Correspondances en Onco-hématologie - Vol. II - n° 2 - avril-mai-juin 2007
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fiche technique
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alors que le tableau clinique est évocateur.
En effet, dans 3 à 5 % des cas, il est possible
de détecter une fusion Bcr-Abl par techni-
que FISH alors que la cytogénétique stan-
dard conclut à l’absence de chromosome
Philadelphie (détection d’un Philadelphie
masqué).
Enfin, dans 10 à 15 % des cas, on peut
détecter une délétion du bras long du chro-
mosome 9 grâce à la technique FISH. Cette
anomalie, de pronostic péjoratif lors d’un
traitement par interféron + aracytine, est de
pronostic plus controversé actuellement avec
les traitements utilisant un inhibiteur de la
tyrosine kinase.
Biologiemoléculaire
La biologie moléculaire permet de mettre en
évidence la présence d’un transcrit Bcr-Abl
(gure 1). De nombreux types ont été rap-
portés, mais les transcrits b2a2 et b3a2 sont
majoritairement les plus fréquents (> 99 %
des cas). Toutefois, une recherche de trans-
crit Bcr-Abl en première intention dans le
cadre d’un syndrome myéloprolifératif doit
comporter l’ensemble des transcrits chimé-
riques impliquant les différents points de
cassure rapportés à ce jour. Pour cela, les
techniques qualitatives sont probablement
plus recommandables que les techniques
de PCR en temps réel.
Les examens cités précédemment permet-
tent également de définir si le patient est
en phase accélérée ou aiguë de la mala-
die, selon les critères suivants définis
par les recommandations de L’European
Leukemia Net :
Phase accélérée de la maladie : blastose
dans le sang ou la moelle comprise entre 15
et 25 %, ou blastes + promyélocytes dans
le sang ou la moelle > 30 % avec blastes
< 30 %, ou basophilie sanguine ≥ 20 %, ou
thrombopénie persistante < 100 G/l non liée
au traitement ;
Crise blastique : blastose sanguine
médullaire ≥ 30 % ou atteinte extramé-
dullaire.
Il est à noter que la biopsie ostéo-médul-
laire ne fait pas partie du bilan standard
du diagnostic de la LMC et qu’elle doit être
réservée à des formes tout à fait exception-
nelles où le diagnostic ne peut être réalisé
ni sur le sang ni sur la moelle osseuse.
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Place de la biologie moléculaiRe dans
le suivi des Patients atteints de lmc
La technique de quantication du transcrit
de fusion Bcr-Abl (RQ-PCR) permet d’établir
précisément et avec une grande sensibilité
la cinétique de la maladie résiduelle : elle
devient ainsi la technique de référence pour
le suivi des patients, notamment pour ceux
ayant obtenu une rémission cytogénétique
complète (RCyC). Il est maintenant admis que
l’amplitude de la réponse moléculaire à partir
du diagnostic représente un facteur pronosti-
que important. En effet, pour les patients en
RCyC, l’obtention d’une réponse moléculaire
majeure (RMM) après 18 mois de traitement
par imatinib mesylate (IM) [Glivec®] devient
l’objectif thérapeutique à atteindre, puisque
cette réponse moléculaire s’associe à une
survie globale et à une survie sans progres-
sion de 98 % et 100 % respectivement à
5 ans (essai IRIS) [1] (gure 5). En biologie,
la dénition de la RMM correspond à des cri-
tères méthodologiques rigoureux, ainsi qu’à
l’expression des résultats sur une échelle
standardisée (International Scale [IS]).
La technique de RQ-PCR permet également
d’évaluer de manière précoce l’efcacité
du traitement, puisqu’une absence de
décroissance du taux de transcrits Bcr-Abl
dès les premiers mois signe une résistance
primaire. De même, une augmentation du
taux de transcrits Bcr-Abl (sans consensus
sur l’amplitude de cette augmentation) pré-
cède toujours une perte de la réponse au
traitement pour les patients ayant obtenu
une réponse hématologique et/ou cytogé-
nétique, caractérisant ainsi une résistance
secondaire. Dans ce dernier cas, l’augmen-
tation de la maladie résiduelle est fréquem-
ment associée à l’émergence de mutations
ponctuelles dans le domaine kinase de
c-Abl, certaines participant à la résistance
au traitement par IM (2, 3). C’est pourquoi la
recherche de ces mutations est préconisée
en cas de résistance à l’IM.
StandardisationdelaRQPCR
Le principal souci pour un laboratoire est
de permettre une analyse aussi précise et
sensible que possible. Or, les différentes
techniques de quantification de Bcr-Abl
ne garantissent pas toutes la même fia-
bilité et la même sensibilité. Des étapes
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de contrôle de qualité sont nécessaires,
aussi bien pour s’assurer de la qualité de
l’ARN quantié que pour garantir la repro-
ductibilité et la sensibilité de la technique
utilisée. Actuellement, une harmonisation
des techniques de RQ-PCR est possible grâce
aux recommandations publiées par l’Euro-
pean Program Against Cancer (EAC) [4] ainsi
que par T. Hughes et al., (5). Ces recomman-
dations insistent principalement sur :
les étapes préanalytiques (garantissant
la qualité de l’échantillon),
le choix du gène de référence (qui doit
avoir un taux d’expression et une stabilité
similaires à ceux du gène cible Bcr-Abl),
le choix des séquences des amorces,
des sondes et des enzymes utilisées pour
la rétrotranscription et la quantication,
la conception de la gamme de calibration,
le calcul d’un index de qualité de l’ARN,
le choix des contrôles internes,
le choix du mode d’expression des
résultats.
DénitiondelaRMM
etéchelleinternationale(IS)
Une dénition rigoureuse de la RMM impli-
que, en plus d’une méthode de quantication
standardisée, un mode d’expression commun
et harmonisé entre les différents laboratoires.
En effet, la RMM correspond à une valeur
très faible de maladie résiduelle, équivalente
à une diminution de Bcr-Abl supérieure ou
égale à 3 log par rapport à une valeur de base
établie dans le cadre de l’essai IRIS, égale à la
valeur médiane du taux de transcrits Bcr-Abl
de 30 patients au diagnostic. An de permet-
tre une harmonisation du mode d’expression
et du calcul de la RMM, la valeur de base
médiane de l’IRIS correspond à un taux de
Bcr-Abl de 100 % sur l’échelle standardisée
internationale IS. Ainsi, une RMM équivalant
à une diminution de 3 log correspond à un
taux de Bcr-Abl inférieur ou égal à 0,1 % sur
cette même échelle.
L’harmonisation de l’expression des résul-
tats sur l’IS nécessite que chaque labora-
toire puisse dénir la valeur de sa ligne de
base au diagnostic en calculant la valeur
moyenne de Bcr-Abl à partir de 30 échan-
tillons (au moins) au diagnostic. Ensuite,
chaque laboratoire devra calculer son fac-
teur de conversion an d’ajuster cette valeur
médiane à la valeur de 100 % de l’IS (5).
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