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TROIS QUESTIONS À...
LA LIBERTÉ
SAMEDI 5 FÉVRIER 2011
11
RÉGIONS
SAMEDI
13 ÉCONOMIE
Les entreprises face à la cherté du franc
14 SARINE
L’UDC part à la conquête de cinq communes
15 HAUTES ÉCOLES
Deux directeurs s’en vont cette année
17 LA JOGNE
Groupe E devra augmenter le débit résiduel
19 PAYERNE
Un nouveau quartier va sortir de terre
20 VAUD
Le militantisme de Jean-Michel Dolivo fiché
Le débit passe de 80
à 500 litres/seconde
Les secrets des étiquettes sous la loupe
CONSOMMATION
• Les élèves de l’Ecole de culture générale de Fribourg ont joué les testeurs cette semaine.
Ils ont ausculté sous toutes les coutures différents produits, histoire de découvrir le dessous des étiquettes.
OLIVIER WYSER
Alignés en rang d’oignons sur une
table: quatre suspects plutôt louches.
Il y a «Red Bull», le parrain au bras
long, «M Budget» et «Prix Garantie»,
qui cassent les prix, et enfin «OK!», le
jeune loup aux dents longues. Les
quatre boissons dites «énergétiques»
passent sur le gril des experts en her-
be de l’Ecole de culture générale de
Fribourg (ECGF). L’interrogatoire se
déroulait jeudi dernier dans le cadre
d’une semaine thématique sur la
consommation, sous l’égide de la Fé-
dération romande des consomma-
teurs (FRC). But de l’exercice: déve-
lopper l’esprit critique des
adolescents sur les produits qu’ils
achètent et consomment par le biais
d’un concours. En tout ce sont pas
moins de 300 élèves qui ont utilisé les
grands moyens pour faire parler des
produits ou des services aussi divers
que des kebabs, des pizzas, des bis-
cottes, des opticiens, des préservatifs
ou encore des détachants.
«La Liberté» a suivi un groupe
d’élèves bien décidés à faire cracher
le morceau à un panel de boissons
énergétiques, très prisées par les
jeunes, et qui promettent un tonus
d’enfer à ceux qui les ingurgitent.
Jusqu’à un litre par jour
Seulement voilà, derrière les em-
ballages aux couleurs vives et les pu-
blicités aguicheuses, l’arrière-goût
peut se révéler quelque peu amer.
«Sur internet ils disent que le colo-
rant caramel E150 est fait à partir
d'ammoniaque. Cela peut être dan-
gereux et il faudrait l’éviter», dé-
couvre, stupéfaite, une élève. Et des
colorants il y en a une liste longue
comme le bras dans ces «energy
drinks».
Mesurette et balance en mains,
les ados vérifient également scrupu-
leusement si la quantité de liquide af-
fichée sur les canettes est correcte. Il
semble que oui. En revanche, à la pe-
sée il peut y avoir jusqu’à 10 grammes
de différence d’une boisson à l’autre.
L’investigation est précise, fouillée et
scientifique.
Et puis il y a la fameuse taurine,
une substance stimulante et très
controversée présente dans la bile de
taureau. C’est elle qui est censée re-
donner de l’énergie. Tout comme la
caféine – environ 80mg par canette,
l’équivalent d’un espresso. «Je peux
en boire jusqu’à un litre quand je fais
du sport. J’aime son goût et l’effet do-
pant», confesse Benjamin. En re-
vanche, d’autres jeunes n’en boivent
jamais «parce que c’est dégueu».
Expérience concluante
Puis vient le test à l’aveugle.
Chaque boisson est dûment notée
sur son aspect, son goût, etc. «Moi je
peux reconnaître le Red Bull entre
mille», s’exclame Mélissa. Pourtant le
test révèle que la préférence des
élèves va à un autre produit. «C’est
dingue la puissance de l’emballage.
On est très vite influencé», concède
sa camarade. A l’heure du bilan et de
la remise des prix, Huma Khamis,
responsable des tests à la FRC est
plus que satisfaite: «Les ados ont su
poser un regard nouveau sur les pro-
duits et leurs compte-rendus sont
très détaillés. Nous allons même sû-
rement leur piquer quelques idées.
Par contre j’ai repéré quelques para-
graphes directement issus de l’ency-
clopédie Wikipédia. On peut le faire
dans un travail scientifique, mais il
faut citer ses sources.»
Pour Mathieu Fleury, secrétaire
général de la FRC, l’expérience de
cette semaine thématique est
concluante. Il s’agissait d’un projet-
pilote destiné à défricher le terrain
pour un concours du même type à
l’échelle romande. «Nous espérons
lancer l’opération dès la rentrée
2011, toujours en partenariat avec
des établissements scolaires.» Un
premier pas pour faire des jeunes
consommateurs de véritables
«consomm’acteurs». I
Difficile de savoir ce qui se cache derrière les étiquettes des boissons énergétiques. Les élèves de l’Ecole de culture générale de Fribourg ont mené
l’enquête. VINCENT MURITH
Mathieu Fleury,FRC
> Le secrétaire général
de la Fédération
romande des consom-
mateurs (FRC)
explique en quoi il est
important de sensibi-
liser les jeunes, et en
particulier les adoles-
cents, sur leur façon
de consommer.
Pourquoi la FRC s’intéresse-t-elle
aux jeunes?
Parce que les jeunes sont les cibles privilé-
giées des publicitaires et des «marketeurs»
de tout poil. L’adolescence est le bon moment
pour développer un esprit critique. La publi-
cité s’immisce dans les esprits en contribuant
à l’identité des jeunes qui sont à la recherche
de repères. Ils sont plus sensibles que les
autres et, de plus, ils ont aujourd’hui un pou-
voir d’achat convoité par les marques.
N’est-ce pas plutôt l’affaire des
parents que d’éduquer leurs enfants?
Evidemment rien n’est possible sans les
parents. Ils ont un rôle central dans les habi-
tudes de consommation qu’ils transmet-
tent. Nous ne voulons pas les remplacer,
mais plutôt les considérer comme des par-
tenaires. Ce sont eux qui véhiculent cer-
taines valeurs. Par contre, il faut bien se
rendre compte qu’aujourd’hui, certains
jeunes maîtrisent mieux certaines technolo-
gies que leurs parents. Ces derniers peuvent
se sentir dépassés.
La Suisse est-elle en retard par rap-
port à ses voisins en matière de sen-
sibilisation à la consommation?
Malheureusement oui. De manière générale
il y a très peu d’argent investi dans la pro-
tection des consommateurs et trop peu de
subventions, notamment par rapport à la
France ou l’Allemagne. Il y a toutefois une
campagne internationale soutenue par
l’OMS qui incite à prendre des mesures
contre le matraquage publicitaire de la mal-
bouffe et des aliments déséquilibrés dirigé
contre les ados et les enfants. Ces publicités
devraient être interdites. Par contre atten-
tion: une campagne à la française de sous-
titres sur les publicités montre des résultats
contre-productifs. Il y a beaucoup de gens
qui pensent que ces messages vantent les
produits, alors qu’ils les combattent.
PROPOS RECUEILLIS PAR OLIVIER WYSER
1.
2.
3.
BENJAMIN SCIBOZ
> 16 ans, Chénens.
«Si je suis sensible aux
marques? Pour les chaussures,
oui, mais pas pour les vête-
ments. D’une manière généra-
le, la publicité nous influence
sans que l’on s’en rende comp-
te. En faisant des recherches
sur les boissons énergétiques,
j’ai appris que la taurine était à
l’origine extraite de la bile de
taureau… Mais, aujourd’hui,
elle est synthétique. On ne
prend jamais assez le temps de
lire les étiquettes pour savoir
exactement ce qu’il y a dans les
produits.» OW/OLIVIER WYSER
MÉLISSA SINGY
> 17 ans, Chavannes-s/Orsonnens.
«Pour les vêtements, je suis as-
sez sensible aux marques et à
l’image qu’elles renvoient.
Après c’est les goûts et les cou-
leurs. Et je n’ai pas l’impression
qu’il y ait une pression du
groupe. Je dirais que la publici-
té n’a pas d’effet sur moi et
souvent ça se voit que c’est tru-
qué ou mensonger… surtout
pour les lessives (rires). C’est
certain que ces recherches sur
les produits m’ont ouvert les
yeux. A l’avenir, je ferai bien
plus attention à ce que je man-
ge.» OW/OLIVIER WYSER
ALISON STRINGARI
> 17 ans,Auborange.
«Les marques ce n’est pas im-
portant. J’aime bien me dé-
marquer justement (rires) avec
mes habits sans suivre les
modes. Tout le monde s’habille
pareil… Au début je sentais du
rejet de la part des autres, mais
une fois qu’on me connaît il n’y
a plus de problème. J’étais sur-
prise de voir autant de colo-
rants dans les aliments. Cela
peut être dangereux. Je trouve
que les jeunes sont fortement
visés par la publicité. Sur inter-
net, c’est parfois insuppor-
table!» OW/OLIVIER WYSER
MÉLANIE RAMOS
> 16 ans,Villars-sur-Glâne.
«Les entreprises profitent
beaucoup des jeunes, qui sont
facilement influençables. Le
pire c’est qu’on ne s’en rend
même pas compte. Je ne pense
pas que cette semaine théma-
tique va me faire profondé-
ment changer mais je vais faire
plus attention à ce que j’achè-
te. De toute manière, j’essaie
déjà de manger sainement. La
publicité sur internet? Il y en a
tellement qu’on ne la voit
même plus (rires). Par contre, à
la télévision, on peut moins y
échapper.» OW/OLIVIER WYSER
CONSEILAUSSI
LE MERCREDI
La section fribourgeoise de la
Fédération romande des con-
sommateurs (FRC) a inauguré
cette semaine la troisième
ouverture de son bureau FRC-
Conseil.
En plus des mardis
et vendre-
dis de 9 à 11 heures, une ouver-
ture supplémentaire est offerte
le mercredi de 14 à 16 heures.
Une extension
des consulta-
tions motivée par la demande
grandissante du public, toujours
plus confronté aux tromperies et
aux arnaques, selon la FRC.
FRC Fribourg, rue de l’Hôpital 2.
Tél. 026 322 28 07. www.frc.ch