L`élection limitée des femmes au parlement grec en tant que

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Université Paris-1 Panthéon - Sorbonne
UFR 11 - Département de Science Politique
L’ELECTION LIMITEE DES FEMMES
AU PARLEMENT GREC
EN TANT QUE PROBLEME POLITIQUE (1974-2007)
Mémoire présenté en vue de la validation du
Master de Sociologie et Institutions du Politique
Katerina NIKOPOULOU
Sous la direction de Madame la Professeur Frédérique MATONTI
Septembre 2008
- AVERTISSEMENT -
Les opinions exprimées dans ce mémoire sont strictement personnelles et n’engagent ni
l’Université Paris-1 ni le Centre de Recherche Politique de la Sorbonne
L’élection limitée des femmes au Parlement grec
en tant que problème politique (1974-2007)
Introduction
Première Partie - La présence quantitative des femmes
aux mécanismes électoraux et à la Chambre des Députés grecque
Titre A - La naissance et l’intégration progressive d’un corps
électoral féminin et l’accession des femmes à la députation
Chapitre 1 - La marche laborieuse des femmes dans les
institutions politiques
a)Les premiers pas du « beau sexe » vers la politique : du néant à l’être
b) Une démocratie dite cachectique, sans femmes.
c) ‘‘Metapolitefsi’’ avec les femmes
Chapitre 2 - Les changements durables et difficiles
dans les institutions sociales.
a) La femme au foyer électrice (1952-1982).
b) La femme électrice égale à l’homme (1982-aujourd’hui).
Titre B - Relations quantitatives entre hommes et femmes candidats
et élus aux élections législatives (1974-2007)
Chapitre 1 - Relations entre les quantités essentielles d’un suffrage
toujours à mi-féminin: honneur à la masculinité.
a) La division du territoire et les sièges parlementaires
34
b) La non division du territoire et la députation à titre honoraire
Chapitre 2 - Relations quantitatives des candidatures féminines
avec les candidatures masculines et avec le résultat électoral
a) La députation aux circonscriptions électorales
b) La masculinité indépassable du résultat électoral
1
10
11
12
12
18
23
26
26
29
32
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38
46
46
57
Deuxième Partie - La qualité de la représentation féminine à la
Chambre des Députés grecque
60
Titre A - La femme dans les mécanismes de recrutement politique
permettant son accession au mandat parlementaire
61
Chapitre 1 - Les facteurs spécifiques à la société et l’histoire grecques
facilitant l’accès des femmes au mandat parlementaire.
62
a) La députée héritière d’un nom politique.
62
b) La députée ancienne militante : camarade de prison, d’exil,
de combats contre la dictature
67
Chapitre 2 - La présence féminine dans les filières masculines
facilitant l’accès des femmes au mandat parlementaire.
75
a) L’appartenance à des catégories socio-professionnelles spécifiques
en tant que facteur déterminant pour la marche des femmes en politique. 75
b) Du parti au peuple et du peuple au parti
80
Titre B - Aspects de féminisation et de déféminisation du métier
politique : la présence et les rôles attribués aux femmes
Chapitre 1 - La présence féminine dans le gouvernement
a) La femme ministre et secrétaire d’Etat
85
b) La féminisation graduelle des ministères : des critères différents
pour chaque parti au pouvoir
Chapitre 2 - La présence féminine aux postes-clès pour l’idéologie
des partis
a) Les femmes dans les commissions parlementaires
b) Les femmes chefs de partis : les deux cas grecs.
96
96
102
Conclusion
108
84
85
88
Liste des entretiens
Bibliographie
Les tableaux contenus dans ce mémoire de Master 2 Recherche sont le fruit d’un travail
personnel et la propriété intellectuelle de l’auteur. Merci de citer la source en cas d’utilisation.
Introduction
La présente étude a pour but d’examiner l’élection limitée des femmes
au Parlement grec, en tant que phénomène politique, depuis la chute de la
dictature des colonels (en 1974) jusqu’aujourd’hui.
[Termes du sujet et notions de base]
Les mots « élection limitée » sont ici utilisés pour définir une donnée
numérique. La suprématie numérique incontestable des hommes à l’Assemblée
Nationale, qui accompagne la présence minoritaire des femmes dans les
Assemblées Nationales constitue un phénomène national (grec) et universel 1 à
plusieurs aspects. Leur présence est qualifiée de minoritaire et alors limitée dans
la mesure où elle ne reflète pas la réalité statistique de leur présence dans la
société.
Il est utile de rappeler, ici, que la Grèce est dotée d’un système
monocaméral. Le Parlement est constitué d’une Chambre de députés, élus par
le peuple, lors d’un suffrage direct, universel, secret, obligatoire et simultané.
La reconnaissance conventionnellement 2 retardée des droits électoraux
intégraux aux femmes, représente, comme événement historique une cause
parmi d’autres plus ou moins importantes de la prédominance masculine à la
députation.
La compréhension du phénomène en tant que problème politique exige
la dissociation préalable des deux notions qui le constituent, d’une part celle de
la réalité politique et d’autre part celle de la cause politique.
1
http:// www.ipu.org/wmn-e/classif.htm
V. Catherine ACHIN, Sandrine LEVEQUE, Les femmes en politique, Paris, Repères, La Découverte,
2006, p.9:on observe qu’il y a des pays où les femmes n’ont pas obtenu le droit de vote au même
moment que le droit d’être élue.
2
1
La présence féminine minoritaire aux Parlements du monde entier forme
une réalité politique qui se reflète bien aux données du classement universel
concernant les pourcentages de la représentation des femmes aux diverses
Assemblées Nationales. 3 Une multitude de questions concernant l’approche
quantitative globale du phénomène surgissent de ce classement.
Comment et pourquoi des pays soit sous-développés soit en
développement, se trouvent-t-ils à des rangs plus élevés par rapport aux pays
occidentaux, développés et avec une longue tradition républicaine ? Comment
la masculinité apparentée au « métier de député » peut être interprétée dans
la réalité politique mondiale?
Tandis que cette étude ne vise pas à répondre à ces questions
universelles, elle tient en compte que la réalisation d’une analyse du
phénomène présuppose de faire la liaison de cette réalité politique et des
particularités historiques, politiques, institutionnelles et sociales de chaque
pays où elle se présente, afin de réussir à mieux présenter et justifier au fil du
temps son évolution.
La Grèce, démocratie occidentale contemporaine et pays de la naissance
de la démocratie directe, « dans laquelle les citoyens exerçaient eux-mêmes le
pouvoir sans intermédiaires »,
4
se trouve à la soixante-dix- huitième (78ième)
position du classement susmentionné. Après les élections législatives de 2004,
le pourcentage des femmes à la députation est 13% et après le dernier
affrontement électoral de 2007 s’élève au 15,3%.
Le concept de déficit démocratique, modifie la notion réalité politique à
ce qu’on pourrait appeler cause politique : Le phénomène de l’élection limitée des
femmes devient progressivement, surtout dans les démocraties occidentales,
un problème politique cherchant ses solutions idéales.
3
4
http:// www.ipu.org/wmn-e/classif.htm
Lexique des Termes juridiques, Paris, Dalloz, 2001, p. 193.
2
De ce point de vue, quand on parle de cause politique, on entend
l’ensemble des mesures adoptées par la plupart des pays européens, afin que
les femmes soient présentes dans les Assemblées Nationales en pourcentages
plus élevés. Pour combler le vide du déficit démocratique, ces mesures
s’ensuivent dans une logique d’arriver à la « démocratie du miroir »5, où les
Chambres élues reflèteront, quantitativement, l’hétérogénéité des sociétés qu’elles
chapeautent.
Après des années de revendications et conquêtes féminines - la plus
importante étant celle de l’obtention tardive des droits électoraux intégraux droit de vote et droit d’être élue – il existe encore un blocage quant à leur
participation active et à conditions égales avec les hommes, dans la sphère
politique.
Le terme féminisation décrit le phénomène de l’accès graduel des
femmes aux professions et aux postes traditionnellement occupés par les
hommes. Il s’agit d’une évolution remarquée dans une série des métiers dits
«masculins »
où
le
nombre
des
femmes
qui
y
entrent
augmente
continuellement. Acceptant que le métier politique, du député, du ministre ou
du chef de parti est en principe caractérisé par une forte présence masculine, la
percée des femmes à ce milieu fait partie de ce phénomène.
Les sacrifices personnels des femmes ambitieuses qui décident d’exercer
une profession masculine et d’entrer dans un milieu professionnel privilégié
par les hommes et peu habitué à la présence féminine, les conduisent à une
déféminisation, c’est-à-dire à un comportement non pas masculin, mais privé
des petits détails féminins.
Le processus de la masculinisation concerne les femmes qui souhaitent
atteindre des hauts postes de responsabilités accrues et qui, pour réussir
5
Catherine ACHIN, Sandrine LEVEQUE, Les femmes en politique, Paris, Repères, La Découverte,
2006, p. 80: « …il s’agit d’abord de repenser le concept même de représentation politique et de défendre
un ‘‘représentation miroir’’ fondée sur le postulat que les élus doivent ressembler aux citoyens ».
3
l’adaptation dans un milieu masculin, s’obligent à l’adoption d’attitudes et de
comportements conformes à ceux de leurs confrères.
[Textes essentiels internationaux]
Pourtant, pendant le XXe siècle, surtout dans les deux dernières
décennies, des efforts intensifs se réalisent pour assurer l’entrée des femmes au
pouvoir. La Convention CEDAW, est adoptée par l’Assemblée Générale des
Nations Unies, (résolution 34/180 du 18 décembre 1979) et entre en vigueur le 3
septembre 1981. Dans son article 7, les Etats Parties « prennent toutes les mesures
appropriées pour éliminer la discrimination à l’égard des femmes dans la vie politique
et publique du pays et, en particulier, leur assurent, dans des conditions d’égalité avec
les hommes, le droit :a) De voter à toutes les élections et dans tous les référendums
publics et être éligibles à tous les organismes publiquement élus(…), ainsi
que(…)toutes les mesures appropriées pour que les femmes, dans des conditions
d’égalité avec les hommes et sans aucune discrimination, aient la possibilité de
représenter leur gouvernement à l’échelon international et de participer aux travaux
des organisations internationales6 ».
Les buts à réussir sont pareils à la 4ème Conférence mondiale de l’ONU
sur les femmes en 1995 (Plate-forme d’action de Beijing) qui dans l’alinéa 181
annonce que « L’égalité de participation aux prises de décisions n’est pas seulement
une simple question de justice et de démocratie ; on peut y voir aussi une condition
nécessaire pour que les intérêts des femmes soient pris en considération. Sans une
participation active des femmes et la prise en compte de leurs points de vue à tous les
niveaux de la prise de décisions, les objectifs d’égalité, de développement et de paix sont
impossibles à réaliser». 7
Par ailleurs, les mesures adoptées par les Etats-membres de l’Union
Européenne, pendant la même période, sont également remarquables. Entre
autres, le traité d'Amsterdam (signé le 2 octobre 1997, entré en vigueur le 1er
6
7
http://www.un.org/womenwatch/daw/cedaw/text/fconvention.htm
http://www.un.org/womenwatch/daw/Beijing/platform/decision.htm
4
mai 1999) prévoit à l’article 117: « La Communauté et les États membres, conscients
des droits sociaux fondamentaux, tels que ceux énoncés dans la Charte sociale
européenne signée à Turin le 18 octobre 1961 et dans la Charte communautaire des
droits sociaux fondamentaux des travailleurs de 1989, ont pour objectifs la promotion
de l'emploi, l'amélioration des conditions de vie et de travail, permettant leur
égalisation dans le progrès, une protection sociale adéquate, le dialogue social, le
développement des ressources humaines permettant un niveau d'emploi élevé et
durable et la lutte contre les exclusions ».8
Pendant les années 1990, la mise en place des quotas et autres mesures
de parité pour les candidatures féminines a été vraiment encouragée. La
question qui dominait les débats parlementaires et les débats théoriques était
de déterminer si, finalement, l’adoption de telles mesures pour leur accès aux
postes publics électifs et contre les discriminations pouvait conduire à
l’affaiblissement, ou au contraire, au renforcement de leurs candidatures.
Ces débats persistent toujours et s’articulent autour des questions
suivantes :
Un système
représentatif,
peut-il
réussir
une
démocratie
« substantielle », quand la représentation du sexe féminin est tellement
défavorisée ? Ce problème, est-il exclusivement quantitatif ? L’imposition des
quotas pour les femmes lors de l’élaboration des listes électorales ou, par
extension, les mesures paritaires, comme elles sont en vigueur en France
d’aujourd’hui,
assurent-t-elles la meilleure – parlant du côté qualitatif -
représentativité des femmes ? Et si, finalement, le problème quantitatif se
résolvait, au fil du temps, cela signifierait-il que nous sommes arrivés à une
situation de démocratie idéale ?
[L’approche législative grecque]
La Grèce en tant que membre de l’ONU et de l’UE poursuit, toujours, la
prise, l’application et le respect des mesures institutionnalisées pour la
répression du phénomène. Toutefois, malgré les efforts à l’intention de se
8
http://europa.eu.int/eur-lex/lex/fr/treaties/dat/11997E/htm/11997E.html
5
conformer à ses engagements et aux mesures prévues par les textes officiels des
organismes dont elle fait partie, il a fallu attendre jusqu’en 2001, pour la
première loi concernant la mise en place des quotas sur les candidatures
féminines aux élections locales.
Avec l’article 75, alinéa 1 de cette loi 2910/2001 a été instaurée « la
participation obligatoire, aux bulletins de vote pour les élections des collectivités
territoriales, à 1/3 au minimum, de chaque sexe en tant que candidats »9 et dans
l’article 34, alinéa 3 de la loi 3463/200610 (« Validation du Code des Collectivités
Territoriales ») « la provision de la loi 2910/2001 pour la participation de chaque sexe à
hauteur de 1/3 aux bulletins de vote des conseils municipaux et des communes, des
conseils d’arrondissements de municipalité, et des conseils locaux est maintenue».
Ce n’est que cette année (2008), que le gouvernement grec, adopte la loi
3636/2008, qui modifie la loi 3231/2004 relativement à « l’élection des
députés » : Selon l’article 3 de la nouvelle loi « il est stipulé que, dans les listes des
partis, le nombre des candidats de chaque sexe doit correspondre à un pourcentage au
moins égal à 1/3 du nombre total des candidats, à l’ensemble du pays (et non par
circonscription électorale) »11.
Cette particularité grecque (l’aboutissement des débats et la prise de
mesures aussi tardive, malgré le constat du phénomène tôt dans le temps),
s’inscrit dans une série d’autres particularités- historiques, institutionnelles,
politiques, ainsi que sociales- qui ne peuvent être ignorées lors de l’analyse. Ce
sont des particularités qui touchent et, par conséquent, influencent les
domaines relatifs au phénomène. Une simple présentation des données
statistiques ne suffirait pas car elle ne tiendrait pas compte de l’influence de ces
facteurs.
9
J.O.R.H t. ’ 91/2001
J.O.R.H t. ’ 114/2006
11
J.O.R.H. t. A’/11/2008
10
6
[Pourquoi 1974]
Le choix des limites temporelles de l’étude a été imposé par les besoins
de la recherche et par la force historique des choses : Premièrement,
l’ « échantillon » parlementaire d’avant la dictature étant très pauvre en
présence féminine, ne serait pas de grand apport. Deuxièmement, la chute de la
dictature des colonels, qui a privé la Grèce d’élections de 1967 à 1974 et la
restitution de la démocratie en Grèce, en 1974, marque le début d’une étape
décisive dans l’histoire de la Grèce. En histoire politique, la nouvelle ère
historique, a été appelée « Metapolitefsi », pour exprimer pleinement
l’amplitude du changement de régime. L’année 1974 a donné à la Grèce un
gouvernement démocratique, les premiers débats pour la Constitution de 1975,
et un Parlement qui approuvait l’existence de tous les partis politiques.
La préoccupation principale de Konstantinos Karamanlis, qui revient en
Grèce de son exil volontaire à Paris, est le rétablissement de la démocratie. A la
chute de la dictature, il vient à la tête du nouveau « Gouvernement d’Unité
Nationale »12. Premier Ministre du pays avant la dictature (1955-1963) et
fondateur du Parti ERE13 en 1956, il revient comme « le grec De Gaulle »14 pour
supprimer toute sorte de « discriminations politiques » 15 , qui avaient
longuement existé et qui avaient fait souffrir le pays avant la dictature,
contribuant d’une certaine manière, à son imposition.
Le but du gouvernement était, avant tout, l’installation et -par la suite- la
stabilisation
d’un
système
politique
démocratique,
dont
le
principe
fondamental est la participation de tous les partis dans la vie politique. Un tel
système ne pourrait plus faire barrage à la participation de groupes sociaux
12
Le gouvernement transitoire « d’Unité Nationale» soutenu par tous les partis a été formé par K.
Karamanlis en tant que Premier Ministre et avait des membres provenant des partis pré-dictatoriaux ainsi
que des militants contre la dictature. Ce gouvernement a duré jusqu’au 21 novembre 1974, date de la
victoire du Parti de K. Karamanlis et de la nomination du gouvernement issu des élections nationales du
17.11.1974.
13
E.R.E.= Ethniki Rizospastiki Enosis (Union Nationale Radicale), parti de la droite avant la dictature.
14
Le Monde 2 Dossier « les archives » du 28 avril 2007, «1967-1974 La Grèce sous la botte des
colonels», p. 53-61. Didier Kunz se réfère à K. Karamanlis : « à la manière d’un de Gaulle, auquel il est
souvent comparé, Karamanlis rétablira la démocratie en quelques mois »
15
V. infra, 1ière Partie, Titre A, Ch. 1b
7
particuliers dans la vie politique. Evidemment, un changement tellement
radical au niveau politique d’un pays présuppose et donne, aussi, d’autres
changements, dans tous les domaines de la vie publique et privée des citoyens.
Plus précisément, concernant les droits électoraux des femmes, malgré
leur vote aux législatives de novembre 1974 et au référendum de décembre
1974 pour la forme du régime (royauté ou république), leurs droits électoraux
acquièrent leur valeur constitutionnelle, lors du vote de la nouvelle
Constitution, en 1975.
C’était le premier pas essentiel qui a justifié les luttes de longue durée
des femmes et, en même temps, le tremplin aux réformes futures- que nous
allons examiner- qu’elles étaient prêtes à réaliser dans un pays qui connaissait,
avec une décennie de décalage, ses « années soixante ».
[Méthodologie]
La problématique du sujet a imposé une analyse repartie sur deux axes.
La notion de la représentativité comporte de nature des éléments quantitatifs et
qualitatifs ; il a été indispensable d’examiner non seulement les relations et
équilibres entre les deux notions, de qualité et de quantité, mais également
leur degré de dépendance (ou, au contraire, d’indépendance) de celle de la
représentativité.
A la recherche des méthodes appropriées qui mettraient en évidence
tant le côté quantitatif que le côté qualitatif de la notion, il ne fallait pas ignorer
le paramètre du temps, très important pour une recherche qui concerne une
période de trente ans.
Les statistiques officielles des douze affrontements16 électoraux pendant
la période 1974-2007, acquises par le Ministère des Affaires Intérieures, de
l’Administration Publique et de la Décentralisation étaient un outil de base
16
D’après l’article 53 alinéa 1 de la Constitution de la Grèce (1975) «Les députés sont élus pour quatre
ans consécutifs qui commencent le jour des élections générales ». Mais, pendant cette trentaine
d’années, surtout, à cause de la crise politique à la fin de la décennie ’80, les élections ont été, parfois,
annoncées plus tôt.
8
pour la construction des éléments nécessaires à la reconstitution de la situation
relative au phénomène étudié (tableaux).
Ensuite, les treize entretiens, d’une durée presque d’une heure chacun,
que nous avons réalisé ont été un outil qui nous a servi des informations très
précieuses. Il doit être noté que nous avons interviewé des femmes députées ou
anciennes députées de tous les partis- 5 de la ND, 4 du PASOK, 2 du KKE et 2
du SYRIZA- afin d’avoir un échantillon assez représentatif qui correspond,
grosso modo, à l’image du Parlement grec des dernières décennies.
[Structure]
Ce travail porte, en premier lieu, sur la présence quantitative
des
femmes au parlement grec (1ière partie). Sur la base des données statistiques,
essentiellement, nous allons observer une série des spécificités grecques en ce
qui concerne l’accès des femmes à la députation, du moment de leur
candidature jusqu’au moment de leur élection ; spécificités qui trouvent leurs
raisons d’être dans le contexte historique du développement politique et social
en Grèce pendant cette trentaine d’années.
Cet examen serait lacunaire, s’il n’était pas accompagné d’un examen
qualitatif de la représentation féminine, c’est-à-dire des femmes finalement
élues. Donc, en deuxième lieu, nous allons étudier leur profil social et politique,
ayant comme but de comprendre les facteurs déterminants pour l’élection des
femmes à chaque époque(2ième partie). Nous allons constater que les critères du
choix des femmes se modifient, selon le parti et selon l’époque, ainsi que les
paramètres conformément auxquels le corps électoral fait, chaque fois, ses
choix.
9
Première Partie
La présence quantitative des femmes aux mécanismes
électoraux et à la Chambre des Députés grecque.
A l’opposé de la participation masculine à la politique, la participation
féminine s’est faite à petits pas. La politique, affaire des hommes, était un
terrain interdit aux femmes, en Grèce comme ailleurs. L’évolution quantitative
du nombre des femmes qui décident de s’investir en politique ne peut être
examinée qu’à travers une analyse situant cette évolution dans le temps
historique.
Dans un premier titre (Titre A), seront étudiés les modes et les manières
par lesquels les femmes ont pu s’introduire dans l’espace public et exprimer
leurs premières revendications. Des éléments d’histoire politique et sociale de
la Grèce aideront à apercevoir le nombre croissant des femmes qui ont entamé
des carrières politiques, en fournissant, en même temps, des outils de base
pour l’examen ultérieur du profil socio-politique des femmes politiques des
prochaines générations. L’écart des mentalités entre la gauche et la droite en
Grèce, par exemple, qui touche à cœur la question (et la participation)
féminine, ne peut pas être expliqué sans faire une mention aux conflits civils et
aux controverses politiques des années 1944-1967.
L’analyse des données électorales de 1974 à 2007, qui suit (Titre B),
contribue à connaître le genre de la géographie électorale par circonscription
dans le temps. Les tableaux créés servent d’outils d’appréciation de l’influence
partisane sur le nombre des femmes. Par l’analyse et puis par la synthèse, le
but est de déterminer les différentes variables de la quantité féminine et
d’observer leur interaction dans le jeu statistique.
10
Titre A
La naissance et l’intégration progressive d’un corps électoral
féminin et l’accession des femmes à la députation
S’interroger sur les causes qui ont provoqué des obstacles à l’accès des
femmes dans le champ politique amène inévitablement à distinguer les étapes
de la politisation progressive des femmes ainsi que les facteurs politiques qui
ont d’abord empêché et puis régulé la marche des femmes vers la politique
(chapitre 1).
Toutefois, la politisation des femmes a été propulsée par les
changements réalisés dans la société et alors dans le corps électoral pendant le
dernier siècle. De manière non exhaustive, nous essaierons (chapitre 2) de
tracer les développements sociaux majeurs et les changements apportés sur le
statut juridique et social de la femme et des institutions sociales qui la
concernent (mariage, famille, emploi etc.).
11
Chapitre 1
La marche laborieuse des femmes dans les institutions politiques
a)Les premiers pas du « beau sexe » vers la politique : du néant à l’être
Etre élu, à la Chambre des Députés grecque présuppose, en premier lieu,
d’avoir ses droits électoraux, en deuxième lieu, la volonté de se présenter en
tant que candidat. Les hommes grecs avaient ces droits depuis l’adoption de la
Constitution de la Grèce en 184417, mais pas les femmes grecques.
L’histoire de la conquête de l’égalité entre les hommes et les femmes
commence en Grèce en 1887, par la diffusion du premier magazine de femmes,
édité, exclusivement, par de femmes et intitulé « Le journal des Dames »18 grâce
à l’initiative d’une pionnière féministe de l’époque, qui s’appelle Kalliroi
Parren19.
Au début, les rédactrices du « Journal » tiennent une attitude modérée
sur la cause du vote féminin. Les données socio-politiques changent avec les
nombreuses initiatives de Kalliroi Parren, dont les plus importantes sont la
fondation de la Grande Union des Femmes en 1896, qui se transforme en école
de formation d’infirmières en 1900 et surtout le « Lycée des femmes
grecques »20 en 1910. Le « Lycée des femmes grecques » qui a comme but la
promotion de la tradition grecque, permet aux femmes de se rencontrer en
dehors de leurs maisons pour danser, broder et tricoter en groupe mais aussi
17
D’après la Constitution de la Grèce (1844) « les grecs sont égaux devant la loi ».
Eleni VARIKA, La révolte des Dames. Genèse d’une conscience féministe en Grèce (1833-1907),
Athènes, Katarti, 2ième édition, 1996, p. 274: «…le journal des dames est le lieu de rencontre et
d’expression des femmes et, en même temps l’organe de propagande pour leur émancipation, c’est le lieu
d’élaboration d’une nouvelle identité collective et le moyen de défense de leurs intérêts comme groupe
social (…) le premier numéro de la revue a été épuisé le jour-même, et le deuxième a eu une telle
diffusion due à son caractère paradoxal et au mystère qui couvrait l’identité de ses rédacteurs » (parce
qu’elles signaient avec des pseudonymes masculins).
19
La révolte des Dames. Genèse d’une conscience féministe en Grèce (1833-1907), op.cit., p. 275: Née
en 1861 en Crète, elle était institutrice, elle a travaillé comme directrice dans des pensionnats de filles en
Russie et aux Balkans. Elle a été mariée à Ioanni Parren, journaliste français de Constatinople et
fondateur de l’Agence de Presse Athenienne (Organisme national de Presse).
20
En grec : Lykion ton Ellinidon
18
12
pour discuter et s’organiser. La réussite sociale du « Lycée » est immense. Des
annexes, gérées exclusivement par des femmes, sont créées partout en Grèce21.
Conformément aux programmations de sa fondatrice, le « Lycée des femmes
grecques » organise la Première Conférence Nationale des femmes à Athènes
en mars 1921, pendant que Kalliroi Parren est exilée sur une île grecque pour sa
foi politique.
Les propositions annoncées à la fin de cette Conférence ont été déposées
au Gouvernement et à l’Assemblée Nationale. La première proposition
concernait la revendication des femmes pour des droits égaux politiques et civils avec
les hommes22. A la fin de la deuxième décennie du 20ème siècle- en décembre
1919- le député Typaldos-Bassias dépose pour la première fois à la Chambre
des Députés grecque une proposition de loi « de l’égalité politique des femmes»23.
Les années ’20 et ’30 se caractérisent d’un dynamisme du mouvement
féminin grec, dont l’esprit révolutionnaire- qui émerge du slogan dominant
aux élections de 1920 « marteau, faucille et vote à la robe »- renverse le
conservatisme de la société grecque de l’époque.
Aux débats parlementaires réalisés à l’époque, des personnalités
politiques remarquables se déclarent favorables à l’octroi aux femmes des
droits électoraux. A la séance du 28 janvier 1920 de la Chambre des Députés, le
Premier Ministre déclare: « Je crois que la provision du droit de vote aux femmes
aura un intérêt social et politique», tout en exprimant sa réserve «nous donnerons le
21
Il y en a quarante-cinq, jusqu’aujourd’hui.
Maro PANTELIDOU-MALOUTA, Un demi-siècle de vote féminin, un demi siècle les femmes au
Parlement, Athènes, Fondation du Parlement des Grecs pour le Parlementarisme et la Démocratie, 2006,
p. 21
23
« Plaidoiries des députés dans la Chambre pour l’attribution de droit de vote aux femmes grecques,
dans la décennie du ’20 », extraits de la Séance 24 du 21 décembre 1919 in :Le combat de la femme, vol.
47-48, avril- décembre 1991, p. 32-35. Article 1 du projet de loi déposé par le député Typaldos-Bassias,
il est mentionné que « les dispositions de toutes les lois et les décrets du Code Civil et du Droit Public en
Grèce sont appliquées pareillement aux deux genres. Toute discrimination de la situation de la femme
est supprimée » ; article 2 : « le Parlement au lieu de la disposition générale de la proposition, pourrait
mieux avancer, par des dispositions partielles à l’abolition des incapacités de la femme dans le droit
privé et public ».
22
13
vote aux femmes, si bien sûr les femmes veulent le droit de vote, on ne va pas les forcer
afin d’acquérir le vote»24.
En mai 1921 le Premier Ministre grec récemment élu, Dimitrios
Gounaris, fidèle à ses engagements préélectoraux, propose à la Commission de
Révision de la Constitution «l’abrogation de discrimination partielle ou totale selon
leur sexe», concernant le droit d’élire et d’être élu. La proposition est rejetée
après le débat à l’Assemblée, l’année suivante, bien que le Premier Ministre
annonce qu’ «…Il s’agit d’un devoir, d’une obligation ; chaque citoyen grec, homme
ou femme, doit accomplir cette fonction d’organisme politique pour laquelle peut être
utile… »..25
De plus, la fondation de l’ « Association pour les Droits des femmes,
droits égaux, obligations égales »26 en janvier 1920, par Avra Theodoropoulou,
ainsi que l’édition du magazine « Le combat de la Femme », dont la diffusion
débute en 1923 grâce à l’initiative des membres de l’Association, contribuent,
de manière décisive, à la promotion des droits politiques des femmes27.
L’année 1927 est d’importance capitale pour l’histoire des droits
politiques des femmes grecques pour deux raisons. Premièrement, parce que
dans la Constitution de la première République grecque apparaît pour la
première fois l’acquisition potentielle pour les femmes du droit d’élire et d’être
24
« Plaidoiries des députés dans la Chambre pour l’attribution de droit de vote aux femmes grecques,
dans la décennie du ’20 » extraits de la Séance 32 du 28 janvier 1920, in : Le combat de la femme, Vol
47-48, avril- décembre 1991, p. 32-35.
25
« Plaidoiries des députés dans la Chambre pour l’attribution du droit de vote aux femmes grecques,
dans la décennie de 1920 » extraits de la Séance 91, du 19 mai 1922, in : Le combat de la femme, Vol 4748, avril- décembre 1991, p. 32-35.
26
Roula KAKLAMANAKI, La femme hier et aujourd’hui, Athènes, Ed. Kedros, 2007, p. 81 : « (…)
Avra Theodoropoulou procède à la fondation de l’Association pour les Droits de la femme à la base de
l’organisation féminine ‘‘Union Internationale des femmes. Droits égaux, obligations égales’’ qui est en
fonction depuis le début du siècle ; c’est pour cela qu’elle a utilisé la deuxième partie de ce titre ‘‘droits
égaux, obligations égales’’, comme sous-titre»
27
Un demi-siècle de vote féminin, un demi siècle les femmes au Parlement, op.cit., p. 21. « L’Association
pour les droits des femmes avait franc but de lutter pour l’égalisation sociale et économique des femmes
et des hommes. Très clairement, elle demandait des droits politiques intégraux. (…) Au premier
programme de l’Association (…) la première revendication est le droit de vote et d’être élu dans les
collectivités locales et l’Assemblée Nationale. »
14
élu28, et deuxièmement pendant le 4e Congrès du KKE – qui était à l’époque
hors-la-loi - on prend la décision de s’occuper, intensivement de la « cause des
femmes »29.
En 1930, selon un Décret Présidentiel, «ce sont seulement les femmes
cultivées de plus de 30 ans qui obtiennent le droit de vote et d’éligibilité pour les
élections municipales et communales »30. Le nombre des femmes qui votent aux
premières élections de 1934 est vraiment faible. Les efforts pour l’exercice de
ces nouveaux devoirs féminins s’intensifient par la majorité des organisations
qui s’en occupent mais souvent sans résultat, ainsi que la réclamation de
l’Association, pour l’adhésion des femmes aux candidatures municipales et
communales, qui a été rejetée par le Tribunal d’Instance. Les femmes hésitent
encore de participer dans la vie politique du pays.
Dans les années suivantes, la situation politique se détourne,
progressivement,
pour
arriver
à
l’imposition
de
la
dictature
de
Ioannis Metaxas (4 août 1936). Cela a comme effet le placement hors-la-loi de la
majorité des associations féminines, ainsi que la confiscation et la destruction
de leurs archives. D’ailleurs, le régime dictatorial - proche à celui de Hitler encerclait dans les trois mots « cuisine, enfants et église », ses convictions pour
la place de la femme.
L’Occupation allemande qui suit, joue un rôle déterminant à la percée
des femmes dans la vie publique, et plus tard, dans la vie politique. Les
femmes ont un rôle primordial aux organisations et aux réseaux de Résistance
communistes. Elles participent dans tous les domaines de la Résistance, aux
grèves, aux manifestations, à la guerre de partisans et plusieurs entre elles vont
mourir pour une Grèce libre. Elles prennent d’initiatives, en créant et soutenant
28
Dans la Déclaration Interprétative de l’article 6 de la Constitution de la Grèce (1927) il est mentionné
que «des droits politiques aux femmes peuvent être délivrés par la loi».
29
Aleka PAPARIGA, Pour la libération de la femme, Athènes, Ed. Synchroni Epohi, 1986, p. 19: « En
1927 on a le détour décisif du KKE sur la cause des femmes… ».
30
Un demi-siècle de vote féminin, un demi siècle les femmes au Parlement, op.cit., p. 31 : « cela signifie
que les femmes qui avaient le droit de vote ne dépassaient pas le 10% de la population féminine
majeure ».
15
des journaux de la Résistance. C’est le moment de l’entrée massive des femmes
en politique. La parité des femmes existe dans les programmes et statuts,
officiels ou non, de toutes ces organisations et leur participation est
remarquable.
Au mois de mars 1944, dans le village Viniani en Evritania, par
l’initiative de E.A.M.31 se fonde la Commission Politique de la Libération
Nationale connue communément sous le nom « le Gouvernement de la
Montagne ». Le Conseil National, qui était l’Assemblée Nationale de l’époque,
se réunit, dans le village Korishades en Evritania en 1945 et mentionne
explicitement dans son Décret que «Tous les grecs, hommes et femmes ont les
mêmes droits politiques et civils »32. C’est la première reconnaissance des droits
politiques égaux pour les deux sexes. Ce Décret était une sorte de carte
constitutionnelle provisoire. Consécutivement, cinq femmes -les premières
dans l’histoire politique grecque33- se trouvent parmi les cent quatre-vingt
quatre élus aux premières élections dans la partie libérée du pays.
Après la libération du pays en octobre 1944, les associations féminines se
multiplient et le mouvement féminin grec devient un mouvement de masse. La
guerre civile qui suit, inverse malheureusement, de nouveau la situation pour
les femmes. Les associations se dispersent et leurs archives se détruisent.
Plusieurs femmes sont arrêtées, emprisonnées ou exilées à cause de leur
participation. La Fédération Panhéllenique des Femmes 34 se dissout, après deux ans
de riche activité. Cependant, une nouvelle Association sous le nom Union
Panhéllenique des Femmes35 apparaît à l’époque pour jouer un rôle précieux. Dès
31
. : Ethniko Apeleftherotiko Metopo, Front National de Libération
Roula KAKLAMANAKI, La femme hier et aujourd’hui, Athènes, Ed. Kedros, 2007, p. 86.
33
Centre de Recherches sur des questions d’Egalité, La participation des femmes aux centres de prise de
décision, Athènes, 2006, p. 44 : « les femmes élues étaient Maria Svolou, Kaiti Nissyriou-Zevgou,
Chrysa Chantzivassileiou, Machi Mavroidi, Foteini Filippidi, Evgenia Mavroskoti. »
34
Le 1er Congrès Panhéllenique de cette Fédération -vivante jusqu’en 1947- a été organisé en mai 1946
et 200.000 femmes y ont participé.
35
Pour la libération de la femme, op.cit., p.22. La Conférence Panhéllenique des militantes de l’Armée
Démocratique qui a été réalisée pendant la guerre civile avait comme résultat la création de l’Union
Panhéllenique des Femmes en 1949.
32
16
la fin de la guerre civile, les associations qui ont survécu aux persécutions –
dans leur majorité conservatives - s’organisent et fondent le Comité des
Syndicats en Collaboration dont les membres représentent la Grèce aux
rencontres internationales. L’acquisition de droit de vote pour les femmes est le
but principal.
Les engagements internationaux du pays ont encouragé les femmes
grecques : Ce sont la signature de deux traités- en 1945 la Charte des Nations
Unies36 et en 1948 la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme37-, de
haute importance pour l’égalité des sexes, ainsi que deux ans plus tard, en
1950, la Convention de Sauvegarde des droits de l’homme et des Libertés
fondamentales 38 qui sera en vigueur à partir de septembre 1953.
A l’intérieur, par l’ordonnance 959 /1949, les droits électoraux des
femmes s’élargissent puisque la limite d’âge pour leur participation aux
élections municipales et communales diminue et leur droit d’être élues y est
consacré39. Trois ans plus tard, la déclaration interprétative de la Constitution
de 1952 stipule que « La loi peut définir les relatifs à l’exercice par les femmes du
droit d’élire et d’être élu» 40. La même année, la loi 2159, qui entre en vigueur aux
élections suivantes, prévoit «l’inscription obligatoire des grecques aux listes des
électeurs et la provision du droit de vote aux élections législatives, à des conditions
égales à celles qui valent pour les hommes».
36
Les Nations Unies au Chapitre I (Buts et principes), article 1, alinéa 3 de la Charte se déclarent entre
autres qu’ils ont comme but de « Réaliser la coopération internationale en résolvant les problèmes
internationaux d'ordre économique, social, intellectuel ou humanitaire, en développant et en
encourageant le respect des droits de l'homme et des libertés fondamentales pour tous, sans distinctions
de race, de sexe, de langue ou de religion ».
37
Selon l’article 2 de la Déclaration universelle des droits de l'homme « chacun peut se prévaloir de tous
les droits et de toutes les libertés proclamés (…), sans distinction aucune, notamment de race, de couleur,
de sexe, de (…). » De plus, d’après l’article 21 « 1.Toute personne a le droit de prendre part à la direction
des affaires publiques de son pays, soit directement, soit par l'intermédiaire de représentants librement
choisis. 2. Toute personne a droit à accéder, dans des conditions d'égalité, aux fonctions publiques de son
pays. 3. La volonté du peuple est le fondement de l'autorité des pouvoirs publics; cette volonté doit
s'exprimer par des élections honnêtes qui doivent avoir lieu périodiquement, au suffrage universel égal et
au vote secret ou suivant une procédure équivalente assurant la liberté du vote. »
38
Selon l’article 14 de la Convention « la jouissance des droits et liberté reconnus (…) d’être assurée,
sans distinction aucune, fondée notamment sur le sexe (…) »
39
Un demi-siècle de vote féminin, un demi siècle les femmes au Parlement, op.cit., p. 37.
40
Article 70 de la Constitution de la Grèce (1952).
17
Jusqu’en 1952, les femmes n’ont pas de droits électoraux intégraux, à la
seule exception de l’élection des cinq femmes du « Gouvernement de
la Montagne ». La loi 2159/1952 donne aux femmes les droits électoraux à
conditions égales à celles des hommes, c’est-à-dire, obligation de voter et droit
d’être élu. Cependant, la consécration constitutionnelle de ces droits va tarder.
b) Une démocratie dite cachectique, sans femmes.
La Grèce des années ’50 et ’60 essaie de se remettre de l’Occupation et
surtout de la guerre civile. La droite, vainqueur du conflit, se méfie des
formations centristes et gauchistes et continue d’entretenir, même après la fin
de la guerre civile, le climat de terreur qui frappait tout opposant et utilise la
falsification électorale pour se maintenir au pouvoir.
La préoccupation de la droite est d’éloigner de la conscience du peuple
l’idée d’un parti communiste, de refouler et d’étouffer toute tentative de
changement social. L’argument du danger communiste contribue à épurer,
minutieusement, le secteur public du pays, notamment l’Armée, la Justice,
l’Administration et les Syndicats de tout élément qui « ne pense pas pour le
bien de la nation ». Les mesures utilisées contre tout principe de la
Constitution, telles que l’exil sur des petites îles désertes, les déclarations de
repentir, les certificats de loyalisme, ont pour but de neutraliser les citoyens
« dangereux » pour le régime. La scène politique est tendue et les efforts
déployés pour la création d’une démocratie stable semblent être vains.
La guerre civile était le produit de deux mondes opposés et en même
temps elle a créé deux mondes à son issue, deux valeurs, deux mentalités. Elle
établit les bases d’un conflit profond et d’une confrontation de discorde. La
nature des différences idéologiques conduit à une ligne de séparation très dure
et très résistante au fil du temps. Cette guerre civile prépare un champ
18
politique où deux sections antinomiques dominent ; celle des ultranationalistes
et celle des communistes. Cette séparation va persister longtemps, même après
la Restitution de la Démocratie en 1974.
Malgré la loi 2159 (en juin 1952), les femmes n’avaient pas participé aux
élections législatives de cette année-là (en novembre), sous la justification que
les listes électorales n’étaient pas encore mises à jour. La fondatrice de
l’Association pour les Droits des Femmes, Avra Theodoropoulou, avait réagi
en posant sa candidature symbolique afin de provoquer la Décision du
Tribunal d’Instance d’Athènes, qui était évidemment, négative.
Or, deux mois après cette Décision, en janvier 1953,
les grecques
exercent leurs droits politiques intégraux, de voter et d’être élue, lors d’une
élection partielle (locale) à Thessalonique pour le remplacement d’un député
qui est mort. Pour la première fois, les femmes votent pour l’élection d’un
député, cinq noms féminins sont dans les bulletins de vote : Eleni Skoura41 du
parti Ethnikos Synayermos (‘Alerte Nationale’), Virginia Zanna du parti ‘des
libéraux’ et trois autres candidates sans étiquette. Eleni Skoura est élue et
devient la première femme députée. Sa réussite est un événement historique et
son nom est à la une des journaux de l’époque. De sa part, à son premier
discours dans la Chambre des Députés, elle dit que l’honneur qu’elle ressent,
appartient à l’ensemble des grecques.
Le pourcentage majoritaire
qu’ E.S. recueille aux élections de 1952,
permet au chef du parti de l’époque, le maréchal Alexandros Papagos, de
former un gouvernement qui s’appuie sur une majorité absolue. Mais,
malheureusement, les controverses à l’intérieur du parti dues, surtout, au
conflit chypriote, conduisent au remaniement ministériel deux fois en deux
ans. Le Premier Ministre meurt en 1955 et le Roi Pavlos I donne, contre toute
attente, à Konstantinos Karamanlis, le mandat de former le gouvernement
41
Un demi-siècle de vote féminin, un demi siècle les femmes au Parlement, op.cit., p. 41. Au moment de
son élection elle avait 57 ans et elle était juriste avec une riche activité sociale.
19
suivant 42. La Chambre des Députés est dissoute et les élections sont
programmées pour janvier 1956.
Le premier exercice du droit de vote et d’éligibilité des femmes aux
élections législatives se passe dans l’atmosphère sociopolitique tendue, décrite
précédemment. Cependant, aux élections de janvier 1956, les femmes s’ajoutent
au nouveau corps électoral et aux bulletins de vote; leur chemin dans la
politique est désormais ouvert.
Le nombre des inscrits sur les listes électorales (2.123.150 hommes) est
plus que double, grâce à l’adhésion des femmes au corps électoral (4.507.907)43.
En outre, des 16 candidates de tous les partis (5 de l’ ERE, 3 de la D.E., 7 de K.P.
et 1 sans étiquette44) deux femmes, Lina Tsaldari et Vasso Thanassekou sont
élues, toutes les deux à Athènes. La première, ayant recueilli la plupart des
voix dans la liste des candidats du parti auquel elle appartient, devient la
première femme ministre d’Assistance Sociale.
En mars 1958 le parti ERE se scinde, le gouvernement démissionne et les
élections s’annoncent de nouveau. L’affrontement électoral du mai 1958 fait
partie des plus « démocratiques » de la période d’après-guerre.
Du point de vue de la quantité des femmes qui participent dans la vie
politique, soit comme électrices, soit comme candidates députées, l’argument
d’existence d’un progrès démocratique paraît assez pertinent. Nous observons
d’un côté la progression continue du nombre des femmes inscrites aux listes, ce
qui signifie l’élargissement et l’intégration par les femmes du corps électoral
et de l’autre côté, la population féminine dans le Parlement issu de cet
42
D’après la Constitution de la Grèce (1952) le Roi pouvait désigner le Premier Ministre si en quinze
jours celui-ci obtenait le vote de confiance.
43
Ath. G. STERGIANOPOULOS, Les élections depuis 1946 jusqu’aujourd’hui, Thessalonique,
Phaéthon, 1981. Les données du nombre des inscrits à l’époque sont tirées des pages 33 et 44.
44
ERE : Ethniki Rizospastiki Enossis, Union Radicale Nationale, parti de la droite ; D.E. : Dimokratiki
Enossi, Union Démocratique ; K.P. : Komma Proodeftikon, Parti des Progressistes.
20
affrontement électoral, Parlement le plus féminin de la première période45 de
l’activité des femmes en politique.
Cette double évolution se reflète au nombre des inscrits (avec
l’inscription massive des femmes) qui continue d’augmenter pour arriver cette
fois à 5.119.148 électeurs, ainsi qu’au nombre des femmes élues, qui sont quatre
(4) sur les dix-neuf (19) candidates.
Ce sont elles qui conduisent les questions féminines qu Parlement et
revendiquent la prise de mesures d’égalité. Pourtant, la plupart des fois elles
n’arrivent pas à leur but.
Après les élections d’octobre 1961 seules trois femmes ont la qualité de
députée, toutes représentantes de la gauche. Ces élections de 1961, passées à
l’histoire soit sous le nom « coup d’Etat électoral » soit sous le nom « élections
de la violence et de la fraude », gagnées par la droite, sont contestées par la
gauche et par le centre, mené par Georgios Papandréou.
La crise politique est à son comble. Les problèmes intérieurs au niveau
de l’éducation (grèves), l’assassinat du député de la gauche Grigoris Lambrakis
à Thessalonique (le 22 mai 1963)
par
des membres
d’organisations
paraétatiques de droite46, conduisent le Palais, qui soutenait indirectement le
gouvernement à se montrer plus démocrate : Le roi propose le changement du
Premier ministre K. Karamanlis par G. Papandréou.
La droite perd les élections de novembre 1963, comme celles de février
1964. La victoire du centre à ces dernières est une surprise pour le Palais. Son
programme de réformes économiques et sociales, son refus aux Etats-Unis sur
la question chypriote, ont provoquée le renvoi anticonstitutionnel de G.
Papandréou par le roi, en juillet 196547.
45
Un demi-siècle de vote féminin, un demi siècle les femmes au Parlement, op.cit., p. 62. Selon M.
PANTELIDOU-MALOUTA la première période de l’action des femmes en politique est de 1952 à 1967.
46
Nicolas SVORONOS, « Esquisse de l’évolution sociale et politique en Grèce », in Dossier
« Aujourd’hui la Grèce… », Les temps modernes, n° 276 bis, Paris, 1969, p.7-36.
47
Marios PLORITIS, « La monarchie grecque », in Dossier « Aujourd’hui la Grèce… », Les temps
modernes, n° 276 bis, Paris, 1969, p. 67-95.
21
Lors de ces deux affrontements électoraux le nombre des femmes
députées baisse ; après tant de luttes de longue durée, il n’y a qu’une seule
députée de la gauche, élue en 1963 et réélue en 196448.
Il est utile de souligner que jusqu’au coup d’Etat de 1967 les femmes
députées appartiennent dans leur grande majorité à la gauche (l’Union de la
Gauche Démocrate- EDA). Les seules exceptions sont Eleni Skoura et Lina
Tsaldari.
L’abrégé historique précité aide à tracer l’histoire des femmes en
politique tout au long de ces quinze ans (de 1952 à 1967) et à expliquer leur
présence minoritaire. La question qui en découle et qui se pose avant toute
autre, est de savoir si on peut parler d’une démocratie réelle à cette époque-là.
La Grèce se montre incapable de dépasser son passé, et les controverses
politiques de la guerre civile créent un terrain favorable pour une nouvelle
déstabilisation de la démocratie.
Finalement, des gouvernements marionnettes s’altèrent au pouvoir et
après les « événements de juillet » 196549, il y en a trois en trois mois. La
majorité des grecs se resserre autour des principes démocrates mais l’entourage
du nouveau roi (au pouvoir depuis 1964) l’influence mal et tout conduit à
l’impasse politique.
La dictature militaire du 21 avril 1967 met fin à l’action de toutes les
organisations féminines. Leurs archives sont perquisitionnées et détruites et les
seules organisations de femmes ayant droit de continuer leur activité sont les
associations de charité.
Pendant les sept ans de la dictature, plusieurs femmes ont été
emprisonnées et torturées et plusieurs ont participé à la lutte contre la dictature
en Grèce et depuis l’étranger. Dans la Grèce du régime des colonels, la
48
Au début, une seule femme a été élue, mais ensuite un siège vacant a été pris par une femme.
C’est la période de la crise politique après le renvoi du gouvernement de G. Papandreou jusqu’au
moment de l’imposition de la dictature des colonels qui est passé dans l’histoire grecque sous la
dénomination « Iouliana » (« événements de juillet »).
49
22
révolution des femmes est falsifiée, ridiculisée et les termes « féminisme » et
« féministe » acquièrent une connotation négative.
c) ‘‘Metapolitefsi’’ avec les femmes
Après la chute de la dictature, en juillet 1974, l’Acte constitutionnel du
1er Août 1974 revalide la Constitution de 1952. Ce révolutionnaire retour en
force de la Constitution, est accompagné d’un sursis pour les dispositions
concernant la forme du régime qui sera décidée après les élections de
novembre 1974. Lors du référendum de décembre 1974, le dilemme
« République monarchique ou République non-monarchique » trouve sa
solution : Le peuple grec vote à 69,2% pour une République sans roi. La chute
de la royauté marquait aussi la fin de la perception royale pour l’accès des
femmes au pouvoir. Il est important de noter que l’institution royale en Grèce
interdisait absolument l’accès d’une femme au Trône.
Konstantinos Karamanlis, Premier Ministre du « Gouvernement d’Unité
Nationale » (juillet-novembre 1974) procède à la légalisation du parti
communiste (KKE) en septembre 1974 et aide à instaurer des conditions de
liberté politique en Grèce. Cette légalisation signifie l’abolition d’une série
d’institutions et de mesures qui étaient en place, depuis les années 1920
(notamment la tyrannie policière, fondée sur des décrets qui venaient à
l’encontre des droits de tous), visant à la persécution des communistes et des
personnalités influentes de la gauche. Les prétextes utilisés par l’armée, la
police et les groupes para-étatiques pour saper les processus démocratiques
sont également abolis, de manière progressive.
Toutefois, les discriminations existent toujours et les votants de la
gauche, « connus » par les services de l’Etat, continuent d’affronter des
difficultés quand ils cherchent du travail dans le secteur public. L’avènement
du parti socialiste (PASOK) au pouvoir, en 1981, change cette situation. Par une
23
loi de 1982, à laquelle le parti de la droite mené par Konstantinos Karamanlis
s’oppose fermement,
l’Occupation,
sont
tous
les groupes
reconnus
de résistants,
officiellement,
actifs
indépendamment
pendant
de
leur
appartenance politique. Des retraites sont attribuées aux invalides de la guerre
et les obstacles juridiques qui empêchaient le retour des exilés politiques
d’avant la dictature et de la période de la dictature, sont abolis.
Le dernier acte de conciliation est la loi 1863/1989, proposée par le
gouvernement dit « de coopération » droite (ND) – coalition de la gauche (SYN,
à l’époque où celui-ci comprend le parti communiste). La loi 1863/1989
reconnaît la période de 1944-1949 en tant que période de « guerre civile » et
interdit l’usage officiel d’autre terme. Elle interdit toute discrimination envers
les vaincus de la guerre civile (l’Armée Démocratique des communistes et
gauchistes) et tout usage de propos discriminatoires envers eux. En plus, elle
revalide le régime de retraites pour les invalides de l’Armée Démocratique. A
travers ces dispositions, l’Etat officiel semble abandonner les tactiques de
« conformité idéologique » des institutions publiques.
Les femmes en politique ont suivi un chemin parallèle de changements
graduels : En 1975, la nouvelle Constitution contient la consécration de l’égalité
à son article 4 al. 2 (« Les grecs et les grecques ont des droits égaux et des obligations
égales ») et fixe, à son article transitoire 116, l’année 1982 comme date limite
pour l’abolition des dispositions qui sont contraires au principe de l’égalité,
tout en spécifiant qu’il peut y avoir d’exceptions « pour des raisons de haute
importance, dans le cas où cela est prévu spécialement par la loi ».
L’âge requis pour exercer son droit d’élire passe de 21 ans (en 1975) à 18
ans (en 1985) et le corps électoral s’agrandit conséquemment.
En même temps, la Grèce signe et ratifie par Acte législatif une série de
Conventions Internationales, parmi lesquelles la Convention de l’ONU pour
l’abolition de toute sorte de discriminations envers les femmes. Cette volonté
de suivre la communauté internationale à l’effort pour la consécration des
24
droits des femmes donne aux grecques la possibilité de s’adresser, désormais,
aux services des Nations Unies, afin de dénoncer une violation de leurs droits
et de demander de la protection.
En 1982, à l’heure de la grande ampleur du mouvement féministe grec et
après l’adhésion de la Grèce (en 1981) à la CEE, se crée un nouveau poste
gouvernemental auprès du Premier Ministre : le poste de la Conseillère
Spéciale compétente des questions d’Egalité. Consécutivement, une loi instaure
le Conseil de l’Egalité des deux sexes, organe consultatif, constitué de neuf
membres, qui acquiert le statut d’unité de service autonome, rattaché au
Ministère de la Présidence du Gouvernement. En 1988, le Conseil de l’Egalité
change de statut pour devenir le Secrétariat Général de l’Egalité, rattaché au
Ministère de l’Intérieur, de l’Administration Publique et de la Décentralisation.
Le Secrétariat Général de l’Egalité a comme compétences la promotion et
l’application de l’égalité juridique et réelle des deux sexes dans tous les
secteurs (politique, économique, social, culturel). Dans le cadre de son activité,
elle a des collaborations régulières avec des ONG féminines, avec les sections
féminines des partis, avec le Réseau des Elues aux Collectivités Territoriales et
avec le Lobby Européen Féminin. Sa force institutionnelle réside, maintenant, à
l’existence des 13 Commissions Régionales de l’Egalité et à la Commission
Interministérielle de l’Egalité, créées en 2000 suite à son initiative législative.
Les partis, à part la création de sections féminines, instaurent des
systèmes de quotas ou de représentation proportionnelle aux organes
intérieurs, mais pas de mesures positives pour le soutien des candidatures
féminines aux élections législatives. Cette situation ne connaît pas de grands
changements jusqu’à la révision constitutionnelle de 2001, quand, pour la
première fois, il est explicitement prévu (art. 116 al. 2) que : « La prise de mesures
positives pour la promotion de l’égalité entre les hommes et les femmes ne constitue pas
une discrimination sexuelle. L’Etat prend soin de l’abolition des inégalités qui existent
en pratique, notamment en dépit des femmes. »
25
Chapitre 2
Les changements durables et difficiles dans les institutions sociales.
a) La femme au foyer électrice (1952-1982).
En obtenant, par la loi n° 2159/1952 leurs droits politiques intégraux, les
femmes s’égalent aux hommes. Cependant, les conditions sociales qui
dominent ne réaffirment pas du tout l’égalité entre les deux genres. En fait, la
soumission des femmes aux hommes continue d’exister au même degré, autant
que leur personnalité jaillit de la famille, paternelle ou conjugale.
La Constitution, elle-même votée « au nom de la Trinité Sainte,
Consubstantielle et Indivisible », dans son article 3 stipule que « la religion
dominante
est
celle
de
l’Eglise
Orthodoxe
Orientale
du
Christ »
et
« institutionnalise », jusqu’à nos jours, la domination masculine.
Cette liaison entre l’Etat et l’Eglise a contribué par des influences
parallèles à la création d’un archétype de femme soumise à son père au début,
à son mari par la suite. Pendant la célébration du mariage religieux obligatoire
(jusqu’en 1982 le seul reconnu par l’Etat), on entend les extraits suivants de
l’enseignement de l’apôtre Paul : « femmes soumettez-vous à votre mari (…) car le
mari est le chef de la femme (…) que les femmes aussi se soumettent en tout à leur mari
(…) que chacun de vous aime sa femme comme soi-même et que la femme respecte son
mari… »50 Très nettement, il s’agit de la pleine soumission de la femme. Dans
ses instructions vers Timothée, l’apôtre Paul exprime les mêmes opinions,
quand il dit de la femme : « Je ne lui permets pas d’enseigner et de dominer sur
l’homme mais je lui demande de garder une attitude paisible ». 51
Le rôle public de la femme, extrêmement limité, est dû à des lois à la fois
écrites et non écrites qui ne lui permettent pas de s’instruire et de travailler.
50
51
La Bible, Société publique de Genève, 2008, p. 769.
La Bible, op.cit., p.781.
26
La loi 3192/1955, sur le fond de laquelle a été instauré, pour la première
fois, le droit des femmes à être acceptées dans le secteur public sous conditions
identiques à celles valables pour les hommes, semble ne pas avoir apporté les
changements proclamés. Les femmes continuent de rencontrer des obstacles
sérieux au domaine du travail, ce qui est apparent aux pourcentages
remarquablement bas de leur participation. Mais, même quand elles arrivent à
dépasser ces problèmes et entrer au marché du travail, leur rémunération est
très inférieure à celle des hommes pour un travail de valeur égale. De plus, la
difficulté d’embauche d’une femme et la possibilité de son patron de la
licencier sans conséquences, en raison de grossesse, constitue une inégalité très
claire.
Cette situation dans les relations de travail est empirée par le manque
d’adoption d’une politique d’orientation professionnelle, pour les garçons et
pour les filles. Bien qu’un grand nombre de professions ouvrent, d’autres sont
toujours réservées aux hommes, parce que la perception traditionnelle des
études ne change pas facilement. En même temps, un pourcentage surprenant
de filles reste sans enseignement. A titre indicatif, en 1971, le taux des filles
analphabètes de plus de 10 ans touche le 21%, tandis que le taux des garçons
du même âge atteint juste le taux de 6%.52 A la même année, les femmes
représentent le 32% des étudiants d’université.53
Il est alors évident que les femmes, malgré leurs efforts d’entrer à la vie
publique, se restreignent essentiellement à la vie familiale privée. Leurs
obligations aux tâches ménagères ne leur offrent ni de prestige ni d’argent pour
une autre perspective sociale. La reconnaissance dans un cercle social plus
grand, se gagne peu à peu, seulement pour les femmes qui ont des talents innés
ou une personnalité forte et qui, face aux barrières sociales décident de se
mettre en concurrence avec le genre masculin. Sinon, dans leur majorité, elles
52
David CLOSE, Grèce 1945-2004. Politique, société, économie, trad. en grec par Mertikas Giorgos,
Thessalonique, Thyrathen, 2005, p. 123.
53
Ibid.
27
se transforment en simples femmes au foyer qui se laissent guidées par le mari
– indéniable chef de la famille, même pour le parti à voter.
La famille, fondée sur une structure patriarcale, reste le plus fort rempart
de discriminations qui s’expriment dans le Code Civil de l’époque aux articles
suivants :
-1387 CC : « L’homme est la tête de la famille et décide de tout ce qui
concerne la vie des époux »
-1388 CC : « La femme prend le nom de son mari »
-1389 CC : « …la femme a la direction de la maison conjugale »
Une institution qui remonte au passé est celle de la dot, en vigueur
jusqu’en 1982. La femme ou un autre membre de sa famille qui agit à sa place,
transmet par un contrat spécial (contrat de dot) au mari, des biens tels que
terrains, appartements, maisons ou argent liquide, pour « alléger » ce dernier
en vue de sa nouvelle mission, la création de la nouvelle famille, sous condition
de retour à la femme, en cas de divorce. La femme ressemble alors à un objet
qui passe de la dépendance du pouvoir paternel à la soumission à son futur
mari.
Comment est-ce que la femme de cette époque, pouvait-elle combattre
contre la force des institutions sociales susmentionnées et se présenter à la
société de son époque en tant que candidate ou élue ?
28
b) La femme électrice égale à l’homme (1982-aujourd’hui).
La Constitution de 1952 a été la base de la nouvelle Constitution de 1975
qui est en vigueur aujourd’hui, ayant subi deux révisions, une en 1985 et une
en 2001. Pourtant, elle continue d’être votée « au nom de la Trinité Sainte,
Consubstantielle et Indivisible ». De même, l’article 3 al. 1 est conservé et, de
cette manière, la relation particulière entre l’Etat et l’Eglise reste la même.
Néanmoins, peu avant la première révision de 1986, l’Etat, avec la loi
1250/1982, instaure le mariage civil et prive l’Eglise de son monopole du
mariage religieux. L’Etat accepte la validité du mariage civil, tout en
conservant la validité officielle du mariage religieux. Cela aide les femmes à
s’éloigner de la mentalité religieuse sur le mariage, qui leur demandait la
pleine soumission au mari, ce qui les rendait inférieures dans la vie publique.
Les premiers pas importants vers l’égalité juridique des deux sexes
apparaissent au début des années 1980, avec l’arrivée du parti socialiste au
pouvoir et la contribution du mouvement féminin, qui s’est développé en
Grèce tardivement, par rapport aux autres pays européens, à cause du régime
des colonels.
Les dispositions du Code Civil concernant le droit de la famille
continuent de s’appliquer jusqu’aux débuts des années 1980, contraires à
presque toutes les législations des Etats membres de la CEE. Après les élections
de 1981 et après décision du Ministre de la Justice, une Commission spéciale est
formée, qui dépose le projet de loi « Application du principe constitutionnel de
l’égalité des hommes et des femmes dans le Code Civil, dans sa loi introductive (…) et
réforme partielle des dispositions du Code Civil relatives au droit de la famille ».
Ce projet de loi, voté en février 1983 devient la loi 1329/1983, innovante
parce qu’elle fait le passage de la famille patriarcale à la famille de l’égalité. Les
rapports entre les époux et les rapports entre parents et enfants s’adaptent au
principe de l’égalité des deux sexes.
29
Concernant les relations entre les époux, toutes les dispositions fondées
sur l’inégalité et l’infériorité du sexe féminin sont abolies. L’institution de la dot
cesse d’exister juridiquement et le devoir de contribution aux besoins de la
famille est établi pour les deux époux, selon les possibilités de chacun. Les
dispositions concernant le divorce se modernisent et le divorce par
consentement mutuel, en essai depuis 1979 est instauré, ce qui est regardé par
le courant féministe comme un grand succès. En outre, il n’est pas un hasard
que la majorité des divorces après 1979 sont consentis et, en règle générale, sur
l’initiative de l’épouse.
Depuis 1983, la femme conserve, obligatoirement, son nom de famille,
auquel elle peut ajouter, si elle veut, le nom de famille de son mari. Cette
disposition a été de nouveau modifiée récemment et permet, maintenant, aux
femmes qui le souhaitent, d’abandonner leur nom de famille pour celui de leur
mari, si les deux consentent. Il est évident que cet amendement a provoqué de
fortes réactions du côté des organisations féminines et féministes, car il a été
considéré comme le retour aux mentalités dépassées d’avant 1983.
Quant aux relations entre parents et enfants, il est stipulé, dans la loi,
que l’élévation et l’éducation des enfants doit s’effectuer sans discrimination de
sexe.
De plus, le statut juridique de la mère non mariée et des enfants hors
mariage est renforcé, puisqu’ils bénéficient désormais des dispositions du droit
civil à titre égal avec les mères et enfants issus des familles mariées.
La loi 1272/1982 porte des amendements au Code Pénal aussi :
L’adultère n’est plus considérée comme un crime. Pour la dépénalisation de
l’interruption de la grossesse, il faut attendre encore 4 ans (loi 1609/1986).
La loi 1286/1982 abolit les discriminations qui existent encore, dans le
secteur du personnel d’enseignement et d’autres lois créent les conditions qui
permettent l’entrée des femmes au marché du travail à égalité avec les
hommes.
30
La loi 1414/1984 harmonise les dispositions grecques aux directives
communautaires : Le traitement égal des deux sexes lors de l’enseignement de
l’orientation professionnelle et les chances égales des intéressés selon leurs
capacités personnelles sont assurés.
La situation des femmes au travail connaît des changements
fondamentaux. Les embauches dans toutes les branches de l’activité
économique se font sans discriminations, les rémunérations entre hommes et
femmes sont identiques pour un travail de la même valeur et cette disposition
entre dans la Constitution. Les conditions de travail et l’évolution dans le
service ne diffèrent pas selon le sexe, au moins en théorie et dans le secteur
public. Le droit de l’employeur de mettre terme à un contrat de travail à cause
d’une grossesse est aboli ; au contraire il ne lui est plus permis de virer une
femme pendant un an après l’accouchement. En d’autres termes, les obligations
familiales de la femme sont finalement prises en compte dans le code de
travail.
Ces changements progressifs, couvrant tous les aspects de la vie sociale
des femmes, ont formé une nouvelle situation, qui leur donne la possibilité de
participer à l’espace public aux mêmes conditions que les hommes. Toutefois,
une femme réussie aujourd’hui doit combiner la réussite dans l’espace privé à
la réussite professionnelle. Ceci est toujours difficile, car les structures
patriarcales existent encore, bien que dans un moindre degré.
Autrement dit, l’entrée des femmes à la vie publique n’a pas marqué la
fin de ses fonctions à la vie privée, en Grèce comme ailleurs. Dans ce sens, on
peut parler de la conquête de l’égalité formelle, mais pas d’égalité réelle.
31
Titre B
Relations quantitatives entre hommes et femmes
candidats et élus aux élections législatives (1974-2007)
Il a été démontré combien et pourquoi il était difficile pour les femmes
grecques d’entrer dans la scène politique. Les raisons politiques et sociales de
leur absence presque totale du paysage politique grec ont été présentées. Les
facteurs déjà mentionnés avaient façonné une nouvelle image des femmes au
sein de la société et ont atténué, de fait, leurs revendications. La fin de longues
périodes de mobilisations et d’attente était arrivée.
Or, le grand décalage par rapport aux autres sociétés occidentales, causé
par la « décennie perdue » de la dictature et par les années difficiles qui
l’avaient précédée, pesait encore, et même jusqu’au milieu des années ’80,
comme on l’a vu. Le but est maintenant d’entreprendre une analyse
quantitative approfondie de la participation des femmes, notamment pour la
période étudiée (de 1974 à nos jours), ainsi que d’examiner les paramètres qui
l’ont marquée, afin d’apprécier l’intensité et l’étendue du phénomène.
La statistique sera ici l’outil principal, pour voir la hausse et les
fluctuations éventuelles de la représentation parlementaire féminine. Mais
pour faire une analyse statistique quelconque, les éléments qui la délimitent
doivent être déterminés avec certitude.
Dans un premier chapitre (1) nous allons donc traiter des relations entre
les quantités essentielles du suffrage et examiner le cas très particulier de
l’élection à titre honoraire, système électoral distinct et spécial, qui prend en
compte les quantités essentielles de l’ensemble du territoire. Ce travail pourra
nous fournir des réponses sur les conditions qui entravent la hausse de la
représentation féminine au Parlement, posées par la législation et la
32
réglementation électorale grecque et observées à la lumière des renseignements
déjà donnés sur la société et politique grecques.
Ensuite (chapitre 2), nous allons analyser les quantités spécifiques,
dictées géographiquement et démographiquement par l’Etat officiel, qui divise
le territoire en circonscriptions électorales. L’examen portera sur la répartition
géographique des candidates et sur les choix et les perceptions partisanes
concernant l’ouverture de certaines circonscriptions aux femmes. Nous
essaierons ensuite de faire le lien avec les équilibres de représentation et les
taux de candidatures et de représentation, en tenant compte du fait que, après
la consécration constitutionnelle du droit de vote en 1974, les femmes
constituent un « ensemble » démographique présent à toutes les formations
électorales à hauteur approximative de 50%.
33
Chapitre 1
Relations entre les quantités essentielles d’un suffrage toujours à miféminin: honneur à la masculinité.
a) La division du territoire et les sièges parlementaires
La population est une des quantités du suffrage qui existe en dehors du
concept d’élection mais l’influence fondamentalement. On distingue la
population réelle de la population légale, lors des recensements nationaux. La
population légale est prise en compte pour le calcul des sièges attribués à
chaque circonscription électorale. La particularité grecque réside à l’existence,
même aujourd’hui, mais dans une mesure beaucoup plus importante dans le
passé, d’énormes différences entre population réelle et population légale à
chaque circonscription.
Ceci est dû au fait qu’un grand nombre de personnes qui quittaient leurs
circonscriptions d’origine ne faisaient pas le transfert de leurs droits électoraux
à la nouvelle ville qu’il choisissaient pour habiter, pour ne pas perdre le contact
avec les élus de leur circonscription d’origine, d’habitude plus accessibles, et
pour ne pas amoindrir la population prise en compte pour la répartition des
sièges parlementaires de celle-ci, ainsi que pour de nombreux financements des
collectivités territoriales.
« Ne pas oublier d’où on vient », c’était une devise très utilisée par les
maires et députés des petites circonscriptions qui observaient le départ de leur
population à l’époque de l’urbanisation. La déformation qui en résultait,
puisque toute personne ayant une demeure dans sa circonscription d’origine
pouvait y garder ses droits électoraux, affectait l’équilibre du nombre d’élus
entre les villes de province et les grandes villes. Le phénomène s’atténue
maintenant avec la deuxième et troisième génération des habitants des grandes
villes.
34
Les électeurs ou corps électoral représentent la deuxième quantité très
importante du suffrage : C’est la partie de la population qui a plus de 18 ans,
(ou plus de 20 ou 21 ans, avant 1982).
Les votants sont ceux des électeurs qui exercent, lors des élections leur
droit de vote. En règle générale, après l’instauration du vote obligatoire pour
tous, les femmes qui constituent, de toute manière, un peu plus de la moitié de
la population, sont aussi la moitié du corps électoral et des votants.
Par contre, le taux des femmes reste très bas parmi les candidats, qui
sont ceux des électeurs qui souhaitent représenter la population légale de leur
circonscription à la Chambre des députés, et parmi les élus, c’est-à-dire ceux
des candidats qui parviennent finalement d’obtenir le siège parlementaire, à la
suite des élections législatives.
La Constitution grecque à ses articles 51 et 54 dispose comme suit :
Art. 51 : « 1. Le nombre des députés est fixé par la loi, sans pouvoir toutefois
être inférieur à deux cents ni supérieur à trois cents. (...) 3. Les députés sont élus au
suffrage direct, universel et secret par les citoyens ayant droit de vote, ainsi qu’il est
prescrit par la loi. (…) 4. Les élections législatives ont lieu simultanément sur
l’ensemble du territoire.… »
Art. 54 : « …2. Le nombre des députés de chaque circonscription est fixé par
décret présidentiel sur la base de la population légale de la circonscription, telle que
cette population résulte du dernier recensement. 3. Une partie de la Chambre des
Députés, non supérieure au vingtième du nombre total des députés, peut être élue pour
l’ensemble du territoire en fonction de la force électorale totale de chaque parti dans le
Pays et de manière uniforme, ainsi qu’il est prescrit par la loi. »
Il doit être mentionné que les députés en Grèce après 1974, sont toujours
au nombre de 300, au maximum des marges prévues par la Constitution (art.
51 al. 1 : entre 200 et 300). L’article 54 al. 3 s’applique aussi. Dans un Parlement
de 300 membres, il y avait la possibilité de déterminer un nombre des députés
pour l’ensemble du territoire, entre 0 et 15. Depuis 1974, ils sont toujours au
35
nombre de douze (12). Leur situation très spécifique qui s’écarte largement du
jeu électoral sera examinée à la prochaine section (II.A.1.b).
Le suffrage est alors secret, universel, direct et simultané sur l’ensemble
du territoire qui, lui, est divisé en 56 circonscriptions ; une pour chaque Nomos
(département) mais deux pour le département de Thessalonique (‘A’ pour la
ville et ‘B’ pour le reste du Nomos), deux pour Pirée (A et B) et trois pour
l’agglomération d’Athènes (A, B, reste de l’Attique).
De cette manière, le territoire grec possède (chiffres des élections 2004,
recensement 2001)
- 7 circonscriptions regroupant les villes des deux plus grandes
agglomérations
urbaines
(Athènes-Pirée-Attique,
département
de
Thessalonique) qui comptaient, en 2004, 3.527.808 d’électeurs sur les 9.886.807
(35,68% des électeurs),
- 4 grandes circonscriptions (entre 190.000 et 280.000 électeurs chacune)
qui contiennent à leur majorité les grandes villes de la province, totalisant à
peu près 1.015.430 d’électeurs (10,27% du corps électoral),
- 28 circonscriptions moyennes (entre 100.000 et 190.000 électeurs
chacune) et
- 17 petites circonscriptions (moins de 100.000 électeurs).
On voit donc une géographie électorale tellement variée que 11 des 56
circonscriptions concentrent presque la moitié (45,95%) des électeurs.
Pareillement, la plus grande circonscription (‘Athènes B’) compte 1.363.132
électeurs (13,79% du total) et la plus petite (île de Leucade) compte 29.829
(0,30% du total).
Ces observations sont d’une importance majeure. D’abord, il faut se
rappeler que le nombre de sièges par circonscription est désigné par décret
présidentiel, avant chaque élection, en fonction des chiffres du dernier
recensement communiqués par le Service Statistique National. Les 288 sièges
sont alors repartis aux circonscriptions comme le décret le désigne et la
36
répartition est modifiée chaque fois que l’équilibre démographique change,
tous les 10 ans.
Or, même après le rééquilibrage, ce mode de calcul présente des défauts
importants car il y a une grande différence du rapport entre électeurs et élus,
d’une circonscription à l’autre, ce qui est logique, mais également la source de
problèmes divers qui en découlent.
Premièrement, de cette manière, dans les très petites circonscriptions où
il n’y a qu’un siège parlementaire (il y en a 7), le suffrage devient non
représentatif, puisqu’il n’y a pas de deuxième tour pour confirmer le choix
d’un candidat entre seulement deux. De cette manière, le suffrage, qui, en
principe, doit exprimer le choix majoritaire, conduit à une élection presque
toujours minoritaire.
Deuxièmement, dans les petites circonscriptions de deux ou trois sièges,
les remaniements des sièges entre les partis, lors de la procédure qui est appelé
Deuxième ou Troisième Répartition, sur les règles de la proportionnelle après
regroupement en circonscriptions majeures, peut conduire à des inégalités
frappantes et non représentatives, quand par exemple les sièges d’une
circonscription mineure, sont finalement donnés au premier parti et au
troisième.
Ces deux cas sont d’ailleurs, de facto, très défavorables pour les femmes,
parce que dans les petites circonscriptions, les partis préfèrent de mettre en
avant les candidatures masculines, pour attirer un électorat plus large54. Il est
indicatif que des 107 élues depuis 1974, seulement trois ont été élues à des
petites circonscriptions à deux sièges 55 (dont les deux en 2007) et aucune à une
des sept circonscriptions à un siège.
54
V. infra, I.A.2.a)
Il s’agit de la députée du parti socialiste, Elpida Tsouri, élue à la circonscription de l’île de Chios en
2000, réélue en 2004 et en 2007 et des députées de la ND O. Kefaloyanni (circonscription de Rethymne,
2007) et P. Bouzali (circonscription de Kastoria, 2007)
55
37
b) La non division du territoire et la députation à titre honoraire
Il faudra revenir aux dispositions de la Constitution grecque
susmentionnées afin de faire quelques remarques sur les deux quantités très
distinctes qualitativement, des députés aux 56 circonscriptions et des députés
« pour l’ensemble du territoire ».
Les différences concernent tant l’électorat que l’expression des voix pour
la désignation de ces deux catégories. Au fait, les deux catégories sont issues
des conceptions différentes et il n’est pas faux de dire que, en Grèce, il y a et il y
aura, à tout moment, deux systèmes électoraux : Un pour les 288 députés aux
circonscriptions électorales et un autre pour les 12 députés à titre honoraire (!).
Le premier système peut être modifié dans le temps. En effet, il a été
modifié,
plusieurs fois depuis
1974.
Les
limites
géographiques
des
circonscriptions électorales, aussi, peuvent être et ont été modifiées et
également le mode d’élection (vote préférentiel ou liste), et enfin, le nombre des
sièges à pourvoir qui change avec les fluctuations de la population légale. En
d’autres termes, c’est un régime qui permet de suivre à la fois les fluctuations
réelles des paramètres électoraux, la volonté politique et l’initiative législative.
Le deuxième système ne peut être modifié. La Constitution prévoit
explicitement le mode d’élection des douze députés à titre honoraire pour
l’ensemble du territoire. Ceux-ci sont élus (art. 54 de la Constitution grecque,
précité) « …en fonction de la force électorale totale de chaque parti dans le Pays et de
manière uniforme, ainsi qu’il est prescrit par la loi. » Les paramètres qui peuvent,
théoriquement changer sont : leur nombre, qui peut varier de 0 à 15, sans
jamais dépasser le 1/20ème de l’ensemble et le mode d’expression du vote (« ainsi
qu’il est prescrit par la loi », donc, il pourrait y avoir des votes de préférence).
Mais la répartition des sièges se fait, contrairement à toute logique
proportionnellement représentative, en fonction de la force électorale totale des
partis, ce qui exclut, d’habitude, l’éventualité d’occupation de ces sièges par un
38
autre parti que les deux grands. Cela renforce l’inégalité de la représentation au
sein du Parlement, car pour avoir droit à un siège de ces douze, un parti doit
avoir recueilli au moins 8,33% des votes à l’ensemble du territoire, tandis que
pour l’occupation d’un siège des 288, il doit, selon la loi électorale, avoir
recueilli au moins 3% des votes à l’ensemble du territoire.
L’élection des députés à titre honoraire se fait sur liste, sans vote de
préférence. Contrairement aux élections législatives, effectuées selon le système
de vote de préférence (excepté les élections de 1985), ce n’est pas le votant qui
décide de privilégier une femme au lieu d’un homme, mais le parti même, en
décidant de placer les unes et les autres à des positions éligibles.
La liste des députés à titre honoraire est une occasion pour les partis de
présenter des candidatures très diverses, nouvelles et anciennes. La
participation des grands noms du parti qui font leur retour en politique est
souvent sollicitée, ainsi que la participation des noms qui ont eu des carrières
politiques sans grandes controverses aux collectivités territoriales. Les
professeurs d’université, médecins et scientifiques connus font régulièrement
parti de ces listes. De plus en plus, les listes contiennent aussi des jeunes
personnes, des professionnels dynamiques. En général, les choix des partis
pour leurs listes pour l’ensemble du territoire sont plus « attentifs ». Le but est
d’attirer l’attention sur les symbolismes et la valeur, ainsi que d’affirmer l’unité
du parti quand il traverse une crise, en incluant des noms de tous les camps.
Ces listes pourraient être le moyen idéal pour promouvoir les
candidatures féminines. Les tableaux suivants (n° 1a à 1j) notent la présence
féminine aux listes de candidatures de partis, ainsi que leur relation avec le
pourcentage des femmes élues, des élections de 1977 aux élections de 2004.
Il est important de noter la présence de femmes dans les listes de
presque tous les partis, dès 1977. En effet, à l’époque les partis devaient
prouver leur intérêt pour la promotion des femmes à l’espace politique. Il est
aussi intéressant d’observer que jusqu’en 2000, les deux grands partis
39
présentent toujours (à deux exceptions), le même nombre de candidatures
féminines, ce qui est « imposé » par la médiatisation de la présentation de ces
listes. Aucun parti des deux ne voudrait pas être accusé de faire de
discrimination intérieure et indépendamment de la réalité qui apparaît lors de
l’examen des listes aux circonscriptions, l’image fournie par les listes à titre
honoraire est essentielle.
Mais la hausse progressive du taux des femmes dans les listes des
grands partis, ne correspond pas au nombre des femmes élues. Si l’on soustrait
l’influence quantitative des petits partis qui, ayant des listes moins ambitieuses
et donc moins nombreuses, augmentent la moyenne des candidatures
féminines, on constate que de 1977 à 1996, le pourcentage des candidates est
très souvent égal ou très proche au pourcentage des élues, ce qui signifie que
les femmes ne sont pas « mal placées » sur les listes. Les noms féminins sont
attentivement placés aux positions éligibles au même titre que les noms
masculins. De cette manière, les partis ne portent ni avantage ni préjudice aux
femmes. Pourtant, ils ne présentent jamais plus de trois noms féminins et les
femmes élues à titre honoraire ne dépassent jamais le nombre trois (3).
En 2000, le PASOK procède de la même façon et des nombres
parfaitement proportionnels d’hommes et de femmes sont élus à titre
honoraire : 4 des 8 hommes, 2 des 4 femmes. En même temps, les 3 candidates
de la ND sont toutes placées à des positions non éligibles.
Finalement, en 2004, pour la première fois, cinq des douze candidats de
chaque parti, ainsi que cinq des douze élus à titre honoraire sont des femmes.
Les mesures et procédures paritaires et égalitaires à l’intérieur des partis
semblent porter des fruits. Et le système électoral qui régit l’élection des douze
députés pour l’ensemble du territoire, détesté par les petits partis et par une
grande partie de la théorie, critiqué comme injuste et inégal pour les partis,
semble fonctionner désormais en faveur des femmes.
40
Partis
ND
H F
11 1
6 1
EDIK
H F
10 2
Total candidats
Total élus
66
12
Liste
Elus
ND
EDIK
PASOK
SPAD
KKE
EP
KNF
PASOK SPAD
H
F H F
10 2 11 1
4
1
dont femmes
dont femmes
ELECTIONS LEGISLATIVES DE 1977
KKE
EP
KNF
H F H F H F
1 1 9 3 4 0
10
2
Participation féminine aux listes en pourcentage
Pourcentage des femmes parmi les élus à titre honoraire
15%
16,66%
Nouvelle Démocratie
Union Démocratique du Centre (centre-droite)
Mouvement Socialiste Panhéllenique
Coalition des Forces du Progrés et de la Gauche
Parti Communiste de la Grèce
Ligue Nationale (extrème droite)
Parti des néo-libéraux
Partis
ND
PASOK EDIK
KKE
Liste
Elus
H F
10 2
4 1
H
10
6
H F
10 2
F
2
1
H F
12 0
dont femmes
dont femmes
Tableau 1a
ELECTIONS LEGISLATIVES DE 1981
KKEin KP
KODISOKAE
H F H F H
F
9 3 5 0 10
2
Total candidats
Total élus
77
12
11
2
Participation féminine aux listes en pourcentage
Pourcentage des femmes parmi les élus à titre honoraire
KKEin
KP
KODISO-KAE
Parti communiste grec « de l’intérieur »
Parti des progressistes (droite)
Coalition : Parti du socialisme démocratique- Parti des agriculteurs grecs (centre)
41
14,28%
16,66%
Tableau 1b
Partis
Liste
Elus
PASOK
H
F
10 2
4
2
Total candidats
Total élus
KF
L
EPEN
Partis
Liste
Elus
ND
H F
10 2
4 1
70
12
KKE
H F
11 1
1 0
ELECTIONS LEGISLATIVES DE 1985
KKEin KF
L
EPEN
H F H F H F H F
12 0 8 0 2 0 12 0
dont femmes
dont femmes
5
3
Participation féminine aux listes en pourcentage
Pourcentage des femmes parmi les élus à titre honoraire
7,14%
25%
Parti des libéraux
« Libres » (extrème droite)
Union Politique Nationale (extrème droite)
PASOK
H
F
11 1
4
1
Total candidats
Total élus
SYN
DI.ANA
AKEP
AD
ASKE
ESK
OIKIPAN
ND
H F
11 1
6 0
107
12
SYN
H F
10 2
1 0
Tableau 1c
ELECTIONS LEGISLATIVES DE JUIN 1989
DI.ANA. EDIK AKEP AD
ASKE EPEN ESK
H
F
H F H F H F H F H F H F
11
1
10 1 1 0 1 0 0 1 7 2 10 2
dont femmes
dont femmes
15
1
KKEin OIKIPAN KF
H F H
F
H F
11 1 2
2
7 1
Participation féminine aux listes en pourcentage
Pourcentage des femmes parmi les élus à titre honoraire
Coalition de la Gauche et du Progrès
Rénovation Démocratique (centre-droite)
Mouvement Autonome de Politique Ouvrière (gauche)
Démocratie Immédiate (gauche)
Parti de lutte socialiste de la Grèce (gauche)
Parti Socialiste National pour la démocratie et le développement
Mouvement Ecologique Renaissance Politique
42
14%
8,33%
Tableau 1d
Partis
ND
H F
11 1
5 1
PASOK
H
F
10 2
3
2
Total candidats
Total élus
63
12
Liste
Elus
Init. C/ER
Kollatos
OE
Partis
PASOK
H
F
10 2
3
2
Total candidats
Total élus
78
12
NARLA
KEK
OEP
EK
dont femmes
dont femmes
7
3
Participation féminine aux listes en pourcentage
Pourcentage des femmes parmi les élus à titre honoraire
Initiative gauche des communistes et écologistes radicaux
Mouvement écologique grec - Union des écologistes
Ecologistes de la Grèce
ND
H F
10 2
5 1
Liste
Elus
SYN
H F
11 1
1 0
ELECTIONS LEGISLATIVES DE NOVEMBRE 1989
Init.C/ER KF
Kollatos AKEP OE
H
F
H F H
F
H F H F
10
2
11 1 1
0
1 0 2 0
SYN
H F
10 2
1 0
ELECTIONS LEGISLATIVES DE 1990
DIANA NARLA KKEin Kollatos OE
AKEP
H
F H
F
H F H
F
H F H F
12 0 7
1
4 0 4
0
1 0 1 0
dont femmes
dont femmes
8
3
Tableau 1e
OEP
H F
5 1
KEK
H F
1 0
EK
H F
5 0
Participation féminine aux listes en pourcentage
Pourcentage des femmes parmi les élus à titre honoraire
Nouveau Courant Gauche Opposition Populaire
Parti des Chasseurs Grecs, Nature-Chasse-Tradition
Ecologistes – Pacifistes - Verts
Parti National
11,11%
25%
10,25%
25%
Tableau 1f
43
Partis
Liste
Elus
ND
H F
11 1
5 0
Total candidats
Total élus
POLAN
MA
Olymp
Partis
Liste
Elus
73
12
KKE
H F
10 2
dont femmes
dont femmes
8
2
Participation féminine aux listes en pourcentage
Pourcentage des femmes parmi les élus à titre honoraire
10,95%
25%
Printemps politique (droite)
Gauche Militante
« Olympisme »
PASOK
H
F
10 2
6
0
Total candidats
Total élus
DIKKI
UC
Chr
KE
PASOK SYN
H
F H F
10 2 11 1
5
2
ELECTIONS LEGISLATIVES DE 1993
POLAN EPEN MA
Olymp OE
EK
H
F H F H F H F H F H F
11 1 3 0 4 0 2 0 0 1 3 0
ND
H F
10 2
5 1
96
12
POLAN KKE
H
F H F
10 2 10 2
dont femmes
dont femmes
Tableau 1g
ELECTIONS LEGISLATIVES DE 1996
SYN
DIKKI UC
Chr
ASKE KEK
H F H F H F H F H F H F
8 4 11 0 2 1 1 0 1 0 3 0
15
1
Olymp OE
H F H F
3 0 6 1
Participation féminine aux listes en pourcentage
Pourcentage des femmes parmi les élus à titre honoraire
Mouvement démocratique et social (gauche)
Union des centristes
Christopistia (« Foi en Christ »)
Parti de l’Hellénisme
KE
H F
6 1
15,63%
8,33%
Tableau 1h
44
Partis
Liste
Elus
PASOK
H F
8
4
4
2
Total candidats
Total élus
EPAK
ES
PG
DPE
Partis
Liste
Elus
KKE
H F
11 1
SYN
H F
9 3
124 dont femmes
12 dont femmes
17
2
Olymp KF
H F H F
12 0 6 1
Participation féminine aux listes, en pourcentage
Pourcentage des femmes parmi les élus à titre honoraire
ES
H F
7 0
PASOK
H F
7
5
3
2
ND
H F
7 5
4 3
91
12
KKE
H F
10 2
SYN
H F
9 3
dont femmes
dont femmes
PG
H F
4 1
DPE
H F
10 2
13,70%
16,66%
Parti National Patriotique (extrême droite)
Coalition Nationale (extrême droite)
Première Ligne
(extrême droite)
Union Démocratique des Périphéries
Total candidats
Total élus
AN.S.
LAOS
ND
H F
9 3
6 0
ELECTIONS LEGISLATIVES DE 2000
DIKKI KE
ASKE EO
UC
EPAK
H F H F H F H F H F H F
11 1 2 1 1 0 12 0 3 0 2 0
Tableau 1i
ELECTIONS LEGISLATIVES DE 2004
DIKKI EM
ASKE AN.S. UC
LAOS
H F H F H F H F H F H F
11 1 2 0 0 1 7 5 4 0 11 1
23
5
Participation féminine aux listes en pourcentage
Pourcentage des femmes parmi les élus à titre honoraire
Coalition anticapitaliste
Alerte Populaire Orthodoxe (extrême droite)
25,27%
41,66%
Tableau 1j
45
Chapitre 2
Relations quantitatives des candidatures féminines
avec les candidatures masculines et avec le résultat électoral
a) La députation aux circonscriptions électorales
La présence électorale féminine est de plus en plus forte et pas
seulement sur les listes des candidatures des députés à titre honoraire. Aux
différentes circonscriptions électorales, il y a toujours au moins une candidate.
Pourtant, la situation actuelle s’est formée très lentement au cours des trentequatre dernières années suite à des processus difficiles à évaluer.
L’analyse des chiffres et des taux des femmes candidates demande de
prendre en considération les paramètres suivants, du moins important au plus
important et du moins objectif au plus objectif :
(i) La situation politique à l’intérieur du pays
(ii) Le système électoral en vigueur
(iii) Le parti
(iv) La circonscription électorale
(v) Le temps
(i) La situation à l’intérieur du pays et l’atmosphère politique au
moment des élections ou de l’annonce des candidatures, semblent affecter de
moins en moins la présence des femmes sur les listes électorales. Cependant,
c’était le cas jusqu’aux années 1990. En Grèce, la période de « crise politique »,
ou plutôt de « crise électorale » (1989-1990) a donné l’occasion aux grands
partis d’essayer des nouveaux visages, dont un bon nombre étaient féminins,
moins connus et moins exposés. En même temps, elle a permis la renaissance
d’une pléthore de petits partis, essentiellement de la gauche ou issus de
scission, qui ont présenté beaucoup de candidatures féminines. En outre,
46
l’influence des mouvements féminins et féministes peut également être aperçue
dans cette évolution.
Le tableau n° 3 décrit bien la situation. Les rapports entre le nombre
total des candidatures féminines et le nombre total des candidatures, ainsi que
le taux qui en découle, pour chaque circonscription et pour l’ensemble du
territoire y figurent, pour cinq élections régulièrement espacées (1974, 1985,
juin 1989, 1996, 2004). Le taux des candidatures féminines sur l’ensemble du
pays passe de 0,2% en 1974 à 11% en 1985, touche son point haut en 1989
(13,5%) puis rechute jusqu’en 1996 (12,5%) et finalement augmente
jusqu’aujourd’hui.
(ii) La hausse soudaine du taux en 1985 doit être imputée
essentiellement à la pression par le mouvement féminin et à l’utilisation, pour
cette fois seulement d’un différent système électoral, celui de la liste. Sans vote
de préférence, les partis étaient libres d’ajouter des femmes aux positions non
éligibles de leurs listes, pour répondre à la demande.
(iii) D’ailleurs c’est au sein des partis que la question féminine se pose.
Le tableau n° 2 offre un aperçu de la participation féminine selon le parti et
permet de confirmer quelques règles du jeu partisan. L’espace de trente ans
entre les deux affrontements électoraux de 1974 et de 2004, montre que le
classement des partis selon leur préférence pour les candidatures féminines n’a
pas fondamentalement changé. Les chiffres des quatre partis qui ont assuré
leur entrée au Parlement sont donnés sur des colonnes séparées, une cinquième
colonne concerne le nombre des candidatures présentées par les autres partis et
une sixième le rapport entre les candidatures féminines et le nombre total des
candidatures par circonscription.
Les points de vue différents de la gauche et de la droite sont apparents
encore une fois. Le parti de la droite, Nouvelle Démocratie, affiche les taux les
plus bas par rapport aux autres, tant en 1974 qu’en 2004.
47
En 1974, le parti centriste Union du Centre-Forces Nouvelles (Enosi
Kentrou-Nées Dynameis) dépasse le nouveau-né parti socialiste (PASOK) de
0,6% en présentant deux femmes de plus. La Gauche Unie (Enomeni Aristera)
des deux partis communistes et autres partis de la gauche présente 17
candidates, nombre double ou triple des 4, 5 ou 7 des autres grands partis.
Deux candidates seulement sont issues des petits partis non représentés.
Trente ans plus tard, en 2004, les quatre partis finalement représentés,
sont la ND, le PASOK, le parti communiste KKE et la Coalition de la Gauche
(SYN), récemment renommée, avec l’addition de nouveaux partis, en Coalition
de la Gauche Radicale (SYRIZA) et présentent le même nombre de candidats à
l’ensemble du pays (364). A la droite, le taux des candidates est bas (12,4%) et il
est meilleur pour le parti socialiste qui présente cinq candidates de plus
(14,3%). A la gauche, le parti communiste présente 62 femmes (17%) et le
SYN/SYRIZA 70 femmes (19,2%). Les nombreux petits partis non représentés,
vus en ensemble, affichent le meilleur taux (23%), dû essentiellement aux partis
de la gauche extraparlementaire où les femmes sont très actives.
Il est important de noter que, lors des élections de 2004, le parti de
SYN/SYRIZA a présenté des bulletins de vote qui étaient majoritairement
féminins à deux circonscriptions : Rethymne (n° 54), où il y avait 2 candidates
et un candidat, et Pella (n° 11), où il y avait 3 femmes et 2 hommes candidats.
De même, le parti communiste a présenté une liste à majorité féminine à
Corinthe (n°43), avec trois femmes et deux hommes.
(iv) Les candidatures féminines ne s’observent pas partout en Grèce avec
les mêmes taux. Au contraire, les très grandes variations sont la première
observation qu’on peut porter ; il y a même des circonscriptions électorales où
il n’y a pas eu de femmes candidates jusqu’en 1989 (v. tableau n°2,
circonscriptions 25-Karditsa et 45-Arcadie).
Les 35 candidates de 1974 se présentaient à 14 circonscriptions : 26 aux 5
circonscriptions électorales des départements d’Attique et de Thessalonique, 3
48
aux grandes circonscriptions de plus de sept sièges, et 6 à des circonscriptions
moyennes. Sur la carte électorale de 1974, d’où les femmes sont presque
absentes, le paradoxe de la ville de Thessalonique (circ. él. n°6 –Salonique A),
qui marque 11,9% de participation féminine aux listes est surprenant. En effet,
la deuxième ville grecque, ville industrielle et commerciale avec une longue
tradition multiculturelle, s’affiche systématiquement parmi les circonscriptions
les plus féminines.
Il est difficile d’établir des règles très précises sur les phénomènes
récurrents de la représentation féminine au territoire divisé en circonscriptions.
On pourrait classifier sous quelques grandes catégories :
Aux circonscriptions insulaires (n° 26 à 29 et 48 à 52) de la mer ionienne
et de la mer Egée (sauf Crète et Eubée), la présence féminine a été observée
relativement tôt, souvent avec de bons taux et mêmes très importants
(notamment à Céphalonie et à Samos). L’augmentation de la représentation
féminine a été en générale moyenne et elles affichent de bons résultats par
rapport à l’ensemble.
Les circonscriptions de l’Attique et les circonscriptions voisines
connaissent une forte progression et affichent quelques-uns des meilleurs taux.
(n° 35 à 43).
Les circonscriptions des grandes villes du continent se situent autour et
devant la moyenne, en 2004, (n° 6, 22, 31, 46) sauf Evros et Ioannina.
Les circonscriptions voisines de Thessalonique (n°7 à 13) se situent
légèrement en dessous de la moyenne, ayant suivi une progression presque
stable, à l’exception de l’agricole et touristique Calcidique qui conserve des
taux bas, et la très dynamique frontalière Pella qui affiche une des plus grandes
hausse et le deuxième taux le plus haut en 2004 (34,1%).
Les taux les plus bas sont observés à Xanthi (n° 3) et à Grevena (n° 17).
Xanthi constitue l’exemple de l’effet inverse (la déféminisation des listes
électorales). Ayant marqué son plus haut taux en 1985 (15,4%) sous l’impulsion
49
politique virtuelle de la liste, le pourcentage se dégrade de plus en plus (il a
atteint 5,4% en 2004). Xanthi est une circonscription frontalière au nord-est,
assez pauvre et avec le plus important taux de musulmans.
Les chiffres sont au dessous du seuil de 10% à Grevena (n°17),
circonscription montagneuse avec très peu d’infrastructures au centre de la
carte grecque.
Dans les autres parties du pays, les taux fluctuent considérablement
selon divers variables.
(v) Enfin, le temps, le facteur le plus important et le plus objectif,
influence les taux de participation des femmes. Sauf les moindres exceptions
observées, la représentation féminine évolue en augmentant au long terme, ce
qui donne aux femmes politiques de l’espoir et de la volonté de précipiter les
choses.
50
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
12
13
14
15
16
17
18
19
20
21
22
23
Partis >
Circ. El. \/
Evros
Rodopi
Xanthi
Drama
Kavala
Salonique A
Salonique B
Serrès
Calcidique
Kilkis
Pella
Emathie
Pieria
Florina
Kozani
Kastoria
Grevena
Ioannina
Arta
Thesprotie
Preveza
Larissa
Magnésie
ELECTIONS DE 1974
ND
EKND PASOK
F H F H F H
5
5
5
4
4
4
3
3
3
3
3
3
4
4
4
1 11 2 10 1
11
6
6
6
8
1 7
8
3
3
3
3
3
3
5
5
5
4
4
4
3
3
3
2
2
2
5
5
5
1
1
1
2
2
2
5
5
5
3
3
3
2
2
2
2
2
2
8
8
8
6
6
6
EA
F H
4
4
1
3
4
3 9
6
1 6
3
3
5
4
3
2
5
1
1
5
3
1
2
8
6
ELECTIONS DE 2004
Autres Rapport PASOK ND
KKE
F H TF TC F H
F H F H
4
23 1
4
5
1 4
4
20 1
3
4
4
3
13
4
4
4
4
16
4
4
4
3
19 1
4
1 4
5
1 18 8
67 3
16 2 17 4 15
6
30 1
8
1 8
2 7
10 2
33 1
8
1 8
2 7
2
14 1
3
4
4
6
18
4
4
4
8
28 2
3
1 4
1 4
2
18
5
5
2 3
3
15
5
5
1 4
2
10
3
1 2
1 2
4
24
6
6
1 5
5
9
3
3
3
1
8
2
2
2
1
21
6
1 5
1 5
2
14
4
4
4
1
8
2
2
2
2
10
3
3
1 2
5
37 1
9
2 8
1 9
1
25 1
5
1 5
1 5
51
SYN
F H
2 3
4
4
1 3
1 4
6 13
3 6
2 7
4
4
3 2
5
1 4
3
6
3
2
1 5
4
2
3
3 7
1 5
Autres
F
H
3
18
5
15
2
19
4
16
3
20
30 78
7
41
8
31
4
18
6
13
7
14
4
18
5
17
4
11
5
27
7
7
2
11
5
32
5
17
4
12
4
13
8
30
4
21
Rapport
TF TC
7
41
6
36
2
37
5
36
6
43
45 184
14 84
14 75
5
38
6
35
14 41
6
42
7
42
6
27
6
56
7
26
2
21
8
61
5
38
4
24
5
29
15 78
8
49
ELECTIONS DE 1974
Partis >
ND
EKND PASOK
Circ. El. \/
F H F H F H
24 Trikala
5
5
5
25 Karditsa
6
6
6
26 Kerkyra
3
3
3
27 Leucade
1
1
1
28 Céphalonie
2
2
1
29 Zakynthos
1
1
1
9
9
9
30 Etolie/Acarnanie
31 Achaïa
8
8
1
7
7
7
7
32 Elide
33 Phtiotide
6
6
6
34 Eurytanie
2
2
2
2
2
2
35 Focide
36 Beotie
4
4
4
37 Eubée
7
6
6
38 Athènes A
1 21 2 20 1
20
1 27 1 27 1
25
39 Athènes B
40 Pirée A
8
8
7
41 Pirée B
1 7
8
1
6
42 Attique(reste)
6
6
6
4
4
4
43 Corinthe
44 Argolide
3
3
3
45 Arcadie
5
5
5
46 Messénie
7
7
7
EA
F H
1 4
6
3
1
2
1
9
1 7
1 6
1 5
1
2
3
5
3 19
2 25
1 7
8
6
1 3
2
5
7
Autres
F H
7
7
4
2
3
1
6
6
6
7
1
2
6
2
31
37
10
8
10
2
2
4
7
ELECTIONS DE 2004
Rapport PASOK ND
KKE
TF TC F H
F H F H
1
27 2
4
1 5
1 5
31
6
1 5
1 5
16 1
3
4
4
6
2
2
2
10
2
2
2
5
2
2
2
42 1
9
2 8
2 8
2
38 3
8
2 9
2 9
1
34
8
1 7
2 6
1
31 1
5
6
1 5
7
1
1
2
1 1
10 1
1
2
2
21 1
4
5
5
26 1
7
8
1 7
13 9 12 4 17
8
119 8
5
146 7
40 9 38 12 35
1
41 1
7
2 6
2 6
2
39 2
8
2 8
2 8
34 2
12 1 13 3 11
1
18 1
4
1 4
3 2
13
4
4
4
24 1
3
4
4
35
6
1 5
1 5
52
SYN
F H
1 5
6
1 3
2
2
2
1 9
3 8
1 7
2 4
2
2
1 4
1 7
7 14
10 37
2 6
2 8
4 10
5
1 3
1 3
1 5
Autres
F
H
9
22
4
28
4
17
5
9
3
10
6
9
10 31
12 38
7
25
5
22
6
8
5
8
9
13
7
23
29 102
59 201
13 37
14 38
11 56
6
18
3
17
3
14
7
21
Rapport
TF TC
14 55
6
56
6
37
5
22
3
21
6
23
16 81
22 94
11 64
9
51
8
22
6
21
11 42
10 62
57 215
97 448
20 82
22 92
21 123
11 44
4
36
5
33
10 52
47
48
49
50
51
52
53
54
55
56
Partis >
Circ. El. \/
Laconie
Lesbos
Chio
Samos
Cyclades
Dodécanèse
Canée
Rethymne
Iraklion
Lassithie
ELECTIONS DE 1974
ND
EKND PASOK
F H F H F H
4
4
4
4
4
4
2
2
2
2
2
2
4
1 3
4
4
4
4
4
4
4
2
2
2
7
7
7
3
3
3
EA
F H
4
4
2
2
3
4
1 3
2
1 6
2
TOTAUX>
4
17 258
CHIFFRES
ET TAUX
TF|TC
4|289
7|290
5|283
16|275 2|300
35|1438
52|364
45|364 62|364
70|364
426|1855 655|3311
1,3%
2,4%
1,8%
5,8%
0,2%
14,3%
12,4%
19,2%
23%
285 7
283 5
277
ELECTIONS DE 2004
Autres Rapport PASOK ND
KKE
F H TF TC F H
F H F H
3
19 1
3
4
4
1
17
4
1 3
4
1
9
1
2
3
3
1
9
2
2
2
3 1
18
4
1 3
4
8
24
6
6
1 5
7 1
23
5
5
1 4
3
11 1
2
3
3
2 1
30 1
9
10 3 7
4
15 1
2
3
3
52
0,6%
312
45 319 62
17%
SYN
F H
4
4
3
2
1 3
6
1 4
2 1
2 8
1 2
302 70
Autres
F
H
3
15
4
15
5
9
5
10
4
13
11 13
4
28
1
15
11 34
5
11
294 426
Rapport
TF TC
4
34
5
35
6
26
5
23
6
33
12 48
6
52
4
28
17 85
7
28
1429
19,8%
Tableau 2
Circ. El. > circonscription électorale ; s’identifie au département (Nomos) à l’exception des départements d’Attique et de Thessalonique qui
comptent plusieurs circonscriptions (5 et 2, respectivement)
F > femmes, H> hommes
ND> Nouvelle Démocratie (droite) , EKND> Union du centre Forces Nouvelles (centre-droite) , PASOK > Mouvement Socialiste
Panhéllenique, EA> Gauche Unie, KKE> Parti Communiste de Grèce, SYN> Coalition de la Gauche
Autres> autres partis, n’ayant pas acquis le pourcentage exigé pour l’entrée au Parlement
TF | TC > rapport du nombre Total des candidatures Féminines sur nombre Total des Candidatures
53
Elections>
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
12
13
14
15
16
17
18
19
20
21
22
23
Circ.El. \/
Evros
Rodopi
Xanthi
Drama
Kavala
Salonique A
Salonique B
Serrès
Calcidique
Kilkis
Pella
Emathie
Pieria
Florina
Kozani
Kastoria
Grevena
Ioannina
Arta
Thesprotie
Preveza
Larissa
Magnésie
1974
Rapport
TF TC
23
20
13
16
19
8
67
30
2
33
14
18
28
18
15
10
24
9
8
21
14
8
10
37
25
Taux
En %
11,9
6
1985
Rapport
TF TC
1
32
2
32
4
29
4
35
5
30
14 93
5
50
4
52
2
24
3
25
1
38
2
30
3
31
3
21
1
36
2
22
3
20
4
43
1
24
3
26
4
20
4
62
6
49
Taux
En %
3,1
6,2
13,8
11,4
16,7
15
10
7,7
8,3
12
2,6
6,7
9,6
14,2
2,8
9,1
15
9,3
4,2
11,5
20
6,4
12,2
1989 (juin)
Rapport Taux
TF TC En %
6
56 10,7
4
59 6,8
7
62 11,3
6
62 9,7
14 56 25
26 154 16,9
15 81 18,5
7
84 8,3
6
48 12,5
7
54 12,9
8
66 12,1
6
60 10
8
59 13,5
3
34 8,8
5
67 7,5
4
36 11,1
3
38 7,9
6
65 9,2
5
49 10,2
6
38 15,8
4
38 10,5
11 90 12,2
10 70 14,3
54
1996
Rapport
TF TC
4
44
5
42
2
43
7
40
1
50
23 162
11 88
7
76
6
41
6
42
10 52
4
47
5
46
8
32
6
60
5
30
2
23
5
58
4
41
3
33
4
31
8
86
8
62
2004
Taux
Rapport
En % TF TC
9,1
7
41
11,9
6
36
4,6
2
37
17,5
5
36
2
6
43
14,2
45 184
12,5
14 84
9,2
14 75
14,6
5
38
14,3
6
35
19,2
14 41
8,5
6
42
10,9
7
42
25
6
27
10
6
56
16,7
7
26
8,7
2
21
8,6
8
61
9,7
5
38
9
4
24
12,9
5
29
9,3
15 78
12,9
8
49
Taux
En %
17
16,7
5,4
13,9
13,9
24,4
16,7
18,7
13,1
17,1
34,1
14,3
16,7
22,2
10,7
26,9
9,5
13,1
13,1
16,7
17,2
19,2
16,3
1974
Rapport
Circ.El. \/
TF TC
1
27
24 Trikala
31
25 Karditsa
16
26 Kerkyra
27 Leucade
6
28 Céphalonie
10
29 Zakynthos
5
30 Etolie/Acarnanie
42
31 Achaïa
2
38
32 Elide
1
34
33 Phtiotide
1
31
34 Eurytanie
7
35 Focide
10
36 Beotie
21
26
37 Eubée
8
119
38 Athènes A
39 Athènes B
5
146
40 Pirée A
1
41
2
39
41 Pirée B
42 Attique(reste)
34
1
18
43 Corinthe
44 Argolide
13
45 Arcadie
24
35
46 Messénie
Elections>
Taux
En %
3,7
5,3
2,9
3,2
6,7
3,4
2,4
5,1
5,5
1985
Rapport
TF TC
1
34
38
4
24
3
17
2
17
1
15
4
53
7
60
3
41
3
42
2
16
4
23
2
34
3
43
32 152
32 222
13 68
6
65
6
55
4
29
1
26
32
6
49
Taux
En %
2,9
16,7
17,6
11,7
6,7
7,5
11,7
7,3
7,1
12,5
17,4
5,9
7
21
14,4
19,1
9,2
10,9
13,8
3,8
12,2
1989 (juin)
Rapport Taux
TF TC En %
8
68 11,8
5
73 6,8
8
44 18,2
6
30 20
8
30 26,7
5
26 19,2
6
87 6,9
10 103 9,7
13 68 19,1
10 67 14,9
2
30 6,7
2
39 5,1
5
52 9,6
10 69 14,5
46 287 16
64 395 16,2
16 103 15,5
15 107 14
11 76 14,5
6
55 10,9
8
43 18,6
2
55 3,6
8
74 10,8
55
1996
Rapport
TF TC
4
62
5
57
6
39
6
26
7
25
4
21
6
77
10 98
10 73
6
68
1
21
6
34
6
46
4
67
53 263
62 428
12 108
14 108
16 114
4
49
4
41
2
48
4
68
2004
Taux
Rapport
En % TF TC
6,4
14 55
8,8
6
56
15,4
6
37
22
5
22
28
3
21
19
6
23
7,8
16 81
10,2
22 94
13,7
11 64
8,8
9
51
4,7
8
22
17,6
6
21
13
11 42
6
10 62
20,1
57 215
14,5
97 448
11,1
20 82
13
22 92
14
21 123
8,2
11 44
9,7
4
36
4,2
5
33
5,9
10 52
Taux
En %
25,4
10,7
16,2
22,7
14,3
26
19,7
23,4
17,2
17,6
36,4
28,6
26,2
16,1
26,5
21,6
24,4
23,9
17
25
11,1
15,1
19,2
Elections>
47
48
49
50
51
52
53
54
55
56
Circ.El. \/
Laconie
Lesbos
Chio
Samos
Cyclades
Dodécanèse
Canée
Rethymne
Iraklion
Lassithie
TOTAUX>
1974
Rapport
TF TC
19
17
9
9
1
18
24
1
23
11
1
30
15
35/1438
Taux
En %
5,5
4,3
3,3
0,2%
1985
Rapport
TF TC
3
23
5
30
1
21
2
16
2
22
3
31
2
30
2
24
7
48
2
21
249/2245
Taux
En %
13
16,7
4,8
12,5
9
9,7
6,7
8,3
14,6
9,5
11%
1989 (juin)
Rapport
TF TC
5
46
7
47
7
33
5
25
9
43
8
45
9
54
7
45
4
78
9
41
521/3864
Taux
En %
10,9
14,9
21,2
20
20,9
17,8
16,7
15,5
5,1
21,9
13,5%
1996
Rapport
TF TC
4
40
5
39
3
31
6
22
8
41
8
43
5
49
3
33
9
80
1
33
448/3581
2004
Taux
Rapport
En % TF TC
10
4
34
12,8
5
35
9,7
6
26
27,3
5
23
19,5
6
33
18,6
12 48
10,2
6
52
9
4
28
11,2
17 85
3
7
28
12,5
655/3311
Taux
En %
11,8
14,3
23
21,7
18,2
25
11,5
14,3
20
25
19,8
Tableau 3
Circ. El. > circonscription électorale ; s’identifie au département (Nomos) à l’exception des départements d’Attique et de Thessalonique qui
comptent plusieurs circonscriptions (5 et 2, respectivement)
F > femmes, H> hommes
TF | TC > rapport du nombre Total des candidatures Féminines sur nombre Total des Candidatures
TOTAUX > rapport TF|TC à l’ensemble du territoire et pourcentage des candidatures féminines à l’ensemble du territoire.
56
b) La masculinité indépassable du résultat électoral
Les résultats des affrontements électoraux ne reflètent malheureusement
pas les taux des candidatures. Ceux-ci, même bas, sont largement plus
satisfaisants. La raison serait-ce que « les femmes ne votent pas des femmes » 56,
malgré les spots publicitaires des partis et du Secrétariat Général de l’Egalité
les incitant à le faire ?
Les candidatures féminines devraient s’adresser à leur électorat évident ;
les femmes. Pourtant il est rare et très récent qu’une candidate en Grèce mise
sur un profil politique essentiellement constitué sur des éléments rappelant sa
nature féminine et encore plus rare qu’elle soit élue.
Il n’est pas surprenant de s’identifier à l’idéologie du parti qu’on vote.
Dans cette mesure, le fait que les femmes électrices et votantes délaissent leur
choix par excellence, s’explique partiellement, au moins pour les petits partis et
pour les partis de la droite.
Il faut aussi être attentifs avec une autre donnée. Les femmes grecques
ne votent pas moins que les hommes. « L’obligation de vote » est un droit bien
ancré à la conscience collective des deux sexes et la Grèce affiche un très bas
taux d’abstention par rapport aux autres pays de l’UE.
La situation ne pourra changer qu’avec une entrée massive des femmes
en politique ; car, manque de femmes candidates, les votantes continueront de
privilégier les candidatures masculines, en guidant, de façon disproportionnée
le résultat électoral loin de la logique du miroir de la société.
D’ailleurs, la géographie électorale grecque est une géographie de la
masculinité. Les circonscriptions qui divergent à cette règle, sont celles qui ont
connu de grandes personnalités féminines. C’est le cas de la circonscription
électorale de Eurytanie (n°20), petite circonscription au centre de la Grèce
continentale, patrie de Pavlos Bakoyannis et circonscription de Dora
56
Eleni Kourkoula, ancienne députée du PASOK, entretien n° 4 pense que c’est la raison principale.
57
Bakoyanni, l’actuelle ministre des Affaires Etrangères, dont le nom figure tous
les ans au classement des femmes les plus puissantes de la planète57. En 2004,
l’Eurytanie avait le plus haut taux de participation féminine aux listes (36,7%).
Pourtant, aucune des 8 candidates n’a été élue.
Dans le milieu socialiste,
l’exemple similaire est celui de la
circonscription de Kastoria (n° 16) qui a connu une très grande hausse et
détient le meilleur taux à la région géographique du parti. Anna
Diamantopoulou a fait son premier mandat politique à Kastoria, quand elle
avait 25 ans, nommée par son parti au poste de chef de Nomos (Nomarchis).
Nous observons, alors, que l’ « expérience féminine » dans une circonscription
s’ajoute aux facteurs qui peuvent être à la base de l’augmentation. Cela n’est
pas indépendant d’autres facteurs qui se relatent à la « qualité » de la
candidature et de la représentation féminine qui seront étudiés par la suite
(Deuxième Partie).
La masculinité indépassable du résultat électoral est aussi démontrée
par les taux de représentation féminine au Parlement : En 2004, année où les
candidatures féminines des quatre grands partis se situaient entre 12,4% et
19,2% (moyenne 15,2%) le taux des femmes au Parlement était 13%.
Au total, les 107 élues depuis 1974 ont effectué près de 254 mandats
(dont quelques mandats partiels en tant que remplaçantes) aux 12 parlements
formés, c’est-à-dire qu’elles ont eu une présence s’élevant à 6,9% sur le total des
3600 mandats parlementaires entiers (12 parlements de 300 membres=3600).
Seulement 34 des 107 (moins d’un tiers) ont été élues à une
circonscription en dehors
des
cinq circonscriptions d’Attique et
de
Thessalonique. Parmi ceux qui ont privilégié les candidatures féminines, sont
les électeurs des circonscriptions électorales de la Crète, des îles de la mer Egée
et de Kerkyra (Corfou). La plupart des circonscriptions électorales du
57
Classement du magazine américain Forbes. Mme Dora Bakoyanni figure dans la liste tous les ans
depuis 2006.
58
Péloponnèse, de la région Ouest et de la Macédoine centrale et Occidentale ont
été représentées au Parlement par une femme, au moins une fois. Au contraire,
les circonscriptions de la Grèce Centrale, de l’Epire, de la Macédoine Orientale
et de la Thrace, ont eu très peu de femmes députées.
En plus, 18 des 107 ont été élues députées à titre honoraire, au moins
une fois, ce qui prouve la déformation que porte à l’image électorale du pays,
l’utilisation de ce « système électoral ». Il n’est pas faux de remarquer que les
candidatures féminines « imposées » ont eu plus de chances (même si les listes
pour l’ensemble du territoire n’ont jamais été constituées de manière
égalitaire), que les candidatures féminines pour lesquelles l’électeur devait
former une opinion.
59
Deuxième Partie
La qualité de la représentation féminine
à la Chambre des Députés grecque
La présence féminine dans les institutions politiques grecques, débutée
faiblement à l’après-guerre, inexistante aux années de la dictature, peu
nombreuse pendant la « Métapolitefsi », justifie entièrement son caractère
minoritaire, lorsqu’elle est étudiée en relation avec les facteurs sociaux et
politiques de l’époque.
En même temps, la présence féminine au Parlement grec, en tant que
réalité politique, obéit à des règles non dites, à des coutumes instaurées peu à
peu et à des « habitudes » politiques. La qualité de la représentation féminine a
dicté les choix des partis, ainsi que les choix des électeurs. Quelqu’un peut
trouver des critères différents de ceux qui valent pour les hommes, d’autres qui
sont communs pour les deux sexes.
Les facteurs qui ont déterminé la qualité de la représentation féminine
sont, incontestablement, les facteurs qui ont déterminé les choix des partis
(Titre A). Ce sont les points de vue partisans sur la question féminine, l’effort
de chaque parti de répondre, à sa manière, à une demande sociale croissante,
tout en essayant de préserver sa spécificité idéologique et d’adopter une
attitude à laquelle son électorat pourrait s’identifier.
Ainsi, il est essentiel de s’interroger sur les aspects de la qualité
féminine aux postes de responsabilité accrue de la scène politique (Titre B). Les
qualités des femmes qui accèdent à la fonction parlementaire sont-elles
proportionnelles par rapport aux fonctions qui leur sont confiées par leurs
partis ? Que demande aux femmes politiques la réalité politique grecque ?
60
Titre A
La femme dans les mécanismes de recrutement politique
permettant son accession au mandat parlementaire
Le recrutement politique est une procédure complexe dans sa simplicité,
car le choix fait par le parti est porté devant l’électorat pour validation lors des
élections. La double mise en épreuve de chaque candidature implique la prise
en compte, dès le début, des conditions qui paraissent essentielles à tous les
deux : le parti et l’électorat.
En Grèce, les facteurs les plus déterminants pour la formation du choix
du parti et de l’électeur, depuis 1974, peuvent se regrouper en deux catégories :
Les facteurs relatifs à l’histoire et la tradition politique grecque, qui
seront étudiés dans un premier chapitre (1), ont façonné la présence féminine
surtout pendant les 10 ou 15 années de la Metapolitefsi (jusqu’en 1989) et
expliquent, en partie, la présence d’un nombre considérable de femmes à
l’enceinte parlementaire.
Depuis, les facteurs relatifs aux qualités personnelles et professionnelles
de la femme, ainsi que les facteurs relatifs à la réalité politique et partisane,
examinés dans un deuxième chapitre (2) ont gagné en importance. Vu que la
profession d’origine constitue un critère primordial, il sera utile d’examiner la
représentation des filières professionnelles diverses, telle qu’elle se présente à
l’ensemble des affrontements électoraux depuis 1974.
Cette analyse est certainement d’une grande valeur, vue en parallèle
avec les changements fondamentaux des années 1980 dans les institutions
politiques et sociales.
61
Chapitre 1
Les facteurs spécifiques à la société et l’histoire grecques
facilitant l’accès des femmes au mandat parlementaire.
a) La députée héritière d’un nom politique.
La carrière politique de député a continué de constituer, dans les années
1974-2007, un bien quasi-héréditaire pour le fils ou les mâles des grandes et
moyennes familles politiques, c’est-à-dire une situation privilégiée qui favorise,
par excellence, l’entrée des plus jeunes membres de la ‘‘famille’’, au sens large
du terme, à la politique.
Andreas Papandréou, fils de l’ex-Premier Ministre de la Grèce pendant
1944-1945 et 1964-1965, Georgios Papandréou, a été le fondateur et le chef,
pendant plus de vingt ans, du parti socialiste grec « Mouvement Socialiste
Panhéllenique » (PASOK). Premier ministre du pays pour deux mandats
consécutifs d’une durée de huit ans (de 1981 à 1989), il devint de nouveau
Premier Ministre après la victoire de son parti à l’affrontement électoral de
1993, jusqu’à sa mort, en 1996.
Le Premier Ministre Georgios Rallis (1980-1981), était fils de Ioannis
Rallis, Premier Ministre du dernier des gouvernements officiels pendant
l’Occupation allemande (1943-1944) et petit-fils de Dimitrios Rallis, Premier
Ministre du pays cinq fois pendant de très courtes périodes en 1897, 1905, 1909,
1910 et 1920.
Konstantinos Mitsotakis, provenant d’une famille liée à la famille
Venizelos (Eleftherios Venizelos,
grand homme politique grec, Premier
Ministre sept fois entre 1910 et 1933 et son fils Sofoklis Venizelos, Premier
Ministre trois fois entre 1944 et 1951) est Premier Ministre de 1990 à 1993, entre
les deux mandats de A. Papandréou.
62
En outre, le Premier Ministre actuel, Kostas Karamanlis, est le neveu de
l’ ancien Premier Ministre Konstantinos Karamanlis, qui a gouverné le pays
pendant longtemps avant la dictature (1955-1963) et pendant les six premières
années de la Metapolitefsi (1974-1980). L’ « oncle » Konstantinos Karamanlis
fut, aussi, Président de la République de 1980 à 1985 et de 1990 à 1995.
Les femmes acquièrent le droit de participer à ce dialogue entre les
générations des familles politiques grâce aux changements qui se réalisent au
niveau des institutions politiques et sociales. De cette manière, assurer la
continuation de cet héritage, ce qui était exclusivement une« affaire
masculine », devient, progressivement, « affaire familiale » et « affaire
féminine » aussi, puisque la continuation du « nom politique » est
indispensable afin d’entretenir le statut social de la famille.
Le phénomène des familles politiques de la Grèce peut parfois même
surprendre par son ampleur. Lors de chaque affrontement électoral, il y a des
débats sur les familles politiques, pas seulement sur les grandes familles,
comme celles susmentionnées, mais également sur d’autres, partout en Grèce.
Le
phénomène,
appelé
« Oikogeneiokratia »,
« famille-cratie »
« dominance des familles », s’enracine de plus en plus. L’existence dans la
société grecque de réseaux sociaux de logique clienteliste, favorise les « legs
politiques » de ce genre, puisque les nouveaux personnages de l’espace
public peuvent plus facilement influencer les électeurs, si ils disposent cet
avantage. Par conséquent, très souvent, un poste parlementaire passe d’un
membre de la famille au suivant, ce qui fait que certaines circonscriptions sont
représentées pendant plusieurs générations et à tour de rôles, par des membres
des mêmes familles politiques.
La domination des familles a aidé les femmes d’avancer en politique,
surtout les premiers ans après la dictature. Les liens de parenté ont été plus
déterminants aux débuts de l’ère étudiée, parce qu’ils fournissaient aux
femmes
encore
inconnues
l’avantage
63
d’un
nom
reconnaissable.
Ils
redeviennent importants aujourd’hui, mais cela fait partie d’un phénomène
général qui touche aussi les hommes.
Le tableau 4 démontre que le transfert de l’héritage politique aux
femmes s’effectue par le père ou par l’époux. Pour apprécier l’intensité du
phénomène dans le temps, il suffit de dire que sur les 107 femmes élues
députées de 1974 à 2007, pour 21 (le 1/5, alors) on peut observer au moins un
mode de succession. Il s’agit de filles ou d’épouses d’anciens Premiers
Ministres, ministres, députés ou hommes politiques de la ville d’Athènes.
Tableau 4 : L’héritage politique des élues depuis 1974.
Nom
Filles de
Premiers
Ministres
Akrita S.
Bouga T.
Tsouderou V.
Tsirimokou I.
Giannopoulou D.
Merkouri M.
Kypriotaki-Perraki M.
Spentzari-Tsiamani F.
Chrisoforidou L.
Bourdara K. G.
Bakogianni D.
Kanellopoulou K.
Farantouri M.
Stefanopoulou F.
Loule N.
Kalantzakou S.
Merentiti A.
Gennimata F.
Tsouri E.
Manousou-Binopoulou A.
Katseli L.
Filles de
députés/
politiques
Filles de
ministres
Epouses
députés/
politiques
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
Parti
PASOK
ND
ND/ND
ND
PASOK
PASOK
PASOK
ND
PASOK
PASOK
ND
ND
PASOK
POLAN
SYN
ND
PASOK
PASOK
PASOK
ND
PASOK
1er mandat
Nombre
de
mandats
1974
1974
1974
1977
1977
1977
1977
1981
1981
1985
11/1989
11/1989
11/1989
1993
1996
2000
2004
2000
2000
2004
2007
7
1
6
1
1
7
3
1
1
1
7
4
2
1
1
3
2
1
3
2
1
Déjà en 1974, lors des deux premiers affrontements électoraux, deux
filles d’anciens Premiers ministres sont élues. Depuis, encore 5 élues étaient
successeurs de l’héritage politique d’un père ancien ministre et 5 étaient filles
64
d’anciens députés. Une catégorie spécifique de succession politique est
l’élection d’épouses d’hommes politiques, ce qui concerne 10 femmes.
Concernant leur répartition dans les partis, elles appartiennent à leur
majorité au PASOK (11 sur les 21), puis à la ND (8 sur les 21), et deux d’entre
elles appartiennent aux petits partis (1 à SYN et 1 à POLAN, parti de droite qui
n’existe plus).
Toutefois, tandis que le PASOK devance les autres partis, la ND
monopolise la première catégorie, celle de l’héritage politique d’un ancien
premier ministre. Cet élément pourrait être indicatif de la mentalité plus
conservative du parti, c’est-à-dire que, à l’époque où Mmes Tsouderou et
Tsirimokou sont élues, il était moins probable de rencontrer des personnalités
féminines autonomes dans la droite que dans la gauche. Virginia Tsouderou,
fille du Premier Ministre du « gouvernement exilé en Crète et au Caire » entre
1941 et 1944, est élue en 1974 et en 1977 avec le parti centriste, et en 1985, avec
la ND. La seconde, fille du Premier ministre I.Tsirimokos, qui avait formé le
gouvernement proche du roi en 1965 est élue une seule fois en 1977.
Le caractéristique commun de ces deux femmes, à part l’héritage
paternel, c’est qu’elles ont effectué des études en Sciences Politiques dans des
grandes universités étrangères, ce qui était un grand luxe que très peu de
familles de l’époque pouvaient offrir à leurs enfants, et encore moins à leurs
filles. Il faut cependant mentionner les études très avancées de V. Tsouderou,
qui a aussi étudié la philosophie et les sciences économiques.
Les filles de ministres suivent à parts égales pour les deux grands
partis. Deux élues du PASOK et trois élues de la ND ont eu des pères très
connus pour leurs mandats ministériels.
Melina Merkouri a grandi dans une grande famille politique. Son
grand-père, Spyridon Merkouris, était maire d’Athènes de 1899 à 1914 et son
père, ministre de la gauche démocratique EDA. Fofi Gennimata, élue en 2000,
65
est la fille du grand homme politique de PASOK, ancien ministre de Santé G.
Gennimatas.
Au moment de sa première élection, aux élections de novembre 1989,
Dora Bakoyanni est la fille Konstantinos
itsotakis, chef du parti de la droite
et ancien Ministre de la Coordination et également la veuve de Pavlos
Bakoyannis, député, qui vient d’être assassiné en septembre 1989 par des
terroristes. Un an plus tard, elle est réélue avec le parti mené par son père qui
devient Premier ministre.
Krinio Kanellopoulou, fille de l’ancien ministre du Commerce Ath.
Kanellopoulos est élue en 1989, en 1990 et en 2004. Enfin, en 2000 Sofia
Kalantzakou, est élue à Messinia, circonscription électorale de son père ancien
ministre du Commerce, puis du Travail, pendant longtemps.
Il est à noter que l’héritage politique est déterminant pour ces femmes
tout au long de leurs vies. Indépendamment de leur parti, elles ont toutes fait
des études relatives à la science politique à l’étranger, à l’exception de Melina
Merkouri et Krinio Kanellopoulou.
Les cinq filles d’anciens députés ont toutes des diplômes universitaires
des établissements grecs ou de l’étranger et ont dans leur plupart exercé des
professions libérales.
Les
femmes
épouses
d’hommes
politiques
appartiennent
majoritairement au PASOK (6), et à la ND (3). Une (1) appartient au parti de
POLAN qui n’existe plus aujourd’hui.
A part le cas de Dora Bakoyanni, élue à la circonscription de son mari
assassiné, le cas de Tarsi Bouga démontre très bien, la manière dont est perçu
l’héritage politique familial par la masse électorale. Elue à la circonscription de
son défunt mari en 1974, elle laisse sa place à son fils qui pose sa candidature et
est élu aux prochaines élections de 1977.
La présentation de ces données objectives confirme l’hypothèse que
l’accès des femmes est très facilité par les « avantages héréditaires » qu’elles
66
obtiennent des hommes de la famille. Leur base électorale est déjà formée,
grâce à la réputation du nom familial. Pourtant, il est clair qu’elles ne doivent
pas leur élection seulement à ce facteur.
b) La députée ancienne militante : camarade de prison, d’exil, de
combats contre la dictature
Il est un fait que la participation des femmes dans la vie politique était
légitimée seulement lors des périodes de crise nationale ou de guerre, comme
dans le cas de la Commission Politique de la Libération Nationale 58. Les luttes,
les tortures, les emprisonnements, l’exil et la résistance n’avaient pas de sexe, ni
pendant l’Occupation allemande ni pendant la guerre civile. Tous étaient
égaux, les femmes et les hommes luttaient sans discriminations pour la liberté
et l’instauration de la démocratie. Cependant, à la fin de telles luttes, tandis que
les hommes étaient regardés comme des héros, il était attendu des femmes de
retourner aux charges du foyer familial et au ménage. Leur confinement à la
sphère privée, semblait logique, à cause de l’absence de droits civils pour elles.
Les grecques étaient très présentes à la lutte contre la dictature et aussi,
prêtes à se sacrifier pour la démocratie. Leur participation au référendum pour
la forme du nouveau régime, en 1974 et la consécration constitutionnelle de
leurs droits civils, un an plus tard, a été considérée par plusieurs comme la
reconnaissance officielle de leurs luttes, aussi importantes que celles des
hommes, et comme légitimation indéniable de leur entrée dynamique à la vie
politique du pays.
Pendant les premiers affrontements électoraux après la dictature, des
femmes qui ont mené ou participé à des actions contre la dictature, ont été
58
V. supra, 1ière Partie, Titre A, Ch. 1a.
67
choisies par les partis et ensuite élues par le peuple en tant que « icônes de la
démocratie ».
Il est clair que cela était plus courant lors des trois premiers
affrontements électoraux, à l’heure où les changements susmentionnés qui ont
affecté les institutions politiques et sociales, n’étaient pas encore mis en place.
Se réactiver pour s’engager en politique, était alors primordial pour ces
personnalités, afin de continuer et rendre officiel leur engagement politique.
Au total, 18 femmes députées sur les 107 élues après 1974 disposaient, entre
autres, l’avantage de l’ « assimilation » aux hommes, à travers ces combats.
Tableau 5 : Les élues ayant développé une activité contre la dictature.
Nom
Parti
1ère élection
Vlachou E.
ND
1974
Synodinou A.
ND
1974
6
Tsouderou V.
ND
1974
6
Akrita S.
PASOK
1974
7
Giannou M.
KKE
1974
1
Merkouri M.
PASOK
1977
6
Fleming A.
PASOK
1977
3
Damanaki M.
KKE
1977
10
Ypsilanti A.
KKE
1981
1
Farantouri M.
PASOK
11/1989
2
Dizi
OIK-EN
11/1989
1
.
Nombre
de mandats
1
Papariga A.
KKE
1993
5
Zisi R.
PASOK
1993
5
Partsafyllidou F.
ND
1993
1
Loule N.
SYN
1996
1
Kourkoula E.
PASOK
2000
2
Stergiou I.
SYN
2000
1
Nikolaidou V.
KKE
2004
2
68
L’application de ce critère aux premiers Parlements après la dictature est
étonnante ; à la toute première formation parlementaire de 1974, cinq (5) sur les
sept (7) élues avaient participé à tels combats. En outre, il est intéressant de voir
que la répartition des femmes qui remplissent le critère est égale pour tous les
partis. Sur un total de 21 femmes élues en 1974, 1977 et 1981, on retrouve 9 (un
taux de 43%) avec ce critère, 3 au PASOK, 3 à la ND et 3 au KKE.
Les trois cas des femmes du parti communiste KKE sont tous assez
exceptionnels.
ina
Yannou,
combattante
déjà pendant
l’Occupation
allemande, membre du parti communiste depuis 1943 (il était, alors, illégal), a
été virée de son poste dans le secteur bancaire lors de la guerre civile et
persécutée sur le fond de ces croyances politiques. Pendant la dictature elle fut
obligée de rester en exil. Elle est la seule femme qui a été élue avant et après la
dictature (avant la dictature en 1961 avec le parti de l’Union Démocratique de
la Gauche-EDA).
Emilia Ypsilanti, diplômée également de la prestigieuse Université
Economique d’Athènes, travaille en tant qu’actrice. Après les événements de
l’Ecole Polytechnique (novembre 1973), elle a été détenue à ESA59. Après un
mandat au conseil municipal de la ville d’Athènes elle est élue députée en 1981.
Maria Damanaki a joué un rôle primordial aux événements de l’Ecole
Polytechnique de novembre 1973, qui ont marqué le début de la fin du régime
des colonels. Jeune étudiante, elle est déjà membre de la Jeunesse du parti
communiste (KNE) et elle milite beaucoup dans le mouvement étudiant contre
la dictature. Elle devient connue en tant que membre du Comité de
Coordination du soulèvement de l’Ecole Polytechnique, car elle est une des
deux «voix de la démocratie», de l’émetteur de la Polytechnique occupée qui a
fonctionné pendant trois jours, invitant tous les grecs à se rallier aux côtés des
étudiants pour lutter contre la dictature. La voix de « la fille de la
Polytechnique », faisait un appel à la liberté, gravé dans la mémoire collective
59
Police Militaire Spéciale
69
de la Grèce contemporaine, par la radio illégale de l’Ecole : «Ici l’Ecole
Polytechnique, ici l’Ecole Polytechnique, la station de radio des étudiants
libres, combattants, des grecs libres, combattants… ».
Trente-cinq ans après, elle est la femme qui a le plus grand nombre de
mandats (elle est à son 10ème mandat aujourd’hui), tout en étant la seule qui a
été élue avec trois partis différents. Elle a aussi été la première femme à entrer
au bureau de la Présidence du Parlement, élue en 1988 comme 5e viceprésidente.
Des trois femmes du PASOK, Sylva Akrita serait candidate aux
élections annulées par la dictature en 1967. Membre du Front des Travailleurs
pendant la dictature, elle a été arrêtée et jugée. Elue députée sept fois, elle fait
partie des femmes qui ont réussi d’avoir un poste dans le gouvernement.
Amalia Fleming, médecin bactériologiste avec des études à Athènes et
à Londres, compagne et puis épouse de Alexander Fleming, prix Nobel de la
Médicine, a eu une longue histoire de combats. Arrêtée par les allemands pour
son action dans des groupes de la Résistance, elle a été arrêtée de nouveau
pendant la dictature. D’abord emprisonnée, elle a été ensuite privée de sa
nationalité grecque et exilée à l’étranger. Elle a profité de sa notoriété pour
continuer de militer contre la dictature depuis Londres, en écrivant aussi des
livres comme « Un morceau de vérité »60 qui ont fait connaître à l’étranger son cas
et la cause grecque.
La privation de la nationalité et l’interdiction de retour au pays étaient
aussi la peine de Melina Merkouri. La figure de l’action contre la dictature la
plus connue à l’étranger, actrice de renommée internationale, se trouve à Paris
et met également au service de la Grèce sa réputation, avec des déclarations
aux médias internationaux. Elle organise des grandes manifestations et écrit
des livres comme « Je suis née grecque » (par référence à la privation de sa
nationalité).
60
Amalia Fleming, « A piece of truth», London, 1972.
70
Elue avec le PASOK, elle devient ministre 61 de la Culture, position qui
lui permet de réaliser sa vision pour la Grèce. C’est elle qui reprend et
médiatise l’affaire du retour des marbres du Parthénon, du British Museum en
Grèce. C’est elle, également, qui demande la création d’un nouveau musée
spécialement conçu pour l’Acropole d’Athènes (un très grand et coûteux projet
qui va ouvrir ses portes en 2008). L’institution de la Capitale Européenne de la
Culture a aussi été lancée à son initiative, en 1985.
La droite, aussi, compte parmi ses rangs des femmes qui ont milité
contre la dictature. A part les précitées Virginia Tsouderou et Anna
Synodinou, il faut mentionner Eleni Vlahou, qui était, pendant très longtemps,
la seule femme éditrice d’un quotidien grec (Kathimerini), ainsi que de
nombreux magazines gérés par sa maison d’édition. A la dictature, elle cesse
l’édition de tous les journaux et magazines dont elle est éditrice et part à
Londres. Elle écrit de nombreux articles et donne des discours. Elle publie aussi
son livre «House Arrest»62 qui raconte son histoire pendant la dictature,
commencée par son assignation à résidence. Elle fait partie des élues à titre
honoraire de la droite en 1974.
Les autres (9) femmes du tableau 5, élues de 1989 à aujourd’hui,
appartiennent, à l’exception d’une, au milieu politique de la gauche et du
centre-gauche (3 au PASOK, 2 au SYN, 2 au KKE, 1 au parti de courte vie
« Ecologistes Alternatifs »).
L’engagement politique pendant la dictature n’est pas toujours
déterminant ni pour le choix des électeurs ni pour les choix des partis.
Néanmoins, il permet la reconnaissance dans les réseaux sociaux et politiques
qui peut se traduire en réussite électorale.
Le cas de Marina Dizi, serait probablement expliqué, partiellement, de
cette façon. Présente à l’occupation de la faculté de Droit et aux événements de
61
62
V. infra, analyse pour les femmes ministres et secrétaire d’Etat: Titre B, Ch. 1a.
Eleni Vlachou, « House Arrest », Londres, 1970.
71
l’Ecole Polytechnique, elle a été élue, en 1989, députée du parti des Ecologistes
Alternatifs, rassemblement des mouvements écologistes diverses. Le parti a été
dissout plus tard, car la diversité des 200 organisations qui le formaient et les
orientations idéologiques très différenciées en son sein ont conduit à de
grandes controverses mais, Marina Dizi, députée pendant un an seulement, est
passée dans l’histoire parlementaire, notamment pour sa protestation
silencieuse, qui a provoqué de grands débats et aussi la démission de la
précitée députée de la droite, l’actrice Anna Synodinou. A une époque où
l’actualité
parlementaire
connaissait
des
alliances
et
des
hostilités
paradoxales63, elle s’est rendue au Parlement, en tenant un grand panneau, où
on pouvait lire « Arrêtez le théâtre dans le Parlement. Proportionnelle simple. »
Les deux femmes du parti communiste élues après 1993 sont Aleka
Papariga, Secrétaire Générale du parti64 jusqu’à ce jour, et Vera Nikolaidou,
élue en 2000, après une activité riche et de longue durée à l’intérieur du parti et
des mandats aux collectivités territoriales. Pour toutes les deux, la participation
aux combats contre la dictature était une évidence, mais pas la seule ou la plus
déterminante des raisons de leur avancement dans le parti.
itsa Loulé, a commencé sa carrière de journaliste par Rizospastis, le
journal officiel du KKE et a continué aux quotidiens Avgi et Kathimerini.
Pendant la dictature, le régime lui avait interdit d’exercer son métier de
journaliste. Fille d’ancien député du parti communiste, elle a été élue avec la
Coalition de la Gauche (SYN) deux fois depuis 1996.
Ioanna Stergiou, a repris le mandat d’un homme quand lui a quitté son
poste de député pour un poste de maire.
Fani Partsafyllidou, la seule femme de la ND élue pendant la seconde
période de la Metapolitefsi, avait démissionné de son poste de juge en 1969.
63
En 1989 et 1990 il y a eu en Grèce des élections parlementaires trois fois en moins de 18 mois,
essentiellement parce que les grands partis n’avaient pas le taux exigé pour former un gouvernement et
n’étaient pas prêts non plus à former des gouvernements avec d’autres.
64
V. infra, l’analyse pour les deux femmes chefs de partis en Grèce: Titre B, Ch. 2b.
72
Elle aussi, après des mandats aux collectivités territoriales, elle reprend le
mandat d’un homme député.
Pour les trois femmes du parti socialiste, Maria Farantouri, Rodoula
Zissi et Eleni Kourkoula, l’élément de leur participation à la lutte contre la
dictature ne peut pas être ignoré. Cependant, il ne peut pas être considéré
comme le plus important, et cela pour des raisons différentes pour chacune.
Maria Farantouri, a développé une action dès qu’elle était jeune
membre de la Jeunesse Lambraki65. Figure très connue de la scène culturelle,
elle a été l’interprète de la plupart des chansons interdites, pendant la dictature,
du compositeur Mikis Theodorakis. Elle a donné de nombreux concerts à
l’étranger et, à la fin du régime, aussi en Grèce. Son élection, pourtant, à titre
honoraire, plusieurs années après la restitution de la démocratie, amène à
croire que l’élément déclencheur de cette entrée tardive en politique, était
l’influence de son mari dans les hauts postes de la hiérarchie du PASOK.
Rodoula Zissi, un deuxième membre du Comité de Coordination des
événements de 1973, a ensuite développé une très grande activité syndicale et
locale. Elle a, notamment, essayé de faire connaître, par une forte participation
à des organisations européennes, les questions relatives à sa profession et à son
parti. Ses actions de résistance contre la dictature ne sont pas, alors, ni la seule
ni la plus importante raison qui expliquent son choix par le parti.
La plus jeune de toutes, leni Kourkoula, élue en 2000, a eu également
une participation aux activités contre la dictature. Malgré ses parents
conservateurs, elle a joint, lorsqu’elle était encore élève au collège,
l’organisation gauchiste révolutionnaire de la jeunesse « Rigas Fereos »66, aux
65
La Jeunesse Démocratique Lambraki, l’organisation des jeunes de la gauche, a été fondé en 1963,
après le meurtre de l’homme politique de la gauche Grigoris Lambrakis. Elle a marqué par son activité et
influence politique, culturelle et idéologique les années 1960.
66
Pour l’histoire de « Rigas Fereos », une des organisations politiques de la génération de l’Ecole
Polytechnique qui a vraiment contribué à la diffusion des idées féministes, v. notamment : Maria
REPOUSSI, « Le deuxième sexe à la gauche. Documents et mémoires de l’intervention féministe à
l’organisation de Rigas Fereos 1974-1978 », Revue Hellénique de Science Politique, vol. 8, 1996, p. 121.
73
côtés de ses trois frères aînés. Lors de l’entretien, elle souligne qu’elle a
«participé vers la fin de l’organisation». Toutefois, cela a renforcé son esprit et sa
volonté de syndicaliste, qui, avec la réputation qu’elle a gagnée en tant que
journaliste et actrice, compte parmi les principaux facteurs de sa réussite
électorale.
Compte tenu des données susmentionnées, nous en déduisons que les
combats féminins ont joué un rôle catalyseur pour les choix de personnages par
les partis. Il a été considéré qu’elles primaient sur d’autres, parce qu’elles ont
eu des traits et comportements combatifs communs aux hommes. Leur
masculinisation, effectuée de cette façon, était la clé à la revendication de
charges et fonctions masculines.
74
Chapitre 2
La présence féminine dans les filières masculines
facilitant l’accès des femmes au mandat parlementaire.
a) L’appartenance à des catégories socio-professionnelles spécifiques
en tant que facteur déterminant pour la marche des femmes en politique.
Les conditions jusqu’au début des années 1980 ne facilitaient pas l’accès
d’un grand nombre de femmes à l’espace public, surtout à cause de leur niveau
de formation assez bas, par rapport à celui des hommes. Les hommes
dominaient l’espace public, comme d’ailleurs, les professions qui demandaient
des apparitions en public, ou qui étaient fondées sur l’interaction sociale.
L’exercice réussi de métiers de ce type était souvent synonyme d’un
début de carrière politique, grâce à la puissance dont ces professionnels
disposaient dans la société, puissance bâtie sur des grands réseaux de
connaissances et d’amis, eux aussi, constitués ordinairement par d’autres
hommes. De manière automatique, la politique était un « avantage » réservé
aux hommes, qui pourrait, éventuellement être revendiqué par une femme, si
elle arrivait à se faire connaître par le moyen de son travail, par acquisition,
alors, de qualités professionnelles jusqu’alors masculines.
Conséquemment, l’examen de la répartition des femmes dans les
différentes filières professionnelles servira à constater si et dans quelle mesure
leur accès aux professions « masculines » classiques a contribué à leur élection
au Parlement.
Le tableau 6 rapporte l’origine professionnelle des 107 élues depuis
1974.67 La première observation est qu’il n’y a qu’une femme sans emploi. Il
s’agît du cas très particulier de Tarsi Bouga, femme au foyer, qui a été élue
67
Les professeurs d’université sont ici classés sous la catégorie socio-professionnelle Professeurs
d’Université, indépendamment de leur discipline.
75
pour un mandat, entre le mandat de son mari et le mandat de son fils. Toutes
les autres femmes ont exercé une profession.
En outre, indépendamment de la profession finalement exercée, elles
disposent majoritairement d’un diplôme d’Etudes Supérieures, ce qui encore,
n’était pas évident pour une femme. Cette affirmation était encore valable
pendant de nombreuses années après la dictature pour les régions rurales de la
Grèce.
Les deux professions libérales les plus prestigieuses en Grèce, les
médecins et les avocats, concentrent ensemble le très grand pourcentage de
26%, car parmi les 107 élues, on retrouve 21 avocates et 7 médecins. Leur taux
de présence est plus élevé dans les deux grands partis qu’aux autres.
La raison est la valorisation, par la société, des femmes candidates qui
font ces métiers. Médecins et avocats sont connus et puissants, surtout aux
petites et moyennes villes grecques ; ils peuvent agir sur la volonté des
électeurs, grâce à l’expérience des interactions sociales, acquise au quotidien.
Leurs promesses sont plus crédibles et il leur est plus facile d’aspirer la
confiance. Dans les villes petites et moyennes, ainsi qu’aux régions rurales, les
citoyens préfèrent l’image d’une personne réussie et « éduquée », capable de
présenter et de résoudre leurs problèmes.
En deuxième position mais avec un pourcentage qui approche le 19%
(18,7%),
se trouvent
les femmes
professionnelles
issues des filières
universitaires typiquement masculines. Il s’agît des onze (11) diplômées de
l’Ecole Polytechnique (ingénieurs, architectes etc) et des neuf (9) économistes.
Compte tenu du fait que les femmes étaient, au début, extrêmement
minoritaires dans ces facultés -comme Mme Assimina Xyrotiri nous le
confirme lors de notre entretien disant qu’ « il n’y avait que 7 femmes sur un total
de 150 étudiants »68 - il s’agit d’un très bon pourcentage, qui prouve d’ailleurs la
68
Assimina Xyrotiri, députée du SYN, entretien n 2.
76
thèse que la déféminisation des femmes dans les milieux masculins les aident à
avancer en politique.
Ces professionnels de la pratique et de l’argent, sont très utiles aux
partis. En effet, c’est une tactique électorale d’inclure à sa liste des hommes ou
femmes qui répondent à la demande du corps électoral pour des candidats qui
« peuvent passer des paroles aux actes ». La compétence budgétaire aussi,
passe de plus en plus en avant à la conscience du corps électoral et les
économistes ont l’avantage de leur formation. Le choix d’études de ce genre,
combiné à une personnalité dynamique, a été pour plusieurs femmes leur
« passeport » pour le Parlement.
Autre filière masculine traditionnelle en Grèce, mais qui a moins bien
résisté, c’est le milieu du journalisme. Antichambre classique de nombreuses
carrières politiques grecques du 20e siècle, grâce à l’exposition constante à
l’espace public et, éventuellement, une image influente, elle a été vite conquise
par les femmes. La multiplication des journaux après la dictature, la télévision
publique, la télévision privée plus tard, ont été les facteurs qui ont propulsé la
nouvelle image de la femme, qui écrivait des articles, qui était présentatrice du
journal télévisé, qui faisait de reportages dangereux etc.
A la fin des années 1980, la vitesse par laquelle s’imposent les nouvelles
perceptions des rapports sociaux que la télévision privée (« télévision libre »)
apporte, est surprenante. Les femmes journalistes ne sont plus l’exception dans
la filière professionnelle. Au contraire, avec la création, plus tard, d’écoles
privées de journalisme, elles gagnent la reconnaissance en y enseignant et
deviennent la règle.
Dans le taux de 10% sont aussi comptées les trois femmes éditrices ou
propriétaires de journaux et autres médias. Femmes du pouvoir, par
excellence, les postes à la tête de maisons d’édition leur reviennent soit par leur
famille (comme la précitée Eleni Vlahou, du quotidien Kathimerini), soit par
leur argent.
77
Le monde des arts est représenté par douze femmes (11,2%), dont la
plupart (10) sont des actrices. Il s’agît d’une catégorie dont les membres
s’activent facilement en politique et sont aussi facilement sélectionnés par les
partis pour enrichir les bulletins de vote, surtout parce qu’ils sont déjà très
connus au grand public. En faisant partie du quotidien du peuple, les femmes
actrices cultivent l’image d’une politique qui est au côté du citoyen et, en
évitant la langue de bois des autres candidats, elles font appel au sentiment des
électeurs pour le partage d’une vision commune.
Il faut souligner que le secteur de l’art est le seul où les femmes n’ont
pas connu de déféminisation, car les professions relatives n’ont pas connu de
période de féminisation proprement dite. La femme actrice ou chanteur ou
peintre, était une image plus familière que la femme économiste ou ingénieur.
Il faut alors expliquer le pourcentage élevé des artistes au Parlement de cette
manière, au moins pour les premières années après la dictature.
La décision d’appliquer une catégorie socio-professionnelle distincte de
professeurs d’Université est partiellement expliquée par le fait que l’Université
a beaucoup tardé d’inclure de femmes aux plus hauts rangs de sa hiérarchie.
Par la nature de la fonction, occuper un poste de professeur exige d’effectuer
un parcours académique important. En plus, il faut considérer le petit nombre
d’étudiantes ambitieuses avant la dictature, et le fait que pendant longtemps,
les jurys qui examinaient les candidatures féminines pour la promotion aux
postes universitaires était formés exclusivement par des hommes. L’absence
féminine du domaine des « gens de l’esprit » initialement frappante, a donné
lieu à une intégration progressive, qui s’est traduite aussi en augmentation de
leur nombre en politique.
Les écoles universitaires très privilégiées par les femmes, c’est-à-dire, les
filières pédagogiques, philologiques, historiques etc. alimentent le Parlement
avec un petit nombre de députées.
78
Le secteur du commerce compte aussi 5 femmes députées. Il est à noter
que dans leur majorité, ces femmes appartiennent aux partis de la gauche et
qu’elles sont celles avec le moins de titres universitaires.
Ces données confirment que les barrières qui existaient et qui existent à
quelques filières professionnelles, ont contribué à l’exclusion des femmes du
Parlement. La grande majorité des élues a dû suivre un parcours professionnel
proportionnel à celui de leurs homologues masculins et ainsi subir une
masculinisation.
Tableau 6 : L’appartenance des 107 élues à des catégories socioprofessionnelles
Catégorie socio- professionnelle d’appartenance
En %
approx.
Professions libérales : Avocats
Nombre
de
femmes
21
Professions libérales, Santé : Médecins
7
26%
Santé : Pharmacienne
1
1%
Filières masculines : Diplômées de l’Ecole Polytechnique
11
Filières masculines : Economistes
9
Art : Actrices
10
Art : Chanteurs
1
Art : Peintres
1
Médias : Editrices, Propriétaires de journaux
3
Médias : Journalistes
8
10%
Professeurs d’Universités
9
8%
Filières féminines : Langues, Littérature, Pédagogie, Histoire etc.
7
7%
Emploi dépendant : employées aux secteurs public et privé
8
7%
Emploi indépendant : Commerçantes
5
5%
Autre : Diplômées en Sciences Politiques, Relations Internationales
3
3%
Autre : Etudes/métiers géotechniques
1
1%
Autre : Assistante sociale
1
1%
Autre : Sans emploi/femmes au foyer
1
1%
Total
107
79
19%
11%
100%
b) Du parti au peuple et du peuple au parti
Le prestige et l’influence sont les deux éléments essentiels que toute
personne politique doit avoir ou obtenir assez tôt dans sa carrière, comme il a
été déjà démontré. L’exercice de certaines professions servira toujours à
acquérir plus de « charme politique », ce qui est valable pour les femmes
beaucoup plus que pour les hommes. Mais, l’image politique est formée dans
la vie politique et, selon la personne, dans la vie du parti auquel elle adhère ou
dans les milieux sociaux où elle exprime ses engagements politiques. Il s’agît,
encore une fois, d’un double effort ; chaque personne ayant des ambitions
politiques, devra à un certain moment, convaincre à la fois son électorat et son
parti.
La manière de procéder varie considérablement, selon la stratégie
personnelle et selon les mécanismes des partis. Il y a des cas où la
reconnaissance par les mécanismes sociétaux conduit à la marche avant dans la
hiérarchie du parti et, inversement, des cas où les qualités sont d’abord
reconnues par le parti, qui décide de mettre en avant son membre, sa
candidate.
La première hypothèse présuppose que le candidat à la députation a
cultivé ses rapports avec sa base électorale potentielle, ce qui se réalise
essentiellement dans les milieux syndicaux et associatifs. Plusieurs femmes des
107 élues sont passées par des hauts-postes du syndicalisme étudiant ou/et du
syndicalisme des travailleurs ou des employés. Quelques femmes ont aussi
avancé dans les structures des syndicats professionnels, chambres de
commerce et associations des professions libérales. Les divers autres
engagements, en relation avec leur métier (associations féminines/contre les
discriminations/pour les droits de l’homme pour quelques juristes), ou avec
leur idéologie (associations humanitaires, écologistes, think-tanks reliés à des
80
courants politiques) sont également un terrain où les femmes déploient une
activité de plus en plus importante, vu le déclin du syndicalisme.
L’importance de l’activation dans le milieu syndical69 et dans le milieu
associatif s’avère plus importante pour les candidates et députées des grandes
circonscriptions électorales. Les grandes villes industrialisées favorisent la
présence des femmes à l’espace public, les associations professionnelles y
comptent plusieurs milliers de membres. Les causes minoritaires et
environnementales trouvent plus facilement de défendeurs et, surtout, la
population féminine est plus active, plus indépendante et avec un niveau
d’éducation plus élevé.
La deuxième hypothèse concerne grand nombre de candidates qui ont
été mises à l’épreuve par leurs partis dans les organes internes et/ou aux
collectivités territoriales, avant de poser leur candidature pour la Chambre des
députés. L’intégration de femmes dans la hiérarchie a été pour les partis de la
gauche considérablement plus facile, plus rapide et plus massive que pour les
partis de la droite. Les comités centraux, comités exécutifs et autres organes des
partis comptent maintenant régulièrement de femmes. Evidemment, la
conquête, par les femmes, des postes à la hiérarchie des partis, dépend
beaucoup d’autres facteurs, comme l’ancienneté et l’intensité de l’engagement.
Il est à noter, en marge de cette analyse, que nombre d’entre elles se
contentent parfois de leurs fonctions à l’intérieur du parti et décident rarement
de poser leur candidature aux élections législatives, suivant une attitude
semblable à celle des anciens dirigeants du parti.
La multiplication des présences féminines aux collectivités territoriales
est l’autre facette de ce processus d’intégration des femmes dans les structures
des partis. Autrefois bastion traditionnel des hommes, l’administration locale
est maintenant la filière politique où les femmes s’activent le plus, en
69
Lors de notre entretien Sofia Kalantidou, députée du KKE, entretien n° 12, répondant à notre question
concernant les facteurs qui ont contribué à son élection, elle affirme que « le syndicat est la meilleure
école », racontant l’événement déterminant pour sa participation dans le syndicat de sa profession.
81
réussissant, dans certaines circonscriptions d’égaler le nombre des hommes
dans les conseils municipaux et même de le dépasser. Le phénomène se
généralise aussi aux villes petites et moyennes de la province, ainsi qu’aux
circonscriptions insulaires et rurales : pour les femmes députées de la province,
les élections municipales et départementales ont très souvent été le premier pas
dans la vie politique.
La perception de la collectivité territoriale en tant qu’antichambre du
Parlement est bien ancrée dans la culture politique grecque. Jusqu’au début des
années 1990 les chefs et conseils des 51 départements étaient désignés par le
parti au pouvoir (seuls les maires et conseils municipaux étaient élus). La
désignation des femmes à tels postes, aux petites et moyennes circonscriptions
était, clairement une mise à l’épreuve, ainsi qu’une première preuve de
confiance. Imposer des femmes aux populations des départements agricoles ou
peu urbanisées, était ainsi un grand challenge politique dans les années 198070.
Les postes de secrétaire général et membre de conseil des treize régions,
divisions administratives nouvelles de la Grèce, depuis 1986, sont une occasion
de plus pour les partis de présenter des femmes aux populations locales, car,
jusqu’à ce jour, ils sont remplis après nomination par les partis71.
De manière générale, les collectivités territoriales sont le terrain de
prédilection des femmes politiques originaires de la province qui jusqu’à une
époque récente, étaient presque absentes du Parlement. Il s’avère un secteur de
plus en plus important, avec le déclin progressif du syndicalisme et l’absence,
de facto, de nouvelles candidatures féminines qui ont eu une action contre la
dictature.
Finalement, les difficultés des années 1970 et 1980 auxquelles étaient
confrontées les femmes politiques sont moindres aujourd’hui dans les milieux
et structures susmentionnés, fortement féminisés. De plus, en Grèce la
70
V. par exemple infra pour Anna Diamantopoulou Titre B Ch. 2b.
Le nouveau plan « Kapodistrias 2 », loi relative aux collectivités territoriales, contiendra probablement
une disposition pour l’élection des chefs et conseils des régions.
71
82
considération envers les institutions des collectivités territoriales, équipées de
nouvelles compétences, s’agrandit, ce qui favorisera les femmes, car dans la
conscience publique, l’écart entre la « petite politique » ou « micropolitique »
(se référant aux villes et communes) et la « grande politique » (Parlement) se
referme.
83
Titre B
Aspects de féminisation et de déféminisation du métier
politique : la présence et les rôles attribués aux femmes
Il a déjà été démontré que les candidatures féminines, plus sensibles au
double contrôle du parti et de l’électorat par leur nature, devaient rassembler
un nombre de qualités qui les renforceraient aux yeux de ce dernier. Puisque
les femmes sont entrées dans la cour des hommes, la politique, elles devaient se
conformer aux règles du jeu et essayer de jouer comme eux.
Le constat de la féminisation du Parlement par des femmes qui sont
prêtes à adhérer à une logique impliquant leur « déféminisation » et même leur
« masculinisation » n’est pas nouveau et ne surprend pas. Il est pourtant d’une
grande utilité théorique d’étudier l’application de ces concepts aux femmes
politiques grecques.
En premier lieu (chapitre 1), nous allons étudier la manière dont les
partis promeuvent les femmes députées dans les gouvernements. Nous allons
examiner les profils des députées qui ont été chargées d’appliquer l’idéologie
de leurs partis, en devenant membre de l’exécutif.
En deuxième lieu (chapitre 2), nous allons nous pencher sur les cas des
députées et anciennes députées chargées de transmettre l’idéologie partisane
dans les commissions parlementaires ou de la promouvoir en tant que chefs
d’un parti.
L’examen parallèle de la marche des femmes élues dans ces deux
espaces (le gouvernement et le parti) vise à l’extraction de conclusions cruciales
sur les aspects des processus de féminisation et de déféminisation du métier
politique.
84
Chapitre 1
La présence féminine dans le gouvernement
a) La femme ministre et secrétaire d’Etat
Le mandat parlementaire est, en général, pour les hommes et pour les
femmes, un des critères pour l'avancement aux postes ministériels. Il faudra,
par la suite, définir si la présence minoritaire des femmes au Parlement est une
difficulté supplémentaire pour la conquête de tels postes. L’asymétrie
statistique qui existe en ce qui concerne le sexe dans la composition de la
Chambre des Députés se reflète-t-elle aux gouvernements ?
Dans les gouvernements formés entre 1974 et 2007 il y a eu sept (7)
femmes qui ont occupé des postes ministériels et vingt-et-une (21) qui ont
occupé des postes de secrétaires d’Etat.
(i) Novembre 1974 – Décembre 1980 (deux gouvernements ND)
Les deux premiers gouvernements de la ND, comprennent trois femmes
secrétaires d’Etat.
(ii) Janvier 1981 – Juin 1989 (deux gouvernements PASOK)
Melina Merkouri, devient ministre de la Culture en 1981 et occupe ce
poste pendant huit années consécutives ; elle est la première femme ministre
grecque et le ministre (hommes et femmes en général) qui a occupé le plus
longtemps le même poste ministériel.
Les cinq femmes secrétaires d’Etat ont servi dans des ministères
traditionnellement considérés comme «de seconde classe» ou «féminines».
Seule exception parmi elles, Vasso Papandréou, membre fondateur du PASOK,
devient secrétaire d’Etat de l'Industrie.
(iv) De 1989 à 1993 (trois gouvernements : « de coopération » en juin
1989, « universel » en novembre 1989, ND après 1990)
85
Il n’y a qu’une présence féminine dans le premier gouvernement de
1989, dit « de coopération » droite-gauche. Anna Psarouda-Benaki a été
pendant quelques jours ministre de la Culture, puis Secrétaire d’Etat de
l'Education Nationale et des Affaires Religieuses.
Le gouvernement « universel » de novembre 1989, ne comporte aucune
femme parmi ses rangs. Maro Pantelidou-Malouta écrit, en ironisant, dans son
livre que ce choix « légitime l'universalité comme une qualité masculine »72.
Le gouvernement de la ND qui a connu deux remaniements ministériels
en moins de trois ans, a connu trois (3) secrétaires d’Etat dont les deux dans des
Ministères « de première classe » et trois (3) femmes ministres, encore à des
Ministères «féminins» (Santé, Culture), à l’exception du court mandat d’un an
de Anna Psarouda-Benaki au Ministère de la Justice.
(v) De 1993 à 2004 (trois gouvernements PASOK : 1993, 1996, 2000)
Le gouvernement socialiste de 1993 comprend quatre (4) femmes : trois
(3) secrétaires d’Etat et Melina Merkouri, qui reprend le Ministère de la
Culture jusqu'à sa mort, un an plus tard.
Les femmes du gouvernement socialiste de 1996, malgré
les
remaniements ministériels sont toujours au nombre de trois (ministres et
secrétaires d’Etat). Deux d’entre elles ont occupé des postes ministériels.
L’image de la femme au gouvernement change : Il y a deux mandats de
secrétaire d’Etat, au Ministère du Développement et au Ministère de
l’Economie et des Finances. Une femme occupe aussi l’un des deux Ministères
de compétence locale73, en devenant Ministre de la Mer Egée.
Vasso Papandréou continue sa carrière exceptionnelle : De retour de
Bruxelles, où elle a été la commissaire de la Grèce, elle occupe le nouveau
Ministère du Développement, né de la fusion (assez débattue) de trois
Ministères (Industrie-Energie-Technologie, Commerce, Tourisme) et ensuite le
72
Maro PANTELIDOU-MALOUTA, Le genre de la démocratie, Athènes, Savalas, 2002, p. 219.
En Grèce à part des Ministères de compétence spéciale sectorielle, il y a deux Ministères de
compétence locale plus générale (un pour les régions insulaires et un pou la Grèce du Nord).
73
86
Ministère de l’Intérieur, de l’Administration Publique et de la Décentralisation.
Ces deux nominations, tant au nouveau dénommé « super-Ministère » en 1996,
qu’au Ministère de l’Intérieur, sont considérablement médiatisées.
Le Conseil Ministériel du dernier gouvernement socialiste comprend au
début six et puis cinq (5) femmes. Vasso Papandréou est la seule à avoir le titre
de ministre. Elle occupe le très important Ministère de l’Environnement, de
l’Aménagement du Territoire et des Travaux Publics, pendant la préparation
du pays pour les Jeux Olympiques de 2004.
Les secrétaires d’Etat, elles occupent désormais des postes dans des
Ministères d’importance capitale. En dehors de trois mandats féminins à des
Secrétariats relatifs aux domaines « féminins » de la Santé et de l’Education, le
Ministère des Affaires Etrangères et le Ministère du Développement comptent
des femmes à leurs Bureaux.
(vi) De 2004 à 2008 (deux gouvernements de la ND : 2004, 2007)
Le gouvernement de la droite (ND) de 2004 compte deux (2) femmes au
Conseil des Ministres (la ministre de l’Education et la ministre de la Culture,
puis ministre du Développement Touristique) et aucune secrétaire d’Etat. Il est
pourtant fondamental d’attirer l’attention sur le fait que le Ministère de
l’Education n’était pas un Ministère de seconde classe pendant ce mandat : sa
ministre devait mener une réforme des plus grandes et des plus controversées
à l’histoire contemporaine74. Un remaniement ministériel en 2006 porte le
nombre des femmes à trois, car Dora Bakoyanni devient ministre des Affaires
Etrangères.
Aux élections de 2007 le nombre des femmes ministres est porté à deux.
Dora Bakoyanni garde son poste de Ministre des Affaires Etrangères et
l’ancien ministre du Développement Touristique devient ministre de l’Emploi
et de la Protection Sociale, ayant sous sa hiérarchie en tant qu’unique secrétaire
74
Cette réforme consiste à la rénovation radicale du système éducatif, surtout, universitaire qui a
provoqué des occupations d’un grand nombre des facultés pour longtemps par les étudiants.
87
d’Etat une femme. Cette fois, encore, le domaine en question est stratégique et
de grande actualité.
Le tableau 7 fournit un aperçu de la présence féminine aux
gouvernements de la période étudiée :
Tableau 7 : Les femmes dans les gouvernements de 1974 à 2007
Année
1974
1977
1981
1985
6/89
11/89
1990
1993
1996
2000
2004
2007
Gouvernement
ND
ND
Soc
Soc
Coop
Univ
ND
Soc
Soc
Soc
ND
ND
Ministres
-
-
1
2
1
-
3
1
2
1
2
2
Secrétaires
d’Etat
1
2
2
5
-
-
3
3
2
4
-
1
b) La féminisation graduelle des ministères : des critères différents
pour chaque parti au pouvoir
A pas lents, les bureaux du gouvernement connaissent la féminisation.
Toutefois, ce constat ne permet pas d’apprécier globalement la situation. Ce qui
est particulièrement intéressant, c’est d'identifier les conditions et les
«qualifications» qui ont permis ou facilité l’évolution de la carrière politique de
ces femmes.
Pour commencer par les conditions, il faut tenir compte de l’influence
des mécanismes intérieurs du parti. Si, en Grèce, l’appartenance à un parti est
une condition sine qua non, alors il reste à voir si un des deux partis qui se sont
alternés au pouvoir promeut plus les femmes aux charges ministérielles et sur
quels critères.
Une brève inspection du tableau ci-dessus, permet de constater que la
moyenne de la participation féminine aux gouvernements socialistes (PASOK)
est à 4,6 tandis qu’aux gouvernements des conservateurs (ND) est à 2,6 et
encore, sans y intégrer les deux gouvernements de 1989 (« de coopération
droite-communistes » et « universel ») où la droite était majoritaire.
88
En outre, de ces 28 femmes ministres et secrétaires d’Etat, 17
appartenaient au PASOK et 11 à la ND.
Bien sûr, ceci peut être imputé en partie au fait que le PASOK a été au
pouvoir pendant des périodes plus longues que la ND, ce qui permettait aux
personnalités féminines d’accroître leur notoriété. Ou peut-être au fait que les
deux premiers gouvernements de droite, juste après la dictature, ne laissaient
pas la place aux femmes, faute de puiser dans la scène politique d’avant et d’y
trouver des personnages reconnus par la masse. Enfin, la distinction
traditionnelle entre la droite et la gauche, les « conservateurs » et les
« progressistes », peut probablement fournir des arguments de mentalité.
Toutefois, les véritables critères pour le choix de chacune peuvent être
illustrés qu’après l'étude des «qualifications» que chaque parti a jugé
nécessaires pour leur placement à leur propre poste, surtout dans les
Ministères qui ne sont pas considérés comme «féminins».
Les vingt-et-une (21) femmes qui ont exercé des fonctions de secrétaire
d’Etat ont effectué trente (30) mandats, dont :
13 à des Ministères traitant de la Santé, de la Sécurité Sociale, des
Services Sociaux et de l’Emploi (plusieurs dénominations et
restructurations)
5 au Ministère de l’Education
3 au Ministère de la Culture
2 au Ministère de la Présidence du gouvernement
2 au Ministère du Développement
2 au Ministère des Affaires Etrangères
2 au Ministère de l’Environnement, de l’Aménagement du Territoire et
des Travaux Publics
1 au Ministère de l’Economie et des Finances
Deux sur trois mandats féminins de secrétaires d’Etat ont été effectués
dans les Ministères dits « féminins » ou « de seconde classe ». C’est seulement
aux Ministères « sociaux » et au Ministère de la Présidence du Gouvernement
qu’on les voit jusqu’en 1996.
89
Les sept (7) femmes qui ont été nommées au poste de ministre ou
ministre suppléant, ont effectué des mandats aux Ministères suivants (par
nombre de mandats):
9 au Ministère de la Culture
3 au Ministère du Développement (ou Ministères indépendants avant
fusion de 1996)
2 au Ministère de l’Education Nationale et des Affaires Religieuses
1 au Ministère de la Santé
1 au Ministère de la Justice
1 au Ministère de la Mer Egée
1 au Ministère des Affaires Etrangères
1 au Ministère de l’Environnement, de l’Aménagement du Territoire et
des Travaux Publics
1 au Ministère du Tourisme
1 au Ministère de l’Intérieur, de l’Administration Publique et de la
Décentralisation
En dehors des mandats de Vasso Papandréou, les mandats des femmes
ministres étaient effectués à des Ministères « sociaux » jusqu’en 2004.
Les éléments qui semblent jouer un rôle décisif pour les deux partis qui
les ont sélectionnés sont les études, la profession d'origine, l'action de long
cours au sein du parti (soit aux organes centraux soit aux collectivités
territoriales), l’occupation antérieure d’un poste avec des responsabilités
similaires ou l’entreprise de responsabilités relatives dans le groupe
parlementaire du parti. Les femmes qui réunissent la plupart de ces critères et
qualités sont généralement celles qui sont les plus susceptibles d'être nommées
aux Ministères cruciaux, tandis que les autres sont placées dans des ministères
d’ « importance secondaire ».
Le parti conservateur de la ND semble accorder une plus grande
importance au «patrimoine politique», puisque des 11 femmes au total, 4 ont
été placées dans des Ministères de «première classe», dont 3 avaient l'avantage
susmentionné. Cela, bien sûr, ne signifie pas qu’il faut ignorer ou sous-estimer
les progrès personnels et le charisme de chacune de ces femmes. D’ailleurs, les
90
deux éléments étaient étroitement liés : à l’époque où l’accès des femmes à
l’éducation universitaire était limité, il était, certes, plus facile pour une femme
d’exister dans la plupart des milieux dominés par les hommes, si elle venait
d’une famille politique.
Mme Virginia Tsouderou, née en 1924, a été la première femme au
Ministère des Affaires étrangères (secrétaire d’Etat, 1991-1993). Elle avait fait
des études pluridisciplinaires dans des grandes universités à l'étranger
(Oxford, Harvard, Minneapolis), ce qui était très rare pour une femme de son
époque. En outre, elle a eu une action importante à la lutte contre la dictature.
L'assistance offerte par la réputation du nom politique de son père, homme
politique et Premier Ministre du gouvernement grec exilé pendant
l’Occupation allemande, était un plus.
Mme Dora Bakoyanni, Ministre des Affaires Etrangères depuis 2006, a
eu une riche carrière politique, d’abord pendant de nombreuses années aux
côtés de son père (homme politique du centre-droite depuis 1946, chef de parti,
Premier Ministre de 1990 à 1993), puis en tant que députée élue dans la
circonscription de son mari assassiné par le groupe terroriste 17Novembre. Elle
a été maire d'Athènes pendant les quatre années de préparation pour les Jeux
Olympiques.
Enfin, l'actuelle secrétaire d’Etat de l'Emploi Sofia Kalantzakou au-delà
de son rayonnement personnel, a l'avantage supplémentaire d'un long héritage
politique de son père. Elle est élue à la circonscription de son père, à Méssinie,
une région de la Grèce traditionnellement à droite, où les candidatures
féminines sont rares. Elle a été la première femme à être élue à cette
circonscription.
Mme Anna Psarouda-Benaki est la femme de la droite avec le plus de
mandats ministériels (5) dont un en tant que ministre de la Justice (1992-1993).
Sa présence continue au sein du parti, son élection ininterrompue depuis 1981,
sa reconnaissance professionnelle en tant qu’avocat et universitaire, ses
91
mandats nombreux et réussis ont fait d’elle un cas à part dans le paysage
politique grec. Elle a été la première femme à être proposée par son parti pour
la fonction de Président du Parlement en 1996. Quatrième vice-présidente en
2000, elle est, depuis 2004, la première femme Présidente du Parlement grec.
Dans les gouvernements formés par le PASOK, le paramètre de
«patrimoine politique», sans être inexistant semble jouer un rôle secondaire par
rapport aux autres précités. Il peut contribuer à la promotion d'une femme
dans un poste gouvernemental, mais pas au placement d’une femme à un
ministère particulier de grande importance, dans la mesure où l’on constate
pour les gouvernements de la Nouvelle Démocratie. Les paramètres qui
surgissent comme les plus importants sont l’action contre la dictature (pour les
premières après 1974), l’action syndicale, l’activité intensive à l’intérieur du
parti et, après 1996, une formation en relation avec le poste pour lequel elles
sont désignées.
Vasso Papandréou, avec cinq mandats ministériels, tous dans des
ministères traditionnellement masculins, a joué un rôle de premier plan dans
son parti depuis sa création. Membre fondateur et membre du Comité Central
en 1974, elle a étudié et enseigné l'économie en Grèce et au Royame-Uni elle a
développé une action syndicale intensive dans les syndicats d’étudiants. Le
premier gouvernement socialiste lui confie, déjà en 1981, de nombreux postes,
aux Conseils d’entreprises et banques d’Etat, puis au Cabinet Exécutif du parti.
A part ces postes de ministre suppléante en Industrie, Energie et Technologie et
en Commerce, elle détient également d’autres premières, mentionnées cidessus.
Elissavet Papazoi a été chef du département des Cyclades avant d’être
nommée ministre de la Mer Egée et secrétaire sur les questions de politique
étrangère au sein du groupe parlementaire, avant d’être nommée secrétaire
d’Etat auprès du ministre des Affaires Etrangères.
92
Pareillement, Anna Diamantopoulou avait déjà fait ses preuves en tant
que préfet de Kastoria, un département rural que son parti lui a confié en 198475
et secrétaire générale en matière d’Industrie, avant de détenir le poste de
secrétaire d’Etat au prestigieux Ministère du Développement.
Milena Apostolaki a aussi travaillé pendant deux ans dans le cabinet
juridique du Premier ministre Andreas Papandréou et cinq ans en tant que
collaborateur spécial au Ministère du Développement et au Ministère de la
Culture, au cours des cinq années 1995-2000, avant de devenir secrétaire d’Etat
au Ministère du Développement. Lors de notre entretien, pourtant, elle refuse
que ces positions antérieures étaient déterminantes, en disant que «non, c’était
seulement une expérience supplémentaire liée à ma profession comme avocat».
Rodoula Zissi a été membre du parti depuis sa fondation et membre élu
du Comité central très tôt dans l’histoire du parti. Elle a contribué de manière
décisive à la création de la Jeunesse du PASOK et influencé la présence du
PASOK aux syndicats d’étudiants. Quand elle est sollicitée pour le poste de
secrétaire d'État au Ministère de l’Environnement, de l’Aménagement du
Territoire et des Travaux Publics, elle est déjà à son deuxième mandat
parlementaire et une figure reconnue du Parlement grec (secrétaire du Bureau
de Présidence et doyenne de la Chambre des députés).
Le cas de Angeliki Laïou ne peut pas être examiné sous les mêmes
critères mais il mérite d’être cité parce qu’il est autant exceptionnel: figure
universitaire internationale, Présidente du Département d’Histoire à Harvard,
puis directrice de son Centre d’Etudes Byzantines pendant dix ans, membre de
l’Académie d’Athènes, elle n’a pas de liens étroits avec le parti, dans le sens où
elle n’a pas été parmi les membres fondateurs, jamais exercé des fonctions au
nom de celui-ci, jamais monté les échelons de la hiérarchie intérieure. Elle est
75
A l’époque, les chefs de département (/Chefs de Nomos/Préfets) étaient désignés par le gouvernement,
sans élections. Anna Diamantopoulou, à 25 ans, était la plus jeune femme qui devenait chef de
département.
93
élue députée à titre honoraire en 2000 et désignée secrétaire d’Etat au ministère
des Affaires Etrangères, poste duquel elle démissionne peu après.
Finalement, l’importance du facteur éducation est confirmé pour les
femmes du PASOK qui sont arrivées aux ministères masculins : trois des six
sont diplômées de facultés de l’Ecole Polytechnique.
Les autres femmes qui, à travers ces trente années, ont été nommées aux
gouvernements, occupent des postes de ministre ou secrétaire d’Etat surtout à
des ministères féminins. Parmi elles, deux femmes docteurs au Ministère de la
Santé, quatre avocats, une professeur de lycée (Maria Arseni), fondatrice de
l’Union des Femmes de Grèce, au Ministère de la Présidence du
Gouvernement, puis à celui de l’Education.
Une dernière catégorie, très importante, les femmes provenant du milieu
de l’art et du spectacle. De plus en plus présentes au Parlement, elles ont été
seulement quatre (trois actrices et une peintre botanique) à occuper des postes
au sommet de la hiérarchie gouvernementale, pendant ces trente années, tout
en réussissant, lors de leur mandat et leur médiatisation, de ne pas perdre les
aspects de leur féminité comme elle est « traditionnellement » perçue.
La pionnière et avant-gardiste première ministre Melina Merkouri était
connue de ces films et de son action contre la dictature. Pendant ces mandats
réussis au Ministère de la Culture, celui-ci était, tout comme elle, souvent dans
l’actualité.
La première et unique femme dans le gouvernement de 1974, Niki
Goulandri, peintre et diplômée en Sciences Politiques à l’étranger, provient
d’une grande et riche famille des Cyclades. Elle a dit oui au Premier ministre à
l’époque « en dépit de sa volonté », comme elle dit lors d’un entretien, car,
après la chute de la dictature, elle avait « gardé l’authenticité et l’aspiration d’un
monde meilleur ». Elle a démissionné en déclarant « Je ne supporte plus être dans le
milieu politique ». Anna Synodinou, grande actrice du théâtre antique et
classique, a pris sa place au prochain gouvernement.
94
Finalement,
Eleni
Kourkoula,
actrice,
membre
d’organisations
socialistes et de gauche depuis qu’elle était jeune, puis membre du PASOK,
connue surtout par ses nombreuses apparitions à la télévision, a été nommée
secrétaire d’Etat au Ministère de l’Education et des Affaires Religieuses, ce qui
a surpris l’opinion publique et elle-même. Comme elle confie à un entretien «la
proposition du Premier Ministre pour ce poste est arrivée soudainement». D’ailleurs,
lors de notre entretien elle avoue que « mon élection, elle-même, ne m’a pas surpris,
mais mon élection aux premiers rangs de ma circonscription a été vraiment une
surprise pour moi »76.
76
Eleni Kourkoula, ancienne députée du PASOK, entretien n 4.
95
Chapitre 2.
La présence féminine aux postes-clès pour l’idéologie des partis
a) Les femmes dans les commissions parlementaires
Selon C. Achin, pour savoir si les modes d'exercer la fonction de député
varient en fonction du sexe, il faut examiner la répartition des femmes au sein des
commissions parlementaires77. Comme elle observe en France, en Grèce aussi, le
rôle du chef et de l’état-major de chaque parti est essentiel à ce processus, car ce
sont eux qui décident.
Les mandats de chaque député, en d’autres termes leur ancienneté, les
tâches et les responsabilités engagées au sein du parti, les centres personnels
d'intérêt, la profession exercée avant d’être élu, et aussi le capital social
constituent les facteurs clés dans la décision, positive ou négative, des partis
aux demandes des députés pour la répartition, sur demande, de leurs membres
parlementaires dans les commissions.
En essayant d’examiner à quel degré ces éléments influencent les choix
des partis, nous avons étudié la participation des femmes aux commissions
parlementaires. La multitude de données (difficilement accessibles, d’ailleurs)
dans le temps serait difficilement exploitable. Après avoir décidé de faire l’état
des lieux en deux moments donnés, nous présentons, ci-après, nos conclusions,
fondées essentiellement sur la comparaison des données d’une recherche du
Centre des Recherches en Matière d’Egalité, en janvier 2003, et des données
actuelles de la participation et de la répartition des députées. (v. tableau n° 8,
p.101)
Les données du tableau reflètent, donc, la situation à deux moments
spécifiques, espacés de cinq ans. Deux éléments importants sont (i) le fait que
77
Catherine ACHIN, « Un ‘‘métier d’hommes’’ ? Les représentations du métier de député à l’épreuve de
sa féminisation », Revue française de science politique, vol. 55, n° 3, juin 2005, p. 487.
96
ces données changent une fois par an, à cause du renouvellement des membres
des commissions et (ii) que la session parlementaire du 2003 correspond au
Parlement formé lors des élections de 2000, tandis que les données de
décembre 2007, concernent le Parlement formé lors des dernières élections de
novembre 2007.
Une première remarque doit être portée sur le fait que la moyenne de la
participation féminine aux commissions est plus élevée que la représentation
féminine au Parlement. Cela signifie que les femmes sont plus actives que les
hommes, et prêtes à occuper simultanément plus des postes que les hommes au
sein des différentes commissions. C’est également la preuve que les partis, qui
interfèrent de manière drastique au placement des femmes aux commissions, si
ce n’est pas eux qui en décident, leur confient plusieurs tâches à la fois.
La féminisation, alors, des commissions parlementaires est plus grande
que la féminisation du Parlement. Mais ceci n’est pas entièrement vrai. Par
rapport à leur taux de représentation au Parlement, les femmes sont
« relativement surreprésentées » à quelques commissions, et « relativement
sous-représentées » à d’autres, de manière à pouvoir parler d’un phénomène
systématique.
La « surreprésentation relative » des femmes, correspondant à une
différence de +3% et plus par rapport au taux de la représentation féminine au
Parlement, est observée surtout aux commissions (i) des Affaires Européennes
et Communautaires, (ii) de l’Egalité et des Droits de l’Homme et (iii) de la
Bibliothèque du Parlement.
En revanche, la « sous-représentation relative » des femmes (plus de -3%
par rapport au taux de la représentation parlementaire) est observée
systématiquement aux Commissions (i) des Affaires Sociales et surtout (ii) des
Affaires Economiques.
Les pourcentages impressionnants des femmes à la Commission de
l’Egalité et des Droits de l’Homme (92,3%, avec un seul homme en 2007 !) et à
97
la Commission de la Bibliothèque, ainsi que leur « rareté » aux commissions
économiques (qui va jusqu’à l’absence totale, en 2003, des femmes à la
Commission des Comptes de l’Etat) sont la plus grande preuve que les
mécanismes des partis, menés par des hommes, continuent à placer les femmes
selon leur degré d’adaptation aux modèles masculins, selon l’adoption ou non
de comportements masculins.
La composition de la Commission de l’Egalité et des Droits de l’Homme,
créée en 2000, donne un exemple. La « promotion de mesures pour la participation
équilibrée des femmes en politique », figure parmi ces buts. L’analogie des femmes
s’accroît dans le temps, faisant d’elle l’organe parlementaire «officiel» pour
l’expression des droits des femmes. Constituée, aujourd’hui, presque
entièrement par des femmes qui sont à leur premier mandat, elle doit être
considérée comme le « passage obligatoire ».
Autre « passage obligatoire », la Commission Intérieure de la
Bibliothèque du Parlement, composée aussi par des femmes à leur premier
mandat. Le manque d’ancienneté constitue, de toute évidence, un obstacle
pour l’entrée des femmes aux Commissions qui ne sont pas considérées
« féminines ».
Cette réflexion sur le critère de l’âge et de l’expérience se renforce à
l’examen de la composition des Commissions Permanentes des Affaires
Sociales, des Affaires Educatives. La grande majorité des femmes y participant
ont été élues en 2004 ou en 2007. C’est pareil pour les quatre nouvelles venues à
la Commission de la Recherche et de la Technologie, qui ont fait augmenter le
pourcentage de 6% à 20%.
Un deuxième critère pour la répartition des députées, par les partis est la
profession d’origine.
A la Commission de l’Administration Publique, de l’Ordre Public et de
la Décentralisation, des sept femmes provenant des grands partis, cinq sont
avocats et deux journalistes. Conséquemment, on peut dire que l’image d’une
98
femme issue d’un milieu professionnel dominé par les hommes est une
condition favorable pour son placement aux commissions dominées par les
hommes.
Parmi les femmes qui ont été choisies pour les deux Commissions
Economiques, où elles sont toujours très sous-représentées, il y a des
économistes, des diplômées de l’Ecole Polytechnique, ainsi qu’une ancienne
Secrétaire d’Etat au Ministère de l’Economie et des Finances.
La grande augmentation du taux des femmes à la Commission de la
Production et du Commerce, fief masculin, est due à l’entrée des femmes
expérimentées en politique, comme Tonia Antoniou, la première femme en
tête d’une organisation de jeunesse politique en Grèce, ou en commerce,
comme Elpida Tsouri, qui a été notamment ex-secrétaire du club nautique de
l’île de Chios, patrie de grands commerçants et armateurs.
Une observation importante, car elle différencie la situation, doit être
faite ici : Contrairement aux deux grands partis, le mode de répartition des
élues aux commissions parlementaires diffère entièrement pour le KKE. Le
parti communiste applique, au Parlement aussi, à l’instar des procédures
internes, la logique de la « répartition de travail » 78 pour toutes les charges et
fonctions. Toute présence aux commissions est justifiée, dans la mesure où elle
est une compétence confiée par le parti. Conséquemment, la présence à la
Commission des Affaires Economiques, de Sofia Kalantidou, députée
communiste très active, peut surprendre, parce qu’elle n’a pas fait d’études
supérieures et parce qu’elle manque d’autres qualités primordiales pour les
choix des autres partis. Cependant, ce choix, comme d’autres, est conforme à
l’idéologie générale du parti.
Finalement, une mention spéciale doit être faite pour Anna PsaroudaBenaki puisqu’elle participe, par excellence, aux commissions de premier
78
V. infra, Titre B, Ch. 2b.
99
rang79.
Sans
doute,
les
facteurs
déterminants
ont
été
son
activité
professionnelle, sa spécialisation en Droit Pénal, où les femmes étaient et sont
toujours rares, sa présence de longue date à la scène politique grecque et dans
son parti (la ND). D’ailleurs, il n’y a pas plus grande reconnaissance pour son
travail de députée et pour sa participation aux commissions, que le fait qu’elle
est la première femme à être élue Présidente du Parlement.
Par l’analyse de ces éléments, il s’ensuit que les mécanismes des partis
continuent de faire des discriminations, à l’intérieur du Parlement, envers les
femmes. Les postes où elles sont placées démontre les préjugés qui persistent
quant aux « vertus féminines », et les milieux où ces préjugés commencent à
être dépassés. Pourtant, le sexe de la majorité des commissions parlementaires
est masculin. Et la conquête, par des femmes, d’une place dans les commissions
permanentes de premier rang, demande leur déféminisation préalable.
79
En 2007, membre de la Commission de Statuts du Parlement et aussi, de celle des Institutions et de la
Transparence.
100
Tableau 8 :
Les femmes dans les commissions parlementaires (en janvier 2003 et décembre 2007).
Janvier 2003 (Parlement de 2000)
Commission
Adm.Publique,
Ordre Public,
Justice
Défense Nat.
et Affaires
Etrangères
Affaires
Sociales
Affaires
Educatives
Affaires
Economiques
Production et
Commerce
Recherche et
Technologie
Grecs de la
Diaspora
Comptes de
l’Etat
Affaires
européennes &
comm/res
Institutions et
Transparence
Egalité et
Droits de
l’Homme
Entreprises
publiques,
Banques,
Service Public
[Bibliothèque]
Membres
Dont
femmes
Décembre 2007 (Parlement d’oct. 2007)
Pourcentage membres
femmes
Dont
femmes
Pourcentage
femmes
50
4
8%
50
8
16%
50
7
14%
49
7
14,2%
50
3
6%
49
5
10,2%
46
4
9%
55
12
21,8%
50
2
4%
49
5
10,2%
49
3
6%
49
7
14,3%
16
1
6%
25
5
20%
29
2
7%
30
3
10%
13
-
0%
13
2
15,3%
31
7
23%
31
6
19,3%
13
3
23%
13
2
15,3%
12
7
58%
13
12
92,3%
15
1
7%
15
2
13,3%
7
2
29%
7
3
42,8%
10%
10
1
10%
[Statuts du
10
1
Parlement]
Participation
>>> >>> >>>
moyenne
Représentation Femmes au Parlement
parlementaire
Après élections 2000 >>
14%
10,3%
>>> >>> >>>
Femmes au Parlement
Après élections 2007 >>
21,7%
15,7%
Note : A l’exception des commissions des affaires intérieures du Parlement
[Bibliothèque], [Statuts] qui sont désignées pour la période parlementaire
entière (entre deux élections), les membres des commissions parlementaires
sont désignés tous les ans, au début de chaque session parlementaire annuelle.
101
b) Les femmes chefs de partis : les deux cas grecs.
Le fait que, pendant la période que nous examinons, deux femmes sont
arrivées en position de chef de parti, Mme Maria Damanaki et Mme Aleka
Papariga, pourrait être considéré comme la preuve de la féminisation du
métier politique. Pourtant, pour accepter ou rejeter cette approche du
phénomène, nous devons garder à l'esprit les faits et examiner leur ascension
dans le paysage politique grec, ainsi que la manière dont elle a été perçu par
elles-mêmes et leurs partis respectifs.
Les deux sont devenues chefs de parti, au début des années 1990.
Concernant leur origine et appartenance sociale, il doit être noté, qu’aucune
des deux ne provenait d’un foyer politique familial.
Cependant, leur action contre la dictature a marqué leur profonde
« masculinisation », dans le sens qu’elles ont lutté autant que les hommes, ou
qu’elles ont été emprisonnées et torturées comme eux. Celle-ci a été un élément
qui a contribué de manière décisive à leur carrière politique, tant au sein de
leurs partis qu’au Parlement.
Pour Maria Damanaki, son rôle de premier plan, traditionnellement
masculin, pendant le soulèvement de l’Ecole Polytechnique d’Athènes a été
déjà mentionné80. On devrait non plus oublier qu’elle a été diplômée d’une
Ecole universitaire des plus « masculines » à l’époque.
Aleka Papariga, venant de parents politiquement persécutés pendant la
Résistance Nationale, a joint, encore adolescente, la « Jeunesse Lambraki »81 et
ensuite le KKE. Elle a participé activement à la lutte contre la dictature, a été
arrêtée et détenue à EAT-ESA82. Après un parcours de tous les organes du
parti, elle a été élue lors du 13e Congrès, en Février 1991, au poste de Secrétaire
80
V. supra, l’analyse pour les femmes députées militantes: Titre A, Ch. 1b.
V. supra, Titre A, Ch. 1b.
82
EAT-ESA : Section Spéciale d’Interrogation de la Police Militaire Grecque.
81
102
Générale du Comité central. Elle a été la première femme à devenir chef de
parti en Grèce, et à détenir ce poste aussi longtemps, car elle l’est jusqu'à
aujourd'hui. Une particularité importante est qu’elle a été élue chef du parti
avant même d’être élue députée. Tout au long de sa vie politique, elle a joué un
rôle actif dans le mouvement des femmes, au niveau national et international et
elle a eu une forte participation aux organisations de femmes.
Point de départ commun des deux est le KKE. Elles co-existent au sein
de celui-ci, l’une élue pour la première fois comme députée, et l’autre en tant
que membre du Cabinet Politique. En 1989, les deux partis communistes grecs
avec d’autres partis de la gauche, forment le Synaspismos/SYN (Coalition de la
gauche et du progrès). Au départ, le SYN est présidé, en tant que coalition de
partis, par le chef du KKE, Charilaos Florakis, une des plus grandes figures de
la gauche grecque. En 1991, le KKE vise l'indépendance, Charilaos Florakis en
tant que chef du KKE (maintenant indépendant), renonce à sa position de
Secrétaire général et propose à l’élection Aleka Papariga, élue comme on l’a vu.
Quelques mois plus tard, Maria Damanaki quitte le KKE et prend la place de
Charilaos Florakis en tête du SYN qui se proclame parti unitaire, tout en
gardant son nom et sa structure intérieure de « coalition ».
Ces processus ne sont pas sans importance : Maria Damanaki et Aleka
Papariga sont les deux femmes qui succèdent à l’homme politique qui a le plus
marqué la gauche grecque parlementaire. N’est-il pas, ce fait, une preuve de
leur « masculinisation » ?
Il devient clair, alors, que, à la lumière de ces données historiques, il est
plus pertinent de ne pas parler de « féminisation du Parlement », mais de
« déféminisation » des femmes députées, et même de masculinisation, afin
d’exister et ensuite d’occuper des postes plus élevés au sein des partis, car ces
organes intérieures sont, le plus souvent, l’antichambre d'une carrière
parlementaire.
103
Ce constat ne vise pas à réduire leurs valeurs et compétences
personnelles, mais de déterminer si et dans quel degré, les femmes qui ont
voulu la promotion dans la vie politique ont dû s'adapter à une réalité
masculine et adopter des comportements masculins.
Maria Damanaki, témoigne dans son livre de la situation qui régnait à
l’époque, au sein des mécanismes du parti communiste : « Ce qui était le plus
intéressant, c’était
l’influence et l’exigence systématique, méthodique, et durable
envers ces femmes: Elles devraient adopter le code de conduite des hommes. (...) Il
devenait très vite évident aux femmes que si elles voulaient participer au jeu d’une
façon ou d’une autre, elles devaient se conformer à ses règles, accepter alors les données
de la politique qui a un sexe, le sexe masculin ». 83
Après avoir quitté le KKE, pour devenir Présidente du SYN, en 1991,
Maria Damanaki revoit son point de vue (qui était le point de vue de son parti
communiste) sur les questions relatives aux femmes, en considérant que, la
femme refusant à la diversité par rapport aux hommes, est arrivée à être une
fois de plus victime de l’emprise masculine. Elle estime que la gauche
innovante, le SYN, «permettait le développement d'une réflexion riche, qui
enrichissait l’analyse marxiste classique, avec de nouveaux concepts tels que la
diversité sexuelle, qui permettait une rencontre avec les approches et les revendications
féministes »84. Nous devrions ici noter que le SYN, « gauche innovante »,
rassemblait essentiellement les mouvements de gauche pro-européens. La
réflexion paritaire est vite arrivée dans le bloc idéologique du parti, on dirait
même que le SYN était le premier parti politique à être influencé de celle-ci et à
l’appliquer.
En 1993, après la défaite électorale de SYN, à savoir le non-dépassement
du seuil d’entrée au Parlement (3%), elle démissionne de son poste de
Présidente et c’est un homme qui lui succède. Elle a été élue députée deux fois
83
84
Maria DAMANAKI, Le visage féminin du pouvoir, Athènes, Kastanioti, 1995, p. 54
Le visage féminin du pouvoir, op. cit., p.66.
104
avec le SYN, lors des élections de 1996 et de 2000. En 2003, elle démissionne du
SYN, en accusant son parti de faire un « virage communiste », elle se rapproche
davantage vers le centre pour être élue députée du PASOK en 2004. En même
temps, le « virage » du SYN en 2004 amène le parti de l’ex-présidente à une
nouvelle coalition avec des mouvements de gauche, le SYRIZA : Le logo adopté
pour ce nouveau parti/coalition est constitué de trois drapeaux colorés : l’un
rouge, symbole de la gauche, le deuxième vert, pour l’écologie, le troisième
mauve, pour l’opposition aux discriminations sexuelles.
Le KKE, dont Aleka Papariga demeure la Secrétaire Générale,
jusqu’aujourd’hui, affronte la question féminine différemment, comme un
problème social. Aleka Papariga elle-même dans un de ses livres, publié
quelques années après la chute de la junte, alors avant son élection, reprend
essentiellement les positions idéologiques centrales de son parti dont le
principe de base est la lutte contre le système capitaliste des rapports de
production. Ainsi, elle soutient que « la question féminine est examinée en tant que
problème étroitement lié au système capitaliste, qui se rapporte en fin de compte aux
rapports capitalistes de production, mais aussi la superstructure des idées, des
institutions.»85 Cette approche s’oppose à toutes les perceptions individuelles et
anthropologiques du problème par les « autres partis bourgeois », pour
lesquels le problème est juste un problème de «culture» et de «préjugés».
Ces positions restent inchangées au fil du temps, comme en témoigne le
fait que le KKE est le seul parti qui a voté clairement contre l'application des
quotas et le dernier amendement constitutionnel de l'article 116, alinéa 2 Emilia
Agkavanaki, membre du Comité central du KKE et de la Commission
responsable pour les droits équivalents des femmes, lors d’un débat de
représentants de tous les partis sur la question rend la position suivante : «Le
KKE estime que l'égalité et la parité des femmes dans un système social inégal ne
peuvent pas être atteintes » et elle continue en soulignant que « les quotas sont une
85
Aleka PAPARIGA, Pour la délibération de la femme, Athènes, Synchroni Epohi, 1986, p.12
105
mesure administrative, disons positive, qui incite, qui aide les femmes à entrer en
compétition, mais ils ne sont pas efficaces pour la grande majorité »86.
Aujourd’hui, les femmes députées du KKE, comme Vera Nikolaïdou,
gardent la même position. A la question si la fonction de députée était un but
personnel pour elle, elle répond: «J’appartiens à un parti pour lequel, ce que vous
appelez fonction, soit-il parlementaire ou autre fonction publique, (...) n'est pas
personnel. Nous avons une répartition de travail, pour les autres partis bourgeois, ça
peut paraître étrange, ils n’y croient pas, mais pour nous, ce n’est juste pas valable. En
ce moment, si les besoins du parti sont telles et on me dit de quitter ce domaine et de
prendre en charge un autre, il est sûr que je vais le faire, comme je l'ai fait dans le
passé»87.
En répondant à une question sur les difficultés qu’elle a rencontrées aux
élections pour les collectivités locales, elle affirme : « Nous, non seulement nous
ne sommes pas d'accord avec les réformes, mais nous luttons pour leur renversement,
et c’est pour cela que nous voyons pas notre rôle en tant que femmes députées du KKE
comme étant différent de celui de nos camarades hommes députés. (...) Les problèmes
sont généraux, politiques, sociaux, nous n’ignorons pas qu'il y a des problèmes
féminins particuliers, mais [ceux-ci] sont en relation avec les problèmes quotidiens
rencontrés par les travailleurs et notre peuple. Ces problèmes n'ont pas de sexe, ils sont
des problèmes de classe et résultent du système que nous vivons, le système
capitaliste»88.
Après avoir vu ces deux cas de figure, la question est de savoir si ces
femmes, du haut des rangs de la hiérarchie de leurs partis, en agissant chacune
pour son propre milieu idéologique et politique ont essayé de modifier la
représentation quantitative des femmes au Parlement. Si elles, qui ont réussi à
briser les barrières de la souveraineté masculine, ont voulu promouvoir plus de
86
Documents officiels, débats et prises de positions des représentants de chaque parti sur la cause
d’application des quotas dans les bulletins de vote aux élections législatives, in : Le combat de la femme,
vol. 83, juillet-décembre 2007, p. 10.
87
Vera Nikolaïdou, députée du KKE, entretien n 9
88
Ibid.
106
femmes au pouvoir politique. Bien sûr, si l'on prend en compte la
représentation féminine du KKE au Parlement grec en 2007, on devrait
certainement répondre de façon positive. Cependant, il est plus utile de savoir
non seulement le nombre des élues, mais l’analogie entre candidates et élues :
nous constatons que ce rapport ne varie pas de manière significative aux
élections de 1993 (année où elles étaient, toutes les deux chefs de partis), par
rapport aux élections précédentes et ultérieures.
107
Conclusion
Il serait probablement exagéré et faux de prétendre que l’élection limitée
des femmes est le plus grand problème auquel est confronté le Parlement grec.
Pourtant, avec un taux de représentation féminine à 15,4% après les dernières
élections de septembre 2007, la Grèce se trouve à la 78e position du classement
mondial et la situation ne s’affiche pas très encourageante.
Les mesures paritaires très débattues de la loi 3636/2008, seront
appliquées pour la première fois aux prochaines élections, normalement
prévues pour 2011. Cela portera le nombre des candidatures féminines au tiers
du nombre total des candidatures, ce qui sera synonyme d’une augmentation
considérable des taux (de 50 à 120%, selon le parti). La loi n’ayant pas intégré la
conception des organisations féminines sur la parité, la mesure du 1/3 sera
appliqué en prenant en compte l’ensemble du territoire. Pour les organisations
féminines et une partie des statisticiens, une fois de plus, le « trucage »
mathématique du calcul sur l’ensemble du territoire, porte atteinte à la logique
du miroir. Ils prévoient, alors, une multiplication des candidatures aux grandes
circonscriptions (où il y a des places ‘libres’ aux bulletins de vote) et des taux
presque stagnants aux petites circonscriptions.
Ces mêmes mesures paritaires, autant débattues au Parlement, n’ont pas
tellement trouvé leur place dans l’actualité et les médias. C’est peut-être un
signe de manque d’intérêt qui résume bien la mentalité de l’opinion publique.
La Grèce intègre les changements à son rythme. Il n’est pas sans importance
que l’entrée des femmes au Parlement et l’élévation du taux à ce niveau ont été
acquis sans mesures paritaires. Les femmes de la scène politique grecque, très
actives, comme on l’a vu, occupent souvent de postes très importants au
cabinet de la présidence du Parlement, aux gouvernements et dans les partis.
108
Leur valeur, leur charisme et leurs combats politiques sont reconnus, malgré la
difficulté initiale de gagner la confiance du corps électoral.
La quantité et la qualité de la représentation féminine en Grèce
augmente et évolue pour le meilleur ; cela doit maintenant être assez évident
après la lecture de ces lignes. Néanmoins, les taux sont encore bas. Et l’ancrage
des femmes sur la scène politique passe presque exclusivement par le
délaissement de la mentalité et de l’attitude féminine ; c’est une remarque
reprise plusieurs fois lors de nos entretiens. Au paysage politique grec, le code
féminin « ne passe pas », la diplomatie féminine réussit rarement, souvent
seulement dans la Commission parlementaire des Droits de l’Homme. Sinon,
les femmes élues en Grèce, aussi nombreuses qu’elles soient, revêtent
l’habillage politique masculin qui semble avoir de longues années de
dominance devant lui, affirmant la « masculinité indépassable » du régime.
109
LISTE DES ENTRETIENS
RÉALISÉS DU 27.6.08 AU 19.07.08
- n 1, le 27 juin 2008 avec TSOUDEROU Virginia, ancienne députée de la ND
- n 2, le 2 juillet 2008 avec XIROTYRI Assimina, ancienne députée de SYN
- n 3, le 3 juillet 2008 avec PAPAKOSTA Aikaterini, députée de la ND
- n 4, le 3 juillet 2008 avec KOURKOULA Eleni, ancienne députée du PASOK
- n 5, le 4 juillet 2008 avec APOSTOLAKI Milena, députée du PASOK
- n 6, le 4 juillet 2008 avec VOULTEPSI Sofia, ancienne députée de la ND
- n 7, le 4 juillet 2008 avec FILINI Anna, députée de SYRIZA
- n 8, le 8 juillet 2008 avec KALANTZAKOU Sofia, députée de la ND
- n° 9, le 9 juillet 2008 avec NIKOLA DOU Vera, députée du KKE
- n° 10, le 10 juillet 2008 avec RAPTI Sylvana, députée du PASOK
- n 11, le 10 juillet 2008 avec KOLLIA-TSAROUCHA Maria, députée de la ND
- n 12, le 17 juillet 2008 avec KALANTIDOU Sofia, députée du KKE
- n 13, le 19 juillet 2008 avec PAPANDREOU Vasso, députée du PASOK
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www.ipu.org
www.un.org
europa.eu
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