La nécessité de l’évangélisation découle de cette rencontre, de cette expérience, de
cette relation avec Jésus. Quand quelqu’un a véritablement rencontré le Christ, il ne peut pas
ne pas en témoigner et le partager avec d’autres. La foi n’est pas un produit à usage privé, ni
une simple option personnelle. Par nature, elle est communication, elle grandit quand on la
partage.
Permettez-moi de vous citer le Pape Paul VI : « Il se serait pas inutile que chaque
chrétien et chaque évangélisateur approfondisse dans la prière cette pensée : les hommes
pourront se sauver aussi par d’autres chemins, grâce à la miséricorde de Dieu, même si nous
ne leur annonçons pas l’Evangile ; mais nous, pouvons-nous nous sauver si par négligence,
par peur, par honte — ce que saint Paul appelait “ rougir de l’Evangile ” — ou par suite
d’idées fausses nous omettons de l’annoncer ? » (Evangelii nuntiandi, n°80)
L’idée de la nouvelle évangélisation émane du Concile Vatican II. En ouvrant le
Concile, le Bienheureux Jean XXIII voulait qu’il soit la joyeuse proclamation de la bonne
nouvelle du Salut au monde, manifestation de la joie de l’Eglise d’annoncer le Christ et
d’avoir à le faire connaître aux hommes, à tous les hommes.
Nous sommes dans un monde, en particulier en Europe, qui vit comme si Dieu
n’existait pas, prisonnier des medias. Non seulement beaucoup ne connaissent pas le Christ,
mais beaucoup ont perdu le sens même de Dieu et de la transcendance. Et leur cœur est
insatisfait, confronté à un profond vide intérieur qui produit la tristesse.
Nous sommes dans un monde, pas seulement en crise, mais en profonde
transformation. Il y a la crise économique bien sûr. Mais nous assistons à un changement
beaucoup plus profond qui engendre les angoisses et suscite de la désorientation, la confusion
et le relativisme. Mais il y a aussi des chances, comme de nouveaux espaces devant nous, des
attentes profondes et belles. C’est dans ce monde que nous avons à vivre en chrétien et que
nous devons annoncer la nouveauté du Christ, la bonne nouvelle de la résurrection et du
pardon, de la miséricorde et de la joie.
Le drame serait que les chrétiens eux-mêmes ne croient plus en Dieu. Qu’ils ne vivent
plus de la foi, ou qu’ils soient eux-mêmes malades du relativisme et de la désespérance. Le
drame serait que nous réduisions l’évangile à nos propres opinions ou sentiments, et que nous
ne vivions plus de la vie du Christ. (Histoire : Vous y croyez ?)
La seconde question est : qu’est-ce que la personne humaine ?
En écartant Dieu, on finit par ne plus savoir qui est l’homme. La vérité sur la personne
humaine et sur sa véritable dignité ne peut être le simple résultat de l’opinion majoritaire et ne
se définit pas uniquement par des sondages d’opinions. Les questions auxquelles la société
française est confrontée, sur les débuts de la vie, sur la fin de la vie, sur le mariage, sur la
différence et la complémentarité homme-femme, mais aussi sur la manière d’accueillir
l’étranger ou les personnes les plus fragilisées, touchent à une question extrêmement
profonde : qu’est-ce que la personne humaine ?
Sur ce sujet, l’Eglise ne demande pas seulement à pouvoir dire ce qu’elle pense à la
lumière de 2000 ans de réflexion, et à la lumière de la Parole de Dieu. Elle demande qu’il y ait
un vrai débat, un vrai dialogue exigeant et de ne pas être exclue des discussions simplement à
cause de ce qu’elle pense.
Le Concile affirme : « En réalité, le mystère de l’homme ne s’éclaire vraiment que
dans le mystère du Verbe incarné. Le Christ, dans la révélation même du mystère du Père et
de son amour, manifeste pleinement l’homme à lui-même. Par son incarnation, le Fils de
Dieu s’est en quelque sorte uni lui-même à tout homme. » (GS, n°22)