En bref, les Français s’y déclarent majoritairement favorables (59 %) à une plus forte
libéralisation de l’activité économique en France. Mais, après la Loi El Khomri,
l’allégement des normes qui encadrent cette activité économique (droit du travail,
etc.) oppose les Français en deux parts égales.
Ce clivage et cette apparente contradiction témoignent du besoin d’explication sur ce
qu’apportent telle ou telle réforme.
Je vais donc illustrer ensuite comment croissance et marché, d’une part, régulation
ou réglementation, d’autre part, qui sont parfois opposés, se complètent en réalité.
La régulation est censée pallier les défaillances du marché. Quand ces dernières sont
très limitées, une protection excessive peut nuire à la croissance. Ce peut être le cas
des « métiers dits réglementés » justement, tel le notariat ou la conduite de taxis.
Et selon une étude de la Banque de France, une série de réformes structurelles
allégeant l’excès de réglementations sur les marchés des biens et du travail
augmenterait la croissance du PIB par tête de 6 % sur le long terme.
Mais le marché n’est pas une fin en soi ; c’est un outil qu’une régulation appropriée
doit mettre au service d’une croissance inclusive ou, dit autrement, du bien commun
dont nous parlera Jean Tirole.
Définir le cœur de la régulation est clé pour l’action publique. Celle-ci doit focaliser
sur la production de biens publics, notamment l’éducation, tout en corrigeant les
iniquités produites par les dysfonctionnements du marché. Le système de
redistribution joue ce rôle sans devoir être si lourd qu’il dissuade l’effort ou
l’innovation.
En finance aussi, une régulation de qualité conditionne une croissance forte et stable.
Elle peut orienter l’épargne vers l’investissement innovant, incluant le numérique
dont vous parlerez ce matin, et qui est risqué par nature ; elle doit cependant
contribuer tout autant à la stabilité financière dont se préoccupe également une
banque centrale.
Une dernière illustration est l’investissement dans la qualité de l’éducation primaire
et secondaire qui renforce la croissance et l’équité. La France est encore championne
des inégalités scolaires selon la dernière vague des tests PISA publiée récemment.
L’origine socio-économique explique 20 % du score contre 11 % en moyenne dans
l’OCDE.
Pour contribuer à réduire ces défaillances et ces risques, laissez-moi enfin donner
quelques exemples du rôle concret que joue la Banque de France en éducation
économique.
Parmi ses multiples actions, je me concentre sur son projet de création d’une Cité de
l'économie et de la monnaie, Citéco, vu ses liens avec les thèmes de cette Journée.
En 2018, quand Citéco ouvrira à Paris comme musée pédagogique, ludique et
interactif dédié à l'économie, vous pourrez découvrir plusieurs jeux et dispositifs liés