
LA PROFESSIONNALISATION DES ENSEIGNANTS DE L’EDUCATION DE BASE : LES RECRUTEMENTS SANS FORMATION INITIALE 
Séminaire international : 11-15 juin 2007 
PENSER L’ENSEIGNEMENT COMME UN METIER D’INTERVENTION SUR AUTRUI : QUELLES CONSEQUENCES POUR 
L’EXERCICE DU METIER D’ENSEIGNANT ET POUR SA PREPARATION ? – Fabienne SABOYA 
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Nous pouvons trouver des exemples moins caricaturaux, pris dans des expressions du langage 
commun, qui associent l’action d’intervenir à un acte intempestif : « Je me suis décidé à intervenir, 
mais j’aurais mieux fait de m’abstenir … ; elle n’a pas cessé d’intervenir …, si bien que nous avons 
perdu un temps fou … » 
Ne multiplions pas les exemples pour le pôle négatif puisque vous voyez très bien de quoi il s’agit. 
 
¾ Pour le pôle positif, nous rencontrons des expressions comme : 
 
 « Heureusement qu’elle était là, son intervention m’a sauvé … », ou encore « C’est grâce à 
l’intervention de mon ami untel que mon projet a abouti … » 
 Inutile de multiplier les formules, soulignons que cette notion d’intervention est, à notre avis, 
un bel exemple des effets d’incompréhension et même des dangers que produisent les phénomènes de 
migration d’un mot, d’un contexte d’usage à un autre, d’un jeu de langage à un autre, pour reprendre 
les termes du philosophe  Wittgenstein. 
Définition de la notion intervention sur autrui dans le champ des sciences sociales 
 Pour tenter de comprendre les conséquences de l’adoption du terme intervention sur autrui, 
dans le champ de l’enseignement, il vaut mieux savoir que la notion d’intervention est extraite des 
sciences sociales, qu’elle apparaît dans les années trente2 en présentant une grande proximité de sens 
avec la notion de recherche-action avec laquelle elle va se trouver en concurrence, par ailleurs.  
Nous n’allons bien évidemment pas entrer ici dans la question complexe des rapports 
concurrentiels entre intervention et recherche-action, mais nous pouvons retenir que le concept 
d’intervention tout en définissant « une action visant des changements positifs individuels ou 
collectifs » s’ancre dès son origine dans une problématique du lien entre recherche et action, entre 
théorie et pratique.  
En suivant cette piste, nous allons maintenant dégager cinq caractéristiques (ou attributs) 
de ce concept « intervention », sorte de dénominateurs communs qui se dégagent des usages de cette 
notion ou concept en sciences sociales, en psychosociologie, pour être plus précis. Notre approche 
pourra paraître bien sommaire et même caricaturale par rapport aux travaux de certains auteurs3, mais 
nous ne recherchons pas l’exhaustivité et surtout, par souci de méthode et de clarté, nous ferons 
l’impasse sur les éléments distinctifs des différentes définitions de la notion dans ce champ. 
 
Caractéristiques de la notion d’intervention sur autrui :  
 
¾ Caractéristique 1 : l’adoption du présupposé selon lequel un changement dans le sens d’une 
amélioration est toujours possible.  
¾ Caractéristique 2 : La « réalité » sur laquelle se fait l’intervention présente un réseau de 
résistances à percevoir et à faire déconstruire pour permettre la reconstruction d’une 
« réalité » nouvelle appréciée en terme de progrès. 
¾ Caractéristique 3 : l’intervenant adopte une posture éthique d’aide et de bienveillance. 
¾ Caractéristique 4 : les « sujets-cibles » de l’intervention doivent en connaître et en 
comprendre les objectifs, les moyens et les effets. 
¾ Caractéristique 5 : l’intervenant engage un travail d’analyse de son propre fonctionnement, 
acquiert une conscience critique de son activité et produit un savoir expérientiel à partir des 
situations vécues.  
 
Voilà ce qu’il en est d’une définition a minima de la notion d’intervention, extraite du champ 
duquel elle est issue. 
                                                 
2 Selon les auteurs du Vocabulaire psychosociologique (BARUS-MICHEL J., ENRIQUEZ E., LEVY A. 
(dir),(2006), Vocabulaire de la psychologie sociale. Positions et références, Ramonville Saint- Agne, érès).  
3 DUBOST J.,(1980), L’intervention institutionnelle, Paris, Payot. 
LEVY A., (1997), Sciences cliniques et organisations sociales, Paris, PUF.