D'ailleurs, Jean prévenait : « C'est nouveau, tout sera nouveau ». Le malheur est pour nous
que « nouveau » = (seulement) restauré, replâtré, refait en mieux sans doute, mais alors ce n'est
jamais que du néo-ancien (Qohélet ou l'Ecclésiaste nous avaient prévenus). « Nouveau » dans la
Bible, c'est ce que nous ne pouvons ni faire ni même imaginer. C'est « autre », et même « tout
autre » (1 Corinthiens 15/39-41 ; et cf. aussi le malentendu entre Jésus et Nicodème en début de
Jean 3). Que ceci soit très clair : il y aura à la fin un tout autre ciel et une toute autre terre (d'un
autre ordre, dit la TOB). Et tout ce que nous pouvions en connaître par la terre où nous vivons et
par le ciel que nous voyons, aura disparu. Et même il n'y aura plus de mer...
Ici, pour comprendre la disparition de ce lieu de délices (?) pour maints estivants, il faut se
souvenir de tous ces mythes anciens où la Mer (personnifiée souvent par la déesse Tiamat)
représentait les forces d'anéantissement et du chaos qui cherchaient à faire disparaître l'œuvre de
Dieu. Certes, Dieu vaincra la mer et ses acolytes, tel le Léviathan : Genèse 1 ; la fin du Déluge, la
sortie d'Egypte. Certes, il a mis des frontières à la Mer (Proverbes 8/29, Job 38/8-11 où, dans les
deux cas, le phénomène des marées est interprété théologiquement) ; et la Mer ne manquera pas de
se révolter contre le Christ et ses disciples (Marc 4/35-41 et parallèles) ; tandis que Jésus la matera,
voire même marchera sur elle (Marc 6/45-52 et parallèles), cette Mer et les puissances maléfiques
qu'elle symbolise n'ont pas été détruites, mais simplement enchaînées avec un strict domaine
réservé, dont elles ne peuvent déborder, même si parfois elles paraissent pourtant se déchaîner.
Dans le Royaume, tout cela, et donc en particulier toutes ces puissances de chaos et de
négation, auront disparu. Ce ne sera plus ! Et cela nous est très difficile à imaginer. Précisément
l'imaginer reviendrait à laisser cours encore à ces puissances maléfiques dont nous (et notre
intelligence) ne sommes pas encore débarrassés.
v. 2 : La Jérusalem qui vient…
— 1° est, elle aussi, nouvelle ; les v. 11-27 montreront combien elle sera autre que celle que nous
pouvons connaître, même si, grâce finale faite aux hommes, elle recueillera la gloire et l'honneur
des nations (v. 26). (On comparera d'ailleurs Apocalypse 21/25 à Actes 14/27 de la dernière
lecture) ;
— 2° (elle) descend du ciel ; ce ne sont pas les hommes qui, comme lors de l'antique tour de Babel
(Genèse 11), ont construit une ville... dont le sommet touche le ciel, mais une ville non construite
par les œuvres des hommes, qui descend d'auprès de Dieu, même s'il est probable que, dans sa
miséricorde, Dieu se soit servi des œuvres de ses serviteurs incapables (inutilisables), pour en
construire quelques parties (Luc 17/10 ; traduit en dépit du bon sens par la TOB).
Dans ce verset 2, on prendra garde au « comme » (comme une fiancée...) qui nous rappelle
que nous sommes dans les images, même s'il faut mettre en parallèle avec 19/7 (et Ephésiens
5/29ss). Et c'est encore une voix (v. 3) qui informe de ce qui se passe : cette ville sera la tente de
Dieu. La vraie. Allusion indiscutable à la fête, dite des Tabernacles, même si ce n'est pas le même
mot (nous l'avons déjà rencontré), cf. Lévitique 26/11ss. Dieu viendra définitivement demeurer
parmi nous, dans une fête éternelle (là encore attention !). L'Emmanuel (Dieu avec nous) sera
définitif. Les larmes seront essuyées et « il n'y aura plus la mort ». Là aussi, c'est indescriptible :
moi qui l'écris, je vais mourir, le papier sur lequel j'écris va disparaître. Et toi qui lis, tu vas aussi
mourir... un jour. Nous sommes donc encore incapables de bien comprendre ce que cela veut dire.
Toutes les « premières choses qui vont disparaître » (v. 4) est mieux traduit par le lectionnaire
catholique que par la TOB.