Les installations techniques sont constituées notamment par: Définition a les installations thermiques et réfrigérantes; b les installations aérauliques; c les installations d'ascenseurs; d les installations électriques. Art. 62 Installation et état de fonctionnement 1 Les installations techniques doivent être conçues et réalisées de manière à garantir un fonctionnement sans danger correspondant aux prescriptions et à limiter les dommages en cas de dérangement. 2 Elles doivent être conformes à l'état de la technique et toutes les parties doivent résister aux sollicitations thermiques, chimiques et mécaniques susceptibles de se produire. 17 1-03f G NORME DE PROTECTION INCENDIE MATIERES DANGEREUSES Art. 63 Définition Art. 64 Classification Art. 65 Mesures de protection Les matières et produits dangereux sont des matières qui, en cas d'incendie ou d'explosion, présentent un danger particulier pour les personnes, les animaux et l'environnement. Les matières dangereuses sont classées en fonction de leur comportement au feu et à l'explosion, et d'après les risques qu'elles constituent pour les personnes, les animaux et l'environnement. Cette classification détermine les mesures à prendre. 1 Pour l'entreposage et la manipulation des matières dangereuses, il faut prendre des mesures de protection en vue d'empêcher les incendies et les explosions ou de limiter leurs effets. 2 Les mesures de protection sont déterminées par le type et la quantité des matières, des fûts, des récipients et des matériaux de conditionnement utilisés. Art. 66 Séparation des matières Art. 67 Locaux et zones particuliers Art. 68 Fûts H 18 La classification des locaux et la définition des zones d'après leur danger d'incendie et d'explosion sont notamment déterminées par la nature et la quantité des matières dangereuses présentes, ainsi que par la fréquence et la durée de leur entreposage. Les fûts, les récipients et les emballages doivent posséder une résistance mécanique, thermique et chimique répondant aux contraintes de l'exploitation. Ils doivent être conçus de manière à garantir un stockage et un transport sûrs des matières. EXPLOITATION Art. 69 But Les matières qui pourraient entrer en réaction entre elles de manière dangereuse, celles qui présentent un comportement au feu particulier ou celles qui peuvent mettre en danger les forces d'intervention et d'autres personnes à cause de leurs propriétés en cas d'incendie doivent être placées dans des compartiments coupe-feu séparés et aménagés en conséquence. Les propriétaires et exploitants des bâtiments, ouvrages et installations doivent prendre les mesures nécessaires, sur les plans de l'organisation et du personnel, pour assurer la sécurité-incendie. NORME DE PROTECTION INCENDIE Art. 70 Chargés de sécurité 1-03f 1 Lorsque les risques d'incendie, le nombre d'occupants, le type ou les dimensions des bâtiments, ouvrages, installations ou exploitations l'exigent, il faut désigner et former des chargés de sécurité appartenant à la direction de l'exploitation. 2 Les chargés de sécurité veillent, sur la base d'un cahier des charges, à la sécurité-incendie dans le cadre des prescriptions applicables. Ils sont notamment responsables de faire respecter et de surveiller la protection incendie au niveau des bâtiments, de la technique et de l'exploitation. Art. 71 Plans de protection incendie et d'intervention des sapeurs-pompiers Art. 72 Sécurité sur les chantiers Art. 73 Décorations I Toutes les personnes qui participent à des travaux sur des bâtiments, ouvrages et installations doivent prendre les mesures appropriées pour prévenir efficacement le danger d'incendie et d'explosion accru occasionné par l'activité du chantier. Les décorations ne doivent pas créer de danger d'incendie supplémentaire. En cas d'incendie, elles ne doivent pas mettre en danger les personnes et ne pas entraver les voies d'évacuation. APPLICATION Art. 74 Surveillance et contrôles J Lorsque les risques d'incendie, le nombre d'occupants, le type ou la grandeur des bâtiments, ouvrages, installations ou exploitations l'exigent et si l'autorité de protection incendie le demande, il faut établir des plans de protection incendie et d'intervention des sapeurs-pompiers. L'autorité de protection incendie veille au respect des prescriptions de protection incendie et ordonne si nécessaire des contrôles. DISPOSITION FINALE Art. 75 Entrée en vigueur 1 La présente norme de protection incendie, déclarée obligatoire le 10 juin 2004 sur décision de l’autorité compétente dans le cadre de l’Accord intercantonal sur l’élimination des entraves techniques au commerce (AIETC), entre en vigueur le 1er janvier 2005. Le caractère obligatoire s’applique à tous les cantons sauf si l’autorité intercantonale a consenti une exception pour certains cas particuliers sur la base de l’article 6 de l’AIETC. 2 Elle remplace la norme de protection incendie du 15 décembre 1992. 19 Vereinigung Kantonaler Feuerversicherungen Association des établissements cantonaux d’assurance incendie Associazione degli istituti cantonali di assicurazione antincendio NOTE EXPLICATIVE DE PROTECTION INCENDIE Bâtiments à façades double-peau Note explicative de protection incendie 1004 "Mesures de protection incendie pour façades double-peau" Edition 2001 06.08.2003 / 102-03f Bâtiments à façades double-peau / 102-03f NOTE EXPLICATIVE DE PROTECTION INCENDIE © Copyright 2003 Berne by VKF / AEAI / AICAA Remarque: Vous trouverez la dernière édition de cette note explicative de protection incendie sur l’internet à l’adresse http://ppionline.vkf.ch Distribution: Association des établissements cantonaux d’assurance incendie Bundesgasse 20 Case postale CH - 3001 Berne Tél. 031 320 22 22 Fax 031 320 22 99 Courriel [email protected] Internet www.vkf.ch 2 NOTE EXPLICATIVE DE PROTECTION INCENDIE Bâtiments à façades double-peau / 102-03f Table des matières 1 Exposé du problème - objectifs de protection 4 2 2.1 2.2 2.2.1 2.2.2 2.2.3 2.2.4 2.2.5 2.2.6 2.3 2.4 2.5 2.6 Concepts de protection incendie Généralités Exigences spéciales Construction des façades intérieures Construction des façades extérieures Protection solaire Toitures froides Voies d'évacuation des zones tampon Bâtiments à un niveau Exigences valables pour les façades double-peau de type A Exigences valables pour les façades double-peau de type B Exigences valables pour les façades double-peau de type C Autres possibilités 5 5 5 5 5 5 5 5 5 6 7 9 10 3 Autres dispositions 10 4 Validité 10 3 Bâtiments à façades double-peau / 102-03f 1 NOTE EXPLICATIVE DE PROTECTION INCENDIE Exposé du problème - objectifs de protection Depuis quelque temps, les nouvelles possibilités d'utilisation du verre fascinent les architectes. Des traitements de surface permettent aux vitrages de la nouvelle génération non seulement de répondre aux diverses exigences relatives à la transmission, à l'absorption et à la réflexion, mais encore de présenter des propriétés mécaniques nettement améliorées, et cela ouvre aux architectes des perspectives insoupçonnées. Une des nouvelles applications consiste à construire des façades dotées d'une seconde peau. De telles constructions sont appelées façades double-peau ou "twinfaces" et sont utilisées pour des raisons d'esthétique, d'isolation phonique et de ventilation. Les façades double-peau ont pour caractéristique de présenter, en plus de l'enveloppe proprement dite (façade), une seconde enveloppe vitrée placée à une certaine distance pouvant aller de quelques centimètres à plusieurs mètres. La zone située entre ces deux enveloppes est également nommée zone tampon. Si celle-ci est subdivisée, on parle de façade double-peau segmentée; dans le cas contraire, on la dit non segmentée. En 1999, la "Materialforschungs- und Prüfungsanstalt für das Bauwesen" (MFPA), Leipzig, a effectué deux essais au feu sur un banc d'essai grandeur nature avec deux locaux superposés. Il n'existe cependant guère d'exemples concrets permettant de connaître l'évolution d'un incendie dans des constructions à façades double-peau. Ce qui est certain, c'est que celles-ci s'avèrent extrêmement problématiques du point de vue de la protection incendie et de la lutte contre le feu. Un examen théorique de la question fait apparaître les problèmes suivants: • La perception visuelle de l'incendie et des personnes en danger n'est guère possible depuis l'extérieur; • les sapeurs-pompiers ne peuvent intervenir par la façade (sauvetage, lutte contre le feu), en particulier lors de la phase initiale d'un incendie; • la destruction thermique de la façade extérieure ne se produit que très tard ou même pas du tout (selon la construction et le type de verre); • la chute de parties de construction telles que verre ou profilés métalliques peut mettre les sapeurs-pompiers en danger, en particulier en phase d'incendie pleinement développé; • dans les façades double-peau dont la zone tampon n'est pas segmentée par des séparations résistantes au feu, le feu et les gaz peuvent se propager librement, court-circuitant et rendant inefficaces les compartiments coupe-feu horizontaux (séparation des niveaux) et verticaux (séparations à l'intérieur d'un même niveau). Il en résulte une propagation rapide de l'incendie aux niveaux supérieurs et aux compartiments coupe-feu voisins; • les matériaux combustibles se trouvant dans la zone tampon, tels que les éléments de paroi ou les stores textiles, contribuent à l'intensification et à la propagation rapide du feu. En l'absence de mesures adéquates, il faut, lors de charges thermiques importantes, compter avec une propagation très rapide du feu à d'autres niveaux et compartiments coupe-feu. Toutefois, même des incendies à faible dégagement d'énergie peuvent enfumer un bâtiment tout entier ou du moins des zones entières, en particulier en cas de fenêtres ouvertes. Sans précautions spéciales, les voies d'évacuation créées par compartimentage coupe-feu (couloirs, cages d'escaliers) deviennent alors très vite impraticables. En l'absence de concept de protection incendie intégrant pleinement la problématique des façades double-peau, l'objectif de protection stipulé par les prescriptions de protection incendie ne peut être atteint ni pour la protection des personnes, ni pour la protection des biens. Pour la protection des personnes au moins, le niveau doit être porté à l'équivalent d'une solution sans façade double-peau. Etant donné que, en cas d'incendie, les sapeurs-pompiers peuvent être directement concernés par la problématique des façades double-peau en matière de protection incendie (perception plus difficile de l'incendie, réduction des possibilités d'intervention, danger accru, etc.), les autorités de protection incendie feraient bien d'informer les organes compétents du service du feu de tout projet de construction correspondant. 4 NOTE EXPLICATIVE DE PROTECTION INCENDIE 2 Concepts de protection incendie 2.1 Généralités Bâtiments à façades double-peau / 102-03f Les propositions de solution exposées ci-après, élaborées en commun avec des représentants de la Fédération suisse des sapeurs-pompiers (FSSP), contiennent uniquement les mesures complémentaires de protection incendie requises pour les façades doublepeau, compte tenu de l'affectation prévue. Il est bien évident que toutes les autres mesures prévues par les prescriptions de protection incendie (norme et directives) en fonction de l'affectation et du nombre de niveaux doivent également être réalisées. 2.2 Exigences spéciales 2.2.1 Construction des façades intérieures Les façades intérieures doivent être construites dans tous les cas en matériaux incombustibles. Des cadres de fenêtre combustibles sont toutefois autorisés. En cas de bâtiments, ouvrages et installations existants, équipés ultérieurement d'une façade double-peau, les surfaces combustibles doivent être enlevées ou recouvertes d'un matériau incombustible. 2.2.2 Construction des façades extérieures Les façades extérieures doivent aussi être construites en matériaux incombustibles (exceptions: mastics et joints d'étanchéité). 2.2.3 Protection solaire Les dispositifs de protection solaire en matériau combustible (stores toile, par exemple) ne sont pas autorisés dans la zone tampon. 2.2.4 Toitures froides Une séparation EI 60 (icb) est requise entre les espaces ventilés des toitures froides et les zones tampon. 2.2.5 Voies d'évacuation des zones tampon Les voies d'évacuation ne doivent en aucun cas passer par les zones tampon! Dans le cas de zones tampon praticables, il faut créer des ouvertures permettant de passer à l'intérieur du bâtiment (les portes doivent présenter la même résistance au feu que celle requise pour la façade intérieure). 2.2.6 Bâtiments à un niveau Les exigences sont applicables par analogie aux bâtiments à un niveau pourvus d'une façade double-peau. 5 Bâtiments à façades double-peau / 102-03f 2.3 NOTE EXPLICATIVE DE PROTECTION INCENDIE Exigences valables pour les façades double-peau de type A Segmentées, avec séparations résistantes au feu (la segmentation assure le compartimentage coupe-feu vertical et horizontal) Les fenêtres peuvent être ouvertes. Aucune exigence n'est posée à la résistance au feu des fenêtres. Cette solution est admise pour toutes les affectations. 6 séparation résistance au feu voir tableau 1 zone tampon zone tampon toiture froide EI 60 (icb) NOTE EXPLICATIVE DE PROTECTION INCENDIE Bâtiments à façades double-peau / 102-03f Compartimentage coupe-feu Niveaux/locaux Cage d'escaliers séparation horizontale et verticale séparation verticale Deux niveaux sans charge thermique élevée ni danger accru pour les personnes EI 30 (icb) EI 60 (icb) Deux niveaux avec charge thermique élevée ou danger accru pour les personnes; trois niveaux ou davantage, à l’exception des bâtiments élevés EI 60 (icb) EI 60 (icb) Deux niveaux ou davantage, à l’exception bâtiments élevés, avec protection sprinklers totale (sprinklers à réponse rapide) E 30 (icb) EI 30 (icb) Bâtiments élevés EI 90 (icb) EI 90 (icb) Bâtiments élevés avec protection sprinklers totale (sprinklers à réponse rapide) E 30 (icb) EI 60 (icb) Nombre de niveaux Tableau 1 2.4 Exigences valables pour les façades double-peau de type B Non segmentées ou segmentées avec séparations non résistantes au feu (grilles, par exemple) Il n'existe pas de compartimentage coupe-feu vertical ou horizontal au niveau des façades. Les cages d'escaliers et les couloirs servant de voies d'évacuation ainsi que les locaux constituant des compartiments coupe-feu (locaux techniques, par exemple) qui sont situés à la périphérie des façades doivent être pourvus des séparations requises (parois EI 60 (icb), vitrages EI 30 (icb) fixes; pour les bâtiments élevés: parois EI 90 (icb), vitrages EI 60 (icb) fixes). Etant donné qu'aucun matériau combustible n'est autorisé dans la zone tampon et que, grâce à la ventilation naturelle, il y règne des conditions pratiquement identiques aux conditions extérieures, les cages d'escaliers et les locaux devant être constitués en compartiments coupe-feu peuvent être séparés de la zone tampon par des vitrages fixes EI 30 (icb) (EI 60 (icb) pour les bâtiments élevés). A l'exception des vitrages requis pour les compartiments coupe-feu (couloirs, cages d'escaliers, locaux techniques, etc.), aucune exigence n'est posée pour les fenêtres des façades intérieures, qui peuvent être ouvertes et ne présenter aucune résistance au feu. En cas de concept incluant le refroidissement nocturne, les volets d'aération doivent être asservis aux installations sprinklers et de détection d'incendie (fermeture sans courant). Cet asservissement est également requis pour la soufflerie destinée au refroidissement de la zone tampon. Vers les fenêtres, il faut prévoir, dans la zone du linteau, des tabliers d'accumulation de chaleur incombustibles. 7 Bâtiments à façades double-peau / 102-03f NOTE EXPLICATIVE DE PROTECTION INCENDIE tablier d'accumulation de chaleur incombustible zone tampon praticable zone tampon praticable tablier d'accumulation de chaleur incombustible tablier d'accumulation de chaleur incombustible Affectation/nombre de niveaux Mesures techniques Compartiments coupe-feu de 4800 m2 max. Bureaux, deux à quatre niveaux [1] Ecoles, deux à quatre niveaux [1] Protection totale avec installation sprinklers à réponse rapide (locaux exemptés: ceux qui sont équipés de détecteurs d'incendie, déclencheurs manuels d'alarme, alarme acoustique; annonce par hautparleur) Protection totale avec installation sprinklers à réBureaux, cinq niveaux et davantage ponse rapide et surveillance totale par une installa(au-delà de la limite des bâtiments élevés) tion de détection d'incendie (alarme acoustique; annonce par haut-parleur) Hôtels, à partir de deux niveaux, à l’exception des bâtiments élevés [2] Protection totale avec installation sprinklers à réponse rapide et surveillance totale par une installation de détection d'incendie (alarme acoustique; annonce par haut-parleur); portes des chambres munies de ferme-portes débrayables Tableau 2 [1] Les cages d'escaliers servant de voies d'évacuation doivent être séparées avec résistance EI 60 (icb), EI 30/E 30 pour les parties mobiles (tous les couloirs accédant à la cage d'escalier doivent être équipés de séparations coupe-feu!). Les escaliers supplémentaires ouverts ne servant pas de voie d'évacuation et les cours intérieures couvertes sont autorisés. [2] Indépendamment de la surface d'étage, il faut aménager au moins deux voies d'évacuation indépendantes l'une de l'autre! 8 NOTE EXPLICATIVE DE PROTECTION INCENDIE Bâtiments à façades double-peau / 102-03f Les concepts de protection ci-dessus relatifs aux façades double-peau de type B ne sont autorisés que pour les affectations et le nombre de niveaux indiqués. Ainsi, ils ne sont en aucun cas applicables aux homes, établissements et hôpitaux, ni aux hôtels situés dans des bâtiments élevés! Il convient ici d'accorder une attention particulière à la disposition et à la conception des voies d'évacuation (configuration, portes, asservissements incendie, etc.)! Les portes coupe-feu donnant directement sur la cage d'escaliers doivent être équipées de fermeportes débrayables. La surface d'un compartiment coupe-feu ne doit pas dépasser 4800 m2 au total (addition de toutes les surfaces d'étage). En cas de dépassement de cette surface, il faut prévoir des séparations REI 60 (icb) de stabilité suffisante. Dans les bâtiments où de tels concepts de protection sont appliqués, les locaux tels que les salles de formation ou les restaurants, qui ne présentent pas de compartimentage coupe-feu horizontal et vertical dans la zone de la façade et qui peuvent recevoir plus de 100 personnes mais au maximum 200, sont autorisés à condition de disposer de deux voies d'évacuation indépendantes l'une de l'autre (passant par des couloirs et cages d'escaliers).Dans le cas de locaux destinés à recevoir plus de 200 personnes, d'autres mesures s'imposent (compartimentage coupe-feu de la façade, par exemple); par ailleurs, il faut, indépendamment du nombre de niveaux, une surveillance totale par installation de détection d'incendie en plus de l'installation sprinklers. 2.5 Exigences valables pour les façades double-peau de type C Façade intérieure résistante au feu avec vitrages fixes De tels concepts sont applicables à des musées ou des grands magasins (climatisation, pas d'ouverture des fenêtres). Dans le cas de bâtiments à deux niveaux sans charge thermique élevée ni danger accru pour les personnes, il faut une façade intérieure EI 30 (icb) avec vitrages fixes E 30 (icb) (ou incombustibles en combinaison avec une installation sprinklers à réponse rapide offrant une protection totale). Les cages d'escaliers doivent dans tous les cas présenter une résistance EI 30 (icb) avec des vitrages fixes. Dans le cas de bâtiments à deux niveaux avec charge thermique élevée ou danger accru pour les personnes, ainsi que de bâtiments à partir de trois niveaux, bâtiments élevés exceptés, il faut une façade intérieure EI 60 (icb) avec vitrages fixes EI 30 (icb) (ou une façade intérieure EI 30 (icb) avec vitrages fixes E 30 (icb) en combinaison avec une installation sprinklers à réponse rapide offrant une protection totale). Les cages d'escaliers doivent dans tous les cas présenter une résistance EI 30 (icb) avec des vitrages fixes. Dans le cas de bâtiments élevés, il faut une façade intérieure EI 90 (icb) avec vitrages fixes EI 60 (icb) (ou une façade intérieure EI 60 (icb) avec vitrages fixes EI 30 (icb) en combinaison avec une installation sprinklers à réponse rapide offrant une protection totale. Les cages d'escaliers doivent dans tous les cas présenter une résistance EI 60 (icb) avec des vitrages fixes. 9 Bâtiments à façades double-peau / 102-03f Nombre de niveaux NOTE EXPLICATIVE DE PROTECTION INCENDIE Compartimentage coupe-feu par rapport à la zone tampon/ mesures techniques Parois façade intérieure Vitrages fixes façade intérieure sans sprinavec sans sprinavec klers sprinklers klers sprinklers Deux niveaux sans charge thermique élevée ni danger accru pour les personnes EI 30 (icb) EI 30 (icb) E 30 (icb) (icb) [1] Deux niveaux avec charge thermique élevée ou danger accru pour les personnes; trois niveaux ou davantage à l’exception des bâtiments élevés EI 60 (icb) EI 30 (icb) EI 30 (icb) E 30 (icb) [1] Bâtiments élevés EI 90 (icb) EI 60 (icb) EI 60 (icb) EI 30 (icb) [2] Tableau 3 [1] Cages d'escaliers EI 30 (icb) avec vitrages fixes [2] Cages d'escaliers EI 60 (icb) avec vitrages fixes 2.6 Autres possibilités Les solutions telles que celles avec une installation sprinklers ou une installation déluge uniquement dans la zone tampon, avec des installations d'extraction de fumée et de chaleur pour la zone tampon ou avec un asservissement incendie des fenêtres ne sont en aucun cas autorisées [1]. Les solutions de substitution constituant une combinaison des possibilités susmentionnées (type A, type B ou type C) sont en principe autorisées, à condition d'arriver à un niveau de sécurité équivalent. Une importance particulière doit être accordée notamment aux points de jonction des différents systèmes. Par ailleurs, les mesures techniques (installation sprinklers ou installation de détection d'incendie) doivent toujours englober tout le bâtiment (protection totale, surveillance totale). 3 Autres dispositions Les documents officiels et publications à prendre en compte, en complément à la présente note explicative de protection incendie, figurent dans la liste de la Commission technique de l'AEAI, actualisée périodiquement (AEAI, Case postale, 3001 Berne ou http://ppionline.vkf.ch). 4 Validité La présente note explicative de protection incendie est en vigueur depuis le 1er mai 2001. Approuvée par la commission technique de l'AEAI le 15 mars 2001. Adaptations aux prescriptions de protection incendie 2003 de l'AEAI réalisées le 6 août 2003. 10 NOTE EXPLICATIVE DE PROTECTION INCENDIE Bâtiments à façades double-peau / 102-03f [1] Etant donné que les conditions régnant dans la zone tampon correspondent pratiquement aux conditions extérieures, il peut arriver qu'en cas de températures en dessous de zéro, et en particulier lors de pluie givrante, la tringlerie de commande et les joints des clapets et des fenêtres gèlent. On ne peut alors plus les actionner pendant une période prolongée, ce qui les rend inefficaces. Par ailleurs, les conduites d'eau peuvent geler. En cas de fenêtres ouvertes, les installations sprinklers ou déluge peuvent provoquer des dégâts d'eau dans des parties de bâtiment non touchées par l'incendie. Les dessins de la présente annexe sont protégés par le droit d'auteur. Reproduction, copie ou duplication sur ou dans des médias ou supports de données autorisée avec mention de la source. 11