Inversement, dans quelle mesure la ville est le théâtre d’une négation d’une citoyenneté globale suite à
des revendications identitaires souvent excessives et, par extension, enclines à réduire l’autre à un non-
autre, à un autre chosifié, réifié ?
- La ville comme le lieu d’expression identitaire et d’invention de pratiques citoyennes
Cet atelier entend faire le point sur cette idée déjà formulée par Max Weber (1982) il y a un siècle selon
laquelle « l’air de la ville rend libre », en tant que scène privilégiée d’expression politique. Comment ne pas
penser également ici aux propos de Marcel Roncayolo (1997, p. 145-146) insistant avec force sur cette
dimension : « Mais la ville, lieu de centralité, est également site privilégié de l'expression, de la diffusion
des idées, de la lutte aussi ; capitale, elle organise les dominations comme elle couve les révolutions […].
La vie urbaine laisse enfin place à des organisations, formelles ou non, à des mouvements qui, sans
participer aux affaires de la ville, parfois en marge, ont un enracinement et un champ d'activités urbains.
Faut-il élargir la question à tous les mouvements sociaux, se demander dans quelle mesure, par exemple,
le mouvement ouvrier, les actes collectifs de revendication, de luttes ou de violence prennent leur identité
dans la ville ? ».
Au regard des événements politiques de ces dernières années ayant eu pour cadre d’action la ville, avec
ses places hautement symboliques, il est question, dans le sillage des analyses de Weber, de revenir, avec
un regard analytique, sur l’importance de la ville comme scène de lutte pour la liberté et la réduction des
inégalités, que cette lutte soit collective ou individuelle, qu’elle soit politique, culturelle, symbolique ou
encore économique.
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