En 1865, dans son ouvrage Journaux et journalistes, Alfred Sirven, (1838-1900)1,
évoque le parcours de Bertin et de son journal, puis il faut attendre la parution du Livre
du Centenaire du Journal des Débats, en 1889, pour voir Léon Say, (1826-1896)2,
André Hallays, (1859-1930), et Jean-Jacques Weiss, (1827-1891)3, principalement,
signer quelques articles au sujet du directeur des Débats. Auguste Cavalier publie une
biographie sommaire de Bertin, en 1900.
Enfin, Alfred Pereire (1879- 1945 ?) fait paraître une importante étude sur les frères
Bertin, augmentée de documents inédits, à l’occasion du centenaire de l’indépendance
du journal, en 1914. A part ces auteurs, et depuis lors, Bertin l’Aîné a suscité bien peu
d’intérêt.
Baigné dès sa plus tendre enfance dans une atmosphère artistique et
intellectuelle, dans les salons du duc de Choiseul où son père était introduit, le jeune
Bertin se nourrit également de l’éducation voltairienne que lui prodigue sa mère, et des
idées des encyclopédistes qu’elle défend. A l’approche de la Révolution, il vibre pour
les Etats Généraux, la pensée de Mirabeau, et assiste, enthousiaste, aux balbutiements
de l’activité parlementaire. Sa vie durant, il n’aura de cesse de lutter pour que celle-ci
obtienne les conditions de tenir ses promesses.
Déçu des excès jacobins, il prend alors la plume dans différents journaux avant de se
décider à fonder le sien. Dès lors, conquête de la liberté de la presse, pression sur les
instances politiques de son temps et diffusion des arts et des lettres se mêleront et
constitueront son triple but, dans une perspective de progrès et de démocratie.
1 Journaliste, descendant de la famille protestante réhabilitée par Voltaire, fondateur de la Petite presse,
en 1855, rédacteur en chef du Gaulois, de 1859 jusqu’à sa suppression en 1861, créateur d’une agence de
presse politique en 1872. Il subit la vindicte des autorités pour ses opinions proches de celles de Victor
Hugo, qu’il admire.
2 Député, préfet, huit fois ministre des finances, sénateur, ambassadeur et président du Sénat en 1880, il
fut aussi rédacteur au Journal des Débats, élu à l’Académie française en 1866, et membre de l’Académie
des Sciences morales et politiques en 1874. Il épousa une des filles d’Armand Bertin.
3 Professeur et homme de lettres, journaliste, proche des milieux bonapartistes. Il collabore à la Revue
contemporaine, et est révoqué de sa fonction de conseiller d’Etat pour des articles parus dans Paris-
Journal. Par la suite, membre du gouvernement Gambetta.