La Transformation de Fourier Géométrique et ses Applications

La Transformation de Fourier Géométrique
et ses Applications
Gérard
Laumon
Université Paris-Sud, URA D 0752, Bâtiment 425,
F-91405
Orsay Cedex, France
1.
La transformation de Fourier géométrique
[Br, Del,
IH,
Kal, Ka-La,
Lai]
Dans tout cet exposé, on fixe deux nombres premiers distincts p et
*f,
une
clôture algébrique
Q^<
du corps
Q^
des nombres
/-adiques
et un caractère additif
non trivial xp :
Fp
Q^.
On fixe aussi un corps
algébriquement
clos
k
de caractéristique p. On désignera par q une puissance de p (q =
pf,
f G
Nx),
par
Vq
l'unique
sous-corps de
k k
q éléments et par
Frob^
G
Gal(k/Wq)
l'inverse de l'élément de Frobenius
(Frobg(a)9
= a, Va G
k).
On utilisera librement
le formalisme des 6 opérations de Grothendieck entre les catégories dérivées
D£(X,Q^)
(X un /c-schéma de type fini) ainsi que le formalisme des
^-structures
(cf. [SGA4, SGA5, SGA7, B-B-D, De2 et Ek]).
Soient S un fc-schéma de type fini,
n
: E
S un fibre vectoriel de rang
constant d,n' : E'
S le fibre dual, pr :
E'
xs
E
F,
pr'
:
F'
xs
E>
E1
les projections canoniques et (,) :
E'
Xs
E
> Aj
l'accouplement de dualité. Sur
Axs
= S
[u],
on a le revêtement d'Artin-Schreier
S[v]
>
S[u],
v\>
u =
vp
- v
qui est étale, galoisien, de groupe de Galois
Fp.
Si l'on pousse ce
Fp-torseur
par
le caractère
t/;-1
on obtient un
Qrfaisceau
lisse de rang 1 (un
"Q^
-torseur") sur
Ag9
noté
JS?V.
La transformation de Fourier géométrique, inventée par Deligne, est
l'opération
^:D*(£,Q,)—
£*(£',
Q,),
^,(-)=/îpr'!(pr*H®(J)*i?V))[rf].
Théorème
1.1 (Deligne). (i)
3F^
est une équivalence de catégories
triangulées,
de
quasi-inverse
J^'(—)(rf),
&'
est la transformation de Fourier géométrique pour
n'
:E'
>
S (on a identifié
E"
à E par
e\>
(e!
i—>
-(e1,
e))).
(ii)
Si
E =
E\
Xs E2
pour deux fibres vectoriels
E\
et
Ei
de rang constant sur
S, on a
.
9^
(prî(-) ® pr5(-)) ~
pr7;
J^(-)
è
pr'2*
^,j2(-),
Proceedings of the International Congress
of Mathematicians, Kyoto, Japan, 1990
438 Gerard Laumon
&ïp,i(—)
est la transformation de Fourier géométrique pour
Et
et
prf
:
E\
xs
E2
>
Ei
(resp.
pr(.
:
E[ x$
F2
> E[)
la projection canonique.
(iii) Si f :
E\
>
F2
est un morphisme de fibres vectoriels de rang constant
sur S, on a
r^i(-)[di
-dil *
^ä/IH,
f
est le transposé de f,
d\
est le rang de
E\
et
J^-
est la transformation
de Fourier géométrique pour
E[.
Théorème 1.2 (Verdier). Pour tout
K
G ob
Db(E,<Qf),
la flèche d'oubli des supports
Rpr',(pr*
K
®
(,)*J^)
>
Rpr'*(pr*
K
ê
Q*XV)
est un isomorphisme dans
Db(Er,^).
Compte-tenu de la dualité de Verdier, de la
^-exactitude
à droite de
/*
pour /
affine (prouvée par Artin) et de la forme forte des conjectures de Weil (prouvée
par Deligne), le Théorème 1.2 admet les corollaires suivants:
Corollaire 1.3. On a un isomorphisme canonique
RMm(^(K),nnL) ~ ^-i(RMbm(K,n[L))(d)
bi-fonctoriel
en (K,L) G
ob(Db(E,^)0^
x
Db(S,^)).
Corollaire 1.4.
J^>
est t-exact et induit une équivalence de catégories abéliennes
^ : Perv(F,Q,) -^ Perv(F',Q,)
de quasi-inverse
J^(—)(d).
Corollaire 1.5. Si S et E> S sont définis sur
Fq,
pour tout K e ob
Db(E,^)
défini sur
¥q
et pur de poids
w,
^W(K)
G ob
Db(E',<!±s)
est défini sur
¥q
et pur de
poids w
-{-d.
2. Application aux sommes trigonométriques
[Br, Ka2, Ka3, Ka-La]
Dans ce paragraphe S =
Spec(/c)
et E =
Spec(fe[xi,...,x^])
(avec sa
F^-structure
naturelle). On identifie alors E' à
Specfilx^,...,^])
de sorte que
(x',x)
=Y^xxà-
5=1
Pour tout schéma X de type fini sur k, défini sur
Fq,
pour tout x G
XÇFq)
= {x G
X(k)\
Frobg(x)
= x} et pour tout M
G
ob
Db(X,^),
défini sur
Wq,
Frob^
agit sur
la fibre de M en x et on note
tM(x)
la trace de cet endomorphisme de
Mx.
La
formule des traces de Grothendieck pour
Frob^
entraine
immédiatement:
La Transformation de Fourier Géométrique et ses Applications 439
Proposition 2.1. Pour tout K e ob
Db(E,^),
défini sur
JFq,
et tout x'
G
E'QPq)
=
(F/,
on a
tm)(x')
=
(~V)d
YJ
^Mvotrp^^^x))
*e(Fg)'
(en
d'autres
termes,
t^{K)
est,
au signe près, la transformée de Fourier de la fonction
tK).
Soit R une
sous-Z-algèbre
de type fini de C, soit X un R-schéma affine,
lisse,
purement de dimension relative
m,
et soit
/
=
(fi,...,fd) :
X
>
AdR
un R-morphisme fini. Pour tout homomorphisme d'anneaux v :
R_^—
k
avec
v(l) = 1, on note
(—)v
le changement de base par v. Alors,
Kv
=
(fv)*Q/[m]
est un
Q^-faisceau
pervers sur
Adk
= E,
Kv
est défini sur
Wq
a k
s que
Fq
=>
R/
Ker(t>)
et
Kv
est pur de poids
m.
Par suite,
^W(KV)
est aussi sur
Q^-faisceau
pervers sur
Adk
=
E',
&\i>(Kv)
est aussi défini sur
JFq
a k
s que
Wq
ZD
R/Ker(u)
et
^(Kv)
est aussi pur de poids
m
+ d (cf. (1.4), (1.5)). De plus, d'après (2.1), on a
tm(*')
= (-l)^'" X V o tTF,flP,((x!jv(x))v)
xexvÇFq)
pour tout
Fq
avec
k
ZD
Fq
zz>
R/Kev(v).
Comme l'a remarqué le premier Brylinski, il résulte du théorème de structure
des
Q^-faisceaux
pervers simples et purs qu'il existe un entier
Xv
> 0 et un
polynôme non nul
(pv(xf)
dans
(R/Ker(v))[x[,...,xfd]
tels que
(2.2)
271/
4
V
edfL**q/Fp((x'Jv(x))9)
xeXvÇPq)
<Xvqm/2
s que
k =>
F^
=>
R/Ker(t;)
et que
x'
G
(Fq)d
satisfait
cpv(xf) ^
0.
Théorème 2.3 (Katz et
Laumon).
Il
existe
x
G N et
cp(xf) G R[x[,...,xfd]
non nul
tels que, pour tout
k
et tout v,
Xv
= X
et <Pv
=
v((p)
fassent marcher les estimations
(2.2) ci-dessus.
Exemple 2.4 (Adolphson et Sperber [Ad-Sp], Denef et
Lœser
[De-Lo]). Soient
I
cz V
avec \I\
=
d,X
=
(GmtR)n
el / = (fùiei ' X>
A£
=
A{
avec
/,(x)
=
x\
Alors / est fini (et par suite (2.3) s'applique) si et seulement si l'enveloppe convexe
de I dans R"1 est de dimension
m
et contient 0 dans son intérieur. Dans ce cas,
x
et
(p
sont déterminés explicitement dans
loc.
cit.
440
Gérard
Laumon
3.
Localisation de caractéristiques d'Euler-Poincaré
et de déterminants [Kal,
IH,
Lai]
Soient X un
/c-schéma
de type fini, A =
Spec(fc[x]),
D = A U {00} la droite
projective correspondante, / : X
>
D un fc-morphisme propre, Â =
Spec(/c[x'])
la droite affine duale de A et D' = Â U
{oo'}
la droite projective correspondante.
On pose Y =
f'^oo),
U =
X-Y
=
f~l(A).
On note j
:A^D,
f
:
Ä *-
D'les
inclusions,
prz
:
D'
XjcX
> X,
prD,
:Df
x^X
>
D'les
projections canoniques,
^(x'x)
le
Q^-faisceau
lisse de rang 1 sur
A!
X/c
A associé au revêtement d'Artin-
Schreier
vp
v_=
x'x
et au caractère
\p
et prolongé par 0 à
Df
Xk
D tout entier
et
w(x!j)
le
Q^-faisceau
sur D'
Xk
X image réciproque de
^(x'x)
par
D1
x^f.
Enfin, soit K G ob
Db(X,^).
Posons , _
K' =
j\^,U'Rf,K)[-i]
ob
Dbc(D',<&).
On a encore
K,
=
RprZ):(pr^Kêifv(x7)).
Si l'on note
d
l'origine de
A!,
Y\^
(resp.
r\af)
le point générique de l'hensélisé de
Df
en o' (resp. oo') et
r\0,
(resp.
Tfœf)
un point géométrique localisé en
r}0f
(resp.
rjœ>),
on a le triangle distingué
(3.1)
Rrc(U,K)>
JS^
> Rr(X,R^)
(1Ç
=
RFc(l/,K))
et
l'isomorphisme
(3.2)
4œ/^RF(X,R<^J
(K^=
0), où
R<^
G
ob^^Q.JGal^/^)])
(resp.
R4>^
G
ob
D*
(XjQ/tGal^z/^oo/)]))
sont les cycles évanescents pour
pr^
relativement à
L
pr^X ®w(x!f)
en
O'
(resp. oo').
Le support de
R$rjot
est clairement contenu dans Y. Soit
F
cz
(7
l'ouvert
formé des points x
e
U tels que / et les
Q^-faisceaux
de cohomologie
J^l(K)
(ieH)
soient lisses en x et soit Z = U
V le fermé complémentaire.
Théorème 3.3 (Laumon). Le support de
RËyf^
est contenu dans Y
U
Z.
Ce théorème est l'analogue en cohomologie
/-adique
du principe de la phase
stationnaire: si U est une variété différentielle
(êco9
si / : U
> IR
est une fonction
V*3
et si
œ
est une densité
°
à support compact sur U telle que
Supp(co) n{xe
U\df(x)
= 0} = 0,
on a
' ^fœ
=
0(x'-n)
L
lu
pour tout entier n > 0 quand x'
G
IR tend vers 00.
On ne peut pas comparer directement
K^
et
K^,.
Par contre,
K^
et
K^,
ont même caractéristique d'Euler-Poincaré. On déduit donc de (3.1) , (3.2) et (3.3)
que :
La Transformation de Fourier Géométrique et ses Applications 441
(3.4)
x(X,
K) =
X(Y,
K) -
x(Y,
R^)
+
X(YUZ,
R^J.
Application 3.5. Si X est une variété projective sur
k
et si
K\9
K2
G ob
Db(X,^)
sont localement isomorphes pour la topologie étale sur X, Deligne a démontré
que
#(X,Ki)
=
x(X,K2)
(cf.
[112]).
On peut en donner une autre démonstration
par récurrence sur la dimension de X basée sur (3.4).
On peut aussi comparer les déterminants de
Kyio,
et
K^.
En particulier, on
peut déduire de (3.1), (3.2) et (3.3) la conjecture de Deligne suivante :
Théorème 3.6 (Laumon). Soient X une courbe projective, lisse et connexe sur
k,
œ
une
1-forme
méromorphe non identiquement nulle sur X et K
G
ob
Db(X,^).
On
suppose X, œ et K définis sur
Wq.
Alors la ''constante globale" de Grothendieck
e(X, K) = det(-
Frob^,
RF (X,
K))~l
admet
la
formule du produit
s(X,K)=q«-^K) f] B(Xix),K\X{x),œ\X{x))
XE\X\
g est le genre de X, r(K) est le rang générique de K et, pour tout point fermé
x de X,
X(x)
est
Vhensélisé
de X en x et
e(X(x),K\X(x),m\X(x))
est la
"constante
locale" de Deligne,
Dwork
et Langlands.
Récemment, Loeser a obtenu par la même méthode une formule du produit
pour le déterminant de la cohomologie étale du complémentaire d'un arrangement
d'hyperplans dans
FJJ
à valeurs dans un
Q^-faisceau
lisse de rang 1 de type
Kummer (cf. [Lo]).
4.
Transformations de Fourier locales
[Lai]
Il y en a de trois types
9$°***\
J^00'0')
et
^(oo'0°,).
On ne s'intéressera ici qu'au
premier type. Soient T =
Spec(/c[[ro]])
(resp. T' =
Spec(/c[[o7']]))
avec sa
re-
structure naturelle
(w
(resp.
w')
est une indéterminée sur
k),
r\
(resp.
if)
le point
générique et s (resp.
sf)
le point fermé de T (resp. T'),
r\
(resp.
t?)
un point
géométrique localisé en
Y\
(resp.
if)
et
9
(resp.
^')
la catégorie des
Gal(7f/rç)
(resp.
Gal(?f/*7'))-rnoclules sur
Q^
Si
F
G ob
0,
on note encore V le
Q^-faisceau
lisse sur correspondant et V\ sur prolongement par zéro à T tout entier. Alors
par définition
^')(V)
=
R%(pT*(Vi)
®
Se^w/v/))^
G ob 9'
où pr :
T'
Xjc
T
—>_T
et pr' : V
X/c
T>
T'
sont les projections canoniques et
où
^(m/m')
est le
Q^-faisceau
lisse de rang 1 sur
if Xk
T associé au revêtement
d'Artin-Schreier
vv
v =
wjvf
et au caractère y; et prolongé par zéro à T'
X/c
T
tout entier.
1 / 10 100%

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