Université Paris-1 Panthéon - Sorbonne UFR 11 - Département de Science Politique L’ELECTION LIMITEE DES FEMMES AU PARLEMENT GREC EN TANT QUE PROBLEME POLITIQUE (1974-2007) Mémoire présenté en vue de la validation du Master de Sociologie et Institutions du Politique Katerina NIKOPOULOU Sous la direction de Madame la Professeur Frédérique MATONTI Septembre 2008 - AVERTISSEMENT - Les opinions exprimées dans ce mémoire sont strictement personnelles et n’engagent ni l’Université Paris-1 ni le Centre de Recherche Politique de la Sorbonne L’élection limitée des femmes au Parlement grec en tant que problème politique (1974-2007) Introduction Première Partie - La présence quantitative des femmes aux mécanismes électoraux et à la Chambre des Députés grecque Titre A - La naissance et l’intégration progressive d’un corps électoral féminin et l’accession des femmes à la députation Chapitre 1 - La marche laborieuse des femmes dans les institutions politiques a)Les premiers pas du « beau sexe » vers la politique : du néant à l’être b) Une démocratie dite cachectique, sans femmes. c) ‘‘Metapolitefsi’’ avec les femmes Chapitre 2 - Les changements durables et difficiles dans les institutions sociales. a) La femme au foyer électrice (1952-1982). b) La femme électrice égale à l’homme (1982-aujourd’hui). Titre B - Relations quantitatives entre hommes et femmes candidats et élus aux élections législatives (1974-2007) Chapitre 1 - Relations entre les quantités essentielles d’un suffrage toujours à mi-féminin: honneur à la masculinité. a) La division du territoire et les sièges parlementaires 34 b) La non division du territoire et la députation à titre honoraire Chapitre 2 - Relations quantitatives des candidatures féminines avec les candidatures masculines et avec le résultat électoral a) La députation aux circonscriptions électorales b) La masculinité indépassable du résultat électoral 1 10 11 12 12 18 23 26 26 29 32 34 38 46 46 57 Deuxième Partie - La qualité de la représentation féminine à la Chambre des Députés grecque 60 Titre A - La femme dans les mécanismes de recrutement politique permettant son accession au mandat parlementaire 61 Chapitre 1 - Les facteurs spécifiques à la société et l’histoire grecques facilitant l’accès des femmes au mandat parlementaire. 62 a) La députée héritière d’un nom politique. 62 b) La députée ancienne militante : camarade de prison, d’exil, de combats contre la dictature 67 Chapitre 2 - La présence féminine dans les filières masculines facilitant l’accès des femmes au mandat parlementaire. 75 a) L’appartenance à des catégories socio-professionnelles spécifiques en tant que facteur déterminant pour la marche des femmes en politique. 75 b) Du parti au peuple et du peuple au parti 80 Titre B - Aspects de féminisation et de déféminisation du métier politique : la présence et les rôles attribués aux femmes Chapitre 1 - La présence féminine dans le gouvernement a) La femme ministre et secrétaire d’Etat 85 b) La féminisation graduelle des ministères : des critères différents pour chaque parti au pouvoir Chapitre 2 - La présence féminine aux postes-clès pour l’idéologie des partis a) Les femmes dans les commissions parlementaires b) Les femmes chefs de partis : les deux cas grecs. 96 96 102 Conclusion 108 84 85 88 Liste des entretiens Bibliographie Les tableaux contenus dans ce mémoire de Master 2 Recherche sont le fruit d’un travail personnel et la propriété intellectuelle de l’auteur. Merci de citer la source en cas d’utilisation. Introduction La présente étude a pour but d’examiner l’élection limitée des femmes au Parlement grec, en tant que phénomène politique, depuis la chute de la dictature des colonels (en 1974) jusqu’aujourd’hui. [Termes du sujet et notions de base] Les mots « élection limitée » sont ici utilisés pour définir une donnée numérique. La suprématie numérique incontestable des hommes à l’Assemblée Nationale, qui accompagne la présence minoritaire des femmes dans les Assemblées Nationales constitue un phénomène national (grec) et universel 1 à plusieurs aspects. Leur présence est qualifiée de minoritaire et alors limitée dans la mesure où elle ne reflète pas la réalité statistique de leur présence dans la société. Il est utile de rappeler, ici, que la Grèce est dotée d’un système monocaméral. Le Parlement est constitué d’une Chambre de députés, élus par le peuple, lors d’un suffrage direct, universel, secret, obligatoire et simultané. La reconnaissance conventionnellement 2 retardée des droits électoraux intégraux aux femmes, représente, comme événement historique une cause parmi d’autres plus ou moins importantes de la prédominance masculine à la députation. La compréhension du phénomène en tant que problème politique exige la dissociation préalable des deux notions qui le constituent, d’une part celle de la réalité politique et d’autre part celle de la cause politique. 1 http:// www.ipu.org/wmn-e/classif.htm V. Catherine ACHIN, Sandrine LEVEQUE, Les femmes en politique, Paris, Repères, La Découverte, 2006, p.9:on observe qu’il y a des pays où les femmes n’ont pas obtenu le droit de vote au même moment que le droit d’être élue. 2 1 La présence féminine minoritaire aux Parlements du monde entier forme une réalité politique qui se reflète bien aux données du classement universel concernant les pourcentages de la représentation des femmes aux diverses Assemblées Nationales. 3 Une multitude de questions concernant l’approche quantitative globale du phénomène surgissent de ce classement. Comment et pourquoi des pays soit sous-développés soit en développement, se trouvent-t-ils à des rangs plus élevés par rapport aux pays occidentaux, développés et avec une longue tradition républicaine ? Comment la masculinité apparentée au « métier de député » peut être interprétée dans la réalité politique mondiale? Tandis que cette étude ne vise pas à répondre à ces questions universelles, elle tient en compte que la réalisation d’une analyse du phénomène présuppose de faire la liaison de cette réalité politique et des particularités historiques, politiques, institutionnelles et sociales de chaque pays où elle se présente, afin de réussir à mieux présenter et justifier au fil du temps son évolution. La Grèce, démocratie occidentale contemporaine et pays de la naissance de la démocratie directe, « dans laquelle les citoyens exerçaient eux-mêmes le pouvoir sans intermédiaires », 4 se trouve à la soixante-dix- huitième (78ième) position du classement susmentionné. Après les élections législatives de 2004, le pourcentage des femmes à la députation est 13% et après le dernier affrontement électoral de 2007 s’élève au 15,3%. Le concept de déficit démocratique, modifie la notion réalité politique à ce qu’on pourrait appeler cause politique : Le phénomène de l’élection limitée des femmes devient progressivement, surtout dans les démocraties occidentales, un problème politique cherchant ses solutions idéales. 3 4 http:// www.ipu.org/wmn-e/classif.htm Lexique des Termes juridiques, Paris, Dalloz, 2001, p. 193. 2 De ce point de vue, quand on parle de cause politique, on entend l’ensemble des mesures adoptées par la plupart des pays européens, afin que les femmes soient présentes dans les Assemblées Nationales en pourcentages plus élevés. Pour combler le vide du déficit démocratique, ces mesures s’ensuivent dans une logique d’arriver à la « démocratie du miroir »5, où les Chambres élues reflèteront, quantitativement, l’hétérogénéité des sociétés qu’elles chapeautent. Après des années de revendications et conquêtes féminines - la plus importante étant celle de l’obtention tardive des droits électoraux intégraux droit de vote et droit d’être élue – il existe encore un blocage quant à leur participation active et à conditions égales avec les hommes, dans la sphère politique. Le terme féminisation décrit le phénomène de l’accès graduel des femmes aux professions et aux postes traditionnellement occupés par les hommes. Il s’agit d’une évolution remarquée dans une série des métiers dits «masculins » où le nombre des femmes qui y entrent augmente continuellement. Acceptant que le métier politique, du député, du ministre ou du chef de parti est en principe caractérisé par une forte présence masculine, la percée des femmes à ce milieu fait partie de ce phénomène. Les sacrifices personnels des femmes ambitieuses qui décident d’exercer une profession masculine et d’entrer dans un milieu professionnel privilégié par les hommes et peu habitué à la présence féminine, les conduisent à une déféminisation, c’est-à-dire à un comportement non pas masculin, mais privé des petits détails féminins. Le processus de la masculinisation concerne les femmes qui souhaitent atteindre des hauts postes de responsabilités accrues et qui, pour réussir 5 Catherine ACHIN, Sandrine LEVEQUE, Les femmes en politique, Paris, Repères, La Découverte, 2006, p. 80: « …il s’agit d’abord de repenser le concept même de représentation politique et de défendre un ‘‘représentation miroir’’ fondée sur le postulat que les élus doivent ressembler aux citoyens ». 3 l’adaptation dans un milieu masculin, s’obligent à l’adoption d’attitudes et de comportements conformes à ceux de leurs confrères. [Textes essentiels internationaux] Pourtant, pendant le XXe siècle, surtout dans les deux dernières décennies, des efforts intensifs se réalisent pour assurer l’entrée des femmes au pouvoir. La Convention CEDAW, est adoptée par l’Assemblée Générale des Nations Unies, (résolution 34/180 du 18 décembre 1979) et entre en vigueur le 3 septembre 1981. Dans son article 7, les Etats Parties « prennent toutes les mesures appropriées pour éliminer la discrimination à l’égard des femmes dans la vie politique et publique du pays et, en particulier, leur assurent, dans des conditions d’égalité avec les hommes, le droit :a) De voter à toutes les élections et dans tous les référendums publics et être éligibles à tous les organismes publiquement élus(…), ainsi que(…)toutes les mesures appropriées pour que les femmes, dans des conditions d’égalité avec les hommes et sans aucune discrimination, aient la possibilité de représenter leur gouvernement à l’échelon international et de participer aux travaux des organisations internationales6 ». Les buts à réussir sont pareils à la 4ème Conférence mondiale de l’ONU sur les femmes en 1995 (Plate-forme d’action de Beijing) qui dans l’alinéa 181 annonce que « L’égalité de participation aux prises de décisions n’est pas seulement une simple question de justice et de démocratie ; on peut y voir aussi une condition nécessaire pour que les intérêts des femmes soient pris en considération. Sans une participation active des femmes et la prise en compte de leurs points de vue à tous les niveaux de la prise de décisions, les objectifs d’égalité, de développement et de paix sont impossibles à réaliser». 7 Par ailleurs, les mesures adoptées par les Etats-membres de l’Union Européenne, pendant la même période, sont également remarquables. Entre autres, le traité d'Amsterdam (signé le 2 octobre 1997, entré en vigueur le 1er 6 7 http://www.un.org/womenwatch/daw/cedaw/text/fconvention.htm http://www.un.org/womenwatch/daw/Beijing/platform/decision.htm 4 mai 1999) prévoit à l’article 117: « La Communauté et les États membres, conscients des droits sociaux fondamentaux, tels que ceux énoncés dans la Charte sociale européenne signée à Turin le 18 octobre 1961 et dans la Charte communautaire des droits sociaux fondamentaux des travailleurs de 1989, ont pour objectifs la promotion de l'emploi, l'amélioration des conditions de vie et de travail, permettant leur égalisation dans le progrès, une protection sociale adéquate, le dialogue social, le développement des ressources humaines permettant un niveau d'emploi élevé et durable et la lutte contre les exclusions ».8 Pendant les années 1990, la mise en place des quotas et autres mesures de parité pour les candidatures féminines a été vraiment encouragée. La question qui dominait les débats parlementaires et les débats théoriques était de déterminer si, finalement, l’adoption de telles mesures pour leur accès aux postes publics électifs et contre les discriminations pouvait conduire à l’affaiblissement, ou au contraire, au renforcement de leurs candidatures. Ces débats persistent toujours et s’articulent autour des questions suivantes : Un système représentatif, peut-il réussir une démocratie « substantielle », quand la représentation du sexe féminin est tellement défavorisée ? Ce problème, est-il exclusivement quantitatif ? L’imposition des quotas pour les femmes lors de l’élaboration des listes électorales ou, par extension, les mesures paritaires, comme elles sont en vigueur en France d’aujourd’hui, assurent-t-elles la meilleure – parlant du côté qualitatif - représentativité des femmes ? Et si, finalement, le problème quantitatif se résolvait, au fil du temps, cela signifierait-il que nous sommes arrivés à une situation de démocratie idéale ? [L’approche législative grecque] La Grèce en tant que membre de l’ONU et de l’UE poursuit, toujours, la prise, l’application et le respect des mesures institutionnalisées pour la répression du phénomène. Toutefois, malgré les efforts à l’intention de se 8 http://europa.eu.int/eur-lex/lex/fr/treaties/dat/11997E/htm/11997E.html 5 conformer à ses engagements et aux mesures prévues par les textes officiels des organismes dont elle fait partie, il a fallu attendre jusqu’en 2001, pour la première loi concernant la mise en place des quotas sur les candidatures féminines aux élections locales. Avec l’article 75, alinéa 1 de cette loi 2910/2001 a été instaurée « la participation obligatoire, aux bulletins de vote pour les élections des collectivités territoriales, à 1/3 au minimum, de chaque sexe en tant que candidats »9 et dans l’article 34, alinéa 3 de la loi 3463/200610 (« Validation du Code des Collectivités Territoriales ») « la provision de la loi 2910/2001 pour la participation de chaque sexe à hauteur de 1/3 aux bulletins de vote des conseils municipaux et des communes, des conseils d’arrondissements de municipalité, et des conseils locaux est maintenue». Ce n’est que cette année (2008), que le gouvernement grec, adopte la loi 3636/2008, qui modifie la loi 3231/2004 relativement à « l’élection des députés » : Selon l’article 3 de la nouvelle loi « il est stipulé que, dans les listes des partis, le nombre des candidats de chaque sexe doit correspondre à un pourcentage au moins égal à 1/3 du nombre total des candidats, à l’ensemble du pays (et non par circonscription électorale) »11. Cette particularité grecque (l’aboutissement des débats et la prise de mesures aussi tardive, malgré le constat du phénomène tôt dans le temps), s’inscrit dans une série d’autres particularités- historiques, institutionnelles, politiques, ainsi que sociales- qui ne peuvent être ignorées lors de l’analyse. Ce sont des particularités qui touchent et, par conséquent, influencent les domaines relatifs au phénomène. Une simple présentation des données statistiques ne suffirait pas car elle ne tiendrait pas compte de l’influence de ces facteurs. 9 J.O.R.H t. ’ 91/2001 J.O.R.H t. ’ 114/2006 11 J.O.R.H. t. A’/11/2008 10 6 [Pourquoi 1974] Le choix des limites temporelles de l’étude a été imposé par les besoins de la recherche et par la force historique des choses : Premièrement, l’ « échantillon » parlementaire d’avant la dictature étant très pauvre en présence féminine, ne serait pas de grand apport. Deuxièmement, la chute de la dictature des colonels, qui a privé la Grèce d’élections de 1967 à 1974 et la restitution de la démocratie en Grèce, en 1974, marque le début d’une étape décisive dans l’histoire de la Grèce. En histoire politique, la nouvelle ère historique, a été appelée « Metapolitefsi », pour exprimer pleinement l’amplitude du changement de régime. L’année 1974 a donné à la Grèce un gouvernement démocratique, les premiers débats pour la Constitution de 1975, et un Parlement qui approuvait l’existence de tous les partis politiques. La préoccupation principale de Konstantinos Karamanlis, qui revient en Grèce de son exil volontaire à Paris, est le rétablissement de la démocratie. A la chute de la dictature, il vient à la tête du nouveau « Gouvernement d’Unité Nationale »12. Premier Ministre du pays avant la dictature (1955-1963) et fondateur du Parti ERE13 en 1956, il revient comme « le grec De Gaulle »14 pour supprimer toute sorte de « discriminations politiques » 15 , qui avaient longuement existé et qui avaient fait souffrir le pays avant la dictature, contribuant d’une certaine manière, à son imposition. Le but du gouvernement était, avant tout, l’installation et -par la suite- la stabilisation d’un système politique démocratique, dont le principe fondamental est la participation de tous les partis dans la vie politique. Un tel système ne pourrait plus faire barrage à la participation de groupes sociaux 12 Le gouvernement transitoire « d’Unité Nationale» soutenu par tous les partis a été formé par K. Karamanlis en tant que Premier Ministre et avait des membres provenant des partis pré-dictatoriaux ainsi que des militants contre la dictature. Ce gouvernement a duré jusqu’au 21 novembre 1974, date de la victoire du Parti de K. Karamanlis et de la nomination du gouvernement issu des élections nationales du 17.11.1974. 13 E.R.E.= Ethniki Rizospastiki Enosis (Union Nationale Radicale), parti de la droite avant la dictature. 14 Le Monde 2 Dossier « les archives » du 28 avril 2007, «1967-1974 La Grèce sous la botte des colonels», p. 53-61. Didier Kunz se réfère à K. Karamanlis : « à la manière d’un de Gaulle, auquel il est souvent comparé, Karamanlis rétablira la démocratie en quelques mois » 15 V. infra, 1ière Partie, Titre A, Ch. 1b 7 particuliers dans la vie politique. Evidemment, un changement tellement radical au niveau politique d’un pays présuppose et donne, aussi, d’autres changements, dans tous les domaines de la vie publique et privée des citoyens. Plus précisément, concernant les droits électoraux des femmes, malgré leur vote aux législatives de novembre 1974 et au référendum de décembre 1974 pour la forme du régime (royauté ou république), leurs droits électoraux acquièrent leur valeur constitutionnelle, lors du vote de la nouvelle Constitution, en 1975. C’était le premier pas essentiel qui a justifié les luttes de longue durée des femmes et, en même temps, le tremplin aux réformes futures- que nous allons examiner- qu’elles étaient prêtes à réaliser dans un pays qui connaissait, avec une décennie de décalage, ses « années soixante ». [Méthodologie] La problématique du sujet a imposé une analyse repartie sur deux axes. La notion de la représentativité comporte de nature des éléments quantitatifs et qualitatifs ; il a été indispensable d’examiner non seulement les relations et équilibres entre les deux notions, de qualité et de quantité, mais également leur degré de dépendance (ou, au contraire, d’indépendance) de celle de la représentativité. A la recherche des méthodes appropriées qui mettraient en évidence tant le côté quantitatif que le côté qualitatif de la notion, il ne fallait pas ignorer le paramètre du temps, très important pour une recherche qui concerne une période de trente ans. Les statistiques officielles des douze affrontements16 électoraux pendant la période 1974-2007, acquises par le Ministère des Affaires Intérieures, de l’Administration Publique et de la Décentralisation étaient un outil de base 16 D’après l’article 53 alinéa 1 de la Constitution de la Grèce (1975) «Les députés sont élus pour quatre ans consécutifs qui commencent le jour des élections générales ». Mais, pendant cette trentaine d’années, surtout, à cause de la crise politique à la fin de la décennie ’80, les élections ont été, parfois, annoncées plus tôt. 8 pour la construction des éléments nécessaires à la reconstitution de la situation relative au phénomène étudié (tableaux). Ensuite, les treize entretiens, d’une durée presque d’une heure chacun, que nous avons réalisé ont été un outil qui nous a servi des informations très précieuses. Il doit être noté que nous avons interviewé des femmes députées ou anciennes députées de tous les partis- 5 de la ND, 4 du PASOK, 2 du KKE et 2 du SYRIZA- afin d’avoir un échantillon assez représentatif qui correspond, grosso modo, à l’image du Parlement grec des dernières décennies. [Structure] Ce travail porte, en premier lieu, sur la présence quantitative des femmes au parlement grec (1ière partie). Sur la base des données statistiques, essentiellement, nous allons observer une série des spécificités grecques en ce qui concerne l’accès des femmes à la députation, du moment de leur candidature jusqu’au moment de leur élection ; spécificités qui trouvent leurs raisons d’être dans le contexte historique du développement politique et social en Grèce pendant cette trentaine d’années. Cet examen serait lacunaire, s’il n’était pas accompagné d’un examen qualitatif de la représentation féminine, c’est-à-dire des femmes finalement élues. Donc, en deuxième lieu, nous allons étudier leur profil social et politique, ayant comme but de comprendre les facteurs déterminants pour l’élection des femmes à chaque époque(2ième partie). Nous allons constater que les critères du choix des femmes se modifient, selon le parti et selon l’époque, ainsi que les paramètres conformément auxquels le corps électoral fait, chaque fois, ses choix. 9 Première Partie La présence quantitative des femmes aux mécanismes électoraux et à la Chambre des Députés grecque. A l’opposé de la participation masculine à la politique, la participation féminine s’est faite à petits pas. La politique, affaire des hommes, était un terrain interdit aux femmes, en Grèce comme ailleurs. L’évolution quantitative du nombre des femmes qui décident de s’investir en politique ne peut être examinée qu’à travers une analyse situant cette évolution dans le temps historique. Dans un premier titre (Titre A), seront étudiés les modes et les manières par lesquels les femmes ont pu s’introduire dans l’espace public et exprimer leurs premières revendications. Des éléments d’histoire politique et sociale de la Grèce aideront à apercevoir le nombre croissant des femmes qui ont entamé des carrières politiques, en fournissant, en même temps, des outils de base pour l’examen ultérieur du profil socio-politique des femmes politiques des prochaines générations. L’écart des mentalités entre la gauche et la droite en Grèce, par exemple, qui touche à cœur la question (et la participation) féminine, ne peut pas être expliqué sans faire une mention aux conflits civils et aux controverses politiques des années 1944-1967. L’analyse des données électorales de 1974 à 2007, qui suit (Titre B), contribue à connaître le genre de la géographie électorale par circonscription dans le temps. Les tableaux créés servent d’outils d’appréciation de l’influence partisane sur le nombre des femmes. Par l’analyse et puis par la synthèse, le but est de déterminer les différentes variables de la quantité féminine et d’observer leur interaction dans le jeu statistique. 10 Titre A La naissance et l’intégration progressive d’un corps électoral féminin et l’accession des femmes à la députation S’interroger sur les causes qui ont provoqué des obstacles à l’accès des femmes dans le champ politique amène inévitablement à distinguer les étapes de la politisation progressive des femmes ainsi que les facteurs politiques qui ont d’abord empêché et puis régulé la marche des femmes vers la politique (chapitre 1). Toutefois, la politisation des femmes a été propulsée par les changements réalisés dans la société et alors dans le corps électoral pendant le dernier siècle. De manière non exhaustive, nous essaierons (chapitre 2) de tracer les développements sociaux majeurs et les changements apportés sur le statut juridique et social de la femme et des institutions sociales qui la concernent (mariage, famille, emploi etc.). 11 Chapitre 1 La marche laborieuse des femmes dans les institutions politiques a)Les premiers pas du « beau sexe » vers la politique : du néant à l’être Etre élu, à la Chambre des Députés grecque présuppose, en premier lieu, d’avoir ses droits électoraux, en deuxième lieu, la volonté de se présenter en tant que candidat. Les hommes grecs avaient ces droits depuis l’adoption de la Constitution de la Grèce en 184417, mais pas les femmes grecques. L’histoire de la conquête de l’égalité entre les hommes et les femmes commence en Grèce en 1887, par la diffusion du premier magazine de femmes, édité, exclusivement, par de femmes et intitulé « Le journal des Dames »18 grâce à l’initiative d’une pionnière féministe de l’époque, qui s’appelle Kalliroi Parren19. Au début, les rédactrices du « Journal » tiennent une attitude modérée sur la cause du vote féminin. Les données socio-politiques changent avec les nombreuses initiatives de Kalliroi Parren, dont les plus importantes sont la fondation de la Grande Union des Femmes en 1896, qui se transforme en école de formation d’infirmières en 1900 et surtout le « Lycée des femmes grecques »20 en 1910. Le « Lycée des femmes grecques » qui a comme but la promotion de la tradition grecque, permet aux femmes de se rencontrer en dehors de leurs maisons pour danser, broder et tricoter en groupe mais aussi 17 D’après la Constitution de la Grèce (1844) « les grecs sont égaux devant la loi ». Eleni VARIKA, La révolte des Dames. Genèse d’une conscience féministe en Grèce (1833-1907), Athènes, Katarti, 2ième édition, 1996, p. 274: «…le journal des dames est le lieu de rencontre et d’expression des femmes et, en même temps l’organe de propagande pour leur émancipation, c’est le lieu d’élaboration d’une nouvelle identité collective et le moyen de défense de leurs intérêts comme groupe social (…) le premier numéro de la revue a été épuisé le jour-même, et le deuxième a eu une telle diffusion due à son caractère paradoxal et au mystère qui couvrait l’identité de ses rédacteurs » (parce qu’elles signaient avec des pseudonymes masculins). 19 La révolte des Dames. Genèse d’une conscience féministe en Grèce (1833-1907), op.cit., p. 275: Née en 1861 en Crète, elle était institutrice, elle a travaillé comme directrice dans des pensionnats de filles en Russie et aux Balkans. Elle a été mariée à Ioanni Parren, journaliste français de Constatinople et fondateur de l’Agence de Presse Athenienne (Organisme national de Presse). 20 En grec : Lykion ton Ellinidon 18 12 pour discuter et s’organiser. La réussite sociale du « Lycée » est immense. Des annexes, gérées exclusivement par des femmes, sont créées partout en Grèce21. Conformément aux programmations de sa fondatrice, le « Lycée des femmes grecques » organise la Première Conférence Nationale des femmes à Athènes en mars 1921, pendant que Kalliroi Parren est exilée sur une île grecque pour sa foi politique. Les propositions annoncées à la fin de cette Conférence ont été déposées au Gouvernement et à l’Assemblée Nationale. La première proposition concernait la revendication des femmes pour des droits égaux politiques et civils avec les hommes22. A la fin de la deuxième décennie du 20ème siècle- en décembre 1919- le député Typaldos-Bassias dépose pour la première fois à la Chambre des Députés grecque une proposition de loi « de l’égalité politique des femmes»23. Les années ’20 et ’30 se caractérisent d’un dynamisme du mouvement féminin grec, dont l’esprit révolutionnaire- qui émerge du slogan dominant aux élections de 1920 « marteau, faucille et vote à la robe »- renverse le conservatisme de la société grecque de l’époque. Aux débats parlementaires réalisés à l’époque, des personnalités politiques remarquables se déclarent favorables à l’octroi aux femmes des droits électoraux. A la séance du 28 janvier 1920 de la Chambre des Députés, le Premier Ministre déclare: « Je crois que la provision du droit de vote aux femmes aura un intérêt social et politique», tout en exprimant sa réserve «nous donnerons le 21 Il y en a quarante-cinq, jusqu’aujourd’hui. Maro PANTELIDOU-MALOUTA, Un demi-siècle de vote féminin, un demi siècle les femmes au Parlement, Athènes, Fondation du Parlement des Grecs pour le Parlementarisme et la Démocratie, 2006, p. 21 23 « Plaidoiries des députés dans la Chambre pour l’attribution de droit de vote aux femmes grecques, dans la décennie du ’20 », extraits de la Séance 24 du 21 décembre 1919 in :Le combat de la femme, vol. 47-48, avril- décembre 1991, p. 32-35. Article 1 du projet de loi déposé par le député Typaldos-Bassias, il est mentionné que « les dispositions de toutes les lois et les décrets du Code Civil et du Droit Public en Grèce sont appliquées pareillement aux deux genres. Toute discrimination de la situation de la femme est supprimée » ; article 2 : « le Parlement au lieu de la disposition générale de la proposition, pourrait mieux avancer, par des dispositions partielles à l’abolition des incapacités de la femme dans le droit privé et public ». 22 13 vote aux femmes, si bien sûr les femmes veulent le droit de vote, on ne va pas les forcer afin d’acquérir le vote»24. En mai 1921 le Premier Ministre grec récemment élu, Dimitrios Gounaris, fidèle à ses engagements préélectoraux, propose à la Commission de Révision de la Constitution «l’abrogation de discrimination partielle ou totale selon leur sexe», concernant le droit d’élire et d’être élu. La proposition est rejetée après le débat à l’Assemblée, l’année suivante, bien que le Premier Ministre annonce qu’ «…Il s’agit d’un devoir, d’une obligation ; chaque citoyen grec, homme ou femme, doit accomplir cette fonction d’organisme politique pour laquelle peut être utile… »..25 De plus, la fondation de l’ « Association pour les Droits des femmes, droits égaux, obligations égales »26 en janvier 1920, par Avra Theodoropoulou, ainsi que l’édition du magazine « Le combat de la Femme », dont la diffusion débute en 1923 grâce à l’initiative des membres de l’Association, contribuent, de manière décisive, à la promotion des droits politiques des femmes27. L’année 1927 est d’importance capitale pour l’histoire des droits politiques des femmes grecques pour deux raisons. Premièrement, parce que dans la Constitution de la première République grecque apparaît pour la première fois l’acquisition potentielle pour les femmes du droit d’élire et d’être 24 « Plaidoiries des députés dans la Chambre pour l’attribution de droit de vote aux femmes grecques, dans la décennie du ’20 » extraits de la Séance 32 du 28 janvier 1920, in : Le combat de la femme, Vol 47-48, avril- décembre 1991, p. 32-35. 25 « Plaidoiries des députés dans la Chambre pour l’attribution du droit de vote aux femmes grecques, dans la décennie de 1920 » extraits de la Séance 91, du 19 mai 1922, in : Le combat de la femme, Vol 4748, avril- décembre 1991, p. 32-35. 26 Roula KAKLAMANAKI, La femme hier et aujourd’hui, Athènes, Ed. Kedros, 2007, p. 81 : « (…) Avra Theodoropoulou procède à la fondation de l’Association pour les Droits de la femme à la base de l’organisation féminine ‘‘Union Internationale des femmes. Droits égaux, obligations égales’’ qui est en fonction depuis le début du siècle ; c’est pour cela qu’elle a utilisé la deuxième partie de ce titre ‘‘droits égaux, obligations égales’’, comme sous-titre» 27 Un demi-siècle de vote féminin, un demi siècle les femmes au Parlement, op.cit., p. 21. « L’Association pour les droits des femmes avait franc but de lutter pour l’égalisation sociale et économique des femmes et des hommes. Très clairement, elle demandait des droits politiques intégraux. (…) Au premier programme de l’Association (…) la première revendication est le droit de vote et d’être élu dans les collectivités locales et l’Assemblée Nationale. » 14 élu28, et deuxièmement pendant le 4e Congrès du KKE – qui était à l’époque hors-la-loi - on prend la décision de s’occuper, intensivement de la « cause des femmes »29. En 1930, selon un Décret Présidentiel, «ce sont seulement les femmes cultivées de plus de 30 ans qui obtiennent le droit de vote et d’éligibilité pour les élections municipales et communales »30. Le nombre des femmes qui votent aux premières élections de 1934 est vraiment faible. Les efforts pour l’exercice de ces nouveaux devoirs féminins s’intensifient par la majorité des organisations qui s’en occupent mais souvent sans résultat, ainsi que la réclamation de l’Association, pour l’adhésion des femmes aux candidatures municipales et communales, qui a été rejetée par le Tribunal d’Instance. Les femmes hésitent encore de participer dans la vie politique du pays. Dans les années suivantes, la situation politique se détourne, progressivement, pour arriver à l’imposition de la dictature de Ioannis Metaxas (4 août 1936). Cela a comme effet le placement hors-la-loi de la majorité des associations féminines, ainsi que la confiscation et la destruction de leurs archives. D’ailleurs, le régime dictatorial - proche à celui de Hitler encerclait dans les trois mots « cuisine, enfants et église », ses convictions pour la place de la femme. L’Occupation allemande qui suit, joue un rôle déterminant à la percée des femmes dans la vie publique, et plus tard, dans la vie politique. Les femmes ont un rôle primordial aux organisations et aux réseaux de Résistance communistes. Elles participent dans tous les domaines de la Résistance, aux grèves, aux manifestations, à la guerre de partisans et plusieurs entre elles vont mourir pour une Grèce libre. Elles prennent d’initiatives, en créant et soutenant 28 Dans la Déclaration Interprétative de l’article 6 de la Constitution de la Grèce (1927) il est mentionné que «des droits politiques aux femmes peuvent être délivrés par la loi». 29 Aleka PAPARIGA, Pour la libération de la femme, Athènes, Ed. Synchroni Epohi, 1986, p. 19: « En 1927 on a le détour décisif du KKE sur la cause des femmes… ». 30 Un demi-siècle de vote féminin, un demi siècle les femmes au Parlement, op.cit., p. 31 : « cela signifie que les femmes qui avaient le droit de vote ne dépassaient pas le 10% de la population féminine majeure ». 15 des journaux de la Résistance. C’est le moment de l’entrée massive des femmes en politique. La parité des femmes existe dans les programmes et statuts, officiels ou non, de toutes ces organisations et leur participation est remarquable. Au mois de mars 1944, dans le village Viniani en Evritania, par l’initiative de E.A.M.31 se fonde la Commission Politique de la Libération Nationale connue communément sous le nom « le Gouvernement de la Montagne ». Le Conseil National, qui était l’Assemblée Nationale de l’époque, se réunit, dans le village Korishades en Evritania en 1945 et mentionne explicitement dans son Décret que «Tous les grecs, hommes et femmes ont les mêmes droits politiques et civils »32. C’est la première reconnaissance des droits politiques égaux pour les deux sexes. Ce Décret était une sorte de carte constitutionnelle provisoire. Consécutivement, cinq femmes -les premières dans l’histoire politique grecque33- se trouvent parmi les cent quatre-vingt quatre élus aux premières élections dans la partie libérée du pays. Après la libération du pays en octobre 1944, les associations féminines se multiplient et le mouvement féminin grec devient un mouvement de masse. La guerre civile qui suit, inverse malheureusement, de nouveau la situation pour les femmes. Les associations se dispersent et leurs archives se détruisent. Plusieurs femmes sont arrêtées, emprisonnées ou exilées à cause de leur participation. La Fédération Panhéllenique des Femmes 34 se dissout, après deux ans de riche activité. Cependant, une nouvelle Association sous le nom Union Panhéllenique des Femmes35 apparaît à l’époque pour jouer un rôle précieux. Dès 31 . : Ethniko Apeleftherotiko Metopo, Front National de Libération Roula KAKLAMANAKI, La femme hier et aujourd’hui, Athènes, Ed. Kedros, 2007, p. 86. 33 Centre de Recherches sur des questions d’Egalité, La participation des femmes aux centres de prise de décision, Athènes, 2006, p. 44 : « les femmes élues étaient Maria Svolou, Kaiti Nissyriou-Zevgou, Chrysa Chantzivassileiou, Machi Mavroidi, Foteini Filippidi, Evgenia Mavroskoti. » 34 Le 1er Congrès Panhéllenique de cette Fédération -vivante jusqu’en 1947- a été organisé en mai 1946 et 200.000 femmes y ont participé. 35 Pour la libération de la femme, op.cit., p.22. La Conférence Panhéllenique des militantes de l’Armée Démocratique qui a été réalisée pendant la guerre civile avait comme résultat la création de l’Union Panhéllenique des Femmes en 1949. 32 16 la fin de la guerre civile, les associations qui ont survécu aux persécutions – dans leur majorité conservatives - s’organisent et fondent le Comité des Syndicats en Collaboration dont les membres représentent la Grèce aux rencontres internationales. L’acquisition de droit de vote pour les femmes est le but principal. Les engagements internationaux du pays ont encouragé les femmes grecques : Ce sont la signature de deux traités- en 1945 la Charte des Nations Unies36 et en 1948 la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme37-, de haute importance pour l’égalité des sexes, ainsi que deux ans plus tard, en 1950, la Convention de Sauvegarde des droits de l’homme et des Libertés fondamentales 38 qui sera en vigueur à partir de septembre 1953. A l’intérieur, par l’ordonnance 959 /1949, les droits électoraux des femmes s’élargissent puisque la limite d’âge pour leur participation aux élections municipales et communales diminue et leur droit d’être élues y est consacré39. Trois ans plus tard, la déclaration interprétative de la Constitution de 1952 stipule que « La loi peut définir les relatifs à l’exercice par les femmes du droit d’élire et d’être élu» 40. La même année, la loi 2159, qui entre en vigueur aux élections suivantes, prévoit «l’inscription obligatoire des grecques aux listes des électeurs et la provision du droit de vote aux élections législatives, à des conditions égales à celles qui valent pour les hommes». 36 Les Nations Unies au Chapitre I (Buts et principes), article 1, alinéa 3 de la Charte se déclarent entre autres qu’ils ont comme but de « Réaliser la coopération internationale en résolvant les problèmes internationaux d'ordre économique, social, intellectuel ou humanitaire, en développant et en encourageant le respect des droits de l'homme et des libertés fondamentales pour tous, sans distinctions de race, de sexe, de langue ou de religion ». 37 Selon l’article 2 de la Déclaration universelle des droits de l'homme « chacun peut se prévaloir de tous les droits et de toutes les libertés proclamés (…), sans distinction aucune, notamment de race, de couleur, de sexe, de (…). » De plus, d’après l’article 21 « 1.Toute personne a le droit de prendre part à la direction des affaires publiques de son pays, soit directement, soit par l'intermédiaire de représentants librement choisis. 2. Toute personne a droit à accéder, dans des conditions d'égalité, aux fonctions publiques de son pays. 3. La volonté du peuple est le fondement de l'autorité des pouvoirs publics; cette volonté doit s'exprimer par des élections honnêtes qui doivent avoir lieu périodiquement, au suffrage universel égal et au vote secret ou suivant une procédure équivalente assurant la liberté du vote. » 38 Selon l’article 14 de la Convention « la jouissance des droits et liberté reconnus (…) d’être assurée, sans distinction aucune, fondée notamment sur le sexe (…) » 39 Un demi-siècle de vote féminin, un demi siècle les femmes au Parlement, op.cit., p. 37. 40 Article 70 de la Constitution de la Grèce (1952). 17 Jusqu’en 1952, les femmes n’ont pas de droits électoraux intégraux, à la seule exception de l’élection des cinq femmes du « Gouvernement de la Montagne ». La loi 2159/1952 donne aux femmes les droits électoraux à conditions égales à celles des hommes, c’est-à-dire, obligation de voter et droit d’être élu. Cependant, la consécration constitutionnelle de ces droits va tarder. b) Une démocratie dite cachectique, sans femmes. La Grèce des années ’50 et ’60 essaie de se remettre de l’Occupation et surtout de la guerre civile. La droite, vainqueur du conflit, se méfie des formations centristes et gauchistes et continue d’entretenir, même après la fin de la guerre civile, le climat de terreur qui frappait tout opposant et utilise la falsification électorale pour se maintenir au pouvoir. La préoccupation de la droite est d’éloigner de la conscience du peuple l’idée d’un parti communiste, de refouler et d’étouffer toute tentative de changement social. L’argument du danger communiste contribue à épurer, minutieusement, le secteur public du pays, notamment l’Armée, la Justice, l’Administration et les Syndicats de tout élément qui « ne pense pas pour le bien de la nation ». Les mesures utilisées contre tout principe de la Constitution, telles que l’exil sur des petites îles désertes, les déclarations de repentir, les certificats de loyalisme, ont pour but de neutraliser les citoyens « dangereux » pour le régime. La scène politique est tendue et les efforts déployés pour la création d’une démocratie stable semblent être vains. La guerre civile était le produit de deux mondes opposés et en même temps elle a créé deux mondes à son issue, deux valeurs, deux mentalités. Elle établit les bases d’un conflit profond et d’une confrontation de discorde. La nature des différences idéologiques conduit à une ligne de séparation très dure et très résistante au fil du temps. Cette guerre civile prépare un champ 18 politique où deux sections antinomiques dominent ; celle des ultranationalistes et celle des communistes. Cette séparation va persister longtemps, même après la Restitution de la Démocratie en 1974. Malgré la loi 2159 (en juin 1952), les femmes n’avaient pas participé aux élections législatives de cette année-là (en novembre), sous la justification que les listes électorales n’étaient pas encore mises à jour. La fondatrice de l’Association pour les Droits des Femmes, Avra Theodoropoulou, avait réagi en posant sa candidature symbolique afin de provoquer la Décision du Tribunal d’Instance d’Athènes, qui était évidemment, négative. Or, deux mois après cette Décision, en janvier 1953, les grecques exercent leurs droits politiques intégraux, de voter et d’être élue, lors d’une élection partielle (locale) à Thessalonique pour le remplacement d’un député qui est mort. Pour la première fois, les femmes votent pour l’élection d’un député, cinq noms féminins sont dans les bulletins de vote : Eleni Skoura41 du parti Ethnikos Synayermos (‘Alerte Nationale’), Virginia Zanna du parti ‘des libéraux’ et trois autres candidates sans étiquette. Eleni Skoura est élue et devient la première femme députée. Sa réussite est un événement historique et son nom est à la une des journaux de l’époque. De sa part, à son premier discours dans la Chambre des Députés, elle dit que l’honneur qu’elle ressent, appartient à l’ensemble des grecques. Le pourcentage majoritaire qu’ E.S. recueille aux élections de 1952, permet au chef du parti de l’époque, le maréchal Alexandros Papagos, de former un gouvernement qui s’appuie sur une majorité absolue. Mais, malheureusement, les controverses à l’intérieur du parti dues, surtout, au conflit chypriote, conduisent au remaniement ministériel deux fois en deux ans. Le Premier Ministre meurt en 1955 et le Roi Pavlos I donne, contre toute attente, à Konstantinos Karamanlis, le mandat de former le gouvernement 41 Un demi-siècle de vote féminin, un demi siècle les femmes au Parlement, op.cit., p. 41. Au moment de son élection elle avait 57 ans et elle était juriste avec une riche activité sociale. 19 suivant 42. La Chambre des Députés est dissoute et les élections sont programmées pour janvier 1956. Le premier exercice du droit de vote et d’éligibilité des femmes aux élections législatives se passe dans l’atmosphère sociopolitique tendue, décrite précédemment. Cependant, aux élections de janvier 1956, les femmes s’ajoutent au nouveau corps électoral et aux bulletins de vote; leur chemin dans la politique est désormais ouvert. Le nombre des inscrits sur les listes électorales (2.123.150 hommes) est plus que double, grâce à l’adhésion des femmes au corps électoral (4.507.907)43. En outre, des 16 candidates de tous les partis (5 de l’ ERE, 3 de la D.E., 7 de K.P. et 1 sans étiquette44) deux femmes, Lina Tsaldari et Vasso Thanassekou sont élues, toutes les deux à Athènes. La première, ayant recueilli la plupart des voix dans la liste des candidats du parti auquel elle appartient, devient la première femme ministre d’Assistance Sociale. En mars 1958 le parti ERE se scinde, le gouvernement démissionne et les élections s’annoncent de nouveau. L’affrontement électoral du mai 1958 fait partie des plus « démocratiques » de la période d’après-guerre. Du point de vue de la quantité des femmes qui participent dans la vie politique, soit comme électrices, soit comme candidates députées, l’argument d’existence d’un progrès démocratique paraît assez pertinent. Nous observons d’un côté la progression continue du nombre des femmes inscrites aux listes, ce qui signifie l’élargissement et l’intégration par les femmes du corps électoral et de l’autre côté, la population féminine dans le Parlement issu de cet 42 D’après la Constitution de la Grèce (1952) le Roi pouvait désigner le Premier Ministre si en quinze jours celui-ci obtenait le vote de confiance. 43 Ath. G. STERGIANOPOULOS, Les élections depuis 1946 jusqu’aujourd’hui, Thessalonique, Phaéthon, 1981. Les données du nombre des inscrits à l’époque sont tirées des pages 33 et 44. 44 ERE : Ethniki Rizospastiki Enossis, Union Radicale Nationale, parti de la droite ; D.E. : Dimokratiki Enossi, Union Démocratique ; K.P. : Komma Proodeftikon, Parti des Progressistes. 20 affrontement électoral, Parlement le plus féminin de la première période45 de l’activité des femmes en politique. Cette double évolution se reflète au nombre des inscrits (avec l’inscription massive des femmes) qui continue d’augmenter pour arriver cette fois à 5.119.148 électeurs, ainsi qu’au nombre des femmes élues, qui sont quatre (4) sur les dix-neuf (19) candidates. Ce sont elles qui conduisent les questions féminines qu Parlement et revendiquent la prise de mesures d’égalité. Pourtant, la plupart des fois elles n’arrivent pas à leur but. Après les élections d’octobre 1961 seules trois femmes ont la qualité de députée, toutes représentantes de la gauche. Ces élections de 1961, passées à l’histoire soit sous le nom « coup d’Etat électoral » soit sous le nom « élections de la violence et de la fraude », gagnées par la droite, sont contestées par la gauche et par le centre, mené par Georgios Papandréou. La crise politique est à son comble. Les problèmes intérieurs au niveau de l’éducation (grèves), l’assassinat du député de la gauche Grigoris Lambrakis à Thessalonique (le 22 mai 1963) par des membres d’organisations paraétatiques de droite46, conduisent le Palais, qui soutenait indirectement le gouvernement à se montrer plus démocrate : Le roi propose le changement du Premier ministre K. Karamanlis par G. Papandréou. La droite perd les élections de novembre 1963, comme celles de février 1964. La victoire du centre à ces dernières est une surprise pour le Palais. Son programme de réformes économiques et sociales, son refus aux Etats-Unis sur la question chypriote, ont provoquée le renvoi anticonstitutionnel de G. Papandréou par le roi, en juillet 196547. 45 Un demi-siècle de vote féminin, un demi siècle les femmes au Parlement, op.cit., p. 62. Selon M. PANTELIDOU-MALOUTA la première période de l’action des femmes en politique est de 1952 à 1967. 46 Nicolas SVORONOS, « Esquisse de l’évolution sociale et politique en Grèce », in Dossier « Aujourd’hui la Grèce… », Les temps modernes, n° 276 bis, Paris, 1969, p.7-36. 47 Marios PLORITIS, « La monarchie grecque », in Dossier « Aujourd’hui la Grèce… », Les temps modernes, n° 276 bis, Paris, 1969, p. 67-95. 21 Lors de ces deux affrontements électoraux le nombre des femmes députées baisse ; après tant de luttes de longue durée, il n’y a qu’une seule députée de la gauche, élue en 1963 et réélue en 196448. Il est utile de souligner que jusqu’au coup d’Etat de 1967 les femmes députées appartiennent dans leur grande majorité à la gauche (l’Union de la Gauche Démocrate- EDA). Les seules exceptions sont Eleni Skoura et Lina Tsaldari. L’abrégé historique précité aide à tracer l’histoire des femmes en politique tout au long de ces quinze ans (de 1952 à 1967) et à expliquer leur présence minoritaire. La question qui en découle et qui se pose avant toute autre, est de savoir si on peut parler d’une démocratie réelle à cette époque-là. La Grèce se montre incapable de dépasser son passé, et les controverses politiques de la guerre civile créent un terrain favorable pour une nouvelle déstabilisation de la démocratie. Finalement, des gouvernements marionnettes s’altèrent au pouvoir et après les « événements de juillet » 196549, il y en a trois en trois mois. La majorité des grecs se resserre autour des principes démocrates mais l’entourage du nouveau roi (au pouvoir depuis 1964) l’influence mal et tout conduit à l’impasse politique. La dictature militaire du 21 avril 1967 met fin à l’action de toutes les organisations féminines. Leurs archives sont perquisitionnées et détruites et les seules organisations de femmes ayant droit de continuer leur activité sont les associations de charité. Pendant les sept ans de la dictature, plusieurs femmes ont été emprisonnées et torturées et plusieurs ont participé à la lutte contre la dictature en Grèce et depuis l’étranger. Dans la Grèce du régime des colonels, la 48 Au début, une seule femme a été élue, mais ensuite un siège vacant a été pris par une femme. C’est la période de la crise politique après le renvoi du gouvernement de G. Papandreou jusqu’au moment de l’imposition de la dictature des colonels qui est passé dans l’histoire grecque sous la dénomination « Iouliana » (« événements de juillet »). 49 22 révolution des femmes est falsifiée, ridiculisée et les termes « féminisme » et « féministe » acquièrent une connotation négative. c) ‘‘Metapolitefsi’’ avec les femmes Après la chute de la dictature, en juillet 1974, l’Acte constitutionnel du 1er Août 1974 revalide la Constitution de 1952. Ce révolutionnaire retour en force de la Constitution, est accompagné d’un sursis pour les dispositions concernant la forme du régime qui sera décidée après les élections de novembre 1974. Lors du référendum de décembre 1974, le dilemme « République monarchique ou République non-monarchique » trouve sa solution : Le peuple grec vote à 69,2% pour une République sans roi. La chute de la royauté marquait aussi la fin de la perception royale pour l’accès des femmes au pouvoir. Il est important de noter que l’institution royale en Grèce interdisait absolument l’accès d’une femme au Trône. Konstantinos Karamanlis, Premier Ministre du « Gouvernement d’Unité Nationale » (juillet-novembre 1974) procède à la légalisation du parti communiste (KKE) en septembre 1974 et aide à instaurer des conditions de liberté politique en Grèce. Cette légalisation signifie l’abolition d’une série d’institutions et de mesures qui étaient en place, depuis les années 1920 (notamment la tyrannie policière, fondée sur des décrets qui venaient à l’encontre des droits de tous), visant à la persécution des communistes et des personnalités influentes de la gauche. Les prétextes utilisés par l’armée, la police et les groupes para-étatiques pour saper les processus démocratiques sont également abolis, de manière progressive. Toutefois, les discriminations existent toujours et les votants de la gauche, « connus » par les services de l’Etat, continuent d’affronter des difficultés quand ils cherchent du travail dans le secteur public. L’avènement du parti socialiste (PASOK) au pouvoir, en 1981, change cette situation. Par une 23 loi de 1982, à laquelle le parti de la droite mené par Konstantinos Karamanlis s’oppose fermement, l’Occupation, sont tous les groupes reconnus de résistants, officiellement, actifs indépendamment pendant de leur appartenance politique. Des retraites sont attribuées aux invalides de la guerre et les obstacles juridiques qui empêchaient le retour des exilés politiques d’avant la dictature et de la période de la dictature, sont abolis. Le dernier acte de conciliation est la loi 1863/1989, proposée par le gouvernement dit « de coopération » droite (ND) – coalition de la gauche (SYN, à l’époque où celui-ci comprend le parti communiste). La loi 1863/1989 reconnaît la période de 1944-1949 en tant que période de « guerre civile » et interdit l’usage officiel d’autre terme. Elle interdit toute discrimination envers les vaincus de la guerre civile (l’Armée Démocratique des communistes et gauchistes) et tout usage de propos discriminatoires envers eux. En plus, elle revalide le régime de retraites pour les invalides de l’Armée Démocratique. A travers ces dispositions, l’Etat officiel semble abandonner les tactiques de « conformité idéologique » des institutions publiques. Les femmes en politique ont suivi un chemin parallèle de changements graduels : En 1975, la nouvelle Constitution contient la consécration de l’égalité à son article 4 al. 2 (« Les grecs et les grecques ont des droits égaux et des obligations égales ») et fixe, à son article transitoire 116, l’année 1982 comme date limite pour l’abolition des dispositions qui sont contraires au principe de l’égalité, tout en spécifiant qu’il peut y avoir d’exceptions « pour des raisons de haute importance, dans le cas où cela est prévu spécialement par la loi ». L’âge requis pour exercer son droit d’élire passe de 21 ans (en 1975) à 18 ans (en 1985) et le corps électoral s’agrandit conséquemment. En même temps, la Grèce signe et ratifie par Acte législatif une série de Conventions Internationales, parmi lesquelles la Convention de l’ONU pour l’abolition de toute sorte de discriminations envers les femmes. Cette volonté de suivre la communauté internationale à l’effort pour la consécration des 24 droits des femmes donne aux grecques la possibilité de s’adresser, désormais, aux services des Nations Unies, afin de dénoncer une violation de leurs droits et de demander de la protection. En 1982, à l’heure de la grande ampleur du mouvement féministe grec et après l’adhésion de la Grèce (en 1981) à la CEE, se crée un nouveau poste gouvernemental auprès du Premier Ministre : le poste de la Conseillère Spéciale compétente des questions d’Egalité. Consécutivement, une loi instaure le Conseil de l’Egalité des deux sexes, organe consultatif, constitué de neuf membres, qui acquiert le statut d’unité de service autonome, rattaché au Ministère de la Présidence du Gouvernement. En 1988, le Conseil de l’Egalité change de statut pour devenir le Secrétariat Général de l’Egalité, rattaché au Ministère de l’Intérieur, de l’Administration Publique et de la Décentralisation. Le Secrétariat Général de l’Egalité a comme compétences la promotion et l’application de l’égalité juridique et réelle des deux sexes dans tous les secteurs (politique, économique, social, culturel). Dans le cadre de son activité, elle a des collaborations régulières avec des ONG féminines, avec les sections féminines des partis, avec le Réseau des Elues aux Collectivités Territoriales et avec le Lobby Européen Féminin. Sa force institutionnelle réside, maintenant, à l’existence des 13 Commissions Régionales de l’Egalité et à la Commission Interministérielle de l’Egalité, créées en 2000 suite à son initiative législative. Les partis, à part la création de sections féminines, instaurent des systèmes de quotas ou de représentation proportionnelle aux organes intérieurs, mais pas de mesures positives pour le soutien des candidatures féminines aux élections législatives. Cette situation ne connaît pas de grands changements jusqu’à la révision constitutionnelle de 2001, quand, pour la première fois, il est explicitement prévu (art. 116 al. 2) que : « La prise de mesures positives pour la promotion de l’égalité entre les hommes et les femmes ne constitue pas une discrimination sexuelle. L’Etat prend soin de l’abolition des inégalités qui existent en pratique, notamment en dépit des femmes. » 25 Chapitre 2 Les changements durables et difficiles dans les institutions sociales. a) La femme au foyer électrice (1952-1982). En obtenant, par la loi n° 2159/1952 leurs droits politiques intégraux, les femmes s’égalent aux hommes. Cependant, les conditions sociales qui dominent ne réaffirment pas du tout l’égalité entre les deux genres. En fait, la soumission des femmes aux hommes continue d’exister au même degré, autant que leur personnalité jaillit de la famille, paternelle ou conjugale. La Constitution, elle-même votée « au nom de la Trinité Sainte, Consubstantielle et Indivisible », dans son article 3 stipule que « la religion dominante est celle de l’Eglise Orthodoxe Orientale du Christ » et « institutionnalise », jusqu’à nos jours, la domination masculine. Cette liaison entre l’Etat et l’Eglise a contribué par des influences parallèles à la création d’un archétype de femme soumise à son père au début, à son mari par la suite. Pendant la célébration du mariage religieux obligatoire (jusqu’en 1982 le seul reconnu par l’Etat), on entend les extraits suivants de l’enseignement de l’apôtre Paul : « femmes soumettez-vous à votre mari (…) car le mari est le chef de la femme (…) que les femmes aussi se soumettent en tout à leur mari (…) que chacun de vous aime sa femme comme soi-même et que la femme respecte son mari… »50 Très nettement, il s’agit de la pleine soumission de la femme. Dans ses instructions vers Timothée, l’apôtre Paul exprime les mêmes opinions, quand il dit de la femme : « Je ne lui permets pas d’enseigner et de dominer sur l’homme mais je lui demande de garder une attitude paisible ». 51 Le rôle public de la femme, extrêmement limité, est dû à des lois à la fois écrites et non écrites qui ne lui permettent pas de s’instruire et de travailler. 50 51 La Bible, Société publique de Genève, 2008, p. 769. La Bible, op.cit., p.781. 26 La loi 3192/1955, sur le fond de laquelle a été instauré, pour la première fois, le droit des femmes à être acceptées dans le secteur public sous conditions identiques à celles valables pour les hommes, semble ne pas avoir apporté les changements proclamés. Les femmes continuent de rencontrer des obstacles sérieux au domaine du travail, ce qui est apparent aux pourcentages remarquablement bas de leur participation. Mais, même quand elles arrivent à dépasser ces problèmes et entrer au marché du travail, leur rémunération est très inférieure à celle des hommes pour un travail de valeur égale. De plus, la difficulté d’embauche d’une femme et la possibilité de son patron de la licencier sans conséquences, en raison de grossesse, constitue une inégalité très claire. Cette situation dans les relations de travail est empirée par le manque d’adoption d’une politique d’orientation professionnelle, pour les garçons et pour les filles. Bien qu’un grand nombre de professions ouvrent, d’autres sont toujours réservées aux hommes, parce que la perception traditionnelle des études ne change pas facilement. En même temps, un pourcentage surprenant de filles reste sans enseignement. A titre indicatif, en 1971, le taux des filles analphabètes de plus de 10 ans touche le 21%, tandis que le taux des garçons du même âge atteint juste le taux de 6%.52 A la même année, les femmes représentent le 32% des étudiants d’université.53 Il est alors évident que les femmes, malgré leurs efforts d’entrer à la vie publique, se restreignent essentiellement à la vie familiale privée. Leurs obligations aux tâches ménagères ne leur offrent ni de prestige ni d’argent pour une autre perspective sociale. La reconnaissance dans un cercle social plus grand, se gagne peu à peu, seulement pour les femmes qui ont des talents innés ou une personnalité forte et qui, face aux barrières sociales décident de se mettre en concurrence avec le genre masculin. Sinon, dans leur majorité, elles 52 David CLOSE, Grèce 1945-2004. Politique, société, économie, trad. en grec par Mertikas Giorgos, Thessalonique, Thyrathen, 2005, p. 123. 53 Ibid. 27 se transforment en simples femmes au foyer qui se laissent guidées par le mari – indéniable chef de la famille, même pour le parti à voter. La famille, fondée sur une structure patriarcale, reste le plus fort rempart de discriminations qui s’expriment dans le Code Civil de l’époque aux articles suivants : -1387 CC : « L’homme est la tête de la famille et décide de tout ce qui concerne la vie des époux » -1388 CC : « La femme prend le nom de son mari » -1389 CC : « …la femme a la direction de la maison conjugale » Une institution qui remonte au passé est celle de la dot, en vigueur jusqu’en 1982. La femme ou un autre membre de sa famille qui agit à sa place, transmet par un contrat spécial (contrat de dot) au mari, des biens tels que terrains, appartements, maisons ou argent liquide, pour « alléger » ce dernier en vue de sa nouvelle mission, la création de la nouvelle famille, sous condition de retour à la femme, en cas de divorce. La femme ressemble alors à un objet qui passe de la dépendance du pouvoir paternel à la soumission à son futur mari. Comment est-ce que la femme de cette époque, pouvait-elle combattre contre la force des institutions sociales susmentionnées et se présenter à la société de son époque en tant que candidate ou élue ? 28 b) La femme électrice égale à l’homme (1982-aujourd’hui). La Constitution de 1952 a été la base de la nouvelle Constitution de 1975 qui est en vigueur aujourd’hui, ayant subi deux révisions, une en 1985 et une en 2001. Pourtant, elle continue d’être votée « au nom de la Trinité Sainte, Consubstantielle et Indivisible ». De même, l’article 3 al. 1 est conservé et, de cette manière, la relation particulière entre l’Etat et l’Eglise reste la même. Néanmoins, peu avant la première révision de 1986, l’Etat, avec la loi 1250/1982, instaure le mariage civil et prive l’Eglise de son monopole du mariage religieux. L’Etat accepte la validité du mariage civil, tout en conservant la validité officielle du mariage religieux. Cela aide les femmes à s’éloigner de la mentalité religieuse sur le mariage, qui leur demandait la pleine soumission au mari, ce qui les rendait inférieures dans la vie publique. Les premiers pas importants vers l’égalité juridique des deux sexes apparaissent au début des années 1980, avec l’arrivée du parti socialiste au pouvoir et la contribution du mouvement féminin, qui s’est développé en Grèce tardivement, par rapport aux autres pays européens, à cause du régime des colonels. Les dispositions du Code Civil concernant le droit de la famille continuent de s’appliquer jusqu’aux débuts des années 1980, contraires à presque toutes les législations des Etats membres de la CEE. Après les élections de 1981 et après décision du Ministre de la Justice, une Commission spéciale est formée, qui dépose le projet de loi « Application du principe constitutionnel de l’égalité des hommes et des femmes dans le Code Civil, dans sa loi introductive (…) et réforme partielle des dispositions du Code Civil relatives au droit de la famille ». Ce projet de loi, voté en février 1983 devient la loi 1329/1983, innovante parce qu’elle fait le passage de la famille patriarcale à la famille de l’égalité. Les rapports entre les époux et les rapports entre parents et enfants s’adaptent au principe de l’égalité des deux sexes. 29 Concernant les relations entre les époux, toutes les dispositions fondées sur l’inégalité et l’infériorité du sexe féminin sont abolies. L’institution de la dot cesse d’exister juridiquement et le devoir de contribution aux besoins de la famille est établi pour les deux époux, selon les possibilités de chacun. Les dispositions concernant le divorce se modernisent et le divorce par consentement mutuel, en essai depuis 1979 est instauré, ce qui est regardé par le courant féministe comme un grand succès. En outre, il n’est pas un hasard que la majorité des divorces après 1979 sont consentis et, en règle générale, sur l’initiative de l’épouse. Depuis 1983, la femme conserve, obligatoirement, son nom de famille, auquel elle peut ajouter, si elle veut, le nom de famille de son mari. Cette disposition a été de nouveau modifiée récemment et permet, maintenant, aux femmes qui le souhaitent, d’abandonner leur nom de famille pour celui de leur mari, si les deux consentent. Il est évident que cet amendement a provoqué de fortes réactions du côté des organisations féminines et féministes, car il a été considéré comme le retour aux mentalités dépassées d’avant 1983. Quant aux relations entre parents et enfants, il est stipulé, dans la loi, que l’élévation et l’éducation des enfants doit s’effectuer sans discrimination de sexe. De plus, le statut juridique de la mère non mariée et des enfants hors mariage est renforcé, puisqu’ils bénéficient désormais des dispositions du droit civil à titre égal avec les mères et enfants issus des familles mariées. La loi 1272/1982 porte des amendements au Code Pénal aussi : L’adultère n’est plus considérée comme un crime. Pour la dépénalisation de l’interruption de la grossesse, il faut attendre encore 4 ans (loi 1609/1986). La loi 1286/1982 abolit les discriminations qui existent encore, dans le secteur du personnel d’enseignement et d’autres lois créent les conditions qui permettent l’entrée des femmes au marché du travail à égalité avec les hommes. 30 La loi 1414/1984 harmonise les dispositions grecques aux directives communautaires : Le traitement égal des deux sexes lors de l’enseignement de l’orientation professionnelle et les chances égales des intéressés selon leurs capacités personnelles sont assurés. La situation des femmes au travail connaît des changements fondamentaux. Les embauches dans toutes les branches de l’activité économique se font sans discriminations, les rémunérations entre hommes et femmes sont identiques pour un travail de la même valeur et cette disposition entre dans la Constitution. Les conditions de travail et l’évolution dans le service ne diffèrent pas selon le sexe, au moins en théorie et dans le secteur public. Le droit de l’employeur de mettre terme à un contrat de travail à cause d’une grossesse est aboli ; au contraire il ne lui est plus permis de virer une femme pendant un an après l’accouchement. En d’autres termes, les obligations familiales de la femme sont finalement prises en compte dans le code de travail. Ces changements progressifs, couvrant tous les aspects de la vie sociale des femmes, ont formé une nouvelle situation, qui leur donne la possibilité de participer à l’espace public aux mêmes conditions que les hommes. Toutefois, une femme réussie aujourd’hui doit combiner la réussite dans l’espace privé à la réussite professionnelle. Ceci est toujours difficile, car les structures patriarcales existent encore, bien que dans un moindre degré. Autrement dit, l’entrée des femmes à la vie publique n’a pas marqué la fin de ses fonctions à la vie privée, en Grèce comme ailleurs. Dans ce sens, on peut parler de la conquête de l’égalité formelle, mais pas d’égalité réelle. 31 Titre B Relations quantitatives entre hommes et femmes candidats et élus aux élections législatives (1974-2007) Il a été démontré combien et pourquoi il était difficile pour les femmes grecques d’entrer dans la scène politique. Les raisons politiques et sociales de leur absence presque totale du paysage politique grec ont été présentées. Les facteurs déjà mentionnés avaient façonné une nouvelle image des femmes au sein de la société et ont atténué, de fait, leurs revendications. La fin de longues périodes de mobilisations et d’attente était arrivée. Or, le grand décalage par rapport aux autres sociétés occidentales, causé par la « décennie perdue » de la dictature et par les années difficiles qui l’avaient précédée, pesait encore, et même jusqu’au milieu des années ’80, comme on l’a vu. Le but est maintenant d’entreprendre une analyse quantitative approfondie de la participation des femmes, notamment pour la période étudiée (de 1974 à nos jours), ainsi que d’examiner les paramètres qui l’ont marquée, afin d’apprécier l’intensité et l’étendue du phénomène. La statistique sera ici l’outil principal, pour voir la hausse et les fluctuations éventuelles de la représentation parlementaire féminine. Mais pour faire une analyse statistique quelconque, les éléments qui la délimitent doivent être déterminés avec certitude. Dans un premier chapitre (1) nous allons donc traiter des relations entre les quantités essentielles du suffrage et examiner le cas très particulier de l’élection à titre honoraire, système électoral distinct et spécial, qui prend en compte les quantités essentielles de l’ensemble du territoire. Ce travail pourra nous fournir des réponses sur les conditions qui entravent la hausse de la représentation féminine au Parlement, posées par la législation et la 32 réglementation électorale grecque et observées à la lumière des renseignements déjà donnés sur la société et politique grecques. Ensuite (chapitre 2), nous allons analyser les quantités spécifiques, dictées géographiquement et démographiquement par l’Etat officiel, qui divise le territoire en circonscriptions électorales. L’examen portera sur la répartition géographique des candidates et sur les choix et les perceptions partisanes concernant l’ouverture de certaines circonscriptions aux femmes. Nous essaierons ensuite de faire le lien avec les équilibres de représentation et les taux de candidatures et de représentation, en tenant compte du fait que, après la consécration constitutionnelle du droit de vote en 1974, les femmes constituent un « ensemble » démographique présent à toutes les formations électorales à hauteur approximative de 50%. 33 Chapitre 1 Relations entre les quantités essentielles d’un suffrage toujours à miféminin: honneur à la masculinité. a) La division du territoire et les sièges parlementaires La population est une des quantités du suffrage qui existe en dehors du concept d’élection mais l’influence fondamentalement. On distingue la population réelle de la population légale, lors des recensements nationaux. La population légale est prise en compte pour le calcul des sièges attribués à chaque circonscription électorale. La particularité grecque réside à l’existence, même aujourd’hui, mais dans une mesure beaucoup plus importante dans le passé, d’énormes différences entre population réelle et population légale à chaque circonscription. Ceci est dû au fait qu’un grand nombre de personnes qui quittaient leurs circonscriptions d’origine ne faisaient pas le transfert de leurs droits électoraux à la nouvelle ville qu’il choisissaient pour habiter, pour ne pas perdre le contact avec les élus de leur circonscription d’origine, d’habitude plus accessibles, et pour ne pas amoindrir la population prise en compte pour la répartition des sièges parlementaires de celle-ci, ainsi que pour de nombreux financements des collectivités territoriales. « Ne pas oublier d’où on vient », c’était une devise très utilisée par les maires et députés des petites circonscriptions qui observaient le départ de leur population à l’époque de l’urbanisation. La déformation qui en résultait, puisque toute personne ayant une demeure dans sa circonscription d’origine pouvait y garder ses droits électoraux, affectait l’équilibre du nombre d’élus entre les villes de province et les grandes villes. Le phénomène s’atténue maintenant avec la deuxième et troisième génération des habitants des grandes villes. 34 Les électeurs ou corps électoral représentent la deuxième quantité très importante du suffrage : C’est la partie de la population qui a plus de 18 ans, (ou plus de 20 ou 21 ans, avant 1982). Les votants sont ceux des électeurs qui exercent, lors des élections leur droit de vote. En règle générale, après l’instauration du vote obligatoire pour tous, les femmes qui constituent, de toute manière, un peu plus de la moitié de la population, sont aussi la moitié du corps électoral et des votants. Par contre, le taux des femmes reste très bas parmi les candidats, qui sont ceux des électeurs qui souhaitent représenter la population légale de leur circonscription à la Chambre des députés, et parmi les élus, c’est-à-dire ceux des candidats qui parviennent finalement d’obtenir le siège parlementaire, à la suite des élections législatives. La Constitution grecque à ses articles 51 et 54 dispose comme suit : Art. 51 : « 1. Le nombre des députés est fixé par la loi, sans pouvoir toutefois être inférieur à deux cents ni supérieur à trois cents. (...) 3. Les députés sont élus au suffrage direct, universel et secret par les citoyens ayant droit de vote, ainsi qu’il est prescrit par la loi. (…) 4. Les élections législatives ont lieu simultanément sur l’ensemble du territoire.… » Art. 54 : « …2. Le nombre des députés de chaque circonscription est fixé par décret présidentiel sur la base de la population légale de la circonscription, telle que cette population résulte du dernier recensement. 3. Une partie de la Chambre des Députés, non supérieure au vingtième du nombre total des députés, peut être élue pour l’ensemble du territoire en fonction de la force électorale totale de chaque parti dans le Pays et de manière uniforme, ainsi qu’il est prescrit par la loi. » Il doit être mentionné que les députés en Grèce après 1974, sont toujours au nombre de 300, au maximum des marges prévues par la Constitution (art. 51 al. 1 : entre 200 et 300). L’article 54 al. 3 s’applique aussi. Dans un Parlement de 300 membres, il y avait la possibilité de déterminer un nombre des députés pour l’ensemble du territoire, entre 0 et 15. Depuis 1974, ils sont toujours au 35 nombre de douze (12). Leur situation très spécifique qui s’écarte largement du jeu électoral sera examinée à la prochaine section (II.A.1.b). Le suffrage est alors secret, universel, direct et simultané sur l’ensemble du territoire qui, lui, est divisé en 56 circonscriptions ; une pour chaque Nomos (département) mais deux pour le département de Thessalonique (‘A’ pour la ville et ‘B’ pour le reste du Nomos), deux pour Pirée (A et B) et trois pour l’agglomération d’Athènes (A, B, reste de l’Attique). De cette manière, le territoire grec possède (chiffres des élections 2004, recensement 2001) - 7 circonscriptions regroupant les villes des deux plus grandes agglomérations urbaines (Athènes-Pirée-Attique, département de Thessalonique) qui comptaient, en 2004, 3.527.808 d’électeurs sur les 9.886.807 (35,68% des électeurs), - 4 grandes circonscriptions (entre 190.000 et 280.000 électeurs chacune) qui contiennent à leur majorité les grandes villes de la province, totalisant à peu près 1.015.430 d’électeurs (10,27% du corps électoral), - 28 circonscriptions moyennes (entre 100.000 et 190.000 électeurs chacune) et - 17 petites circonscriptions (moins de 100.000 électeurs). On voit donc une géographie électorale tellement variée que 11 des 56 circonscriptions concentrent presque la moitié (45,95%) des électeurs. Pareillement, la plus grande circonscription (‘Athènes B’) compte 1.363.132 électeurs (13,79% du total) et la plus petite (île de Leucade) compte 29.829 (0,30% du total). Ces observations sont d’une importance majeure. D’abord, il faut se rappeler que le nombre de sièges par circonscription est désigné par décret présidentiel, avant chaque élection, en fonction des chiffres du dernier recensement communiqués par le Service Statistique National. Les 288 sièges sont alors repartis aux circonscriptions comme le décret le désigne et la 36 répartition est modifiée chaque fois que l’équilibre démographique change, tous les 10 ans. Or, même après le rééquilibrage, ce mode de calcul présente des défauts importants car il y a une grande différence du rapport entre électeurs et élus, d’une circonscription à l’autre, ce qui est logique, mais également la source de problèmes divers qui en découlent. Premièrement, de cette manière, dans les très petites circonscriptions où il n’y a qu’un siège parlementaire (il y en a 7), le suffrage devient non représentatif, puisqu’il n’y a pas de deuxième tour pour confirmer le choix d’un candidat entre seulement deux. De cette manière, le suffrage, qui, en principe, doit exprimer le choix majoritaire, conduit à une élection presque toujours minoritaire. Deuxièmement, dans les petites circonscriptions de deux ou trois sièges, les remaniements des sièges entre les partis, lors de la procédure qui est appelé Deuxième ou Troisième Répartition, sur les règles de la proportionnelle après regroupement en circonscriptions majeures, peut conduire à des inégalités frappantes et non représentatives, quand par exemple les sièges d’une circonscription mineure, sont finalement donnés au premier parti et au troisième. Ces deux cas sont d’ailleurs, de facto, très défavorables pour les femmes, parce que dans les petites circonscriptions, les partis préfèrent de mettre en avant les candidatures masculines, pour attirer un électorat plus large54. Il est indicatif que des 107 élues depuis 1974, seulement trois ont été élues à des petites circonscriptions à deux sièges 55 (dont les deux en 2007) et aucune à une des sept circonscriptions à un siège. 54 V. infra, I.A.2.a) Il s’agit de la députée du parti socialiste, Elpida Tsouri, élue à la circonscription de l’île de Chios en 2000, réélue en 2004 et en 2007 et des députées de la ND O. Kefaloyanni (circonscription de Rethymne, 2007) et P. Bouzali (circonscription de Kastoria, 2007) 55 37 b) La non division du territoire et la députation à titre honoraire Il faudra revenir aux dispositions de la Constitution grecque susmentionnées afin de faire quelques remarques sur les deux quantités très distinctes qualitativement, des députés aux 56 circonscriptions et des députés « pour l’ensemble du territoire ». Les différences concernent tant l’électorat que l’expression des voix pour la désignation de ces deux catégories. Au fait, les deux catégories sont issues des conceptions différentes et il n’est pas faux de dire que, en Grèce, il y a et il y aura, à tout moment, deux systèmes électoraux : Un pour les 288 députés aux circonscriptions électorales et un autre pour les 12 députés à titre honoraire (!). Le premier système peut être modifié dans le temps. En effet, il a été modifié, plusieurs fois depuis 1974. Les limites géographiques des circonscriptions électorales, aussi, peuvent être et ont été modifiées et également le mode d’élection (vote préférentiel ou liste), et enfin, le nombre des sièges à pourvoir qui change avec les fluctuations de la population légale. En d’autres termes, c’est un régime qui permet de suivre à la fois les fluctuations réelles des paramètres électoraux, la volonté politique et l’initiative législative. Le deuxième système ne peut être modifié. La Constitution prévoit explicitement le mode d’élection des douze députés à titre honoraire pour l’ensemble du territoire. Ceux-ci sont élus (art. 54 de la Constitution grecque, précité) « …en fonction de la force électorale totale de chaque parti dans le Pays et de manière uniforme, ainsi qu’il est prescrit par la loi. » Les paramètres qui peuvent, théoriquement changer sont : leur nombre, qui peut varier de 0 à 15, sans jamais dépasser le 1/20ème de l’ensemble et le mode d’expression du vote (« ainsi qu’il est prescrit par la loi », donc, il pourrait y avoir des votes de préférence). Mais la répartition des sièges se fait, contrairement à toute logique proportionnellement représentative, en fonction de la force électorale totale des partis, ce qui exclut, d’habitude, l’éventualité d’occupation de ces sièges par un 38 autre parti que les deux grands. Cela renforce l’inégalité de la représentation au sein du Parlement, car pour avoir droit à un siège de ces douze, un parti doit avoir recueilli au moins 8,33% des votes à l’ensemble du territoire, tandis que pour l’occupation d’un siège des 288, il doit, selon la loi électorale, avoir recueilli au moins 3% des votes à l’ensemble du territoire. L’élection des députés à titre honoraire se fait sur liste, sans vote de préférence. Contrairement aux élections législatives, effectuées selon le système de vote de préférence (excepté les élections de 1985), ce n’est pas le votant qui décide de privilégier une femme au lieu d’un homme, mais le parti même, en décidant de placer les unes et les autres à des positions éligibles. La liste des députés à titre honoraire est une occasion pour les partis de présenter des candidatures très diverses, nouvelles et anciennes. La participation des grands noms du parti qui font leur retour en politique est souvent sollicitée, ainsi que la participation des noms qui ont eu des carrières politiques sans grandes controverses aux collectivités territoriales. Les professeurs d’université, médecins et scientifiques connus font régulièrement parti de ces listes. De plus en plus, les listes contiennent aussi des jeunes personnes, des professionnels dynamiques. En général, les choix des partis pour leurs listes pour l’ensemble du territoire sont plus « attentifs ». Le but est d’attirer l’attention sur les symbolismes et la valeur, ainsi que d’affirmer l’unité du parti quand il traverse une crise, en incluant des noms de tous les camps. Ces listes pourraient être le moyen idéal pour promouvoir les candidatures féminines. Les tableaux suivants (n° 1a à 1j) notent la présence féminine aux listes de candidatures de partis, ainsi que leur relation avec le pourcentage des femmes élues, des élections de 1977 aux élections de 2004. Il est important de noter la présence de femmes dans les listes de presque tous les partis, dès 1977. En effet, à l’époque les partis devaient prouver leur intérêt pour la promotion des femmes à l’espace politique. Il est aussi intéressant d’observer que jusqu’en 2000, les deux grands partis 39 présentent toujours (à deux exceptions), le même nombre de candidatures féminines, ce qui est « imposé » par la médiatisation de la présentation de ces listes. Aucun parti des deux ne voudrait pas être accusé de faire de discrimination intérieure et indépendamment de la réalité qui apparaît lors de l’examen des listes aux circonscriptions, l’image fournie par les listes à titre honoraire est essentielle. Mais la hausse progressive du taux des femmes dans les listes des grands partis, ne correspond pas au nombre des femmes élues. Si l’on soustrait l’influence quantitative des petits partis qui, ayant des listes moins ambitieuses et donc moins nombreuses, augmentent la moyenne des candidatures féminines, on constate que de 1977 à 1996, le pourcentage des candidates est très souvent égal ou très proche au pourcentage des élues, ce qui signifie que les femmes ne sont pas « mal placées » sur les listes. Les noms féminins sont attentivement placés aux positions éligibles au même titre que les noms masculins. De cette manière, les partis ne portent ni avantage ni préjudice aux femmes. Pourtant, ils ne présentent jamais plus de trois noms féminins et les femmes élues à titre honoraire ne dépassent jamais le nombre trois (3). En 2000, le PASOK procède de la même façon et des nombres parfaitement proportionnels d’hommes et de femmes sont élus à titre honoraire : 4 des 8 hommes, 2 des 4 femmes. En même temps, les 3 candidates de la ND sont toutes placées à des positions non éligibles. Finalement, en 2004, pour la première fois, cinq des douze candidats de chaque parti, ainsi que cinq des douze élus à titre honoraire sont des femmes. Les mesures et procédures paritaires et égalitaires à l’intérieur des partis semblent porter des fruits. Et le système électoral qui régit l’élection des douze députés pour l’ensemble du territoire, détesté par les petits partis et par une grande partie de la théorie, critiqué comme injuste et inégal pour les partis, semble fonctionner désormais en faveur des femmes. 40 Partis ND H F 11 1 6 1 EDIK H F 10 2 Total candidats Total élus 66 12 Liste Elus ND EDIK PASOK SPAD KKE EP KNF PASOK SPAD H F H F 10 2 11 1 4 1 dont femmes dont femmes ELECTIONS LEGISLATIVES DE 1977 KKE EP KNF H F H F H F 1 1 9 3 4 0 10 2 Participation féminine aux listes en pourcentage Pourcentage des femmes parmi les élus à titre honoraire 15% 16,66% Nouvelle Démocratie Union Démocratique du Centre (centre-droite) Mouvement Socialiste Panhéllenique Coalition des Forces du Progrés et de la Gauche Parti Communiste de la Grèce Ligue Nationale (extrème droite) Parti des néo-libéraux Partis ND PASOK EDIK KKE Liste Elus H F 10 2 4 1 H 10 6 H F 10 2 F 2 1 H F 12 0 dont femmes dont femmes Tableau 1a ELECTIONS LEGISLATIVES DE 1981 KKEin KP KODISOKAE H F H F H F 9 3 5 0 10 2 Total candidats Total élus 77 12 11 2 Participation féminine aux listes en pourcentage Pourcentage des femmes parmi les élus à titre honoraire KKEin KP KODISO-KAE Parti communiste grec « de l’intérieur » Parti des progressistes (droite) Coalition : Parti du socialisme démocratique- Parti des agriculteurs grecs (centre) 41 14,28% 16,66% Tableau 1b Partis Liste Elus PASOK H F 10 2 4 2 Total candidats Total élus KF L EPEN Partis Liste Elus ND H F 10 2 4 1 70 12 KKE H F 11 1 1 0 ELECTIONS LEGISLATIVES DE 1985 KKEin KF L EPEN H F H F H F H F 12 0 8 0 2 0 12 0 dont femmes dont femmes 5 3 Participation féminine aux listes en pourcentage Pourcentage des femmes parmi les élus à titre honoraire 7,14% 25% Parti des libéraux « Libres » (extrème droite) Union Politique Nationale (extrème droite) PASOK H F 11 1 4 1 Total candidats Total élus SYN DI.ANA AKEP AD ASKE ESK OIKIPAN ND H F 11 1 6 0 107 12 SYN H F 10 2 1 0 Tableau 1c ELECTIONS LEGISLATIVES DE JUIN 1989 DI.ANA. EDIK AKEP AD ASKE EPEN ESK H F H F H F H F H F H F H F 11 1 10 1 1 0 1 0 0 1 7 2 10 2 dont femmes dont femmes 15 1 KKEin OIKIPAN KF H F H F H F 11 1 2 2 7 1 Participation féminine aux listes en pourcentage Pourcentage des femmes parmi les élus à titre honoraire Coalition de la Gauche et du Progrès Rénovation Démocratique (centre-droite) Mouvement Autonome de Politique Ouvrière (gauche) Démocratie Immédiate (gauche) Parti de lutte socialiste de la Grèce (gauche) Parti Socialiste National pour la démocratie et le développement Mouvement Ecologique Renaissance Politique 42 14% 8,33% Tableau 1d Partis ND H F 11 1 5 1 PASOK H F 10 2 3 2 Total candidats Total élus 63 12 Liste Elus Init. C/ER Kollatos OE Partis PASOK H F 10 2 3 2 Total candidats Total élus 78 12 NARLA KEK OEP EK dont femmes dont femmes 7 3 Participation féminine aux listes en pourcentage Pourcentage des femmes parmi les élus à titre honoraire Initiative gauche des communistes et écologistes radicaux Mouvement écologique grec - Union des écologistes Ecologistes de la Grèce ND H F 10 2 5 1 Liste Elus SYN H F 11 1 1 0 ELECTIONS LEGISLATIVES DE NOVEMBRE 1989 Init.C/ER KF Kollatos AKEP OE H F H F H F H F H F 10 2 11 1 1 0 1 0 2 0 SYN H F 10 2 1 0 ELECTIONS LEGISLATIVES DE 1990 DIANA NARLA KKEin Kollatos OE AKEP H F H F H F H F H F H F 12 0 7 1 4 0 4 0 1 0 1 0 dont femmes dont femmes 8 3 Tableau 1e OEP H F 5 1 KEK H F 1 0 EK H F 5 0 Participation féminine aux listes en pourcentage Pourcentage des femmes parmi les élus à titre honoraire Nouveau Courant Gauche Opposition Populaire Parti des Chasseurs Grecs, Nature-Chasse-Tradition Ecologistes – Pacifistes - Verts Parti National 11,11% 25% 10,25% 25% Tableau 1f 43 Partis Liste Elus ND H F 11 1 5 0 Total candidats Total élus POLAN MA Olymp Partis Liste Elus 73 12 KKE H F 10 2 dont femmes dont femmes 8 2 Participation féminine aux listes en pourcentage Pourcentage des femmes parmi les élus à titre honoraire 10,95% 25% Printemps politique (droite) Gauche Militante « Olympisme » PASOK H F 10 2 6 0 Total candidats Total élus DIKKI UC Chr KE PASOK SYN H F H F 10 2 11 1 5 2 ELECTIONS LEGISLATIVES DE 1993 POLAN EPEN MA Olymp OE EK H F H F H F H F H F H F 11 1 3 0 4 0 2 0 0 1 3 0 ND H F 10 2 5 1 96 12 POLAN KKE H F H F 10 2 10 2 dont femmes dont femmes Tableau 1g ELECTIONS LEGISLATIVES DE 1996 SYN DIKKI UC Chr ASKE KEK H F H F H F H F H F H F 8 4 11 0 2 1 1 0 1 0 3 0 15 1 Olymp OE H F H F 3 0 6 1 Participation féminine aux listes en pourcentage Pourcentage des femmes parmi les élus à titre honoraire Mouvement démocratique et social (gauche) Union des centristes Christopistia (« Foi en Christ ») Parti de l’Hellénisme KE H F 6 1 15,63% 8,33% Tableau 1h 44 Partis Liste Elus PASOK H F 8 4 4 2 Total candidats Total élus EPAK ES PG DPE Partis Liste Elus KKE H F 11 1 SYN H F 9 3 124 dont femmes 12 dont femmes 17 2 Olymp KF H F H F 12 0 6 1 Participation féminine aux listes, en pourcentage Pourcentage des femmes parmi les élus à titre honoraire ES H F 7 0 PASOK H F 7 5 3 2 ND H F 7 5 4 3 91 12 KKE H F 10 2 SYN H F 9 3 dont femmes dont femmes PG H F 4 1 DPE H F 10 2 13,70% 16,66% Parti National Patriotique (extrême droite) Coalition Nationale (extrême droite) Première Ligne (extrême droite) Union Démocratique des Périphéries Total candidats Total élus AN.S. LAOS ND H F 9 3 6 0 ELECTIONS LEGISLATIVES DE 2000 DIKKI KE ASKE EO UC EPAK H F H F H F H F H F H F 11 1 2 1 1 0 12 0 3 0 2 0 Tableau 1i ELECTIONS LEGISLATIVES DE 2004 DIKKI EM ASKE AN.S. UC LAOS H F H F H F H F H F H F 11 1 2 0 0 1 7 5 4 0 11 1 23 5 Participation féminine aux listes en pourcentage Pourcentage des femmes parmi les élus à titre honoraire Coalition anticapitaliste Alerte Populaire Orthodoxe (extrême droite) 25,27% 41,66% Tableau 1j 45 Chapitre 2 Relations quantitatives des candidatures féminines avec les candidatures masculines et avec le résultat électoral a) La députation aux circonscriptions électorales La présence électorale féminine est de plus en plus forte et pas seulement sur les listes des candidatures des députés à titre honoraire. Aux différentes circonscriptions électorales, il y a toujours au moins une candidate. Pourtant, la situation actuelle s’est formée très lentement au cours des trentequatre dernières années suite à des processus difficiles à évaluer. L’analyse des chiffres et des taux des femmes candidates demande de prendre en considération les paramètres suivants, du moins important au plus important et du moins objectif au plus objectif : (i) La situation politique à l’intérieur du pays (ii) Le système électoral en vigueur (iii) Le parti (iv) La circonscription électorale (v) Le temps (i) La situation à l’intérieur du pays et l’atmosphère politique au moment des élections ou de l’annonce des candidatures, semblent affecter de moins en moins la présence des femmes sur les listes électorales. Cependant, c’était le cas jusqu’aux années 1990. En Grèce, la période de « crise politique », ou plutôt de « crise électorale » (1989-1990) a donné l’occasion aux grands partis d’essayer des nouveaux visages, dont un bon nombre étaient féminins, moins connus et moins exposés. En même temps, elle a permis la renaissance d’une pléthore de petits partis, essentiellement de la gauche ou issus de scission, qui ont présenté beaucoup de candidatures féminines. En outre, 46 l’influence des mouvements féminins et féministes peut également être aperçue dans cette évolution. Le tableau n° 3 décrit bien la situation. Les rapports entre le nombre total des candidatures féminines et le nombre total des candidatures, ainsi que le taux qui en découle, pour chaque circonscription et pour l’ensemble du territoire y figurent, pour cinq élections régulièrement espacées (1974, 1985, juin 1989, 1996, 2004). Le taux des candidatures féminines sur l’ensemble du pays passe de 0,2% en 1974 à 11% en 1985, touche son point haut en 1989 (13,5%) puis rechute jusqu’en 1996 (12,5%) et finalement augmente jusqu’aujourd’hui. (ii) La hausse soudaine du taux en 1985 doit être imputée essentiellement à la pression par le mouvement féminin et à l’utilisation, pour cette fois seulement d’un différent système électoral, celui de la liste. Sans vote de préférence, les partis étaient libres d’ajouter des femmes aux positions non éligibles de leurs listes, pour répondre à la demande. (iii) D’ailleurs c’est au sein des partis que la question féminine se pose. Le tableau n° 2 offre un aperçu de la participation féminine selon le parti et permet de confirmer quelques règles du jeu partisan. L’espace de trente ans entre les deux affrontements électoraux de 1974 et de 2004, montre que le classement des partis selon leur préférence pour les candidatures féminines n’a pas fondamentalement changé. Les chiffres des quatre partis qui ont assuré leur entrée au Parlement sont donnés sur des colonnes séparées, une cinquième colonne concerne le nombre des candidatures présentées par les autres partis et une sixième le rapport entre les candidatures féminines et le nombre total des candidatures par circonscription. Les points de vue différents de la gauche et de la droite sont apparents encore une fois. Le parti de la droite, Nouvelle Démocratie, affiche les taux les plus bas par rapport aux autres, tant en 1974 qu’en 2004. 47 En 1974, le parti centriste Union du Centre-Forces Nouvelles (Enosi Kentrou-Nées Dynameis) dépasse le nouveau-né parti socialiste (PASOK) de 0,6% en présentant deux femmes de plus. La Gauche Unie (Enomeni Aristera) des deux partis communistes et autres partis de la gauche présente 17 candidates, nombre double ou triple des 4, 5 ou 7 des autres grands partis. Deux candidates seulement sont issues des petits partis non représentés. Trente ans plus tard, en 2004, les quatre partis finalement représentés, sont la ND, le PASOK, le parti communiste KKE et la Coalition de la Gauche (SYN), récemment renommée, avec l’addition de nouveaux partis, en Coalition de la Gauche Radicale (SYRIZA) et présentent le même nombre de candidats à l’ensemble du pays (364). A la droite, le taux des candidates est bas (12,4%) et il est meilleur pour le parti socialiste qui présente cinq candidates de plus (14,3%). A la gauche, le parti communiste présente 62 femmes (17%) et le SYN/SYRIZA 70 femmes (19,2%). Les nombreux petits partis non représentés, vus en ensemble, affichent le meilleur taux (23%), dû essentiellement aux partis de la gauche extraparlementaire où les femmes sont très actives. Il est important de noter que, lors des élections de 2004, le parti de SYN/SYRIZA a présenté des bulletins de vote qui étaient majoritairement féminins à deux circonscriptions : Rethymne (n° 54), où il y avait 2 candidates et un candidat, et Pella (n° 11), où il y avait 3 femmes et 2 hommes candidats. De même, le parti communiste a présenté une liste à majorité féminine à Corinthe (n°43), avec trois femmes et deux hommes. (iv) Les candidatures féminines ne s’observent pas partout en Grèce avec les mêmes taux. Au contraire, les très grandes variations sont la première observation qu’on peut porter ; il y a même des circonscriptions électorales où il n’y a pas eu de femmes candidates jusqu’en 1989 (v. tableau n°2, circonscriptions 25-Karditsa et 45-Arcadie). Les 35 candidates de 1974 se présentaient à 14 circonscriptions : 26 aux 5 circonscriptions électorales des départements d’Attique et de Thessalonique, 3 48 aux grandes circonscriptions de plus de sept sièges, et 6 à des circonscriptions moyennes. Sur la carte électorale de 1974, d’où les femmes sont presque absentes, le paradoxe de la ville de Thessalonique (circ. él. n°6 –Salonique A), qui marque 11,9% de participation féminine aux listes est surprenant. En effet, la deuxième ville grecque, ville industrielle et commerciale avec une longue tradition multiculturelle, s’affiche systématiquement parmi les circonscriptions les plus féminines. Il est difficile d’établir des règles très précises sur les phénomènes récurrents de la représentation féminine au territoire divisé en circonscriptions. On pourrait classifier sous quelques grandes catégories : Aux circonscriptions insulaires (n° 26 à 29 et 48 à 52) de la mer ionienne et de la mer Egée (sauf Crète et Eubée), la présence féminine a été observée relativement tôt, souvent avec de bons taux et mêmes très importants (notamment à Céphalonie et à Samos). L’augmentation de la représentation féminine a été en générale moyenne et elles affichent de bons résultats par rapport à l’ensemble. Les circonscriptions de l’Attique et les circonscriptions voisines connaissent une forte progression et affichent quelques-uns des meilleurs taux. (n° 35 à 43). Les circonscriptions des grandes villes du continent se situent autour et devant la moyenne, en 2004, (n° 6, 22, 31, 46) sauf Evros et Ioannina. Les circonscriptions voisines de Thessalonique (n°7 à 13) se situent légèrement en dessous de la moyenne, ayant suivi une progression presque stable, à l’exception de l’agricole et touristique Calcidique qui conserve des taux bas, et la très dynamique frontalière Pella qui affiche une des plus grandes hausse et le deuxième taux le plus haut en 2004 (34,1%). Les taux les plus bas sont observés à Xanthi (n° 3) et à Grevena (n° 17). Xanthi constitue l’exemple de l’effet inverse (la déféminisation des listes électorales). Ayant marqué son plus haut taux en 1985 (15,4%) sous l’impulsion 49 politique virtuelle de la liste, le pourcentage se dégrade de plus en plus (il a atteint 5,4% en 2004). Xanthi est une circonscription frontalière au nord-est, assez pauvre et avec le plus important taux de musulmans. Les chiffres sont au dessous du seuil de 10% à Grevena (n°17), circonscription montagneuse avec très peu d’infrastructures au centre de la carte grecque. Dans les autres parties du pays, les taux fluctuent considérablement selon divers variables. (v) Enfin, le temps, le facteur le plus important et le plus objectif, influence les taux de participation des femmes. Sauf les moindres exceptions observées, la représentation féminine évolue en augmentant au long terme, ce qui donne aux femmes politiques de l’espoir et de la volonté de précipiter les choses. 50 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 Partis > Circ. El. \/ Evros Rodopi Xanthi Drama Kavala Salonique A Salonique B Serrès Calcidique Kilkis Pella Emathie Pieria Florina Kozani Kastoria Grevena Ioannina Arta Thesprotie Preveza Larissa Magnésie ELECTIONS DE 1974 ND EKND PASOK F H F H F H 5 5 5 4 4 4 3 3 3 3 3 3 4 4 4 1 11 2 10 1 11 6 6 6 8 1 7 8 3 3 3 3 3 3 5 5 5 4 4 4 3 3 3 2 2 2 5 5 5 1 1 1 2 2 2 5 5 5 3 3 3 2 2 2 2 2 2 8 8 8 6 6 6 EA F H 4 4 1 3 4 3 9 6 1 6 3 3 5 4 3 2 5 1 1 5 3 1 2 8 6 ELECTIONS DE 2004 Autres Rapport PASOK ND KKE F H TF TC F H F H F H 4 23 1 4 5 1 4 4 20 1 3 4 4 3 13 4 4 4 4 16 4 4 4 3 19 1 4 1 4 5 1 18 8 67 3 16 2 17 4 15 6 30 1 8 1 8 2 7 10 2 33 1 8 1 8 2 7 2 14 1 3 4 4 6 18 4 4 4 8 28 2 3 1 4 1 4 2 18 5 5 2 3 3 15 5 5 1 4 2 10 3 1 2 1 2 4 24 6 6 1 5 5 9 3 3 3 1 8 2 2 2 1 21 6 1 5 1 5 2 14 4 4 4 1 8 2 2 2 2 10 3 3 1 2 5 37 1 9 2 8 1 9 1 25 1 5 1 5 1 5 51 SYN F H 2 3 4 4 1 3 1 4 6 13 3 6 2 7 4 4 3 2 5 1 4 3 6 3 2 1 5 4 2 3 3 7 1 5 Autres F H 3 18 5 15 2 19 4 16 3 20 30 78 7 41 8 31 4 18 6 13 7 14 4 18 5 17 4 11 5 27 7 7 2 11 5 32 5 17 4 12 4 13 8 30 4 21 Rapport TF TC 7 41 6 36 2 37 5 36 6 43 45 184 14 84 14 75 5 38 6 35 14 41 6 42 7 42 6 27 6 56 7 26 2 21 8 61 5 38 4 24 5 29 15 78 8 49 ELECTIONS DE 1974 Partis > ND EKND PASOK Circ. El. \/ F H F H F H 24 Trikala 5 5 5 25 Karditsa 6 6 6 26 Kerkyra 3 3 3 27 Leucade 1 1 1 28 Céphalonie 2 2 1 29 Zakynthos 1 1 1 9 9 9 30 Etolie/Acarnanie 31 Achaïa 8 8 1 7 7 7 7 32 Elide 33 Phtiotide 6 6 6 34 Eurytanie 2 2 2 2 2 2 35 Focide 36 Beotie 4 4 4 37 Eubée 7 6 6 38 Athènes A 1 21 2 20 1 20 1 27 1 27 1 25 39 Athènes B 40 Pirée A 8 8 7 41 Pirée B 1 7 8 1 6 42 Attique(reste) 6 6 6 4 4 4 43 Corinthe 44 Argolide 3 3 3 45 Arcadie 5 5 5 46 Messénie 7 7 7 EA F H 1 4 6 3 1 2 1 9 1 7 1 6 1 5 1 2 3 5 3 19 2 25 1 7 8 6 1 3 2 5 7 Autres F H 7 7 4 2 3 1 6 6 6 7 1 2 6 2 31 37 10 8 10 2 2 4 7 ELECTIONS DE 2004 Rapport PASOK ND KKE TF TC F H F H F H 1 27 2 4 1 5 1 5 31 6 1 5 1 5 16 1 3 4 4 6 2 2 2 10 2 2 2 5 2 2 2 42 1 9 2 8 2 8 2 38 3 8 2 9 2 9 1 34 8 1 7 2 6 1 31 1 5 6 1 5 7 1 1 2 1 1 10 1 1 2 2 21 1 4 5 5 26 1 7 8 1 7 13 9 12 4 17 8 119 8 5 146 7 40 9 38 12 35 1 41 1 7 2 6 2 6 2 39 2 8 2 8 2 8 34 2 12 1 13 3 11 1 18 1 4 1 4 3 2 13 4 4 4 24 1 3 4 4 35 6 1 5 1 5 52 SYN F H 1 5 6 1 3 2 2 2 1 9 3 8 1 7 2 4 2 2 1 4 1 7 7 14 10 37 2 6 2 8 4 10 5 1 3 1 3 1 5 Autres F H 9 22 4 28 4 17 5 9 3 10 6 9 10 31 12 38 7 25 5 22 6 8 5 8 9 13 7 23 29 102 59 201 13 37 14 38 11 56 6 18 3 17 3 14 7 21 Rapport TF TC 14 55 6 56 6 37 5 22 3 21 6 23 16 81 22 94 11 64 9 51 8 22 6 21 11 42 10 62 57 215 97 448 20 82 22 92 21 123 11 44 4 36 5 33 10 52 47 48 49 50 51 52 53 54 55 56 Partis > Circ. El. \/ Laconie Lesbos Chio Samos Cyclades Dodécanèse Canée Rethymne Iraklion Lassithie ELECTIONS DE 1974 ND EKND PASOK F H F H F H 4 4 4 4 4 4 2 2 2 2 2 2 4 1 3 4 4 4 4 4 4 4 2 2 2 7 7 7 3 3 3 EA F H 4 4 2 2 3 4 1 3 2 1 6 2 TOTAUX> 4 17 258 CHIFFRES ET TAUX TF|TC 4|289 7|290 5|283 16|275 2|300 35|1438 52|364 45|364 62|364 70|364 426|1855 655|3311 1,3% 2,4% 1,8% 5,8% 0,2% 14,3% 12,4% 19,2% 23% 285 7 283 5 277 ELECTIONS DE 2004 Autres Rapport PASOK ND KKE F H TF TC F H F H F H 3 19 1 3 4 4 1 17 4 1 3 4 1 9 1 2 3 3 1 9 2 2 2 3 1 18 4 1 3 4 8 24 6 6 1 5 7 1 23 5 5 1 4 3 11 1 2 3 3 2 1 30 1 9 10 3 7 4 15 1 2 3 3 52 0,6% 312 45 319 62 17% SYN F H 4 4 3 2 1 3 6 1 4 2 1 2 8 1 2 302 70 Autres F H 3 15 4 15 5 9 5 10 4 13 11 13 4 28 1 15 11 34 5 11 294 426 Rapport TF TC 4 34 5 35 6 26 5 23 6 33 12 48 6 52 4 28 17 85 7 28 1429 19,8% Tableau 2 Circ. El. > circonscription électorale ; s’identifie au département (Nomos) à l’exception des départements d’Attique et de Thessalonique qui comptent plusieurs circonscriptions (5 et 2, respectivement) F > femmes, H> hommes ND> Nouvelle Démocratie (droite) , EKND> Union du centre Forces Nouvelles (centre-droite) , PASOK > Mouvement Socialiste Panhéllenique, EA> Gauche Unie, KKE> Parti Communiste de Grèce, SYN> Coalition de la Gauche Autres> autres partis, n’ayant pas acquis le pourcentage exigé pour l’entrée au Parlement TF | TC > rapport du nombre Total des candidatures Féminines sur nombre Total des Candidatures 53 Elections> 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 Circ.El. \/ Evros Rodopi Xanthi Drama Kavala Salonique A Salonique B Serrès Calcidique Kilkis Pella Emathie Pieria Florina Kozani Kastoria Grevena Ioannina Arta Thesprotie Preveza Larissa Magnésie 1974 Rapport TF TC 23 20 13 16 19 8 67 30 2 33 14 18 28 18 15 10 24 9 8 21 14 8 10 37 25 Taux En % 11,9 6 1985 Rapport TF TC 1 32 2 32 4 29 4 35 5 30 14 93 5 50 4 52 2 24 3 25 1 38 2 30 3 31 3 21 1 36 2 22 3 20 4 43 1 24 3 26 4 20 4 62 6 49 Taux En % 3,1 6,2 13,8 11,4 16,7 15 10 7,7 8,3 12 2,6 6,7 9,6 14,2 2,8 9,1 15 9,3 4,2 11,5 20 6,4 12,2 1989 (juin) Rapport Taux TF TC En % 6 56 10,7 4 59 6,8 7 62 11,3 6 62 9,7 14 56 25 26 154 16,9 15 81 18,5 7 84 8,3 6 48 12,5 7 54 12,9 8 66 12,1 6 60 10 8 59 13,5 3 34 8,8 5 67 7,5 4 36 11,1 3 38 7,9 6 65 9,2 5 49 10,2 6 38 15,8 4 38 10,5 11 90 12,2 10 70 14,3 54 1996 Rapport TF TC 4 44 5 42 2 43 7 40 1 50 23 162 11 88 7 76 6 41 6 42 10 52 4 47 5 46 8 32 6 60 5 30 2 23 5 58 4 41 3 33 4 31 8 86 8 62 2004 Taux Rapport En % TF TC 9,1 7 41 11,9 6 36 4,6 2 37 17,5 5 36 2 6 43 14,2 45 184 12,5 14 84 9,2 14 75 14,6 5 38 14,3 6 35 19,2 14 41 8,5 6 42 10,9 7 42 25 6 27 10 6 56 16,7 7 26 8,7 2 21 8,6 8 61 9,7 5 38 9 4 24 12,9 5 29 9,3 15 78 12,9 8 49 Taux En % 17 16,7 5,4 13,9 13,9 24,4 16,7 18,7 13,1 17,1 34,1 14,3 16,7 22,2 10,7 26,9 9,5 13,1 13,1 16,7 17,2 19,2 16,3 1974 Rapport Circ.El. \/ TF TC 1 27 24 Trikala 31 25 Karditsa 16 26 Kerkyra 27 Leucade 6 28 Céphalonie 10 29 Zakynthos 5 30 Etolie/Acarnanie 42 31 Achaïa 2 38 32 Elide 1 34 33 Phtiotide 1 31 34 Eurytanie 7 35 Focide 10 36 Beotie 21 26 37 Eubée 8 119 38 Athènes A 39 Athènes B 5 146 40 Pirée A 1 41 2 39 41 Pirée B 42 Attique(reste) 34 1 18 43 Corinthe 44 Argolide 13 45 Arcadie 24 35 46 Messénie Elections> Taux En % 3,7 5,3 2,9 3,2 6,7 3,4 2,4 5,1 5,5 1985 Rapport TF TC 1 34 38 4 24 3 17 2 17 1 15 4 53 7 60 3 41 3 42 2 16 4 23 2 34 3 43 32 152 32 222 13 68 6 65 6 55 4 29 1 26 32 6 49 Taux En % 2,9 16,7 17,6 11,7 6,7 7,5 11,7 7,3 7,1 12,5 17,4 5,9 7 21 14,4 19,1 9,2 10,9 13,8 3,8 12,2 1989 (juin) Rapport Taux TF TC En % 8 68 11,8 5 73 6,8 8 44 18,2 6 30 20 8 30 26,7 5 26 19,2 6 87 6,9 10 103 9,7 13 68 19,1 10 67 14,9 2 30 6,7 2 39 5,1 5 52 9,6 10 69 14,5 46 287 16 64 395 16,2 16 103 15,5 15 107 14 11 76 14,5 6 55 10,9 8 43 18,6 2 55 3,6 8 74 10,8 55 1996 Rapport TF TC 4 62 5 57 6 39 6 26 7 25 4 21 6 77 10 98 10 73 6 68 1 21 6 34 6 46 4 67 53 263 62 428 12 108 14 108 16 114 4 49 4 41 2 48 4 68 2004 Taux Rapport En % TF TC 6,4 14 55 8,8 6 56 15,4 6 37 22 5 22 28 3 21 19 6 23 7,8 16 81 10,2 22 94 13,7 11 64 8,8 9 51 4,7 8 22 17,6 6 21 13 11 42 6 10 62 20,1 57 215 14,5 97 448 11,1 20 82 13 22 92 14 21 123 8,2 11 44 9,7 4 36 4,2 5 33 5,9 10 52 Taux En % 25,4 10,7 16,2 22,7 14,3 26 19,7 23,4 17,2 17,6 36,4 28,6 26,2 16,1 26,5 21,6 24,4 23,9 17 25 11,1 15,1 19,2 Elections> 47 48 49 50 51 52 53 54 55 56 Circ.El. \/ Laconie Lesbos Chio Samos Cyclades Dodécanèse Canée Rethymne Iraklion Lassithie TOTAUX> 1974 Rapport TF TC 19 17 9 9 1 18 24 1 23 11 1 30 15 35/1438 Taux En % 5,5 4,3 3,3 0,2% 1985 Rapport TF TC 3 23 5 30 1 21 2 16 2 22 3 31 2 30 2 24 7 48 2 21 249/2245 Taux En % 13 16,7 4,8 12,5 9 9,7 6,7 8,3 14,6 9,5 11% 1989 (juin) Rapport TF TC 5 46 7 47 7 33 5 25 9 43 8 45 9 54 7 45 4 78 9 41 521/3864 Taux En % 10,9 14,9 21,2 20 20,9 17,8 16,7 15,5 5,1 21,9 13,5% 1996 Rapport TF TC 4 40 5 39 3 31 6 22 8 41 8 43 5 49 3 33 9 80 1 33 448/3581 2004 Taux Rapport En % TF TC 10 4 34 12,8 5 35 9,7 6 26 27,3 5 23 19,5 6 33 18,6 12 48 10,2 6 52 9 4 28 11,2 17 85 3 7 28 12,5 655/3311 Taux En % 11,8 14,3 23 21,7 18,2 25 11,5 14,3 20 25 19,8 Tableau 3 Circ. El. > circonscription électorale ; s’identifie au département (Nomos) à l’exception des départements d’Attique et de Thessalonique qui comptent plusieurs circonscriptions (5 et 2, respectivement) F > femmes, H> hommes TF | TC > rapport du nombre Total des candidatures Féminines sur nombre Total des Candidatures TOTAUX > rapport TF|TC à l’ensemble du territoire et pourcentage des candidatures féminines à l’ensemble du territoire. 56 b) La masculinité indépassable du résultat électoral Les résultats des affrontements électoraux ne reflètent malheureusement pas les taux des candidatures. Ceux-ci, même bas, sont largement plus satisfaisants. La raison serait-ce que « les femmes ne votent pas des femmes » 56, malgré les spots publicitaires des partis et du Secrétariat Général de l’Egalité les incitant à le faire ? Les candidatures féminines devraient s’adresser à leur électorat évident ; les femmes. Pourtant il est rare et très récent qu’une candidate en Grèce mise sur un profil politique essentiellement constitué sur des éléments rappelant sa nature féminine et encore plus rare qu’elle soit élue. Il n’est pas surprenant de s’identifier à l’idéologie du parti qu’on vote. Dans cette mesure, le fait que les femmes électrices et votantes délaissent leur choix par excellence, s’explique partiellement, au moins pour les petits partis et pour les partis de la droite. Il faut aussi être attentifs avec une autre donnée. Les femmes grecques ne votent pas moins que les hommes. « L’obligation de vote » est un droit bien ancré à la conscience collective des deux sexes et la Grèce affiche un très bas taux d’abstention par rapport aux autres pays de l’UE. La situation ne pourra changer qu’avec une entrée massive des femmes en politique ; car, manque de femmes candidates, les votantes continueront de privilégier les candidatures masculines, en guidant, de façon disproportionnée le résultat électoral loin de la logique du miroir de la société. D’ailleurs, la géographie électorale grecque est une géographie de la masculinité. Les circonscriptions qui divergent à cette règle, sont celles qui ont connu de grandes personnalités féminines. C’est le cas de la circonscription électorale de Eurytanie (n°20), petite circonscription au centre de la Grèce continentale, patrie de Pavlos Bakoyannis et circonscription de Dora 56 Eleni Kourkoula, ancienne députée du PASOK, entretien n° 4 pense que c’est la raison principale. 57 Bakoyanni, l’actuelle ministre des Affaires Etrangères, dont le nom figure tous les ans au classement des femmes les plus puissantes de la planète57. En 2004, l’Eurytanie avait le plus haut taux de participation féminine aux listes (36,7%). Pourtant, aucune des 8 candidates n’a été élue. Dans le milieu socialiste, l’exemple similaire est celui de la circonscription de Kastoria (n° 16) qui a connu une très grande hausse et détient le meilleur taux à la région géographique du parti. Anna Diamantopoulou a fait son premier mandat politique à Kastoria, quand elle avait 25 ans, nommée par son parti au poste de chef de Nomos (Nomarchis). Nous observons, alors, que l’ « expérience féminine » dans une circonscription s’ajoute aux facteurs qui peuvent être à la base de l’augmentation. Cela n’est pas indépendant d’autres facteurs qui se relatent à la « qualité » de la candidature et de la représentation féminine qui seront étudiés par la suite (Deuxième Partie). La masculinité indépassable du résultat électoral est aussi démontrée par les taux de représentation féminine au Parlement : En 2004, année où les candidatures féminines des quatre grands partis se situaient entre 12,4% et 19,2% (moyenne 15,2%) le taux des femmes au Parlement était 13%. Au total, les 107 élues depuis 1974 ont effectué près de 254 mandats (dont quelques mandats partiels en tant que remplaçantes) aux 12 parlements formés, c’est-à-dire qu’elles ont eu une présence s’élevant à 6,9% sur le total des 3600 mandats parlementaires entiers (12 parlements de 300 membres=3600). Seulement 34 des 107 (moins d’un tiers) ont été élues à une circonscription en dehors des cinq circonscriptions d’Attique et de Thessalonique. Parmi ceux qui ont privilégié les candidatures féminines, sont les électeurs des circonscriptions électorales de la Crète, des îles de la mer Egée et de Kerkyra (Corfou). La plupart des circonscriptions électorales du 57 Classement du magazine américain Forbes. Mme Dora Bakoyanni figure dans la liste tous les ans depuis 2006. 58 Péloponnèse, de la région Ouest et de la Macédoine centrale et Occidentale ont été représentées au Parlement par une femme, au moins une fois. Au contraire, les circonscriptions de la Grèce Centrale, de l’Epire, de la Macédoine Orientale et de la Thrace, ont eu très peu de femmes députées. En plus, 18 des 107 ont été élues députées à titre honoraire, au moins une fois, ce qui prouve la déformation que porte à l’image électorale du pays, l’utilisation de ce « système électoral ». Il n’est pas faux de remarquer que les candidatures féminines « imposées » ont eu plus de chances (même si les listes pour l’ensemble du territoire n’ont jamais été constituées de manière égalitaire), que les candidatures féminines pour lesquelles l’électeur devait former une opinion. 59 Deuxième Partie La qualité de la représentation féminine à la Chambre des Députés grecque La présence féminine dans les institutions politiques grecques, débutée faiblement à l’après-guerre, inexistante aux années de la dictature, peu nombreuse pendant la « Métapolitefsi », justifie entièrement son caractère minoritaire, lorsqu’elle est étudiée en relation avec les facteurs sociaux et politiques de l’époque. En même temps, la présence féminine au Parlement grec, en tant que réalité politique, obéit à des règles non dites, à des coutumes instaurées peu à peu et à des « habitudes » politiques. La qualité de la représentation féminine a dicté les choix des partis, ainsi que les choix des électeurs. Quelqu’un peut trouver des critères différents de ceux qui valent pour les hommes, d’autres qui sont communs pour les deux sexes. Les facteurs qui ont déterminé la qualité de la représentation féminine sont, incontestablement, les facteurs qui ont déterminé les choix des partis (Titre A). Ce sont les points de vue partisans sur la question féminine, l’effort de chaque parti de répondre, à sa manière, à une demande sociale croissante, tout en essayant de préserver sa spécificité idéologique et d’adopter une attitude à laquelle son électorat pourrait s’identifier. Ainsi, il est essentiel de s’interroger sur les aspects de la qualité féminine aux postes de responsabilité accrue de la scène politique (Titre B). Les qualités des femmes qui accèdent à la fonction parlementaire sont-elles proportionnelles par rapport aux fonctions qui leur sont confiées par leurs partis ? Que demande aux femmes politiques la réalité politique grecque ? 60 Titre A La femme dans les mécanismes de recrutement politique permettant son accession au mandat parlementaire Le recrutement politique est une procédure complexe dans sa simplicité, car le choix fait par le parti est porté devant l’électorat pour validation lors des élections. La double mise en épreuve de chaque candidature implique la prise en compte, dès le début, des conditions qui paraissent essentielles à tous les deux : le parti et l’électorat. En Grèce, les facteurs les plus déterminants pour la formation du choix du parti et de l’électeur, depuis 1974, peuvent se regrouper en deux catégories : Les facteurs relatifs à l’histoire et la tradition politique grecque, qui seront étudiés dans un premier chapitre (1), ont façonné la présence féminine surtout pendant les 10 ou 15 années de la Metapolitefsi (jusqu’en 1989) et expliquent, en partie, la présence d’un nombre considérable de femmes à l’enceinte parlementaire. Depuis, les facteurs relatifs aux qualités personnelles et professionnelles de la femme, ainsi que les facteurs relatifs à la réalité politique et partisane, examinés dans un deuxième chapitre (2) ont gagné en importance. Vu que la profession d’origine constitue un critère primordial, il sera utile d’examiner la représentation des filières professionnelles diverses, telle qu’elle se présente à l’ensemble des affrontements électoraux depuis 1974. Cette analyse est certainement d’une grande valeur, vue en parallèle avec les changements fondamentaux des années 1980 dans les institutions politiques et sociales. 61 Chapitre 1 Les facteurs spécifiques à la société et l’histoire grecques facilitant l’accès des femmes au mandat parlementaire. a) La députée héritière d’un nom politique. La carrière politique de député a continué de constituer, dans les années 1974-2007, un bien quasi-héréditaire pour le fils ou les mâles des grandes et moyennes familles politiques, c’est-à-dire une situation privilégiée qui favorise, par excellence, l’entrée des plus jeunes membres de la ‘‘famille’’, au sens large du terme, à la politique. Andreas Papandréou, fils de l’ex-Premier Ministre de la Grèce pendant 1944-1945 et 1964-1965, Georgios Papandréou, a été le fondateur et le chef, pendant plus de vingt ans, du parti socialiste grec « Mouvement Socialiste Panhéllenique » (PASOK). Premier ministre du pays pour deux mandats consécutifs d’une durée de huit ans (de 1981 à 1989), il devint de nouveau Premier Ministre après la victoire de son parti à l’affrontement électoral de 1993, jusqu’à sa mort, en 1996. Le Premier Ministre Georgios Rallis (1980-1981), était fils de Ioannis Rallis, Premier Ministre du dernier des gouvernements officiels pendant l’Occupation allemande (1943-1944) et petit-fils de Dimitrios Rallis, Premier Ministre du pays cinq fois pendant de très courtes périodes en 1897, 1905, 1909, 1910 et 1920. Konstantinos Mitsotakis, provenant d’une famille liée à la famille Venizelos (Eleftherios Venizelos, grand homme politique grec, Premier Ministre sept fois entre 1910 et 1933 et son fils Sofoklis Venizelos, Premier Ministre trois fois entre 1944 et 1951) est Premier Ministre de 1990 à 1993, entre les deux mandats de A. Papandréou. 62 En outre, le Premier Ministre actuel, Kostas Karamanlis, est le neveu de l’ ancien Premier Ministre Konstantinos Karamanlis, qui a gouverné le pays pendant longtemps avant la dictature (1955-1963) et pendant les six premières années de la Metapolitefsi (1974-1980). L’ « oncle » Konstantinos Karamanlis fut, aussi, Président de la République de 1980 à 1985 et de 1990 à 1995. Les femmes acquièrent le droit de participer à ce dialogue entre les générations des familles politiques grâce aux changements qui se réalisent au niveau des institutions politiques et sociales. De cette manière, assurer la continuation de cet héritage, ce qui était exclusivement une« affaire masculine », devient, progressivement, « affaire familiale » et « affaire féminine » aussi, puisque la continuation du « nom politique » est indispensable afin d’entretenir le statut social de la famille. Le phénomène des familles politiques de la Grèce peut parfois même surprendre par son ampleur. Lors de chaque affrontement électoral, il y a des débats sur les familles politiques, pas seulement sur les grandes familles, comme celles susmentionnées, mais également sur d’autres, partout en Grèce. Le phénomène, appelé « Oikogeneiokratia », « famille-cratie » « dominance des familles », s’enracine de plus en plus. L’existence dans la société grecque de réseaux sociaux de logique clienteliste, favorise les « legs politiques » de ce genre, puisque les nouveaux personnages de l’espace public peuvent plus facilement influencer les électeurs, si ils disposent cet avantage. Par conséquent, très souvent, un poste parlementaire passe d’un membre de la famille au suivant, ce qui fait que certaines circonscriptions sont représentées pendant plusieurs générations et à tour de rôles, par des membres des mêmes familles politiques. La domination des familles a aidé les femmes d’avancer en politique, surtout les premiers ans après la dictature. Les liens de parenté ont été plus déterminants aux débuts de l’ère étudiée, parce qu’ils fournissaient aux femmes encore inconnues l’avantage 63 d’un nom reconnaissable. Ils redeviennent importants aujourd’hui, mais cela fait partie d’un phénomène général qui touche aussi les hommes. Le tableau 4 démontre que le transfert de l’héritage politique aux femmes s’effectue par le père ou par l’époux. Pour apprécier l’intensité du phénomène dans le temps, il suffit de dire que sur les 107 femmes élues députées de 1974 à 2007, pour 21 (le 1/5, alors) on peut observer au moins un mode de succession. Il s’agit de filles ou d’épouses d’anciens Premiers Ministres, ministres, députés ou hommes politiques de la ville d’Athènes. Tableau 4 : L’héritage politique des élues depuis 1974. Nom Filles de Premiers Ministres Akrita S. Bouga T. Tsouderou V. Tsirimokou I. Giannopoulou D. Merkouri M. Kypriotaki-Perraki M. Spentzari-Tsiamani F. Chrisoforidou L. Bourdara K. G. Bakogianni D. Kanellopoulou K. Farantouri M. Stefanopoulou F. Loule N. Kalantzakou S. Merentiti A. Gennimata F. Tsouri E. Manousou-Binopoulou A. Katseli L. Filles de députés/ politiques Filles de ministres Epouses députés/ politiques X X X X X X X X X X X X X X X X X X X X X X Parti PASOK ND ND/ND ND PASOK PASOK PASOK ND PASOK PASOK ND ND PASOK POLAN SYN ND PASOK PASOK PASOK ND PASOK 1er mandat Nombre de mandats 1974 1974 1974 1977 1977 1977 1977 1981 1981 1985 11/1989 11/1989 11/1989 1993 1996 2000 2004 2000 2000 2004 2007 7 1 6 1 1 7 3 1 1 1 7 4 2 1 1 3 2 1 3 2 1 Déjà en 1974, lors des deux premiers affrontements électoraux, deux filles d’anciens Premiers ministres sont élues. Depuis, encore 5 élues étaient successeurs de l’héritage politique d’un père ancien ministre et 5 étaient filles 64 d’anciens députés. Une catégorie spécifique de succession politique est l’élection d’épouses d’hommes politiques, ce qui concerne 10 femmes. Concernant leur répartition dans les partis, elles appartiennent à leur majorité au PASOK (11 sur les 21), puis à la ND (8 sur les 21), et deux d’entre elles appartiennent aux petits partis (1 à SYN et 1 à POLAN, parti de droite qui n’existe plus). Toutefois, tandis que le PASOK devance les autres partis, la ND monopolise la première catégorie, celle de l’héritage politique d’un ancien premier ministre. Cet élément pourrait être indicatif de la mentalité plus conservative du parti, c’est-à-dire que, à l’époque où Mmes Tsouderou et Tsirimokou sont élues, il était moins probable de rencontrer des personnalités féminines autonomes dans la droite que dans la gauche. Virginia Tsouderou, fille du Premier Ministre du « gouvernement exilé en Crète et au Caire » entre 1941 et 1944, est élue en 1974 et en 1977 avec le parti centriste, et en 1985, avec la ND. La seconde, fille du Premier ministre I.Tsirimokos, qui avait formé le gouvernement proche du roi en 1965 est élue une seule fois en 1977. Le caractéristique commun de ces deux femmes, à part l’héritage paternel, c’est qu’elles ont effectué des études en Sciences Politiques dans des grandes universités étrangères, ce qui était un grand luxe que très peu de familles de l’époque pouvaient offrir à leurs enfants, et encore moins à leurs filles. Il faut cependant mentionner les études très avancées de V. Tsouderou, qui a aussi étudié la philosophie et les sciences économiques. Les filles de ministres suivent à parts égales pour les deux grands partis. Deux élues du PASOK et trois élues de la ND ont eu des pères très connus pour leurs mandats ministériels. Melina Merkouri a grandi dans une grande famille politique. Son grand-père, Spyridon Merkouris, était maire d’Athènes de 1899 à 1914 et son père, ministre de la gauche démocratique EDA. Fofi Gennimata, élue en 2000, 65 est la fille du grand homme politique de PASOK, ancien ministre de Santé G. Gennimatas. Au moment de sa première élection, aux élections de novembre 1989, Dora Bakoyanni est la fille Konstantinos itsotakis, chef du parti de la droite et ancien Ministre de la Coordination et également la veuve de Pavlos Bakoyannis, député, qui vient d’être assassiné en septembre 1989 par des terroristes. Un an plus tard, elle est réélue avec le parti mené par son père qui devient Premier ministre. Krinio Kanellopoulou, fille de l’ancien ministre du Commerce Ath. Kanellopoulos est élue en 1989, en 1990 et en 2004. Enfin, en 2000 Sofia Kalantzakou, est élue à Messinia, circonscription électorale de son père ancien ministre du Commerce, puis du Travail, pendant longtemps. Il est à noter que l’héritage politique est déterminant pour ces femmes tout au long de leurs vies. Indépendamment de leur parti, elles ont toutes fait des études relatives à la science politique à l’étranger, à l’exception de Melina Merkouri et Krinio Kanellopoulou. Les cinq filles d’anciens députés ont toutes des diplômes universitaires des établissements grecs ou de l’étranger et ont dans leur plupart exercé des professions libérales. Les femmes épouses d’hommes politiques appartiennent majoritairement au PASOK (6), et à la ND (3). Une (1) appartient au parti de POLAN qui n’existe plus aujourd’hui. A part le cas de Dora Bakoyanni, élue à la circonscription de son mari assassiné, le cas de Tarsi Bouga démontre très bien, la manière dont est perçu l’héritage politique familial par la masse électorale. Elue à la circonscription de son défunt mari en 1974, elle laisse sa place à son fils qui pose sa candidature et est élu aux prochaines élections de 1977. La présentation de ces données objectives confirme l’hypothèse que l’accès des femmes est très facilité par les « avantages héréditaires » qu’elles 66 obtiennent des hommes de la famille. Leur base électorale est déjà formée, grâce à la réputation du nom familial. Pourtant, il est clair qu’elles ne doivent pas leur élection seulement à ce facteur. b) La députée ancienne militante : camarade de prison, d’exil, de combats contre la dictature Il est un fait que la participation des femmes dans la vie politique était légitimée seulement lors des périodes de crise nationale ou de guerre, comme dans le cas de la Commission Politique de la Libération Nationale 58. Les luttes, les tortures, les emprisonnements, l’exil et la résistance n’avaient pas de sexe, ni pendant l’Occupation allemande ni pendant la guerre civile. Tous étaient égaux, les femmes et les hommes luttaient sans discriminations pour la liberté et l’instauration de la démocratie. Cependant, à la fin de telles luttes, tandis que les hommes étaient regardés comme des héros, il était attendu des femmes de retourner aux charges du foyer familial et au ménage. Leur confinement à la sphère privée, semblait logique, à cause de l’absence de droits civils pour elles. Les grecques étaient très présentes à la lutte contre la dictature et aussi, prêtes à se sacrifier pour la démocratie. Leur participation au référendum pour la forme du nouveau régime, en 1974 et la consécration constitutionnelle de leurs droits civils, un an plus tard, a été considérée par plusieurs comme la reconnaissance officielle de leurs luttes, aussi importantes que celles des hommes, et comme légitimation indéniable de leur entrée dynamique à la vie politique du pays. Pendant les premiers affrontements électoraux après la dictature, des femmes qui ont mené ou participé à des actions contre la dictature, ont été 58 V. supra, 1ière Partie, Titre A, Ch. 1a. 67 choisies par les partis et ensuite élues par le peuple en tant que « icônes de la démocratie ». Il est clair que cela était plus courant lors des trois premiers affrontements électoraux, à l’heure où les changements susmentionnés qui ont affecté les institutions politiques et sociales, n’étaient pas encore mis en place. Se réactiver pour s’engager en politique, était alors primordial pour ces personnalités, afin de continuer et rendre officiel leur engagement politique. Au total, 18 femmes députées sur les 107 élues après 1974 disposaient, entre autres, l’avantage de l’ « assimilation » aux hommes, à travers ces combats. Tableau 5 : Les élues ayant développé une activité contre la dictature. Nom Parti 1ère élection Vlachou E. ND 1974 Synodinou A. ND 1974 6 Tsouderou V. ND 1974 6 Akrita S. PASOK 1974 7 Giannou M. KKE 1974 1 Merkouri M. PASOK 1977 6 Fleming A. PASOK 1977 3 Damanaki M. KKE 1977 10 Ypsilanti A. KKE 1981 1 Farantouri M. PASOK 11/1989 2 Dizi OIK-EN 11/1989 1 . Nombre de mandats 1 Papariga A. KKE 1993 5 Zisi R. PASOK 1993 5 Partsafyllidou F. ND 1993 1 Loule N. SYN 1996 1 Kourkoula E. PASOK 2000 2 Stergiou I. SYN 2000 1 Nikolaidou V. KKE 2004 2 68 L’application de ce critère aux premiers Parlements après la dictature est étonnante ; à la toute première formation parlementaire de 1974, cinq (5) sur les sept (7) élues avaient participé à tels combats. En outre, il est intéressant de voir que la répartition des femmes qui remplissent le critère est égale pour tous les partis. Sur un total de 21 femmes élues en 1974, 1977 et 1981, on retrouve 9 (un taux de 43%) avec ce critère, 3 au PASOK, 3 à la ND et 3 au KKE. Les trois cas des femmes du parti communiste KKE sont tous assez exceptionnels. ina Yannou, combattante déjà pendant l’Occupation allemande, membre du parti communiste depuis 1943 (il était, alors, illégal), a été virée de son poste dans le secteur bancaire lors de la guerre civile et persécutée sur le fond de ces croyances politiques. Pendant la dictature elle fut obligée de rester en exil. Elle est la seule femme qui a été élue avant et après la dictature (avant la dictature en 1961 avec le parti de l’Union Démocratique de la Gauche-EDA). Emilia Ypsilanti, diplômée également de la prestigieuse Université Economique d’Athènes, travaille en tant qu’actrice. Après les événements de l’Ecole Polytechnique (novembre 1973), elle a été détenue à ESA59. Après un mandat au conseil municipal de la ville d’Athènes elle est élue députée en 1981. Maria Damanaki a joué un rôle primordial aux événements de l’Ecole Polytechnique de novembre 1973, qui ont marqué le début de la fin du régime des colonels. Jeune étudiante, elle est déjà membre de la Jeunesse du parti communiste (KNE) et elle milite beaucoup dans le mouvement étudiant contre la dictature. Elle devient connue en tant que membre du Comité de Coordination du soulèvement de l’Ecole Polytechnique, car elle est une des deux «voix de la démocratie», de l’émetteur de la Polytechnique occupée qui a fonctionné pendant trois jours, invitant tous les grecs à se rallier aux côtés des étudiants pour lutter contre la dictature. La voix de « la fille de la Polytechnique », faisait un appel à la liberté, gravé dans la mémoire collective 59 Police Militaire Spéciale 69 de la Grèce contemporaine, par la radio illégale de l’Ecole : «Ici l’Ecole Polytechnique, ici l’Ecole Polytechnique, la station de radio des étudiants libres, combattants, des grecs libres, combattants… ». Trente-cinq ans après, elle est la femme qui a le plus grand nombre de mandats (elle est à son 10ème mandat aujourd’hui), tout en étant la seule qui a été élue avec trois partis différents. Elle a aussi été la première femme à entrer au bureau de la Présidence du Parlement, élue en 1988 comme 5e viceprésidente. Des trois femmes du PASOK, Sylva Akrita serait candidate aux élections annulées par la dictature en 1967. Membre du Front des Travailleurs pendant la dictature, elle a été arrêtée et jugée. Elue députée sept fois, elle fait partie des femmes qui ont réussi d’avoir un poste dans le gouvernement. Amalia Fleming, médecin bactériologiste avec des études à Athènes et à Londres, compagne et puis épouse de Alexander Fleming, prix Nobel de la Médicine, a eu une longue histoire de combats. Arrêtée par les allemands pour son action dans des groupes de la Résistance, elle a été arrêtée de nouveau pendant la dictature. D’abord emprisonnée, elle a été ensuite privée de sa nationalité grecque et exilée à l’étranger. Elle a profité de sa notoriété pour continuer de militer contre la dictature depuis Londres, en écrivant aussi des livres comme « Un morceau de vérité »60 qui ont fait connaître à l’étranger son cas et la cause grecque. La privation de la nationalité et l’interdiction de retour au pays étaient aussi la peine de Melina Merkouri. La figure de l’action contre la dictature la plus connue à l’étranger, actrice de renommée internationale, se trouve à Paris et met également au service de la Grèce sa réputation, avec des déclarations aux médias internationaux. Elle organise des grandes manifestations et écrit des livres comme « Je suis née grecque » (par référence à la privation de sa nationalité). 60 Amalia Fleming, « A piece of truth», London, 1972. 70 Elue avec le PASOK, elle devient ministre 61 de la Culture, position qui lui permet de réaliser sa vision pour la Grèce. C’est elle qui reprend et médiatise l’affaire du retour des marbres du Parthénon, du British Museum en Grèce. C’est elle, également, qui demande la création d’un nouveau musée spécialement conçu pour l’Acropole d’Athènes (un très grand et coûteux projet qui va ouvrir ses portes en 2008). L’institution de la Capitale Européenne de la Culture a aussi été lancée à son initiative, en 1985. La droite, aussi, compte parmi ses rangs des femmes qui ont milité contre la dictature. A part les précitées Virginia Tsouderou et Anna Synodinou, il faut mentionner Eleni Vlahou, qui était, pendant très longtemps, la seule femme éditrice d’un quotidien grec (Kathimerini), ainsi que de nombreux magazines gérés par sa maison d’édition. A la dictature, elle cesse l’édition de tous les journaux et magazines dont elle est éditrice et part à Londres. Elle écrit de nombreux articles et donne des discours. Elle publie aussi son livre «House Arrest»62 qui raconte son histoire pendant la dictature, commencée par son assignation à résidence. Elle fait partie des élues à titre honoraire de la droite en 1974. Les autres (9) femmes du tableau 5, élues de 1989 à aujourd’hui, appartiennent, à l’exception d’une, au milieu politique de la gauche et du centre-gauche (3 au PASOK, 2 au SYN, 2 au KKE, 1 au parti de courte vie « Ecologistes Alternatifs »). L’engagement politique pendant la dictature n’est pas toujours déterminant ni pour le choix des électeurs ni pour les choix des partis. Néanmoins, il permet la reconnaissance dans les réseaux sociaux et politiques qui peut se traduire en réussite électorale. Le cas de Marina Dizi, serait probablement expliqué, partiellement, de cette façon. Présente à l’occupation de la faculté de Droit et aux événements de 61 62 V. infra, analyse pour les femmes ministres et secrétaire d’Etat: Titre B, Ch. 1a. Eleni Vlachou, « House Arrest », Londres, 1970. 71 l’Ecole Polytechnique, elle a été élue, en 1989, députée du parti des Ecologistes Alternatifs, rassemblement des mouvements écologistes diverses. Le parti a été dissout plus tard, car la diversité des 200 organisations qui le formaient et les orientations idéologiques très différenciées en son sein ont conduit à de grandes controverses mais, Marina Dizi, députée pendant un an seulement, est passée dans l’histoire parlementaire, notamment pour sa protestation silencieuse, qui a provoqué de grands débats et aussi la démission de la précitée députée de la droite, l’actrice Anna Synodinou. A une époque où l’actualité parlementaire connaissait des alliances et des hostilités paradoxales63, elle s’est rendue au Parlement, en tenant un grand panneau, où on pouvait lire « Arrêtez le théâtre dans le Parlement. Proportionnelle simple. » Les deux femmes du parti communiste élues après 1993 sont Aleka Papariga, Secrétaire Générale du parti64 jusqu’à ce jour, et Vera Nikolaidou, élue en 2000, après une activité riche et de longue durée à l’intérieur du parti et des mandats aux collectivités territoriales. Pour toutes les deux, la participation aux combats contre la dictature était une évidence, mais pas la seule ou la plus déterminante des raisons de leur avancement dans le parti. itsa Loulé, a commencé sa carrière de journaliste par Rizospastis, le journal officiel du KKE et a continué aux quotidiens Avgi et Kathimerini. Pendant la dictature, le régime lui avait interdit d’exercer son métier de journaliste. Fille d’ancien député du parti communiste, elle a été élue avec la Coalition de la Gauche (SYN) deux fois depuis 1996. Ioanna Stergiou, a repris le mandat d’un homme quand lui a quitté son poste de député pour un poste de maire. Fani Partsafyllidou, la seule femme de la ND élue pendant la seconde période de la Metapolitefsi, avait démissionné de son poste de juge en 1969. 63 En 1989 et 1990 il y a eu en Grèce des élections parlementaires trois fois en moins de 18 mois, essentiellement parce que les grands partis n’avaient pas le taux exigé pour former un gouvernement et n’étaient pas prêts non plus à former des gouvernements avec d’autres. 64 V. infra, l’analyse pour les deux femmes chefs de partis en Grèce: Titre B, Ch. 2b. 72 Elle aussi, après des mandats aux collectivités territoriales, elle reprend le mandat d’un homme député. Pour les trois femmes du parti socialiste, Maria Farantouri, Rodoula Zissi et Eleni Kourkoula, l’élément de leur participation à la lutte contre la dictature ne peut pas être ignoré. Cependant, il ne peut pas être considéré comme le plus important, et cela pour des raisons différentes pour chacune. Maria Farantouri, a développé une action dès qu’elle était jeune membre de la Jeunesse Lambraki65. Figure très connue de la scène culturelle, elle a été l’interprète de la plupart des chansons interdites, pendant la dictature, du compositeur Mikis Theodorakis. Elle a donné de nombreux concerts à l’étranger et, à la fin du régime, aussi en Grèce. Son élection, pourtant, à titre honoraire, plusieurs années après la restitution de la démocratie, amène à croire que l’élément déclencheur de cette entrée tardive en politique, était l’influence de son mari dans les hauts postes de la hiérarchie du PASOK. Rodoula Zissi, un deuxième membre du Comité de Coordination des événements de 1973, a ensuite développé une très grande activité syndicale et locale. Elle a, notamment, essayé de faire connaître, par une forte participation à des organisations européennes, les questions relatives à sa profession et à son parti. Ses actions de résistance contre la dictature ne sont pas, alors, ni la seule ni la plus importante raison qui expliquent son choix par le parti. La plus jeune de toutes, leni Kourkoula, élue en 2000, a eu également une participation aux activités contre la dictature. Malgré ses parents conservateurs, elle a joint, lorsqu’elle était encore élève au collège, l’organisation gauchiste révolutionnaire de la jeunesse « Rigas Fereos »66, aux 65 La Jeunesse Démocratique Lambraki, l’organisation des jeunes de la gauche, a été fondé en 1963, après le meurtre de l’homme politique de la gauche Grigoris Lambrakis. Elle a marqué par son activité et influence politique, culturelle et idéologique les années 1960. 66 Pour l’histoire de « Rigas Fereos », une des organisations politiques de la génération de l’Ecole Polytechnique qui a vraiment contribué à la diffusion des idées féministes, v. notamment : Maria REPOUSSI, « Le deuxième sexe à la gauche. Documents et mémoires de l’intervention féministe à l’organisation de Rigas Fereos 1974-1978 », Revue Hellénique de Science Politique, vol. 8, 1996, p. 121. 73 côtés de ses trois frères aînés. Lors de l’entretien, elle souligne qu’elle a «participé vers la fin de l’organisation». Toutefois, cela a renforcé son esprit et sa volonté de syndicaliste, qui, avec la réputation qu’elle a gagnée en tant que journaliste et actrice, compte parmi les principaux facteurs de sa réussite électorale. Compte tenu des données susmentionnées, nous en déduisons que les combats féminins ont joué un rôle catalyseur pour les choix de personnages par les partis. Il a été considéré qu’elles primaient sur d’autres, parce qu’elles ont eu des traits et comportements combatifs communs aux hommes. Leur masculinisation, effectuée de cette façon, était la clé à la revendication de charges et fonctions masculines. 74 Chapitre 2 La présence féminine dans les filières masculines facilitant l’accès des femmes au mandat parlementaire. a) L’appartenance à des catégories socio-professionnelles spécifiques en tant que facteur déterminant pour la marche des femmes en politique. Les conditions jusqu’au début des années 1980 ne facilitaient pas l’accès d’un grand nombre de femmes à l’espace public, surtout à cause de leur niveau de formation assez bas, par rapport à celui des hommes. Les hommes dominaient l’espace public, comme d’ailleurs, les professions qui demandaient des apparitions en public, ou qui étaient fondées sur l’interaction sociale. L’exercice réussi de métiers de ce type était souvent synonyme d’un début de carrière politique, grâce à la puissance dont ces professionnels disposaient dans la société, puissance bâtie sur des grands réseaux de connaissances et d’amis, eux aussi, constitués ordinairement par d’autres hommes. De manière automatique, la politique était un « avantage » réservé aux hommes, qui pourrait, éventuellement être revendiqué par une femme, si elle arrivait à se faire connaître par le moyen de son travail, par acquisition, alors, de qualités professionnelles jusqu’alors masculines. Conséquemment, l’examen de la répartition des femmes dans les différentes filières professionnelles servira à constater si et dans quelle mesure leur accès aux professions « masculines » classiques a contribué à leur élection au Parlement. Le tableau 6 rapporte l’origine professionnelle des 107 élues depuis 1974.67 La première observation est qu’il n’y a qu’une femme sans emploi. Il s’agît du cas très particulier de Tarsi Bouga, femme au foyer, qui a été élue 67 Les professeurs d’université sont ici classés sous la catégorie socio-professionnelle Professeurs d’Université, indépendamment de leur discipline. 75 pour un mandat, entre le mandat de son mari et le mandat de son fils. Toutes les autres femmes ont exercé une profession. En outre, indépendamment de la profession finalement exercée, elles disposent majoritairement d’un diplôme d’Etudes Supérieures, ce qui encore, n’était pas évident pour une femme. Cette affirmation était encore valable pendant de nombreuses années après la dictature pour les régions rurales de la Grèce. Les deux professions libérales les plus prestigieuses en Grèce, les médecins et les avocats, concentrent ensemble le très grand pourcentage de 26%, car parmi les 107 élues, on retrouve 21 avocates et 7 médecins. Leur taux de présence est plus élevé dans les deux grands partis qu’aux autres. La raison est la valorisation, par la société, des femmes candidates qui font ces métiers. Médecins et avocats sont connus et puissants, surtout aux petites et moyennes villes grecques ; ils peuvent agir sur la volonté des électeurs, grâce à l’expérience des interactions sociales, acquise au quotidien. Leurs promesses sont plus crédibles et il leur est plus facile d’aspirer la confiance. Dans les villes petites et moyennes, ainsi qu’aux régions rurales, les citoyens préfèrent l’image d’une personne réussie et « éduquée », capable de présenter et de résoudre leurs problèmes. En deuxième position mais avec un pourcentage qui approche le 19% (18,7%), se trouvent les femmes professionnelles issues des filières universitaires typiquement masculines. Il s’agît des onze (11) diplômées de l’Ecole Polytechnique (ingénieurs, architectes etc) et des neuf (9) économistes. Compte tenu du fait que les femmes étaient, au début, extrêmement minoritaires dans ces facultés -comme Mme Assimina Xyrotiri nous le confirme lors de notre entretien disant qu’ « il n’y avait que 7 femmes sur un total de 150 étudiants »68 - il s’agit d’un très bon pourcentage, qui prouve d’ailleurs la 68 Assimina Xyrotiri, députée du SYN, entretien n 2. 76 thèse que la déféminisation des femmes dans les milieux masculins les aident à avancer en politique. Ces professionnels de la pratique et de l’argent, sont très utiles aux partis. En effet, c’est une tactique électorale d’inclure à sa liste des hommes ou femmes qui répondent à la demande du corps électoral pour des candidats qui « peuvent passer des paroles aux actes ». La compétence budgétaire aussi, passe de plus en plus en avant à la conscience du corps électoral et les économistes ont l’avantage de leur formation. Le choix d’études de ce genre, combiné à une personnalité dynamique, a été pour plusieurs femmes leur « passeport » pour le Parlement. Autre filière masculine traditionnelle en Grèce, mais qui a moins bien résisté, c’est le milieu du journalisme. Antichambre classique de nombreuses carrières politiques grecques du 20e siècle, grâce à l’exposition constante à l’espace public et, éventuellement, une image influente, elle a été vite conquise par les femmes. La multiplication des journaux après la dictature, la télévision publique, la télévision privée plus tard, ont été les facteurs qui ont propulsé la nouvelle image de la femme, qui écrivait des articles, qui était présentatrice du journal télévisé, qui faisait de reportages dangereux etc. A la fin des années 1980, la vitesse par laquelle s’imposent les nouvelles perceptions des rapports sociaux que la télévision privée (« télévision libre ») apporte, est surprenante. Les femmes journalistes ne sont plus l’exception dans la filière professionnelle. Au contraire, avec la création, plus tard, d’écoles privées de journalisme, elles gagnent la reconnaissance en y enseignant et deviennent la règle. Dans le taux de 10% sont aussi comptées les trois femmes éditrices ou propriétaires de journaux et autres médias. Femmes du pouvoir, par excellence, les postes à la tête de maisons d’édition leur reviennent soit par leur famille (comme la précitée Eleni Vlahou, du quotidien Kathimerini), soit par leur argent. 77 Le monde des arts est représenté par douze femmes (11,2%), dont la plupart (10) sont des actrices. Il s’agît d’une catégorie dont les membres s’activent facilement en politique et sont aussi facilement sélectionnés par les partis pour enrichir les bulletins de vote, surtout parce qu’ils sont déjà très connus au grand public. En faisant partie du quotidien du peuple, les femmes actrices cultivent l’image d’une politique qui est au côté du citoyen et, en évitant la langue de bois des autres candidats, elles font appel au sentiment des électeurs pour le partage d’une vision commune. Il faut souligner que le secteur de l’art est le seul où les femmes n’ont pas connu de déféminisation, car les professions relatives n’ont pas connu de période de féminisation proprement dite. La femme actrice ou chanteur ou peintre, était une image plus familière que la femme économiste ou ingénieur. Il faut alors expliquer le pourcentage élevé des artistes au Parlement de cette manière, au moins pour les premières années après la dictature. La décision d’appliquer une catégorie socio-professionnelle distincte de professeurs d’Université est partiellement expliquée par le fait que l’Université a beaucoup tardé d’inclure de femmes aux plus hauts rangs de sa hiérarchie. Par la nature de la fonction, occuper un poste de professeur exige d’effectuer un parcours académique important. En plus, il faut considérer le petit nombre d’étudiantes ambitieuses avant la dictature, et le fait que pendant longtemps, les jurys qui examinaient les candidatures féminines pour la promotion aux postes universitaires était formés exclusivement par des hommes. L’absence féminine du domaine des « gens de l’esprit » initialement frappante, a donné lieu à une intégration progressive, qui s’est traduite aussi en augmentation de leur nombre en politique. Les écoles universitaires très privilégiées par les femmes, c’est-à-dire, les filières pédagogiques, philologiques, historiques etc. alimentent le Parlement avec un petit nombre de députées. 78 Le secteur du commerce compte aussi 5 femmes députées. Il est à noter que dans leur majorité, ces femmes appartiennent aux partis de la gauche et qu’elles sont celles avec le moins de titres universitaires. Ces données confirment que les barrières qui existaient et qui existent à quelques filières professionnelles, ont contribué à l’exclusion des femmes du Parlement. La grande majorité des élues a dû suivre un parcours professionnel proportionnel à celui de leurs homologues masculins et ainsi subir une masculinisation. Tableau 6 : L’appartenance des 107 élues à des catégories socioprofessionnelles Catégorie socio- professionnelle d’appartenance En % approx. Professions libérales : Avocats Nombre de femmes 21 Professions libérales, Santé : Médecins 7 26% Santé : Pharmacienne 1 1% Filières masculines : Diplômées de l’Ecole Polytechnique 11 Filières masculines : Economistes 9 Art : Actrices 10 Art : Chanteurs 1 Art : Peintres 1 Médias : Editrices, Propriétaires de journaux 3 Médias : Journalistes 8 10% Professeurs d’Universités 9 8% Filières féminines : Langues, Littérature, Pédagogie, Histoire etc. 7 7% Emploi dépendant : employées aux secteurs public et privé 8 7% Emploi indépendant : Commerçantes 5 5% Autre : Diplômées en Sciences Politiques, Relations Internationales 3 3% Autre : Etudes/métiers géotechniques 1 1% Autre : Assistante sociale 1 1% Autre : Sans emploi/femmes au foyer 1 1% Total 107 79 19% 11% 100% b) Du parti au peuple et du peuple au parti Le prestige et l’influence sont les deux éléments essentiels que toute personne politique doit avoir ou obtenir assez tôt dans sa carrière, comme il a été déjà démontré. L’exercice de certaines professions servira toujours à acquérir plus de « charme politique », ce qui est valable pour les femmes beaucoup plus que pour les hommes. Mais, l’image politique est formée dans la vie politique et, selon la personne, dans la vie du parti auquel elle adhère ou dans les milieux sociaux où elle exprime ses engagements politiques. Il s’agît, encore une fois, d’un double effort ; chaque personne ayant des ambitions politiques, devra à un certain moment, convaincre à la fois son électorat et son parti. La manière de procéder varie considérablement, selon la stratégie personnelle et selon les mécanismes des partis. Il y a des cas où la reconnaissance par les mécanismes sociétaux conduit à la marche avant dans la hiérarchie du parti et, inversement, des cas où les qualités sont d’abord reconnues par le parti, qui décide de mettre en avant son membre, sa candidate. La première hypothèse présuppose que le candidat à la députation a cultivé ses rapports avec sa base électorale potentielle, ce qui se réalise essentiellement dans les milieux syndicaux et associatifs. Plusieurs femmes des 107 élues sont passées par des hauts-postes du syndicalisme étudiant ou/et du syndicalisme des travailleurs ou des employés. Quelques femmes ont aussi avancé dans les structures des syndicats professionnels, chambres de commerce et associations des professions libérales. Les divers autres engagements, en relation avec leur métier (associations féminines/contre les discriminations/pour les droits de l’homme pour quelques juristes), ou avec leur idéologie (associations humanitaires, écologistes, think-tanks reliés à des 80 courants politiques) sont également un terrain où les femmes déploient une activité de plus en plus importante, vu le déclin du syndicalisme. L’importance de l’activation dans le milieu syndical69 et dans le milieu associatif s’avère plus importante pour les candidates et députées des grandes circonscriptions électorales. Les grandes villes industrialisées favorisent la présence des femmes à l’espace public, les associations professionnelles y comptent plusieurs milliers de membres. Les causes minoritaires et environnementales trouvent plus facilement de défendeurs et, surtout, la population féminine est plus active, plus indépendante et avec un niveau d’éducation plus élevé. La deuxième hypothèse concerne grand nombre de candidates qui ont été mises à l’épreuve par leurs partis dans les organes internes et/ou aux collectivités territoriales, avant de poser leur candidature pour la Chambre des députés. L’intégration de femmes dans la hiérarchie a été pour les partis de la gauche considérablement plus facile, plus rapide et plus massive que pour les partis de la droite. Les comités centraux, comités exécutifs et autres organes des partis comptent maintenant régulièrement de femmes. Evidemment, la conquête, par les femmes, des postes à la hiérarchie des partis, dépend beaucoup d’autres facteurs, comme l’ancienneté et l’intensité de l’engagement. Il est à noter, en marge de cette analyse, que nombre d’entre elles se contentent parfois de leurs fonctions à l’intérieur du parti et décident rarement de poser leur candidature aux élections législatives, suivant une attitude semblable à celle des anciens dirigeants du parti. La multiplication des présences féminines aux collectivités territoriales est l’autre facette de ce processus d’intégration des femmes dans les structures des partis. Autrefois bastion traditionnel des hommes, l’administration locale est maintenant la filière politique où les femmes s’activent le plus, en 69 Lors de notre entretien Sofia Kalantidou, députée du KKE, entretien n° 12, répondant à notre question concernant les facteurs qui ont contribué à son élection, elle affirme que « le syndicat est la meilleure école », racontant l’événement déterminant pour sa participation dans le syndicat de sa profession. 81 réussissant, dans certaines circonscriptions d’égaler le nombre des hommes dans les conseils municipaux et même de le dépasser. Le phénomène se généralise aussi aux villes petites et moyennes de la province, ainsi qu’aux circonscriptions insulaires et rurales : pour les femmes députées de la province, les élections municipales et départementales ont très souvent été le premier pas dans la vie politique. La perception de la collectivité territoriale en tant qu’antichambre du Parlement est bien ancrée dans la culture politique grecque. Jusqu’au début des années 1990 les chefs et conseils des 51 départements étaient désignés par le parti au pouvoir (seuls les maires et conseils municipaux étaient élus). La désignation des femmes à tels postes, aux petites et moyennes circonscriptions était, clairement une mise à l’épreuve, ainsi qu’une première preuve de confiance. Imposer des femmes aux populations des départements agricoles ou peu urbanisées, était ainsi un grand challenge politique dans les années 198070. Les postes de secrétaire général et membre de conseil des treize régions, divisions administratives nouvelles de la Grèce, depuis 1986, sont une occasion de plus pour les partis de présenter des femmes aux populations locales, car, jusqu’à ce jour, ils sont remplis après nomination par les partis71. De manière générale, les collectivités territoriales sont le terrain de prédilection des femmes politiques originaires de la province qui jusqu’à une époque récente, étaient presque absentes du Parlement. Il s’avère un secteur de plus en plus important, avec le déclin progressif du syndicalisme et l’absence, de facto, de nouvelles candidatures féminines qui ont eu une action contre la dictature. Finalement, les difficultés des années 1970 et 1980 auxquelles étaient confrontées les femmes politiques sont moindres aujourd’hui dans les milieux et structures susmentionnés, fortement féminisés. De plus, en Grèce la 70 V. par exemple infra pour Anna Diamantopoulou Titre B Ch. 2b. Le nouveau plan « Kapodistrias 2 », loi relative aux collectivités territoriales, contiendra probablement une disposition pour l’élection des chefs et conseils des régions. 71 82 considération envers les institutions des collectivités territoriales, équipées de nouvelles compétences, s’agrandit, ce qui favorisera les femmes, car dans la conscience publique, l’écart entre la « petite politique » ou « micropolitique » (se référant aux villes et communes) et la « grande politique » (Parlement) se referme. 83 Titre B Aspects de féminisation et de déféminisation du métier politique : la présence et les rôles attribués aux femmes Il a déjà été démontré que les candidatures féminines, plus sensibles au double contrôle du parti et de l’électorat par leur nature, devaient rassembler un nombre de qualités qui les renforceraient aux yeux de ce dernier. Puisque les femmes sont entrées dans la cour des hommes, la politique, elles devaient se conformer aux règles du jeu et essayer de jouer comme eux. Le constat de la féminisation du Parlement par des femmes qui sont prêtes à adhérer à une logique impliquant leur « déféminisation » et même leur « masculinisation » n’est pas nouveau et ne surprend pas. Il est pourtant d’une grande utilité théorique d’étudier l’application de ces concepts aux femmes politiques grecques. En premier lieu (chapitre 1), nous allons étudier la manière dont les partis promeuvent les femmes députées dans les gouvernements. Nous allons examiner les profils des députées qui ont été chargées d’appliquer l’idéologie de leurs partis, en devenant membre de l’exécutif. En deuxième lieu (chapitre 2), nous allons nous pencher sur les cas des députées et anciennes députées chargées de transmettre l’idéologie partisane dans les commissions parlementaires ou de la promouvoir en tant que chefs d’un parti. L’examen parallèle de la marche des femmes élues dans ces deux espaces (le gouvernement et le parti) vise à l’extraction de conclusions cruciales sur les aspects des processus de féminisation et de déféminisation du métier politique. 84 Chapitre 1 La présence féminine dans le gouvernement a) La femme ministre et secrétaire d’Etat Le mandat parlementaire est, en général, pour les hommes et pour les femmes, un des critères pour l'avancement aux postes ministériels. Il faudra, par la suite, définir si la présence minoritaire des femmes au Parlement est une difficulté supplémentaire pour la conquête de tels postes. L’asymétrie statistique qui existe en ce qui concerne le sexe dans la composition de la Chambre des Députés se reflète-t-elle aux gouvernements ? Dans les gouvernements formés entre 1974 et 2007 il y a eu sept (7) femmes qui ont occupé des postes ministériels et vingt-et-une (21) qui ont occupé des postes de secrétaires d’Etat. (i) Novembre 1974 – Décembre 1980 (deux gouvernements ND) Les deux premiers gouvernements de la ND, comprennent trois femmes secrétaires d’Etat. (ii) Janvier 1981 – Juin 1989 (deux gouvernements PASOK) Melina Merkouri, devient ministre de la Culture en 1981 et occupe ce poste pendant huit années consécutives ; elle est la première femme ministre grecque et le ministre (hommes et femmes en général) qui a occupé le plus longtemps le même poste ministériel. Les cinq femmes secrétaires d’Etat ont servi dans des ministères traditionnellement considérés comme «de seconde classe» ou «féminines». Seule exception parmi elles, Vasso Papandréou, membre fondateur du PASOK, devient secrétaire d’Etat de l'Industrie. (iv) De 1989 à 1993 (trois gouvernements : « de coopération » en juin 1989, « universel » en novembre 1989, ND après 1990) 85 Il n’y a qu’une présence féminine dans le premier gouvernement de 1989, dit « de coopération » droite-gauche. Anna Psarouda-Benaki a été pendant quelques jours ministre de la Culture, puis Secrétaire d’Etat de l'Education Nationale et des Affaires Religieuses. Le gouvernement « universel » de novembre 1989, ne comporte aucune femme parmi ses rangs. Maro Pantelidou-Malouta écrit, en ironisant, dans son livre que ce choix « légitime l'universalité comme une qualité masculine »72. Le gouvernement de la ND qui a connu deux remaniements ministériels en moins de trois ans, a connu trois (3) secrétaires d’Etat dont les deux dans des Ministères « de première classe » et trois (3) femmes ministres, encore à des Ministères «féminins» (Santé, Culture), à l’exception du court mandat d’un an de Anna Psarouda-Benaki au Ministère de la Justice. (v) De 1993 à 2004 (trois gouvernements PASOK : 1993, 1996, 2000) Le gouvernement socialiste de 1993 comprend quatre (4) femmes : trois (3) secrétaires d’Etat et Melina Merkouri, qui reprend le Ministère de la Culture jusqu'à sa mort, un an plus tard. Les femmes du gouvernement socialiste de 1996, malgré les remaniements ministériels sont toujours au nombre de trois (ministres et secrétaires d’Etat). Deux d’entre elles ont occupé des postes ministériels. L’image de la femme au gouvernement change : Il y a deux mandats de secrétaire d’Etat, au Ministère du Développement et au Ministère de l’Economie et des Finances. Une femme occupe aussi l’un des deux Ministères de compétence locale73, en devenant Ministre de la Mer Egée. Vasso Papandréou continue sa carrière exceptionnelle : De retour de Bruxelles, où elle a été la commissaire de la Grèce, elle occupe le nouveau Ministère du Développement, né de la fusion (assez débattue) de trois Ministères (Industrie-Energie-Technologie, Commerce, Tourisme) et ensuite le 72 Maro PANTELIDOU-MALOUTA, Le genre de la démocratie, Athènes, Savalas, 2002, p. 219. En Grèce à part des Ministères de compétence spéciale sectorielle, il y a deux Ministères de compétence locale plus générale (un pour les régions insulaires et un pou la Grèce du Nord). 73 86 Ministère de l’Intérieur, de l’Administration Publique et de la Décentralisation. Ces deux nominations, tant au nouveau dénommé « super-Ministère » en 1996, qu’au Ministère de l’Intérieur, sont considérablement médiatisées. Le Conseil Ministériel du dernier gouvernement socialiste comprend au début six et puis cinq (5) femmes. Vasso Papandréou est la seule à avoir le titre de ministre. Elle occupe le très important Ministère de l’Environnement, de l’Aménagement du Territoire et des Travaux Publics, pendant la préparation du pays pour les Jeux Olympiques de 2004. Les secrétaires d’Etat, elles occupent désormais des postes dans des Ministères d’importance capitale. En dehors de trois mandats féminins à des Secrétariats relatifs aux domaines « féminins » de la Santé et de l’Education, le Ministère des Affaires Etrangères et le Ministère du Développement comptent des femmes à leurs Bureaux. (vi) De 2004 à 2008 (deux gouvernements de la ND : 2004, 2007) Le gouvernement de la droite (ND) de 2004 compte deux (2) femmes au Conseil des Ministres (la ministre de l’Education et la ministre de la Culture, puis ministre du Développement Touristique) et aucune secrétaire d’Etat. Il est pourtant fondamental d’attirer l’attention sur le fait que le Ministère de l’Education n’était pas un Ministère de seconde classe pendant ce mandat : sa ministre devait mener une réforme des plus grandes et des plus controversées à l’histoire contemporaine74. Un remaniement ministériel en 2006 porte le nombre des femmes à trois, car Dora Bakoyanni devient ministre des Affaires Etrangères. Aux élections de 2007 le nombre des femmes ministres est porté à deux. Dora Bakoyanni garde son poste de Ministre des Affaires Etrangères et l’ancien ministre du Développement Touristique devient ministre de l’Emploi et de la Protection Sociale, ayant sous sa hiérarchie en tant qu’unique secrétaire 74 Cette réforme consiste à la rénovation radicale du système éducatif, surtout, universitaire qui a provoqué des occupations d’un grand nombre des facultés pour longtemps par les étudiants. 87 d’Etat une femme. Cette fois, encore, le domaine en question est stratégique et de grande actualité. Le tableau 7 fournit un aperçu de la présence féminine aux gouvernements de la période étudiée : Tableau 7 : Les femmes dans les gouvernements de 1974 à 2007 Année 1974 1977 1981 1985 6/89 11/89 1990 1993 1996 2000 2004 2007 Gouvernement ND ND Soc Soc Coop Univ ND Soc Soc Soc ND ND Ministres - - 1 2 1 - 3 1 2 1 2 2 Secrétaires d’Etat 1 2 2 5 - - 3 3 2 4 - 1 b) La féminisation graduelle des ministères : des critères différents pour chaque parti au pouvoir A pas lents, les bureaux du gouvernement connaissent la féminisation. Toutefois, ce constat ne permet pas d’apprécier globalement la situation. Ce qui est particulièrement intéressant, c’est d'identifier les conditions et les «qualifications» qui ont permis ou facilité l’évolution de la carrière politique de ces femmes. Pour commencer par les conditions, il faut tenir compte de l’influence des mécanismes intérieurs du parti. Si, en Grèce, l’appartenance à un parti est une condition sine qua non, alors il reste à voir si un des deux partis qui se sont alternés au pouvoir promeut plus les femmes aux charges ministérielles et sur quels critères. Une brève inspection du tableau ci-dessus, permet de constater que la moyenne de la participation féminine aux gouvernements socialistes (PASOK) est à 4,6 tandis qu’aux gouvernements des conservateurs (ND) est à 2,6 et encore, sans y intégrer les deux gouvernements de 1989 (« de coopération droite-communistes » et « universel ») où la droite était majoritaire. 88 En outre, de ces 28 femmes ministres et secrétaires d’Etat, 17 appartenaient au PASOK et 11 à la ND. Bien sûr, ceci peut être imputé en partie au fait que le PASOK a été au pouvoir pendant des périodes plus longues que la ND, ce qui permettait aux personnalités féminines d’accroître leur notoriété. Ou peut-être au fait que les deux premiers gouvernements de droite, juste après la dictature, ne laissaient pas la place aux femmes, faute de puiser dans la scène politique d’avant et d’y trouver des personnages reconnus par la masse. Enfin, la distinction traditionnelle entre la droite et la gauche, les « conservateurs » et les « progressistes », peut probablement fournir des arguments de mentalité. Toutefois, les véritables critères pour le choix de chacune peuvent être illustrés qu’après l'étude des «qualifications» que chaque parti a jugé nécessaires pour leur placement à leur propre poste, surtout dans les Ministères qui ne sont pas considérés comme «féminins». Les vingt-et-une (21) femmes qui ont exercé des fonctions de secrétaire d’Etat ont effectué trente (30) mandats, dont : 13 à des Ministères traitant de la Santé, de la Sécurité Sociale, des Services Sociaux et de l’Emploi (plusieurs dénominations et restructurations) 5 au Ministère de l’Education 3 au Ministère de la Culture 2 au Ministère de la Présidence du gouvernement 2 au Ministère du Développement 2 au Ministère des Affaires Etrangères 2 au Ministère de l’Environnement, de l’Aménagement du Territoire et des Travaux Publics 1 au Ministère de l’Economie et des Finances Deux sur trois mandats féminins de secrétaires d’Etat ont été effectués dans les Ministères dits « féminins » ou « de seconde classe ». C’est seulement aux Ministères « sociaux » et au Ministère de la Présidence du Gouvernement qu’on les voit jusqu’en 1996. 89 Les sept (7) femmes qui ont été nommées au poste de ministre ou ministre suppléant, ont effectué des mandats aux Ministères suivants (par nombre de mandats): 9 au Ministère de la Culture 3 au Ministère du Développement (ou Ministères indépendants avant fusion de 1996) 2 au Ministère de l’Education Nationale et des Affaires Religieuses 1 au Ministère de la Santé 1 au Ministère de la Justice 1 au Ministère de la Mer Egée 1 au Ministère des Affaires Etrangères 1 au Ministère de l’Environnement, de l’Aménagement du Territoire et des Travaux Publics 1 au Ministère du Tourisme 1 au Ministère de l’Intérieur, de l’Administration Publique et de la Décentralisation En dehors des mandats de Vasso Papandréou, les mandats des femmes ministres étaient effectués à des Ministères « sociaux » jusqu’en 2004. Les éléments qui semblent jouer un rôle décisif pour les deux partis qui les ont sélectionnés sont les études, la profession d'origine, l'action de long cours au sein du parti (soit aux organes centraux soit aux collectivités territoriales), l’occupation antérieure d’un poste avec des responsabilités similaires ou l’entreprise de responsabilités relatives dans le groupe parlementaire du parti. Les femmes qui réunissent la plupart de ces critères et qualités sont généralement celles qui sont les plus susceptibles d'être nommées aux Ministères cruciaux, tandis que les autres sont placées dans des ministères d’ « importance secondaire ». Le parti conservateur de la ND semble accorder une plus grande importance au «patrimoine politique», puisque des 11 femmes au total, 4 ont été placées dans des Ministères de «première classe», dont 3 avaient l'avantage susmentionné. Cela, bien sûr, ne signifie pas qu’il faut ignorer ou sous-estimer les progrès personnels et le charisme de chacune de ces femmes. D’ailleurs, les 90 deux éléments étaient étroitement liés : à l’époque où l’accès des femmes à l’éducation universitaire était limité, il était, certes, plus facile pour une femme d’exister dans la plupart des milieux dominés par les hommes, si elle venait d’une famille politique. Mme Virginia Tsouderou, née en 1924, a été la première femme au Ministère des Affaires étrangères (secrétaire d’Etat, 1991-1993). Elle avait fait des études pluridisciplinaires dans des grandes universités à l'étranger (Oxford, Harvard, Minneapolis), ce qui était très rare pour une femme de son époque. En outre, elle a eu une action importante à la lutte contre la dictature. L'assistance offerte par la réputation du nom politique de son père, homme politique et Premier Ministre du gouvernement grec exilé pendant l’Occupation allemande, était un plus. Mme Dora Bakoyanni, Ministre des Affaires Etrangères depuis 2006, a eu une riche carrière politique, d’abord pendant de nombreuses années aux côtés de son père (homme politique du centre-droite depuis 1946, chef de parti, Premier Ministre de 1990 à 1993), puis en tant que députée élue dans la circonscription de son mari assassiné par le groupe terroriste 17Novembre. Elle a été maire d'Athènes pendant les quatre années de préparation pour les Jeux Olympiques. Enfin, l'actuelle secrétaire d’Etat de l'Emploi Sofia Kalantzakou au-delà de son rayonnement personnel, a l'avantage supplémentaire d'un long héritage politique de son père. Elle est élue à la circonscription de son père, à Méssinie, une région de la Grèce traditionnellement à droite, où les candidatures féminines sont rares. Elle a été la première femme à être élue à cette circonscription. Mme Anna Psarouda-Benaki est la femme de la droite avec le plus de mandats ministériels (5) dont un en tant que ministre de la Justice (1992-1993). Sa présence continue au sein du parti, son élection ininterrompue depuis 1981, sa reconnaissance professionnelle en tant qu’avocat et universitaire, ses 91 mandats nombreux et réussis ont fait d’elle un cas à part dans le paysage politique grec. Elle a été la première femme à être proposée par son parti pour la fonction de Président du Parlement en 1996. Quatrième vice-présidente en 2000, elle est, depuis 2004, la première femme Présidente du Parlement grec. Dans les gouvernements formés par le PASOK, le paramètre de «patrimoine politique», sans être inexistant semble jouer un rôle secondaire par rapport aux autres précités. Il peut contribuer à la promotion d'une femme dans un poste gouvernemental, mais pas au placement d’une femme à un ministère particulier de grande importance, dans la mesure où l’on constate pour les gouvernements de la Nouvelle Démocratie. Les paramètres qui surgissent comme les plus importants sont l’action contre la dictature (pour les premières après 1974), l’action syndicale, l’activité intensive à l’intérieur du parti et, après 1996, une formation en relation avec le poste pour lequel elles sont désignées. Vasso Papandréou, avec cinq mandats ministériels, tous dans des ministères traditionnellement masculins, a joué un rôle de premier plan dans son parti depuis sa création. Membre fondateur et membre du Comité Central en 1974, elle a étudié et enseigné l'économie en Grèce et au Royame-Uni elle a développé une action syndicale intensive dans les syndicats d’étudiants. Le premier gouvernement socialiste lui confie, déjà en 1981, de nombreux postes, aux Conseils d’entreprises et banques d’Etat, puis au Cabinet Exécutif du parti. A part ces postes de ministre suppléante en Industrie, Energie et Technologie et en Commerce, elle détient également d’autres premières, mentionnées cidessus. Elissavet Papazoi a été chef du département des Cyclades avant d’être nommée ministre de la Mer Egée et secrétaire sur les questions de politique étrangère au sein du groupe parlementaire, avant d’être nommée secrétaire d’Etat auprès du ministre des Affaires Etrangères. 92 Pareillement, Anna Diamantopoulou avait déjà fait ses preuves en tant que préfet de Kastoria, un département rural que son parti lui a confié en 198475 et secrétaire générale en matière d’Industrie, avant de détenir le poste de secrétaire d’Etat au prestigieux Ministère du Développement. Milena Apostolaki a aussi travaillé pendant deux ans dans le cabinet juridique du Premier ministre Andreas Papandréou et cinq ans en tant que collaborateur spécial au Ministère du Développement et au Ministère de la Culture, au cours des cinq années 1995-2000, avant de devenir secrétaire d’Etat au Ministère du Développement. Lors de notre entretien, pourtant, elle refuse que ces positions antérieures étaient déterminantes, en disant que «non, c’était seulement une expérience supplémentaire liée à ma profession comme avocat». Rodoula Zissi a été membre du parti depuis sa fondation et membre élu du Comité central très tôt dans l’histoire du parti. Elle a contribué de manière décisive à la création de la Jeunesse du PASOK et influencé la présence du PASOK aux syndicats d’étudiants. Quand elle est sollicitée pour le poste de secrétaire d'État au Ministère de l’Environnement, de l’Aménagement du Territoire et des Travaux Publics, elle est déjà à son deuxième mandat parlementaire et une figure reconnue du Parlement grec (secrétaire du Bureau de Présidence et doyenne de la Chambre des députés). Le cas de Angeliki Laïou ne peut pas être examiné sous les mêmes critères mais il mérite d’être cité parce qu’il est autant exceptionnel: figure universitaire internationale, Présidente du Département d’Histoire à Harvard, puis directrice de son Centre d’Etudes Byzantines pendant dix ans, membre de l’Académie d’Athènes, elle n’a pas de liens étroits avec le parti, dans le sens où elle n’a pas été parmi les membres fondateurs, jamais exercé des fonctions au nom de celui-ci, jamais monté les échelons de la hiérarchie intérieure. Elle est 75 A l’époque, les chefs de département (/Chefs de Nomos/Préfets) étaient désignés par le gouvernement, sans élections. Anna Diamantopoulou, à 25 ans, était la plus jeune femme qui devenait chef de département. 93 élue députée à titre honoraire en 2000 et désignée secrétaire d’Etat au ministère des Affaires Etrangères, poste duquel elle démissionne peu après. Finalement, l’importance du facteur éducation est confirmé pour les femmes du PASOK qui sont arrivées aux ministères masculins : trois des six sont diplômées de facultés de l’Ecole Polytechnique. Les autres femmes qui, à travers ces trente années, ont été nommées aux gouvernements, occupent des postes de ministre ou secrétaire d’Etat surtout à des ministères féminins. Parmi elles, deux femmes docteurs au Ministère de la Santé, quatre avocats, une professeur de lycée (Maria Arseni), fondatrice de l’Union des Femmes de Grèce, au Ministère de la Présidence du Gouvernement, puis à celui de l’Education. Une dernière catégorie, très importante, les femmes provenant du milieu de l’art et du spectacle. De plus en plus présentes au Parlement, elles ont été seulement quatre (trois actrices et une peintre botanique) à occuper des postes au sommet de la hiérarchie gouvernementale, pendant ces trente années, tout en réussissant, lors de leur mandat et leur médiatisation, de ne pas perdre les aspects de leur féminité comme elle est « traditionnellement » perçue. La pionnière et avant-gardiste première ministre Melina Merkouri était connue de ces films et de son action contre la dictature. Pendant ces mandats réussis au Ministère de la Culture, celui-ci était, tout comme elle, souvent dans l’actualité. La première et unique femme dans le gouvernement de 1974, Niki Goulandri, peintre et diplômée en Sciences Politiques à l’étranger, provient d’une grande et riche famille des Cyclades. Elle a dit oui au Premier ministre à l’époque « en dépit de sa volonté », comme elle dit lors d’un entretien, car, après la chute de la dictature, elle avait « gardé l’authenticité et l’aspiration d’un monde meilleur ». Elle a démissionné en déclarant « Je ne supporte plus être dans le milieu politique ». Anna Synodinou, grande actrice du théâtre antique et classique, a pris sa place au prochain gouvernement. 94 Finalement, Eleni Kourkoula, actrice, membre d’organisations socialistes et de gauche depuis qu’elle était jeune, puis membre du PASOK, connue surtout par ses nombreuses apparitions à la télévision, a été nommée secrétaire d’Etat au Ministère de l’Education et des Affaires Religieuses, ce qui a surpris l’opinion publique et elle-même. Comme elle confie à un entretien «la proposition du Premier Ministre pour ce poste est arrivée soudainement». D’ailleurs, lors de notre entretien elle avoue que « mon élection, elle-même, ne m’a pas surpris, mais mon élection aux premiers rangs de ma circonscription a été vraiment une surprise pour moi »76. 76 Eleni Kourkoula, ancienne députée du PASOK, entretien n 4. 95 Chapitre 2. La présence féminine aux postes-clès pour l’idéologie des partis a) Les femmes dans les commissions parlementaires Selon C. Achin, pour savoir si les modes d'exercer la fonction de député varient en fonction du sexe, il faut examiner la répartition des femmes au sein des commissions parlementaires77. Comme elle observe en France, en Grèce aussi, le rôle du chef et de l’état-major de chaque parti est essentiel à ce processus, car ce sont eux qui décident. Les mandats de chaque député, en d’autres termes leur ancienneté, les tâches et les responsabilités engagées au sein du parti, les centres personnels d'intérêt, la profession exercée avant d’être élu, et aussi le capital social constituent les facteurs clés dans la décision, positive ou négative, des partis aux demandes des députés pour la répartition, sur demande, de leurs membres parlementaires dans les commissions. En essayant d’examiner à quel degré ces éléments influencent les choix des partis, nous avons étudié la participation des femmes aux commissions parlementaires. La multitude de données (difficilement accessibles, d’ailleurs) dans le temps serait difficilement exploitable. Après avoir décidé de faire l’état des lieux en deux moments donnés, nous présentons, ci-après, nos conclusions, fondées essentiellement sur la comparaison des données d’une recherche du Centre des Recherches en Matière d’Egalité, en janvier 2003, et des données actuelles de la participation et de la répartition des députées. (v. tableau n° 8, p.101) Les données du tableau reflètent, donc, la situation à deux moments spécifiques, espacés de cinq ans. Deux éléments importants sont (i) le fait que 77 Catherine ACHIN, « Un ‘‘métier d’hommes’’ ? Les représentations du métier de député à l’épreuve de sa féminisation », Revue française de science politique, vol. 55, n° 3, juin 2005, p. 487. 96 ces données changent une fois par an, à cause du renouvellement des membres des commissions et (ii) que la session parlementaire du 2003 correspond au Parlement formé lors des élections de 2000, tandis que les données de décembre 2007, concernent le Parlement formé lors des dernières élections de novembre 2007. Une première remarque doit être portée sur le fait que la moyenne de la participation féminine aux commissions est plus élevée que la représentation féminine au Parlement. Cela signifie que les femmes sont plus actives que les hommes, et prêtes à occuper simultanément plus des postes que les hommes au sein des différentes commissions. C’est également la preuve que les partis, qui interfèrent de manière drastique au placement des femmes aux commissions, si ce n’est pas eux qui en décident, leur confient plusieurs tâches à la fois. La féminisation, alors, des commissions parlementaires est plus grande que la féminisation du Parlement. Mais ceci n’est pas entièrement vrai. Par rapport à leur taux de représentation au Parlement, les femmes sont « relativement surreprésentées » à quelques commissions, et « relativement sous-représentées » à d’autres, de manière à pouvoir parler d’un phénomène systématique. La « surreprésentation relative » des femmes, correspondant à une différence de +3% et plus par rapport au taux de la représentation féminine au Parlement, est observée surtout aux commissions (i) des Affaires Européennes et Communautaires, (ii) de l’Egalité et des Droits de l’Homme et (iii) de la Bibliothèque du Parlement. En revanche, la « sous-représentation relative » des femmes (plus de -3% par rapport au taux de la représentation parlementaire) est observée systématiquement aux Commissions (i) des Affaires Sociales et surtout (ii) des Affaires Economiques. Les pourcentages impressionnants des femmes à la Commission de l’Egalité et des Droits de l’Homme (92,3%, avec un seul homme en 2007 !) et à 97 la Commission de la Bibliothèque, ainsi que leur « rareté » aux commissions économiques (qui va jusqu’à l’absence totale, en 2003, des femmes à la Commission des Comptes de l’Etat) sont la plus grande preuve que les mécanismes des partis, menés par des hommes, continuent à placer les femmes selon leur degré d’adaptation aux modèles masculins, selon l’adoption ou non de comportements masculins. La composition de la Commission de l’Egalité et des Droits de l’Homme, créée en 2000, donne un exemple. La « promotion de mesures pour la participation équilibrée des femmes en politique », figure parmi ces buts. L’analogie des femmes s’accroît dans le temps, faisant d’elle l’organe parlementaire «officiel» pour l’expression des droits des femmes. Constituée, aujourd’hui, presque entièrement par des femmes qui sont à leur premier mandat, elle doit être considérée comme le « passage obligatoire ». Autre « passage obligatoire », la Commission Intérieure de la Bibliothèque du Parlement, composée aussi par des femmes à leur premier mandat. Le manque d’ancienneté constitue, de toute évidence, un obstacle pour l’entrée des femmes aux Commissions qui ne sont pas considérées « féminines ». Cette réflexion sur le critère de l’âge et de l’expérience se renforce à l’examen de la composition des Commissions Permanentes des Affaires Sociales, des Affaires Educatives. La grande majorité des femmes y participant ont été élues en 2004 ou en 2007. C’est pareil pour les quatre nouvelles venues à la Commission de la Recherche et de la Technologie, qui ont fait augmenter le pourcentage de 6% à 20%. Un deuxième critère pour la répartition des députées, par les partis est la profession d’origine. A la Commission de l’Administration Publique, de l’Ordre Public et de la Décentralisation, des sept femmes provenant des grands partis, cinq sont avocats et deux journalistes. Conséquemment, on peut dire que l’image d’une 98 femme issue d’un milieu professionnel dominé par les hommes est une condition favorable pour son placement aux commissions dominées par les hommes. Parmi les femmes qui ont été choisies pour les deux Commissions Economiques, où elles sont toujours très sous-représentées, il y a des économistes, des diplômées de l’Ecole Polytechnique, ainsi qu’une ancienne Secrétaire d’Etat au Ministère de l’Economie et des Finances. La grande augmentation du taux des femmes à la Commission de la Production et du Commerce, fief masculin, est due à l’entrée des femmes expérimentées en politique, comme Tonia Antoniou, la première femme en tête d’une organisation de jeunesse politique en Grèce, ou en commerce, comme Elpida Tsouri, qui a été notamment ex-secrétaire du club nautique de l’île de Chios, patrie de grands commerçants et armateurs. Une observation importante, car elle différencie la situation, doit être faite ici : Contrairement aux deux grands partis, le mode de répartition des élues aux commissions parlementaires diffère entièrement pour le KKE. Le parti communiste applique, au Parlement aussi, à l’instar des procédures internes, la logique de la « répartition de travail » 78 pour toutes les charges et fonctions. Toute présence aux commissions est justifiée, dans la mesure où elle est une compétence confiée par le parti. Conséquemment, la présence à la Commission des Affaires Economiques, de Sofia Kalantidou, députée communiste très active, peut surprendre, parce qu’elle n’a pas fait d’études supérieures et parce qu’elle manque d’autres qualités primordiales pour les choix des autres partis. Cependant, ce choix, comme d’autres, est conforme à l’idéologie générale du parti. Finalement, une mention spéciale doit être faite pour Anna PsaroudaBenaki puisqu’elle participe, par excellence, aux commissions de premier 78 V. infra, Titre B, Ch. 2b. 99 rang79. Sans doute, les facteurs déterminants ont été son activité professionnelle, sa spécialisation en Droit Pénal, où les femmes étaient et sont toujours rares, sa présence de longue date à la scène politique grecque et dans son parti (la ND). D’ailleurs, il n’y a pas plus grande reconnaissance pour son travail de députée et pour sa participation aux commissions, que le fait qu’elle est la première femme à être élue Présidente du Parlement. Par l’analyse de ces éléments, il s’ensuit que les mécanismes des partis continuent de faire des discriminations, à l’intérieur du Parlement, envers les femmes. Les postes où elles sont placées démontre les préjugés qui persistent quant aux « vertus féminines », et les milieux où ces préjugés commencent à être dépassés. Pourtant, le sexe de la majorité des commissions parlementaires est masculin. Et la conquête, par des femmes, d’une place dans les commissions permanentes de premier rang, demande leur déféminisation préalable. 79 En 2007, membre de la Commission de Statuts du Parlement et aussi, de celle des Institutions et de la Transparence. 100 Tableau 8 : Les femmes dans les commissions parlementaires (en janvier 2003 et décembre 2007). Janvier 2003 (Parlement de 2000) Commission Adm.Publique, Ordre Public, Justice Défense Nat. et Affaires Etrangères Affaires Sociales Affaires Educatives Affaires Economiques Production et Commerce Recherche et Technologie Grecs de la Diaspora Comptes de l’Etat Affaires européennes & comm/res Institutions et Transparence Egalité et Droits de l’Homme Entreprises publiques, Banques, Service Public [Bibliothèque] Membres Dont femmes Décembre 2007 (Parlement d’oct. 2007) Pourcentage membres femmes Dont femmes Pourcentage femmes 50 4 8% 50 8 16% 50 7 14% 49 7 14,2% 50 3 6% 49 5 10,2% 46 4 9% 55 12 21,8% 50 2 4% 49 5 10,2% 49 3 6% 49 7 14,3% 16 1 6% 25 5 20% 29 2 7% 30 3 10% 13 - 0% 13 2 15,3% 31 7 23% 31 6 19,3% 13 3 23% 13 2 15,3% 12 7 58% 13 12 92,3% 15 1 7% 15 2 13,3% 7 2 29% 7 3 42,8% 10% 10 1 10% [Statuts du 10 1 Parlement] Participation >>> >>> >>> moyenne Représentation Femmes au Parlement parlementaire Après élections 2000 >> 14% 10,3% >>> >>> >>> Femmes au Parlement Après élections 2007 >> 21,7% 15,7% Note : A l’exception des commissions des affaires intérieures du Parlement [Bibliothèque], [Statuts] qui sont désignées pour la période parlementaire entière (entre deux élections), les membres des commissions parlementaires sont désignés tous les ans, au début de chaque session parlementaire annuelle. 101 b) Les femmes chefs de partis : les deux cas grecs. Le fait que, pendant la période que nous examinons, deux femmes sont arrivées en position de chef de parti, Mme Maria Damanaki et Mme Aleka Papariga, pourrait être considéré comme la preuve de la féminisation du métier politique. Pourtant, pour accepter ou rejeter cette approche du phénomène, nous devons garder à l'esprit les faits et examiner leur ascension dans le paysage politique grec, ainsi que la manière dont elle a été perçu par elles-mêmes et leurs partis respectifs. Les deux sont devenues chefs de parti, au début des années 1990. Concernant leur origine et appartenance sociale, il doit être noté, qu’aucune des deux ne provenait d’un foyer politique familial. Cependant, leur action contre la dictature a marqué leur profonde « masculinisation », dans le sens qu’elles ont lutté autant que les hommes, ou qu’elles ont été emprisonnées et torturées comme eux. Celle-ci a été un élément qui a contribué de manière décisive à leur carrière politique, tant au sein de leurs partis qu’au Parlement. Pour Maria Damanaki, son rôle de premier plan, traditionnellement masculin, pendant le soulèvement de l’Ecole Polytechnique d’Athènes a été déjà mentionné80. On devrait non plus oublier qu’elle a été diplômée d’une Ecole universitaire des plus « masculines » à l’époque. Aleka Papariga, venant de parents politiquement persécutés pendant la Résistance Nationale, a joint, encore adolescente, la « Jeunesse Lambraki »81 et ensuite le KKE. Elle a participé activement à la lutte contre la dictature, a été arrêtée et détenue à EAT-ESA82. Après un parcours de tous les organes du parti, elle a été élue lors du 13e Congrès, en Février 1991, au poste de Secrétaire 80 V. supra, l’analyse pour les femmes députées militantes: Titre A, Ch. 1b. V. supra, Titre A, Ch. 1b. 82 EAT-ESA : Section Spéciale d’Interrogation de la Police Militaire Grecque. 81 102 Générale du Comité central. Elle a été la première femme à devenir chef de parti en Grèce, et à détenir ce poste aussi longtemps, car elle l’est jusqu'à aujourd'hui. Une particularité importante est qu’elle a été élue chef du parti avant même d’être élue députée. Tout au long de sa vie politique, elle a joué un rôle actif dans le mouvement des femmes, au niveau national et international et elle a eu une forte participation aux organisations de femmes. Point de départ commun des deux est le KKE. Elles co-existent au sein de celui-ci, l’une élue pour la première fois comme députée, et l’autre en tant que membre du Cabinet Politique. En 1989, les deux partis communistes grecs avec d’autres partis de la gauche, forment le Synaspismos/SYN (Coalition de la gauche et du progrès). Au départ, le SYN est présidé, en tant que coalition de partis, par le chef du KKE, Charilaos Florakis, une des plus grandes figures de la gauche grecque. En 1991, le KKE vise l'indépendance, Charilaos Florakis en tant que chef du KKE (maintenant indépendant), renonce à sa position de Secrétaire général et propose à l’élection Aleka Papariga, élue comme on l’a vu. Quelques mois plus tard, Maria Damanaki quitte le KKE et prend la place de Charilaos Florakis en tête du SYN qui se proclame parti unitaire, tout en gardant son nom et sa structure intérieure de « coalition ». Ces processus ne sont pas sans importance : Maria Damanaki et Aleka Papariga sont les deux femmes qui succèdent à l’homme politique qui a le plus marqué la gauche grecque parlementaire. N’est-il pas, ce fait, une preuve de leur « masculinisation » ? Il devient clair, alors, que, à la lumière de ces données historiques, il est plus pertinent de ne pas parler de « féminisation du Parlement », mais de « déféminisation » des femmes députées, et même de masculinisation, afin d’exister et ensuite d’occuper des postes plus élevés au sein des partis, car ces organes intérieures sont, le plus souvent, l’antichambre d'une carrière parlementaire. 103 Ce constat ne vise pas à réduire leurs valeurs et compétences personnelles, mais de déterminer si et dans quel degré, les femmes qui ont voulu la promotion dans la vie politique ont dû s'adapter à une réalité masculine et adopter des comportements masculins. Maria Damanaki, témoigne dans son livre de la situation qui régnait à l’époque, au sein des mécanismes du parti communiste : « Ce qui était le plus intéressant, c’était l’influence et l’exigence systématique, méthodique, et durable envers ces femmes: Elles devraient adopter le code de conduite des hommes. (...) Il devenait très vite évident aux femmes que si elles voulaient participer au jeu d’une façon ou d’une autre, elles devaient se conformer à ses règles, accepter alors les données de la politique qui a un sexe, le sexe masculin ». 83 Après avoir quitté le KKE, pour devenir Présidente du SYN, en 1991, Maria Damanaki revoit son point de vue (qui était le point de vue de son parti communiste) sur les questions relatives aux femmes, en considérant que, la femme refusant à la diversité par rapport aux hommes, est arrivée à être une fois de plus victime de l’emprise masculine. Elle estime que la gauche innovante, le SYN, «permettait le développement d'une réflexion riche, qui enrichissait l’analyse marxiste classique, avec de nouveaux concepts tels que la diversité sexuelle, qui permettait une rencontre avec les approches et les revendications féministes »84. Nous devrions ici noter que le SYN, « gauche innovante », rassemblait essentiellement les mouvements de gauche pro-européens. La réflexion paritaire est vite arrivée dans le bloc idéologique du parti, on dirait même que le SYN était le premier parti politique à être influencé de celle-ci et à l’appliquer. En 1993, après la défaite électorale de SYN, à savoir le non-dépassement du seuil d’entrée au Parlement (3%), elle démissionne de son poste de Présidente et c’est un homme qui lui succède. Elle a été élue députée deux fois 83 84 Maria DAMANAKI, Le visage féminin du pouvoir, Athènes, Kastanioti, 1995, p. 54 Le visage féminin du pouvoir, op. cit., p.66. 104 avec le SYN, lors des élections de 1996 et de 2000. En 2003, elle démissionne du SYN, en accusant son parti de faire un « virage communiste », elle se rapproche davantage vers le centre pour être élue députée du PASOK en 2004. En même temps, le « virage » du SYN en 2004 amène le parti de l’ex-présidente à une nouvelle coalition avec des mouvements de gauche, le SYRIZA : Le logo adopté pour ce nouveau parti/coalition est constitué de trois drapeaux colorés : l’un rouge, symbole de la gauche, le deuxième vert, pour l’écologie, le troisième mauve, pour l’opposition aux discriminations sexuelles. Le KKE, dont Aleka Papariga demeure la Secrétaire Générale, jusqu’aujourd’hui, affronte la question féminine différemment, comme un problème social. Aleka Papariga elle-même dans un de ses livres, publié quelques années après la chute de la junte, alors avant son élection, reprend essentiellement les positions idéologiques centrales de son parti dont le principe de base est la lutte contre le système capitaliste des rapports de production. Ainsi, elle soutient que « la question féminine est examinée en tant que problème étroitement lié au système capitaliste, qui se rapporte en fin de compte aux rapports capitalistes de production, mais aussi la superstructure des idées, des institutions.»85 Cette approche s’oppose à toutes les perceptions individuelles et anthropologiques du problème par les « autres partis bourgeois », pour lesquels le problème est juste un problème de «culture» et de «préjugés». Ces positions restent inchangées au fil du temps, comme en témoigne le fait que le KKE est le seul parti qui a voté clairement contre l'application des quotas et le dernier amendement constitutionnel de l'article 116, alinéa 2 Emilia Agkavanaki, membre du Comité central du KKE et de la Commission responsable pour les droits équivalents des femmes, lors d’un débat de représentants de tous les partis sur la question rend la position suivante : «Le KKE estime que l'égalité et la parité des femmes dans un système social inégal ne peuvent pas être atteintes » et elle continue en soulignant que « les quotas sont une 85 Aleka PAPARIGA, Pour la délibération de la femme, Athènes, Synchroni Epohi, 1986, p.12 105 mesure administrative, disons positive, qui incite, qui aide les femmes à entrer en compétition, mais ils ne sont pas efficaces pour la grande majorité »86. Aujourd’hui, les femmes députées du KKE, comme Vera Nikolaïdou, gardent la même position. A la question si la fonction de députée était un but personnel pour elle, elle répond: «J’appartiens à un parti pour lequel, ce que vous appelez fonction, soit-il parlementaire ou autre fonction publique, (...) n'est pas personnel. Nous avons une répartition de travail, pour les autres partis bourgeois, ça peut paraître étrange, ils n’y croient pas, mais pour nous, ce n’est juste pas valable. En ce moment, si les besoins du parti sont telles et on me dit de quitter ce domaine et de prendre en charge un autre, il est sûr que je vais le faire, comme je l'ai fait dans le passé»87. En répondant à une question sur les difficultés qu’elle a rencontrées aux élections pour les collectivités locales, elle affirme : « Nous, non seulement nous ne sommes pas d'accord avec les réformes, mais nous luttons pour leur renversement, et c’est pour cela que nous voyons pas notre rôle en tant que femmes députées du KKE comme étant différent de celui de nos camarades hommes députés. (...) Les problèmes sont généraux, politiques, sociaux, nous n’ignorons pas qu'il y a des problèmes féminins particuliers, mais [ceux-ci] sont en relation avec les problèmes quotidiens rencontrés par les travailleurs et notre peuple. Ces problèmes n'ont pas de sexe, ils sont des problèmes de classe et résultent du système que nous vivons, le système capitaliste»88. Après avoir vu ces deux cas de figure, la question est de savoir si ces femmes, du haut des rangs de la hiérarchie de leurs partis, en agissant chacune pour son propre milieu idéologique et politique ont essayé de modifier la représentation quantitative des femmes au Parlement. Si elles, qui ont réussi à briser les barrières de la souveraineté masculine, ont voulu promouvoir plus de 86 Documents officiels, débats et prises de positions des représentants de chaque parti sur la cause d’application des quotas dans les bulletins de vote aux élections législatives, in : Le combat de la femme, vol. 83, juillet-décembre 2007, p. 10. 87 Vera Nikolaïdou, députée du KKE, entretien n 9 88 Ibid. 106 femmes au pouvoir politique. Bien sûr, si l'on prend en compte la représentation féminine du KKE au Parlement grec en 2007, on devrait certainement répondre de façon positive. Cependant, il est plus utile de savoir non seulement le nombre des élues, mais l’analogie entre candidates et élues : nous constatons que ce rapport ne varie pas de manière significative aux élections de 1993 (année où elles étaient, toutes les deux chefs de partis), par rapport aux élections précédentes et ultérieures. 107 Conclusion Il serait probablement exagéré et faux de prétendre que l’élection limitée des femmes est le plus grand problème auquel est confronté le Parlement grec. Pourtant, avec un taux de représentation féminine à 15,4% après les dernières élections de septembre 2007, la Grèce se trouve à la 78e position du classement mondial et la situation ne s’affiche pas très encourageante. Les mesures paritaires très débattues de la loi 3636/2008, seront appliquées pour la première fois aux prochaines élections, normalement prévues pour 2011. Cela portera le nombre des candidatures féminines au tiers du nombre total des candidatures, ce qui sera synonyme d’une augmentation considérable des taux (de 50 à 120%, selon le parti). La loi n’ayant pas intégré la conception des organisations féminines sur la parité, la mesure du 1/3 sera appliqué en prenant en compte l’ensemble du territoire. Pour les organisations féminines et une partie des statisticiens, une fois de plus, le « trucage » mathématique du calcul sur l’ensemble du territoire, porte atteinte à la logique du miroir. Ils prévoient, alors, une multiplication des candidatures aux grandes circonscriptions (où il y a des places ‘libres’ aux bulletins de vote) et des taux presque stagnants aux petites circonscriptions. Ces mêmes mesures paritaires, autant débattues au Parlement, n’ont pas tellement trouvé leur place dans l’actualité et les médias. C’est peut-être un signe de manque d’intérêt qui résume bien la mentalité de l’opinion publique. La Grèce intègre les changements à son rythme. Il n’est pas sans importance que l’entrée des femmes au Parlement et l’élévation du taux à ce niveau ont été acquis sans mesures paritaires. Les femmes de la scène politique grecque, très actives, comme on l’a vu, occupent souvent de postes très importants au cabinet de la présidence du Parlement, aux gouvernements et dans les partis. 108 Leur valeur, leur charisme et leurs combats politiques sont reconnus, malgré la difficulté initiale de gagner la confiance du corps électoral. La quantité et la qualité de la représentation féminine en Grèce augmente et évolue pour le meilleur ; cela doit maintenant être assez évident après la lecture de ces lignes. Néanmoins, les taux sont encore bas. Et l’ancrage des femmes sur la scène politique passe presque exclusivement par le délaissement de la mentalité et de l’attitude féminine ; c’est une remarque reprise plusieurs fois lors de nos entretiens. Au paysage politique grec, le code féminin « ne passe pas », la diplomatie féminine réussit rarement, souvent seulement dans la Commission parlementaire des Droits de l’Homme. Sinon, les femmes élues en Grèce, aussi nombreuses qu’elles soient, revêtent l’habillage politique masculin qui semble avoir de longues années de dominance devant lui, affirmant la « masculinité indépassable » du régime. 109 LISTE DES ENTRETIENS RÉALISÉS DU 27.6.08 AU 19.07.08 - n 1, le 27 juin 2008 avec TSOUDEROU Virginia, ancienne députée de la ND - n 2, le 2 juillet 2008 avec XIROTYRI Assimina, ancienne députée de SYN - n 3, le 3 juillet 2008 avec PAPAKOSTA Aikaterini, députée de la ND - n 4, le 3 juillet 2008 avec KOURKOULA Eleni, ancienne députée du PASOK - n 5, le 4 juillet 2008 avec APOSTOLAKI Milena, députée du PASOK - n 6, le 4 juillet 2008 avec VOULTEPSI Sofia, ancienne députée de la ND - n 7, le 4 juillet 2008 avec FILINI Anna, députée de SYRIZA - n 8, le 8 juillet 2008 avec KALANTZAKOU Sofia, députée de la ND - n° 9, le 9 juillet 2008 avec NIKOLA DOU Vera, députée du KKE - n° 10, le 10 juillet 2008 avec RAPTI Sylvana, députée du PASOK - n 11, le 10 juillet 2008 avec KOLLIA-TSAROUCHA Maria, députée de la ND - n 12, le 17 juillet 2008 avec KALANTIDOU Sofia, députée du KKE - n 13, le 19 juillet 2008 avec PAPANDREOU Vasso, députée du PASOK BIBLIOGRAPHIE Ouvrages en français ACHIN Catherine et alii, Sexes, genre et politique, Paris, Economica, 2007. ACHIN Catherine, LEVEQUE Sandrine, Femmes en politique, Paris, collection Repères, La Découverte, 2006. ADLER Laure, Les femmes politiques, Paris, collection Points, Seuil, 2007. AGACINSKI Sylviane, Engagements, Paris, Seuil, 2007. BEAUVOIR, Simone de, Le deuxième sexe, Paris, coll. Folio essais, Gallimard, 1976. DEKEUWER-DEFOSSEZ Françoise, L’égalité des sexes, Paris, Dalloz, 1998. DULONG Délphine, MATONTI Frédérique, « L’indépassable ‘‘féminité’’, la mise en récit des femmes en campagne », in Jacques LAGROYE, Patrick LEHINGUE, Frédéric SAWICKI dir., Mobilisations électorales. Le cas des élections municipales de 2001, Paris PUF, CURAPP, CERAPS, 2005, p. 281-303. FERRAND Michèle, Féminin Masculin, Paris, collection Repères, La Découverte, 2004. LATOUR Patricia, HOUSSIN Monique, TOVAR Madia, Femmes et citoyennes: du droit de vote à l’exercice du pouvoir, Paris, Le Temps des Cerises, Editions de l’Atelier, 1995. PIONCHON Sylvie, DERVILLE Grégory, Les femmes et la politique, Grenoble, Presses Universitaires de Grenoble, 2004. SARTRE Jean-Paul, dir., Les Temps Modernes, volume/dossier 276bis « Aujourd’hui la Grèce… », Paris, Editions Dénoel, 1969. SCOTT Joan W, La citoyenne paradoxale, Les féministes françaises et les droits de l’homme, Paris, Albin Michel, 1998. SINEAU Mariette, Des femmes en politique, Economica, La vie politique, 1988. SINEAU Mariette, « Quel pouvoir politique pour les femmes ? Etat des lieux et comparaisons européennes », in Françoise GASPARD, dir., Les femmes dans la prise de décision en France et en Europe, coll. Bibliothèque du féminisme, Paris, L’Harmattan, 1997. SINEAU Mariette, Profession : femme politique–sexe et pouvoir sous la Ve République, Paris, Presses de Sciences Politiques, 2001. TREMBLAY Manon, PELLETIER Réjean, Que font-elles en politique ? , Presses de l’Université Laval, 1995. VAYSSADE Marie-Claude, in Françoise GASPARD, dir., Les femmes dans la prise de décision en France et en Europe, coll. Bibliothèque du féminisme, Paris, L’Harmattan, 1997. Articles en français ACHIN Catherine, « Un ‘‘métier d’hommes’’ ? Les représentations du métier de député à l’épreuve de sa féminisation », Revue française de science politique, vol. 55, n° 3, juin 2005, p. 477-499. BAUDINO Claudie, « La cause des femmes à l’épreuve de son institutionnalisation », Politix, vol. 13, n° 51, 2000, p. 81-112. BERENI Laure, LEPINARD Eléonore, « ‘‘Les femmes ne sont pas une catégorie’’. Les stratégies de légitimation de la parité en France », Revue française de science politique, vol. 54, n° 1, 2004, p. 71-98. DEMALDENT Jean-Marie, « Sur le développement politique en Grèce », Politix, Vol. 2, n°5, 1989, p. 77-86. DOLEZ Bernard, LAURENT Annie, « Une primaire à la française. La désignation de Ségolène Royal par le parti socialiste », Revue française de science politique vol. 57 n° 2, avril 2007, pp. 133-161. LAGRAVE Rose-Marie, « Une étrange défaite. La loi constitutionnelle sur la parité », Politix, vol. 13, n° 51, 2000, p. 113-141. LEVEQUE Sandrine, « La féminité ‘‘dépassée’’ ? Usages et non-usages du genre dans les professions de foi des candidat(e)s parisien(ne)s aux élections législatives de 2002 », Revue française de science politique, vol.55, n° 3, juin 2005, p. 501-520. MOSSUZ-LAVAU Janine, « La percée des femmes aux élections législatives 1997 », Revue française de science politique, vol. 47, n° 3, 1997, p. 454-461. PAPADOPOULOS Yannis, « De l’opposition au gouvernement: l’évolution idéologique du PASOK », Revue française de science politique, vol. 40, n° 1, 1990, p. 98-124. SINEAU Mariette, TIBERJ Vincent, « Candidats et députés français en 2002. Une approche sociale de la représentation », Revue française de science politique, vol. 57, n° 2 avril 2007, p.163-185. Ouvrages en grec BRYSON Valérie, Théorie politique féministe, Athènes, Metehmio, coll. Sciences, 2005. CLOSE David, Grèce 1945-2004. Politique, société, économie, trad. en grec par MERTIKAS Giorgos, Thessalonique, Thyrathen, 2005. DAMANAKI Maria, Le visage féminin du pouvoir, Athènes, Kastanioti, 1995. DRETTAKIS Manolis, Elections Législatives 1974, 1977, 1981. Une analyse comparative, Athènes, (éditeur indépendant), 1982. DRETTAKIS Manolis, Elections Législatives 1985 et élections européennes 1984 en comparaison avec les élections 1981, Athènes, Synchroni Epohi, 1986. DRETTAKIS Manolis, Elections Législatives 2007, Athènes, (éditeur indépendant), 2007. GEORGARAKIS Nikos, « Partis et démocratie partisane. Conditions d’intégration et de légalisation en Grèce après la dictature des colonels », in DEMERTZIS Nikos, dir., La culture politique grecque aujourd’hui, Athènes, Odysséas, 2000. KAKLAMANAKI Roula, La femme hier et aujourd’hui, Athènes, Kedros, 2007. KALTSOGIA-TOURNAVITI Niki, Sous-représentation des femmes et démocratie. La constitutionnalité des mesures positives pour le renforcement du rôle des femmes dans la vie publique, Athènes-Komotini, Ant. N. Sakkoulas, 1997. MANITAKIS Antonis, Les relations entre l’église et l’Etat-nation, A l’ombre des cartes d’identité, Athènes, Nephéli, 2000. MOSCHONAS Gerassimos, « La section divisionnaire entre la droite et la contredroite après la dictature des colonnels (1974-1990)», in DEMERTZIS Nikos, dir., La culture politique grecque aujourd’hui, Athènes, Odysseas, 2000 NIKOLAKOPOULOS Ilias, La démocratie cachectique. Partis et élections 1946-1967, Athènes, Pataki, 2001. PANTELIDOU-MALOUTA Maro, Femmes et politique. La physionomie politique des grecques, Athènes, Gutenberg, 1992. PANTELIDOU-MALOUTA Maro, Le genre de la démocratie, Athènes, Savalas, 2002. PANTELIDOU-MALOUTA Maro, Un demi-siècle de vote féminin, Un demi-siècle des femmes au parlement, Athènes, Fondation du Parlement des Grecs pour le Parlementarisme et la Démocratie, 2006. PANTELIDOU-MALOUTA Maro, « La culture politique grecque, le genre de la gauche et de la droite », in LYRINTZIS Christos et NIKOLAKOPOULOS Ilias, dir., Elections et partis à la décennie de ’80, Athènes, Thémélio, 1990. PAPARIGA Aleka, Pour la libération de la femme, Athènes, Synchroni Epohi, 1986. SEVASTAKIS Nikolas, Un pays ordinaire : Aspects du milieu public et antinomies à la Grèce de nos jours, Athènes, Savalas, 2004. STERGIANOPOULOS Ath., Thessalonique, Phaéton, 1981. Les élections depuis 1946 jusqu’aujourd’hui, TSOUDEROU Virginia, Les femmes en politique, Athènes, 1981. TSOUDEROU Virginia, Quand les murs s’effondrent. Lettres pour l’égalité et la démocratie, Athènes, Pataki, 2006. VARIKA Eleni, La Révolte des Dames. Génèse d’une conscience féministe dans la Grèce du XIXe siècle (1833-1907), Athènes, Katarti, 1996. VENIZELOS Evangelos, Les relations entre l’Etat et l’Eglise, Athènes, Paratiritis, 2000. VOULGARIS Yannis, La Grèce après le retour de la démocratie (1974-1990). Démocratie stable marquée de l’histoire de l’après-guerre, Athènes, Thémélio, 2002. Articles en grec BALLI Gianna, TZIOVARAS Grigoris, « 69 femmes au cours de 45 ans » Parlement grec et Parlement européen, vol. 4, mars 1998, p. 10-15. GIOTOPOULOU-MARAGOPOULOU Aliki, « Egalité même à la politique », Le combat de la femme, vol.41, janvier-juin 1989, p. 21 et 25. GIOTOPOULOU-MARAGOPOULOU Aliki, « Femmes et politique. Comment le contenu de la politique changera-t-il ? », Le combat de la femme, vol. 43, janvier-juin 1990, p. 1-2. KAKEPAKI Manina, « Transformation dans la culture politique grecque, 1988-2005. De la génération de l’intérêt politique à la génération de l’indifférence politique », Revue Hellénique de Science Politique, vol. 28, 2006, p. 111-128. KALTSOGIA-TOURNAVITI Niki, « La place de la femme dans les société occidentales contemporaines », Le combat de la femme, vol. 44, juillet-decembre 1991, p. 26-37. KYPRIANOS Pandelis, « Formation et fonctionnement du champ partisan en Grèce 1974-1989, Revue Hellénique de Science Politique, vol. 9, 1997, p. 102-137. LAMPSA Rena, « Idéologies politiques et féminisme », Le combat de la femme, vol.41, janvier-juin 1989, p. 14-16. MAGANARA Ioanna, « Participation des femmes en politique, priorité fondamentale des Organismes Internationaux », Le combat de la femme, vol.41, janvier-juin 1989, p. 17-20. MAGANARA Ioanna, « Politique et famille », Le combat de la femme, vol. 38, avriljuin 1988, p. 27-32. MAGANARA Ioanna, « Représentation des femmes dans les Assemblées Nationales au niveau mondial (1975-1988). Mesures institutionnelles pour l’augmentation de leur participation », Le combat de la femme, vol. 39, juillet-septembre 1988, p. 3-6. METAXAS A-I. D. « Cartographie du Parlement », Revue Hellénique de Science Politique, vol. 1, 1981, p. 10-56. PANTELIDOU-MALOUTA Maro, « Mouvement féministe, théorie féministe et qualité du citoyen », Revue Hellénique de Science Politique, vol. 8, 1996, p. 154-179. PAPADOPOULOU Lina, « Participation féminine et démocratie », Revue Hellénique des droits de l’homme, vol. 32, 2006, p. 1245-1298. PAPANDREOU Vasso (entretien avec Gianna BALLI), Parlement grec et Parlement européen, vol. 4, mars 1998, p. 20-23. PERDIKARIS Evripidis, « Composition Sociologique du Parlement », Revue Hellénique de Science Politique, vol. 1, 1981, p. 57-79. PETRINIOTI Xanthi, « Femmes et politique. Quelle politique ? », Le combat de la femme, vol. 42, juillet-décembre 1989, p. 1-2. PSARA Aggelika, « KKE et la cause des femmes (1920-1950) », Le combat de la femme, vol.41, janvier-juin 1989, p.11-28. PSAROUDA-BENAKI Anna (entretien avec Natassa THOMA), Parlement grec et Parlement européen, vol. 4, mars 1998, p. 23-24. REPOUSSI Maria, « Le deuxième sexe à la gauche. Documents et mémoires de l’intervention féministe à l’organisation de Rigas Feraios 1974-1978 », Revue Hellénique de Science Politique, vol. 8, 1996, p. 121-153. REPOUSSI Maria, « Sujet des droits. Le sexe de la politique. Les exclusions de la démocratie », revue Synchrona Themata, vol. 57, p. 28-31. VARIKA Eleni, « Refondation ou réparation de la Démocratie ? La cause de la parité des sexes », revue Synchrona Themata, vol. 57, p. 42-58. XENAKIS Sotiris, THOMA Natassa, « 100 hommes font la critique de 20 femmes », Parlement grec et Parlement européen, vol. 4, mars 1998, p. 16-17. Divers Actes du Congrès européen « Droits sociaux : levier pour l’égalité. Propositions pour la Constitution Européenne » organisé par l’Association pour les droits des femmes dans le cadre de la présidence grecque, in : Le combat de la femme, vol. 75, juilletdécembre 2003, p. 18-51. Documents officiels, débats et prises de positions des représentants de chaque parti sur la cause d’application des quotas dans les bulletins de vote aux élections législatives, in : Le combat de la femme, vol. 83, juillet-décembre 2007, p.3-17. Extraits des Plaidoiries des députés pour l’attribution de droit de vote aux femmes grecques, dans la décennie de ’20, in : Le combat de la femme, vol.47-48, avrildécembre 1991, p.32-35. L’exclusion des femmes grecques par les derniers gouvernements, (documents officiels envoyés par la Commission de Coordination des Organisations des femmes et par les Départements des femmes de chaque parti aux responsables du gouvernement) in : Le combat de la femme, vol. 42, juillet-décembre 1989, p.31-32. Réponses des partis politiques aux questions adressées à leurs chefs par l’Association pour les droits des Femmes, avant les élections de 2004, afin de publier les positions des partis relativement aux sujets qui touchent les femmes, in : Le combat de la femme, vol. 76, janvier-juin 2004, p. 3-17. -----------------------------------------------------------Centre de Recherches en matière d’Egalité, La participation des femmes aux centres de prise de décisions politiques en Grèce, Athènes, 2006. Centre de Recherches en matière d’Egalité, Actes du Congrès Européen de 3-4 février 2005: De la théorie à l’action. Pour la collaboration égalitaire entre femmes et hommes dans la politique, Athènes, 2005. Constitution de la Grèce 1975/1986/2001, Athènes-Thessalonique, Sakkoulas, 2001. Lexique des Termes Juridiques, Paris, Dalloz, 2001. Le Monde 2, 28 avril 2007, dossier Les archives, « 1967-1974 La Grèce sous la botte des colonels », p. 53-61. Revue Sciences Humaines, dossier « Femmes. Combats et débats », hors-série spécial n° 4, novembre-décembre 2005. Secrétariat Général de l’Egalité, Les femmes au parlement grec 1952-2000, Edition honoraire, Athènes, 2000. Editions « To Pontiki », Les élections du 18 juin 1989, Athènes, 1989. Editions « To Pontiki », Les élections du 5 novembre 1989, Athènes, 1990. Editions « To Pontiki », Les élections du 8 avril 1990, Athènes, 1990. Editions « To Pontiki », Les élections du 10 octobre 1993, Athènes, 1994. Sites Internet www.rizospastis.gr www.tovima.gr www.isotita.gr www.kathimerini.gr www.parliament.gr www.kethi.gr www.femnetsalonica.gr www.ypes.gr www.ipu.org www.un.org europa.eu