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La Lettre du Sénologue - n° 28 - avril/mai/juin 2005
REVUE DE PRESSE
cancer du sein alors que ce n’est pas le cas de la DMO, même
si celle-ci est un marqueur possible de l’exposition totale aux
estrogènes au cours de la vie.
Commentaire. Cette étude suggère donc qu’une des raisons
pour lesquelles la DM contribue au risque de cancer du sein est
indépendante des effets médiés par les estrogènes. Cette hypo-
thèse est soutenue par l’observation qu’une importante DM est
aussi fortement associée à des cancers du sein récepteurs estro-
gènes positifs que récepteurs estrogènes négatifs (1), renvoyant
à des biomarqueurs moléculaires encore inconnus, mais très
certainement liés à des facteurs génétiques. En analysant 353
paires de jumelles homozygotes australiennes et 218 paires de
jumelles homozygotes canadiennes et américaines d’une part,
et 246 paires de jumelles hétérozygotes australiennes et 134
paires de jumelles hétérozygotes canadiennes et américaines
d’autre part, il a été montré que le coefficient de corrélation du
pourcentage de DM varie respectivement entre 0,61 et 0,67
pour les paires de jumelles homozygotes et 0,25 à 0,27 pour
les paires de jumelles hétérozygotes, permettant de conclure
qu’ajustés à l’âge, 63 % de la densité mammographique relè-
vent d’une cause génétique, 20 à 30 % du poids, de la parité et
du statut hormonal (2).
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
1. Ziv E et al. Mammographic density and estrogen receptor status of breast
cancer. Cancer Epidemiol Biomarkers Prev 2004;13:2090-5.
2. Boyd NF et al. Heritability of mammographic density, a risk factor for breast
cancer. N Engl J Med 2002;347:886-94.
■
G. Boutet,
28, rue de Norvège, 17000
La Rochelle
DOIT-ON RETARDER LA RÉÉDUCATION DE L’ÉPAULE
CHEZ DES PATIENTES OPÉRÉES D’UN CANCER DU SEIN ?
Shamley DR, Barker K, Simonite V, Beardshaw A. Delayed ver-
sus immediate exercises following surgery for breast cancer: a
systematic review. Breast Cancer research and Treatment
2005;90(3):263-71.
Résumé.
La chirurgie pour cancer du sein peut entraîner la for-
mation d’un lymphocèle le plus souvent axillaire. Elle peut
aussi avoir pour conséquence une diminution de la mobilité de
l’épaule qui motive des exercices de rééducation. Les lympho-
cèles, quant à eux, sont ponctionnés quand ils sont trop volumi-
neux, donc gênants et/ou douloureux. Le risque de cette ponc-
tion est la surinfection. La question est de savoir s’il faut
retarder la rééducation de l’épaule pour diminuer le risque de
lymphocèle.
Les auteurs ont comparé deux groupes de patientes opérées
pour un cancer du sein avec, selon le groupe, rééducation pré-
coce ou retardée. Ils ont évalué pour chaque groupe la mobilité
de l’épaule dans le temps, les ponctions éventuelles de lympho-
cèles et, plus globalement, les conséquences des lymphocèles.
La rééducation retardée diminue très significativement la for-
mation de lymphocèles (p = 0,00001), mais il n’a pas été
retrouvé de différence significative tant pour le volume de
lymphe ponctionné que pour le nombre de consultations médi-
cales. Les auteurs concluent qu’il n’est pas possible de prendre
position pour une rééducation précoce ou retardée.
Commentaire. Une patiente opérée pour un cancer du sein
prend naturellement une position de protection de la zone opé-
rée avec l’épaule surélevée et en avant. Cela a pour consé-
quence un blocage progressif de l’épaule qui motive la rééduca-
tion postopératoire qui, elle-même, augmente le nombre de
lymphocèles. Cette rééducation est d’autant plus laborieuse
qu’elle est réalisée de façon tardive.
Il est facile de donner quelques conseils à la patiente le jour de
l’intervention et le lendemain pour la rassurer sur la “solidité”
de la cicatrice et pour l’encourager dans la réalisation des mou-
vements naturels (toilette, coiffage...). Cela évite le blocage de
l’épaule et la rééducation “en force”. La mobilisation doit être
fréquente (toutes les heures) et douce. Elle permet un retour
plus rapide à la vie normale. Lors de la consultation avant la
mise en route de la radiothérapie postopératoire, on retrouve
encore trop fréquemment des patientes qui n’ont pas récupéré
de façon complète la mobilité de leur épaule. Elles ont alors
beaucoup de mal à s’installer dans une position confortable
pour l’irradiation (bras vers l’arrière) et leur positionnement
s’améliore progressivement au cours des cinq semaines d’irradia-
tion, cette modification nuisant à la qualité du ciblage. ■
B. de Lafontan, Institut Claudius-Regaud, Toulouse.
IDENTIFICATION DU GANGLION SENTINELLE APRÈS UNE
CHIMIOTHÉRAPIE NÉOADJUVANTE CHEZ DES PATIENTES
ATTEINTES D’UN CANCER DU SEIN
Mamounas EP, Brown A, Anderson S et al. Sentinel Node
Biopsy after Neoadjuvant Chemotherapy in Breast Cancer:
Results from National Surgical Adjuvant Breast and Bowel
Project Protocol B-27. JCO 2005april;23(12):2694-702.
Résumé. Les auteurs présentent l’analyse d’une sous-popula-
tion de l’essai NSABP B-27 ayant bénéficié de la procédure du
ganglion sentinelle avec curage axillaire systématique après
une chimiothérapie néoadjuvante.
Parmi les 2411 patientes incluses dans l’étude, 428 (18,1%)
ont bénéficié de la biopsie du ganglion sentinelle, 76% sont
N0 clinique.
La détection du GS est réalisée par méthode combinée dans
seulement 54,7% des cas, par radioisotope dans 14,7% des cas
et par bleu seul chez 29,9% des patientes.
Le taux d’identification global est de 84,8% et augmente de
façon significative avec l’utilisation du radioisotope (78,1%
avec le bleu, 88,9% avec radioisotope seul, 87,6% avec la
méthode combinée).
Il n’y a pas de différence significative dans la détection en
fonction de la taille tumorale, du statut ganglionnaire, de l’âge
de la patiente et de la date d’inclusion dans l’essai. Le taux de
faux négatifs est de 10,7% dans cette étude.
Les réponses clinique et histologique tumorales n’influencent
pas, de façon significative, le risque de faux négatif, ainsi que
la méthode de détection du ganglion sentinelle.
Commentaire.
Il s’agit de la plus importante étude de faisabi-