Le projet
Au commencement était  un   désir,   celui de Valérie  Dréville,  celui de jouer 
Partage de midi avec Jean-François Sivadier dans le rôle de Mesa. Pour elle, 
« Partage de midi  n’est pas seulement une pièce mais une méditation sur 
l’amour. La pièce nous demande à en faire le récit, le poème à entrer dans la 
physicalité du langage. Loin de la grammaire normative, Claudel ¨fait¨ quelque 
chose à la langue que nous nous proposons d’expérimenter sur nous-mêmes 
afin d’en transmettre au spectateur la formidable énergie. »
Ce vœu de comédienne rencontre l’occasion du Festival d’Avignon 2008, où 
elle   est,   aux   côtés   de   Romeo   Castellucci,   l’artiste   associée.   Porté   par   le 
Festival, le projet en germe vient à éclore. Valérie Dréville et Jean-François 
Sivadier   invitent   à   leurs   côtés   deux   comédiens,   Gaël   Baron   et   Nicolas 
Bouchaud   et   trouvent   la   complicité   de   Charlotte   Clamens   pour   les 
accompagner dans cette nouvelle aventure.   
Sous   le   ciel   d’Avignon,   étape   première   de   leur   traversée,   cet   équipage 
déroulera ensemble une fable où la rencontre des personnages fera écho à 
celle de cinq compagnons de théâtre.
Examinons   nos   figures   comme   quand   on   joue   au   poker,   les   cartes 
données.
Nous voilà engagés ensemble dans la partie comme quatre aiguilles, 
et qui sait la laine
Que le destin nous réserve à tricoter ensemble tous les quatre ? 
Partage de midi, Paul Claudel, Acte I
Cette réplique de Partage de midi est un départ pour nous
C’est notre situation
Notre autobiographie
Nous mêmes dans le midi de notre vie de théâtre
Nous voici réunis, les relations entre nous depuis des années sont différentes 
selon chacun, un passé ou pas, qui sait la laine que le théâtre nous réserve à 
tricoter ensemble ?
Tout devant nous est inconnu, tout est possible, tout est à faire
Le désir d’acteurs de travailler ensemble à ce projet ne veut pas dire qu’il n’y 
aura pas mise en scène mais la mise en scène partira du travail des acteurs.
Le plateau c’est l’outil de Claudel, la page blanche, comme il s’est confronté à 
la page blanche, nous nous confrontons au texte
Claudel a choisi cette langue incroyable pour raconter cette histoire
C’est une langue qui rend amnésique 
Elle fait penser à elle-même et à aucune autre
C’est une pièce sans passé, Claudel invente un langage