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« HIER ON M’A MENÉ AU THÉÂTRE » DISSERTATIONSUJET 15
Nous vous proposons un plan détaillé que vous pouvez vous exercer à
rédiger en y incluant des exemples.
Introduction
Paragraphe d’amorce : L’acteur a toujours intrigué, par son originalité, son
côté artiste et protéiforme (dans le roman : Le Capitaine Fracasse). Dans le
théâtre même, on trouve beaucoup d’exemples de personnages d’acteurs.
Le plus souvent, présentés en train de jouer sur scène exemples de
mises en abyme : le « théâtre dans le théâtre » (ex : Molière, L’Illusion
comique ; Molière lui-même dirigeant ses acteurs dans L’Impromptu de
Versailles ; Marivaux, Les Acteurs de bonne foi), d’ordinaire dans le but de
créer quiproquos et méprises, de « corser » l’intrigue.
Problématique : Dans Kean de Dumas, le protagoniste est un célèbre
acteur anglais interprète de Shakespeare : il n’est pas cependant en train de
jouer une pièce, mais il rencontre une jeune femme qui lui fait part de sa
première expérience de spectatrice, occasion pour elle de faire l’éloge du
théâtre, d’en montrer les qualités. De même, dans L’Échange, Claudel met
en scène une femme comédienne, Lechy Elbernon qui, elle, parle de son
métier d’actrice, de ses rapports avec le public. Elle aborde la question des
motivations qui poussent à aller au théâtre depuis des siècles.
Annonce du plan : 1. Le plaisir du spectacle collectif vivant : se divertir ; 2. Des
émotions fortes, des passions et la « catharsis » ; 3. Une « école » de vie.
I. Un spectacle vivant qui divertit :
une fête pour les « yeux », « s’amuser »
1. Plaisir de la sortie collective
a. Faire partie d’un public, vibrer à l’unisson
Les réactions d’un public ne sont pas la somme des réactions individuelles
(rire communicatif, etc.).
b. Un spectacle vivant, et non figé comme le cinéma
en chair et en os : l’impression du vécu en direct, ce sont de vrais
hommes qui jouent et non une image de ces hommes ( cinéma) ; velouté
ou rugosité de la voix, par exemple, humanisée, incarnée… ;
unique : chaque interprétation fait la même pièce différente ; plaisir de
comparer diverses interprétations.
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La poésie Le théâtre
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2. Plaisir esthétique : « entendre et voir de belles choses »
(Cournot)
a. Apprécier la beauté du texte
On ne parle pas, on ne joue pas au théâtre comme dans la vie travail
artistique de stylisation sur la langue, les gestes…
b. Apprécier la beauté du spectacle
décor, costumes, éclairages…
c. Apprécier la beauté du jeu de l’acteur, aller voir un acteur, le talent
d’un comédien
Cf. « voir une grande tragédienne » (Zola) ; on va voir Robert Hossein dans
Antigone, comme on allait voir La Champmeslé jouer Racine.
3. « Pour penser […] à autre chose » (Cournot), « rêver »
a. Éviter l’ennui d’une vie banale
« l’homme s’ennuie » (Claudel) il s’intéresse à des vies hors du commun.
b. S’évader de la vie quotidienne et se divertir (au sens étymologique
du mot)
Cf. Pagnol, pour qui le public vient au théâtre pour « se faire des songes »,
le plaisir d’être leurré.
II. Un monde d’émotions, de passions :
une fête pour le « cœur », « être ému(es) »
1. Varier sa vie, vivre plusieurs vies
a. Permet de « réaliser » des vies multiples
être, comme l’acteur, plusieurs personnes, vivre plusieurs destins, sans
risque (être Phèdre ou Antigone sans… mourir !).
b. Réaliser ses rêves par substitution
2. Le plaisir du voyeur
a. Voir ce que l’on n’a pas le droit de voir
– le 4e mur qui manque à la scène l’intimité des gens (entrer dans les
maisons, ce qu’on ne peut faire dans la vie).
b. Cas de l’aparté et du monologue
On se sent privilégié, destinataire des confidences d’autrui.
c. Le plaisir d’une situation privilégiée
lorsque le spectateur en sait plus que les personnages eux-mêmes (il est
le seul à connaître l’identité d’un personnage, les plans d’un personnage…).
d. Voir ce qu’on n’a pas forcément l’occasion de voir
par exemple, la mort sur scène.
Ce qui permet de…
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3. … ressentir des émotions fortes… : « frémir aux horreurs,
éclater aux plaisanteries »
Anna Damby (Kean), montre comment le théâtre lui a fait ressentir des émo-
tions fortes, presque douloureuses ; Lechy Elbernon dit du public : « il
pleure et il rit » (Claudel, L’Échange), il voit sa vie « plus vraie, plus forte et
aussi plus fraîche » (Giraudoux, Ondine). Voir aussi le texte
complémentaire : « des salles […] qui frémissent aux horreurs, qui éclatent
aux plaisanteries ».
a. Ressentir des émotions très fortes et variées
variées : rire ou pleurer (comédies, tragédies…) ;
plus intenses : l’action étant condensée en quelques heures, les émotions
et les passions en sont plus intenses. Ex : le mélodrame, Grand Guignol.
b. … interdites ou impossibles dans la vie de tous les jours, comme si
c’était vrai
les résurrections dans Grand Guignol, la statue du Commandeur dans
Dom Juan.
c. Fait vivre plus intensément
« Je commençais de ce jour à respirer, à sentir, à vivre ! » (Anna Damby).
d. La « catharsis »
cf. Aristote : « une imitation […] qui, par l’entremise de la pitié et de la
crainte, accomplit la purgation des émotions de ce genre » ;
comme une « cure » psychanalytique : libération des sentiments et émo-
tions refoulés.
III. Une école de vie : aller au théâtre pour apprendre,
pour lutter contre l’angoisse…
Selon le personnage de Claudel, Lechy Elbernon, le public va au théâtre
« pour entendre la vérité » ; selon Hugo, il s’y rend pour « l’esprit ».
A posteriori, pas forcément dans le vif du spectacle, le spectateur peut
chercher dans le théâtre un enseignement, une façon vivante et incarnée de
« philosopher », moins fastidieuse que les essais ou la lecture.
1. Voir des hommes, étudier l’homme, se voir soi-même
Voir texte complémentaire : « des salles […] qui comprennent tout, qui
dégagent de la pièce des indications, des subtilités méconnues de nous-
mêmes ».
a. Le théâtre présente tout l’échantillonnage des êtres humains
– une « comédie humaine » qui nous renseigne sur l’homme et explore l’âme
humaine. Montherlant : « Une pièce de théâtre ne m’intéresse que si l’action
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extérieure réduite à la plus grande simplicité n’est qu’un prétexte à l’explo-
ration de l’homme », une leçon de « caractères ».
b. Avoir une image de notre société
cas des pièces critiques (XVIIIe siècle, Le Mariage de Figaro) ou politiques
(Ruy Blas de Hugo, pièces engagées du XXe siècle).
c. Se voir soi-même, avoir une image de nous-mêmes
« pour se regarder soi-même » (Claudel) ; sorte de plaisir narcissique ou
peut-être même masochiste : voir Renée dans La Curée qui se compare à
Phèdre ; une vie proche de sa propre histoire.
d. Une leçon de morale ?
Effet dissuasif de la catharsis école de vertu (ne pas reproduire ce qui
cause la tragédie).
2. Lutter contre l’angoisse existentielle : la vie en accéléré et
aboutie
a. Assister à une vie en accéléré
la pièce de théâtre « fai[t] dérouler la vie à la vitesse de la passion
humaine » (Giraudoux) ; en « accélér[ant] la vie », le théâtre ôte tout ce que
la vie a de « trop languissant », ce qu’elle retarde et ne permet pas
d’appréhender.
b. Assister à une vie terminée, entièrement « déroulée » pour lutter
contre l’angoisse existentielle
Cf. Claudel : « ne sachant de rien, comment cela commence ou finit, c’est
pour cela qu’il va au théâtre » ; Jouvet : « condamnés à expliquer le mystère
de la vie, les hommes ont inventé le théâtre », pour savoir la fin.
Le spectateur a alors un instant la position privilégiée de Dieu.
Conclusion
La diversité des raisons qui poussent à aller au théâtre crée la diversité du
public (populaire, intellectuel, jeunes, adultes…). Malgré la concurrence, très
forte, du cinéma, le théâtre subsiste, pour son côté incarné, qui mêle indis-
sociablement illusion et réalité. Cf. Jean Vilar : « Il n’est pas d’art qui, plus
nécessairement que le théâtre, ne doive unir illusion et réalité. Cela à l’insu
du public et en pleine lumière cependant. Complices. »
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