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n° 439
décembre 2003
KS
Sur le plan biologique, la formation
de cal osseux se fait principalement à
partir de la couche cellulaire la plus
profonde du périoste. Le clou en posi-
tion centro-médullaire ne perturbe
nullement le périoste, tout au plus per-
turbe-t-il la vascularisation centro-
médullaire dont le rôle dans la conso-
lidation est mineur.
Une technique à foyer fermé respecte
l’environnement osseux (les muscles
en particulier, ce qui ne manquera pas
d’avoir un retentissement sur la vitesse
de récupération des performances du
membre concerné par la fracture).
L’alésage permet d’adapter le diamè-
tre de l’implant au canal médullaire.
Küntscher, au début de son expé-
rience, avait été confronté à des phé-
nomènes d’enclavement du clou lors
de son introduction, voire à des écla-
tements de diaphyses... La question de
l’alésage et des risques inhérents à
celui-ci ont longtemps été débattus et
font parfois encore l’objet de débats
passionnés. Nous l’évoquerons plus
loin dans cet article.
Le verrouillage a été un apport fon-
damental dans l’évolution du clou. En
effet, un clou “simple” (simple tube
creux en fait) ne peut à lui seul contrô-
ler des fractures complexes (commi-
nutives) et éviter l’effet de télescopage
des fragments. De même, lorsque la
fracture s’éloigne de la partie médio-
diaphysaire de l’os, les risques de
rotation des fragments osseux proxi-
maux et/ou distaux augmentent.
N’oublions pas qu’un canal centro-
médullaire à une forme de sablier avec
un étranglement médian.
La solution à ces phénomènes de téles-
copage et de rotation est simple sur le
principe, un peu plus complexe dans sa
réalisation. Elle consiste à solidariser les
extrémités osseuses au clou par l’inter-
médiaire d’un système de vis, c’est le
verrouillage. Si les deux extrémités de
l’os sont solidarisées au clou, le mon-
tage est dit statique (c’est ce type de
montage qui est le plus souvent utilisé
en traumatologie). Si une seule des
extrémités est concernée par le ver-
rouillage, le montage est dit dynamique.
Il peut être nécessaire de “dynamiser”
un montage statique en pratiquant l’a-
blation d’un des verrouillages.
Champs d’application
Les techniques d’enclouage verrouillé
ne concernent que les os longs et en
particulier le fémur, le tibia et l’humé-
rus. L’enclouage du radius et de l’ulna
reste encore confidentiel, nous ne l’a-
borderons donc pas ici.
Au niveau du fémur, les diaphyses
sont traitées par l’enclouage verrouillé
depuis très longtemps. C’est le triomphe
de la méthode qui permet de traiter des
fractures parfois complexes par des
incisions de 5 cm de long en respectant
la biologie de la consolidation.
L’évolution s’est faite vers le traitement
de lésion plus proximale ou plus dis-
tale du fémur. Ainsi, les fractures tro-
chantériennes ont bénéficié de la mise
en place d’implant centromédullaire
(clou de type Gamma dès le début des
années 90). Ces techniques ont per-
mis de diminuer le choc opératoire, de
faciliter la rééducation et les délais de
mise en charge. Les complications de
type septique ont elles aussi diminué.
L’évolution de ces clous s’est faite vers
une simplification des ancillaires, du
nombre d’implants et de ce fait de la
technique opératoire. Les associations
lésionnelles impliquant l’association
de lésions proximales et diaphysaires
ont bénéficié de clous Gamma plus
longs permettant ainsi de ponter tou-
tes les lésions par un seul implant et
donc une seule voie d’abord.
Les fractures distales du fémur ont
elles aussi bénéficier de la mise au
point de nouveaux implants introduit
parfois de façon rétrograde, c’est-à-
dire à partir de l’échancrure intercon-
dylienne. Le triomphe de cette méthode
restant bien sûr le traitement de fractu-
res très distales du fémur chez des
patients porteurs d’arthroplasties tota-
les de hanche homolatérales.
La technique de verrouillage a elle
aussi connu des développements.
Pour schématiser, la mise en place de
vis de verrouillage à travers les corti-
cales osseuses et le clou fait large-
ment appel aux amplificateurs de
brillance ce qui entraîne l’irradiation
du patient et des personnels de la
salle d’opération.
La mise au point de techniques moins
irradiantes faisant largement appel à
l’informatique et aux techniques d’i-
magerie virtuelle est en cours. La
fluoronavigation va certainement
devenir un outil indispensable dans
les blocs de traumatologie du futur
pour des applications aussi différentes
que l’enclouage et la chirurgie du pel-
vis et du rachis.
Au niveau du tibia, les développe-
ments se sont surtout faits vers l’utili-
sation de nouveaux alliages. Si le
titane est devenu courant pour cer-
tains types de clous, on étudie à
l’heure actuelle de nouveaux alliages
d’acier ne contenant plus de nickel.
Ces alliages permettront de résoudre
certains problèmes d’allergie.
La modification du design des clous
de dernière génération permet égale-
ment de traiter des fractures très dis-
tales du tibia, évitant là aussi l’utilisa-
tion de techniques à foyer ouvert.
Les discussions à propos de l’alésage
se font moins passionnées. Il a été
prouvé par de nombreux travaux tant
TECHNIQUE
•
PRATIQUE