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ateliers étaient en flammes et cela se voyait à des kilomètres à la
ronde. Nous fabriquions, pour l'usine de Monsieur Pierre Humeau,
des semelles de bois car le cuir était très rare. Un court-circuit a
provoqué un incendie qui a détruit tout l'atelier, les machines et, au
1er étage, un stock très important de semelles de bois -prêtes à livrer-,
ce qui a favorisé l'extension très rapide du feu.
Les tuyaux du service d'eau étant gelés et le matériel des pompiers
dérisoire, les pompiers de Cholet alertés n'ont pu que noyer les
décombres ! Cela a encouragé la commune de Beaupréau à acheter
un matériel important et efficace pour combattre les incendies.
Il nous a fallu neuf mois pour reconstruire une usine plus importante
destinée à la fabrication de semelles de bois (et plus tard de cageots
et caisses pour primeurs) et l'équiper de machines et d'outillage. De
l'atelier de menuiserie, qu'il a fallu aussi reconstruire, il ne restait
que les murs. Nous avons également pu nous réapprovisionner et
reprendre à nouveau la vente de meubles.
Que pouvez-vous nous dire sur la vie quotidienne à cette époque ?
E.B. La vie continuait malgré l'occupation. Toutes les fêtes religieuses
et profanes étaient très suivies. Elles créaient un lien très fort dans la
paroisse.
Notre grand'mère Blanchard nous avait offert avant la guerre un
poste de TSF. Malgré la présence des Allemands dans la maison, le
soir nous écoutions très fort Radio Paris (qu'ils contrôlaient), mais
aussi en sourdine Radio Londres. Je me souviens du chant "Radio
Paris ment, Radio Paris est allemand" puis "Ici Londres, les français
parlent aux français", ainsi que des messages très mystérieux
destinés à la Résistance. Papa notait toutes les informations.