L’économie comportementale
Le challenge est donc d’importance. Mais il l’a également été au sein même du discours
académique. En effet, depuis une vingtaine d’années, les travaux de chercheurs en économie
comportementale – dont se réclame Jean Tirole – ont fini de sonner le glas des hypothèses
néo-classiques de concurrence pure et parfaite.
La question de l’exception de la science économique au sein des sciences sociales a
longtemps été au cœur des débats relatifs à la scientificité des sciences dites de l’Homme.
Comment faire de l’économie une science objective au sein des sciences sociales empreintes
de subjectivité, voilà l’un des crédos des pères fondateurs de la science économique moderne.
Le schème de pensée était alors celui des sciences dites exactes : un ensemble d’hypothèses
permettant d’établir une théorie soumise aux critères de falsification poppériens. La preuve
est celle des statistiques et des modèles mathématiques, seuls à même d’apporter le preuve
incontestable d’un phénomène économique.
Or, depuis deux décennies, certains économistes cherchent à ré-encastrer l’économique dans
le social, ou plutôt la science économique dans la grande famille des sciences sociales et
humaines.
Les conséquences du postulat de l’économie comportementale faisant depuis consensus au
sein de l’ensemble des courants de pensés, sont majeures. D’un côté, l’idée que les
comportements économiques peuvent être altruistes (contre l’intérêt personnel et égoïste si
cher à Smith) et non rationnels (véritable révolution dans la science économique qui faisait de
l’homoeconomicus son idéal-type). L’économie qui cherche à introduire le comportement
pro-social dans l’analyse économique, impacte les incitations économiques. Par ailleurs,
l’économie comportementale n’interdit pas le recours à la statistique. Il est, en effet, impératif
de déterminer les causalités à l’origine d’un phénomène pour impacter la politique
économique.
Jean Tirole s’intéresse alors à un ensemble de champs à l’origine des écarts de compétitivité
entre les pays et source de richesse potentielle pour demain.
L’économie du numérique et la protection des salariés, et non des emplois
Les défis relatifs à l’économie numérique sont nombreux dans des champs aussi importants
que l’emploi, la santé, le marché biface.
Si le marché traditionnel se caractérise par une absence de « contact » entre le vendeur et
l’acheteur, multipliant les intermédiaires entre les deux protagonistes, le marché biface, par le
biais des plateformes numériques favorisées par l’essor de l’Internet, permet cette rencontre
directe.
« Nous ne pouvons arrêter le progrès technologique »
Au-delà, la multiplication des plateformes numériques (GAFA) favorise une offre infinie
grâce à l’existence d’effets de réseaux, la réduction des coûts fixes et les économies d’échelle.
Dès lors, la régulation de ces plateformes se pose avec d’autant plus d’acuité que le débat
autour de l’utilisation des données personnelles prend de l’ampleur.