8h30 : Accueil du public
9h00-9h30 : Jérôme Moreno, Docteur qualifié en Arts Plastiques, Université de Toulouse II Le
Mirail/Chercheur associé au laboratoire LLA-Créatis.
Histoire et tradition des reliques
Quand on parle de relique, le sens commun assimile celle-ci aux « vestiges corporels d’un saint. » Cette définition implique la
préservation des restes aux saints de l’église catholique dont le paroxysme du culte est assimilable à une période : le Moyen
Âge. Cette perception restrictive de la relique a été largement amplifiée par l’hagiographie des saints, les études de cas et le
fait que les reliques contribuent à une encyclopédie du sacré et une cartographie de l’église.
Mon propos sera ici d’établir une rapide histoire des reliques me permettant de pointer leur importance religieuse, politique,
sociale et économique, mais aussi de montrer leur modernité à travers des traditions ancestrales qui semblent se poursuivre.
9h30-10h00 : Emma Viguier, Maître de conférences en Arts Plastiques et Théories de l’art, Université de
Toulouse II Le Mirail/Laboratoire LLA-Créatis.
Les « beaux-restes »
Dans son ouvrage De Immundo Jean Clair s’insurge face au « devenir reliques » des œuvres d’art qui usent et abusent de
matières corporelles dites abjectes : phanères, humeurs et autres excréments. Cette fascination des artistes pour les
sécrétions et excrétions du corps conduit, selon l’auteur, à une esthétique du stercoraire révélant la face la plus repoussante
de l’humanité. Ces reliques contemporaines supposées coupées de toute transcendance divine érigent-elles pour autant le
pouvoir de l’abject comme seule ostension ? Ne doit-on pas plutôt déceler au cœur de ces matières-corps intimes et
précaires mais aussi précieuses des tissages mystérieux de multiples corpus, (se) jouant de l’ambiguïté pour construire un
« parler du corps » qui parle et prend au corps ?
A travers quelques exemples issus de l’art contemporain, de l’anthropologie et de pratiques quotidiennes noués entre autres
autour de la relique-cheveu, il s’agira d’explorer ces « artialisations » de restes comme puissances plastiques et organiques,
réceptacles d’une force obscure et émouvante qui comble l’absence, défie, apprivoise, conjure la mort, protège ou guérit,
génère ou régénère. Ne serait-ce alors transfigurer ces rebuts corporels en œuvres ou parures habitées tant séduisantes que
dérangeantes…. étrange alchimie ?
10h00-10h15 : pause
10h15-10h45 : Gilles Deles, Psychanalyste/ Master 2 de Philosophie contemporaine, Université de Paris 1.
La chose, la relique, le don
Nous nous proposons dans cette intervention de repartir du concept de « chose », tel qu'il a été conçu par Martin Heidegger,
afin d'étendre et d'ouvrir notre réflexion sur la relique. Nous verrons ensuite comment Lacan a repris le questionnement
heideggerien pour élaborer le concept de chose (das ding) qui constitue une mise en forme symbolique originaire, un
signifiant sans signifié associé. La relique sera donc conçue comme ce qui reste d'indicible dans le sujet, un contenant
originaire permettant de créer du sens et de penser. Nous tenterons ensuite un croisement avec le champ de l'anthropologie
de Marcel Mauss et la question du don, en essayant de démontrer que la relique est ce qui résiste au don et à l'échange.
Toutefois, nait de ce constat un paradoxe : comment envisager en même temps un élément qui s'ouvre à l'altérité, à la
fascination (la relique de saint) et qui pourtant résiste à un système de relations humaines. Cette question a été explorée
également par Maurice Godelier avec lequel nous nous essaierons à un rapprochement.
10h45-11h15 : Isabelle Alzieu, Maître de conférences en Histoire de l’art, Université de Toulouse II Le
Mirail/Laboratoire LLA-Créatis.
Enchâssements
Que l’art ait supplanté la relique sainte est l’angle d’attaque évident. Que le dispositif de monstration de l’un ait beaucoup en
commun avec celui de l’autre est une démonstration qui mérite d'être rappelée. Enfin, que le musée soit en définitive un
reliquaire contenant des reliquaires contenant des reliques, dit autrement, un coffre ou un écrin contenant d’autres coffres
ou écrins, présentant des œuvres, est un parallèle qui mérite d’être questionné. La réflexion portera sur ces contenants, ces
boites qui contiennent ce que la société aura jugé être le bien le plus précieux, ces boites, ouvertes ou fermées, de toutes les
échelles que l’on imaginera, de la micro architecture la plus délicate à l’architecture la plus écrasante des nouveaux lieux de
pèlerinage : les espaces de l’art.