164 RUE AMBROISE CROIZAT
93528 SAINT DENIS CEDEX - 01 49 22 73 29
09 JUIL 13
Quotidien Paris
OJD : 43517
Surface approx. (cm²) : 1395
N° de page : 15-16
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AVIGNON
6591496300506/XHM/AHR/1 Eléments de recherche : FESTIVAL D'AVIGNON : festival théâtral ou festival de théâtre, du 07 au 28/07/12, à Avignon (84), passages significatifs
La philosophie dans un mouchoir
Projet Luciole est un petit bestiaire au ton truculent pour retrouver la joie de penser.
Envoyée spéciale.
E
n 1975, Pasokni signait
dans le Carriere délia
sera un article intitulé
« l e V i d e d u pou v oir e n
Italie » Partant du constat que
les lu cio les , ces petites bêtes q ui
éclairent l es c hem ins l a n u i t to m-
bée, avaient disparu pour cause
de pollution, Pasolim dénonçait
avec virulence la vacuité de la
classe politique dominante, la
Démocratie c h r é t i e n n e , « l e vide
du pouvoir » , c e j e u d e m a s q u es
sans fm, cette nouvelle langue
vidée de tout substrat Évidem-
ment, la métaphore était sans
équivoque et Pasolini, en dépit
du terrible réquisitoire qu'il
dresse contre la pollution des
esprits, se dit prêt à tou t donner
« pour une luciole »
Nicolas Truong, j o u r na l i s t e ,
grand organisateur du Théâtre
des idées depuis 2004 au Fes-
tival d'Avignon, rencontres
passionnantes où il a convié
nombre de philosophes, défend
l'idée q u e « les lucioles ont sur-
vécu » à l ' i ns ta r d e Ge o rg e s D i d i -
Huberman, a u t eu r d e Survivance
des lucioles Avec la com pl ic ité
de J u di t h H enr y e t N ic o la s B o u -
chaud, d e u x ac te ur s inc royab le s
à la verve bien pendue qui ma-
nient l a l a n g u e a v e c u n e v i v a c i t é
jubilatoire, Projet Luciole est
un bestiaire philosophique tru-
culent pour retrouver la j o i e , la
joie que procure l'exercice de la
pensée c r i ti qu e , d e s e f ro tt er a u x
philosophes c on te mp or ai ns , qui,
après un cruel décompte maîs
tellement vrai, ne sont pas lé-
gion Opération désacralisation,
on en jette beaucoup (tous les
prétendants au t i t r e q u i p é r o r e n t
dans les salons médiatiques) et
on garde Adorno, Agamben,
Badiou, Arendt, Baudnllard,
Benjamin, de Bodmat, le Co-
mité in v i s i b l e , D ebo r d , Del e u z e,
Orwell, Rancière, Rosset, Sem-
prunouVaneigem Nicolas Bo u -
chaud et Judith Heny mettent
enjeu, enjoué et àjour la théâ-
tralité de la p e ns ée, se r éponda nt
du tac au tac, s'interrompant se
défiant dans un verbe à verbe
totalement loufoque Un spec-
tacle jubilatoire pour l'esprit,
qui vous réconcilie avec la phi-
losophie, quand elle redevient
cet outil de la pensée critique
qui est, comme chacun sait, un
moteur pour l'émancipation
humaine.
MARIE-JOSE SIRACH
Au jardin de la V ierge du lycée
Saint-Joseph jusqu'a u 13 j uillet,
à 15 heures et 19 heures.
Judith Henry et Nicolas Bouchaud, livresques, à la verve bien pendue.