France : une reprise shamallow pour un chômage carambar.

E c o n o m i c W o r l d
1
29/01/2016
France : une reprise shamallow pour un chômage carambar.
A lévidence, le gouvernement français est passé maître dans lart du marketing et de la manipulation
médiatique. Ainsi, alors quelle avait donné sa démission au Président de la République depuis le samedi 23
janvier, Madame Taubira ne la annoncée officiellement que le mercredi 27, jour de la publication du nouveau
record absolu atteint par le chômage français en décembre 2015.
Si bien que cette vraie information catastrophique a été complètement éclipsée par le coup déclat de lancienne
« garde des sceaux à vélo ».
Il sagit pourtant dune vraie mauvaise nouvelle, puisquen dépit des aides habituelles et du traitement statistique
du chômage (lié notamment aux radiations), le nombre de chômeurs de catégorie A en métropole a augmen
de 15 800 personnes, soit un total historique de 3 590 600 chômeurs.
Mais ce nest pas tout, puisque le nombre de chômeurs toute catégories et dans la France entière a flambé de
35 200 personnes sur le seul mois de décembre.
Sur lensemble de lannée 2015, la progression atteint 340 500 personnes, consacrant un nombre total de
6 510 300 chômeurs. Une vraie horreur économique, qui na pourtant quasiment pas été évoquée sur la scène
médiatique, monopolisée par Madame Taubira, les « contrats iraniens » et la grève des taxis.
Plus de 6,5 millions de chômeurs en France.
Sources : DARES, ACDEFI
Quà cela ne tienne : il ne peut y avoir de démission de ministre tous les jours. La première estimation par
lINSEE des comptes nationaux du quatrième trimestre 2015 devait donc remettre les pendules à lheure et
rappeler que la France est loin de la reprise tant annoncée par les différents ministres de léconomie depuis 2010.
De plus, après avoir gonflé les stocks au troisième trimestre, il paraissait évident que lINSEE ne pouvait pas
utiliser le même subterfuge pour masquer la réalité.
Et bien non ! LINSEE a osé utiliser le même artifice deux trimestres daffilé. Les chiffres parlent deux-mêmes :
au troisième trimestre, la variation du PIB français a été de + 0,3 %, mais de - 0,3 % hors stocks. Au quatrième
trimestre, bis repetita : la variation du PIB est annoncée à + 0,2 %, mais - 0,3 % hors stocks. Cest tout simplement
énorme !
En deux trimestres, les stocks ont ainsi contribué à hauteur de 1,1 point à la variation du PIB. Depuis 1977, un
tel phénomène na été obserque 3 fois : aux premier et deuxième trimestres 1982, sur la même période en
1994 et au premier trimestre 2011.
E c o n o m i c W o r l d
2
29/01/2016
Conscient que la ficèle devient très grosse et commence vraiment à se voir, lINSEE a quand même spécifié
dans son communiqué que, compte tenu du caractère précoce de sa première estimation, « il peut en résulter
des révisions légèrement plus amples qu'auparavant, surtout sur le commerce extérieur et les stocks ».
Nous voilà rassurés. Toujours est-il que si le nouveau record du chômage est quasiment passé sous silence,
MM. Valls et Sapin nont pas hésité à mettre en avant le chiffre très bizarre de la croissance française du quatrième
trimestre pour annoncer que la reprise était là et quelle allait même sintensifier dans les prochains mois.
Si nous aimerions sincèrement en dire autant, notre devoir dhonnêteté nous impose néanmoins de dire la
vérité.
Linvestissement se reprend, mais la consommation des ménages rechute.
Sources : INSEE, ACDEFI
Certes, linvestissement des entreprises a bien redémarré depuis 2014. Sa variation annuelle a dailleurs été
de 2 % tant en 2014 quen 2015. Pour autant, son niveau du quatrième trimestre 2015 est toujours inférieur de
0,9 % à celui qui prévalait au premier trimestre 2008.
De plus, linvestissement des ménages est resté moribond, puisquà après avoir baissé de 5,3 % en 2014, il a
encore reculé de 3 % en 2015. Comparativement à son précédent sommet du quatrième trimestre 2007, il
enregistre une chute de 24,2 % !
Dès lors et très logiquement, en dépit dun léger rebond fin 2015, linvestissement total a baissé de 0,1 % sur
lensemble de lannée dernière, après une baisse de 1,2 % en 2014 et une chute totale de 8,1 % depuis le premier
trimestre 2008.
Dans le même temps, après une légère amélioration entre le deuxième trimestre 2014 et le troisième de 2015,
la consommation des ménages est repartie à la baisse au quatrième trimestre 2015 (- 0,4 %).
Si les attentats de novembre et la douceur du climat météorologique ont joué à la baisse, il est clair que lorigine
première de cette faiblesse réside dans la hausse continue du chômage.
Autrement dit, il serait complètement dépladutiliser la première estimation de la croissance du quatrième
trimestre pour annoncer que la reprise est là. Et ce dautant que les derniers indicateurs avancés du PIB montrent
exactement le contraire.
A voir la corrélation entre les indicateurs PMI en baisse et laugmentation du glissement annuel du PIB français,
il y a évidemment un malaise. On se croirait presque en Chine
E c o n o m i c W o r l d
3
29/01/2016
Les indicateurs avancés chutent, mais le PIB augmente. Cherchez lerreur
Sources : INSEE, ACDEFI
En fait, comme cela sobserve depuis une quinzaine dannées, léconomie française ne connaîtra quune
« reprise shamallow », avec malheureusement un « chômage carambar ».
Piètre consolation, la dernière enquête IFO montre que léconomie allemande commence également à souffrir.
Cest triste à dire, mais l’Allemagne ne sera effectivement pas épargnée par le ralentissement. Ainsi, sans
surprise, après avoir déjà perdu 0,3 point en décembre, l’indice du climat des affaires de l’enquête IFO en a
encore cédés 1,4 en janvier. Il s’agit de sa plus forte baisse mensuelle depuis octobre 2014.
L’Allemagne ne sera pas épargnée par le ralentissement mondial.
Sources : IFO, Destatis, ACDEFI
Parallèlement, après avoir stagné en décembre, l’indice IFO des perspectives d’activité a chuté de 2,3 points
en janvier, son plus fort recul depuis septembre 2014.
E c o n o m i c W o r l d
4
29/01/2016
En dautres termes, le ralentissement allemand est non seulement bien présent, mais, de plus, il ne fait que
commencer.
Pis, la dernière enquête de la Commission européenne indique également que lactivité recule dans lensemble
de la zone euro. A lévidence, 2016 sera bien plus difficile que 2015, que ce soit en France, en Allemagne et dans
la zone euro.
Marc Touati
1 / 4 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !