T EC H N I Q U E • P RAT I Q U E Enclouage des os longs : évolution et orientations actuelles G. TAGLANG* “ Technique révolutionnaire du temps de G. Küntscher, l’enclouage centromédullaire des os longs n’a cessé de faire des progrès. Les innovations technologiques de ce début de siècle permettent d’en faire la technique de référence du traitement des lésions complexes des os longs grâce à des techniques d’implantations de moins en moins invasives. MOTS CLÉS • Clou de fémur : raideur du genou • Clou de tibia : raideur de la cheville et du pied • Clou verrouillé • Syndrome des loges • Traumatologie et orthopédie * Chirurgien, chef de service Centre de traumatologie et d’orthopédie, Illkirch (67) [email protected] ” Texte issu des XXXVe Journées de l’INK Maison de la Chimie – Paris 28 et 29 novembre 2003 n° 439 décembre 2003 38 KS Les premiers balbutiements de l’enclouage centro-médullaire des os longs débutèrent au début du 20e siècle. Certains chirurgiens avaient alors déjà compris l’importance biomécanique du positionnement des implants au niveau du canal médullaire. Malheureusement, l’importance biologique du respect du périoste leur échappait encore et ces enclouages se faisaient à foyer ouvert. C’est Gerhard Küntscher qui, le premier, appréhenda le problème à la fois sur le plan mécanique et sur le plan biologique. Ainsi, dès 1939, il effectua des enclouages centromédullaires à foyer fermé au niveau fémoral. L’importance du périoste lui semblait primordiale et de nombreux travaux sur la vascularisation des os longs le confortèrent dans cette idée. Il comprit également que l’alésage pouvait apporter un plus à la technique et ce dès le début des années cinquante. Il commença à réfléchir à une solution pour éviter les déplacements secondaires des fractures comminutives en imaginant une solution technique qui sera à la base des techniques de verrouillage. D’autres prendront le relais à Francfort (Klemm et Schellmann), puis à Strasbourg (Grosse et Kempf), et continueront de faire évoluer les techniques dans l’esprit de Küntscher. Principes généraux L’enclouage centro-médullaire d’un os long consiste à introduire à distance du foyer de fracture (et donc à foyer fermé) un tuteur centromédullaire (le clou) après calibrage préalable de la cavité médullaire (alésage). Sur le plan purement mécanique, la cavité médullaire est la plus proche de la fibre mécaniquement neutre de l’os, c’est donc la région la moins sollicitée par des contraintes. Plus l’on s’éloigne de la cavité médullaire et plus les contraintes vont augmenter entraînant de ce fait des risques plus élevés de démontage du matériel d’ostéosynthèse. T EC H N I Q U E • P RAT I Q U E Sur le plan biologique, la formation de cal osseux se fait principalement à partir de la couche cellulaire la plus profonde du périoste. Le clou en position centro-médullaire ne perturbe nullement le périoste, tout au plus perturbe-t-il la vascularisation centromédullaire dont le rôle dans la consolidation est mineur. Une technique à foyer fermé respecte l’environnement osseux (les muscles en particulier, ce qui ne manquera pas d’avoir un retentissement sur la vitesse de récupération des performances du membre concerné par la fracture). L’alésage permet d’adapter le diamètre de l’implant au canal médullaire. Küntscher, au début de son expérience, avait été confronté à des phénomènes d’enclavement du clou lors de son introduction, voire à des éclatements de diaphyses... La question de l’alésage et des risques inhérents à celui-ci ont longtemps été débattus et font parfois encore l’objet de débats passionnés. Nous l’évoquerons plus loin dans cet article. Le verrouillage a été un apport fondamental dans l’évolution du clou. En effet, un clou “simple” (simple tube creux en fait) ne peut à lui seul contrôler des fractures complexes (comminutives) et éviter l’effet de télescopage des fragments. De même, lorsque la fracture s’éloigne de la partie médiodiaphysaire de l’os, les risques de rotation des fragments osseux proximaux et/ou distaux augmentent. N’oublions pas qu’un canal centromédullaire à une forme de sablier avec un étranglement médian. La solution à ces phénomènes de télescopage et de rotation est simple sur le principe, un peu plus complexe dans sa réalisation. Elle consiste à solidariser les extrémités osseuses au clou par l’intermédiaire d’un système de vis, c’est le verrouillage. Si les deux extrémités de l’os sont solidarisées au clou, le montage est dit statique (c’est ce type de montage qui est le plus souvent utilisé en traumatologie). Si une seule des extrémités est concernée par le verrouillage, le montage est dit dynamique. Il peut être nécessaire de “dynamiser” un montage statique en pratiquant l’ablation d’un des verrouillages. Champs d’application Les techniques d’enclouage verrouillé ne concernent que les os longs et en particulier le fémur, le tibia et l’humérus. L’enclouage du radius et de l’ulna reste encore confidentiel, nous ne l’aborderons donc pas ici. Au niveau du fémur, les diaphyses sont traitées par l’enclouage verrouillé depuis très longtemps. C’est le triomphe de la méthode qui permet de traiter des fractures parfois complexes par des incisions de 5 cm de long en respectant la biologie de la consolidation. L’évolution s’est faite vers le traitement de lésion plus proximale ou plus distale du fémur. Ainsi, les fractures trochantériennes ont bénéficié de la mise en place d’implant centromédullaire (clou de type Gamma dès le début des années 90). Ces techniques ont permis de diminuer le choc opératoire, de faciliter la rééducation et les délais de mise en charge. Les complications de type septique ont elles aussi diminué. L’évolution de ces clous s’est faite vers une simplification des ancillaires, du nombre d’implants et de ce fait de la technique opératoire. Les associations lésionnelles impliquant l’association de lésions proximales et diaphysaires ont bénéficié de clous Gamma plus longs permettant ainsi de ponter toutes les lésions par un seul implant et donc une seule voie d’abord. Les fractures distales du fémur ont elles aussi bénéficier de la mise au point de nouveaux implants introduit parfois de façon rétrograde, c’est-àdire à partir de l’échancrure intercondylienne. Le triomphe de cette méthode restant bien sûr le traitement de fractures très distales du fémur chez des patients porteurs d’arthroplasties totales de hanche homolatérales. La technique de verrouillage a elle aussi connu des développements. Pour schématiser, la mise en place de vis de verrouillage à travers les corticales osseuses et le clou fait largement appel aux amplificateurs de brillance ce qui entraîne l’irradiation du patient et des personnels de la salle d’opération. La mise au point de techniques moins irradiantes faisant largement appel à l’informatique et aux techniques d’imagerie virtuelle est en cours. La fluoronavigation va certainement devenir un outil indispensable dans les blocs de traumatologie du futur pour des applications aussi différentes que l’enclouage et la chirurgie du pelvis et du rachis. Au niveau du tibia, les développements se sont surtout faits vers l’utilisation de nouveaux alliages. Si le titane est devenu courant pour certains types de clous, on étudie à l’heure actuelle de nouveaux alliages d’acier ne contenant plus de nickel. Ces alliages permettront de résoudre certains problèmes d’allergie. La modification du design des clous de dernière génération permet également de traiter des fractures très distales du tibia, évitant là aussi l’utilisation de techniques à foyer ouvert. Les discussions à propos de l’alésage se font moins passionnées. Il a été prouvé par de nombreux travaux tant KS n° 439 décembre 2003 39 Enclouage des os longs : évolution et orientations actuelles expérimentaux que cliniques, que l’alésage n’augmentait pas les risques de complications locales ou générales. Ainsi il n’y a pas plus d’infections, plus de syndromes de loge, voire plus d’embolies graisseuses que l’on alèse l’os ou pas. Bilans BILAN KINÉSITHÉRAPIQUE DU GENOU ROTULIEN D. BOUQUET Réf. CD3007 – 39 € Par contre, l’utilisation parfois inconsidérée de clous mis sans alésage (et donc de petit diamètre) a conduit à de nombreuses complications d’ordre mécanique (rupture de clou et de vis). Les clous de petit diamètre étaient donc le fruit d’un effet de “mode” comme il en existe malheureusement dans notre spécialité. Au niveau de l’humérus, l’enclouage des diaphyses a retrouvé ses lettres de noblesse. Longtemps décrié car “violant” la sacro-sainte coiffe des rotateurs, on l’utilise dans les fractures complexes. Les fractures proximales étant les plus nombreuses c’est dans cette indication que les développements ont été les plus nombreux. Tout n’est cependant pas encore réglé et des développements concernant le verrouillage sont encore en cours. Technique révolutionnaire du temps de Gerhard Küntscher, l’enclouage centro-médullaire des os longs n’a cessé de faire des progrès. Les innovations technologiques de ce début de siècle permettent d’en faire la technique de référence du traitement des lésions complexes des os longs grâce à des techniques d’implantations de moins en moins invasives.■ Indexation Internet : Genou Os Traumatologie BILAN KINÉSITHÉRAPIQUE DU GENOU LIGAMENTAIRE D. BOUQUET Réf. CD3008 – 39 € BILAN PHYSIQUE DU LOMBALGIQUE CHRONIQUE Dr VANVELCENAHER, Ph.VOISIN (CRF Lille-Hellemmes) Réf. CD3017 – 45 € (CD-Rom) Réf. LD3032 – 45 € (vidéo) Le lombalgique chronique présente, sur le plan physique, des déficits caractéristiques. L'Évaluation globale fait appel à un examen programmé basé sur des tests quantitatifs qui font partie intégrante de la Restauration Fonctionnelle du Rachis. Les moyens mis en œuvre peuvent, en fonction du degré du handicap et du stade d'évolution, être simples ou plus sophistiqués. Le bilan doit dans tous les cas être complété par l'analyse de l'environnement psycho-socioprofessionnel. Logiciel de bilan – Valoris Réf. CD3010 – 230 € Passeport : 3 CD pour tout savoir sur les bilans Réf. CD3015 – 75 € BON DE COMMANDE À ADRESSER À LA spek 24, rue des Petits Hôtels – 75010 Paris Tél. : 01 44 83 46 46 – Fax : 01 44 83 46 47 SARL de presse au capital de 23 000 € – R.C. Paris 74 B 7395 NOM ....................................................... Prénom ..................................................... Adresse ...................................................... ...................................................... Désire recevoir : ❑ CD3007 : 139 € ❑ CD3008 : 139 € ❑ CD3010 : 230 € ❑ CD3015 : 175 € ❑ CD3017 : 145 € (CD-Rom) ❑ LD3032 : 145 € (vidéo) Que je règle, à l’ordre de la SPEK, par : ❑ chèque n° ......................................... ❑ CD (Carte bleue,Visa, Eurocard-Mastercard) ❑ N° .................................................... ❑ Date d’expiration : ............................ ❑ À ...................................................... ❑ le ...................................................... ❑ Signature du titulaire de la carte obligatoire Frais de port et d’emballage : un CD ou une cassette : 6 € – Au-delà : 8 € www.librairiespek.com Possibilité d’acheter en ligne par paiment sécurisé n° 439 décembre 2003 40 KS SPEK