FRANCE PITTORESQUE. — MAINE-ET-LOIRE. 205
En 1225 l'ancienne église cathédrale tombait en ruine ; on
commença à élever à sa place la cathédrale qui existe encore et
fait un des plus beaux ornements d'Angers.— Sous saiuti
Louis, la ville fut pour la troisième fois enceinte de murs, et
son vaste château fut construit pour résister aux incursions des
Bretons et des Normands. Souvent assiégé, il ne fut pris
qu'une fois, et ce fut par stratagème, en 1585, pendant les
guerres de la ligue. Avant la révocation de l'édit de Nantes la
population d'Angers s'élevait à 50,000 âmes, elle décrut
graduellement jusqu'à la révolution de 1789 ; elle avait alors
moins de 30,000 hab., mais depuis elle a repris une
progression croissante. — Angers, situé sur un sol schisteux,
au penchant de deux collines dont la Mayenne baigne le pied,
présente aujourd'hui, dans son aspect physique, le spectacle
grave et pittoresque d'une ville qui se dépouille de sa vieille et
sombre parure pour revêtir celle dont les progrès de la science
et de l'industrie peuvent la doter en monuments d'arts et
d'utilité publique. Cependant,au milieu de cette transformation
qui s'accomplit chaque jour, les traces de son ancienne origine
se montrent encore en nombre d'endroits.— Au milieu de la
ville s'élèvent la vieille Citadelle et la Basilique chrétienne.
Ces deux monuments, témoins de la splendeur et de
l'illustration d'Angers sous le gouvernement chrétien et féodal,
sont encore ses édifices les plus majestueux, et paraissent plus
remarquables par leur contraste avec les constructions de nos
jours, simples et bien entendues, mais mesquines. C'est du
sommet de ces deux monuments que la ville offre un spectacle
vraiment imposant : ses faubourgs s'étendent au loin sur le
penchant des collines que baigne la Mayenne couverte d'une
foule de bateaux.— De nombreuses carrières d'ardoises
entourent Angers et semblent attester, aux regards de
l'observateur, son importance et son activité, tandis qu'un
examen attentif de sa construction accidentelle et bizarre
prouve que cette ville a eu pour plan la commodité et la
fortune des particuliers, et non pas la prévoyance d'une
administration éclairée. Ses rues étroites et tortueuses, ses
places petites et irrégulières (le Champ-de-Mars excepté)
justifient cette remarque. Cependant depuis quarante ans on
fait disparaître les sombres et hautes murailles qui donnaient à
la ville l'aspect d'un donjon.— A la place d'une multitude de
couvents, d'églises, de chapelles et de cimetières, s'élèvent de
nouvelles rues qu'embellissent d'élégants magasins remplis de
tous les produits de l'industrie.— La Mayenne divise Angers
en trois parties, dont l'une est la ville proprement dite ; la
seconde couvre une petite île, la troisième, nommée la Doutre,
est un quartier que les embellissements n'ont point atteint.
— De beaux boulevartsii neufs ceignent la ville et se
continueront autour de la Doutre On se propose même de faire
construire deux nouveaux ponts à l'endroit où la rivière
interrompt la communication des boulevarts.— Au bas de la
ville, sur un mamelon séparé de la colline par des fossés
profonds, s'élève, comme un géant hideux et menaçant,
l'antique château, dont le plan offre un vaste parallélogramme,
à hautes murailles défendues par dix-huit grosses tours, il est
construit de blocs d'ardoises, dont la noirceur est rendue plus
triste par des bandes de pierres blanches dont tout l'édifice est
rubané ; on n'y trouve qu'une seule porte garnie d'un pont-
levis. Ce côté du château vers la rivière, tombe en ruines.
— La cathédrale est un beau et grand monument, remarquable
surtout par sa façade, dont les deux clochers symétriques ont
225 pieds de haut. Toute cette façade est couverte de
sculptures gothiques, d'un travail plus laborieux qu'élégant
— Après la cathédrale et le chateauiii, on peut citer l'hôtel de
la mairie, non encore terminé, et dont la position sur le
boulevart, en face du Champ-de-Mars et du mail, est
charmante ; l’hôtel de la préfecture, le muséum, la ci-devant
académie qui sert maintenant de caserne, la salle de spectacle,
la nouvelle poissonnerie, etc. La ville n'a que deux ponts fort
laids et manque à la fois de bonne eau et de fontaines propres
et suffisantes ; mais l'administration s'occupe d'y remédier.
— La bibliothèque publique d'Angers contient 25,000
volumes.
DURTAL, sur le Loir, ch-1 de cant., à 4 l. 1/2 d'Angers,
Pop. 3,465 hab. — Durtal dut sa fondation, dans le XIesiècle,
à un comte d'Anjou, Foulques de Néra, dont le fils, Geoffroi-
Martel, y fit construire un château considérable, qui offre encore
deux tours énormes et très bien conservées. — Durtal est dans une
situation agréable, sur la rive droite du Loir, qu'on y passe sur un
joli pont de pierres de taille. La ville s'étend sur le penchant d'une
colline que les ruines du château dominent de la manière la plus
pittoresque.
LES-PONTS-DE-CÉ-, sur la Loire, ch-1. de cant., a 1 1. d'
Angers. Pop. 3,665 hab. — Deux communes forment cette petite
ville, qui s'élève sur des îles jointes entre elles, et communiquant
avec les deux rives de la Loire par une suite de ponts et de chaussées,
de 3,000 mètres de longueur. A l'ouest de ces ponts, au confluent de
la Loire et de la Mayenne, se trouve un camp de César qui existe
encore en grande partie depuis Frémur jusqu'auprès de la rive droite
de la Loire. La ville de Pont-de-Céiv est célèbre par la défaite de
l'armée de la reine mère de Louis XIII, par le maréchal de Créqui, en
1620, et par une bataille sanglante qui y eut lieu, en 1793; entre les
Républicains et les Vendéens.
BAUGÉ sur la rive droite du Couesnon, ch.-l. d'arrond., à 9 l.
1/2 E.-N.-E d'Angers. Pop. 3,553 hab. — Baugé est situé
agréablement dans une riante vallée, il offre beaucoup de belles
maisons; mais il est construit avec la plus grande irrégularité. Son
pont sur le Couesnon est neuf et beau. — En 1421, le maréchal de La
Fayette, qui commandait les armées de Charles VII, battit
complètement, près de cette ville, le duc de Clarence, général de
l'armée anglaise.— Non loin de Baugé est Baugé-le-Vieil, gros
village où l'on remarque l'ancien château des ducs d'Anjou, construit
au XIesiècle.
BEAUFORT, près de la rive gauche du Couesnon, ch.-l. de
cant., à 3 1. 1/2 S.-O. de Baugé. Pop. 5,914 hab. — Au XIVesiècle,
cette ville fut donnée par le roi Philippe de Valois à un neveu du
pape Clément XI, dont le nom était Roger, et qui prit celui de
Beaufort. Cette maison y fit élever un château dont les ruines sont
l'objet le plus remarquable de Beaufort ; on peut encore citer le
collège, la halle. les hospices, constructions bien entendues Près de
la ville se trouvent les restes d'une voie romaine.
BEAUPRÉAU, près de l'Èvre, ch.-l. d'arrond., à 15 1. S.-O. d'
Angers Pop. 3,200 hab. — La terre de Beaupréau, autrefois baronie,
puis marquisat, fut en 1562 érigée en duché-pairie en faveur de
Charles de Bourbon, prince de la Roche-sur-Yon. La ville avait alors
deux églises paroissiales, une collégiale, un chapitre, etc. Beaupréau
est situé dans une contrée fertile, au confluent de l'Oudon et de la
Vezée. En 1793, Beaupréau fut témoin d'un combat furieux entre les
Vendéens et l'armée républicaine commandée par le général
Ligonnier, qui y fut complètement défaite.
CHOLLET, près de la Moine, ch.-l. de cant., à 4 1. 1/2 S.-E. de
Beaupréau. Pop. 7,345 hab. — La position de Chollet, sur la rive
droite de la rivière, est fort agréable. Avant la révolution, plusieurs
beaux édifices religieux, et surtout un vaste et superbe château,
ornaient cette ville ; ils ont disparu pendant la guerre de la Vendée,
guerre désastreuse et dont plus d'une fois vChollet fut le théâtre et la
victime Cette ville est depuis long-tempsvi recommandable par ses
fabriques de mouchoirs et de toiles, dites de Chollet, dont le débit est
considérable en France et même à l'étranger.
MAULEVRIER, à 8 l. de Beaupréau. Pop. 1,757 hab. — Foulques
de Nera fonda cette petite ville et la donna à un de ses chevaliers,
dont un des descendants fit construire un château-fort, qui fut long-
temps remarquable par sa grandeur et sa beauté. Sous Louis XVI, le
seigneur de Maulevrier était le comte Colbert, colonel de grenadiers
dans un régiment où se trouvait un jeune caporal nommé Stofflet, qui
eut le bonheur de lui sauver la vie. Ce gentilhomme, par
reconnaissance, emmena le caporal dans ses terres d'Anjou et le fit
son garde-chasse général. La révolution éclata, le garde-chasse
devint un des plus braves et des plus fameux chefs vendéens, et
acquit dans cent combats une réputation dont s'honorera long-temps
Maulevrier, où pour la première fois il leva l'étendard de la révolte,
le 11 mars 1793.— Le château de Maulevrier a été démoli pendant la
guerre de la Vendée.
SAINT-FLORENT-LE-VIEIL, sur la rive droite de la Loire, ch.-l.
de cant., à 5 l. de Beaupréau. Pop. 2,100 hab. — Saint-Florent s'élève
de la manière la plus agréable et la plus pittoresque sur