
concorde avec ce qu’on voit dans la littérature. C’est souvent
le problème le plus fréquent. On entend parler de plus en
plus de la déprescription ; cela va dans le sens de ce qu’on
a observé. »
Dans 19 % des cas, il s’agissait, au contraire, d’un médicament
qui aurait dû être prescrit au patient et ne l’était pas. Par ailleurs,
30 % des problèmes consistaient en des doses trop élevées ou
trop faibles, 9 % en des effets indésirables et 5 % en une non-
adhésion au traitement. « Les médecins ont accepté 88 % des
suggestions des pharmaciens », indique la chercheuse.
BRISER LA GLACE
Dans le cadre de l’étude, les patients des GMF ont eu à rem-
plir un questionnaire pour indiquer leur degré d’appréciation
des soins qu’ils recevaient. « Ils adoraient avoir accès au
pharmacien, parce qu’ils avaient un contact privilégié avec
lui », explique Mme Guénette. C’est d’ailleurs ce que sa col-
lègue, Mme Leclerc, a remarqué dans sa pratique. « Le patient
apprécie aussi le fait que l’on soit accessible, qu’il puisse nous
appeler, qu’il n’ait pas à attendre des semaines pour avoir un
rendez-vous. »
Les chercheurs ont effectué parallèlement des entrevues
avec différents professionnels des GMF. « Ce qui ressortait,
c’était que le rôle du pharmacien était très méconnu des
au tres cliniciens. Qu’est-ce qu’il peut faire ? Qu’est-ce qu’il
ne peut pas faire ? Certains mentionnaient aussi l’importance
de diminuer les appréhensions concernant son arrivée »,
mentionne Mme Guénette.
L’intégration des pharmaciens demande des efforts. Les
autres professionnels estiment le temps d’adaptation à un
ou deux mois, selon les résultats préliminaires. Les princi-
paux concernés, eux, l’évaluent plutôt à entre un et trois ans.
M. Bourgault, qui avait travaillé dix ans comme pharma-
cien dans la collectivité, juge qu’il lui a fallu un an pour
bien s’incorporer dans l’équipe. Ce qui était difficile ? « La
méconnaissance au départ de ce qu’est un pharmacien. Les
autres professionnels se demandaient comment, au-delà de
notre expertise en pharmacothérapie, on pouvait prendre en
charge des patients, contribuer au suivi conjoint, améliorer
directement et indirectement la prise en charge au sein d’une
équipe médicale. Cela reste un défi auquel il faut travailler. »
Pour Mme Leclerc, qui pratiquait auparavant dans un milieu
hospitalier, environ dix mois ont été nécessaires pour bien
jouer son rôle au sein du GMF. « Il a fallu que je précise ce
que j’allais faire et expliquer que, non, je n’ai pas le même rôle
que le pharmacien de quartier et que je ne suis pas non plus
une pharmacienne d’hôpital, parce qu’on n’est pas dans un
milieu hospitalier. »
Puis, la magie du pragmatisme a opéré. « Quand les médecins
ont connu une fois un bon suivi conjoint avec un pharmacien,
qu’ils ont vu l’effet sur leur prise en charge ainsi que le temps
libéré, ils veulent continuer », souligne M. Bourgault. //
ENCADRÉ
RÉFÉRENCE AU PHARMACIEN
EN GMF, EN UMF ET EN UMF-GMF
EN LIEN AVEC LES ACTIVITÉS CLINIQUES
Patients ayant des besoins de santé complexes
h Maladies chroniques et polypharmacie (profil lourd)
h Vulnérabilité et fragilité
h Trouble de santé mentale (ex. : changement
d’antidépresseur)
h Douleurs chroniques
h Suivi post-hospitalier de personnes âgées
h Patientèle spécifique et présence ou risque élevé
d’eets indésirables médicamenteux (ex. : grossesse
et allaitement chez la femme médicamentée)
h Grands utilisateurs de services de santé
Patients ayant des besoins particuliers ponctuels
h Échec ou réponse insatisfaisante pour l’atteinte
des cibles
h Faible adhésion au traitement soupçonnée,
sur- ou sous-consommation
h Ajustement des médicaments en présence
d’insusance rénale ou hépatique
h Sevrage de médicaments (déprescrire)
h Analyse des interactions médicamenteuses potentielles
h Déséquilibre électrolytique lié au traitement
médicamenteux
h Soutien à l’autogestion médicamenteuse
Patients chez qui il faut assurer l’adhésion aux critères
de bonne pratique de prescription ou de suivi
(respect des lignes directrices)
Personnes atteintes de :
h diabète ;
h insusance cardiaque ;
h maladies artérielles coronariennes ;
h trouble de santé mentale ;
h hypertension artérielle ;
h fibrillation auriculaire ;
h asthme.
Source : CIUSSS de la Capitale-Nationale. Intégration d’un pharmacien
dans un groupe de médecine de famille (GMF) – Guide d’accompagnement.
Québec : le CIUSSS ; 2016. 38 p. Reproduction autorisée.
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