M.Royer-Collard" (1). Pourtant, celui-ci, tout comme A.Rendu
ou Guéreau de Mussy, le directeur de
l'Ecole
Normale en 1820,
sont de tradition janséniste. Ainsi, Cournot manifeste
un catholicisme original et personnel, une croyance en Dieu,
mais dégagée de manifestation intempestives et ostentatoires.
Après ses premières études, assez bonnes, de 1809
à 1816, au collège- des jésuites de Gray, fondé au
XVIIe
siècle,
il cherche sa voie pendant quatre ans. Il considère
lui-même qu'il aura perdu son temps à se définir. Pourtant,
il acquiert un esprit d'indépendance et se forme une culture
intellectuelle très riche. Il prend la décision de passer le
baccalauréat pour être admis au Collège Royal de Besançon, en
mathématiques spéciales,afin de se présenter au concours d'en-
trée de
l'Ecole
Normale Supérieure (2). En 1820, apprenant
que les inspecteurs généraux de l'Université, Poinsot et
(1) A. COURNOT : Souvenirs - (p :49)
(2) Au collège royal de Besançon, Cournot a un maître remar-
quable,
l'abbé
Doney, professeur de philosophie, qui est
un personnage singulier, disciple de Lamennais. Il devien-
dra un des premiers évèques de Montauban
(1834-1870).
A
cette époque,
l'abbé
Doney met en circulation un manuel de
philosophie très original, d'abord édité en latin, en 1824,
puis en français en 1829. Mais durant cette période, Cournot
n'est plus élève au lycée. Y-a-t-il eu une influence du
Mennaisisme de Doney sur Cournot ?
C'est
probable dans la
mesure où
l'abbé
manifestait ses idées à travers ses cours.
Le mennaisisme
s'est
fait, à partir de 1824 le porte-parole
du probabilisme théologique d'Alphonse de Lignou. Or, Cournot
a précisément développé dans sa philosophie, comme en mathé-
matique,
la notion de probabilisme, qu'il confronte à la
théorie du hasard. Son ultime ouvrage, testament philosophi-
que,
reprendra encore cette conception qui lui tenait à coeur.
(Correspondance personnelle avec le professeur Gaston Boudet,
de l'Université de Franche-Comté - 1982)