Réactions au stress professionnel
Une analyse des déterminants
individuels et situationnels
Thèse présentée à la Faculté des Sciences Sociales et Politiques
de l’Université de Lausanne en vue de l’obtention du grade de docteur en psychologie
L’objectif central de ce travail est l’étude du stress professionnel en tant qu’un processus
complexe et dynamique qui rend compte de l’interaction de l’individu et de son
environnement, et la mise en évidence des facteurs individuels et environnementaux qui
influencent ce processus. La population étudiée se compose de 252 collaborateurs des trois
institutions partenaires du projet, à savoir le Service de Secours et d’Incendie de la ville de
Lausanne (SSI), le Service d’Incendie et de Secours de la ville de Genève (SIS) et l’Eglise
Evangélique Réformée du canton de Vaud (EERV).
L’intérêt de cette étude découle de deux points essentiels. D’une part, à travers une analyse
des différents modèles prédominants de l’étude du stress, nous avons cherché à élargir le
champ des variables habituellement envisagées dans ce domaine pour mieux rendre compte
de la complexité du processus psychologique étudié. Ainsi, afin d’évaluer la pertinence du
modèle théorique proposé, un grand nombre de variables a été mesuré. Au niveau des
stresseurs environnementaux, différentes caractéristiques du travail ont été considérées,
notamment le rythme et la charge de travail, l’autonomie décisionnelle du travailleur ou
encore la présence de facteurs « objectifs » de risque. La vulnérabilité individuelle face au
stress a été évaluée sur la base de la structure de la personnalité. En ce qui concerne les
réactions individuelles face aux situations problématiques et potentiellement génératrices de
stress, nous avons procédé à l’étude du style cognitif (perception du stress), affectif (émotions
vécues au travail) et comportemental (style de coping) des sujets. Enfin, l’impact du stress
professionnel a été évalué par la mesure de la satisfaction professionnel et du bien-être
subjectif. D’autre part, il faut relever l’originalité des groupes professionnels étudiés. L’idée
centrale ici est la comparaison des pressions psychosociales que connaissent deux types de
professionnels de la relation d’aide : ceux engagés dans l’action (intervenants d’urgence,
pompiers, ambulanciers) et ceux engagés dans la relation (pasteurs, diacres).
Les résultats de l’étude mettent clairement en évidence le rôle des caractéristiques
individuelles en tant que facteurs de vulnérabilité – ou de protection – face au stress. Dans ce
sens, nous constatons qu’une combinaison de certaines dimensions de la personnalité
contribue de manière conséquente à prédire l’occurrence du sentiment de ne pas être en
mesure de faire face aux exigences des situations professionnelles.
En ce qui concerne la prévention et la prise en charge de la souffrance individuelle liée au
stress professionnel, l’étude de variables médiatrices relativement inconditionnelles et ayant
une portée trans-situationnelle, comme c’est le cas des traits de la personnalité, offre des
applications intéressantes. Dans ce sens, différentes pistes d’intervention sont proposées pour
aider les travailleurs à combler leurs vulnérabilités personnelles par l’apprentissage et
l’entraînement de nouvelles conduites, plus favorables en termes d’ajustement au stress et de
conséquences qui en découlent.