En route vers l`ailleurs. L`émigration française au cours des siècles

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Lespoir d’une Nouvelle France
Depuis le XVIème siècle et laventure des Grandes Découvertes,
les Français ne cessent de jouer un rôle très actif dans
lexploration dun «nouveau monde» et la prospection de
nouveaux territoires outre-mer même si ce mouvement
naura déplacé, au total, à travers océans et continents que
quelques dizaines de milliers de migrants. Les premiers à
s’établir au Canada sont des pêcheurs et des commerçants;
puis, vient le temps des premiers colons issus principalement
des campagnes et des provinces de louest de la France
(Maine, Poitou, Charente). Champlain fonde Québec sur
lembouchure du Saint-Laurent en 1608 et obtient de
Richelieu (1627) la création de la Compagnie de la Nouvelle
France pour les territoires situés en Amérique du Nord et
s’étendant jusquà la Floride. Après la reconnaissance des
rives du Saint-Laurent par Jacques Cartier et ses malouins,
sous le règne de François Ier, le pouvoir royal, conscient des
enjeux géopolitiques de ces implantations outre-mer,
investit le domaine de la mobilité outre-mer et en fait, théo-
riquement, lune des bases de la politique dappropriation
coloniale. 30 000 Français se sont embarqués pour la belle
province entre 1635 et 1760,mais, après le traité de Paris
(1767) qui consacrait la perte de la Nouvelle-France, ils
nétaient plus que 9 000 en 1780. Néanmoins, ils ont fonune
forte communau à forte identité francophone (6,8mil-
lions au recensement canadien de 2006, auxquels on peut
ajouter 3 millions de ceux qui se sont déclarés dorigine
canadienne-française au recensement américain de 2004).
Lexode des Huguenots
La vive tension religieuse autant que politique, apparue en
Europe continentale avec la forme, la «guerre de reli-
gions» qui ensanglante la France au cours du XVIème siècle
sont à lorigine de ux migratoires importants. Les massacres
de la Saint-Barthélemy et, surtout, la révocation de l’Édit
de Nantes en 1681 (suppression des temples et des écoles,
bannissement des prêtres refusant de se soumettre, obliga-
tion du baptême et de léducation catholique) provoquent le
départ de 300000 à 400000 réformés («Huguenots») qui
partent vers le «Refuge», en Grande-Bretagne, en Suisse,
en Prusse, dans les Provinces-Unies [et, de là, en Afrique du
Sud ils font alliance avec les colons néerlandais (Boers)],
aux États-Unis et en Nouvelle-lande. Lapport de cette
population instruite, détentrice de savoir-faire variés dans
lartisanat, a été une véritable aubaine pour l’économie des
pays d’accueil, où elle a contribué, d’ailleurs, à répandre
lusage de la langue française. Par contre, lexode des
protestants a été une perte d’importance pour léconomie
française avec le départ du cinquième environ de l’«élite»
professionnelle du pays. Dans un mémoire, Vauban a tenté
de convaincre Louis XIV dannuler l’édit de Nantes, mais
en vain.
L’ « émigration » française sous la Révolution
Aux temps de la Révolution française, le terme d’émigration
prend un sens politique très marqué et la question des
émigrés ne cesse dagiter le monde politique et de troubler
lopinion publique depuis la prise de la Bastille et jusquà
la Restauration. La tournure politique de la Révolution,
le veloppement des troubles révolutionnaires anent
140000 personnes à quitter le territoire, soit pour com-
battre le nouveau régime en place et son évolution, soit pour
tenter de protéger leur vie et/ou leurs biens. La majorité est
constituée daristocrates et de personnes très attachées à la
monarchie, de riches bourgeois, de membres du haut-clergé
mais aussi, à partir de la Constitution civile du clergé
(12 juillet 1790), de simples prêtres dits «réfractaires». Les
émigrés s’établissent en Angleterre, aux Pays-Bas, en Alle-
magne dans les villes de Coblence et de Worms, principaux
lieux de résidence de lopposition monarchique, en Italie et
en Espagne, aux États-Unis. Lescalade du conit s’aggrave
à partir de la fuite de Louis XVI et de son arrestation
à Varennes (17 juin 1791) qui renforcent la volondes
«émigrés» de combattre le nouveau régime par tous les
moyens, à l’extérieur comme à l’intérieur de la France
(participation armée à la coalition anti-révolutionnaire lors
de la bataille de Valmy, échec du débarquement avec les
Anglais à Quiberon en 1795). La politique du gouverne-
ment se durcit sous la Convention (interdiction de sortir
du territoire, conscation des biens, établissement dune
liste démigrés équivalant à une véritable condamnation à
mort comme «traîtres» à la patrie en 1792). Leurs biens
En route vers lailleurs
Lémigration française au cours des siècles
Géographe, professeur émérite de l’Université de Poitiers
Par Gildas SIMON
Par rapport à leurs voisins européens, les Fraais sont réputés casaniers; pourtant, la France, terre traditionnelle dim-
migration et dasile depuis lAncien Régime, patrie de la liberté et des droits de l’Homme, a été, à plusieurs reprises au
cours de son histoire, une terre d’émigration et même dexodes importants. En ce début de XXIème siècle marqué par une
nouvelle phase de la mondialisation, les Français s’expatrient de plus en plus fréquemment.
En conférence le 7 décembre
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sont vendus comme biens nationaux. Lexécution du roi et
l’instauration de la Terreur portent le conit et ses eets
migratoires à leur paroxysme.
Bonaparte prend des mesures dapaisement en permettant
le retour de tous les émigrés (amnistie générale du 26 avril
1802) «ni vainqueurs, ni vaincus, ni bonnets rouges, ni
talons rouges» dira-t-il–, mais à condition de ne pas
réclamer la part de leurs biens vendus comme biens natio-
naux. Avec le retour de la monarchie et la Restauration,
une fraction inuente de la noblesse obtient une mesure
nancière destinée à compenser la perte des biens nationaux
par la loi dite du «milliard aux émigrés», qui accorde près
dun milliard de francs aux 50000 nobles émigrés, tout en
confortant, par ailleurs, la propriété des détenteurs de biens
nationaux. Cette mesure, fort mal reçue par lopinion pu-
blique, a renforcé l’impopularité de Charles X et contribué
au renversement des Bourbons par la révolution des «Trois
Glorieuses» (1830).
Lexception française dans les migrations de masse
européennes du XIXème siècle
La mutation introduite, au XIXème siècle, par la révolution
industrielle, lextension du système capitaliste et les progrès
techniques, tout particulièrement dans le secteur des trans-
ports, ont ouvert lensemble de la planète aux migrations de
masse. Ces vagues migratoires sans précédent, issues pour
lessentiel des diérents pays européens, provoquèrent des
ux dune ampleur inégalée depuis, proportionnellement
à la masse démographique de l’époque. La France na pas
connu, contrairement à ses voisins, le puissant mouvement
démigration qui a touché lensemble de l’Europe pendant
la deuxième moitié du XIXème et le but du XXème siècle.
Alors que 60 millions de migrants européens s’embarquèrent
vers les Amériques entre 1820 et 1914, moins dun million
de Français ont franchi lAtlantique jusquà la Première
Guerre mondiale. 400 000 dentre eux débarquèrent à Ellis
Island, principale porte dentrée aux États-Unis au cours de
cette période, moins de 100000 se xèrent en Argentine,
une petite minorité au Canada; certains pays européens
captent aussi cette émigration (Belgique, Suisse, Grande-
Bretagne). Au cours du Second Empire, qui a été une forte
période démigration, les départs nont pas excédé 100 000
par an, mais les flux s’amplifient à loccasion des crises
politiques et économiques: annexion de l’Alsace-Lorraine à
lAllemagne et crise du phylloxéra dans les vignobles (1881-
1891) l’émigration vers lAlgérie prend progressivement
le relais des ux transatlantiques.
L’émigration du XIXème siècle aecte la région parisienne
et principalement les régions rurales et pauvres, situées au
sud dune ligne Bordeaux-Strasbourg (Gironde, Basses-
Pyrénées, Hautes-Pyrénées, Alsace-Lorraine, Alpes); lémi-
gration bretonne démarre à la n du XIXème siècle. De véri-
tables lières migratoires s’organisent vers les Amériques:
de la région de Gourin dans la montagne noire bretonne
vers New-York (spécialisation dans la restauration), du Pays
Basque vers lArgentine (spécialisation dans lélevage),
en passant par le port de Bordeaux; de la vallée de Barce-
lonnette, au ur de la vallée de l’Ubaye (Basses Alpes), vers
le Mexique. Les migrants, activant un modèle migratoire
du commerce textile déjà veloppé dans la région alpine,
exploitent une niche économique, celle du commerce des
tissus, et créent un véritable réseau de comptoirs à Mexico
et dans les principales villes du pays. Ce courant migratoire,
qui sarrête dénitivement dans les années 1950, a fondé à
Barcelonnette une véritable tradition culturelle établie sur
les liens avec le Mexique (musée, festival).
Flux et reflux des migrations vers les colonies
Au cours des années ayant suivi lindépendance des territoires
coloniaux (1954-1962), 1 500000 rapatriés environ ont migré
vers la métropole beaucoup n’avaient jamais résidé aupa-
ravant. Lampleur de ces ux pourrait laisser penser quune
émigration française massive s’est réalisée au fur et à mesure
de l’appropriation des territoires, consécutive à la prise dAlger
en 1830, au partage officialide lAfrique au traité de
Berlin (1884-1885), à l’établissement du protectorat français
en Tunisie (1881) et au Maroc (1911). En réalité, lémi-
gration française vers les colonies na jamais eu, au XIXème
siècle, une intensité comparable à celle des migrations de
masse des autres pays européens, en dépit des appels et des
intentions achées par le pouvoir politique sous le Second
Empire et sous la IIIème République, ainsi que le montre le
cas de lAlgérie. Lors de la perte de lAlsace-Lorraine en
1871, sur 125000 réfugiés partis des territoires occupés par
lAllemagne, 4000 à 5000 seulement ont fait souche sur
le territoire algérien ; les eets migratoires de la crise du
phylloxéra ont éplus importants, non tant à cause de la
proximité géographique quen raison de lespoir ouvert aux
petits vignerons du midi languedocien et provençal de re-
constituer des vignobles dans les domaines de colonisation
en Oranie (létendue du vignoble algérien passe de 20000
hectares en 1879 à 180000 en 1923, 400000 en 1936).
Une part importante du peuplement européen provient, en
réalité, des autres pays de la rive nord de la Méditerranée,
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principalement des régions côtières alors très pauvres, des
provinces dAlmeria, dAlicante, de Murcie en Espagne, du
Mezzogiorno italien (Sicile) et de Malte. Les Espagnols se
dirigent en priorité vers lAlgérie occidentale, les Italiens et
les Maltais se xent dans la Tunisie du Nord (Cap-Bon).
Le gouverneur général de lAlgérie observe dans les années
1880: «puisque nous navons plus lespérance daugmenter
la population française au moyen de la colonisation ocielle,
il faut chercher le remède dans la naturalisation des étran-
gers» 1. Cette politique sera appliquée par ladoption de
la loi de 1889 qui a étendu le droit du sol (jus soli) aux trois
départements algériens, entraînant la francisation automa-
tique des naissances européennes enregistrées en Algérie.
Ainsi s’est formée une communauté originale de statut français
dont les diérents courants originaires de la Méditerranée
nord se sont mélangés au cours des générations. Le même
principe a été appliqen Tunisie pendant lentre-deux-
guerres, an de bloquer les visées du régime mussolinien sur
ce territoire fortement marqué par limmigration italienne.
Laccession à lindépendance du Maroc et de la Tunisie,
puis celle de lAlgérie et des diérents territoires de lAfrique
subsaharienne ont provoqué le départ et même lexode de
ces Français d’outre-mer (800000 d’Algérie, 400000 du
Maroc et de Tunisie) tout particulièrement lors des crises
les plus aigües de la période 1954-1962. Si la majorité des
«pieds-noirs» a gagla France, principalement le Midi
méditerranéen, dautres ont rejoint les pays dorigine de
leurs ancêtres, l’Espagne (région d’Alicante et d’Almeria) et
l’Italie, tandis que certains migraient vers des États latino-
américains (Mexique, Argentine, Uruguay).
L’établissement de systèmes relationnels préférentiels entre
métropoles et anciens territoires coloniaux, la forte représen-
tation des Maghrébins et des Africains de l’Ouest en France,
tout comme celle des Sud-Américains et des Philippins en
Espagne, des Brésiliens et des Cap-Verdiens, des Angolais
au Portugal renvoient à la géographie à la fois spécique et
plataire des appropriations coloniales européennes dont
les implications sont encore très présentes dans le domaine
politique, économique et culturel des pays du Sud. Ce fait
historique a une grande importance dans la mondialisation
des ux migratoires en France et dans plusieurs États de
l’UE (Belgique, Italie, Pays-Bas, Portugal, Royaume-Uni).
1 Claude Liauzu, 1996, p. 65.
Partir travailler à l’étranger aujourd’hui, un phéno-
mène devenu presque banal
Partir à l’étranger pour valoriser ses diplômes ou ses com-
pétences est devenu un projet relativement banal dans la
société française. En 2007, 1373000Français sont inscrits
dans les consulats de France, dont la moitié environ de bi-
nationaux; selon les estimations du Sénat, leur nombre réel
est estimé entre 2 et 3millions. La tendance est à la hausse
si lon en croit la forte croissance des immatriculations ob-
servée de 1991 à 2002 (solde migratoire positif compris
entre 220000 et 280000). La forte croissance des transferts
nanciers des Français de létranger 2 montre lapport
méconnu de cette nouvelle économie migratoire française,
dont les revenus sont désormais nettement supérieurs à
celui des remises eectuées par les immigrés en France vers
leur pays dorigine (en 2007, 12milliards deuros contre
8milliards deuros).
Cette évolution spatiale démontre lintégration de la France
(5ème rang des exportateurs mondiaux) dans les processus
de globalisation économique, de mise en connexion des
espaces auxquels les entreprises françaises participent très
activement. Pour la population en âge dactivité, les techni-
ciens de haut niveau, les ingénieurs et les cadres, l’interna-
tionalisation de la formation et des références profession-
nelles devient la règle au sein de cette noria mondiale des
savoir-faire et des compétences et, pour ceux qui participent
à ce type de mobilité, la notion de carrière en France et à
l’étranger est fondamentale. Chacun développe une straté-
gie personnelle qui lamènera à changer demploi, de société
et donc à migrer pour accéder à une fonction et à une rému-
nération supérieure.
Du schéma colonial à la mondialisation spatiale
La géographie de leur implantation, longtemps calquée sur
lancien dispositif colonial (Afrique du Nord, Afrique sub-
saharienne, Indochine), s’est totalement modiée à la suite
de la décolonisation; lexode des Français de Côte-dIvoire
à la suite de la dernière crise (2004) a marqla n de cet
espace migratoire colonial; elle exprime désormais le nou-
veau schéma de la mondialisation économique. Après le
temps de la préférence accordée à l’Afrique, renforcée par
l’importance de la coopération (1960-1980), sest produit
celui de la longue diminution du nombre des Français dans
ce continent. LAfrique du Nord et lAfrique francophone
2 Source: Banque mondiale.
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ne cessent de voir leur part, dans les Français à l’étranger,
décliner depuis la décolonisation (perte de 11 % de 1984
à 2002). À linverse, celui de la présence dans les pays les
plus développés ne cesse de se renforcer et lAmérique du
Nord, associée à l’Union Européenne, regroupe les trois
quarts des Français à l’étranger. Les destinations préférées
sont les États-Unis (183000), le Canada (116000) et les
pays d’Europe occidentale (Suisse: 129000; Allemagne:
108000; Royaume-Uni: 106000), mais lattrait croissant
des économies émergentes de l’Europe de l’Est, et plus ré-
cemment d’Asie (Inde et Chine), sarme nettement depuis
le début des années 2000.
Des statuts et des projets différents, un ensemble
social en mutations
La communauté française à létranger nest pas homogène
sur le plan du statut juridique et social, et se répartit en
plusieurs catégories: «les détachés» présents dans le pays
pour une période déterminée, mais si leur part relative baisse
en Afrique francophone (déclin de la coopération, repli
économique et changement de stratégies des entreprises),
elle croît dans les pays les plus veloppés et les économies
émergentes dAsie; un quart des actifs fraais ont un
véritable statut d’«expatrié», cest-à-dire de détachés à
l’étranger par une entreprise ; les «résidents permanents»
dans le pays étranger en grande partie binationaux dont la
part augmente plus vite que la population totale; enn, les
jeunes qui tentent une expérience dexpatriation sans projet
à long terme (eets du chômage, recherche dun métier
plus qualiant à l’international, recherche d’exotisme). Tel
est le cas des Français de Londres (plus de 100000), certains
travaillant à des postes élevés de la City, dautres employés
dans les services de proximité et sans véritable qualication.
Le phénomène de la retraite hors frontière complexifie
encore l’équation; de plus en plus nombreux sont les
seniors qui passent la majeure partie de lannée dans les pays
de la façade ensoleillée de l’Europe (Espagne, Italie) et, de
plus en plus fréquemment, dans les pays de la rive sud de la
Méditerranée (Tunisie, Maroc).
Une profonde transformation de la géographie tradition-
nelle des lieux dorigine (autrefois Bretagne, Pays Basque,
Alpes du Sud, Corse) et de la sociologie de leurs émigrants,
prédominaient les ruraux, accompagne l’évolution
récente de lespace migratoire des Français de létranger.
Issus de catégories sociales moyennes ou «élevées», pourvus
dun niveau de formation et de qualification supérieur
à celui des générations précédentes, ils partent des plus
grandes villes françaises et principalement de lagglo-
ration parisienne qui assure, à elle seule, plus du tiers des
Français de létranger. Le poids des migrants originaires des
grandes métropoles urbaines est un signe supplémentaire
de la mondialisation migratoire qui s’accomplit actuellement
et la différencie nettement de la phase précédente du
XIXème siècleoù la majorité des émigrés était issue des so-
ciétés rurales. Bien que lattachement culturel et aectif au
pays dorigine demeure et reste lune des bases actives de la
francophonie migrante, l’évolution récente en cours, avec
des séjours à lextérieur plus courts, laisse présager à terme
la transformation des liens aectifs avec les lieux dorigine;
beaucoup possèdent ou ont acquis, grâce à leurs revenus mi-
gratoires, un appartement dans une grande agglomération
française ou une maison en province.
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