AMICALE du Conseil économique, social et environnemental LE COMPTE-RENDU DE LA VISITE LE CRÉPUSCULE DES PHARAONS, CHEFS-D’ŒUVRE DES DERNIÈRES DYNASTIES EGYPTIENNES Exposition au Musée Jacquemart-André 14 mai 2012 Par Jean-Marcel BICHAT L’exposition montre les chefs d’œuvres des dernières dynasties égyptiennes, durant un millénaire tourmenté, de 1070 à 30 avant Jésus-Christ. Au cours de cette période l’Égypte subit une série de dominations étrangères et s’ouvre à diverses influences. Les plus grandes collections internationales d’antiquités égyptiennes (Berlin, British Museum, Musée du Louvre, Metropolitan Museum, Museum de Boston, Museum de Vienne, collections particulières) ont prêté une centaine de pièces présentées dans le cadre d’un parcours thématique. Durant les dix siècles qui précèdent la conquête romaine, l’Égypte a été envahie à plusieurs reprises et fut dirigée par des rois libyens, des « pharaons noirs » d’origine nubienne puis des Perses, avant de devenir une province de l’empire d’Alexandre. L’art de l’Egypte pharaonique conserve tout son prestige auprès des souverains étrangers et survit à son passé glorieux. Les dynasties étrangères se coulent dans le moule égyptien et prennent pour modèles l’Ancien et le Moyen Empire. Les influences extérieures ont peu de prise sur le décor des temples et l’époque connaît un véritable renouveau artistique, une renaissance et non un déclin de l’art égyptien. La prospérité économique permet la construction de nombreux monuments. Issus de tombes ou de temples prestigieux, sculptures et reliefs, sarcophages et masques funéraires, objets de culte et bijoux illustrent l’art de cette période. La production artistique se distingue alors par des réalisations d’une perfection inégalée, tout particulièrement dans le domaine de la statuaire. Les Pharaons (première salle) Le pharaon est une figure essentielle de l’art égyptien. Chaque nouvelle dynastie s’inscrit dans la lignée des grandes figures pharaoniques. Cette galerie permet d’évoquer les différents modes de représentation du pharaon et présente quelques figures historiques de l’Egypte tardive comme la tête de Psammétique II, déjà au Musée Jacquemart-André, celle de Ptolémée II du Musée de Baltimore ou la tête-modèle de souverain achéménide d’une collection particulière qui témoigne du savoir-faire des artisans égyptiens. Le monde des dieux Autour des traditionnelles statues d’Amon, d'Isis ou d'Osiris (comme la statue en or d’Amon du Metropolitan Museum) sont présentées de nombreuses divinités anthropomorphes et zoomorphes parmi lesquelles la statue de Bastet, la déesse-chatte prêtée par le British Museum. Un scarabée au sommet de la tête, deux plumes à l’intérieur des oreilles représentant l’ordre universel, un scarabée ailé poussant un disque solaire, un œil protecteur sur le poitrail, la statue allie symbolisme et le réalisme anatomique (le nez, les griffes, le dos, les os qui tendent la peau). Le Royaume des morts Les objets funéraires témoignent de l’opulence des sépultures et de la place qu’occupe le culte des morts dans la création artistique comme le Grand masque funéraire, le coffret à viscères et le cercueil momiforme d’Ânkhemmaât appartenant à une collection particulière. Trois salles de l’exposition sont consacrées aux tables d’offrandes, situles (récipients munis d’une anse, attribut caractéristique d’Isis), stèles, bijoux et ouchebtis (statuettes funéraires représentant les serviteurs qui devaient répondre à l’appel d’Osiris et remplacer le mort des les travaux des champs de l’au-delà). Une tombe complète est reconstituée avec l’ensemble de son mobilier funéraire, dans la grande tradition égyptienne. L'Egypte aux mille visages La représentation du corps tient une place particulière dans la statuaire qui atteint alors une très grande qualité de représentation. Les poses des orants (personnages représentés dans une attitude de prière) dans le temple se diversifient comme le montre la statue-cube de Padichahédedet (dépôt du Louvre au Petit Palais). La morphologie des corps est de plus en plus précise, les visages s’individualisent comme la « Tête verte » du Musée de Berlin, point culminant du réalisme : détails des irrégularités crâniennes, relief de l’ossature avec ses bosses et ses creux, profondes cavités orbitaires, rides. Cette tête est dite « verte » en raison de la couleur du matériau utilisé, une roche provenant du désert oriental. La production artistique est marquée par des courants contradictoires, se référant soit au passé soit à l’époque : des têtes naturalistes ou réalistes coexistent avec des figures idéalisées. Jamais les limites de l’âge n’ont été aussi bien rendues qu’à l’époque des Ptolémées.