1 HOMELIE MARCHE DES FAMILLES ND du CHENE 2/09/12 Il est

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HOMELIE MARCHE DES FAMILLES
ND du CHENE
2/09/12
Il est bon de nous retrouver ici, à ND du Chêne, pour nous confier à l’intercession de
la Vierge Marie, de prier ensemble pour nos familles, de prier les uns pour les autres, de prier
pour le diocèse, de confier à la prière de la Vierge Marie nos peines, nos joies, nos
inquiétudes et nos espérances.
Dans les semaines qui viennent, la vie de l’Eglise va être marquée par plusieurs
évènements : l’anniversaire des 50 ans de l’ouverture du Concile, les 20 ans de la
promulgation du catéchisme de l’Eglise catholique. A cette occasion, le Pape Benoît XVI va
ouvrir l’année de la Foi, alors que se déroulera à Rome le Synode sur la Nouvelle
Evangélisation et la transmission de la Foi.
Ces évènements rejoignent la démarche du diocèse, « Quo vadis », dont nous allons
commencer la troisième année en lisant ensemble l’évangile de St Jean.
Ces évènements rejoignent aussi la démarche de l’Eglise de France « Diaconia » que nous
allons mettre en œuvre dans le diocèse.
Il me semble que ces démarches nous conduisent à nous poser deux questions
fondamentales.
La première question : qu’est-ce qu’être chrétien ?
Une invitation à prendre la mesure de ce que signifie être baptisé, confirmé et vivre de
l’eucharistie. Etre chrétien, vous le savez, ce n’est pas des idées, ni même une éthique, ou un
modèle de vie. C’est la rencontre avec un évènement, avec une personne.
Cet évènement, c’est la venue de Dieu en ce monde. C’est la naissance, la vie, la
passion, la mort, la résurrection, l’ascension au Ciel du Seigneur Jésus, et le don de l’Esprit
Saint le jour de la Pentecôte.
Cette personne, c’est Jésus, fils de Dieu, né de la Vierge Marie. Cette rencontre, cette
relation avec Jésus, fils de Dieu, mort et ressuscité, modifie nos vies et lui donne sa véritable
dimension.
L’année de la Foi est une invitation à nous interroger : où en sommes-nous de notre
relation avec Jésus ? Où en sommes-nous dans notre foi ? Croyons-nous en Dieu créateur du
ciel et de la terre, croyons-nous en Jésus Christ son Fils conçu du Saint Esprit, né de la Vierge
Marie, mort, enseveli, descendu aux enfers et ressuscité des morts, assis à la droite du Père ?
Accueillons-nous vraiment la vie du Christ ? Vivons-nous de sa vie que nous avons reçue le
jour de notre baptême, qui s’est renforcée en nous par le sacrement de la confirmation, que
nous recevons à chaque fois que nous participons à l’eucharistie et que nous recevons le
pardon dans le sacrement de la réconciliation ? Avons-nous réellement goûté à cette joie,
vivons nous de cette joie qui nous est annoncée dans l’évangile de la Nativité que nous
venons d’entendre ? « Ne craignez pas, car voici que je vous annonce une grande joie, qui
sera celle de tout le peuple : aujourd’hui, vous est né un Sauveur. » (Lc 2, 10-11)
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La nécessité de l’évangélisation découle de cette rencontre, de cette expérience, de
cette relation avec Jésus. Quand quelqu’un a véritablement rencontré le Christ, il ne peut pas
ne pas en témoigner et le partager avec d’autres. La foi n’est pas un produit à usage privé, ni
une simple option personnelle. Par nature, elle est communication, elle grandit quand on la
partage.
Permettez-moi de vous citer le Pape Paul VI : « Il se serait pas inutile que chaque
chrétien et chaque évangélisateur approfondisse dans la prière cette pensée : les hommes
pourront se sauver aussi par d’autres chemins, grâce à la miséricorde de Dieu, même si nous
ne leur annonçons pas l’Evangile ; mais nous, pouvons-nous nous sauver si par négligence,
par peur, par honte — ce que saint Paul appelait “ rougir de l’Evangile ” — ou par suite
d’idées fausses nous omettons de l’annoncer ? » (Evangelii nuntiandi, n°80)
L’idée de la nouvelle évangélisation émane du Concile Vatican II. En ouvrant le
Concile, le Bienheureux Jean XXIII voulait qu’il soit la joyeuse proclamation de la bonne
nouvelle du Salut au monde, manifestation de la joie de l’Eglise d’annoncer le Christ et
d’avoir à le faire connaître aux hommes, à tous les hommes.
Nous sommes dans un monde, en particulier en Europe, qui vit comme si Dieu
n’existait pas, prisonnier des medias. Non seulement beaucoup ne connaissent pas le Christ,
mais beaucoup ont perdu le sens même de Dieu et de la transcendance. Et leur cœur est
insatisfait, confronté à un profond vide intérieur qui produit la tristesse.
Nous sommes dans un monde, pas seulement en crise, mais en profonde
transformation. Il y a la crise économique bien sûr. Mais nous assistons à un changement
beaucoup plus profond qui engendre les angoisses et suscite de la désorientation, la confusion
et le relativisme. Mais il y a aussi des chances, comme de nouveaux espaces devant nous, des
attentes profondes et belles. C’est dans ce monde que nous avons à vivre en chrétien et que
nous devons annoncer la nouveauté du Christ, la bonne nouvelle de la résurrection et du
pardon, de la miséricorde et de la joie.
Le drame serait que les chrétiens eux-mêmes ne croient plus en Dieu. Qu’ils ne vivent
plus de la foi, ou qu’ils soient eux-mêmes malades du relativisme et de la désespérance. Le
drame serait que nous réduisions l’évangile à nos propres opinions ou sentiments, et que nous
ne vivions plus de la vie du Christ. (Histoire : Vous y croyez ?)
La seconde question est : qu’est-ce que la personne humaine ?
En écartant Dieu, on finit par ne plus savoir qui est l’homme. La vérité sur la personne
humaine et sur sa véritable dignité ne peut être le simple résultat de l’opinion majoritaire et ne
se définit pas uniquement par des sondages d’opinions. Les questions auxquelles la société
française est confrontée, sur les débuts de la vie, sur la fin de la vie, sur le mariage, sur la
différence et la complémentarité homme-femme, mais aussi sur la manière d’accueillir
l’étranger ou les personnes les plus fragilisées, touchent à une question extrêmement
profonde : qu’est-ce que la personne humaine ?
Sur ce sujet, l’Eglise ne demande pas seulement à pouvoir dire ce qu’elle pense à la
lumière de 2000 ans de réflexion, et à la lumière de la Parole de Dieu. Elle demande qu’il y ait
un vrai débat, un vrai dialogue exigeant et de ne pas être exclue des discussions simplement à
cause de ce qu’elle pense.
Le Concile affirme : « En réalité, le mystère de l’homme ne s’éclaire vraiment que
dans le mystère du Verbe incarné. Le Christ, dans la révélation même du mystère du Père et
de son amour, manifeste pleinement l’homme à lui-même. Par son incarnation, le Fils de
Dieu s’est en quelque sorte uni lui-même à tout homme. » (GS, n°22)
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La démarche « Diaconia » nous invite à regarder Jésus qui est venu au milieu de nous,
pauvre et petit, vulnérable. Il s’est fait petit, au point de tenir dans une mangeoire, au point de
mourir sur la croix, défiguré, rejeté de tous, au point de se livrer à nous dans l’eucharistie. La
démarche « Diaconia » nous invite à regarder Jésus qui s’est fait serviteur. Il est au milieu de
nous comme celui qui sert. A tel point qu’il nous parle à travers nos frères et sœurs les plus
fragiles. Nous sommes invités à nous laisser atteindre par Dieu qui nous parle à travers nos
frères et sœurs les plus souffrants. Nous sommes invités à faire ce que Jésus a fait pour nous
les uns à l’égard des autres. Devenir comme le Christ serviteur de l’humanité et de l’humanité
la plus fragile.
Pour beaucoup d’entre nous, aujourd’hui nous sommes venus en famille. Nos familles
sont marquées par leurs joies, leurs peines, leurs difficultés et leurs souffrances, leurs
déchirures parfois, mais aussi leur beauté. Il est clair que la famille se trouve fragilisée par les
évolutions culturelles de la société. Elles sont les premières victimes de la crise sociale et
économique. Mais elles portent aussi en elles des capacités et des ressources qui sont aussi
des réponses aux défis de notre époque.
La famille est la cellule primordiale pour le développement intégral de la personne
humaine. C’est en famille que l’on apprend à aimer, à pardonner, que l’on apprend la fidélité
au-delà des crises. La famille a la capacité d’accueillir les plus fragiles et les plus pauvres.
(Exemple de la famille de Bernadette) La famille est plus que jamais une espérance pour notre
monde. Elle acquiert aujourd’hui une dimension prophétique qui interroge l’humanité. A
condition qu’elle ne se replie pas sur elle-même, qu’elle soit habitée par la miséricorde.
Je sais qu’il y a parmi nous toutes les situations. Des familles qui ont la joie d’être
unies, d’autres qui sont marquées par le divorce, d’autres qui sont traversées par des drames
de toutes sortes. Certains, après avoir vécu le drame du divorce, vivent une nouvelle union.
Tous nous sommes aimés de Dieu. Tous, nous avons besoin de nous remettre à la prière de la
Vierge Marie. Tous nous pouvons d’une manière ou d’une autre devenir témoin de l’amour de
Dieu, à condition que nous n’ayons pas peur de la vérité, que nous vivions dans la miséricorde
et que nous tendions à l’humilité.
Prions les uns pour les autres.
 Yves Le Saux
Evêque du Mans
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