Le théâtre
Etymologie grecque : Théos= dieu +théaomai= contempler donc : contempler
un spectacle sacré
1. Pourquoi ?
Le théâtre puise son origine dans la Grèce antique, au Vème siècle
avant Jésus Christ, à Athènes. Il est né pendant les f^tes données en l’honneur de
Dionysos vers 550 avant J.C..
Les Dionysies étaient de véritables fêtes nationales et les représentations
théâtrales faisaient participer tout le peuple à cette célébration. La cité organisait
des festivités dans toute la ville et les spectacles étaient gratuits car les citoyens
les plus riches en assumaient les frais. Le théâtre était alors l’expression d’une
culture populaire. La ville entière était en liesse et des défilés étaient organisés
(Comos = défilés burlesques d’où l’étymologie du terme Comédie.)
Les pièces de théâtre données obéissaient à une organisation bien définie :
les représentations avaient lieu uniquement pendant les Dionysies et donnaient lieu
à des concours.
Chaque concours mettait en compétition trois dramaturges, sur un thème
donné et se rapportant à la même légende et un drame satirique. Les grands
auteurs tragiques et qui gagnèrent le plus souvent les Prix sont Eschyle (13 fois),
Sophocle (20 fois) et Euripide (5 fois). Chaque tragédie était écrite en vers,
chantée ou déclamée avec accompagnement musical. Sa structure était spécifique :
Un prologue où était rappelé la légende (Anouilh en 1942 reprend ce
prologue dans son Antigone)
Un parodos, entrée solennelle du chœur conduit par le choryphée
Des épisodes, ou scènes, entrecoupés par les chants du chœur qui
tenaient lieu d’entractes. Il y avait cinq parties correspondant à peu
près à cinq actes.
L’exodos qui correspond au dénouement et la sortie du chœur.
L’étymologie du terme de tragédie est encore discutée mais semble venir
de la connotation religieuse des fêtes pendant lesquelles elles étaient données :
tragos= cochon /odé= chant d’où l’étonnante étymologie : le chant du cochon ! Ce
cochon qui est pris au hasard dans un troupeau (
fatalité
), qui se trouve impuissant à
se défendre contre cette fatalité (
Impuissance à lutter
contre cette fatalité) va
mourir sur l’autel du sacrifice (
la mort
) et ainsi trouvons-nous dans cette origine
toutes les caractéristiques du héros tragique !
C’est de la tragédie grecque que va naître le théâtre. C’est donc une œuvre
lyrique en vers, représentant les infortunes de personnages empruntés aux mythes
ou à l’histoire antiques et qui inspire terreur et compassion ; elle est appelée à
réaliser
la catharsis ou purgation des passions
prônée par Aristote :
« La tragédie est l’imitation d’une action grave et complète, et qui a sa juste
grandeur. Cette imitation se fait par un discours, composé pour le plaisir, de telle
sorte que chacune des parties qui le composent subsiste et agisse séparément et
distinctement.
Elle ne se fait point par un récit, mais par une représentation vive qui,
excitant la pitié et la terreur, purge et tempère ces sortes de passion. C’est-à-dire
qu’en émouvant ces passions, elle leur ôte ce qu’elles ont d’excessif et de vicieux, et
les ramène à un état modéré et conforme à la raison. »
Ainsi le spectateur se « purge »-t-il de ces passions parfois si
encombrantes ! Ce qui fera dire à Voltaire bien plus tard que
« La véritable
tragédie est l’école de la vertu.
» un siècle après Racine dans la préface de sa
tragédie, Phèdre : «
Les passions n’y sont présentées aux yeux que pour montrer
tout le désordre dont elles sont cause ; le vice y est peint partout avec des
couleurs qui en font connaître et hair la difformité. C’est là proprement le but que
tout homme qui travaille pour le public doit se proposer. »
Les acteurs étaient des hommes et portaient des masques décorés avec
soin ; le terme d’acteurs se disait en Grec : « upokruptès »= upo=dessous / krupto=
caché ( une crypte est caché sous l’église) d’où l’évolution du mot chez nous à notre
époque : hypocrite= celui qui cache son vrai caractère sous un masque !!
Mais la Comédie grecque va naître aussi pendant les Dionysies ; elle a pour
origine le terme grec « comos » qui désignait des défilés burlesques en l’honneur du
dieu de l’ivresse (Bacchus). Ces défilés faisaient rire et étaient l’apanage de la fête
et de la joie bruyante. D’où l’origine du mot comédie : ce qui fait rire et se finit
bien.
Sa structure est plus simple que la tragédie :
L’agon, sorte de joute oratoire
La parabase
Les scènes entrecoupées de chants satiriques du chœur.
Car elle était aussi entrecoupée de passages chantés comme la tragédie. Ses
thèmes étaient beaucoup plus proches du peuple, empruntés à la vie sociale, à
l’actualité politique ou littéraire de l’époque. Elle a des intentions critiques
évidentes et fait la satire des mœurs de son époque. Tout comme le dira au
XVIIème siècle, Molière : « Castigat ridendo mores » : elle châtie les mœurs en
riant !
Un auteur à retenir : Aristophane.
Dans la mise en scène, quelques différences majeures laisseront leurs
marques dans le théâtre par rapport à la tragédie : Davantage de mouvement, un
dialogue plus vif et un langage plus proche du populaire. Nous retrouverons ces
caractéristiques dans le théâtre classique du XVIIème siècle.
2. Le Moyen-âge et le théâtre
Il est très abondant. Mais il faut en voir deux sortes :
Le théâtre sacré : qui naît de la liturgie et apparaît sous la forme de
Miracles », pièces familières et réalistes ; de « Mystères » qui puisent
leurs sources dans les textes bibliques et retracent l’histoire sainte
de la création à la résurrection ; il faut y voir une forte tonalité
didactique. Il informe le peuple de la vie des Saints et des
comportements à tenir au nom de l’Eglise.
Il se joue sur les parvis des églises et cathédrales.
Le théâtre profane, lui, est d’inspiration franchement comique. Ce sont
les farces et les satires qui mettent en scène des Fous qui peuvent se
permettre toutes les fantaisies. A lire la Fête des Fous dans Notre-
Dame de Paris de Victor Hugo. Beaucoup sont encore écrits en vers
mais la prose commence à prendre sa place.
Le théâtre de cette époque est surtout un théâtre de plein-air.
3. La renaissance et l’Humanisme seront marqués par le théâtre
étranger : Le XVIème siècle.
En France le genre perd de son importance après l’interdiction des
Mystères par le Parlement de Paris
Nous voyons l’émergence du théâtre élisabéthain et celui de la Commédia
del’Arte qui nous arrive d’Italie.
Le théâtre élisabéthain : Marqué par le dramaturge, Shakespeare.
C’est un théâtre nouveau, qui allie dans une même pièce toutes les
tonalités. Ainsi trouverons-nous dans les pièces de Shakespeare un registre
fantastique, côtoyant le registre tragique et comique ! On ne peut alors plus
vraiment parler de tragédie ou de comédie puisque on peut rire et pleurer tour à
tour dans la même pièce ! C’est ainsi qu’est né le terme de pièce baroque, au même
titre que nous entrons dans l’ère de l’art baroque en Europe. Il deviendra le
mouvement principal de cesiècle. Pourquoi ce terme ?
Il vient du Portugais « Barocco » qui veut dire « perle imparfaite ». Ainsi la
pièce baroque se caractérise-t-elle par le mélange des registres et des genres ainsi
que par l’aspect éphémère de la vie…Tout semble appeler à disparaître…et à se
métamorphoser ; une conscience aigue de la mort hante les œuvres baroques.
Nous citerons les œuvres les plus connues de Shakespeare, telles que
Hamlet, Macbeth où le fantastique côtoie tour à tour le tragique et le comique,
mais aussi Roméo et Juliette, bien sûr. Ce théâtre influencera trois siècles plus
tard le drame romantique de Musset ou Hugo. Il apporte une autre vision du
personnage de théâtre ; il est plus proche du spectateur car il lui ressemble
davantage : un être humain pleure, rit, se met en colère et sa vie n’est pas
seulement heureuse ou tragique ! L’être humain a mille ressentis différent et n’est
pas seulement comique ou tragique ! Ainsi le personnage de la pièce baroque ou du
drame romantique plus tard est-il davantage un « miroir » pour le spectateur qui
s’identifiera plus facilement à lui.
Et puis en ce siècle d’humanisme, mouvement essentiellement venu
d’Italie, naîtra la Commédia del’Arte.
C’est un théâtre d’improvisation, avec des personnages caractéristiques tels que
Scaramouche, Pierrot et Colombine, Arlequin…La troupe poursuivra ses tournées
jusqu’à la fin du XVIIème siècle puisque les « Italiens » partageront la salle de
théâtre donnée par le Roi Louis XIV avec Molière.
En France, le XVIème siècle ne sera pas un grand siècle pour le
théâtre : Il y a survivance d’un théâtre comique issu des farces du Moyen-âge qui
annoncera peu à peu la comédie de Molière.
4. Le théâtre classique du XVIIème siècle
Ce sera l’âge d’or du théâtre français.
Le XVIIème siècle est le siècle du classicisme et se caractérise par ses
règles qui touchent tous les arts et en particulier celui du théâtre. En effet dès
1635 Richelieu fonde l’académie Française qui règlementera la littérature par des
règles strictes et valorisera la langue française. Elle traduit aussi la volonté de
« discipliner l’art littéraire »
Le théâtre sera dignement représenté dans une France en plein essor et
heureuse de montrer sa puissance.
La tragédie et la tragi-comédie connaîtront un grand succès auprès de la
Noblesse. Puis la comédie prendra sa place chez la bourgeoisie.
Ce siècle est marqué par trois grands dramaturges : Corneille, Racine et
Molière. Tous trois devront obéir aux grandes règles du théâtre classique écrites
par Boileau dans son Art poétique. Ainsi en verrons-nous les principales :
La règle des trois unités
illustrée par ces vers de Boileau :
« Qu’en un lieu, qu’en un jour, un seul fait accompli / Tienne jusqu’à la fin le théâtre
rempli. » : unité de lieu ; unité de temps et unité d’action pour mener à bien la
représentation d’une pièce.
L’unité de lieu : Toute la pièce devait se dérouler dans le même
lieu. Cela évitait de changer les décors ; ce qui était difficile à
l’époque bien sûr mais surtout très dangereux vu l’éclairage par
bougies.
L’unité de temps : « La représentation dure deux heures, et
ressemblerait parfaitement, si l’action qu’elle représente n’en
demandait pas davantage pour sa réalité » Corneille.
En effet comment faire croire qu’en deux heures de temps se
passent plusieurs jours, voire semaines ? C’est donc dans un
effort de « faire vrai » que cette règle voit le jour.
L’unité d’action : « L’unité d’action consiste, dans la comédie, en
l’unité d’intrigue ou d’obstacle aux desseins des principaux
acteurs, et en l’unité de péril dans la tragédie, soit que son
héros y succombe, soit qu’il en sorte. » Corneille.
Une seule intrigue principale pour que le spectateur ne se perde
pas dans trop d’actions vu que le théâtre est un art visuel qui ne
permet pas de retour en arrière pour mieux comprendre.
Ces trois unités correspondent bien au goût de l’époque : Clarté et rigueur.
La règle de bienséance
: Il s’agit de ne pas MONTRER la violence, les
meurtres, la mort pour ne pas choquer les spectatrices…Mais on peut RACONTER à
un confident ou à une servante la mort d’un personnage.
La règle de vraisemblance
: « Faire vrai » car le « théâtre est art
d’imitation » mais ne peut donner tout le vrai…Donc seulement la vraisemblance :
c’est-à-dire qu’est exclu la tonalité fantastique sur scène…même si tout n’est pas
vrai on fait en sorte que cela y ressemble. On ne MONTRE pas ce qui est impossible
mais on peut le RACONTER : ainsi le confident et ami de Thésée raconte-t-il la
mort de son fils emporté par un monstre sorti des flots…On ne le voit pas…
La règle de la séparation des genres
:
« On tremble chez Corneille = la tragi-comédie
On pleure chez Racine = La tragédie
On rit chez Molière = la comédie. » Le dramaturge ne peut pas mêler comique et
tragique ! Ici, nous retrouvons cette séparation des genres dans l’Antiquité mais
disparu au 16ème siècle en Angleterre avec les pièces baroques de Shakespeare.
Toutes ces règles n’ont pas toujours été suivies par…Molière notamment :
Dans sa pièce Dom Juan, 1665, Molière ne suit en aucun cas aucune de ces trois
règles et sa pièce introduit le baroque dans la dramaturgie : mélange des genres,
éclatement des règles, et une course effrénée vers la mort malgré les « bons
mots » de Sganarelle.
1 / 14 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !