LE THEATRE
C’est un mot grec qui renvoie à l’idée de contemplation : L'étymologie du mot fonde le théâtre
sur le regard : Theatron, du verbe grec theomai, « voir ».
Les origines.
Elles sont grecques : Les fêtes en l’honneur de Dionysos (Dieu du vin et de la fête, fils du Dieu Zeus
et de la mortelle Sémélé), faisaient la part belle au théâtre où les dramaturges s’affrontaient en
présentant leurs œuvres.
Le théâtre participe à la cérémonie religieuse. Sur une aire séparée du public, un ou plusieurs
officiants miment avec leur corps et leur voix une histoire à laquelle, par convention tacite, la
collectivité s'associe.
Pendant longtemps, le théâtre grec gardera l'empreinte de ses origines sacrées : Les concours,
précédés de processions, sont organisés lors des Dionysies dans le sanctuaire du dieu.
La comédie, selon Aristote, procède des processions phalliques et des lazzis échangés entre le
public et le chœur des satyres du cortège.
Les chœurs des tragédies descendent des chœurs psalmodiant autour d'un autel.
La plus ancienne tragédie qui nous est parvenue est une pièce d'Eschyle, Les Perses (472 av. J.-
C.), la première comédie Les Nuées, d'Aristophane (v. 427 av. J.-C.)
La tragédie.
Etymologiquement, elle renvoie au bouc sacrifié en l’honneur de Dionysos : Origine sacrée.
Elle est issue du dithyrambe, genre lyrique avec un récitant et un chœur qui sont très vite devenus
acteur et coryphée. La tradition veut qu’Eschyle ait ajouté un deuxième acteur au premier et Sophocle
un troisième.
Les acteurs tragiques jouaient cachés sous des masques d’où le terme d’ « hypocrite », portaient un
grand manteau très orné et étaient juchés sur de hauts cothurnes. Leur déclamation était très proche
d’une sorte de récitatif musical.
La tragédie est une source de grands mythes de la culture européenne. Elle doit, selon Aristote
dans L’Art poétique, être source de catharsis, à savoir expurger les passions par la terreur et la
pitié. Ses plus grands auteurs sont :
- Eschyle (525 av. J.-C. - 456 av. J-C) : Auteur dramatique, il gagne son premier concours en
484. Sa réputation amène Hiéron, tyran de Syracuse et protecteur des arts, à l'inviter en
Sicile, où il séjourne à deux reprises (472-468, 458-456). Des quelques quatre-vingts pièces
qui lui sont attribuées, sept seulement nous sont parvenues dans leur totalité : Les
Suppliantes (vers 490), Les Perses (472), Les Sept contre Thèbes (467), Prométhée
enchaîné (entre 460 et 450) et la trilogie de L'Orestie (458), qui comprend Agamemnon, Les
Choéphores et Les Euménides.
- Sophocle (Vers 495 av. J.-C. 406 av. J-C) : Il est le plus grand dramaturge de la Grèce du
Vème siècle. A trente ans, il participe pour la première fois à un concours dramatique et
triomphe d’Eschyle. Plus de vingt fois, sans jamais obtenir moins qu'une deuxième place, il
viendra à bout de ses concurrents, faisant représenter plus de cent vingt-trois tragédies, dont
sept sont parvenues jusqu'à nous. Il donne ainsi au genre tragique sa forme définitive, en
faisant passer le nombre d'acteurs de deux à trois et en remplaçant le principe de la trilogie
liée (Contant trois épisodes d'un même mythe.) par celui de la trilogie libre (Où les épisodes
sont autonomes.).
La comédie.
- Chez les Grecs, c’est une sorte de querelle humoristique où des paysans plus ou moins ivres
échangent des quolibets avec la foule. L’auteur le plus représentatif de la comédie grecque
est Aristophane (Vers 445 - v. 386 av. J-C) : Il composa une quarantaine de comédies, dont
onze seulement nous sont parvenues complètes. Une partie de cette œuvre satirique et
polémique s'inspire de l'actualité politique ou quotidienne pour fustiger les archontes : Les
Babyloniens : La démagogie du très puissant Cléon, Les Cavaliers : Les partisans de la
guerre, Les Acharniens : La paix, Lysistrata : Les sophistes, Les Nuées : Les tribunaux, Les
Guêpes. Mais si le chœur, déguisé, virevoltant, fournissant l'élément essentiel et permanent
du comique, joue dans toutes ces pièces son rôle traditionnel, il perd de son importance à
mesure que l'inspiration du poète se détourne de l'actualité pour aborder des thèmes plus
généraux : Ennemi de la nouveauté dans beaucoup de domaines, Aristophane se fait critique
littéraire dans Les Thesmophories, dans Les Grenouilles, où il oppose Eschyle à Euripide. Il
condamne les théories féministes des sophistes dans L'Assemblée des femmes, tandis que la
veine utopique et fantaisiste triomphe dans Les Oiseaux et Ploutos. Par la variété de ses
thèmes, l'invention et la verve qu'il manifeste dans ses œuvres, la justesse de ses parodies et
de ses allégories, Aristophane reste le plus grand poète comique grec : Son style, toujours
souple et élégant, n'exclut ni une violence parfois extrême du langage ni un lyrisme à la fois
simple et puissant.
Au III AV.JC, apparaît le Tractatus coislinianus, consacré à la comédie, considéré plus tard
par les dramaturges italiens de la Renaissance comme le livre II de l’Art poétique d’Aristote, et
que nous savons maintenant être apocryphe.
Selon cet ouvrage, la comédie réalise « par le plaisir et le rire la purgation des sentiments de
cette nature » : Elle corrige donc les hommes et les conduit ainsi à la beauté et à la vérité
morale par le spectacle lamentable et ridicule de leurs laideurs d’âme. Elle châtie les mœurs
par le rire : Castigat ridendo mores.
- Mais le théâtre français a surtout été, en matière de comédie, influencé par les latins et en
particulier par Plaute.
Le Théâtre à Rome.
Bien avant que la littérature hellénique fût appréciée en Italie, on y représentait des petites pièces
comiques tirées du terroir. C’étaient des sortes de parades grossières et licencieuses qui ne prirent
une forme littéraire qu’à l’époque de Cicéron et Sylla.
Mais déjà les italiens manifestaient un goût plus prononcé, pour la musique et pour la danse. Cela
créera sous l’Empire, la pantomime, sorte de ballet compliqué qui tuera, pour sa bonne part l’art
dramatique.
La tragédie.
A la suite, il y eut alors deux sortes de tragédie : l’une purement grecque, l’autre qui prit son sujet
dans l’histoire romaine.
La comédie.
De même. il y eut deux sortes de comédies : L’une dont la scène se passait en Grèce et où les
acteurs , l’autre où les acteurs en toge représentaient une pièce italienne.
Chez les Romains, les acteurs étaient fort méprisés et on les recrutait presque exclusivement parmi
les affranchis ou les esclaves. A l’ordinaire, les acteurs étaient réunis en compagnies sous les ordres
d’un chef qui était lui-même un esclave ou un affranchi, et qui écrivait souvent des pièces pour sa
propre compagnie. Ces pièces trouvaient place dans les spectacles gratuits que l’État offrait au
peuples elles étaient représentées entre des combats de gladiateurs, des danses ou des mêlées de
bêtes fauves. Les masques furent adoptés par les acteurs. Toutefois, l’emploi n’en fut guère
généralisé. Aux magistrats qui présidaient les fêtes était échu le soin de payer l’auteur et les acteurs.
Honoraires peu considérables et même honoraires nuls quand la pièce était sifflée. Au fond, le peuple
romain préférait mille fois à toutes les pièces du monde les jeux du Cirque qui flattaient au moins ses
instincts de Sauvagerie.
Les plus grands auteurs latins sont :
- Plaute, Titus Maccius Plautus (v.254 av. J.-C.-184 av. J.-C.) : Poète comique latin très
populaire dans la Rome antique. On ne sait presque rien de sa vie, sauf qu'elle fut
mouvementée, et qu'il ne se consacra à la poésie qu'après 215. Ses comédies, dont vingt
sont parvenues jusqu'à nous, et qu'il est impossible de dater, montrent avec beaucoup de
verve le petit peuple romain: Amphitryon, Le Soldat fanfaron, Les Ménechmes,
L'Aulularia, (La Comédie de la Marmite.) a inspiré Molière, qui en a tiré le sujet de L'Avare
et qui repris également Amphitryon.
- Terence, Publius Terentius Afer (v.190 av.J-C - 159 av. J-C) : Poète comique latin, est né à
Carthage. Ses comédies, inspirées du Grec Ménandre, font s'affronter des personnages
décrits avec une grande finesse psychologique et animés de bons sentiments : L'Andrienne,
L'homme qui se punit lui-même, L'Hécyre, L'Eunuque, Les Adelphes, Phormion (dont
s'inspira Molière dans Les Fourberies de Scapin.)
Le Moyen Age.
Le théâtre, tombé en désuétude, a été réintroduit en France par le clergé : Il était indispensable pour
éduquer religieusement tout un peuple qui incapable de lire, ne pouvait avoir accès aux textes sacrés.
Le drame liturgique.
Il est en latin et représente des passages de la Bible. Il n’est joué que par des ecclésiastiques au sein
même de l’église.
Le drame semi- liturgique.
Le plus connu est Le jeu d’Adam. Il est joué en français sur le parvis de l’église.
La vie des saints et les miracles.
Les Mystères ou les Passions.
Ils étaient consacrés à la vie du Christ, aux légendes bibliques, à la glorification de Dieu le Père.
Commencés avec quelque gravité. Ils ont disparu assez rapidement car ils étaient trop longs et trop
profanes.
- Pour les mystères pieux. la décoration suivait une règle précise :
Il y avait trois échafauds superposés représentant l’enfer, le purgatoire et le ciel. Dans le
bas se trouvait l’enfer, figuré par une énorme gueule de diable, rouge, velue, et entourée de
diablotins crachant du feu. Au milieu. C’était le purgatoire. Le décor était moins terrible il
s’harmonisait avec le vénérable Adam et l’accorte Ève. Dans le haut enfin, le décor
représentait le ciel. On y voyait, peints sur la toile, des nuages, des anges, et, assis au beau
milieu, Dieu le Père, qu’entouraient des Saints à la longue barbe.
- Ces trois décors restaient immobiles. Ils étaient fixés sur des charpentes au travers
desquelles grimpaient des escaliers pour permettre L’ascension de l’âme qui partie de l’état
de péché, arrivait à la félicité céleste. Devant chacun des trois décors une vraie scène aussi
s’étendait, car les acteurs étaient nombreux et souvent on faisait figurer des animaux,
comme la vache de Bethléem ou bien encore l’ânesse de Balaam.
La farce.
Très satirique, elle est liée à l’essor de la bourgeoisie. L’une des plus connues est La farce de
maître Pathelin.
La Renaissance.
- Montée des pièces religieuses.
- Emergence de la tragédie selon le vœu de Du Bellay : Amorcement des règles classiques. Un
seul chef-d’œuvre à signaler : Les juives de Garnier.
Fin XVIème- début XVIIème siècle.
La Commedia dell’Arte.
Le théâtre français a été fortement influencé par la Commedia dell’arte en provenance d’Italie. Ces
troupes présentaient des personnages stéréotypés, toujours connus actuellement : Pierrot,
Colombine, Arlequin, Polichinelle… Leur texte étaient rarement écrit, les acteurs, suivaient
habituellement le même canevas, et improvisaient les dialogues.
Le contenu de leurs pièces étaient souvent le même, et nous pouvons le retrouver chez Molière,
grand admirateur des acteurs italiens, avec qui il a partagé un théâtre, à son retour à Paris : Une
jeune fille blonde aux yeux bleus (Ce qui représente la pureté), et naïve est amoureuse d’un jeune
homme blond aux yeux bleus et aussi naïf qu’elle. Malheureusement, le père de la demoiselle, qui est
vieux, laid, avare, et qui refuse le dialogue souhaite lui faire épouser l’un de ses meilleurs amis, qui lui
ressemble en tout point, mais qui en plus est lâche. La situation serait désespérée, si les deux jeunes
gens n’étaient pas efficacement secondés par leur serviteurs : Une servante brune, aux yeux noirs
(Symbole de ruse, car tout ce qui est noir représente le diable.), peu farouche, intelligente, rusée pour
la jeune fille, et un valet qui a les mêmes attributions mais qui est en plus voleur pour le jeune homme.
Ils vont tout mettre en œuvre pour aider leurs maîtres et maîtresse à se marier, et à la fin de la pièce,
les deux vieillards seront copieusement rossés.
Le baroque.
Il propose souvent des tragi-comédies. Il est lié à l’idée que le monde est un théâtre, à l’idée de
mouvement, de métamorphose, d’instabilité, d’inconstance. L’une des pièces baroques les plus
célèbres est L’Illusion comique de Corneille.
Le XVIIème siècle.
Le classicisme.
Le théâtre classique a été codifié par de nombreux auteurs dont le plus célèbre est Boileau avec
son Art poétique (1674), qui développe certaines règles :
● La règle des trois unités (temps, lieu, action).
● La règle des bienséances (pas de sang, de sexe, ni de choses vulgaires sur scène, registre de
langue strictement soutenu.).
● La règle des vraisemblances :
Ces règles s’appliquent à la tragédie qui se doit d’être en cinq actes, versifiée et de prôner le héros.
● Il est conseillé d’imiter, de s’inspirer sans pour cela faire du plagiat, des auteurs de l’Antiquité
grecque et latine.
Le XVIIIème siècle.
Le drame bourgeois.
Prôné par Diderot et Beaumarchais, il ne rencontre le succès qu’avec Le philosophe sans le savoir
de Sedaine.
La comédie.
Elle est renouvelée par Marivaux qui choisit comme domaine les incertitudes du cœur humain qu’il
n’hésite pas à inscrire sur un fond social : le marivaudage ne se limite pas à un badinage innocent, il
est une technique assez cruelle de manipulation où l’on force autrui à se connaître, à perdre son
innocence. Elle est également renouvelée à travers la comédie politique chère à Beaumarchais.
Le XIXème siècle.
Le mélodrame.
C’est un drame populaire pathétique où triomphe le bien.
Le drame bourgeois.
Peinture des relations familiales.
Le vaudeville.
Sorte de comédie qui brocarde la bourgeoisie.
Le drame romantique.
Il est codifié dans la préface de Cromwell de Victor Hugo.
● Vision de l’histoire qui explique le développement du grotesque dans l’art.
● Refus des règles classiques.
● Déstructuration de l’alexandrin.
Le XXème siècle.
Le théâtre de l’absurde.
Sa paternité revient à Alfred Jarry.
● Refus des pièces à thèses.
● Refus de la psychologie et de l’histoire.
● Fondé sur l’aventure du langage, il use de longues didascalies, élimine l’intrigue au profit de
situations absurdes et crée le type de l’anti-héros marqué par la solitude, la misère et le désespoir.
Le théâtre existentiel.
C’est un théâtre d’idées de registre didactique qui utilise la scène comme une tribune politique.
Le langage théâtral.
Le dialogue.
Il est caractérisé par la double énonciation et relayé par les didascalies.
● La réplique.
● La tirade.
● Le récit.
● L’aparté.
● L’adresse au public.
● La stichomythie.
● Le monologue.
Deus ex machina.
Au théâtre, « Un dieu [descendu] au moyen d’une machine ». Par extension, désigne une personne
ou un événement dont l’intervention peu vraisemblable vient sauver in extremis une situation
désespérée.
Eléments essentiels de la dramaturgie.
● L’action : événements qui forment une intrigue.
● L’exposition ou scène d’exposition: elle présente époque, lieu, personnages, registre(s), intrigue.
● Les péripéties : épreuves qui ponctuent l’itinéraire du héros.
● Le nœud : paroxysme des conflits.
● Le dénouement : fin de la pièce, qu’elle soit heureuse ou malheureuse.
La mise en scène.
Le metteur en scène.
● Interprétation de l’œuvre.
● Direction des acteurs.
Le jeu des acteurs.
● Rôle de la sensibilité.
La mise en scène.
● Choix de la scène (ouverte ou fermée).
● Choix du ou des décors (compartimentés, absents, vidéo…).
● Choix des costumes (minimalisme ou somptuosité).
● Choix des lumières (effets spéciaux, musique, son…).
Les sous-genres les plus important et leurs critères.
La comédie.
● Elle a le droit de ne pas respecter la règle des trois unités.
● Son niveau de langue est courant, voire familier.
● Elle peut se dérouler en trois actes.
● Elle est, la plupart du temps, ancrée dans son époque, donc contemporaine de son auteur.
● Elle fait appel à plusieurs sortes de comique :
- Comique de gestes.
- Comique de mots.
- Comique de situation ou quiproquo.
- Comique de caractère.
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