Saison 2011.2012
ANTIGONE
De Sophocle
Théâtre de la Butte
Les 26 et 27 avril I Théâtre
Jeu 26 avril I 19h30 · Ven 27 I 20h30
Ouverture de billetterie 1er mars
Tarif B I Passeport jeune
EN BREF
La jeune Antigone doit choisir entre l’amour qu’elle porte à son frère Polynice et la raison d’Etat
que veut lui imposer Thèbes. Théâtre fondateur, la tragédie de Sophocle embrasse l’universel. Elle
est ici portée par les comédiens du Théâtre National Palestinien sous la direction d’Adel Hakim,
dramaturge, metteur en scène, et co-directeur du Théâtre des Quartiers d’Ivry.
© Nabil Boutros
1 Trident
ANTIGONE
De Sophocle
SPECTACLE EN ARABE - SURTITRE EN FRANÇAIS
Théâtre des Quartiers d’Ivry, Centre Dramatique National du Val-de-Marne.
Avec les acteurs du Théâtre National Palestinien (Jérusalem)
Mise en scène Adel Hakim. Scénographie et lumière Yves Collet. Musiques Trio Joubran. Texte arabe
Abd El Rahmane Badawi. Texte français Adel Hakim. Poème «Sur cette terre», texte et voix de
Mahmoud Darwich. Assistant à la mise en scène Raymond Hosni. Costumes Shaden Salim. Vidéo
Matthieu Mullot et Pietro Belloni. Régie générale Eric Gaulupeau. Régie lumière Léo Garnier. Régie
son et vidéo Nicolas Faviere. Régie plateau Antoine Raulin. Habilleuse Dominique Rocher.
Avec :
Hussam Abu Eisheh
Créon
Alaa Abu Garbieh
Hémon, Chœur
Kamel Al Basha
Messager, Chœur
Mahmoud Awad
Tirésias, Chœur
Yasmin Hamaar
Eurydice, Ismène
Shaden Salim
Antigone
Daoud Toutah
Le Garde, Chœur
Coproduction Théâtre National Palestinien, Théâtre des Quartiers d’Ivry.
Avec l'aide du Consulat Général de France à Jérusalem, du Centre Culturel Français Chateaubriand,
du service de coopération italien du Ministère des Affaires Extérieures, du TAM et du Groupe des 20
théâtres en Ile-de-France.
Durée 1h50
2 Trident
La terre et le mur
Pourquoi une Antigone palestinienne ?
Parce que la pièce parle
de la relation entre l’être humain et la terre,
de l’amour que tout individu porte à sa terre natale,
de l’attachement à la terre.
Parce que Créon, aveuglé par ses peurs et son obstination, interdit qu’un mort soit enterré dans le
sol qui l’a vu naître. Et parce qu’il condamne Antigone à être emmurée.
Et parce que, après les prophéties de Tirésias et la mort de son propre fils, Créon comprend enfin
son erreur et se résout à réparer l’injustice commise.
Cette tragédie universelle aura une force particulière, interprétée par des acteurs palestiniens
parmi lesquels certains ont déjà été présents au Théâtre des Quartiers d’Ivry en 2009 à l’occasion
des représentations du spectacle
Le Collier d’Hélène
de Carole Fréchette mis en scène par Nabil El
Azan.
Antigone
permet de poursuivre la collaboration avec le Théâtre National Palestinien.
Ce spectacle se veut aussi un hommage au poète Mahmoud Darwich qui a dit :
«
J’ai choisi d’être un poète troyen. Je suis résolument du camp des perdants. Les perdants qui ont
été privés du droit de laisser quelque trace que ce soit de leur défaite, privés du droit de la
proclamer. J’incline à dire cette défaite ; mais il n’est pas question de reddition
».
Adel Hakim
3 Trident
Mais rien au monde ne peut plus le sauver
et sa manière d’agir vous fait penser à un cadavre de noyé qui,
poussé à la surface par un courant quelconque,
heurte un nageur fatigué et met les mains sur lui pour le retenir.
Le cadavre ne reviendra pas à la surface, il ne sera même pas sauvé,
mais il peut entraîner l’homme au fond.
Franz Kafka ---
Journal
La spirale d’Hadès
Il y a dans la pièce de Sophocle la mise en place d’un processus inexorable constitutif, dans sa
simplicité, du principe même de tragédie. Racine disait que ce n’était qu’avec
Bérénice
qu’il avait
atteint ce niveau d’évidence qui est le propre des grands chefs-d’œuvre de la Tragédie Grecque.
Le cœur de la pièce est l’amour que Hémon, fils de Créon, porte à Antigone. Hémon aime Antigone,
mais Antigone aime Polynice. Or Polynice est mort. A partir de là, la machine est lancée, le conflit
est déclaré entre morts et vivants.
Le cadavre sans sépulture de Polynice, livré comme nourriture aux chiens et aux oiseaux de proie,
devient à son tour anthropophage. Sous les apparences du rationnel, la dispute politique et
religieuse entre Antigone et Créon ouvre inexorablement la porte des Enfers par laquelle vont
s’engouffrer les vivants. Et le cauchemar commence. Hadès devient le personnage invisible mais
principal avec, à ses côtés, le fantôme d’Œdipe et toute la généalogie des Labdacides. Créon fait
resurgir Hadès dès lors qu’il prononce cette phrase : « Les plus courageux cherchent à s’enfuir
quand ils voient Hadès en face ». Car c’est bien de cela qu’il s’agit : d’un face à face qu’on redoute
--- comme Ismène --- ou qu’on souhaite --- comme Antigone.
Au milieu d’une mer d’une infinie tristesse --- celle du néant, du ciel sans limite ou du monde
souterrain, chacun mesure l’immensité de sa solitude devant l’Incontournable, et l’intensité de son
amour pour la vie et pour les vivants.
Malgré une fuite effrénée des âmes vers la folie et l’anéantissement, la pièce de Sophocle est un
chant d’amour et d’espoir, une symphonie des sentiments, un météore précieux et brillant incrusté
dans le noir du ciel qui semble vouloir reculer lombre même de la mort, en attisant notre goût
pour la lutte et pour la vie.
A. H.
4 Trident
Retour à la tragédie
Après un long détour par la comédie ---
Les Jumeaux vénitiens, Mesure pour mesure, La Cagnotte
---
il me semble important, ici, en France, et maintenant, en ce jeune XXI° siècle annonciateur de
bouleversements, de revenir à la tragédie, comme j’avais pu le faire avec
Alexandre le Grand,
Prométhée Enchaîné
ou
La Trilogie de Sénèque.
La comédie entretient un lien très puissant avec la critique sociale. Elle porte un regard sur le
matérialisme et la façon dont les individus sont submergés par les préoccupations du quotidien.
En plus du rire salutaire quelle provoque (puisque la vie est tragique, autant en rire), elle aiguise
notre regard, à nous spectateurs et acteurs, sur le grotesque et la petitesse de certains de nos
comportements. Dans ce sens, la comédie est essentielle.
La tragédie, par sa dimension nécessairement rituelle, donne une perspective plus large, pour ne
pas dire métaphysique, à notre présence sur terre. Comme la comédie, elle dévoile les processus
et les conséquences des actions humaines, mais cette fois en les mettant en rapport avec l’ordre
de l’univers et non seulement avec l’ordre social. Dans ce sens, la tragédie est, elle aussi
essentielle.
D’où la nécessité de ces aller-retour.
A. H.
La fonction de l’art n’est pas, comme le croient certains artistes,
d’imposer des idées ou de servir d’exemple.
Elle est de préparer l’homme à sa mort, de labourer et d’irriguer son âme,
et de la rendre capable de se retourner vers le bien
Andréi Tarkovski -
Le Temps scellé
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