18/02/17 DFGSP3 – 2016/2017 Méthodes d’étude de l’activité des antibiotiques Pr Hélène MARCHANDIN Introduction • Sensibilité (S) et résistance (R) naturelles des espèces bactériennes à certains antibiotiques (ATB) • Nombreux mécanismes de R acquise aux antibiotiques Etude in vitro de l’activité des ATB sur bactéries pathogènes = Etape nécessaire au choix d’une antibiothérapie adaptée 2 1 18/02/17 Interactions bactérie-antibiotique Nombre de bactéries/ml Ralentissement de la croissance Bactériostase CMI Bactéricidie CMB Effet létal de l’antibiotique 3 Etude de la bactériostase = détermination de la CMI (concentration minimale inhibitrice) plus faible concentration d'antibiotique capable d'inhiber toute croissance visible de la bactérie in vitro En milieu liquide En milieu solide Dilution en milieu liquide Dilution en milieu gélosé (réf) Diffusion en milieu gélosé* - Méthodes manuelles (réf) - Disques - Méthodes automatisées* - Bandelettes (réf) : méthodes de référence * méthodes utilisées en routine 4 2 18/02/17 Détermination CMI / DILUTION en milieu liquide Méthodes manuelles Inoculum bactérien standardisé (sans ATB) Gamme de concentration d’ATB de raison 2 5 + - - - - - - - - + + Croissance bactérienne + + Exemple 6 3 18/02/17 Microméthodes - en microplaques T Gamme d’ATB(s) Etude d’un ou plusieurs : - ATB - isolats bactériens par plaque T 2 4 8 16 32 64 µg/ml Exemple Souche d’E. coli et amoxicilline CMI 64µg/ml 7 - méthodes automatisées • cartes / micro-puits : ≠ antibiotiques à ≠ concentrations • incubation, lecture de la croissance bactérienne et interprétation automatisées méthodes plus rapides : environ 6-7h 8 4 18/02/17 Détermination CMI / DILUTION en milieu gélosé Gamme de concentration d’ATB + inoculum bactérien standardisé (spot) T 0,5 1 2 µg/ml Souches 1 et 4 : CMI = > 2 µg/ml Souche 2 : CMI = 2 µg/ml ; souche 3 : CMI = 1 µg/ml 9 Détermination CMI / DIFFUSION en milieu gélosé Méthode des disques Inoculum standardisé 0,5 McFarland ≈ 108 UFC/ml Milieu de Mueller-Hinton Lecture d’un diamètre d’inhibition (en mm) 10 5 18/02/17 Correspondance avec la CMI Courbes de concordance diamètre d’inhibition – CMI pour chaque ATB Antibiotique X 11 Evaluation de la CMI par bandelettes Gradient continu d’ATB sur bandelette Ex : Méthode Etest Ellipse d’inhibition CMI de vancomycine 12 mg/L Lecture directe de la CMI : intersection bandelette - croissance bactérienne CMI de teicoplanine 1 mg/L 12 6 18/02/17 L’antibiogramme - Détermination de la sensibilité d’une souche bactérienne à un ou plusieurs antibiotiques - Antibiotiques à tester : Choix selon : • le type bactérien (cocci ou bacilles à Gram + ou -) • le spectre des ATB Nombre variable ( ∼ 30 : entérobactéries en milieu hospitalier) réponse au clinicien : interprétation en termes de d’activité 13 Interprétation Classement des souches bactériennes en Sensibles (S) Intermédiaires (I) Résistantes (R) vis-à-vis d’un antibiotique donné Définition de la résistance - 1 Une bactérie est dite résistante à un antibiotique si elle est capable de se multiplier en présence d'une concentration de cet ATB supérieure à celle que l'on peut atteindre in vivo 14 7 18/02/17 catégories thérapeutiques ou cliniques • sensibles : bactéries dont la CMI est inférieure aux concentrations sériques obtenues avec posologies usuelles (c) forte probabilité de succès thérapeutique lors d’un traitement par voie systémique avec la posologie recommandée • résistantes : bactéries dont la CMI est > aux taux les plus élevés (C) forte probabilité d’échec thérapeutique • intermédiaires : bactéries dont la CMI est comprise entre c et C succès thérapeutique imprévisible 15 ≥ D Ex : 22 Ø en mm S CMI en mg/L < d 18 I Ex : 4 ≤ c R 8 > C Concentrations sériques c C CMI critiques et diamètre critiques (= seuils) déterminés pour chaque ATB 16 8 18/02/17 Exemple : Entérobactéries et pénicillines 17 Interprétation de l’antibiogramme : 3 niveaux 1- Interprétation des diamètres d’inhibition ou des CMIs selon valeurs critiques + Réponse doit aussi tenir compte de l’identification : 2 – de l’espèce bactérienne et de ses R naturelles 3 – du (des) mécanisme(s) de résistance acquise détecté(s) LECTURE INTERPRETATIVE de l’antibiogramme 18 9 18/02/17 Exemple 1 : Enterobacter - céphalosporinase naturelle (groupe 3 EB) * * * Résistances naturelles (β-lactamines) * * * Résultats interprétés R quels que soient les Ø d’inhibition observés * 19 Exemple 2 : Klebsiella – Pénicillinase naturelle (groupe 2 des EB) * * * * Résistances naturelles 20 10 18/02/17 Exemple 3 : Staphylococcus et production de pénicillinase (R acquise) c) Ø > 26 mm Bordure floue S Ø > 26 mm Bordure nette Ø < 26 mm R R Lecture interpré-tative Seuil 26 mm + aspect de la bordure 21 Exemple 4 : Staphylococcus aureus méticillino-résistant (R acquise) Méticillino-résistance (PLP additionnelle) : - détection par disque de céfoxitine - seuil : S. aureus (22 mm) si R Lecture interprétative Interprétation : résistance à toutes les β-lactamines sauf ceftaroline et ceftobiprole 22 11 18/02/17 Définition de la résistance - 2 Une bactérie est dite résistante à un ATB si elle peut se développer à une concentration d’ATB notablement plus élevée que celle qui inhibe la croissance de la majorité des souches de la même espèce catégories de population • habituellement sensibles • modérément sensibles • inconstamment sensibles • résistantes Variables : - selon l'espèce étudiée - dans le temps en fonction des antibiotiques (récents ou utilisés depuis longtemps) et selon les souches bactériennes (hospitalières / communautaires) 23 Exemple : érythromycine (macrolides) Habituellement sensibles Modérément sensibles Inconstamment sensibles Résistant spectre naturel d’activité des ATB (cf Vidal) base des antibiothérapies probabilistes 24 12 18/02/17 spectre d’activité des ATB (cf Vidal) - Exemple 25 26 13 18/02/17 base des antibiothérapies probabilistes - Prescription d'antibiotique(s) réalisée avant que ne soient connues la nature et/ou la sensibilité du ou des micro-organismes responsables de l'infection - Stratégie de probabilité du meilleur choix de l’antibiotique basée sur données : * épidémiologiques : espèces les plus impliquées dans le type d’infection considéré * bactériologiques : % de résistance dans ces espèces + cliniques, pharmacologiques (biodisponibilité, ...) 27 Etude de la bactéricidie = détermination de la CMB (concentration minimale bactéricide) plus faible concentration d'antibiotique ≤ 0,01% de survivants Gamme de concentration d’ATB de raison 2 + inoculum bactérien sans ATB 28 14 18/02/17 Dénombrement comparatif / à l’inoculum bactérien initial T ≤ 0,01% de survivants si 100 colonies sur témoin Dénombrement à T1h, T2h, ... cinétique de bactéricidie 29 Recherche de mécanismes de résistance particuliers Mécanismes de R de détection délicate •Ex : Streptococcus pneumoniae de sensibilité diminuée (bas niveau de R) à la pénicilline (PSDP) Dépistage : Disque d’oxacilline CMI Pénicilline G PSDP si > 0,06 mg/L (1 µg) OXA – 1 µg ≥ 20 mm < 20 mm PSDP 30 15 18/02/17 Mise en évidence d’une enzyme inactivatrice •Ex 1 : Méthodes rapides de détection de la production de β-lactamase = test chromogénique Haemophilus Moraxella catarrhalis Coloration rose si hydrolyse Disque de nitrocéfine (Cefinase® ) (β-lactamine chromogène) 31 •Ex 2 : Restauration de l’activité d’1 ATB en présence d’un inhibiteur de l’enzyme inactivatrice Différences de Ø ex : amoxicilline (AMX) -/ + acide clavulanique (AMC) (inhibiteur de β-lactamases) Ex : Mise en évidence de la production de pénicillinase AMC Ø> AMX 32 16 18/02/17 Images de synergie (dites en « bouchon de champagne ») entre disque de C3G et disque contenant ac. clavulanique production de β-lactamase à spectre étendu (BLSE) mécanisme de multirésistance chez bacilles à Gram négatif AMC C3G Diamètre en en présence de BLSE Δr AUG CTX 30 mm Diamètre en l’absence de BLSE AUG=AMC : amoxicilline+acide clavulanique C3G : céphalosporine de 3ème génération, CTX : céfotaxime 33 Exemple : Antibiogramme de Klebsiella pneumoniae productrice de BLSE * * * C3G * : Résistances naturelles + R acquises (dont C3G) par production de BLSE Imipénème et céfoxitine S : ATB non hydrolysés par la BLSE 34 17 18/02/17 Mise en évidence d’une cible insensible à l’ATB • Ex : technique immunologique / agglutination de particules sensibilisées par des AC spécifiques de la PLP2a (détecte aussi PLP2c) staphylocoque méticillino-résistant + - staphylocoque méticillinosensible Mise en évidence du support génétique de la R Méthodes moléculaires T+ 1 2 3 4 5 6 T- • Nombreuses applications • Ex : amplification par PCR du gène mecA codant la PLP2a (idem mecC PLP2c) 35 Etude d’autres paramètres Etude de l’activité d’associations d’ATB : diverses méthodes Exemple Indifférence Antagonisme Synergie (A+B) > A + B Addition (A+B) < A + B 36 18 18/02/17 Dosage sériques du ou des ATB Méthodes chromatographiques ajustement des posologies (efficacité / toxicité) 37 ajustement des horaires d’administration Optimiser le temps où concentration ATB > CMI 38 19 18/02/17 Conclusion Etude de l’activité des ATB importante dans l’instauration d’un traitement antibiotique efficace +/- surveillance traitement Infection bactérienne antibiothérapie probabiliste Identification + ou ? ajustement thérapeutique 39 20