La Première Guerre mondiale : l`expérience combattante dans une

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FICHE SEQUENCE.
La Première Guerre mondiale :
l’expérience combattante dans une guerre totale
• Résumé :
Cette séquence s’inscrit dans le thème 2 du programme d’Histoire de 1ère ES-L : LA GUERRE AU XXe
SIECLE. Cette question invite à montrer la manière dont les deux conflits mondiaux témoignent de l’entrée
dans l’ère de la « guerre totale », aboutissant à la prise de conscience progressive de la nécessité d’une
régulation mondiale pour préserver la paix. Chacun des conflits est abordé en s’interrogeant sur les
transformations de la nature de la guerre à partir du sort qui est réservé aux combattants et aux populations.
La première étude s’intitule : La Première Guerre mondiale : l’expérience combattante dans une guerre
totale et est l’objet de cette fiche séquence.
L’ambition de cette fiche et de sa démarche est de traiter cette question en s’appuyant le plus possible sur
des témoignages et sources locales. La séquence s’appuie sur deux dossiers documentaires qui traitent de
l’expérience combattante et de ses implications pour les civils. Ces dossiers permettent de traiter ces deux
aspects de la guerre totale et de passer ensuite à l’élaboration de la notion de guerre totale.
Cette étude permet ensuite de définir le concept de guerre totale par le biais de l’expérience combattante et
de ses implications sur les sociétés.
Le temps consacré à cette séquence est de 4 heures.
• Niveau : classe de Première ES-L.
• Discipline : Histoire.
• Objectifs généraux : montrer que la première guerre mondiale et la violence de masse qu’elle
inflige aux combattants bouleverse les sociétés, qu’elle est une guerre totale.
• Capacités mises en œuvre :
I- Maîtriser des repères chronologiques et spatiaux
1) Identifier et localiser
2) Changer les échelles et mettre en relation
II- Maîtriser des outils et méthodes spécifiques
1) Exploiter et confronter des informations
2) Organiser et synthétiser des informations
- nommer et périodiser les continuités et ruptures chronologiques
- situer et caractériser une date dans un contexte chronologique
- situer un événement dans le temps court ou le temps long
- mettre en relation des faits ou événements de natures, de périodes, de
localisations spatiales différentes (approches diachroniques et
synchroniques)
- identifier des documents (nature, auteur, date, conditions de production)
- prélever, hiérarchiser et confronter des informations selon des approches
spécifiques en fonction du document ou du corpus documentaire
- cerner le sens général d’un document ou d’un corpus documentaire et le
mettre en relation avec la situation historique ou géographique étudiée
- critiquer des documents de types différents (textes, images, cartes,
graphes, etc.)
- décrire et mettre en récit une situation historique ou géographique
- rédiger un texte ou présenter à l’oral un exposé construit et argumenté en
utilisant le vocabulaire historique et géographique spécifique
- lire un document (un texte ou une carte) et en exprimer oralement ou par
écrit les idées clés, les parties ou composantes essentielles ; passer de la
carte au croquis, de l’observation à la description
1
Yvan FRONTEAU, enseignant Histoire-géographie, Lycée Dupuy de Lôme (Lorient)
III- Maîtriser des méthodes de travail personnel
1) Développer son expression personnelle et son
sens critique
2) Préparer et organiser son travail de manière
autonome
- critiquer des documents de types différents (textes, images, cartes,
graphes, etc.)
- prendre des notes, faire des fiches de révision, mémoriser les cours
(plans, notions et idées clés, faits essentiels, repères chronologiques et
spatiaux, documents patrimoniaux)
- mener à bien une recherche individuelle ou au sein d’un groupe ; prendre
part à une production collective
- utiliser le manuel comme outil de lecture complémentaire du cours, pour
préparer le cours ou en approfondir des aspects peu étudiés en classe
• Déroulement :
Première séance : 1h30
-1er temps : présentation des origines et des étapes de la guerre. 40 minutes.
Appui sur un diagramme des origines de la guerre et un tableau chronologique du conflit. (joints à la fiche)
-2e temps : travail de groupes en classe.
Avant la séance, les élèves ont lu, à la maison, le corpus documentaire et ont réfléchi aux principaux thèmes
qu’il contient.
Par groupes de 3 ou 4, les élèves traitent la consigne d’un des deux dossiers (soit l’expérience combattante,
soit ses répercussions pour les civils) en classant les informations des documents dans un tableau à double
entrée : une colonne par thème du dossier. Le professeur apporte éventuellement son aide pour aider les
groupes à déterminer les thèmes. 45 minutes.
Deuxième séance : 1 h30
-1er temps : l’un des groupes qui a travaillé sur l’expérience combattante présente son tableau (qui aura été
réalisé sur transparent ou traitement de texte, ou photocopié, scanné…). Les autres groupes qui ont effectué
ce travail complètent les éventuels oublis pour parvenir à une trace écrite commune. Les autres élèves
questionnent, le professeur complète par des informations non contenues dans le corpus. 30 minutes.
Le tableau final est ensuite photocopié pour tous les élèves (voir exemple de tableau proposé).
-2er temps : l’un des groupes qui a travaillé sur les répercussions pour les civils présente son tableau (qui aura
été réalisé sur transparent ou traitement de texte, ou photocopié, scanné…). Les autres groupes qui ont
effectué ce travail complètent les éventuels oublis pour parvenir à une trace écrite commune. Les autres
élèves questionnent, le professeur complète par des informations non contenues dans le corpus. 30 minutes.
Le tableau final est ensuite photocopié pour tous les élèves (voir exemple de tableau proposé).
Troisième séance : détermination de la notion de guerre totale. 1 heure
A partir du travail réalisé au cours des deux séances mais aussi en remobilisant des connaissances de la
classe de Troisième : par une discussion entre la classe et le professeur, faire émerger les idées suivantes :
une guerre mondiale qui a entrainé des bouleversements géopolitiques, une guerre industrielle et
technologique, une guerre de masse avec un lourd bilan, une guerre qui a mobilisé et transformé la société.
Présentation par le professeur du diagramme de synthèse (joint) : la Première Guerre mondiale, une guerre
totale.
2
Yvan FRONTEAU, enseignant Histoire-géographie, Lycée Dupuy de Lôme (Lorient)
Les impérialismes coloniaux.
Les empires coloniaux.
Royaume-Uni :
Colonies : Afrique de l’Est, Afrique du Sud,
Indes.
Dominions : Canada, Australie, Nouvelle-Zélande.
France :
Colonies : Afrique Occidentale Française (AOF)
Afrique Equatoriale Française (AEF), Algérie,
Madagascar, Indochine.
Belgique : Congo.
Italie : Libye, Somalie.
Allemagne : Cameroun, Sud-Ouest Africain, Afrique
Orientale.
Des tensions importantes ont opposé les Etats
européens lors de la conquête de ces colonies
(France/ Roy –Uni, Allemagne/France).
Les impérialismes en Europe.
Pangermanisme
:
des
nationalistes
allemands souhaitent rassembler tous les
peuples germaniques d’Europe dans
l’empire allemand (Autrichiens, Tchèques,
Allemands de l’empire russe).
Panslavisme : des nationalistes russes
veulent rassembler tous les peuples slaves
d’Europe dans un grand empire (Polonais,
Tchèques, Serbes, Croates…)
Ces deux ambitions s’opposent car elles
réclament des territoires parfois identiques.
Les origines de la
Première Guerre
Mondiale
Des empires européens fragilisés.
Des systèmes d’alliances.
De grands empires au centre de l’Europe
composés de multiples peuples.
Empire Russe : Russes, Polonais, Baltes.
Empire Austro-Hongrois : Autrichiens,
Hongrois, Tchèques, Slovaques, Roumains,
Croates, Bosniaques.
Empire d’Allemagne : Allemands, Alsaciens,
Lorrains.
Empire Ottoman : a perdu ses territoires
européens en 1912-1913.
Les peuples dominés de ces empires
(nationalité) réclament leur indépendance ou
sont réclamés pour intégrer d’autres Etats (ex:
Serbie veut créer une Grande Serbie incluant
les Croates et Bosniaques d’Autriche-Hongrie).
Pour se protéger des ambitions de leurs
voisins les Etats européens créent deux
grands systèmes d’alliances militaires.
La Triple Alliance: Allemagne, AutricheHongrie, Italie.
La Triple Entente : France, Royaume-Uni,
Russie.
Ces alliances sont dangereuses car elles
prévoient une entrée automatique en guerre
des alliés si l’un des trois est attaqué.
3
Yvan FRONTEAU, enseignant Histoire-géographie, Lycée Dupuy de Lôme (Lorient)
LES ETAPES DE LA PREMIERE GUERRE MONDIALE.
PHASES DU
CONFLIT
BELLIGERENTS
ET
CONTEXTE
INTERNATIONAL
PRINCIPALES
OPERATIONS
MILITAIRES.
VIE POLITIQUE
FRANCAISE
GUERRE DE MOUVEMENT
AOUT 1914-NOVEMBRE 1914.
GUERRE DE POSITION
(GUERRE DES TRANCHEES)
NOVEMBRE 1914-MARS 1918.
GUERRE EUROPEENNE.
Triple Entente et Triple Alliance.
1er octobre 1914 : entrée en guerre de
l’Empire Ottoman aux côtés de la Triple
Alliance
MONDIALISATION DU CONFLIT PAR
APPEL AUX COLONIES.
500000 africains appelés par la France en
Europe pour combattre + main-d’oeuvre.
Dominions blancs participent au conflit :
Australiens, Canadiens, Néo-Zélandais…
Entrée en guerre du Japon contre l’Allemagne
dans les îles du Pacifique Nord.
22 et 27 mai 1915 : entrée en guerre de l’Italie contre
l’Autriche – Hongrie puis l’Allemagne.
14 octobre 1915 : entrée en guerre de la Bulgarie aux côtés de
la Triple Alliance.
2 avril 1917 : entrée en guerre des Etats-Unis aux côtés de
l’Entente. (envoi de 2 millions de soldats en Europe +
industrie puissante).
Juin 17 : entrée en guerre de la Grèce aux côtés de l’Entente.
1er août 1917 : entrée en guerre de la Chine contre Allemagne
et Autriche- Hongrie.
Mars : paix entre l’Allemagne
bolchevique : traité de Brest-Litovsk.
Août 1914 :
Offensive allemande : plan Schlieffen : surprendre
et vaincre rapidement à l’Ouest pour ensuite
concentrer les forces à l’Est : attaque par la
Belgique neutre.
avancée des troupes allemandes jusqu’à 40 km de
Paris
septembre 1914 : contre-offensive française :
Bataille de la Marne du 6 au 13 sept menée par
Joffres.
Octobre – novembre 1914 : Course à la mer :
volonté de contourner l’ennemi par le Nord
Stabilisation des fronts.
300000 tués et 600000 portés disparus, blessés ou
prisonniers en France.
EST : offensive surprise des Russes arrêtée à
Tannenberg par Ludendorf en août.
Enlisement des offensives : les armées s’enterrent le long du
front.
Les Allemands veulent vaincre avant l’arrivée massive
des Américains.
Offensives en Picardie, Artois, Champagne. Paris est
bombardé par la Grosse Bertha.
Le général Foch devient généralissime des forces
alliées pour coordonner l’armée alliée.
Echec de l’offensive allemande face à la supériorité
alliée ( chars et aviation ).
Front de l’Est :
Puissances centrales (Autriche-Hongrie, Bulgarie,
Empire Ottoman) demandent armistice en octobre
1918.
Front de l’Ouest :
Juillet 18 : offensive alliée : recul des Allemands.
Ravitaillement allemand de + en + catastrophique.
Novembre1918 : rébellion des marins de Kiel et
extension de la révolution.
9 novembre 1918 : Guillaume II abdique.
11 novembre : l’armistice est accepté par les alliés.
31 juillet : assassinat de J. Jaurès.
1er août : mobilisation générale. Union Sacrée.
Grandes offensives meurtrières pour briser le front
ennemi.
Bataille de Verdun : février 1916 - décembre 1916.
Offensive allemande : échec. Victoire française menée par
Philippe Pétain.
243000 allemands et 262000 français tués.
Bataille de la Somme : juillet - novembre 1916 : échec français
Chemin des Dames : avril 17 : échec français
Ypres : juillet 17. : échec anglais.
Des centaines de milliers de tués à chaque offensive.
Seule réussite : victoire autrichienne à Caporetto en novembre
1917.
Guerre sous-marine :
Début en février 17 : sous-marins allemands coulent tous les
navires alliés et neutres pour répondre au blocus.
Aggrave tension avec Etats-Unis : en 1915, les Allemands
avaient déjà coulé un paquebot, le Lusitania, sur lequel
voyageaient des américains.
Les Etats-Unis entrent en guerre au nom de la liberté des mers.
Octobre 1917 : Révolution Russe : mars 18 : paix de
Brest-Litovsk entre Bolcheviks et Allemands : Allemagne peut
se concentrer à l’Ouest.
1915 : Aristide Briand : président du Conseil lance le 1er
emprunt national de guerre.
1917 : fissures dans l’Union Sacrée : crise morale, début
rationnement, vague de grèves.
16 novembre 1917 : Georges Clemenceau est pdt du Conseil.
DEUXIEME GUERRE DE
MOUVEMENT.
MARS 1918- NOVEMBRE 1918.
et
la
Russie
Epidémie de grippe espagnole.
Juin : cartes d’alimentation.
4
Yvan FRONTEAU, enseignant Histoire-géographie, Lycée Dupuy de Lôme (Lorient)
L’expérience combattante au front...
DOCUMENT 1.
DOCUMENT 2. Le village de Paschendaele durant la bataille de
DOCUMENT 3.
Flandres en 1917.
Par bonds, entre les rafales de 210, nous atteignîmes la route de SommePy, cette route était bordée d'arbres que les obus fauchaient
systématiquement et qui barraient la route à plusieurs endroits. Sous un
tronc d'arbre, en travers de la route, un soldat avait la tête écrasée. Au pied
d'un tronc coupé, un autre avait les jambes sectionnées sous le corps et
semblait assis sur ses talons, présentant les quatre faces du sectionnement
de ses membres, et hélas! Beaucoup d'autres ainsi, jonchaient le terrain, un
peu partout. Les cadavres français, sur ce terrain, y étaient beaucoup plus
nombreux que les allemands. Pendant six jours que je parcourus ce rayon,
je vis les mêmes morts, auxquels s'ajoutaient chaque jour des hommes de
corvées ou de liaison, tués à tout instant, surtout la nuit…
Près de la route, à gauche, se trouvait un important dépôt de torpilles
boches, une demi-douzaine de cadavres étaient aux abords. Le lendemain,
7 octobre, en repassant à cette même place, je remarquai que les torpilles
avaient sauté et que des morceaux de cadavres déchiquetés étaient rejetés
aux environs, deux brancardiers les ramassaient dans une toile de tente.
Un peu plus loin était la cabane du cantonnier; elle était pleine de sang,
des blessés avaient dû s'y réfugier, pour se mettre à l'abri des éclats d'obus,
et beaucoup y avaient été certainement pansés.
Ambroise Harel, Mémoires d’un Poilu breton, Editions OuestFrance, 2012.
DOCUMENT 4.
« La compagnie était rassemblée dans un champ
en pente, à chaque minute, l'ennemi lançait sur le
croisement quatre obus à gaz de calibre 210 qui
venaient éclater devant nous avec un bruit d'enfer.
Heureusement beaucoup de ces obus éclataient
dans l'eau faisant jaillir jusqu'à cinquante mètres
de hauteur des gerbes de gouttes étincelantes,
comme un feu d'artifice. Nous ne disposions que
de masques primitifs: un tampon sur la bouche
retenu par trois lacets. »
Laurent Tromeur (originaire de Brasparts),
Mémoires d’un poilu.
e
Soldats du 94 R.I. équipés pour affronter les gaz.
DOCUMENT 5.
DOCUMENT 6.
DOCUMENT 7 :
Chasse aux rats dans les tranchées.
Albert Jugon, mutilé de la face (« gueule
cassée »), originaire de Montreuil-sur-Ille (Illeet-Vilaine).
Ecole nationale d’agriculture de Rennes:
Rééducation des mutilés. Photo Edouard Brissy
(ECPAD, SPA 97 D 5360)
Consignes.
A l’aide des documents, expliquez l’organisation du front et ce qui en fait une
guerre technologique et de masse.
Expliquez les conditions de vie et les violences auxquelles sont soumis les
soldats.
5
Yvan FRONTEAU, enseignant Histoire-géographie, Lycée Dupuy de Lôme (Lorient)
…et ses répercussions pour les civils.
DOCUMENT 1.
DOCUMENT 3.
Clemenceau : discours aux députés, mars 1918.
Pyrotechnie de Saint-Nicolas du Port à Brest, Bretonnes employées à la
peinture d’obus de gros calibre, 11 mars 1916. Photo: G. Dangereux
(ECPAD, SPA 5J 409
DOCUMENT 2.
«Eh bien, Messieurs, voilà quatre mois que nous sommes au pouvoir. Toute ma politique ne vise
qu'un seul but : le maintien du moral français à travers une crise comme notre pays n'en a jamais
connu... Nous ne sommes pas au pouvoir pour assurer le triomphe d'un parti ; nos ambitions sont
plus hautes, elles visent à sauvegarder l'intégrité de l'héroïque moral du peuple français...
Vous voulez la paix ? Moi aussi. Il serait criminel d'avoir une autre pensée. Mais ce n'est pas en
bêlant la paix qu'on fait taire le militarisme prussien.
Ma politique étrangère et ma politique intérieure, c'est tout un. Politique intérieure ? je fais la
guerre. Politique étrangère ? Je fais la guerre, je fais toujours la guerre.
je cherche à me maintenir en confiance avec nos alliés. La Russie nous trahit ? je continue à faire la
guerre (...) et je continuerai jusqu'au dernier quart d'heure, car c'est nous qui auront le dernier quart
d'heure ! Comptez-vous donc sur une contagion de vos idées pour arrêter la guerre? L'exemple
d'hier devrait vous détromper. (...)
Le gouvernement fera son devoir. Il poursuivra la guerre jusqu'à la paix victorieuse. S'il y en a ici
qui sont disposés à refuser les crédits de guerre, qu'ils le disent »
DOCUMENT 4 : le premier grand génocide du XXe s perpétré
par les turcs contre les Arméniens suspectés de trahison (ils
étaient accusés de vouloir soutenir la Russie dans la guerre contre
l’Empire Ottoman).
6
Yvan FRONTEAU, enseignant Histoire-géographie, Lycée Dupuy de Lôme (Lorient)
DOCUMENT 6 : l’utilisation d’ersatz pour faire face aux
restrictions.
DOCUMENT 7 : une guerre traumatisante.
Monument aux morts de Ploemeur (Morbihan).
DOCUMENT 5. Renault dans la guerre.
« Vers le 8 ou 9 août 1914, Renault a été appelé chez le
ministre de la Guerre qu'il a trouvé dans une agitation très
grande [...]: "Il nous faut des obus, il nous faut des obus".
[...] Le général Mangin demande: "Vous pouvez faire des
obus?" Renault déclare qu'il ne sait pas; qu'il n'en a pas
vu. [...]. Quelque temps après, Renault est appelé à
Bordeaux [...] et on l'envoie à Bourges pour étudier la
fabrication. »
P. Fridenson, Histoire des usines Renault, Naissance de la
grande entreprise. Le Seuil, 1972.
Production
par an
1913
1918
Voitures
Camions
Chars
Moteurs
d’avions
obus
1484
174
0
0
553
1793
750
5000
0
2
millions
Ossuaire de Douaumont sur le site de la bataille de Verdun.
Consignes.
A l’aide des documents, expliquez
en quoi les civils ont été
impliqués dans la guerre et ont pu
jouer un rôle essentiel pour son
déroulement.
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Yvan FRONTEAU, enseignant Histoire-géographie, Lycée Dupuy de Lôme (Lorient)
L’expérience combattante au front…
Une guerre de masse
L’organisation du front.
Les conditions de vie des soldats.
Les traumatismes du front.
Entre 70 et 75 millions de
combattants dans le monde.
Dont 9 millions de Français.
Combattants qui viennent de tous
les continents : appel aux colonies :
ex : 500 000 africains des colo
françaises pour combattre ou
travailler, indiens et africains des
colonies
anglaises
ainsi
que
populations des dominions (Canada,
Australie,
Nouvelle-Zélande,
Afrique du Sud).
Chaque camp s’organise de part et
d’autres du no man’s land d’une
largeur qui peut n’être que de
quelques dizaines de mètres.
Conditions de vie très difficiles :
abris précaires : de la
simple
« niche de tranchée » à l’abri plus
perfectionné avec un minimum de
confort (paillasse, table).
Soldats vont au front car ils acceptent
l’idée d’un devoir patriotique. (pas de
« fleur au fusil »).
Peur très présente : bombardements
massifs : bruit assourdissant, peur
d’être tué à tout moment. Présence de
la mort : cadavres et morceaux de
corps dans le no man’s land et la
tranchée.
Brutalisation
de
la
guerre :
déshumanisée et de masse, perte des
repères, banalisation de la violence et
de l’horreur.
Les obus causent des blessures
mutilantes ou qui défigurent (« gueules
cassées »)
+
traumatismes
psychologiques (« obusite ») qui ne sont
pas pris en compte.
Utilisation massive de matériel :
conversion de toute l’économie vers
l’effort de guerre : ex : Renault
produit 2 millions d’obus en 1918 ;
les allemands massent 2.5 millions
d’obus avant l’attaque de Verdun en
février 1916.
Les bombardements produisent un
paysage lunaire sur le front.
Ravitaillement irrégulier par des
cuisines roulantes éloignées des
1ères lignes.
Climat (froid, chaleur, pluie), la pluie
transforme la tranchée en bourbier.
Tactique : grandes offensives avec Absence quasi-totale d’hygiène en
bombardement massif des lignes 1ère ligne : poux, puces, problèmes de Les soldats ont supporté ces conditions
ennemies par l’artillerie puis assaut peau (pied de tranchée) => surnom par patriotisme, solidarité entre
de l’infanterie.
soldats (groupe primaire), volonté de
de « poilus » pour les combattants…
protéger l’arrière et par la discipline
militaire et pour certains, une forme
de plaisir.
Tranchées en lignes brisées et
reliées entre elles et à l’arrière par
des boyaux.
Utilisation
des
barbelés
pour
protéger la tranchée.
Armes utilisées : fusil et baïonnette,
grenades, mitrailleuses, mortiers et
surtout artillerie (canons) placée en
arrière des lignes, gaz asphyxiants
puis aviation, chars d’assaut.
8
Yvan FRONTEAU, enseignant Histoire-géographie, Lycée Dupuy de Lôme (Lorient)
…et ses répercussions pour les civils.
Une guerre qui engloutit les
civils
la mobilisation économique.
L’effort de guerre.
la limitation des libertés
démocratiques.
Mobilisation des esprits
les difficultés de la vie quotidienne
et le traumatisme de la guerre.
Populations civiles rattrapées par
la guerre avec l’avancée du front
et l’occupation de la Belgique et
Nord-Est
de
la
France :
exécutions de civils (ex : Plus de
600 h de Dinant exécutés en août
14), obligation d’entretenir les
troupes d’occupation, déportations
vers des camps de travail en
Allemagne (ex : 1500 h d’Amiens).
Appel à la main-d’œuvre féminine
pour remplacer les hommes dans
les usines (« munitionnettes ») et
les champs.
Appel aux industriels pour qu’ils
produisent des armes et du
matériel militaire pour l’Etat (ex :
Louis Renault passe à la production
d’obus, chars, moteurs d’avions).
Recours massif à la propagande
(usage massif des moyens de
communication
pour
influencer
l’opinion des populations) dans la
presse, affiches, cartes postales,
chansons, cinéma.
Economie désorganisée par l’effort de
guerre, augmentation
des prix plus
rapide que celle des salaires et
raréfaction de certains produits.
Rationnement en France à partir de 1917
avec tickets de rationnement.
Génocide arménien dans l’Empire
Ottoman : à partir d’avril 1915,
entre 800 000 et 1.5 millions
d’Arméniens sont massacrés car
suspectés de vouloir soutenir la
Russie contre les Turcs + fait
qu’ils sont une minorité ethnique Production moderne avec travail à
et religieuse.
la chaîne.
Guerre coûteuse : dès 1915, l’Etat
français lance un emprunt auprès
des Français puis auprès des EtatsUnis.
Libéralisme économique limité par
l’intervention de l’Etat dans les
productions de guerre.
Censure des lettres de soldats et des
familles.
Le but est d’éviter de démoraliser les
populations et de maintenir l’ « Union
Sacrée ».
Limitation de la liberté d’opinion : les
personnes qui réclament la fin de la
guerre par une paix négociée sont
assimilées à des traitres (ex Joseph
Caillaux arrêté et emprisonné sur
ordre de Clemenceau).
Utilisation
d’ersatz
(produits
de
substitution) : chicorée, saccharose,
rutabaga, topinambour…
Peur de la mort des proches au front
(900 soldats français meurent chaque
jour en moyenne).
Deuil de masse : ex France : 1.4 millions
de tués : 600 000 veuveset 760 000
orphelins.
Monument aux morts dans tous les
villages, 11novembre férié en 1922,
ossuaire de Douaumont (130 000 soldats
inconnus)
9
Yvan FRONTEAU, enseignant Histoire-géographie, Lycée Dupuy de Lôme (Lorient)
Une guerre mondiale.
Une guerre sur tous les terrains.
Guerre d'abord européenne puis mondiale: Amérique, Asie.
Appel aux colonies (soldats, main-d’œuvre).
Amérique latine (matières 1ères).
Des bouleversements géopolitiques
Principal traité de paix : Traité de Versailles signé le
28 juin 1919 (Carte p.216) inspiré des 14 points du
Président des E-U Wilson.
-Disparition des empires d’Allemagne et d’AutricheHongrie.
-création de nouveaux Etats : Finlande, Estonie,
Lettonie,
Lituanie,
Pologne, Tchécoslovaquie,
Yougoslavie, Autriche, Hongrie.
-Extension du territoire de la France, Italie,
Roumanie, Grèce.
-Allemagne sanctionnée car jugée coupable du
déclenchement de la guerre : territoire coupé par
couloir de Dantzig, perte colonies et flotte, rive gauche
du Rhin démilitarisée + réparations (132 milliards de
M) : un Diktat selon les Allemands.
-Création de la Société Des Nations (SDN) : idée de
Wilson : maintenir la paix dans le monde, siège à
Genève.
Terre : guerre de tranchées et de fantassins.
Prédominance de l’artillerie.
Guerre aérienne : débuts de l’utilisation des avions
à
des
fins
militaires :
reconnaissance,
bombardement, combats aériens.
Guerre maritime : blocus des ports allemands par
la marine anglaise.
Guerre sous-marine : les sous-marins allemands
pourchassent les navires qui ravitaillent la France et
le Royaume-Uni.
Une guerre industrielle et technologique.
Appel à l'industrie : reconversion de l’industrie
civile vers des productions militaires pour l’effort de
guerre.
Production à la chaîne.
Moyens importants: artillerie, transports par
camions et trains...
Utilisation des progrès technologiques: gaz, chars
d'assaut, aviation, cinéma.
La Première Guerre
mondiale :
Une guerre totale.
Le bilan humain.
Une guerre et une violence de masse.
70 à 75 millions de combattants dans le monde.
Environ 10 millions de morts.
Russie : 1,7 millions.
Allemagne : 2 millions.
France : 1,4 millions.
Autriche-H : 1 million.
Royaume-U : 800 000.
Etats-Unis : 100 000.
17 millions de blessés dont 6,5 millions de mutilés.
En France et Allemagne, 1 soldat sur 6 est mort.
France : 600 000 veuves.
1er génocide du XXe siècle : génocide arménien
perpétré par les Turcs : environ 1 million de tués.
Mobilisation de la société.
Travail des femmes dans les usines et les
campagnes.
Rationnement des populations et ersatz (causes :
effort de guerre, blocus)
Recours à la propagande et censure pour
maintenir le moral des populations.
Guerre idéologique : lutte des démocraties face
aux empires.
Des sociétés transformées.
Brutalisation des sociétés : violence de
l’expérience combattante et à l’égard des civils.
Mais aussi, développement du pacifisme et
recherche de solutions pour une paix durable :
que ce conflit reste la « der des der ».
10
Yvan FRONTEAU, enseignant Histoire-géographie, Lycée Dupuy de Lôme (Lorient)
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