Il fait en même temps comprendre clairement aux peuples d’Europe que quels que soient leurs choix
électoraux ou leurs préférences politiques, chacun doit rester du côté du « rideau de fer » où il se trouve.
Les Etats-Unis sont évidemment au cœur du projet. Leur territoire est intact, leurs pertes en hommes sont
infimes comparées aux pertes soviétiques, leur industrie a été dopée par l’effort de guerre ils dominent
l’économie mondiale (50% du PIB mondial à eux seuls) et disposent depuis la double expérimentation in
vivo des 6 et 9 Aout 1945 (Hiroshima et Nagasaki) de l’avantage militaire décisif : la possession de l’arme
atomique. Ils vont donc prendre la place centrale dans cette guerre froide annoncée et y investir d’énormes
moyens financiers. Le Président Truman met tout le poids de son pays dans l’opération et lance le 29 mars
1947, dans un discours prononcé devant le Congrès, le plan Marshall (du nom du général qui est alors
secrétaire du Département d’Etat étasunien).
Les pays cibles du plan Marshall sont en priorité ceux situés à l’Ouest du « rideau de fer » dans lesquels des
partis communistes, sortis grandis et armés de leur participation à la résistance populaire contre le nazisme,
sont puissants. L’aide Marshall va permettre à des gouvernements bourgeois de s’installer au pouvoir. Les
PC français et italiens sont mis sur la touche, tolérés dans le pays mais interdits de pouvoir. Ils acceptent
cette marginalisation qui sera définitive pour le PC italien aujourd’hui disparu. Le PC grec, bien qu’il ait eu
un rôle décisif dans la résistance à l’occupation nazie a été mis sur la touche par la Grande-Bretagne, la
bourgeoisie et les fascistes grec, se réveille tardivement et reprend les armes contre le nouveau régime. La
riposte est immédiate : le premier Avril 1947 un général US débarque sur le sol grec avec 5000 hommes et
prend le commandement d’une guerre « civile » qui bien alimentée en dollars US durera deux ans. Elle
sera féroce, extrêmement sanglante et conduira à une quasi liquidation des communistes grecs et à une
interdiction du PC qui durera jusqu’en 1974. Les fascistes grecs alors soutenus et conseillés par les Etats-
Unis se permettront mettre de faire un coup d’Etat militaire qui saignera à nouveau le pays et les partis de
gauche grecs pendant 7 ans (1967-1974)
La Grèce étant à l’Ouest du « rideau de fer », l’URSS, affaiblie par la guerre et en situation d’infériorité
militaire, n’intervient pas. Le partage du continent est ainsi respecté par la force. Pour autant les
« occidentaux » ne vont pas hésiter à tenter des débaucher des pays situés dans la zone d’influence
soviétique. Tel sera le cas de la Tchécoslovaquie. Les élections qui suivent la guerre ont donné une place
prépondérante au PC tchèque (43% des voix). Il va former un gouvernement de coalition avec des partis
bourgeois. Confronté aux graves problèmes matériels de la reconstruction du pays, le gouvernement
tchèque envisage de faire appel à l’aide MARSHALL. Pour l’URSS c’est le signe que le « rideau de fer » peut
se déplacer pourvu qu’il se déplace vers l’Est. L’URSS s’oppose à cette demande d’aide financière aux Etats-
Unis et exige du gouvernement tchèque dirigé par les communistes qu’il refuse cette aide. Le PC Tchèque
mobilise la population dans ce sens. La crise politique éclate à Prague en Février 1948. Les partis bourgeois
quittent le gouvernement et le PC tchèque reste seul au pouvoir. Pas un coup de feu n’a été tiré mais cette
prise de pouvoir des communistes par défaut, sera dénommée « coup de Prague » et à l’Ouest, elle
symbolisera la mainmise soviétique sur l’Europe orientale et permettra de faire passer sous silence
l’exclusion du pouvoir des PC français et italien et les horreurs la guerre civile grecque.
Reste le cas de l’Allemagne. Découpée en quatre zones d’occupation (Etats-Unis, Grande-Bretagne, France
et URSS) au sortir de la guerre le « rideau de fer » n’y a pas été tiré puisqu’en vertu des accords de Potsdam
la gestion du pays doit rester quadripartite en attendant un accord entre les puissances occupantes sur
l’avenir du pays. En fait les trois occidentaux unifient leurs 3 zones d’occupation et commencent à
s’acheminer vers la coupure du pays en deux en créant une nouvelle monnaie pour leur zone commune.