Titre déjà imprimé 1 2 Un dossier réalisé par Tanguy CHASSÉ Vincent GRAIL Arnaud TUFFERY Elèves de première S3, science de l’ingénieur au centre scolaire: « Aux Lazaristes » 24, montée Saint Barthélemy 69005 Lyon 3 4 Nous voulons dédier ce travail à : Pierre CHASSÉ, dit « Ludo » grand-père de Tanguy CHASSÉ, (1922-1997) ancien résistant dans les maquis et ancien président de l'Association National des Anciens des Maquis de l'Ain et du Haut Jura. Et à Louis DOUCET, grand-père de Vincent GRAIL, (1917-1983), ancien membre des FFI au Bataillon Régimentaire de secteur de Thizy, T-C-A, au 3ème Escadron Mobile de Prévôté, S./S. 2. qui a participé aux opérations de Roanne, Sainte Consorce, Charlieu et Lyon. 5 6 LA RESISTANCE ET SON ORGANISATION. "Mais le dernier mot est-il dit? L'espérance doit-elle disparaître? La défaite estelle définitive? Non ! Croyez-moi, moi qui vous parle en connaissance de cause et vous dis que rien n'est perdu pour la France. Les mêmes moyens qui nous ont vaincus peuvent faire venir un jour la victoire. [ ... ] Quoi qu'il arrive, la flamme de la résistance française ne doit pas s'éteindre et ne s'éteindra pas" Le général de Gaulle le 18 juin 1940 à Londres. 7 Sommaire INTRODUCTION 11 I NAISSANCE DE LA RESISTANCE 12 1) La défaite française 12 A) LA DEFAITE DE L’ARMEE B) LA NOMINATION DU MARECHAL PETAIN. C) LES PREMIERES MESURES D) LES CONSEQUENCES POUR LES FRANÇAIS 12 16 18 21 2) Premières réactions : le temps des pionniers. 22 A) LES REACTIONS SPONTANEES B) UN SEMBLANT D’ORGANISATION 1)Actes militaires 2)Regroupements civils C) LA FRANCE LIBRE S'ORGANISE 1)L'appel du 18 juin 1940 2)Le début de l'organisation 3)La diversité des Français libres 4)Des relais de la France Libre 22 24 24 24 25 25 25 26 26 3) La diversité des motivations 27 A) LA FOI EN CERTAINES VALEURS B) DE MULTIPLES CHEMINS C) LE ROLE DES CONDITIONS LOCALES. 27 29 30 II S'ORGANISER 33 1) La France libre 33 2) la France intérieure : naissance et organisation des mouvements et des réseaux 35 A) LES RESEAUX 1)Les objectifs 2)Les états-majors 3)Un exemple de réseau B) LES MOUVEMENTS 1) Leur création 2) Leurs actions 35 35 35 35 36 36 36 3) Les partis politiques 37 A) LE PARTI COMMUNISTE B ) LE PARTI SOCIALISTE C) LES PARTIS DE CENTRE ET DE DROITE 37 37 38 4) Le combat des idées 39 A) LA PRESSE CLANDESTINE 39 8 B) LES FORMES DE LUTTES MULTIPLES 1) Faux et usage de faux 2) La résistance intellectuelle 3)Les maquis 42 42 43 44 5) Les difficultés 46 A) LA REPRESSION ALLEMANDE B) LES DIFFICULTES D’APPROVISIONNEMENT C) LES DIFFICULTES D’ORGANISATION 46 46 46 III. UNIFICATION DE LA RESISTANCE 48 1) 48 Les relations entre la Résistance intérieure et la France libre A) 25 OCTOBRE 1941, LE FACE A FACE DE GAULLE - JEAN MOULIN 1) Moment extraordinaire et émouvant. 2) L’œuvre de REX-MAX Du 2 janvier à fin novembre 1942 De novembre 1942 au 27 mai 1943 2)Les étapes de l'unification et la mise en place d'un gouvernement provisoire de la République A) EN ROUTE VERS L'UNIFICATION B) DU CFLN AU GOUVERNEMENT PROVISOIRE DE LA REPUBLIQUE 48 48 48 48 49 51 51 52 IV LE ROLE DE LA RESISTANCE DANS LA LIBERATION DE LA FRANCE 54 1)La libération de la France 54 2) Un exemple local : la Libération de Lyon A) LA PREPARATION 56 56 1) La bataille de Meximieux 2) 1er septembre 1944 56 56 B) LA LIBERATION DE LYON 56 2 septembre 1944 3 septembre 1944 56 57 EPILOGUE 58 ANNEXES 59 LEXIQUE INDEX BIOGRAPHIQUE CHRONOLOGIE FIN DE LA SECONDE GUERRE MONDIALE BIBLIOGRAPHIE REMERCIEMENTS 60 63 73 79 80 84 9 10 INTRODUCTION Plus encore que les conflits précédents, la Seconde Guerre mondiale impliqua la mobilisation de la totalité des ressources humaines et économiques des nations engagées, le mépris de la distinction entre soldats et civils, et l'extension du champ de bataille à l'ensemble du territoire ennemi. Elle fut caractérisée par des atrocités sans précédent contre les populations civiles, un recul tragique du respect des droits de l'Homme, et surtout, par le génocide auquel se livrèrent les Nazis, en pratiquant la déportation et l'élimination systématique des Juifs et des Tziganes, des opposants politiques dans des camps de concentration. Malgré la mise en place de la Société des Nations (SDN) qui n’était pas très influente du fait de la non-adhésion des EtatsUnis d’Amérique au sortir de la Première Guerre mondiale, les problèmes liés à l'application des traités ainsi que les énormes difficultés économiques et sociales auxquelles furent confrontés les gouvernements fragilisèrent rapidement et favorisèrent la montée des contestations politiques, en provenance de la gauche révolutionnaire communiste, mais aussi de nouvelles organisations qui revendiquaient une idéologie nouvelle, le fascisme. La France a été envahie par les allemands. Le gouvernement français a capitulé et a choisi de collaborer avec les nazis. Certains hommes ont refusé d’accueillir l’occupant, de partir travailler en Allemagne ou de les aider d’une quelconque manière. Ils se sont organisés et ont formé la Résistance. Ils étaient tous motivés par des raisons diverses et variées: par idéologie, par croyance, par conviction ou par détermination. Comment la Résistance a t’elle pu s’organiser pour aboutir à la victoire ? Pour ébaucher une réponse à cette question, nous verrons successivement sa naissance, son organisation, l’unification de la France libre et de la France intérieure et enfin le rôle des résistants dans la libération du pays. 11 I NAISSANCE DE LA RESISTANCE 1) La défaite française A) La défaite de l’armée • La déclaration de guerre dépends du peuple slave. Staline récupère d’anciens territoires russes les Pays baltes, l’est de la Pologne et la Bessarabie. La France et le Royaume-Uni ont décidé de soutenir la Pologne et de ne plus tolérer les agressions allemandes. HITLER envahit la Pologne le 1er septembre 1939. Ces deux pays demandent alors la fin de l’invasion et le retrait des troupes nazies du territoire polonais. N’ayant pas répondu à leurs injonctions, la guerre est déclarée à l’Allemagne le lundi 4 septembre 1939. La France, pour la troisième fois en moins de soixante-dix ans, entre dans une guerre qui deviendra la Seconde Guerre Mondiale. Entre 1936 et 1939, la carte de l’Europe centrale est profondément modifiée sous l’impact des coups de force hitlériens. Ceux-ci sont autant de violations du Traité de Versailles : remilitarisation de la Rhénanie en 1936, annexion de l’Autriche et annexion des Sudètes en 1938 par le IIIéme Reich avec les accords de Munich de septembre 1938. Ce qui a pour conséquence de démanteler le système d’alliance obtenu par la diplomatie française ; les autres états de la Petite Entente – Roumanie et Yougoslavie – ayant adopté une attitude de quasi-neutralité. La France reste donc seulement liée avec la Pologne. En mars et avril 1939, l’Allemagne s’agrandit encore de la Bohême Moravie et de Memel, la Hongrie annexe la Ruthénie et l’Italie s’empare de l’Albanie. C’est le • triomphe de la force : les démocraties comprennent qu’il Von Ribbentrop, Staline, signe faut arrêter HITLER. l’Allemagne le Fort de l ‘appui de soviétique. l’Italie et de la bienveillance soviétique, HITLER peut se tourner vers la Pologne. Dès le 23 août, son sort est réglé avec le Pacte germano-soviétique signé à Moscou. Son protocole secret prévoit sa disparition et le partage de l’Europe Orientale. HITLER commence à réaliser son « lebensraum » aux 12 Etat de l’armée et stratégie militaire L’armée française est alors considérée comme l’une des meilleures au monde : elle est donc redoutée de tous y compris par les généraux allemands. Cependant, celleci possède de nombreuses faiblesses. Son organisation, son mode de pensée ainsi que son armement n’ont guère évolué depuis la guerre de 1914-1918. sous le sourire de au nom de pacte germano- de ses lacunes, la France développe une Tout d’abord du point de vue de stratégie défensive avec la ligne Maginot. l’organisation, les moyens d’intendance et de Proposé par ses prédécesseurs, André transmission de l’armée sont inadaptés pour MAGINOT, alors ministre de la Guerre, fait assurer une réaction rapide. La masse des adopter le projet le 14 janvier 1930. Cette troupes étant disséminée le long du front du ligne devait fait de leur stras’étendre tégie défensive le FORCE AERIENNE jusqu’à la mer long de la ligne FRANCE ALLEMAGNE du Nord en Maginot, les réChasseurs 700 1000 longeant les serves sont indisBombardiers 150-175 1800 frontières ponibles rapideEclaireurs 350-400 400 belges. Cette ment pour opérer Total 1200-1275 3200 conception la contre-attaque FORCE TERRESTRE suppose donc en cas de rupture FRANCE ALLEMAGNE la résistance de la ligne de Divisions infanterie 63 118 de chacun des défense. Divisions infanterie motorisée 7 7 maillons de la Malgré un Divisions de cuirassés 3 10 ligne de nombre suffisant Divisions légères mécaniques 3 défense. Faute pour encadrer les Divisions de cavalerie 5 1 de moyens cinq millions de Divisions forteresse 13 suffisants, recrues mobilisés cette ligne en France, contre s’étend en 1939 à une vingtaine de kilomètres près de cinq millions et demi en Allemagne , du Rhin suivant les frontières sud-est du pays leur formation tactique n’est pas actualisée à la jusqu’à l’ouest des Ardennes censé constituer modernité du combat à venir. un obstacle difficilement franchissable avec A la veille de la guerre, l’armée la montagne et ses forêts. C’est bien là son possède du matériel inadapté aux futures point faible et ce qui se révélera être sa perte. confrontations. Ainsi pour l’essentiel, les fusils sont de types de 1886 et les armes à tirs rapides – mitrailleuses lourdes, pistolets ou fusilsmitrailleurs – font défaut. L’infanterie • Stratégie inefficace et défaite de l’armée française manque d’armes rapprochées comme la mine terrestre antipersonnel. L’artillerie Cette stratégie défensive laisse l’initiative à française, beaucoup plus nombreuse qu’outre HITLER de par sa nature même. Les troupes Rhin, possède des canons de plus faible portée s’ennuient dans les fortifications de la ligne que ceux des allemands et presque entièrement Maginot et se contentent d’exercices du matériel de 1918 avec une doctrine fastidieux. On se demande quand finira d’emploi correspondant à une guerre de cette « drôle de guerre ». Après une longue et positions. L’armée ne s’est pas également minutieuse préparation , HITLER donne dotée d’une tactique utilisant les blindés – en l’ordre d’attaquer la Belgique et les Pays-Bas. créant une force autonome de 3 000 chars et Ce plan consiste à attirer l’essentiel des de 100 000 soldats de métier comme l’a forces franco-britanniques dans les plaines suggéré le colonel De GAULLE. Elle possède belges et de percer par le centre, à travers les cependant un bon matériel contre les blindés Ardennes faiblement défendues, jusqu’à la avec deux types de canons : un de 25 et un de mer coupant ainsi les forces alliées en leur 47 qui est la meilleure arme de son espèce infligeant successivement des défaites. Le L’aviation française ne s’est pas assez succès est fondé sur la surprise et son modernisée : on constate un rapport de un pour exploitation rapide grâce à l’action combinée dix en matériel récent entre la Luftwaffe et de l’aviation et de l’armée blindée. La l’aviation française. Cons-ciente de certaines formule de la guerre éclair prônée par HITLER et le général VON MAINSTEIN 13 réussira. En moins de vingt jours la Belgique, les Pays-Bas et le nord de la France sont occupés. Le front attaqué le 5 juin est percé le 7 juin. La chute est entamée. Le 10, le gouvernement quitte Paris (déclarée ville ouverte) pour Bordeaux et l’armée allemande y fait son entrée le 14 juin. La population rejoint l’exode vers le sud. En quelques jours, les unités motorisées allemandes gagnent des points extrêmes du territoire malgré quelques foyers de résistance. Elles atteignent ainsi la Bretagne, franchissant la Loire et se dirigent vers Bordeaux où s’est réfugié le gouvernement. Il n’y pratiquement plus d’armée française. La campagne a fait 100 000 morts, preuve qu’il y eut quelques combats acharnés. Mais surtout près de 2 millions de soldats sont faits prisonniers. En octobre 1939, le colonel De GAULLE présente ses chars au président LEBRUN. 14 La carte des fortifications de la ligne Maginot. 15 b) La nomination du maréchal PETAIN. • L'armistice de 1940: une décision politique. Dès le 19 mai, on envisage « l’éventualité d’une cessation des combats ». WEYGAND adresse, en effet, au président du Conseil, Paul REYNAUD, un rapport où il énonce cette possibilité. Le sujet est alors lancé : deux camps s’affrontent parmi les responsables civils et militaires. Le 5 juin, Paul REYNAUD remanie son gouvernement : l’entrée comme sous-secrétaire d’état à la Guerre du colonel De GAULLE est cependant compensée par la promotion de Paul BAUDOIN, sous-secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères et d’Yves BOURTHILLIER, ministre des Finances, qui rejoignent rapidement le camp de l’Armistice. Le 13 juin, le maréchal PETAIN s’y rallie ouvertement. Au cours de Conseil des Ministres du 15 juin 1940, les deux thèses s’affrontent. Paul REYNAUD et une petite majorité de son cabinet admettent que la bataille est perdue : il est favorable à une capitulation, mais pas un armistice qui est un accord politique, contraire à l’accord francobritannique qu’il a signé le 28 mars 1940. La capitulation n’interrompt pas les hostilités, les pouvoirs civils seraient transférés en Afrique du Nord. L’autre partie rétorque alors que c’est contraire à l’honneur de l’armée et prône l’Armistice. • Le recours au maréchal PETAIN. Le Conseil des Ministres ayant refusé une surprenante proposition d’union totale franco- britannique présentée par le général 16 De GAULLE, Paul REYNAUD découragé, démissionne le 16 juin. Aussitôt, le président LEBRUN fait appel au maréchal PETAIN pour lui succéder. De suite, le nouveau ministre des Affaires Etrangères, BAUDOIN fait demander aux allemands par l’intermé-diaire de l’ambassadeur d’Espagne les conditions de la paix et le jour suivant le maréchal PETAIN déclare solennellement que la France doit cesser le combat. La délégation française est alors convoquée par le régime nazi le 21 juin dans la clairière de Réthondes dans le wagon reconstitué du maréchal FOCH. • L'armistice Cet armistice, un nouveau « diktat » est très sévère : les deux tiers du territoire sont livrés à l’occupation de l’ennemi (art. 2) et est occupé : tout l’est, le nord, le centre jusqu’à la Loire et la zone littorale de Dunkerque à Bayonne. L’armée est démobilisée (art. 4) : la France a droit à une force de police de 100 000 hommes appelée l’ « armée de l’armistice ». Les réfugiés allemands sont livrés aux nazis (art. 19). Les prisonniers français sont maintenus en captivité jusqu’à la conclusion de la paix (art. 20). La France conserve son Empire et sa flotte mais qui est, bien entendu, désarmée et qui doit demeurer dans ses ports d’attache. La conservation de l’Empire et de sa flotte étant plus due à une convenance stratégique de la part d’HITLER qu’à une concession obtenue par les négociateurs français. En zone nord, les allemands incorporent les trois départements de l’Alsace-Lorraine au Reich : ils sont administrés par les « Gauleiter », fonctionnaires allemands . La langue française est interdite et les indésirables sont brutalement expulsés. Le Nord-Pas-de- Calais est rattaché administrativement à la Belgique occupée. Une « zone interdite » dans le nord-est de la Picardie à la Lorraine est créée. Les populations qui ont fuit pendant l’exode ne peuvent y retourner. L’Allemagne réclame 400 millions de francs par jour à la France. Le 22 juin 1940 l’armistice est signée à Rethondes dans le wagon historique. 17 c) Les premières mesures • Le régime de Vichy En votant le 10 juillet 1940 les pleins pouvoirs – même les pouvoirs constituants, les députés fournissent au régime pétainiste installé à Vichy une apparence légale incontestée alors par une majorité de français. Philippe PETAIN et son entourage veulent remodeler la France, avec la « Révolution Nationale », par opposition avec le régime républicain jugé responsable de la défaite. Celle- ci se traduit par le changement de devise : le « Liberté, Egalité, Fraternité » révo-lutionnaire est remplacé par un « Famille, Patrie, Travail » vichyssois. Cette « révolution » doit instaurer « un Etat rationnel, autoritaire, hiérarchique et social » qui façonnera des générations « d’ hommes nouveaux ». Pour combattre l’individualisme, tenu comme diviseur de la nation, le régime redonne une place aux « communautés naturelles » comme la famille et la patrie. Anti-égalitariste, ce régime juge dangereux la démagogie du suffrage universel auquel il reproche de ne pas peser la valeur de chaque voix – il y aurait, selon lui, une inégalité des citoyens. L’industrialisme est répudié. On vante le modèle d’une France à dominante rurale et artisanale. Le régime veut, tout de même, administrer l’industrie. Pour cela, ils instituent les Comités d’Organisation le 16 août 1940 afin de recenser les entreprises, d’arrêter leurs programmes de production et de fixer les règles de marche des entreprises. Comme de nombreux régimes autoritaires, les responsables de Vichy développent « une politique de jeunesse ». Elle se base sur la défiance de tout intellectualisme, la réhabilitation de la morale, du travail manuel et physique. Cette politique se concrétise dans la promotion du sport et la mise sur pied de mouvements de jeunesse. Le régime de Vichy mène parallèlement une politique répressive contre ceux qu’il juge irrécupérable et dangereux. 18 Une « Anti-France » est pourchassée: les communistes à cause du Front Populaire considéré comme responsable de la défaite, les francs-maçons et les juifs. L’inégalité se traduit par les deux lois d’exclusion des 3 octobre et du 2 juin 1941 qui excluent les Juifs des fonctions électives, de la fonction publique, des médias, et des professions libérales. Une autre loi – celle du 22 juillet 1941, met en œuvre une « aryanisation » des entreprises et des biens juifs ruinant, par-là, l’activité économique de la communauté juive. • La collaboration Pierre LAVAL et Philippe PETAIN proposent d’eux-mêmes la collaboration de l’Etat français avec le III° Reich dans l’espoir d’améliorer les conditions d’Armistice et le sort des prisonniers et de sauvegarder l’avenir du pays au sein de la « nouvelle Europe » hitlérienne. Cette politique sera établie lors de l’entrevue de Montoire du 22 octobre 1940 entre PETAIN et HITLER – sur l’initiative de LAVAL. Le maréchal appelle ensuite l’ensemble des Français à collaborer « dans l’honneur et la dignité ». Cela débouchera sur une exploitation croissante du pays par l’occupant. Le gouvernement de Vichy répond aux besoins prioritaires de l’Allemagne en organisant, tout d’abord, une collaboration économique. La France fournit des produits agricoles et industriels, du matériel de guerre. En manque de main-d’œuvre, l’Allemagne en demandera au régime collaborationniste. Après la « relève » d’un prisonnier contre trois travailleurs volontaires, institué en juin 1942 par LAVAL, la France établit le Service du Travail Obligatoire (STO) mobilisant tous les jeunes gens nés de 1920 à 1922 qui enverra 650 000 hommes en Allemagne. Le régime de Vichy instaure également une aide logistique et militaire en créant des organismes de combat comme les Légions des Volontaires Français (LVF) ou bien encore l’instigation de la Milice française, police officielle dirigée par DARNAND dès janvier 1943 chargée d’éliminer la Résistance en liaison avec la Gestapo. Cette collaboration s’exerce dans tous les domaines et notamment dans les mesures antisémites avec une participation dans la déportation des juifs. Dans les collaborateurs se trouvent des sympathisants fascistes d’avant-guerre comme BACARD, Eugène DELANDE. D’anciens militants de gauche s’engagent aussi dans la collaboration, partisans d’un socialisme nationaliste et autoritaire comme 19 Marcel DEAT qui fonde en 1941 le Rassemblement National Populaire (RNP). La collaboration est également présente dans la presse. Il existe une propagande favorable au nazisme donc antisémite, anticommuniste et anglophobe. Les thèmes sont développés à la radio par des polémistes comme Jean HEROLDPAQUIS ou Philippe HENRIOT ainsi que dans les différents journaux collaborationnistes : « Je suis partout », ( Robert BRASILLACH et REBATET), « la Gerbe » ( A. de CHATEAUBRIAND), « le cri du peuple » (DORIOT) et « l’œuvre » de DEAT. L’occupation de zone « libre » à partir de novembre 1942 relance la collaboration et place l’Etat français dans une dépendance de plus en plus importante vis à vis de l’Allemagne. Entrevue de Montoire 20 d) Les conséquences pour les français S’étant fait beaucoup d’illusions en juin 1940, de nombreux français déchantent rapidement. Dans la plupart des familles, un proche manque : un fils, un frère ou un mari prisonnier ou bien forcé de travailler en Allemagne à partir de 1942. • • Dans les transports Dans les communications Les communications sont réglementées: le nombre de cartes et de lignes est soigneusement compté. Les correspondances interzones sont réduites à des « cartes interzones » qui n’autorisaient de brèves nouvelles stéréotypées. • indice 100 en 1939, il passe à 70 en 1944 pour les produits agricoles et à 43 pour les produits industriels. Sur cette production, les allemands prélèvent une lourde ponction allant jusqu’à 40% . Dans l'industrie Une pénurie des transports est également constatée. L’automobile et le camion disparaissent peu à peu faute d’essence. La SNCF, obligée de livrer à l’occupant le quart de ses locomotives et la moitié de ses wagons marchandises, est contrainte d’assurer en priorité les transports allemands. • La France manque également d'essence, d’engrais, de matières premières comme la fonte ou l’acier. Mis à part la production de charbon ou d’électricité qui a été un temps maintenue et qui a même progressé jusqu’en 1942 pour le charbon et en 1943 pour l’électricité, la production s’effondre dans tous les domaines : d’un Dans l'alimentation La nourriture manque plus qu’en ville qu’à la campagne même si cela reste insuffisant par rapport au besoin normal d’une personne. Le rationnement est instauré avec des cartes. Tous les civils prennent la route, c’est la débâcle. 21 2) Premières réactions : le temps des pionniers. Avant que la "paix" ou la défaite ne soient officiellement reconnues avec l'armistice, le refus de la victoire nazie et l'humiliation entraînent certains hommes à une résistance spontanée. A) LES REACTIONS SPONTANEES • Les hommes de l'île de Sein partent tous pour l'Angleterre le 24 et 26 juin. Au total, 130 hommes seront accueillis par le général de GAULLE comme "la moitié de la France". Une réaction similaire a eu lieu dans l'île de Batz. L'acte de Jean MOULIN Le 17 juin 1940, les allemands somment Jean MOULIN, alors préfet de l'Eure-et-Loir, de signer un "protocole" reconnaissant que des tirailleurs sénégalais ont commis, au village de Saint • Le Manifeste de Bordeaux Georges sur Eure, Appel commun à manifester le 11-novembre 1940. un effroyable En juillet massacre, en fait ETUDIANTS DE FRANCE ! 1940, Charles commis par la Le 11-Novembre est resté pour toi jour de fête TILLON, ancien Wehrmacht. Les nationale. Malgré l'ordre des autorités opprimantes, il mutin de la mer sénégalais seront sera jour de recueillement. Noire, ancien massacrés près de Tu n'assisteras à aucun cours. combattant de la Lyon. Les alleTu iras honorer le Soldat inconnu à 17 h 30. guerre mands le tortuLe 11 novembre1918 fut le jour d'une grande d'Espagne et rèrent afin qu'il victoire. membre du signe le "protobureau politique cole" mais celui-ci du parti communiste rédige une "directive" tente de se suicider en se tranchant la gorge qui appelle à la résistance contre l'ennemi plutôt que de parapher ce texte déshonorant hitlérien : c'est le Manifeste de Bordeaux. pour l'armée. Dès lors, il ne cessera de porter une écharpe afin de cacher sa cicatrice. • Les jeunes du 11 novembre 1940 • L'appel du général COCHET Les jeunes sont avides d'actions. Le 11 novembre 1940 nous le montrent. Les Ce même jour, deux heures après le étudiants et surtout des lycéens, organisent message radiodiffusé du maréchal PETAIN une commémoration de la victoire de 1918. appelant à la cessation des combats, le L'annonce de cette action passe oralement général COCHET, commandant les forces dans les facultés et lycées parisiens. Leur but aériennes de la V° armée, rassemble ses était de grouper un aussi grand nombre que hommes qui l'ont suivis dans les monts du possible de jeunes pour aller fleurir la tombe Velay. Il leur donne des consignes de du soldat inconnu. Les allemands au courant résistance: poursuivre la lutte contre par leur police l'interdisent. Les manifestants l'ennemi, apprendre à dissimuler des armes. passent outre. Il symbolise l'immédiate réaction des Plusieurs centaines de jeunes se combattants. regroupent en chantant La Marseillaise, le chant du Départ et en criant "A bas HITLER, • L'acte sénan A bas PETAIN..". La répression allemande 22 suit : les soldats armés refoulent brutalement les manifestants et les jettent dans leurs voitures militaires. Le bilan officiel, avancé par LAVAL est de 123 arrestations dont 90 lycéens et 14 étudiants, 4 blessés, aucun mort. La radio de Londres, quant à elle, annonça 11 morts. • Les actes anonymes Il y a eu également des actes isolés, comme la coupure de câbles téléphoniques, le sabotage de quelques livraisons destinées à l'ennemi, l'aide à des prisonniers de guerres évadés. En zone sud, de nombreux graffiti et diffusions de tracts ont lieu comme ceux rédigés par Edmond MICHELET et ses camarades du Cercle des équipes sociales de Brives. Un train saboté par des résistants 23 B) UN SEMBLANT D’ORGANISATION - la « Confrérie Notre-Dame » petit réseau de Dordogne. - le « Mouvement de Libération Nationale » créé par Henry FRENAY. Il édite des bulletins d’information et de propagande. - En Juin 1941, le réseau « les Petites Ailes » . 1) Actes militaires Ce sont les militaires qui, en premier, ont fait des actes organisés de résistance. Ils espéraient que la situation pouvait encore se renverser. Malheureusement, ils n’ont pas eu beaucoup de succès. Certains ont décidé de partir pour l’Angleterre afin de continuer la guerre. Ce fut au prix de nombreux sacrifices.300 000 hommes sont partis de Dunkerque, mais la ville fut totalement détruite. Des régiments ont continué à se battre même après la demande d’armistice comme le 1er régiment d’infanterie coloniale qui a combattu près de Lyon. Le Colonel COLSON cache des armes dans le but d’une hypothétique utilisation ultérieure. Cependant après l’appel du Général de GAULLE du 18 juin 1940, peu de personnes se mobilisent. 2) Regroupements civils Il y a aussi des débuts de résistance civile : en juillet 1940, le socialiste J. TEXIER distribue des tracts clandestins à l’intention des ouvriers intitulés : « Conseils à l’occupé ». Ces tracts ex-pliquent qu’il faut ignorer les allemands. A la fin de l’année 1940, les premières convergences se notent à Lyon, la capitale de la Résistance Démocratique Chrétienne. Les réseaux s’organisent : 24 Cependant, quelques projets ne verront pas le jour comme « l’Armée des Volontaires » ou encore « Le Mouvement National Révolutionnaire ». Il se forme des réseaux d’organisation militaire comme : - le « Creux de la Libération » (CDDL) qui regroupe exclusivement des officiers d’aviation. - Le Colonel HEURTEAUX organise un regroupement de hauts fonctionnaires et d’industriels en Novembre 1940 : c’est « L’Organisation Civile Militaire » (OCM). Les civils commencent à se regrouper en comité par profession . Ils distribuent des tracts, collent des affiches ou font des graffitis sur les murs. C’est ce que l’on appelle de la résistance passive. Les étudiants communistes de Paris, principalement de la Sorbonne lancent une résistance active par des réseaux de sabotage et d’évasion. C) LA FRANCE LIBRE S'ORGANISE 1) L'appel du 18 juin 1940 s’occupe administrativement de 6 millions d'habitants sur près de 3 Alors que Paul millions de kilomètres REYNAUD vient de carrés. Elle se doit de démissionner , le 17 juin s'organiser. 1940, De GAULLE quitte Il crée alors le Bordeaux pour Londres. Le Conseil de Défense de 18 juin, il appelle les l'Empire qui est composé de français à continuer la lutte 9 membres : l'amiral et à le rejoindre à Londres MUSELIER, les généraux lors d'une allocution raCATROUX et de diophonique. Celui-ci a eu LARMINAT, le colonel un très faible écho en LECLERC, les gouverneurs France compte tenu que EBOU et SAUTOT, le médecin général SI, le près de huit millions de capitaine de vaisseau d'ARGENLIEU et le réfugiés affluent sur les routes de l'exode. professeur CASSIN. Il n'a qu'un rôle consultatif, car c'est le général de GAULLE 2) Le début de l'organisation qui décide. Le Conseil doit "diriger l'activité économique, soutenir la cohésion morale des Entre le 18 et 27 juin, De GAULLE populations étrangères des questions entreprend de rallier les principaux chefs relatives aux [... ] intérêts français". militaires de l'Empire. Ainsi il fait appel au Seules quelques rares personnalités général NOGUS, résident général au de la III° République répondent à l'appel du Maroc et commandant en chef en Afrique général De GAULLE: les députés Pierre Française de Nord, à WEYGAND, puis aux COT et P.O. LAPIE, le professeur du droit généraux MITTELHAUSER (commandant en chef au Levant) et CATROUX René CASSIN, les journalistes Maurice (gouverneur général SCHUMAN, A. de l'Indochine) mais WEIL-CURIEL et souvent en vain. * F. QUILICI, les Carte anniversaire de l’appel du 18 juin Obstiné dans son syndicalistes H. combat pour le ralHAUCK, quelques liement de l'Empire, hauts il obtient ses prefonctionnaires miers succès avec comme R. l'adhésion des NouPLEVEN, adjoint velles-Hébrides, de Jean MONNET puis du Tchad (le au Comité de 23) puis de toute coordination l'Afrique Equatorifranco-britanique, ale Française en fin G. BORIS, G. 1940. PALEWSKY et La France M. DEJEAN, Libre est la seule reconnue pour représenter habitués des cabinets ministériels. "les intérêts de la France en guerre" et elle Dans l'armée, à cause du prestige est autorisée à développer des services "du vainqueur de Verdun", on constate peu administratifs. Mais elle n'est pas reconnue de ralliements cependant l'amiral comme un gouvernement provisoire. Elle MUSELIER, le général CATROUX et les 25 colonels de LARMINAT et MONTCLORS ainsi que des officiers subalternes comme LECLERC, KOENIG, DUVAURIN-PASSY ou le lieutenant BUIS s’engagèrent. 3) La diversité des Français libres La France Libre était composée d'une multitude de personnes hétérogènes du point de vue social, générationnel et politique. Ainsi en 1940, lors de leurs ralliements R. CASSIN avait 53 ans alors quE C. FOUCHET en avait 20. L'entourage proche de De GAULLE était dominé par des hommes de tendance de droite ainsi que de militaires. Celui-ci inspire la méfiance du milieu de gauche. Mais toutes les familles politiques sont représentées : René CASSIN était membre du partit radical, G. BOLIA avait été chef du cabinet de Léon BLUM, H. HAUCK et A.TIXIER étaient membres de la SFIO et de la CGT. Une organisation du service de renseignements est mise en place dans l'été 1940. Celle-ci est facilitée par les britanniques avides de renseignements sur les troupes allemandes. La première mission est effectuée par le lieutenant MANSION en juillet et août 1940 en Bretagne. Cependant tout n'est pas réglé comme les questions du rapport avec les Alliés, de la légitimité – deux France s'opposent – et de la nature du pouvoir de la France Libre. 4) Des relais de la France Libre Dès l'été 1940, des « Associations France quand même » ou des « Comités de Français libres » se créent dans les communautés françaises émigrées. Ceux-ci sont d'actifs relais de propagande. 26 Le Comité de Libération Nationale 3) La diversité des motivations a) La foi en certaines valeurs • Le patriotisme Pour de nombreux français la victoire de l’Allemagne a amené la germanophobie ainsi que le désir de revanche. Malgré cet armistice, le français du milieu du XXème siècle conserve une culture patriotique. La Marseillaise, la référence fréquente à Valmy, au soldat de l’an II, à la patrie en danger situent clairement l’héritage revendiqué par les résistants. Le traumatisme de la défaite, la désintégration de la structure politique depuis longtemps admise, la fracture qui s’opère alors dans la communauté nationale favorisent le repliement sur des réflexes plus traditionnels. • Les valeurs républicaines Il semble incontestable que la résistance se situe très majoritairement dans la droite ligne de l’héritage républicain ou si l’on préfère d’une culture républicaine. La France des années 1940 malgré des pesanteurs souvent soulignées n’est plus, culturellement et socialement, la France de la fin du 18ème siècle ou même du milieu du 19ème siècle. Quel que soit le discrédit dans lequel est tombé en 1940 la Troisième République, il n’efface pas entièrement la réalité profonde d’une culture républicaine forgée par le 19ème siècle et largement répandue par l’école. L’exigence démocratique, passé le premier désarroi, ne peut que resurgir et contribuer au sentiment croissant de non légitimité du gouvernement de Vichy, même s’il ne s’agit pas toujours d’un ferment de résistance à proprement parler. On retrouvait, comme dans la résistance, l’apprentissage de la clandestinité, la coexistence des classes sociales, une certaine diversité idéologique, allant parfois des différentes nuances du républicanisme au 27 bonapartiste. Les brèves prises de parole , le chant d’une Marseillaise associant des connotations politiques et patriotiques, la circulation d’écrits interdits, tout un arsenal que la Restauration faisait tomber sous la répression des «cris et écrits séditieux » mais qui se prolongeait en fait bien au-delà. Quant le mouvement prit quelque ampleur, ce furent des manifestations à l’occasion de la commémoration de journées symboliques, ou la présence massive aux obsèques des militants, seul rassemblement ne tombant pas sous le coups de la loi. • Les valeurs chrétiennes En 1937, sort l’encyclique de Pie IX contre le nazisme « Mit brennender Sorge » adressée aux évêques d’Allemagne. Mais le nazisme est avant tout un nouveau paganisme. Face donc, à la gigantesque entreprise de déchristianisation que l’Allemagne connaît depuis 1934, les hommes d’Eglise se montrent peut-être davantage préoccupés par « l’antichristianisation » que par l’antisémitisme. Néanmoins dès 1935 Oscar de FRENZY , d’origine suisse, publiait chez Flammarion « Les Juifs et les Chrétiens » ouvrage préfacé par le Père DEVAUX, supérieur des Pères de Sion. Lors de ses conférences sur le sujet, il répondait à tous : « Je défends Israël parce que Jésus était de la descendance de David. Je défends Israël parce que je suis chrétien ; j’ai le devoir de le servir en chrétien » . MONCHAMIN ne cessait de montrer qu’il n’était pas possible « d’arracher la moitié de la Bible, que l’on pervertit le Nouveau Testament en lui enlevant ses racines historiques ». Il s’efforçait d’éveiller les consciences endormies en leur montrant que «l’antisémitisme des nazis va jusqu’à Dieu». De plus, la doctrine chrétienne réprouve l’assassinat, le vol, la trahison, la lâcheté, le mensonge et le pharisaïsme sous toutes ses formes, bref, tout ce qui symbolise désormais le nom de Vichy. L’attachement aux droits de l’Homme et la solidarité minoritaire ont joué chez la plupart des protestants et ne s est jamais démenti à quelques exceptions près. Ces sentiments étaient alors beaucoup moins répandus dans le monde catholique. Néanmoins il s’est trouvé quelques hommes pour sauver l’honneur à Paris et à Lyon. A vrai dire le Comité Catholique pour la Défense du Droit du Parisien avec VIOLLET, la petite Ecole de Lyon de l’avoué Léon CHAINE et de l’abbé BRUGERETTE n’ont pas eu beaucoup de succès et ont été rappelés à l’ordre par les intransigeants. • A partir des exactions commises par la police de Vichy ou les allemands, des hommes ont réagi au nom de la défense des Droits de l’Homme. Mais c’est surtout après les premières rafles et les représailles collectives contre la population que la liberté et le droit à l’existence des races furent revendiqués. • La résistance à l’oppression L’attitude des populations reste souvent ambivalente :des exigences trop lourdes, des actes inconsidérés qui provoquent de dures représailles, entraînent des réactions de rejet. Seul un approfondissement idéologique parvient à donner un sens au combat. Dominantes au départ, les motivations idéologiques seront submergées, au fur et à mesure des événements, par d’autres. En effet, l’intensité de la résistance, et plus particulièrement sous la forme de combat armé, se manifestera de plus en plus comme une réaction à l’aggravation de la répression. L’humanisme René CASSIN a défendu toute sa vie les droits de l’homme 28 b) De multiples chemins • Les associations de jeunesse La création du scoutisme ainsi que des jeunesses communistes ou chrétiennes ont permis une autonomie et une prise de responsabilité nécessaire dans la résistance. • A l’image de l’Allemagne, les jeunes sont embrigadés. Les femmes l’Espagne. Il s’en retrouve dans Mouvements, les Réseaux, les Maquis. les Infirmières dans le maquis, agents de liaison, boîtes aux lettres, convoyeuses d’évadés ou d’enfants juifs, rédactrices ou distributrices de la presse clandestine …les femmes ont joué un rôle important dans la résistance. De plus, elles se sont exprimées et se sont fait voir en tant que femmes. Ces combattantes, presque souvent ignorées par l’histoire, s’engagèrent dans le combat dès 1940 et contribuèrent notablement par leurs actions incessantes à la lutte en vue de la libération. En 1943, la population résistante est très jeune. A « Franc-Tireur », plus de 71 % ont moins de 40 ans. Cette jeunesse est d’autant plus remarquable que ces classes d’âge ont fourni un contingent important de prisonniers de guerre. Il en est ainsi des jeunes venant des lycées comme ceux de Bouffon, Lalande, les étudiants de Saucats ainsi que les résistants de la « Cascade du Bois de Boulogne ». • • Les jeunes, enseignants. les étudiants et les Après la création d’un Secrétariat d’Etat à la Jeunesse naquirent de multiples organismes ou associations : - Chantiers de la jeunesse, Compagnons de France, Equipe nationale. Ils eurent pour but de faire en la personne du maréchal l’objet d’un véritable culte qui ne dura guère. De cent mille, le nombre de volontaires aux Chantiers tomba en 1943 à trente mille. De plus en plus nombreux, les jeunes rejoignent les unités combattantes. Certains s’évadent en Angleterre directement ou par 29 La Résistance juive L’été 1943, les premières rafles, le début de la déportation provoquent un véritable choc. La résistance juive, aidée par «Témoignage Chrétien » et « Franc-Tireur » s’engage nettement par des tracts et une campagne de protestations. La répression de la population est, dans le cas des juifs, la persécution qui fera peser sur eux, qu’ils soient Français ou immigrés, la menace de mort. Ces derniers prennent conscience du danger et réagissent plus vite. Cette conscience deviendra un puissant levier pour «l’entrée en guerre » des juifs qui seront amenés à faire un choix crucial entre la soumission aux ordonnances de l’occupant ou du gouvernement de Vichy et la clandestinité. Pour ceux qui voulaient réagir collectivement en tant que juifs, une tradition sociale particulièrement enracinée chez les originaires de l’Europe Orientale, 3 formations s’offraient à eux comme structure d’accueil : - Les F.T.P. –MOI, - L’armée juive (sioniste), - Les éclaireurs israélites (apolitiques). révolutionnaire, exprimé pour la première fois lors de la guerre civile espagnole. • Les réfractaires du Service du Travail Obligatoire (S.T.O.) La mobilisation des jeunes des classes 4041-42 en février 1943 va provoquer un mouvement important de la part des concernés dans la Résistance. De même la population devient hostile au STO puisque son application promettait la libération des Ainsi à l’occasion du premier anniversaire de la Rafle des 16 et 17 juillet la direction de l’U.J.R.E. s’adresse-t-elle «Aux juifs membres des F.T.P. » pour évoquer l’horreur de « l’enfer du Vel d’Hiv et de Drancy » et apporte des informations sur la situation dans les camps en Pologne. • La Résistance des étrangers. Une forte minorité d’étrangers, très supérieure à la moyenne nationale, milite dans la Résistance. En liaison avec les syndicats, ces travailleurs groupés dans le M.O.I. (Main d’Oeuvre Immigrée ou Internationale) s’organisaient dans la clandestinité par des groupes de langues (Polonais, Roumains, Tchèques, Espagnols, Italiens…). Une grande majorité d’entre eux participe à la résistance que pour accélérer la défaite des puissances de l’Axe et donc la libération de leur propre pays. Il ne s’agit donc pas d’un ralliement avec la France. Pour d’autres étrangers, il s’agit d’une adhésion à la Résistance Française comme les ouvriers italiens de Lorraine. Ils appartenaient en majorité, mais non exclusivement, au parti communiste français. Leur présence souligne le caractère international de la lutte antifasciste et c) Le rôle des conditions locales. • Zone occupée et zone non occupée. En France, la guérilla a été, hors les villes, l’affaire des maquis. S’ils étaient la 30 Une affiche annonçant le STO prisonniers de guerre. Ce qui n’ a pas été le cas. vocation normale de la lutte clandestine ils ne pouvaient pas naître partout. Il leur fallait de vastes espaces montagneux, boisés, peu accessibles. Leur protection supposait de nombreuses complicités dans la population. Leur force était la réception d’armes, d’équipement, et d’argent largués par parachutages ; leur durée, une grande mobilité et beaucoup de courage de la part des maquisards . C’est dans la zone occupée que se forment les premiers Mouvements et qu’ils sont les plus nombreux. On peut estimer que chaque ville en possédait un. Parmi les plus « grands » dont leur champ d’action s’étendait en principe à toutes les régions citons : - L’Organisation Civile et Militaire (O.C.M) - Libération Nord - Ceux De La Libération (C.D.L.L.) - Ceux De La Résistance (C.D.R.) - Front National (F.N.) Le plus important réseau est la Confrérie Notre Dame de Rémy qui devient l’élément représentatif de la France libre en zone occupée. En zone sud, trois grands mouvements disposent d’un journal: - Combat - Libération-Sud - Franc-Tireur Les réseaux très nombreux et développés exercent généralement leur activité dans les deux zones, particulièrement le S.O.E. (Special Operations Executive) du Colonel BUCKMASTER. • Les villes Les villes ont été un atout considérable dans la Résistance de par leurs entrepôts permettant la publication des journaux clandestins. De plus, la foule humaine permettait la plus grande facilité de passer inaperçu. Lyon a été un grand pôle de la Résistance de par ses traboules, sa proxi- 31 mité avec les maquis de l’Ain et du Vercors. De même, elle a bénéficié de nombreuses communautés chrétiennes et de jeunes. • Les côtes et les frontières. Les côtes françaises ont subi très tôt l’occupation allemande de part leurs positions stratégiques vers l’Angleterre et l’Afrique du Nord. Malgré la présence en masse de l’armée allemande en cas de débarquement, la population et les marins ont contribué à organiser des passages clandestins vers l’Angleterre, à donner de nombreuses informations sur la géographie des côtes et sur l’emplacement des troupes allemandes. Ils participèrent au subterfuge qui fit croire à l’occupant un débarquement au Pas-de-Calais. Les régions frontalières eurent une population active dans le franchissement de la ligne de démarcation ou de la frontière avec l’Espagne ou la Suisse. Ainsi plus de 20 000 jeunes ont réussi à franchir la frontière espagnole afin de rejoindre les armées de la France Libre. • Les montagnes Elles ont acquis une place prépondérante dans le développement des maquis de par : - leur difficulté d’accès, - leur climat hostile, - leurs abris ou « planques » La population locale a contribué au ravitaillement des résistants. Les maquis comme les Glières et le Vercors sont les plus connus. Un maquisard dans le massif du Vercors 32 II S'organiser 1) La France libre • Un début d'organisation En s'installant à Londres comme d'autres gouvernements de pays occupés – Belgique, Pologne... – la France Libre entend continuer le combat contre l'Allemagne nazie mais également représenter le peuple français libre celui qui lutte, celui qui résiste à l'occupation allemande et au régime de Vichy. Il a comme objectif après la création de structures de base de se donner une certaine légitimité – voir également en I.2)a)2). Le général De GAULLE organise les services de la France Libre sur le modèle militaire. Il est aidé par un cabinet miliaire divisé en cinq bureaux et par un cabinet civil composé de sept services dont ceux de la finance (P. DENIS), des Affaires Extérieures et Coloniales (R. PLEVEN), des affaires juridiques (René CASSIN) et l'armement (A. LABARTHE). En janvier 1941, quatre directions civiles sont créées: - "Affaires administratives et financières " confiée au colonel ANTOINE - "Affaires Extérieures et Economiques "avec PLEVEN, - "Territoires non libérés " dont la direction est assurée par G. PALEWSKY; - "Information" par J. MASSIP. A la fin de 1941, P. DENIS réalise une réforme monétaire et crée une Caisse Centrale de Coopération Economique centralisant la trésorerie. Sous la direction du général PETIT, un état-major est constitué complété par un comité militaire. L'Ordre de la Libération est créé en novembre 1940. A partir du 4 février 1941, une "conférence administrative" qui réunit les directeurs civils, le chef d'état-major et les membres du Conseil de Défense de l’Empire présents à Londres, est convoquée autour du général De GAULLE. 33 Cependant cette structure est relativement faible. Ainsi en mars 1941, l'ensemble des services civils de Londres ne rassemble que 93 personnes. Les locaux, situés entre Carlton Street, saint James square, Duke Street sont relativement petits. • Le Comité National Français. Par l'ordonnance du 24 septembre 1941, la France Libre se dote d'une « constitution » qui organise le fonctionnement du pouvoir et crée un Comité National Français (CNF). Présidé par De GAULLE, ce comité est composé de commissaires qu'il nomme. Le Conseil de Défense de l'Empire conserve un rôle consultatif. Les commissaires disposent du pouvoir réglementaire et sont responsables devant le président du Comité qui décide et détient donc seul le pouvoir. • Représentation internationale. Sous une idée de J.SOUSTELLE, la France Libre se dote de délégations au sein de nombreux pays qui représentent le pouvoir français de Londres et doivent lutter contre la propagande du régime de Vichy. Grâce au travail d'A. TIXIER, de G. MEDIONI à Mexico, de R. GARREAU et d'autres , ils ont participé à la reconnaissance diplomatique du régime dirigé par le général De GAULLE. • Propagande Le service radiophonique français de la BBC disposait de près de cinq heures et demi de diffusion par jour avec la fameux "Les Français parlent aux Français". Celui- ci est indépendant de la France Libre qui ne dispose que de cinq minutes quotidiennes avec l'émission "Honneur et Patrie". Pour éviter la censure britannique, la radio France Libre cherche et obtient d'autres émissions à travers le monde. Elle bénéficie ainsi de cinq minutes quotidiennes à Mexico, puis trente minutes hebdomadaires à New York. En fin 1942, la France Libre dispose de sept heures quotidiennes d'émission. La diffusion d'une presse diversifiée apparaît: « La Lettre de la France combattante », « Les Cahiers français », « les Documents »... La France Libre subventionnait également des maisons d'éditions comme les « Lettres françaises » de Beyrouth. Le commissariat de CASSIN établit des relations avec des intellectuels français réfugiés en Amérique. Ainsi des intellectuels de renom comme G. BERNANOS ou J. MARITAIN acceptent de défendre la cause gaulliste. Mais la plus efficace des propagandes reste les voyages du général De GAULLE: ainsi en 1940 , il passe deux mois et demi hors de Grande-Bretagne et le double deux ans plus tard. • L'envoi en mission de Jean MOULIN. Jean MOULIN, préfet destitué par Vichy et auteur d'un acte courageux (voir I. 2. a. 1), arrive à Londres en septembre 1941 après avoir passé près de deux ans à étudier la Résistance. Sur un ordre de mission, De GAULLE lui demandant d'unifier et de rationaliser les moyens techniques de la résistance, Jean MOULIN est parachuté dans la nuit du 1er janvier dans les Alpines. La France libre dérange ! 34 2) la France intérieure : naissance et organisation des mouvements et des réseaux On peut distinguer deux types de résistance : - La résistance militaire, organisée par les réseaux. - La résistance civile, les mouvements. a) les réseaux 1) Les objectifs Les réseaux ont été structurés pour des travaux militaires précis : - - - Collecter des renseignements comme-les déplacements des troupes allemandes avec leur position, leur nombre leur armement et, si possible, le nom de leur division et les faire parvenir à leur état-major . Faire des actes de sabotage comme détruire des ponts, des centrales électriques, des convois allemands. Collecter du matériel parachuté comprenant des vivres, des médicaments ou des armes et les cacher pour les redistribuer à ceux qui en ont besoin. - Organiser des liaisons radio dans la France et avec l’Angleterre. - Organiser des filières d’évasion vers l’Angleterre pour les prisonniers de guerre, notamment pour les pilotes d’ avion. Les résistants leur fournissaient des informations, des cartes, des boussoles , des faux papiers, des habits pour quitter la France. Les principales filières passent par l’Alsace, les Pyrénées. 35 2) Les états-majors Ils dépendent souvent d’ états-majors étrangers comme : - Le Special Operation Executive qui est principalement dirigé vers des opérations dans les pays occupés par l’ Axe. - L’Intelligence Service britannique ( SIS ou MI-6 ) - Le Service de Renseignements (SR) de la France libre, futur Bureau Central de Renseignements et d’Action (B.C.R.A.) - L’ Office Off Strategic Service (OSS) américain. - Les services soviétiques : GRU ou NKVD . 3) Un exemple de réseau Le réseau d’évasion du « Musée de l’Homme » qui regroupe A. LEWITZHY et Y. ODOLON est créé en automne 1940. Fin 1940, ils sont rejoints par un groupe d’avocats socialistes et forment le « Comité National de Salut Publique ». b) Les Mouvements Ils ont un rôle plus politique et social que les réseaux ; c'est la résistance civile. Tireurs, qui organise les premiers maquis importants paraît aussi en 1941. Les principaux mouvements sont « Combat », « Libération », et « FrancTireur » en zone sud ; « Défense de la France », « Lorraine » et « Voix du Nord » pour la zone nord. L’intervention directe de ces différents groupes reste cependant longtemps limitée. Dès 1940, les Mouvements s'occupent de cacher des réfractaires ( les français qui refusent de partir en Allemagne pour le service de travail obligatoire) et des juifs pourchassés par les autorités du régime de Vichy et la Gestapo allemande. Les mouvements tiennent des journaux clandestins imprimés avec les moyens du bord comme des ateliers à imprimer pour enfants. Ces derniers servent à informer la population de l'existence de la Résistance et de leurs principaux exploits. Ils sont distribués sous la plus grande discrétion et principalement dans les usines. Ils ont des noms très parlants comme « Libération », « Combat » ou « Franc-Tireur ». Ceux-ci sont les reflets des mouvements du même nom. Ils recrutent au moyen du bouche à oreille. 1) Leur création En zone libre, au sud, Henri FRENAY crée en août 1940 « le Mouvement de Libération Nationale » (MLN). Le mouvement « Libération », créé par Emmanuel d’ASTIER de la VIGERIE en novembre 1940 est composé de socialistes et de syndicalistes. Naît en novembre 1941, à Grenoble, en zone libre, le mouvement « Combat » qui vient de la fusion de deux organisations : le « Mouvement de Libération Nationale » et « Liberté », qui regroupe des militants démocrates-chrétiens. Celui des Francs- 36 En zone occupée, les conditions sont beaucoup plus périlleuses et les premiers groupes, sans liens entre eux, sont décimés. D’autres organisations voient le jour : « Organisation Civile et Militaire » qui s’introduit dans les grandes administrations et met en place un réseau d’informations efficace. Celles de la Résistance, liée à « Combat » et à « la Libération » sont plus axées sur l’action directe contre l’occupant. Les communistes entrent massivement dans la Résistance après l’invasion de l’URSS par l’Allemagne en juin 1941. Ils fondent le Front National qui mène de nombreuses actions de sabotage. Leurs bras armés, les Francs-Tireurs et Partisans Français (FTP ou FTPF) restent indépendants des autres groupes. Chacun de ces mouvements possède sa propre presse et diffuse ses journaux clandestins. 2) Leurs actions Les activités des mouvements sont très variées et témoignent de l'évolution que connaît la Résistance au fil des années d'occupation. D'abord centrées sur le journal et le renseignement, ils élargissent progressivement leurs missions. Ainsi se développent les services de faux papiers et de logement des résistants traqués par la Gestapo, le recrutement et l'organisation de l'armée secrète (composée de forces mobilisables pour le jour du débarquement allié), l'essor de petits groupes d'hommes. Ceux-ci, enracinés dans la population, pratiquent la guérilla, multiplient les sabotages, les déraillements de trains, et éliminent les «traîtres». Manquant de soutien et d’armement, ils sont décimés par la Milice et la Gestapo. 3) Les partis politiques A) Le parti communiste Le Parti Communiste Français (P.C.F.) bien que provisoirement allié avec le régime nazi condamna les exactions appliquées sur la population à partir de juin 1940. Ainsi le pacte germano-soviétique a jeté un trouble chez de nombreux militants puisque pendant les années trente les ennemis farouches du P.C.F. étaient HITLER et MUSSOLINI. Le 21 juin 1941, HITLER attaqua l’U.R.S.S. Comme les autres mouvements, la résistance communiste était orientée vers la diffusion de tract et de journaux. Elle dut faire appel à la formation d’un Front National (F.N.) Ainsi le 21 août 1941, Pierre GEORGES, alias colonel Fabien, effectua le premier attentat individuel. L’aspirant MOSER est tué en plein Paris. Les cheminots de Sottevilles-lès-Rouen firent grève et un groupe d’entre-eux, bientôt grossi par d’autres manifestants défilèrent en chantant «l’Internationale », tandis que la population approuvait en criant derrière les persiennes : « Bravo les gars ! » Le parti communiste au lendemain de l’armistice était complètement anéanti devant la lourde défaite. Il était divisé entre pacifistes et révolutionnaires. Ainsi PETAIN obtint les pleins pouvoirs par 90 parlementaires contre 132 votants. Léon BLUM vota contre et sera hostile au nouveau régime et six s’étaient abstenus. La force de ces voix encore très isolées tranchait avec la discrétion des actions collectives. A la base commençaient à se réunir les sections, mais avec des effectifs le plus souvent très faible: - 40 à 60 militants à Lille, contre plus de 3000 avant la guerre. une quarantaine à Marseille 200, mais c’est exceptionnel, à Roubaix où l’impulsion vient du maire Jean LEBAS 37 Le P.C.F. va être alors le seul à s’engager dans la lutte armée par des attentats, des exécutions de militaires. Dans le Pas-de-Calais une usine sautait à Wingles. Des hommes comme Charles DEBARGE et Julien HAPIOT, deux ré-sistants, vont diriger des équipes de sabotages et d’actions directes . Leurs actes vont même s’étendre jusqu’en Espagne et parmi les mineurs et cheminots du Nord. Le renforcement de la Résistance se fait sous l’impulsion directe du Parti Communiste. Seul, en effet, il a su donner une analyse juste des événements. Il possède déjà une organisation clandestine solide et des liens réels avec les masses. A partir de 1941, il attache de l’importance aux manifestations, grandes et petites, que doivent animer ses militants clandestins car elles peuvent désormais associer la population à une réelle résistance. B ) Le parti socialiste Une dizaine de parlementaires socialistes décidèrent de siéger au Conseil National, comme Paul FAURE, ancien secrétaire générale de la S.F.I.O. Et, au sommet il fallut attendre le 9 mars 1941 pour qu’un petit groupe de 9 militants, dont Félix GOUIN vice-président du groupe parlementaire, décida à Nîmes, la création du Comité d’Action Socialiste (C.A.S.) Mais, en mai de la même année, les parlementaires ayant voté les pleins pouvoirs furent exclus. Par conséquent, en juin, Daniel MAYER était nommé secrétaire général pour la zone sud. Les socialistes prirent une considérable importance dans le mouvement « Libération-Nord ». De plus, Léon BLUM, emprisonné, a recouvré son autorité en assurant sa défense au procès de Riom. Il apporte son soutien au Général de GAULLE le 15 mars 1943 comme l’avait fait René CASSIN qui deviendra le conseiller juridique de la France Libre, mais surtout le principal auteur de la déclaration Universelle des Droits de l’Homme. C) Les partis de Centre et de Droite Les partis de Centre et de Droite furent dans le même cas que le parti socialiste. Henri FRENAY 38 Toutefois ceux-ci s’étaient affirmés dans des idées comme la « Révolution Nationale ». Il y eut d’illustres résistants comme le colonel REMY, Henri FRENAY, l’ancien ministre radical Marc RUCART, le Marquis de MOUSTIER, Jacques RENOUVIN ancien militant de l’Action Française. La plupart, très proche du christianisme, a rejoint des réseaux chrétiens, comme Georges BILDAULT. 4) Le combat des idées a) la presse clandestine Le rôle de la presse dans la propagande contre le régime de Vichy a été indéniable. A chaque mouvement ou réseau se rattachait un journal clandestin gratuit. Chaque mouvement a mis en place une structure permettant de développer le journal ainsi dans le mouvement « Combat » ce fut la branche du « Recrutement, Organisation, Propagan-de » (R.O.P. ) qui a été chargée de publier le journal. La presse clandestine, au début, devait régler trois problèmes majeurs. • La recherche du papier Les mouvements rusaient énormément afin de trouver ce précieux papier en quantité suffisante. Ainsi « Combat » obtint ce fameux produit à l’aide d’une inscription falsifiée d'une entreprise inexistante au Registre de Commerce. Le mouvement recevra par la suite plusieurs wagons en provenance d'Allemagne per-mettant d'imprimer le journal jusqu'à la libération. • Le problème de l'impression Le second problème était l'impression. Celle-ci s'obtint grâce au concours de petits imprimeurs. Le transport des plombs entre ces différents imprimeurs accentuaient les risques encourus. Ce fut pour les diminuer qu’une seule imprimerie pour le mouvement Combat rue Viala à Villeurbanne existait. • La diffusion Une fois imprimé, il ne restait plus qu'à le diffuser. Ce qui n'était pas le moins risqué. La diffusion devait être rapide afin de stocker les journaux le moins de temps possible. Afin de relier les différentes villes de la zone sud, tous les moyens de transports étaient utilisés mais surtout le chemin de fer. Grâce à de véritables réseaux, la distribution 39 était assurée dans toute la France , dans les deux zones. • L'essor Les premiers numéros des journaux clandestins étaient tirés à quelques milliers d’exemplaires, voir même quelques centaines. Les premiers numéros des « Cahiers du Témoignage Chrétien » seront tirés à 5 000 exemplaires, « le Franc-Tireur » à 6 500 et près de 30 000 pour « le Coq Enchaîné ». La multiplication des journaux se poursuivit et le tirage augmenta de même. Ainsi « Combat » et « les Cahiers du Témoignage Chrétien » seront tirés à 50 00 exemplaires et le « Franc-Tireur » à plus de 100 000 en 1944. • Les idées Les journaux ont bien sûr été créés pour exprimer les idéaux de ceux qui ont résisté afin de recruter également des personnes. La raison d'être de la presse clandestine étaitt, bien entendu, la lutte contre le régime nazi. Ils s'employaient à convaincre la population que la guerre n'était pas définitivement perdue. Tôt ou tard, tous s'en prendront au régime de Vichy avec la collaboration et ses lois comme le STO. Ils défendaient tous la liberté et la démocratie. Certains journaux développaient des idées politiques comme « Libération » d'inspiration socialiste ou bien « Franc-Tireur » qui était "contre le bolchevisme totalitaire et [... ] hors de la domination du capitalisme international". La devise républicaine était soutenue par très nombreux journaux en opposant chaque terme de " Liberté, Egalité, Frater-nité " aux régimes de Vichy et de Berlin. Les bases idéologiques du régime nazi étaient toutes dénoncées: le racisme, l'antisémitisme... Une certaine presse clandestine se rattachait au général De GAULLE comme «Franc-Tireur»,« Combat », «Libération ». mais une autre refusait la tutelle de Londres comme le « Coq Enchaîné ». Ces journaux comportaient de nombreuses rubriques: informations locales, nationales et mondiales ainsi que des consignes à la population. Des chroniqueurs savaient jouer sur l'ironie comme le titrait en septembre 1943 l'un des journaux : " 4ème année de la Guerre Eclair ". 40 Le rôle de la presse clandestine dans la propagande a été énorme. Leurs diffusions bien que risquées ont participé entre autre à un changement d'esprit des Français qui se rassuraient en 1940 de la nomination du "vainqueur de Verdun". Elle permettra à faire des Français un peuple résistant à l'occupant qui aidera la Résistance. LA PRESSE CLANDESTINE Zone NORD Conseils à l'Occupé Pantagruel Vérité Résistance L'Université Libre Zone SUD 1940 Les Feuilles Jaunes Liberté 1941 Valmy Bulletin d'Information et de Propagande Défense de la France Petites Ailes Voix du Nord Vérité Front National Libération Socialisme et Liberté Franc-Tireur La France Libre Combat Libération-Nord Cahier du Témoignage Chrétien 1942 Le Populaire Coq Enchainé Lettres Françaises Le Père Duchène Editions de minuit Libéré et Fédéré France d'Abord Editions de Minuit 1943 La Presse régionale L'Avenir dans toutes les grandes villes Le Gaulois comportaient un bulletin d'information Bir Hakeim de la France Combattante 1944 La Voix du Maquis (Directeur Pierre Chassé à partir de 1965) 41 b) Les formes de luttes multiples Divers moyens existaient pour lutter contre les allemands: de la fabrication de faux papiers par le maquis en passant par la résistance intellectuelle. 1) Faux et usage de faux Les résistants prennent d'énormes risques. Ceux-ci étaient amenés à changer souvent d'identité ce qui entraînait la mise en place d’ateliers clandestins afin de fabriquer des faux papiers. Ce travail demandait une organisation solide. A défaut d'avoir des originaux, certains tampons, certains imprimés étaient fort difficiles à reproduire. Pour répondre aux besoins, un matériel très complet était nécessaire : il se composait de près de trois cent tampons et plus de cinquante modèles d'imprimés différents. Les documents étaient fournis aux jeunes refusant le STO en les exemptant (grâce à un vieillissement ou bien un rajeunissement des personnes), aux prisonniers évadés d'Allemagne, aux résistants obligés de changer d'identité. Ces faux papiers devaient résister aux premiers contrôles puis aux vérification en profondeur. Tout d'abord les résistants choisissaient une ville d'origine. Ainsi certains penchaient vers des villes bombardées comme lieu de naissance. D'autres préféraient s'orienter vers les territoires de l'Empire français. De ce fait, le nombre de personnes nées en Afrique Française du Nord – AFN – a augmenté fortement après novembre 1942. Mais cela est devenu suspect aux yeux de l'administration française. 42 Il fallait fournir des papiers en règle grâce à l'aide d'un secrétaire de mairie. Celui-ci cherchait alors des noms pour lesquels aucun titre de rationnement n'avait été délivré en évitant, bien sûr, les personnes qui étaient emprisonnées depuis 1940. Il fallait aussi recevoir toutes les cartes, tous les récépissés ou avis officiels – comme ceux des impôts – obtenus soit en les demandant ou en les achetant comme les cartes de demi-tarif de la SNCF. Ce travail d'obtention d'une nouvelle identité obligeait à d'énormes précautions. Ainsi la nouvelle identité ne devait pas commencer par les mêmes initiales: les résistants abandonnaient alors tous leurs objets personnels marqués de leurs noms (linges, portefeuille... y compris leur alliance). Ce changement d'identité se heurtait également à un autre problème, celui de la photo: les résistants changeaient régulièrement de physionomie (moustache, barbe, longueur de cheveux , ...). Cette action de fourmi a permis de sauver de nombreuses vies de résistants même si certains sont morts exécutés, avec le tort d'avoir, par exemple, des faux papiers de la milice. D'autres conséquences moins graves auront lieu après la libération comme la difficulté de l'Etat Civil à remettre de l'ordre dans des familles où plusieurs personnes faussement nommées s’étaient mariées et avaient eu des enfants sous ce nom d’emprunt. 2) La résistance intellectuelle Une résistance intellectuelle se mettait en place. La force de mots, des couleurs, des notes, de l'art en général était également une force. Ils permettaient de lutter, à leur manière. Les intellectuels ne pouvaient rester en dehors du combat que menaient les résistants. • L’université française Dès les premiers moments, elle entra en résistance car les allemands luttaient contre l'université française On assista alors à des manifestations anti-allemandes des étudiants de l'Ecole de Droit dans les rues et aux Champs Elysées. Les professeurs de l'université de Strasbourg, repliés à Clermont-Ferrand, furent poursuivis par les allemands ce qui inspira le Chant de l'Université de Strasbourg de Louis Aragon. Les intellectuels français voulaient montrer aux occupants qu’ils leur étaient hostiles. De la sorte, de nombreux étudiants s'engagèrent soit dans les maquis soit dans l'armée secrète ou les FTP. Cette résistance s'accentua avec l'expulsion par les allemands des professeurs israélites. Des journaux paraissaient tel que « l'Université Libre » regroupant des professeurs et des étudiants tandis que « L'Ecole Libératrice » était fait par des instituteurs et institutrices. Bon nombre des membres de l'Education Nationale furent exécutés ou bien déportés comme Henri MASPRO. On peut également citer Jean CAVAILLES, du Docteur ULES, Marc BLOCH, Georges BRUHAT. Tous étaient des membres honorables de l'Université Française. De nombreux membres entrèrent en résistance comme le montre la création du « Palais Libre ». Certains le faisant dans le cadre de leur travail. Ainsi Maîtres PITARD, HADJE et ROLMIKAS, avocats au barreau de Paris, furent exécutés comme otages, pour avoir plaidé la cause de patriotes. • Jean NOIR dit Jean CASSOU durant la guerre publia de nombreux ouvrages contre le régime nazi ce qui lui valut une traque de la part des nazis l'obligeant d'aller de région en région. Paul ELUARD faisait partie également des écrivains résistants. Il écrivit alors sur la misère des français en dénonçant les oppresseurs. Il participa aussi à la vie du maquis car il croyait encore à la victoire de la France: "Nos vainqueurs d'hier périront ». Son ami Georges HUGNET écrivit un long poème, « Non Vouloir » illustré par Pablo PICASSO dans lequel il oppose le non vouloir des poètes à la volonté destructrice des occupants. ELUARD participa également à la « Bibliothèque Française » un des nombreux journaux clandestins. Le poète cherche à mettre en avant les martyrs français comme Lucien LEGROS. Après avoir manifesté, il fut arrêté puis jugé en juin 1942. Condamné aux travaux français, il est livré à la Gestapo. Ayant senti sa cause perdue devant le tribunal allemand il clame haut et fort son patriotisme. Après l'avoir gracié quelques jours auparavant, Goering le fait exécuter comme otage. • • Les écrivains Peintres, musiciens, acteurs et autres artistes Différents artistes participèrent à la résistance intellectuelle. Le barreau 43 Ainsi grâce à l'effort des peintres et de la Résistance, une publication d'un album de luxe fut tiré à trois cent exemplaires au profit des FTP. Peintres, conservateurs de musée résistèrent au pillage culturel des tableaux – organisé par l'Etat Français à la solde du régime nazi – en participant à leur sauvegarde. Les œuvres du Louvre furent cachées en plusieurs endroits. La Résistance les révéla à la France Libre de Londres. Pablo PICASSO, malgré de multiples invitations faites par les pays étrangers, décida de rester en France. Il continua à peindre. Dans son atelier de la rue des Grandes Auges, il fait jouer, en avril 1944, sa pièce Le désir attrapé par la queue où de nombreux intellectuels de la Résistance étaient présents comme Raymond QUENEAU, Albert CAMUS, SARTRE, Georges HUGNET ou bien Cécile DECAUNES. Les musiciens résistèrent aussi en illustrant musicalement des poèmes de Paul ELUARD comme Liberté. Au début de 1942, le Comité des musiciens français créèrent un journal où ils défendent la musique française envahie par le romantisme allemand. Certains musiciens prirent des risques afin de donner des cours aux juifs. Les acteurs, les auteurs et les cinéastes ne furent pas de reste également. Pierre DUX, administrateur de la Comédie Française dès août 1944 a distribué des tracts en faveur de la résistance et a refusé de faire 44 jouer les pièces de propagande nazie à la Comédie Française. • Les résistants de l'extérieur Certains intellectuels se réfugièrent en Afrique dès l'armistice où ils résistent avec comme seule arme la force des mots. Ainsi Max-Tol FOUCHET, dans sa revue « Fontaine » exprime avec d'autres écrivains son attitude de refus de la victoire allemande. Il dénonça le régime de Vichy et ses lois comme le STO. Pour ceux qui sont à Londres, de nombreux journaux vont paraître comme « France » et « la Marseillaise » qui fut interdit par Londres en avril 1943. Ils furent publiés au Caire, à New York, à Alger et à Dakar avec la collaboration de Jules ROMAIN, Georges BERNANOS... Les intellectuels français sont aussi aux Etats-Unis comme le professeur Henri FOCILLON qui fonde l'Institut Français ou l'Ecole libre des Hautes Etudes – c'est la même école. Celle-ci défend le point de vue des Français Libres. Les membres de la résistance intellectuelle permettèrent de développer la culture de la France Libre en affirmant son refus de l'Allemagne nazie, son patriotisme et ses attachements aux droits de l'Homme. 3) Les maquis Les rigueurs de l’Occupation, l’invasion de la zone libre, en novembre 1942, et surtout l’instauration d’un Service du travail obligatoire (STO) en février 1943, poussèrent un nombre croissant de Français à entrer dans la clandestinité et à mener des actions de harcèlement contre les allemands et les miliciens. Le S.T.O. fournit les maquis en jeunes réfractaires se cachant dans les régions peu accessibles et dans les contrées où une végétation abondante masquait les mouvements de groupes (Savoie, Dauphiné, Limousin, Morvan, Jura, Auvergne. Ils sont aidés puis pris en main par les mouvements de Résistance. Ils leur fournissent vivres et papiers puis, les incluant dans l’action directe, leur procurent encadrement, armes et munitions. A travers les maquis, la Résistance prend ellemême des formes diverses, selon les tactiques adoptées. Créé en 1941 et ayant aux côtés des dirigeants communistes (TILLON, JOLIOT, WALLON, Pierre VILLON) des hommes tels que Louis MARIN et Jacques DEBUBRIDEL, le Front national engage ses maquis dans une action de harcèlement des forces allemandes et de la milice. Le mouvement des Francs-Tireurs organise les premiers maquis importants, en 1941. L’intervention directe de ces différents groupes reste cependant longtemps limitée. En zone occupée, les conditions sont beaucoup plus périlleuses et les premiers groupes, sans liens entre eux, sont décimés. D’autres organisations voient le jour : « Organisation civile et militaire » qui s’introduit dans les grandes administrations et met en place un réseau d’informations efficace, Ceux de la Résistance, liée à « Combat » et ceux de « la Libération », sont plus axés sur l’action directe contre l’occupant. Les communistes entrent massivement dans la Résistance après l’invasion de l’URSS par l’Allemagne, en juin 1941. Ils fondent le Front national qui mène de nombreuses actions de sabotage. Leur bras armé, les Francs-Tireurs et Partisans Français (FTP ) restent indépendants des autres groupes. Le Comité d’action militaire (COMAC) où sont représentés l’Armée secrète (gaulliste), les FTP et l’Organisation de Résistance de l’Armée (ORA,), assure la liaison avec les maquis. En février 1944, toutes les forces sont regroupées, en théorie, dans les Forces Françaises de l’Intérieur (FFI), dirigées à partir de Londres par le général KŒNIG. Des délégués militaires, chargés d’encadrer les FFI, de leur fournir des armes et de leur transmettre les directives des Alliés, sont envoyés en France. L’effectif maximal des maquisards, difficile à estimer, est d’environ 20 000 hommes en octobre 1943, de 30 000 à 40 000 hommes en mars 1944 et de 200 000 hommes en juillet 1944. Ils sont incorporés dans l’armée française par un décret du 24 septembre 1944. Leurs principales zones d’action sont les Alpes, où ils disposent d’un armement important pris à l’armée italienne ; le Massif Central ; le Jura et la Bretagne. Les maquis de la Résistance interviennent en force surtout après le débarquement allié en Normandie (6 juin 1944), harcelant les allemands et multipliant les opérations de sabotage des infrastructures de transport et de communication pour gêner leurs mouvements. 45 5) Les difficultés a) La répression allemande De nombreux résistants furent arrêtés par la Gestapo ou la milice de Vichy. Ils étaient dénoncés ou arrêtés au fruit d’un hasard, d’un bavardage ou d’une étour-derie. Ils pouvaient être trahis car des personnes avaient parlé sous la torture ou pour de l’argent. Par exemple, début 1942, Henry De VILLIERS, agent double, faisait passer des documents dans la zone Nord pour le compte des résistants et en informait les allemands. A cause de lui, de nombreux résistants furent arrêtés. - - Il existe 2 types d’arrestation : les arrestations de masse souvent à la suite d’une trahison ou d’une dénonciation. Les gens étaient généralement fusillés en groupe. les arrestations individuelles dues à la vigilance de la Gestapo qui surveillait les allers et venues suspectes. La plupart des résistants arrêtés subissaient la torture . En voici quelques exemples : - Les allemands leur plongeaient la tête dans l’eau glacée d’une baignoire par intervalles plus ou moins longs. - Ils cassaient les doigts ou les dents, retournaient les ongles, brûlaient au fer rouge les différentes parties du corps humain. - Ils utilisaient la famille comme moyen de pression pour les faire parler. Les résistants prenaient donc des pseudonymes ou noms d’emprunt pour éviter de mettre en péril la vie de leurs proches. Certains préfèrèrent se donner la mort plutôt que de parler en se taillant les veines ou en prenant des capsules de cyanure qui étaient dissimulées sur eux. 46 Des résistants repérés mais arrêtés par la Gestapo essayèrent s’échapper en Angleterre ou dans maquis. Le plus souvent, ils échouent manque de temps. non de les par b) Les difficultés d’approvisionnement Les résistants ne pouvant s’approvisionner normalement du fait de leur clandestinité utilisaient différentes façons pour se nourrir ou s’armer. Ils étaient nourris par les fermes avoisinantes du maquis au risque et péril de ceux qui les aidaient. Ils fabriquaient de faux tickets de rationnement. Ils étaient fournis par des parachutages de nuit qui étaient très dangereux car c’était un moyen pour les allemands de les repérer. De plus, il fallait beaucoup de temps pour qu’ils récupèrent le matériel envoyé et pour le cacher. Les anglais qui étaient leur fournisseur principal ont mis du temps à se rendre compte de l’importance des agissements des résistants et de leur réussite. C’est pour cela qu’au début de la guerre, ils leur envoyait des armes de qualité moyenne. c) les difficultés d’organisation Il existait des divergences d’idées au niveau des différents groupes de résistants. L’unification faite par Jean MOULIN en 1942 a permis une meilleure entente et des actions plus nombreuses et plus efficaces au niveau national. Les états-majors basés à l’étranger et notamment en Angleterre avaient du mal à recevoir toutes les informations fournies par les résistants car les allemands avaient le moyen de localiser les différents émetteurs français. Les anglais avaient un doute quant à l’efficacité de la Résistance. C’est pour cela qu’ils ont mis en place des groupes spéciaux appelés « Jedburgh » pour encadrer le maquis. Ces groupes étaient composés de Exécution de résistants après une arrestation de masse trois officiers : un anglais, un américain et un français. Les peines infligées à un auteur d’attentat 47 III. Unification de la Résistance 1) Les relations entre la Résistance intérieure et la France libre A) 25 OCTOBRE 1941, LE FACE A FACE DE GAULLE - JEAN MOULIN 1) Moment extraordinaire et émouvant. L’entente est immédiate entre ces deux hommes que tout sépare – un général maurrassien et un préfet de gauche – hormis leur foi patriotique et le service à l’Etat. De GAULLE décide immédiatement d’en faire son délégué et de lui confier une mission. Cependant pour répondre aux interrogations de Jean MOULIN sur l’avenir de la République, le Général, dans un discours du 15 novembre, reprend non seulement « Honneur et Patrie » mais ajoute le devise « Liberté Egalité Fraternité » et s’engage solennellement à la rétablir. Jean MOULIN plaide pour une unité des mouvements pour rassembler toutes les actions individuelles risquant de devenir anarchiques et incontrôlées, tout en laissant une certaine autonomie aux chefs. Ces dirigeants, ayant fondé seuls leurs groupes, ne supporteraient pas la subordination à un général émigré loin de la métropole et de leurs problèmes. Enfin, il fait apparaître le danger de la concurrence communiste qui risque de récupérer ces bonnes volontés livrées à elles-mêmes, en cas de carence du côté de la France Libre. Il veut unir, quelles que soient leurs convictions politiques, tous ceux qui souhaitent expulser les allemands de France. Les réseaux, dit-il, demandent des liaisons avec Londres, de l’argent, des armes. Trois ordres de missions sont préparés : 48 - Une mission politique : fédérer les mouvements de résistance sous l’autorité du Général de GAULLE. Une mission militaire : organiser une branche militaire spéciale de chaque mouvement. La coordination et la centralisation se faisant à Londres, les opérations seront déclenchées sur ordre personnel du général de GAULLE. De GAULLE veut, en face de CHURCHILL et du général GIRAUD, affirmer son autorité, contrôler les troupes et les opérations. Une mission de propagande et de renseignements. Jean Moulin est le représentant personnel du général de Gaulle et le délégué au Comité National pour la zone sud. Sa mission était de « réaliser en zone libre l’unité d’action de tous les éléments qui résistent à l’ennemi » Ces deux hommes se sont réciproquement une entière confiance. faits Porteur de ses ordres de mission, Jean MOULIN est parachuté le 2 janvier 1942 dans la nuit, en Provence près de SaintAndiol, au sud des Alpilles. 2) L’œuvre de REX-MAX « Malgré des difficultés inouïes, il allait faire une œuvre gigantesque » (Colonel PASSY). Du 2 janvier à fin novembre 1942 Il met sur pied à Lyon les organes de la Résistance Unie : - - - De novembre 1942 au 27 mai 1943 Le Bureau d’Information et de Propagande (BIP) confié à Georges BIDAULT, son successeur en 1943. Le Noyautage des Administrations Publiques (NAP) de Claude BOURDET est favorisé. Le service de transmission pour les liaisons radio avec Londres. Le service des opérations aériennes et maritimes pour les questions logistiques(courriers, parachutages, atterrissages). Il travaille à souder les équipes avec argent et moyens de Londres et fait régner une union civique avec une discipline sans état d’âme. Usant tour à tour de sentiment, de logique et d’autorité, il persuade les mouvements de la zone libre de se rallier à De GAULLE : - « Combat » (né de la fusion de « Liberté » et « Libération nationale ») de Henri FRENAY, - « Libération » d’Emmanuel D’ASTIER de la VIGERIE, - « Franc-Tireur » de Jean-Pierre LEVY. réseaux Franc-Tireur Combat Libération Sud Libération nord Ceux de la Libération OCM Ceux de la Résistance partis politiques Parti socialiste Parti radical-socialiste Front national Parti démocrate populaire Alliance démocratique Parti communiste Le débarquement des alliés en Afrique du Nord change quelque peu la donne. Ignorant De GAULLE, les alliés reconnaissent DARLAN puis GIRAUD comme chef de l’autorité civile et militaire appliquant les lois de Vichy. Jean MOULIN sent le danger entre les néo- vichystes (GIRAUD), les partis et les communistes. Il contre-attaque auprès des alliés et reprend un projet du parti socialiste de créer un Conseil de la Résistance fédérant les mouvements, les partis politiques, les syndicats. Ainsi, de GAULLE, reconnu, deviendrait le représentant légitime de la France résistante. Les mouvements (anti-partis) rebellent mais finissent par accepter. se Le Conseil de la Résistance créé le 27 mai 1943 se réunit à Paris au 48, rue du Four. Jean MOULIN est nommé représentant personnel de De GAULLE pour toute la France et président du syndicat Conseil. CGT CFDT Pour voyager sans éveiller les soupçons, il est marchand de tableaux. Sa galerie d’art « Romanin » à Nice, gérée par une amie Colette PONS, est inaugurée le 9 février 1943 en grande pompe, sous le portrait du maréchal PETAIN. Un comité de coordination, sous la présidence de Jean MOULIN, coiffe les trois mouvements qui vont se constituer en Mouvements Unis de Résistance : les MUR. Il regroupe les éléments paramilitaires dans une Armée Secrète unique (AS) commandée par le général DELESTRAINT. 49 C’est la volonté de créer un parlement clandestin, embryon d’une représentation nationale regroupant des délégués de tous les mouvements de résistance, des délégués syndicaux et des représentants des anciens partis de la droite à l’extrême gauche soit 16 représentants : - 8 pour les mouvements - 6 pour les partis politiques - 2 pour les syndicats de résistance (cf. tableau ci-dessus) Jean MOULIN est venu à bout des réticences, des obstacles, affirmant ainsi la suprématie de De GAULLE. Cette légitimité démocratique oblige les alliés à la reconnaître et lui permet de l’emporter sur GIRAUD. De plus, il scelle l’unité de la Résistance. Les missions confiées Moulin sont accomplies. à Jean De GAULLE débarque à Alger le 30 mai avec cet extraordinaire atout. Jean MOULIN 50 « Cette journée du 27 mai a été la journée du sacre du général De GAULLE par les barons de la résistance métropolitaine ». 2) Les étapes de l'unification et la mise en place d'un gouvernement provisoire de la République A) En route vers l'unification Jean MOULIN, parachuté en France le 1er janvier 1942, réalise en partie cette union et constitue le Mouvement Uni de la Résistance (M.U.R.). En 1943, encouragé par le ralliement de certains leaders politiques, de GAULLE provoque à Alger la réapparition des anciens partis, cela souvent contre les vœux des résistants. Le Conseil National de la Résistance comprend des représentants des principales tendances: Parti communiste, Parti socialiste, Parti radical, démocrates chrétiens tenant de la droite classique, auxquels se joignent des représentants syndicaux. En 1943, l’attente de la libération par les armées alliées est quasi générale, même chez ceux qui demeurent partisans du maréchal PETAIN. Le Mouvement Uni de la Résistance et l’Organisation de Résistance de l’Armée préféraient conserver leurs maquis en réserve pour une action généralisée et concentrer leurs effets sur la transmission de renseignements aux Alliés et aux F.F.L. Les maquis de la Résistance interviennent en force à partir du débarquement allié en Normandie (juin 1944), soit en démantelant les réseaux de communications ferroviaires utilisés par les allemands, soit en acceptant des engagements sur position afin d’opérer une 51 fixation des forces ennemies. Au cours du second semestre de 1943, les territoires de l’Empire français et les forces armées extérieures et intérieures étaient devenus dépendants du Comité Français de Libération Nationale créé en juin. Celui-ci prenait, le 4 avril 1944, le nom de Gouvernement provisoire de la République Française. Dès lors, la Résistance formait un tout organique et recevait une nouvelle force de son insertion même dans la nouvelle structure politique. Le G.P.R.F. comprend une assemblée consultative au sein de laquelle on trouve des représentants de tous les mouvements de résistance. Au printemps 1944, l’union s’accomplit progressivement entre l’Armée secrète, l’Organisation de Résistance de l’Armée (O.R.A.) et les Francs-Tireurs et Partisans (F.T.P.). Le général KOENIG est nommé chef des Forces Françaises de l’Intérieur (F.F.I.). Le C.N.R établit un programme politique, économique et social. Il réclame une sévère épuration qui devait guider l’élaboration du nouveau gouvernement. En tout état de cause, la Résistance est unanime dans son refus d’un retour à la IIIe République. L'œuvre d'unification de Jean MOULIN aboutit une organisation complexe. (voir organigramme page 52). b) Du CFLN au gouvernement provisoire de la République La première séance du Comité Français de Libération Nationale (C.F.L.N.), créé le 3 juin 1943, a lieu le 4 juin à Alger, sous la coprésidence du général de GAULLE, représentant les Français de Londres, et du général GIRAUD, représentant ceux d’Alger. Il comportait cinq membres: le général CATROUX, le général GEORGES, MASSIGLI, MONNET et PHILIP. Le 7, il sera complété avec ABADIE, COUVE de MURVILLE et René MAYER, présentés par GIRAUD ; André DIETHELM, René PLEVEN , Adrien TIXIER et Henri BONNET présentés par de GAULLE. Au cours des cinq mois de coprésidence, l’influence du général GIRAUD va décliner au profit de celle du général de GAULLE. GIRAUD était au 4 juin 1943 combattant civil et militaire de l’Empire, rentré dans la lutte contre l’Allemagne nazie. Sa réputation de soldat était grande ainsi que sa popularité en Afrique du Nord. Il va jouer un rôle prépondérant dans la campagne victorieuse de Tunisie et dans la libération de la Corse. L’armée française nouvelle sera en grande partie son œuvre. Peu soucieux de politique, il avait essayé de libéraliser le régime en Algérie en laissant en place les fonctionnaires du gouvernement de Vichy et en libérant les adversaires emprisonnés. Il bénéficie de l’appui de ROOSEVELT. De GAULLE jouit, quant à lui, du soutien de CHURCHILL . Le 27 mai 1943, le Conseil National de la Résistance, réuni par Jean MOULIN à Paris, s’est prononcé en faveur d’une direction politique confiée au général de GAULLE. D’emblée, un vif conflit oppose les deux hommes sur la conception de leur rôle respectif. Le 3 août 1943, GIRAUD accepte le commandement en chef des forces françaises, ce qui tendait à l’éloigner de toutes fonctions politiques. Le 1er octobre, au terme de la libération de la Corse, le C.F.L.N. décrète qu’il n’y 52 aura désormais plus qu’un seul président élu pour un an et rééligible. Le 9 novembre, le C.F.L.N. remanié n’a qu’un président: le général de GAULLE. Le 8 avril 1944, le général GIRAUD est privé de toute responsabilité militaire. Sous l’impulsion du C.F.L.N., une politique d’épuration se fait jour en Afrique du Nord et frappe d’abord les représentants les plus élevés de l’administration civile et militaire. Le 10 août, le C.F.L.N. décide que PUCHEU, ancien ministre de Vichy qui avait rallié Alger, sera jugé par un tribunal militaire. Il est condamné à mort et exécuté (mars 1944). Parmi les militaires aussi, une sourde rivalité oppose partisans du général de GAULLE et partisans de GIRAUD. L’amalgame se réalise lentement grâce à la mise sur pied d’un état-major commun, puis à la fusion du Bureau Central de Renseignements et d’Action (B.C.R.A.), anciennement à Londres, et du Service de Recherche et de Contre-espionnage (S.R.C.E.). De GAULLE en fait une direction générale des Services Spéciaux dirigée par Jacques SOUSTELLE Le 3 novembre, le C.F.L.N. suscite la naissance d’un partenaire où dominent les représentants de la résistance intérieure: l’Assemblée Consultative Provisoire. Désormais le C.F.L.N. se comporte comme s’il était le gouvernement reconnu de la France. Il prévoit l’ensemble des sanctions qui frapperont les collaborateurs, à la libération du territoire métropolitain (de la suspension de fonctions à l’indignité nationale), et la création de juridictions exceptionnelles. Pendant la même période, le C.F.L.N., grâce notamment à GIRAUD obtient des Américains la formation de quatre divisions blindées (dont celle de Leclerc qui débarquera en Normandie) sur douze divisions françaises. Les corps expéditionnaires représentent 256 000 hommes. Celui d’Italie est confié au général Juin , et une deuxième armée est mise sur pied sous le commandement du général de LATTRE de TASSIGNY qui doit débarquer en Provence. Développant une esquisse politique extérieure indépendante, le C.F.L.N. se proclame, le 26 mai 1944, gouvernement provisoire de la République 53 française. IV Le rôle de la Résistance dans la Libération de la France 1) La libération de la France A partir du 6 juin 1944, date du sent près de 80% des effectifs lors des sièges débarquement en Normandie, les FFI de Brest, Lorient et Saint Nazaire . En deux mois, ils feront près de 20 000 prisonniers. se grossissent. Beaucoup d'hommes Il en va de même dans l'Est. Ainsi qui ont hésité à vivre dans les maquis certaines troupes allemandes mettent 15 se rallient aux FFI. A cela, s'ajoutent, sur ordre du Gouvernement Provisoire jours pour aller de Nancy à la Normandie et de la République du général de arrivent quand la victoire alliée est acquise. A Paris, l'insurrection commence dès le GAULLE, d’anciens officiers d'active et de réserve, qui n’étaient rentrés en 10 août 1944 par la grève des cheminots, résistance,. puis les métros, les PTT et la police. L'EtatEn Normandie, les troupes Major de KOENIG est favorable à un allemandes sont en nombre soulèvement afin de montrer que la considérable. Les seules actions Résistance n'est pas un mythe. Cependant, possibles sont donc le sabotage et le celui-ci n'est pas sans risque s’il n’est pas harcèlement, menées par des groupes réalisé à la date prévue. En effet, les Alliés de quelques hommes. Le transport des sont à quinze jours de la ville. De plus les armes, le passage des lignes de fer, le Américains ne veulent pas prendre Paris convoiement des parachutistes sont des pour ne pas perdre de temps à approopérations militaires dangereuses. visionner la ville. Après les requêtes de De En Bretagne, les FFI interviennent GAULLE et de KOENIG, ils autorisent la directement. Ainsi fin juin 1944, avec division LECLERC à marcher sur la 5 000 hommes, ils réussissent à capitale. Le 25 août, elle entre dans Paris interrompre la circulation des trains aidée par les FFI. De GAULLE descend dans toute la Bretagne. Malgré les triomphalement les Champs Elysées le 26 pertes dues aux opérations allemandes, août 1944. Grâce à la Résistance, Paris est ils sont près de libéré par des 20 000 fin juillet. Tout Français. l'intérieur de la A l'ouest, les Bretagne est presque FFI harcèlent les sans contrôle. La troupes percée d'Avrance de la allemandes IIIe Armée américaine comme le jette les FFI bretons en demande plein combat. Ils KOENIG. Ainsi, servent de guides aux la division Alliés, assurent la tristement célèbre garde des prisonniers, "Das Reich ", celle harcèlent les arrières d'Oradour sur de l'ennemi. Au milieu Glane, condamnée du mois d'août, ils sont à emprunter la près de 80 000 homroute, est attaquée mes. La IIIe Armée tout au long de son américaine laisse aux parcours. FFI la tâche de réduire Dans vingtles quelques poches de huit départements Une fiche de démobilisation d’un soldat résistances allemandu sud-est et du de la FFI des. Ainsi ils fourniscentre, la 54 Libération est l'œuvre des FFI. La Savoie, la Haute-Savoie, l'Isère, la Drôme et l'Ardèche sont au main des FFI du fait de la présence de nombreux maquis dans la région. Malgré des opérations contre eux, les FFI assurent l'insécurité aux arrières des lignes allemandes. Dans le plan allié de débarquement en France du Sud, les FFI doivent désorganiser les communications ennemies. Ils s'acquitteront en grande partie de leur tâche. Ainsi sur les quatre divisions de réserve de la XIXe armée allemande, trois sont immobilisées loin de la Mer Méditerranée par les FFI. L'Ardèche, grâce à l'intervention des FFI, est libérée avant l'arrivée des Américains. Dans la Drôme et dans l'Isère, les FFI servent d'Infanterie aux Américains. Dans la région lyonnaise, les FFI s'emparent de Mâcon et de Paray-le-Monial les 3 et 4 septembre. Les FFI du Sud-Est font près de 40 000 prisonniers. Le général EISENHOWER estime les effectifs à quinze divisions. Le concours de la population civile et la masse de renseignements fournis aux unités débarquées, auxquels on peut rajouter la division LECLERC et la 1re Armée, ont fortement raccourci la durée de la guerre. 55 2) Un exemple local : la Libération de Lyon Le débarquement de juin 1944 remplit d'espoir la Résistance. Cependant celle-ci ne peut être efficace sans l'appui de l'opinion publique qui lui est acquis rapidement. La Résistance entre dans l'action malgré les nombreuses rafles de la Milice de la Gestapo. Ne pouvant être libéré par l'intérieur faute de moyens satisfaisants, Lyon le sera de l'extérieur. Alban VISTEL décide de faire converger vers Lyon le maximum d'unités disponibles en liaison avec les armées américaines et la Première Division Française Libre. Les unités éloignées – Savoie, HauteSavoie, Jura, Saône-et-Loire – sont chargées d'anéantir les moyens de communication et de liaison des nazis, de les harceler, d’assaillir leurs colonnes afin de les immobiliser pour qu'elles fassent défaut à Lyon. Alban VISTEL demande à toutes les forces des FFI engagées dans l'investissement de Lyon d'être aux abords immédiats de la ville le 29 août au soir. L'ordre d'attaquer sera donné par le commandement régional. Le 30 août, VISTEL donne à Bayard (DESCAN) le commandement des opérations. A) LA PREPARATION Le 10 août éclate à Lyon une grève patriotique. Le mouvement est suivi par près de 10 000 travailleurs. Cependant la grève s'éteint progressivement. 1) La bataille de Meximieux Le 31 août, mille cinq cent membres des Maquis de l'Ain (voir journal Pierre CHASS ), sur ordre de VISTEL, prennent position autour de Meximieux. Les Allemands ont besoin de contrôler l'important carrefour routier de Meximieux et envoient la XIe Panzer Division SS, 56 comprenant une vingtaine de chars. Les FFI reçoive alors du renfort d'éléments avancés de l'armée américaine (2 cars et une cinquantaine d'hommes). Avec les renforts américains de la nuit du 2 au 3 août, les Allemands se replient sur Lyon subissant ainsi de lourdes pertes : 13 chars détruits et plus d'une centaine d'hommes hors combat. Les pertes des FFI sont également lourdes : 75 morts et près de 150 blessés. 2) 1er septembre 1944 Le 1er septembre 1944, Alban VISTEL, chef régional des FFI, se rend compte que les Allemands ne chercheront pas à défendre Lyon et que leur seul souci est de protéger leur retraite. La voie de dégagement de Meximieux étant coupée, cela ne peut qu'accélérer leur repli. B) LA LIBERATION DE LYON 2 septembre 1944 Dès la fin août l'armée allemande connaît des problèmes de discipline. Certains fuient à bicyclette volée aux civils. Depuis le 31 août, toute circulation est interdite sur les ponts. Les quotidiens cessent de paraître. Le samedi 2 septembre, les Allemands font sauter tous les ponts à l'exception de deux ponts sur la Saône. Dans l'après-midi, ils quittent la Presqu'île. Ils battent en retraite. Dans la nuit du 1er au 2 septembre, la Préfecture est abandonnée par les Allemands. A 14 heures, VISTEL l'investit. A 16 heures, le drapeau tricolore à croix de Lorraine est hissé sur le bâtiment. Le 2 au soir, toute la rive gauche du Rhône soit le sud de Lyon est occupée par les FFI et les Américains. 3 septembre 1944 Le dimanche 3 septembre, à partir de 6 heures, les FFI appuyés par des membres des FFL se portent à l'assaut de Lyon dans la Presqu'île et sur la rive droite du Rhône. Du nord, arrivent les FFI du commandement MARY. A 8 heures, ils pénètrent dans la ville par le quartier de Saint Jean. A 8 H 35, ils atteignent l'Hôtel de Ville. Quelques combats ont lieu avec des Miliciens et des Allemands retardataires. Les FFI, dispersés en petites équipes, se chargent de ces poches de résistance. A la fin de la journée, Lyon est libéré. La XIX Armée Allemande a parfai- 57 tement réussi son "décrochage". Mêlés à une foule nombreuse et joyeuse, les FFI, FIP, FFL et quelques soldats américains se retrouvent dans la Presqu'île. Une foule immense se déplace dans les rues. Les drapeaux français et alliés fleurissent partout. Les libérateurs sont acclamés. La radio diffuse des hymnes et des chants ainsi que des discours patriotiques enregistrés à l'insu des Allemands. Epilogue La France est libérée. La guerre est finie. Le régime nazi n'existe plus. Un travail de dénazification va se faire en Allemagne. Les Hommes vont juger, l'Histoire aussi. PASSANT VA DIRE AU MONDE QU'ILS SONT MORTS POUR LA LIBERTE.* On ne doit pas pour autant oublier. Nous, les générations futures doivent savoir ce qui s'est passé, de quoi l'Homme est capable. Les associations d'anciens résistants nous y aident. Le devoir de Mémoire est obligatoire pour que les erreurs du passé de ne soit pas les erreurs de demain. Un monde nouveau va se développer. Le monde va se doter d'institutions solides pour maintenir une paix mondiale. L'Europe va changer, s'unifier. Une paix durable s'est installée. Cependant d'autres Résistances vont se développer face à d'autres oppresseurs. Dans la vie, rien n'est jamais résolu définitivement. Il faut être sur ses gardes. Prêt à la bourrasque. Capable de saisir la beauté d'un soir, d'un matin, d'une seconde; parce que, le jour suivant et la seconde qui vient peuvent être emportés par la tourmente. ** Un monde parfait n'existe pas. La Résistance a donc encore de beaux jours devant elle... Mais parce que la vie c'est la marche vers l'avenir. [...] Il faut faire confiance à ce qu'il vient. ** *Inscription sur le monument du souvenir à la Résistance, place Bellecour à Lyon. * *Martin GRAY, Le livre de la Vie : Robert Laffont. Il est également l'auteur de Au Nom de tous les Miens. 58 ANNEXES 59 LEXIQUE/ACRONYMES Afrique Equatoriale Française (AEF) : C'est une fédération qui, héritière du Congo français et de l’ Ouest-Africain (1891-1910), regroupa de 1910 à 1958 les colonies du Gabon, du Moyen-Congo, de l'Oubangui-Chari et du Tchad, limité : au nord par le Sahara algérien et la Lybie , à l'est et au sud par le Soudan et le Congo belge, à l'ouest par l'Atlantique et le Cameroun. Alliés : C'est l'ensemble des nations qui, pendant la Première et Seconde Guerre Mondiale, luttèrent contre l'Allemagne. Aryanisation : mesures visant à l’expropriation des biens et à l’extermination des personnes juives. Mesures discriminatoires, racistes et répressives particulièrement développées avec l'idéologie nazie. B.C.R.A.: Bureau central de renseignements et d’action. BBC British Broadcasting Corporation : premier organisme de radio et de télévision du Royaume-Uni, fondé en 1922. CGT : La Confédération générale du travail est née à Limoges en 1895. C’est une date essentielle du syndicalisme français. Il faut attendre 1919 pour que se crée une autre confédération syndicale: la Confédération Française des Travailleurs Chrétiens. Cependant, le monopole de la C.G.T. pendant la période 1895-1919 ne doit pas faire illusion: le problème de l’unité se pose, bien que ce soit en termes spécifiques. Il est l’expression de controverses entre la C.G.T. et la Fédération des Bourses du Travail qui l’a précédée et revendique, comme sa mission propre, les tâches de coordination. Après trois scissions, la C.G.T. est ancrée dans le syndicalisme de masse et de classe. Dirigée presque exclusivement par les communistes depuis 1947, adhérente de la Fédération Syndicale Mondiale qui ne compte guère en Europe occidentale. Elle est la principale force sur l’échiquier syndical français malgré le recul de son influence dû aux modifications du monde du travail, à la crise du mouvement syndical et à la chute des régimes communistes d’Europe de l’Est qu’elle a soutenus. CNF : Comité National Français . COMAC : Comité d’action militaire. C.F.L.N : Comité Français de Libération Nationale. Organe créé le 3 juin 1943 regroupant les gouvernements français d'Alger (général GIRAUD) et de Londres (général de GAULLE) Dénazification : fait de dénazifier. De débarrasser un pays, une administration de ses caractéristiques ou influences nazies. Diktat 1. traité imposé par une nation à une autre. 2. par extension décision imposée. FFL : Force Française Libre organe créé le 3 juin 1943, regroupant les gouvernements français d'Alger (général GIRAUD) et de Londres (général de GAULLE) FFI : Forces françaises de l’intérieur. 60 FTP ou FTPF : Francs-Tireurs et Partisans Français. Organisme de combat issu de la Résistance, constitué principalement de communistes, agissant en zone occupée à partir de 1942. G.P.R.F : Gouvernement provisoire de la République Française. Nom que prend le 3 juin 1944 le Comité Français de Libération Nationale (CFLN) réuni à Alger, assurant la transition entre le gouvernement de Vichy et l’élection du premier président de la IVe République en janvier 1947. Gestapo : abréviation de " Geheime Staatspolizei ", police secrète d'État. Police politique au service de l'Allemagne nazie. M.U.R. :le Mouvement Uni de la Résistance Lebensraum : espace vital en allemand. Milice : organisme de police et de sécurité intérieure créé par l’État français, le 30 janvier 1943, pendant la Seconde Guerre mondiale pour s’engager, aux côtés de la Gestapo, dans la lutte contre les résistants et dans la persécution des juifs. MLN : Mouvement de Libération Nationale Oradour sur Glane : village du centre-ouest de la France, commune du département de la Haute-Vienne, arrondissement de Rochechouart, en région Limousin, situé au nord-ouest de Limoges. À la fin de la Seconde Guerre mondiale, le 10 juin 1944, les 160 SS de la division «Das Reich» massacrèrent la population du village d'Oradour, en représaille des attaques des maquisards freinant leur remontée vers la Normandie, où le débarquement allié était survenu quelques jours plus tôt. Les ruines du village martyr sont très visitées par les touristes. O.R.A. :Organisation de résistance de l’armée R.O.P. : Recrutement, Organisation, Propagande. Branche dans le mouvement « Combat » qui est chargée de publier le journal. S.R.C.E. :Service de recherche et de contre-espionnage. S.F.I.O : Section Française de l’Internationale Ouvrière. S.R. : Service de Renseignement. S.T.O. : Service du Travail Obligatoire. Organisme Français de la Seconde Guerre Mondiale chargé de fournir à l'Allemagne de la main-d'œuvre pour ses entreprises. Le STO fut créé par Pierre LAVAL le 16 février 1943. Il se substituait à la «relève» qui avait, depuis 1940, fait appel à des volontaires pour aller remplacer dans les usines allemandes les prisonniers de guerre. Le STO était obligatoire à l'image du service militaire. D'autres mesures avaient été proposées, mais le STO, inscrit dans le cadre général d'une loi sur « l'utilisation et l'orientation de la main-d'œuvre» promulguée le 4 septembre 1942 par le gouvernement de Vichy, devait fournir à l'Allemagne une preuve supplémentaire de la bonne volonté française.Tous les hommes nés entre le 1er janvier 1920 et le 31 décembre 1922, soit trois classes d'âge du babyboom de l'après-guerre, furent mobilisés pour partir en Allemagne. 61 L'efficacité de cette mesure fut limitée : au total, peut-être 700 000 hommes furent déportés en Allemagne au titre du STO, mais les rafles ne parvinrent pas à mobiliser autant que désiré. De nombreux jeunes gens, pour échapper au STO, rejoignirent les maquis. Aussi furent mises en place à l'instigation de Speer, ministre de l'Armement du Reich, des Sbetriebe installées en France et dont la main-d'œuvre était dispensée du STO, en échange de 80 % de la production. Celle-ci constituèrent, pour une Allemagne dont tout le tissu industriel était soumis aux bombardements alliés, un appoint considérable. Velay : région volcanique du Massif Central, en Auvergne, dans le département de la HauteLoire. Il correspond à peu près aux arrondissements du Puy-en-Velay et d’Yssingeaux, qui en sont les villes principales. La vallée de l’Allier, à l’ouest, et le Vivarais, à l’est, limitent cette ancienne province. La Loire la traverse du sud au nord. Verdun, bataille de : engagement militaire majeur de la Première Guerre Mondiale opposant Français et Allemands, à proximité de la ville de Verdun (département de la Meuse). Livrée entre février 1916 et février 1917, la bataille a marqué un tournant décisif de la guerre sur le front français et constitue aujourd’hui l’un de ses principaux symboles. 62 INDEX BIOGRAPHIQUE ABADIE : ≡ p.50 BACARD : ≡ p.18 BAUDOIN Paul : → p.15 BERNANOS Georges ( 1888-1948 ) : il se livre à la critique morale de la politique dénonçant la bourgeoisie française et, plus tard, l'imposture de régime de Vichy. Il devient l'un des animateurs spirituels de la Résistance. Il est l'auteur de nombreux romans comme «La joie » publié en 1929. ≡ p.32 ;42 BLOCH Marc (1886-1944) : fils de Gustave Bloch, professeur d'histoire romaine à la Sorbonne, il soutient une thèse traitant des rapports entre les rois de France et leurs serfs. En 1936 il est nommé professeur d'histoire économique à la Sorbonne puis entre dans la Résistance en 1942 et meurt fusillé par les Allemands près de Trévoux. ≡ p. 41 BOLIA G. ≡ p.24 BONNET Henri ≡ p.50 BORIS G. ≡ p.23 BRASILLACH Robert (1909-1945) : après des études brillantes à l'Ecole Normale Supérieure, il se lance dans le journalisme. Reconnu comme un des meilleurs critiques de sa génération, il se passionne pour le théâtre. Engagé dans la politique d'extrême droite depuis 1934, devenu rédacteur en chef de « Je suis partout » il adhère avec une ferveur croissante au fascisme. Entre 1941 et 1944, il écrit de nombreux articles en faveur de l'Allemagne hitlérienne. Condamné à mort à la Libération, il est exécuté malgré la pétition de nombreux intellectuels. ≡ p.18 BRUHAT Georges : ≡ p.41 BUIS : lieutenant ≡ p.24 CAMUS Albert (1913-1960 ) : son œuvre manifeste son sentiment de l'absurde, son exigence de sincérité et de justice. Prix Nobel de Littérature en 1957. ≡ p.42 CASSIN René (1887-1976) : né à Bayonne le 5 octobre, d'une famille aisée. Il passera une enfance heureuse. Il se dirige très tôt vers le Droit. En 1914, il est Docteur en sciences juridiques, économiques et politiques. Cette même année, il est mobilisé pendant la Première Guerre Mondiale durant laquelle il obtint la Croix de Guerre avec une citation à l'Ordre de l'Armée et la Médaille Militaire. Tout en étant enseignant de droit, René CASSIN milite pour l'Union Fédérale des Mutilés et Veuves de Guerre auprès du Bureau International du Travail et adhère au mouvement pour la Société Des Nations (SDN). Il devient juriste international renommé. Le 29 juin, il arrive à Londres répondant ainsi à l'appel du Général de GAULLE. Il participe à la rédaction des statuts de la France Libre où il est secrétaire permanent du Conseil de Défense de l'Empire. Il fut également Commissaire National à la Justice et à l'Education au Comité Français de Libération Nationale. Compagnon de la libération, il fut décoré de la 63 Médaille de la Résistance avec Rosette. Militant des Droits de l'Homme des Nations Unies, René CASSIN participe à la rédaction de la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme dont il dirige le préambule. Après une vie orientée vers la défense des Droits de l'Homme: il reçut le 10 décembre 1968 le prix Nobel de la Paix. René CASSIN s'éteint en 1976 à 89 ans. ≡ p.23 ;24 ;31 ;36 CATROUX Georges ( 1877-1969 ) : sorti de Saint Cyr, il sert en Indochine, en Afrique, et participe à la Première Guerre Mondiale. Gouverneur de l'Indochine (1939-1940), il rejoint le Général De GAULLE à Londres et est nommé Haut Commissaire au Levant (1941), puis gouverneur général d'Algérie (1943-1944), commissaire d'Etat et au Comité Français de Libération Nationale. Il est ensuite ambassadeur en URSS et grand chancelier de la Légion d'Honneur. Après les troubles du Maroc, il est chargé des négociations pour le retour de Muhammad V en 1955. ≡ p. 23 ; 24 ; 50 CAVAILLES Jean (1903-1944) : auteur d'ouvrages de logique et de philosophie des Mathématiques, il s'oppose à la réduction des mathématiques et de la logique. Membre directeur d'un mouvement de Résistance, il est arrêté en 1943, emprisonné à Fresnes, puis exécuté à Arras par les Allemands ≡ p.41 CHATEAUBRIAND A. : ≡ p. 18 CHURCHILL Winston (1874-1965) : symbole de la détermination britannique pendant la Seconde Guerre Mondiale, à la tête d'un cabinet de coalition. Il est Premier Ministre de 1951 à 1955. Il a laissé de nombreux ouvrages et a reçu le prix Nobel de Littérature. ≡ p.46 ; 50 COCHET général ≡ p.20 COT Pierre (1895-1977) : député radical-socialiste (1928-1940), il contribue au ralliement du parti radical au Front Populaire. Réfugié aux Etats-Unis en 1940, il représente les radicauxsocialistes à l'Assemblée Consultative d'Alger en 1943-1944. Réélu député à l'Assemblée Nationale en 1946, il se rapproche des communistes. Il est réélu député de Paris en 1967. ≡ p.23 COUVE de MURVILLE Maurice (1907-1999) : inspecteur des Finances avant la Seconde Guerre Mondiale, il est membre de la commission franco-allemande de Wiesbaden après l'armistice conclu par Vichy. Il gagne Alger après les débarquements alliés en Afrique du Nord. Il est secrétaire général, puis commissaire aux Finances du Comité Français de la Libération Nationale à Alger. Directeur général des affaires politiques au ministère des Affaires Etrangères (1945-1950), il est nommé ambassadeur de France successivement au Caire, à Washington, et à Bonn. Ministre des Affaires Etrangères de 1958 à 1968, il est Premier Ministre de 1968 jusqu'au départ de De GAULLE. ≡ p.50 DARNAND Joseph ( 1897-1945 ) : après s'être distingué au cours de la Première Guerre Mondiale, il se fait remarquer par son action dans les ligues d'extrêmes droite. Après l'armistice de 1940, il est un des partisans de la collaboration, fonde le Service d'Ordre Légionnaire, puis la Milice Française pour lutter contre les maquis de la Résistance. Membre du comité directeur de la Légion des volontaires français et officier des Waffen S.S., il est nommé secrétaire général au Maintien de l'ordre. Après avoir gagné Sigmaringen avec les membres du gouvernement de PETAIN, il est arrêté en Italie, transféré en France où il fut condamné à mort et fusillé. ≡ p.18 ; 64 De GAULLE Charles (1890-1970) : refusant l'armistice de 1940 et le gouvernement de Vichy, il lance de Londres le fameux appel du 18 juin 1940, invitant à poursuivre les combats contre les nazis et organise la Résistance. A la Libération, il devient président du gouvernement provisoire de la République mais démissionne le 20 janvier 1946. Hostile "au régime des partis" qui caractérise selon lui la IVe République, il se retire jusqu'en 1958, quand la crise de la guerre d'Algérie lui permet d'instaurer un pouvoir présidentiel fort. Réélu à la tête de l'Etat en 1965, il affronte l'opposition de la gauche, des syndicats et des étudiants –mai 1968 – et démissionne après l'échec d'un référendum sur une réforme du Sénat. Il meurt en 1970. ≡ p.7 ;12 ;15 ;20 ;22 ;23 ;24 ;31 ;32 ;36 ;46 ;47 ;48 ;49 ;50 ;52 De HAUTECLOQUE, Maréchal Philippe Marie dit LECLERC (1902-1942) : deux fois prisonnier et évadé en mai-juin 1940, il rejoint De GAULLE à Londres et devient gouverneur du Cameroun qui se rallie à la France Libre (1940). Commandant militaire de l'AEF, il part du Tchad avec une colonne des FFL et conquiert Koufra sur les Italiens en mars 1942; c'est encore du Tchad qu'il part en décembre 1942 pour rejoindre Montgomery à Tripoli. Il participe alors à la campagne de Tunisie puis au débarquement allié en Normandie de juin 1944. Il libère Strasbourg le 23 novembre 1944. Commandant supérieur des forces françaiseS en Indochine il reçoit, pour la France, la capitulation japonaise. Il meurt dans un accident d'avion à 45 ans et reçoit le titre de Maréchal 5 ans après sa mort. ≡ p.23 ;24 ;50 ;52 ;53 DE LATTRE de TASSIGNY Jean-Marie Gabriel (1889-1952) : en novembre 1942, il tente de prendre le maquis lors de l'envahissement de la zone libre, mais désavoué par Vichy, il est interné. Il s'évade et gagne Alger et participe à la tête de la Ire Armée au débarquement de Provence. Il libère Toulon, Marseille, Lyon, Dijon, l'Alsace, et le 8 mai 1945 il reçoit pour la France la capitulation allemande à Berlin. La dignité de Maréchal de France lui est conférée à titre posthume en 1952. ≡ p.51 DEAT Marcel ( 1894-1955 ) : député socialiste en 1932, il se sépare peu après de la SFIO, fondant le Parti socialiste français à tendance réformiste en 1933. En 1939, il se prononce pour une politique de compromis avec l'Allemagne dans « l'Œuvre ». Fondateur du Rassemblement national populaire, parti collaborateur et fascisant, DEAT entre dans le régime de Vichy comme secrétaire d'Etat en 1944 et se réfugie en Italie après la libération où il meurt en 1955. ≡ p.18 DECAUNES,Cécile : ≡ p.42 DEJEAN M. : ≡ p. 24 DELANDE Eugène : Depuis 1987, ses cendres reposent au Panthéon pour les services exceptionnels rendus à la France et à l'Humanité. Il fut tout au long de sa vie animé par des convictions qu'il défendit avec ardeur durant toute sa vie. ≡ p.18 DIETHELM André : ≡ p. 50 DORIOT Jacques (1898-1945) : ouvrier métallurgiste, secrétaire d'Etat de la Jeunesse Communiste, député, il est exclu du parti Communiste en 1934 et évolue vers le fascisme. Partisan de la collaboration avec l'Allemagne, il contribue à la création de la légion des volontaires français contre le bolchevisme – LVF – et combat aux côtés des Allemands sur le front russe. Il meurt en Allemagne en 1945. ≡ p.18 DUVAURIN-PASSY ≡ p.24 65 DUX Pierre ≡ p.42 EISENHOWER, Général Dwight David (1890-1969) En 1933, le chef de l’état-major, le général Douglas MACARTHUR, le remarque et l’emmène aux Philippines de 1935 à 1939. La participation des États-Unis à la Seconde Guerre Mondiale lui ouvre de nouvelles possibilités. En 1942, après s’être fait remarquer lors des manœuvres de Louisiane, il entre à l’état-major général comme chef de la division des plans de guerre. Lorsque les Alliés décident de préparer un débarquement en Europe, c’est à lui que pense le général MARSHALL pour préparer les opérations. En fait, le débarquement a lieu d’abord en Afrique du Nord et le commandement en chef lui en est confié. Après la libération du Maghreb en mai 1943, EISENHOWER dirige le débarquement allié en Sicile, puis en Italie. En novembre 1943, le président ROOSEVELT lui confie la tâche de commander toutes les forces alliées qui seront débarquées sur les plages françaises . Les opérations qui commencent le 6 juin 1944 et ouvrent le deuxième front en Europe se déroulent sous sa responsabilité. Le 7 mai 1945, il reçoit, à Reims, la capitulation de l’armée allemande. En 1951, il est rappelé à la tête du commandement suprême des forces de l’O.T.A.N. Après avoir refusé en 1948, il cède en 1952 au Parti républicain, et se présente à l’élection présidentielle. Sa popularité, un programme rassurant, les tendances conservatrices qu’il affiche et qui correspondent aux sentiments de la majorité lui assurent une victoire aisée. Sa réélection en 1956 ne sera pas moins facile. ≡ p.53 FARAGOLE dit ROMAIN Jules (1885-1972 ) Il exalte la défense des valeurs humanistes. Il est l'auteur de "les Hommes de bonne volonté ", grande fresque romanesque, et de « Knock », célèbre pièce de théâtre où il raille la crédulité humaine. ≡ p.42 FOCILLON Henri (1881-1943) : il est l'auteur de travaux d'histoire de l'art dans des domaines très variés. Il a soutenu que si l'œuvre d'art a pu être comparée à une image reflétant la réalité extérieure, ou un signe renvoyant à toute autre chose qu'elle-même, elle est avant tout une forme. Dépassant " la distinction conventionnelle du fond et de la forme", il affirme que le "contenu fondamental de la forme est un contenu formel. ". Réfugié aux Etats-Unis durant la guerre de 1939, il crée l'Institut Français ou Ecole des Hautes Etudes à New York. Il meurt en 1943 aux Etats-Unis. ≡ p.42 FOUCHET Christian (1911-1974) : il rejoint la France Libre de Londres durant la Seconde Guerre Mondiale. Ministre des Affaires Tunisiennes et Marocaines en 1954-1955, ambassadeur au Danemark, haut-commissaire de la République en Algérie au lendemain des accords d'Evian, il est plusieurs fois ministre de la Ve République. ≡ p.24 ;42 FRENAY Henri (1905-1988) : Patriote ardent , il a, dès la première heure mis toute son énergie au service de la Résistance française . il a crée son propre réseau de propagande et de renseignement. Il a aussi crée le journal « combat ». Il n’était pas très favorable à l’unification de la Résistance par Jean MOULIN. ≡ p.22 ;34 ;46 ;47 GARREAU R. : ≡ p.31 GEORGES, général ≡ p.35 ;50 GIRAUD Henri (1879-1949) : commandant en mai 1940, il est fait prisonnier par les Allemands, mais s'évade en avril 1942. Il prend alors la tête des forces françaises d'AFN au lendemain du débarquement allié de novembre 1942 puis, après l'assassinat de DARLAN 66 représente la souveraineté française à Alger et bénéficie du soutien américain. Malgré son hostilité à De GAULLE, il est amené à coprésider avec lui le CFLN mais démissionne en avril 1944. Il a cependant reconstitué en Afrique du Nord, après le ralliement du Général JUIN, une armée française équipée par les Américains. ≡ p.46 ;47 ;48 ;50 GOERING Hermann (1893-1946) : il est plusieurs fois décoré comme aviateur durant la guerre de 1914. En 1922, il rencontre Hitler qui l'impressionne fortement, et adhère au parti nazi. Nommé chef des SA, il participe au putsch manqué de Munich. Hitler l'appelle aux plus hautes fonctions: il est ministre de l'Air et commandant de la Luftwafe, maréchal du Reich et chef suprême de l'économie de guerre. Comblé d'honneurs, il amasse une fortune considérable, constituant d'inestimables collections d'œuvres d'art volées dans les territoires occupés par les nazis. Avec les échecs qu'essuie la Luftwafe, le prestige de Goering décline. Il est désavoué par Hitler et expulsé du Parti en 1945. condamné à mort par le tribunal de Nuremberg, il réussit à s'empoisonner dans sa prison. ≡ p.41 GRINDELE Eugène dit ELUARD Paul (1895-1952) : poète français. Membre du mouvement surréaliste puis du parti communiste, il élabore un langage riche d'images et d'harmonies. Il est également membre de la Résistance Intellectuelle. ≡ p.41 ;42 HADJE Maître ≡ p.41 HENRIOT Philippe (1889-1944) : membre d'extrême droite, député, il est un partisan actif de la politique de collaboration au lendemain de l'armistice de juin 1940. Secrétaire d'Etat à l'Information dans le gouvernement Laval, il est condamné à mort et exécuté par la Résistance peu avant la Libération. ≡ p.18 HITLER, Adolf (1889-1945) : d'origine autrichienne, ancien combattant de 1914-1918, chef du parti nazi national-socialiste : NSDAP – il se fait connaître par un putsch manqué à Munich en 1923. Il est emprisonné durant 9 mois. Durant ce temps il rédige « Mein Kamp » (Mon Combat) où il expose l'idéologie du nazisme. Excellent propagandiste, il séduit les allemand humiliés par la défaite de 1918 et ruinés par la crise économique de 1929. S'appuyant sur les organisations paramilitaires des SA de RÖHM et des SS de HIMMLER, il devient chancelier en 1933 et chef – Führer – du IIIe Reich à la mort de HINDENBURG en 1934. Cumulant tous les pouvoirs, il organise avec GÖERING une redoutable police d'Etat, la Gestapo. Il met en œuvre son programme : réarmement, annexions des pays voisins – Autriche, Tchécoslovaquie etc., violence antisémite, puis extermination systématique des populations supposées inférieures – homosexuels, tziganes ...et plus particulièrement des Juifs. Il provoque la Seconde Guerre Mondiale. Finalement vaincu, il se suicide le 30 avril 1945. ≡ p.11 ;12 ;13 ;16 ;17 ;35 HUGNET, Georges ≡ p.41 ;42 KOENIG Marie Pierre (1898-1970) : capitaine en 1939, il fait partie du corps expéditionnaire en Norvège, puis, ramené en Grande-Bretagne, il se rallie au Général de GAULLE en 1944. A la tête d'une brigade des FFL, il résiste aux troupes italienne, puis allemandes à Bir Hakeim. Nommé commandant des FFI en 1944, puis gouverneur militaire de Paris après la Libération, il commande ensuite la zone d'occupation française en Allemagne – 1945-1949. Il entre par la suite en politique. Il est nommé Maréchal à titre posthume en 1984. ≡ p.24 ;49 ;52 LABARTHE, A. ≡ p.31 67 LAPIE, P.O. ≡ p.23 LARMINAT, général de ≡ p.23 ;24 LAVAL Pierre : plusieurs fois ministre, il est président du Conseil de janvier 1931 à février 1932. Face à Hitler, il veut assurer à la France l’alliance de l’Italie (janv. 1935) et celle de l’U.R.S.S. (mai 1935). Se prononçant contre la déclaration de guerre à l’Allemagne, il revient au premier plan après l’armistice. Le 23 juin 1940, ministre d’État, il fait intervenir le vote des pleins pouvoirs au maréchal PETAIN, le 10 juillet à Vichy. Il devient alors vice-président du Conseil. Persuadé de la victoire de l’Allemagne, il provoque la rencontre de Montoire entre Pétain et Hitler, d’où sortira la politique de collaboration (24 oct. 1940). Le 13 décembre, renvoyé par le maréchal, il reviendra au pouvoir le 17 avril 1942. Persuadé des difficultés de la collaboration, LAVAL s’engage dans une longue série de marchandages pour limiter les exigences de l’occupant. C’est la «relève» puis le Service du Travail Obligatoire. Mais, en même temps, son gouvernement prend des mesures de répression contre les juifs et contre les résistants. Prisonnier, il est jugé et condamné à mort le 9 octobre, LAVAL s’empoisonne dans sa cellule; il est découvert agonisant, soigné et porté devant le peloton d’exécution. ≡ p.17 ; 18 ;21 LEBRUN Albert ( 1871-1950) : ancien élève de Polytechnique, ingénieur des Mines, il siège à la Chambre des députés (1900) avec la gauche démocratique et est nommé ministre des Colonies (1911-1914) , puis du Blocus et des Régions libérées (1917-1920). Président du Sénat (1931), il est élu président de la Troisième République (1932-1940) et se retire après l'armistice et la formation du gouvernement de Vichy (juillet 1940). Arrêté par les Allemands, il est déporté (1944-1945). ≡ p.13 ;15 LEGROS, Lucien≡ p.41 MAGINOT, André ( 1877-1932 ) : député de la gauche démocratique (1910-1932) , soussecrétaire d'Etat à la Guerre (déc. 1913-juin 1914), il est grièvement blessé durant la Première Guerre Mondiale et devient ministre des Colonies (1917 et 1928-1929) , des Pensions (19201924), de la Guerre (1922-1924 et 1929-1932). A ce poste, il obtient du Parlement les crédits destinés aux fortifications de l'Est, qui portent son nom. (→ Index lexical: ligne Maginot) ≡ p.12 MANSION, ≡ p.24 MAINSTEIN, Maréchal Erich Von Lewinsky Von (1887-1973) : après s'être consacré à la résurrection de l'armée allemande, il est le chef de l'état major de Runstedt en Pologne (1939). En février 1940, il fait adopter par Hitler le plan de débordement de la ligne Maginot par les Ardennes, qui va devenir le plan de la campagne de France. En Russie, il commande la IIe armée et va conquérir la Crimée (1942). Au moment de Stalingrad, il est nommé commandant du groupe d'armées du Don. Il résiste longtemps à la poussée soviétique, mais, préconisant une vaste manœuvre de retraite, en contradiction avec les ordres de Hitler, il est relevé de son commandement en mars 1944. Condamné à dix-huit ans de prison par un tribunal militaire britannique allemand, il est libéré en 1953. En 1958, il est appelé comme conseiller lors la formation de la Bundeswehr. ≡ p.13 MARITAIN, Jacques (1882-1973). C'est un philosophe essayiste français. Converti au catholicisme avec sa femme, il est, contre la philosophie matérialiste et le bergsonisme, un des principaux interprètes du thomisme. C'est en humanisme chrétien qu'il aborde les problème 68 de l'expérience et de la philosophe religieuse, de l'esthétique et de la politique. ≡ p.32 MASSIGLI, ≡ p.50 MASSIP, J. ≡ p.31 MAURIAC, François (1885-1970) : son œuvre romanesque, critique et journalistique évoque l'inquiétude du chrétien dans sa lutte contre la tentation charnelle et dans son engagement dans le monde. Il manifeste une attitude critique face au monde bourgeois. Prix Nobel de littérature en 1952. Il fait partie de la Résistance intellectuelle. MAYER, René (1895-1972) : l'un des promoteurs de la SNCF en 1937, il milite dans la Résistance et fait partie du Comité Français de Libération Nationale, puis de plusieurs cabinets sous la IVe République, comme ministre des finances et comme ministre de la Justice. Président du Conseil –(janvier-mai 1953), il dépose devant l'Assemblée nationale le projet de loi de la Communauté européenne de Défense, puis démissionne n'ayant pas obtenu les pouvoirs spéciaux qu'il demande en matière des Finances. ≡ p.35 ;50 MEDIONI, G. ≡ p.31 MICHELET, Edmond ≡ p.21 MITTELHAUSER, ≡ p.23 MONNET, Jean (1888-1979) : en 1917-1918, il participe à la création du Conseil allié des transports maritimes qui gère les ressources maritimes des Alliés et permet ainsi une utilisation plus rationnelle du tonnage. Jean MONNET est, dès cette époque, convaincu que la solidarité entre les nations est le seul moyen pour l’Europe de voir subsister son économie et son prestige. Au lendemain de la guerre, il est secrétaire général adjoint à la Société des Nations lors de sa création et exécute dans ce cadre le programme financier de relèvement de l’Autriche. En 1938-1939, Jean MONNET est chargé par Édouard DALADIER d’acheter aux Etats-Unis les avions de guerre indispensables à la défense de la France. En 1939, il devient président de la commission franco-britannique d’approvisionnement. Quand, à la suite du débarquement en Afrique du Nord, le général GIRAUD s’oppose au général de GAULLE, MONNET est chargé par le président ROOSEVELT de réconcilier les hommes et les factions; il n’y parvient que partiellement en participant au Comité Français de Libération Nationale (Alger, juin 1943). À la Libération, préoccupé de la reconstruction de la France, il est, de 1947 à 1952, commissaire général au Plan dit de modernisation et d’équipement de la France. Il perçoit que seule l’unification de l’Europe peut permettre la réconciliation de la France et de l’Allemagne et le développement économique des démocraties occidentales. Premier président de la C.E.C.A. (1952-1955), il ne cesse de réclamer une accélération du processus d’unification; la signature du traité qui établit le Marché Commun satisfait ses aspirations, encore qu’il réclame la mise en place d’un pouvoir supranational parlant véritablement au nom de l’Europe. ≡ p.23 ; 50 MOULIN, Jean ( 1899-1943 ) : préfet de Chartres en 1940, il refuse de signer un document présenté par les autorités allemandes et accusant d'atrocité des soldats français de couleur. Mis en disponibilité par le gouvernement de Vichy, il rallie au général De GAULLE à Londres. Chargé par celui-ci d'unifier la Résistance française, il est parachuté dans la zone sud le 1er janvier 1942. Après la création des Mouvements Unis de Résistance, il est nommé à la présidence du Conseil National de la Résistance. Arrêté à Caluire par la Gestapo, il meurt des 69 suites de tortures, héroïquement supportées, au cours de son transfert en Allemagne. Depuis 1965, il est inhumé au Panthéon. ≡ p.20 ;32 ;44 ;46 ;47 ;48 ;49 ;50 MUSELIER, amiral ≡ p.23 ;24 NOGUES, général Charles Auguste Paul ( 1876-1971 ) : sorti de Polytechnique, il fait la plus grande partie de sa carrière en Afrique du Nord. Commandant en chef des opérations en AFN, il se déclare partisan de la poursuite de la guerre en juin 1940, mais se rallie rapidement à PETAIN et fait arrêter les parlementaires français du Massilia. Rallié à DARLAN, puis au général GIRAUD, il est obligé de quitter son poste lors de l'arrivée du général De GAULLE à Alger et s'exile au Portugal. Jugé par contumace en 1947, il vient en France se constituer en 1954. Mis en liberté provisoire, il est chargé par le gouvernement FAURE de négocier le retour du sultan Muhammad V au Maroc. ≡ p.23 NOIR, Jean dit Jean CASSOU pendant la guerre ≡ p.41 PALEWSKY, G. ≡ p.23 ; 31 PETAIN, Maréchal Philippe ( 1856-1951 ) Héros de Verdun en 1916, appelé à la présidence du Conseil en 1940, il signe l'armistice avec l'Allemagne et obtient les pleins pouvoirs, mettant fin à la IIIe République en devenant le chef de l'Etat Français. Accusé en 1945 de collaboration avec l'ennemi, il est condamné à mort mais sa peine est commuée en prison à perpétuité. ≡ p.15 ;17 ;20 ;21 ;35 ;47 ;49 PHILIP. ≡ p.50 PICASSO, Pablo (1881-1973) Son œuvre est immense et multiforme. Doté d'une grande vitalité créatrice, il transforme les objets qui l'entourent, imagine sans cesse de nouvelles formes, avec autant d'aisance dans tous les domaines. La tauromachie et les portraits de ses compagnes sont ses thèmes favoris. Son influence sur l'art moderne est capitale. Il réalise la première toile cubiste de l'histoire de la peinture avec les Demoiselles d'Avignon en 1934. ≡ p.41 ;42 PITARD, Maître Georges ≡ p.41 PLEVEN, René ( 1901-1993 ) Répondant dès juillet 1940 à l'appel du général De GAULLE à Londres, il contribue au ralliement de l'AEF à la France Libre. Membre du Comité National français, puis du Comité de Libération Nationale, fondateur de l'Union démocratique et socialiste de la Résistance, il est plusieurs fois ministre et à deux reprises Président du Conseil de la IVème République. ≡ p.23 ;31 ;50 PUCHEU, (1899-1944) Il est plusieurs fois sous-secrétaire au Régime de Vichy où il prend une lourde responsabilité dans l'exécution d'otages – choisis essentiellement parmi les militants communistes – par la Wehrmacht. Après le débarquement allié en Afrique du nord, il rejoint le général GIRAUD à Alger. Arrêté en 1943 par les autorités gaullistes, il est fusillé. ≡ p.50 QUENEAU, Raymond (1903-1976) Son œuvre composée de romans, poèmes, essais, mêle réflexion et jeu sur le langage, poésie et humour. ≡ p.42 QUILICI, F. ≡ p.23 70 REBATET, Lucien (1903-1972) Attiré par l'Action dès 1923, rédacteur à « Je suis partout » (1932), mobilisé pendant la seconde Guerre Mondiale, il écrit « Les Décombres .» Rédacteur au « Cri du peuple », il est arrêté en 1945 pour sa collaboration avec les nazis. Libéré en 1952, il meurt en 1972. ≡ p.18 REYNAUD, Paul ( 1878-1966 ) Avocat, puis député, il est tour à tour ministre des Finances de TARDIEU en 1930 puis ministre des Colonies sous LAVAL en 1931-1932 Il défend seul le colonel de GAULLE qui préconise les mérites tactiques des escadrons cuirassés mobiles et autonomes dans une armée. Opposé à la politique de Munich, il préconise une alliance avec la Russie et une politique énergique à l’égard de l’Italie. Le 20 mars 1940, le président de la République fait appel à Paul REYNAUD comme président du Conseil. Le 16 juin, REYNAUD fait part de son intention de démissionner après la défaite du Nord de la France. Arrêté et présenté à la cour de Riom chargée de juger les «responsables de la défaite», il est condamné sans jugement à la détention dans une enceinte fortifiée. Après la guerre, il est député du Nord de 1946 à 1962 et ministre des Finances en 1948. Favorable au retour du général de GAULLE en 1958, il est président du Conseil consultatif constitutionnel. ≡ p.15 RIBBENTROP, Joachim von (1893-1946) Employé de banque en Angleterre, officier pendant la Première Guerre Mondiale, puis représentant en vin (1919) il s'inscrit au parti nazi en 1932. Sa connaissance des anglo-saxons le fait nommer ambassadeur à Londres en août 1936. Ministre des Affaires Etrangères (février 1938) il préside à la politique d'expansion hitlérienne, jouant un rôle particulier dans le rapprochement avec l'Italie à la suite des accords de Munich, et venant signer à Paris (6 décembre) la convention rétablissant avec la France les conditions de Locarno. A Moscou, le 23 août 1939, il signe l'accord germano-soviétique. Considéré comme l'un des responsables de la Seconde Guerre Mondiale, il est condamné par le tribunal de Nuremberg et exécuté. ≡ p.11 ROLMIKAS, Maître ≡ p.41 ROOSEVELT, Franklin Delano ( 1882-1945 ) 32éme président des Etats-Unis de 1933 à sa mort, trois fois réélu. Son programme économique et social, le New Deal, contribue à faire sortir le pays de la crise de 1929. Il joue un rôle décisif dans la Seconde Guerre Mondiale. ≡ p.50 SARTRE, Jean-Paul ( 1905-1980 ) Penseur existentialiste marqué par HEGEL, MARX, HUSSERL et HEIDEGGER, il analyse les situations concrètes dans lesquelles l'homme engage sa liberté et son action. ≡ p.42 SAUTOT, ≡ p.23 SCHUMAN, Maurice (1911-1998 ) Ayant rejoint le général De GAULLE à Londres en 1940, il est le porte-parole de la France Libre à la BBC. Membre de l'Assemblée consultative, plusieurs fois ministre, il est l'un des fondateurs de l'Europe avec Jean MONNET. ≡ p.23 SOUSTELLE, J. (1912-1990) Professeur de sociologie à l'Ecole des hautes études, sousdirecteur du musée de l'Homme, il est membre de la ligue des intellectuels antifasciste. Commissaire à l'Information dans le comité gaulliste à Londres, puis directeur des services spéciaux à Alger, il est nommé commissaire de la République à Bordeaux en 1944 puis ministre à deux reprises pendant la IVe République. Co-fondateur du Rassemblement du peuple français, défendant l'Algérie française, il est à plusieurs reprises ministre sous la présidence de De GAULLE. ≡ p.31 ; 50 71 STALINE Joseph Djougachvili dit « Successeur de Lénine » en 1924, il devient le maître absolu du pays, l'organisant et le développant par la force, écartant TROSKI, faisant exécuter ou déporter ses rivaux ou opposants. Allié, puis grand adversaires d'Hitler, il obtient en 1945, après la victoire, l'hégémonie sur les pays de l'Europe de l'Est à la conférence de Yalta. Il engage l'URSS dans la guerre froide. Il meurt en 1953 laissant le pays dans un pauvre état. ≡ p.11 TILLON, Charles ≡ p.20 ;43 TIXIER, A. ≡ p.24 ; 31 ; 50 ULES, docteur ≡ p.41 VISTEL, Alban ≡ p.54 WEYGAND, Maxime ( 1867-1965 ) Elève de Saint-Cyr, il est choisi, dès le début de la Grande Guerre, par FOCH comme chef d’état-major de la IXe armée. Haut-commissaire (en 1923) et commandant de l’armée du Levant (en 1924), il devient chef de l’état-major et inspecteur général de l’armée en 1930. Le 19 mai 1940, Paul REYNAUD le nomme généralissime à la place de GAMELIN. Le nouveau commandant en chef voudrait aussitôt tenter d’enfermer les divisions blindées allemandes. Le 12 juin, WEYGAND déclare que le gouvernement doit demander l’armistice. WEYGAND va pourtant essayer d'organiser la résistance de l’empire français en insufflant l’esprit de revanche à l’armée d’Afrique, sans aller toutefois jusqu’à se rallier à de Gaulle avec lequel il n’a jamais sympathisé. Arrêté par les allemands, il est libéré par les Américains en 1945, mais aussitôt inculpé pour atteinte à la sûreté intérieure de l’État. Son procès aboutira à un non-lieu. ≡ p.15 72 CHRONOLOGIE La marche à la guerre 1919 Création du parti national-socialiste allemand des travailleurs (NSDAP) 1921 Hitler évince Drexler et prend la tête du parti nazi. 1923 Echec du "putsch de la Brasserie", conduit par les nazis. Hitler est incarcéré durant 9 mois. 1925 Parution de « Mein Kampf » 1930 Le NSDAP obtient 20 % des suffrages aux élections. 1932 Hitler recueille 13 millions de voix aux élections présidentielles. 1933 30 janvier : Hitler est nommé chancelier par le Président Hindenburg 27 février : Incendie au Reischtag, imputé aux communistes. Purges au sein de l'opposition. 28 fèvrier : Hindenburg signe l'abrogation des droits constitutionnels du peuple allemand. C'est la fin de la République de Weimar. 23 mars : Hitler se fait voter les pleins pouvoirs au Reichtag. 14 juillet : Le NSDAP est proclamé parti unique. 14 octobre : L'Allemagne quitte la Société des Nations. 73 1934 26 janvier : Signature d'un pacte de non-agression entre l'Allemagne et la Pologne. 30 juin : Nuit des Longs Couteaux et assassinat de Roehm. 25 juillet : Assassinat par les nazis du chancelier autrichien Dollfuss au cours d'un coup d'état manqué. 2 août : Mort du Président Hindenburg. Hitler se proclame Führer, chef unique du Reich. 1 mars : La Sarre, sous tutelle de la SDN depuis 1919, est restituée à l'Allemagne. 1935 16 mars : Réintroduction du service militaire obligatoire en Allemagne 3 octobre : les troupes italiennes envahissent l'Ethiopie. 7 mars : Occupation par les troupes allemandes de la Rhénanie démilitarisée. 1936 25 octobre : Création de l'axe Rome-Berlin. 1937 1 janvier : Hitler dénonce officiellement le Traité de Versailles. 5 novembre : Hitler dévoile à son état-major ses plans de guerre. 1938 12 mars : Les troupes allemandes entrent en Autriche 13 mars : l'annexion au Reich est proclamée 23 septembre : Hitler exige auprès des Tchèques l'évacuation du Sudetenland 30 septembre : Signature des accords de Munich amorçant le démembrement de la Tchécoslovaquie 1 octobre : Les soldats allemands prennent possession du Sudetenland 9 novembre : Nuit de cristal. Les vitrines de milliers de magasins juifs sont brisées. 1939 5 janvier : Hitler réclame le rattachement de Dantzig au Reich. 15 mars : les chars allemands entrent à Prague. 31 mars : France et Grande-Bretagne réaffirment leur intention de défendre la Pologne. 7 avril :Invasion de l'Albanie. 28 avril : Rupture du pacte de non-agression de l'Allemagne avec la Pologne. 22 mai :Signature du pacte d'Acier entre Rome et Berlin. 23 août : Signature à Moscou du pacte de non-agression germano-soviétique. 29 août : Ultimatum lancé par l'Allemagne à la Pologne. 74 La Seconde Guerre Mondiale 1939 1 septembre : Entrée en Pologne des forces allemandes. 3 septembre : Entrée en guerre de la Grande-Bretagne et de la France. 27 septembre : Capitulation de Varsovie. 14 octobre : Torpillage du Roya.l 30 novembre : Invasion soviétique de la Finlande. 17 décembre : Sabordage du Grap Spee à Montevideo. 1940 1 janvier : Mobilisation générale en Angleterre. 12 mars : Traité de paix soviéto-finlandais. 9 avril : Invasion du Danemark et de la Norvège par la Wehrmacht. 15 mai :Capitulation hollandaise. 28 mai :Capitulation belge. 6-9 juin : Rupture de la Somme. 10 juin : L'Italie déclare la guerre à la France. 14 juin : Entrée des Allemands à Paris. 16 juin : Formation du gouvernement Pétain. 17 juin : Pétain demande l'armistice à l'Allemagne. 18 juin: Appel de De Gaulle à Londres. 22 juin : Signature de l’armistice franco-allemand à Réthondes. 24 juin : Signature de l'armistice franco-italien à Rome. 22-29 juin : Création de la France libre à laquelle se rallient le Tchad, le Cameroun, le Moyen-Congo et l'Oubangui-Chari. 2 juillet : Occupation de la Bessabarabie par les Soviétiques. Pétain installe le gouvernent à Vichy. 10 juillet : Vote du Parlement donnant « tous pouvoirs au gouvernement de la République, sous l’autorité et la signature du maréchal Pétain, à l’effet de promulguer par un ou plusieurs actes une nouvelle Constitution de l’État français ». Fin de la IIIe République. Pétain devient chef de l’État. La devise « Travail, Famille, Patrie » remplace « Liberté, Egalité, Fraternité ». 12 juillet : Pierre Laval, vice-président du Conseil, initiateur de la politique de collaboration. 30 juillet. Création des Chantiers de jeunesse. 7 août : Accord franco-anglais reconnaissant la France Libre et lui donnant une assise administrative et financière. 13 août : Interdiction de la franc-maçonnerie. 16 août : Loi instituant les Comités d’organisation, concentrant les entreprises par secteur de production. 29 août : Création de la Légion des combattants. Août : Les premiers agents de la France libre, chargés d'organiser des réseaux arrivent en France. Publication en zone occupée de "conseils à l'occupé" de Jean Texier. 9 septembre : ralliements des Indes françaises à la France Libre. 24 septembre : Ralliement de la Nouvelle-Calédonie à la France Libre. 75 27 septembre : Pacte tripartie - Allemagne , Italie, Allemagne. 3 octobre : Promulgation d’un Statut des juifs. 24 octobre : Entrevue de Montoire, entre Hitler et Pétain. 27 octobre : Création du Conseil de Défense de l'Empire. 31 octobre : Débarquement anglais en Crète. Novembre : De Gaulle institue l'Ordre de la Libération. Création en Zone Nord du mouvement: Ceux de la Libération. 9 novembre : Dissolution des syndicats. 2 décembre : Création de la Corporation paysanne. 13 décembre : Arrestation de Laval, remplacé par Pierre-Antoine Flandin. 15 décembre :Mise en place de l'organisation civile et militaire. 1941 18 janvier : Loi organisant les Chantiers de jeunesse. mars. Création du commissariat aux Affaires juives. 1 mars : Victoire des FFL à Kouffra sur les Italiens. 7 mars : Débarquement britannique en Grèce. 28 mars : Bataille navale du cap Batapan. 17 avril : Capitulation de la Yougoslavie. 14 avril : Pacte de non-agression URSS/Japon 11-12 mai : Entrevue de Berchtesgaden, entre Hitler et Darlan. 15 mai : Création du Front National de lutte pour l'indépendance de la France, d'obédience communiste principalement. 2 juin : Deuxième Statut des juifs. 22 juin : offensive allemande contre l'URSS. Juin :Mise en place des premiers réseaux de la section française du Spe dirigé par le colonel britannique Buckmastercial Operation Executive. juillet : premiers numéros de Libération-Sud. 7 juillet. Création de la Légion des volontaires français contre le bolchevisme (LVF). 21 août : un résistant communiste, le colonel Fabien abat un aspirant allemand. 4 septembre : Première opération "Lysander" (atterrissage clandestin). 24 septembre : Création du comité National des Français Libres. 2 octobre : Offensive allemande contre Moscou. 22-23 octobre : Exécution de 98 otages en représailles. 26 octobre. Publication de la « Charte du travail » qui interdit le droit de grève. Novembre : Publication du premier numéro des Cahiers du Témoignages Chrétien . Fondation à Grenoble du mouvement Combat. er 1 décembre. Entrevue de Saint-Florentin, entre Göring et Pétain. 76 1942 Janvier : Création du BCRA 2 janvier : parachutage de Jean Moulin dans les Alpines 17 janvier : Naissance du BCRA à Londres par Passy février : "les Editions Minuits" publient le « Silence de la mer » de Vercors fondation du mouvement Ceux qui font la Résistance. Création des Francs-Tireurs février-avril. : Procès de Riom, traduisant les hommes du Front populaire en justice. 18 avril : Laval, chef du gouvernement, ministre des Affaires étrangères, de l’Intérieur et de l’Information. avril : Jean Moulin crée le BIP à Lyon. 6 mai : Débarquement anglais à Madagascar 29 mai : port obligatoire de l'Etoile jaune pour les Juifs 29 juillet : la France Combattante remplace la France Libre et la France Captive Fin août : Protestation de Monseigneur Salièges, archevêque de Toulouse contre les persécutions à l'égard des Juifs. 3 septembre : Accord d'assistance USA/Comité Français 19 septembre : représailles allemandes contre la Résistance avec 113 fusillés 28 septembre : l'URSS reconnaît le Comité National Français septembre : Début du NAP 8 novembre : Débarquement anglo-américain en Afrique du Nord. 11 novembre : Occupation de la zone sud par les Allemands. Le Général Delestraint est chef de l'Armée secrète 27 novembre : Sabordage de la flotte française à Toulon. Novembre : installation des premiers maquis en zone sud puis en zone nord en juin. 1943 26 janvier : Création des MUR. 30 janvier : Création de la Milice française aux ordres de Darnand. 16 février : Institution du Service du travail obligatoire (STO). mars : Jean Moulin parachève l'union de toutes les forces de la Résistance. Avril : Reconstitution clandestine de la Confédération générale du travail (CGT). 15 mai : Constitution du Conseil National de la Résistance. 27 mai. : Unification par Jean Moulin des différents mouvements résistants dans le Conseil national de la Résistance (CNR). 27 mai : Première réunion CNR. 3 juin : Formation du comité français de libération nationale - CFLN - par Giraud/de Gaulle 9 juin : Arrestation à Paris du Général Delestraint 77 10 juin : Débarquement allié en Sicile. 22 juin : Les Américains entrent à Parme. 8 juillet : Mort de Jean Moulin, après son arrestation par la Gestapo. 16-17 juillet : Rafle du Vel’ d’Hiv. 26 août :Reconnaissance du CFLN par la Grande-Bretagne, les USA, l'URSS, 3 septembre : Armistice Alliés/Italie. 24 septembre : la Corse est libérée par la Résistance intérieure et les FFL venues d'Algérie. Septembre : Georges Bidault assure la présidence du CNR Décembre : Création des Forces françaises de l’intérieur (FFI). 24 décembre : Assassinat de Darlan. 1944 5 janvier : Création des Mouvements de Libération Nationale 30 janvier : Conférence de Brazzaville. 21 février : Exécution de 22 partisans FTP-MOI (affiche rouge) Février : Création des FFI 15 mars : Programme du CNR. Mai : Désignation des commissaires de la république. 2 juin : Le CFLN devient le gouvernement provisoire de la République 6 juin : Débarquement allié en Normandie. 9 juin : Intégration des FFI dans l'armée française 10 juin : Massacre d'Oradour sur Glane. 26 juin : Cherbourg libéré par les Américains 12 juillet : Dernier Conseil des ministres à Vichy. 8 août : Libération du Mans par les Américains. 15 août : Débarquement allié en Provence. 19-25 août : Libération de Paris par les FFI. 20 août :Libération de Toulouse par les FFI. 23 août : Libération de Toulon. 28 août :Libération de Marseille. 31août : Le Gouvernement provisoire de la République Française est transféré d'Alger à Paris. 3 septembre : Libération de Lyon. 10 septembre : Abolition de la législation de Vichy. 21 novembre : libération de Belfort. 22 novembre : Libération de Metz. 23 novembre :Libération de Strasbourg. 16-28 décembre : Contre offensive allemandes dans les Ardennes 78 1945 4-11février : conférence de Yalta. 7 mars :les Américains entrent à Cologne. 23-28 mars : les Britanniques et les Canadiens franchissent le Rhin. 21 avril : Entrée de l'armée française à Stuttgart. 24 avril : entrée des Soviétiques à Berlin. 26 avril : Arrestation et emprisonnement de Pétain. 28 avril : Exécution de Mussolini. 29 avril : Hitler désigne Dönitz pour lui succéder. 30 avril : Suicide d'Hitler. 2 mai : Capitulation de Berlin. 8 mai : Signature à Berlin de la capitulation allemande et fin du régime nazi. 23 juillet : Ouverture du procès de Pétain. 6 août : Première bombe atomique sur Hiroshima. 9 août : Deuxième bombe atomique sur Nagasaki. 2 septembre : Signature sur le Missouri de l'acte de capitulation du Japon. FIN DE LA SECONDE GUERRE MONDIALE 79 BIBLIOGRAPHIE Dans cette bibliographie nous avons mis l'ensemble des ouvrages que nous avons consulté et dont nous avons extrait des informations. - J. Etévenaux. Jean Moulin : Hommes et régions LUGD - CHRD Jean Moulin, unificateur de la Résistance - Henri Michel: Histoire de la Résistance PUF, Que sais-je? - Daniel Cordier Jean Moulin, la république des catacombes, Gallimard - Musée de l'armée Ensemble ils ont libérés le France : Hachette - Musée de l'ordre et de la Libération Musée de la Résistance, conseil National de la Résistance - Sous la direction de Georges Duby, Histoire de la France les temps nouveaux de 1852 à nos jours : Larousse - Louis Parrot, L'Intelligence en guerre, Le castor Astrol,1990 - Henri Noguères, La vie quotidienne des Résistants, Hachette, 1986 - Henri Noguères, Histoire de la Résistance en France de 1940 à 1945, Tome 1, Editions Robert Laffont,1967 - Jean François Murracciole, Histoire de la Résistance en France, Que sais-je? PUF, 1993 - Encyclopædia Universalis, version 6 - Encarta 2000 - Grand Larousse Universel sous la direction de F. DEMAY et D . PÉCHOIN - Raymond Cartier, La seconde Guerre Mondiale, Larousse, 1965 - Petit Robert 2, Dictionnaire universel des noms propres, sous la direction de Alain REY, 1986 - Le Robert, dictionnaire d'aujourd'hui, sous direction d'Alain Rey, 1992 - Marcel Ruby, La Libération de Lyon - Marcel Ruby, la résistance civile et la résistance militaire, Hermès, 1984 - Union nationale des associations de déportés internés et familles de déportés Pour la liberté,1971 - Marie Granet, Les jeunes de la résistance, 1985 - Lucie Aubrac, La résistance, naissance et organisation, Robert Lang, 1945 - Dominique Verner, Histoire critique de la résistance, 1996 - La résistance 1940-1945, écho de la résistance N° 100 - Eric Alary , La ligne de démarcation 1940-1944, Que sais-je ?, édition PUF - Marc Ballot, Contribution à l' histoire de la résistance en France, - Henri Lubac , Résistance chrétienne à l' antisémitisme 1940-1944,Ed.FAYART 1998 - Bernard Compte, Catholique français en Résistance 1940-1944 ,Ed .De l 'ATELIER 1998 - Guy Authier , La loi Nazie en France 1940-1944,Ed.Philippe Héradès 1974 - Sandrine Suchon , Résistance et liberté 1940-1944 Dieulefit , Ed .A. DIE 1994 - Rencontres Universitaires, Les étrangers dans la Résistance en France, Ed. Presse de I.L.L. 1992 - Acte du Colloque tenu à Grenoble du 7 au 9 octobre 1976 , PUF 1978 - Mémoires et histoire :La Résistance , Ed .PRIVAT 1995 - Le parti communiste français de la Résistance , Ed .SOCIALE 1967 - Ouvrage collectif sous la direction de Pierre Guidoni et de Robert Verdier, Socialistes en Résistance(1940-1944) Combats et Débats, Ed. SELI ARSLAN 1998 80 UNE TRANCHE DE VIE DE PIERRE CHASSE Ces quelques photos retracent une partie de ma jeunesse : 1939-1945, la Seconde Guerre Mondiale… JANVIER 1939 Scolarité sanctionnée par un Brevet d’Etat. Je commence ma vie active en étant employé aux écritures chez Hayaux du Tilly, agent de change parisien. SEPTEMBRE 1939 La France déclare la guerre à l’Allemagne, l’Angleterre en fait autant 2 jours après. JUIN 1940 L’armée allemande se dirige sur Paris. Des centaines de milliers de parisiens fuient la capitale. Je pars en vélo, destination Oudon (Loire-Atlantique). Je rencontre les premières troupes allemandes : toute la partie Nord de la France est envahie… 18 Juin : de Londres, le Général De GAULLE appelle tous les français à continuer le combat. Comment le rejoindre ? 22 Juin : l’armistice partage la France en deux. Au nord de la Loire, c’est la zone « occupée » administrée par les autorités allemandes. Au Sud, c’est la zone « libre » placée sous l’autorité du gouvernement de Vichy. JANVIER 1941 Je quitte Paris et franchis clandestinement la ligne de démarcation. A Toulon, je m’engage dans une unité d’Afrique du Nord… mais 48 heures plus tard l’interdiction rendant impossible mon départ, mon projet doit être modifié et c’est dans une unité de chasseurs alpins située en métropole que se fera mon apprentissage de soldat. Engagé volontaire le 26 Mars 1941 au 20ème BCA (Bataillon de Chasseurs Alpins), cantonné à Digne dans les Alpes Maritimes. Je suis fier d’être chasseur alpin, d’apprendre l’art militaire, dans l’espoir d’un jour libérer la France de ses occupants. NOVEMBRE 1942 L’armée allemande franchit la ligne de démarcation. La France est entièrement occupée. Le 27 Novembre, l’armée d’armistice est dissoute, les militaires sont renvoyés dans leurs foyers. Mon foyer, c’est celui de mon père à Clamart qui est veuf, ma mère étant morte en 1935. Mon ancien employeur accepte de me reprendre le 17 décembre 1942 . Ma seconde période d’employé d’agent de change sera courte. 81 AVRIL 1943 Le Service de Travail Obligatoire me convoque et me remet un ordre de départ prévu le 6 Avril 1943 pour l’Allemagne. Je décide de ne pas partir travailler pour l’occupant. Devenu « réfractaire », je quitte Clamart pour Paris. Je suis hébergé par l’intermédiaire de camarades étudiants d’abord dans le quartier latin puis dans un appartement de Montmartre. Cet appartement est devenu vide car ses occupants, des israélites l’ont quitté pour ne pas être déportés… Londres… J’attends un départ pour Londres, mais le départ promis ne vient pas assez vite pour moi. Je ne peux continuer à vivre sur mes économies, risquer les rafles, les contrôles d’identité par les policiers français ou allemands. Il me faut trouver une solution le plus rapidement possible… AOUT 1943 Solution inattendue : ce ne sera pas Londres mais le « MAQUIS ». Mon cousin André JACQUESON m’obtient un lieu de rendez-vous à Grenoble et un signe de reconnaissance pour celui qui nous prendra en charge… Vu de Paris, le maquis c’est l’inconnu… nous décidons cependant de tenter l’aventure ! Quatre « clamartois » vont prendre le « maquis » : Roger BERNARD devient ‘Archer’ , François BENEZY devient ‘Hannibal’ , Alban PERRIER devient ‘Bambi’ et moi Pierre CHASSE devient ‘Ludo’. Dans la vie clandestine de la résistance, chaque personne n’est connue que par un pseudonyme, un nom de guerre. 27 Août : nous quittons Paris pour Grenoble. Le contact est établi avec le service « PERICLES ». Nous sommes dirigés sur un camp de triage situé en altitude près de Cuculet non loin de ce qui deviendra les Deux-Alpes. Nous occupons un chalet d’alpage. SEPTEMBRE 1943 Nous sommes déplacés à Theys (Isère) puis Lamoura (Jura) lieu de l’Ecole des Cadres des Maquis de la Région Militaire R1 (Rhône-Alpes). OCTOBRE 1943 Le groupe se sépare : Archer et Bambi restent sur place. Hannibal et moi sommes envoyés dans la maquis de l’Ain. Conditions d’habitat assez rudes, mais vie relativement calme. Les maquis de l’Ain sont déjà bien armés. La journée commence par le salut aux couleurs. Puis travaux de défense ou d’aménagement du camp, corvées. NOVEMBRE 1943 Le 10, le chef du maquis de l’Ain, le colonel ROMANS m’envoie en mission à Oyonnax. Un résistant sédentaire me fait reconnaître un itinéraire. C’est par là que défileront , malgré l’interdiction de toute manifestation, les maquisards demain. Le 11 à 12 heures un convoi de 6 camions et de 2 voitures arrive à Oyonnax. Une centaine de maquisards défilent, officiers en tête, drapeaux et garde d’honneur, suivant 82 l’itinéraire reconnu par moi Nous nous rendons au monument aux morts pour y déposer une croix de lorraine « les vainqueurs de demain à ceux de 1914-1918 » Surprise, acclamations, accueil délirant de la population. Ré-embarquement dans les camions, retour dans les camps d’origine sans aucun incident. DECEMBRE 1943 Le camp des Granges se transporte dans la région de Brenod, sur le plateau d’Hauteville. Entraînements, réception de parachutages. Les GMR (police de Vichy) viennent en reconnaissance. Pas de violence, palabres, mais… FEVRIER 1944 Les allemands attaquent en force. Le 6, nous sommes surpris à 5 par un camion. Trois camarades sont tués, avec la quatrième qui est blessé nous échappons à nos poursuivants. Le 8, je suis avec le PC départemental. Nous sommes 20 hommes dans une ferme isolée en montagne. Une centaine d’allemands cernent notre refuge. Nous effectuons une sortie : 10 des nôtres sont tués, blessé je parviens à m’échapper. MARS 1944 Guéri de mes blessures, je reçois le commandement d’un camp de 40 nouveaux arrivants. AVRIL 1944 Attaque générale par des troupes évaluées à 2 divisions. Mon camp n’est pas engagé. JUIN 1944 Débarquement allié. Nous coupons toutes les routes importantes sur l’axe LyonGenève. JUILLET-AOUT 1944 Violents combats, les allemands cherchent à se dégager. Nous faisons jonction avec les américains. A côté d’eux, nous nous battons à Meximieux. SEPTEMBRE 1944 Les allemands sont en déroute. Le sol français est libéré . L’action des maquisards en tant que combattants clandestins est terminée. Les FFI de l’Ain seront dissous. 83 REMERCIEMENTS Nous tenons à remercier : ◊ Monsieur Durantet, notre professeur d'Histoire-Géographie, pour l'ensemble de son aide et des documents mis à notre disposition. ◊ La documentaliste du Centre d'Histoire de la Résistance et de la Déportation (CHRD) pour son orientation dans la recherche des documents. ◊ François Yves Guillin pour son témoignage qui figure par extraits dans le dossier et en intégralité dans les annexes. ◊ Noémie Chassé pour son soutien et pour ses documents personnels mis à notre disposition. 84